❀ oh how fast the evening passes cleaning up the champagne glasses « and the terror and the horror, god, I wonder why we bother | all the glamour and the trauma and the fuckin' melodrama | all the gun fights and the lime light and the holy sick divine nights »

Madison a été si surprise qu’elle a dit oui sans même réfléchir. Elle a dit ces exacts cinq mots : oui, ça pourrait être cool. Oui, bien sûr Jo, avec plaisir, pas de souci, super idée, allons à la soirée. Pas de problèmes.

Et, techniquement, il n’y a pas de problème. Ce n’est pas la première fois que Madison se retrouve dans une soirée mondaine, elle y a été biberonnée chez les Kwanteen, puis avec son métier de photographe où elle couvre des évènements dans le genre. Elle n’a jamais été dans une soirée avec des stars de la télé, certes, mais ce n’est pas bien différent du reste, elle pourrait s’adapter.

Sauf que peu importe combien de fois elle l’a fait, Madison ne s’est pas s’adaptée. Son anxiété sociale remonte en flèche, elle a l’impression qu’elle va trébucher sur chaque mot. Quand elle est là en tant que photographe, elle se réfugie derrière son appareil photo qui lui offre une armure précieuse. Mais ce soir, il faut être accrédité spécialement pour la soirée pour pouvoir prendre des photos, évidemment, ce que Madison n’est pas. Lorsqu’elle n’a pas cette protection, elle s’accroche généralement à la personne avec qui elle est venue à la soirée et qui lui sert de tampon entre elle et le monde réel. Mais ce soir, elle est la plus +1 accidentelle de Jo Carter. Pas d’un pote qui peut l’aider lorsqu’elle bégaie en pleine conversation. Non, Jo Carter, sublime de charisme comme à son habitude et que Madison observe à la dérobée. Elle ne pensait pas, quand elle a accepté (avec enthousiaste) d'aller à Sydney pour prendre en photos Jo à nouveau, qu’elle finirait ici. Une nouvelle fois, elle pense à l’adolescente qu’elle a été et elle pourrait rire de s’imaginer lui expliquer qu’à présent, elle va en soirée avec Jo Carter, oui oui, la Jo Carter de la télévision.

Madison n’a donc aucune protection, pas d’appareil photo, pas d’ami. Enfin, si, justement. Il lui reste son meilleur ami. L’alcool, évidemment. Elle s’est dirigée vers le buffet immédiatement pour attraper une coupe de champagne - plutôt cheap, note-t-elle, le network ne doit pas avoir autant de moyen qu’il le prétend. Elle s’y accroche comme à une bouée de sauvetage puisque très rapidement, Jo est attirée à droite à gauche, par des gens qu’elle connait, par Cathy qui veut qu’elle discute avec quelqu’un, et irrémédiablement, Madison se retrouve seule.

Elle a l’air stupide, elle le sait. Elle n’est pas assez bien habillée. Elle ne connait personne. Elle a le bout des doigts qui tremble. Elle boit plusieurs verres à la suite, discrètement - personne ne prête vraiment attention à elle de toute manière - jusqu’à que le liquide noie petit à petit ses pensées et ses angoisses. Elle arrive à lancer la discussion avec une grande rousse au visage couverts de tâches de rousseurs, mais celle-ci finit par devoir partir dire bonjour à quelqu’un d’autre, et Madison se retrouve à nouveau seule. Elle reprend un verre. Elle ne les a pas compté, elle sent que ses jambes sont contonneuses, signe qu’elle en a bu au moins trois, mais sa vision n’est pas encore floue, signe qu’elle en a bu moins de sept. Elle finit son verre et se ressert.

C’est à ce moment-là qu’enfin Jo revient vers Madison, qui lui adresse un sourire qui se veut à l’aise.  « Tout le monde te regarde », fait-elle remarquer, avant de rendre compte que l’alcool délie sa langue un peu trop rapidement et qu’elle se rattrape :  « Enfin je veux dire, les gens te remarquent parce que t’es hyper… » Oh, non, Madison, où est-ce que tu vas avec ça ?  « Enfin pas que j’ai remarqué moi, enfin si, mais je veux dire… » C’est pour ça que Madison ne va pas en soirée avec des gens qu’elle ne connait pas bien. « Je voulais juste dire que tu étais jolie avec ta tenue et que tu faisais tourner les têtes des gens à la soirée. » Madison se rend compte du ridicule de la situation et se met à rire d’elle-même. Heureusement que l’alcool l’empêche de se sentir trop stupide - elle sait que demain matin elle paiera, l’anxiété sociale remontant en vague à coup de “pourquoi j’ai dit ça”. « Alors, tu as pu réseauter ? Est-ce qu’enfin quelqu’un va signer pour que tu fasses trois albums studio minimum ? »


@Jo Carter  

oh how fast the evening passes cleaning up
the champagne glasses
@Madison Kwanteen ☆ crédit/graciebirdgifs

Jo avait pensé à Madison parce que Megan était trop occupée à se la jouer joli coeur avec Damon pour avoir envie de venir la mitrailler entre deux coups de reins ; surtout parce que depuis que sa mère avait passé l’arme à gauche, elle avait décidé d’arrêter de vivre de sa passion pour  la photo pour mieux devenir celle qui couvre les abribus et les buildings avec sa plastique de poupée — elle aussi, elle avait oublié d’être moche, à croire que tout son entourage se devait d’être un minimum dans les canons de beauté pour qu’elle se sente à son aise. Alors forcément, son choix était limité, mais finalement elle avait pensé au talent de Madison, et elle s’était dit que c’était une bonne alternative pour fêter son retour sur les réseaux sociaux. Un mois sans y poster ne serait-ce qu’un commentaire, et toutes les rumeurs avaient courues, la rendant coupable de tout et son contraire jusqu’à ce que l’histoire avec Laurie soit tirée au clair. Depuis, tout se passait bien, et la compétition avait repris sur les chapeaux de roue tandis qu’elle se savait surveillée de près. C’était vrai, qu’elle aurait pu poster un selfie random pris dans la salle de bain de Midas, tout en se satisfaisant de l’idée que personne ne saurait que c’était la salle de bain de Midas, c’était vrai qu’elle aurait juste pu poster un vieux cliché pour marquer le coup, mais Jo ne serait pas Jo si elle n’estimait pas que tout la concernant devait être un évènement. Franchement, Madison était douée, c’était une plus value primordiale dans son choix de la solliciter. Heureusement, elle avait accepté. Pas qu’elle avait craint le contraire, mais sait-on jamais. Avec les temps qui couraient, sa réputation qu’on jugeait un peu scandaleuse à cause de sa tendance à l’ouvrir trop fort, trop vite, ça pouvait faire peur, et elle n’était pas sans le savoir ni même sans le comprendre. La soeur d’Archie n’avait visiblement pas peur, et c’était tant mieux, alors elle l’avait fait venir jusqu’à Sydney aux frais de la production de l’émission qui lui devait bien ça après tous les efforts qu’elle faisait pour ne pas faire de vagues, devenue presque assez gentille pour qu’on croit qu’elle avait été ensorcelée.
Des conneries, ouais. Elle le faisait uniquement parce qu’elle savait ce qu’elle encourait à ne pas faire d’efforts, et que comme elle l’avait dit à Midas, elle trouvait ça con de tout envoyer balader maintenant que l’imminence de la finale était là, et qu’elle sentait que ça tournait à son avantage. La journée passée à se la donner devant l’objectif de Madison avait été payant, et le nombre de likes qu’avait obtenue sa photo une fois qu’elle avait été postée par ses soins, il avait été jouissif à voir grimper. C’était presque tout ce qui lui fallait pour être dans de bonnes dispositions, si seulement elle n’avait pas oublié la soirée à laquelle elle était attendue. Elle aurait pu y aller avec Midas histoire de faire s’affoler les headlines les concernant, elle aurait même pu y aller seule, mais elle avait décidé de proposer à Madison de l’accompagner comme pour la remercier d’avoir été fidèle au poste. Dans la foulée, Cathy avait été rassurée de la voir si impliquée finalement pour ne pas craindre un esclandre. Il n’y en avait pas eu, et elle s’était habillée en incitant Madison à jeter un oeil aux vêtements qu’on lui avait apporté, véritable porte-manteau qu’on aimait parer de belles toilettes pour la rendre plus séduisante encore. Ça lui allait, tant qu’on la regardait.

"Je te cherchais." fit-elle à Madison lorsqu’elle la retrouva au bar, passant outre son entame pour lui jeter un regard de la tête aux pieds. Jo ne buvait pas beaucoup, c’était une règle qu’elle s’imposait avec une discipline étonnante. Elle se connaissait suffisamment pour savoir que de un, son caractère impulsif ne s’arrangeait pas quand elle avait un coup dans le nez, et que de deux, elle avait beaucoup trop d’estime pour sa personne pour se mettre des mines en espérant que personne ne se rende compte de rien. Comme quoi, elle n’avait pas que des vices, n’en déplaise aux rageux qui la pensait encline à la débauche — pas à celle-là en tout cas, elle choisissait ses batailles en la matière. Madison en revanche, elle avait le regard brillant, et son discours était déjà décousu pour que, tout en fronçant les sourcils, la chanteuse lui dise "Ouais, dis-moi quelque chose que je sais pas déjà." Prétentieuse, lui aurait dit Midas s’il avait été là, et il n’aurait pas eu tort, mais est-ce que ça ne faisait pas partie de son charme ? Ça restait à débattre "T’en es à ta combientième, de flûte de champagne ?" demanda-t-elle à la photographe dans la foulée, tendant la main pour venir replacer les cheveux de la jeune femme sur ses épaules histoire d’arranger un peu son apparence qu’elle ne jugeait pas minable, mais qui aurait pu être meilleure, c’était clair. Un rire lui échappa à la petite brune lorsqu’elle lui demanda si elle avait pu réseauter et signer des contrats, et ses lèvres se pincèrent pour estomper le rouge matte qu’elle avait sur la bouche "Si seulement c’était aussi facile que ça. Par contre, j’ai quelqu’un à te présenter." On lui avait demandé de qui était la photo qu’elle avait posté dans l’après-midi, et elle avait répondu que justement, elle était venue avec elle. C’en était suivi un enthousiasme que Jo avait trouvé engageant pour la jeune femme qui l’avait shootée, et dont elle était rapidement partie à la recherche pour la trouver là, à ricaner et à enchaîner les compliments sans que Jo ne les trouve déplacés, forcément "Attends, bouge pas." finit-elle par lui dire, terminant enfin de replacer les mèches de Madison sur ses épaules. Du bout des doigts, elle sortit le tube de rouge à lèvres qu’elle avait apporté avec elle et qui était glissé dans son décolleté, et se pencha sur elle pour lui demander avec une autorité pas agressive, mais dissuasive de toute tentative de remuer ne serait-ce qu’une oreille "Ça illuminera ton teint. Laisse-moi faire, ça prendra que deux secondes à peine."

❀ oh how fast the evening passes cleaning up the champagne glasses « and the terror and the horror, god, I wonder why we bother | all the glamour and the trauma and the fuckin' melodrama | all the gun fights and the lime light and the holy sick divine nights »

Partout où Jo se déplace, son charisme la suit comme son ombre, une deuxième personne toujours à côté d’elle. Les gens la trouvent sûrement prétentieuse, et si Madison était un peu honnête elle pourrait dire la même chose mais en vérité, elle est toujours impressionnée par les gens assurés et se dit qu’ils méritent cet excès de confiance, simplement parce qu’ils ont l’audace de savoir être eux-mêmes. Et puis évidemment, quand on a autant de talent que Jo, ça parait évident de vouloir s’en vanter. Entre deux pensées embrouillées par le champagne, Madison pense à certains artistes qu’elle admire, à leur humilité, et se dit que peut-être que le talent ne justifie pas tout et qu’elle n’est simplement pas objective quand il s’agit de Jo. Tant pis.

"T’en es à ta combientième, de flûte de champagne ?" Madison a l’habitude de mentir lorsqu’on lui demande combien elle a bu et elle s’apprête à rétorquer avec assurance quand Jo déplace légèrement les cheveux de Madison, effleurant au passage sa clavicule, d’un geste distrait qui envoya une longue série de choc éléctrique dans l’intestin de Madison. Elle est tellement surprise qu’elle oublie le fil de sa pensée et regarde Jo bêtement sans répondre avant de se souvenir de la question et de marmoner : « Euh, peut-être trois », dit-elle, parce qu’elle est consciente qu’elle ne peut pas passer pour plus sobre qu’elle n’est, mais sans évidemment dire la vérité, qui elle qu’elle n’a pas gardé le compte, parce qu’elle était trop occupée à boire justement, mais qu’elle suppose qu’elle en est au moins à six ou sept. A la place, elle interroge Jo sur sa soirée et sa capacité à réseauter dans ce monde de requins. "Si seulement c’était aussi facile que ça. Par contre, j’ai quelqu’un à te présenter." « Hein ? » Bafouille Madison, à nouveau prise de court. Elle pose sa coupe de champagne et s’apprête à demander plus d’informations, mais à nouveau Jo n’en fait qu’à sa tête : "Attends, bouge pas."

Jo finit de la recoiffer avant de sortir un tube de rouge à lèvres de son décolleté que Madison s’efforce de ne pas regarder malgré le fait que Jo attire littéralement son attention dessus. Elle a à la fois trop bu pour supporter la situation et juste assez pour pouvoir la tenir - c’est l’histoire de sa vie, se dit tristement Madison, savoir tenir ses sentiments devant les autres, avoir l’air plus ou moins impassible alors qu’une tempête fait rage en elle. Elle sait qu’elle rougit trop facilement pour avoir une poker face parfaite, mais elle a l’habitude de feindre la gêne ou la surprise quand en réalité, c’est la panique ou le désir qui brûlent en elle. Ce soir, alors que Jo se penche vers, elle estime que c’est les deux qui crépitent sous sa peau. Madison sait qu’elle est stupide, parce que Jo n’est qu’un espèce de crush réprimé d’adolescent qu’elle ne veut même plus réaliser, mais dans ce genre d’instant, elle se souvient de la force des émotions qu’elle ressentait devant sa télévision, ado, de la terreur qui la gardait éveillée la nuit quand elle y pensait, et elle réalise que Jo Carter est bien devant elle et qu’elle va la toucher, lui toucher les lèvres et son coeur fait une embardée pour la gamine qu’elle a été. "Ça illuminera ton teint. Laisse-moi faire, ça prendra que deux secondes à peine." Madison hôche la tête et reste immobile comme une condamnée qui attend sa sentence, une biche prise dans les phares d’une voiture. Quand Jo a enfin fini ce qui lui a semblé durer des heures, Madison s’écarte en tanguant légèrement. « Mer… Merci ? » Madison ne sait pas à quoi elle ressemble actuellement mais elle se sent ridicule d’être si gênée par ce qui vient de se passer. « Jo, qui est-ce que tu veux me présenter ? » Demande-t-elle, essayant de cacher sa panique. « Je ne suis pas comme toi, comme Archie, je ne suis pas à l’aise avec les inconnus, je ne suis pas douée socialement », essaie-t-elle d’expliquer tandis qu’elle sent que l’adrénaline a pompé trop de sang jusqu’à son coeur, décuplant les effets de l’alcool.



@Jo Carter  

oh how fast the evening passes cleaning up
the champagne glasses
@Madison Kwanteen ☆ crédit/graciebirdgifs

"Hm, plutôt trois ou quatre." Elle avait travaillé dans des clubs, des bars, et autres lieux où les habitués venaient pour se lubrifier le gosier. Jo en avait vu des tas, des femmes de la trempe de Madison enchaîner les verres en faisant mine de rien, jouant sur leur naïveté à croire que la couleur du liquide qu’elle sirotait n’engageait rien d’autre qu’une matinée à devoir supporter une migraine, quand c’était la gueule de bois de compétition qui les attendait tant elles n’avaient pas lésiné sur les cocktails. Est-ce que ça la regardait que la jeune femme trouve son courage ou son salut dans la boisson ? Pas tellement si elle considérait qu’elle était grande, qu’elle faisait ce qu’elle voulait, et qu’à moins d’avoir loupé un épisode, elle n’était pas soeur. Quand bien même, les faits précédents ne s’annulaient pas sous le prétexte qu’elle trouverait ça exagéré qu’elle force sur le champagne à une soirée de ce genre.

Tant qu’elle ne lui foutait pas la honte, elle saurait s’y faire. Ce n’était pas qu’elle jugeait que Madison avait piètre allure, mais dans le monde de Jo, faire bonne impression, c’était avant tout travailler son teint et le contour de ses lèvres — certains crieraient à l’arnaque, mais ils ne l’avaient jamais vu sans maquillage pour croire qu’elle n’était pas aussi belle sans : elle l’était, fin du débat. En la matière, Madison avait des progrès à faire, c’est pourquoi elle se chargea de colorier la nuance naturelle de sa bouche qu’elle prit s’assaut avec le bout de son tube de rouge à lèvres qu’elle lui appliqua sans demander son reste. Et là, c’était presque comme si elle l’endossait sans mal, le rôle de soeur qui veut le meilleur pour sa cadette, alors qu’il lui semblait qu’elles avaient le même âge, et que sur ça au moins, elles étaient à égalité. Terminant de combler le dernier espace laissé vide des lèvres de Madison, Jo se redressa pour lui dire, pinçant ses propres lèvres pour lui montrer la marche à suivre, tamponnant les deux extrémités de sa  propre bouche avec délicatesse pour que la jeune femme fasse la même chose "Fais comme ça. Mais doucement, c’est du matte, ça va vite filer si t’es trop brusque — et voooilà, t’es parfaite." lui fit-elle, rebouchant finalement son tube pour le glisser à nouveau au même endroit pendant qu’elle se rendait compte que Madison se décomposait par anticipation à la rencontre de la connaissance qu’elle voulait lui présenter. Jo fronça brièvement les sourcils, entreprenant une nouvelle fois à trouver la meilleure position à faire adopter aux longues mèches claires de la jeune femme devant laquelle elle resta "Un photographe qui cherche des nouveaux talents pour une expo dans sa galerie. Il a vu ta photo de cet après-midi, alors je lui ai filé ton profil insta pro pour qu’il jette un oeil à tes autres clichés. Il adore, je crois qu’il veut te proposer de faire partie de son collectif, mais j’y connais pas grand-chose." Au bout d’un moment, il avait commencé à parler chinois pour elle, ce qui avait été son signal pour aller cueillir la photographe et lui faire entendre que c’était sa chance.
Jo eut un sourire lorsqu’elle reprit la parole pour lui souligner qu’elle ne savait pas y faire, qu’elle n’était pas comme elle, qu’elle n’était pas comme son frère "Et tant mieux que tu sois pas comme lui. Je sais pas si t’en es consciente, mais c’est quand même un beau connard." Archie aurait les oreilles qui sifflent. Parfait, elle espérait que ça l’emmerderait de savoir que quelqu’un parlait en mal de lui à cet instant précis "Hey, je suis là." finit-elle par dire à Madison, terminant de replacer ses cheveux d’une façon qui la satisfaisait assez pour enfin ne plus y toucher. Laissant ses deux mains sur les épaules de la jeune femme durant quelques secondes, Jo se risqua à la regarder droit dans les yeux simplement parce qu’elle portait des talons, et que l’écart de taille entre elles étaient rognés ; autrement, elle aurait dû lever la tête pour lui demander, essayant de détendre l’atmosphère avec un tout petit sourire qui faisait se creuser la fossette qu’elle avait du côté droit "Dis tu comptes pas dégueuler sur ses chaussures quand même ?" Le fond de sa question était humoristique, mais vu la couleur qu’avait prise les joues de Madison, Jo était en droit de redouter que ça puisse arriver à un moment donné.

❀ oh how fast the evening passes cleaning up the champagne glasses « and the terror and the horror, god, I wonder why we bother | all the glamour and the trauma and the fuckin' melodrama | all the gun fights and the lime light and the holy sick divine nights »

Malgré sa présence toujours un peu brusque, Jo est étrangement délicate dans les gestes qu’elle a pour Madison. Cette dernière fait tout pour ne pas se concentrer sur la sensation au bout de ses lèvres, les petits frissons éléctriques qui en partent pour descendre jusqu’à sa gorge, puis son estomac, avant de tomber dans ses talons. "Fais comme ça. Mais doucement, c’est du matte, ça va vite filer si t’es trop brusque — et voooilà, t’es parfaite." Madison obéit - n’est-ce pas son premier trait de personnalité, ça, l’obéissance, la politesse, elle a été élevée pour faire ce qu’on lui demande - et elle essaie de ne pas avoir l’air de trop regarder la bouche de Jo qui montre le mouvement à suivre. Elle essaie aussi de ne pas frisonner quand Jo réajuste ses cheveux une nouvelle fois. Pour une fois, Madison se dit qu’il n’est pas plus mal que son interlocutrice ait l’air d’avoir compris qu’elle avait un peu trop bu, au moins elle pourra mettre sa maladresse sur le compte des verres à son compteur, ne pas lui en tenir trop rigueur. Elle inspire et demande à Jo de lui dire qui elle a prévu de lui présenter, priant silencieusement qu’il ne s’agisse surtout pas d’un garçon avec qui elle pense pouvoir la caser - Jo sait que Madison a un petit-ami, mais elle a tout de même des flashs de soirées d’étudiantes où ses camarades s’amusaient à lui présenter des gens, comme les bons amis le font parfois. "Un photographe qui cherche des nouveaux talents pour une expo dans sa galerie. Il a vu ta photo de cet après-midi, alors je lui ai filé ton profil insta pro pour qu’il jette un oeil à tes autres clichés. Il adore, je crois qu’il veut te proposer de faire partie de son collectif, mais j’y connais pas grand-chose." Oh. Oh non, oh non, oh non. S’il y a bien une règle que Madison réussit à respecter dans sa vie, c’est s’empêcher de boire dans un milieu professionnel. Sa carrière est la seule chose à laquelle elle tient assez pour vouloir la protéger - plus qu’elle ne tient à elle-même, visiblement. Elle déglutit. « Oh, c’est une super opportunité », dit-elle en essayant d’avoir l’air assurée, alors qu’elle ne rêve que d’une chose : faire demi-tour. Mais impossible d’échapper à Jo. Madison mentionne, tout de même, qu’elle n’est pas aussi assurée qu’elle, que son frère, ce qui semble amuser Jo. "Et tant mieux que tu sois pas comme lui. Je sais pas si t’en es consciente, mais c’est quand même un beau connard." Madison a un petit rire, avant de comprendre que Jo est absolument sérieuse. Elle toussote, un peu gênée d’avoir osé rire, mais elle répond tout de même : « On a tous nos armures pour faire face au monde. C’est la sienne. » Elle sait très bien qu’Archie se comporte comme un imbécile en société et que ça ne sert à rien de mentir, de nier. Mais Madison réfléchit un instant, malgré l’alcool qui la rend distraite, hésitant à être honnête, mais glisse tout de même à Jo : « Et pour ce que ça vaut, je sais qu’il t’adore. » Elle espère ne pas trop trahir Archie en disant cela.

Jo est toujours proche d’elle, toujours les mains dans ses cheveux, et Madison sent que sa nervosité devient physique, pas simplement parce que Jo la touche, mais parce qu’elle s’apprête à lui présenter quelqu’un. "Hey, je suis là." Madison est surprise de la douceur dans la voix de Jo. Tout à coup, elle s’imagine qu’elles sont amies, que Jo est sa wing-woman qui la défendra, et elle se sent un peu plus à l’aise.  "Dis tu comptes pas dégueuler sur ses chaussures quand même ?" Madison secoue la tête, avec un petit rire. « Non, promis. Je sais me tenir. » Elle n’ose pas préciser qu’elle maîtrise l’alcool plus qu’il n’y paraît. « Mais, euh, oui, ne m’abandonne pas seule avec lui, s’il-te-plaît. » Sa voix est hésitante mais sa demande sincère. Elle suit Jo dans la foule, elles se dirigent vers un petit groupe qui discutent, avec au centre un photographe avec une moustache impressionnante et un tee-shirt d’un groupe underground que Madison reconnaît de ses années de fac. Oh, c’est le genre de photographe hipster, se dit-elle. Et évidemment, ça ne manque. « Ah, Miss Kwanteen, c’est bien ça ? » Il tend sa main, et Madison doit la regarder quelques secondes de trop avant de se concentrer et de la prendre. « Oui, enchantée », répond-t-elle. « Quand j’ai vu vos clichés, je me suis dit, il faut que je rencontre cette jeune fille ! », Miss, jeune fille… Evidemment, il faut qu’il souligne qu’elle est une femme, qu’il lui parle comme si elle était jeune, un peu naïve. C’est souvent le cas avec les hommes dans ce milieu, il aime infantiliser malgré eux. « Prendre encore la plupart de ses photos à l’argentique, dans une génération obsédée par le numérique, c’est un vrai gage de qualité à mes yeux. Enfin, évidemment, l’immédiaté du numérique est pratique, surtout quand on a un post instagram à faire », il adresse un clin d’oeil un peu paternaliste à Jo qui fait grimacer Madison - elle se rend compte qu’elle ne maintient pas une poker face absolue comme il faudrait. « Mais tout de même, la vraie photographie, comme la votre, la mienne, commence par les pellicules. » Madison se rend compte qu’il essaie de la flatter mais elle sent une pointe d’agaçement : elle ne supporte pas cette pseudo supériorité snob de l’argentique. « Ce sont juste deux techniques différentes, je ne pense pas que l’une soit intrinséquement supérieure à l’autre… » Tout à coup elle se rappelle qu’elle est censée se vendre, pas débattre, elle sent le regard de Jo sur elle et panique, se reprend en baffouillant un peu : « Mais, euh, oui, l’argentique est un savoir précis qui ne devrait pas se perdre. J’adore le processus manuel de l’argentique, développer soi-même ses photos, la matérialité même de la photo. » Elle se racle la gorge. « J’ai pris Jo en photographie à l’argentique, d’ailleurs, le côté suranné de la qualité de la pellicule soulignait bien sa… sa euh, sa beauté intemporelle, je trouve. C’était intéressant. » Elle se tourne un peu vers Jo, comme pour lui laisser la parole, s’imaginant qu’elle serait plus douée pour séduire le photographe.



@Jo Carter  

oh how fast the evening passes cleaning up
the champagne glasses
@Madison Kwanteen ☆ crédit/graciebirdgifs

Juger Archie, c’était tentant sur l’instant. Jo n’avait plus de ses nouvelles depuis un moment, ne cherchait pas à en avoir. Elle avait du talent pour tout un tas de choses, la rancune en faisait partie, et gare à celui qui se risquait à lui faire un affront. Archie avait joué, il avait perdu. Jo ne le regrettait pas, elle avait une faculté déconcertante à tourner la page sur ses choses-là, et puisqu’elle n’en était pas à sa première déception en terme de pseudo-amitié, puisqu’elle n’avait jamais estimé qu’Archie était vraiment un ami non plus à dire vrai, elle ne se languissait pas tellement de son absence.
Elle n’y pensait pas, c'était aussi simple que ça, et bien que sur l’instant, la certitude de Madison à propos du ressenti de son aîné à son égard lui donna envie de lui demander s’il parlait d’elle pour qu’elle en soit aussi certaine, elle retint son besoin compulsif de savoir qu’elle était le sujet de certaines conversations, haussant seulement les épaules un air de dire dis-moi quelque chose que je ne sais pas déjà, et se concentrant sur la panique qu’elle sentait émaner de la jeune femme qu’elle avait en face d’elle.

"Je suis beaucoup de choses, mais je suis pas une lâcheuse." Elle pouvait elle-même faire établir sa liste de défauts, elle était à l’aise avec ça. Mais celui-là, il ne faisait pas partie de son inventaire. Venant tapoter la bosse de son index contre le menton de Madison, elle lui dit "Menton haut, tête droite, tu vas tout déchirer." Parce qu’elle ne lui laissait guère le choix. Peut-être que Jo faisait partie de ces gens qui poussaient leur prochain, elle n’avait jamais vraiment cherché à endosser ce rôle-là. Quoique, elle se voyait à plusieurs occasions encourager Nicholas, elle se souvenait même d’avoir été assez honnête pour dire à Midas qu’il méritait sa place dans le concours à l’époque, lui qui avait la modestie si sincère que ça en devenait agaçant, bien incapable elle-même de camper sur de l’humilité pour faire-valoir son talent. Quand on en avait, il fallait le revendiquer, c’était une maxime qu’elle avait assimilée assez jeune pour en faire un mantra qui l’avait suivi toute sa vie, quand bien même elle avait échoué à de nombreuses reprises, se cachant à la fin derrière des excuses pour ne plus affronter sa peur de l’échec, sa peur de l’humiliation publique. Elle savait à peu près quel effet ça avait sur quelqu’un de ne pas réussir, alors il était plus que sûr qu’elle ne permettrait pas à Madison de connaître ce sentiment, s’étant pris d’une affection timide pour elle, mais non moins sincère.
Harponnant la main de la jeune femme pour la guider, Jo joua à peine des coudes pour se frayer un chemin parmi les convives qui la laissèrent passer sans chercher à l’arrêter, la suivant même du regard parce qu’elle faisait cet effet-là, Jo. Lançant de temps à autre une oeillade à Madison pour s’assurer qu’elle était toujours bien là, elle serra davantage sa main dans la sienne quand, arrivant à proximité de l’homme qu’elle voulait lui présenter, elle lui pressa trois fois les doigts pour lui faire savoir que c’était lui, que c’était le moment.

"Madison, Ethan." fit Jo en hôte parfaite — qui l’eut cru —, sa main se détachant de celle de Madison pour la laisser serrer celle du dénommé Ethan qui était à l’aise en toute circonstance, ayant l’habitude de réseauter comme si sa vie en dépendait "C’est peut-être pas la peine de t’adresser à elle comme si elle avait douze ans. On est tous des adultes, et c’est presque un entretien d’embauche, alors…" Tout doux le loup, semblèrent dire la manière qu’elle eut de poser ses mots, assez sûre d’elle pour savoir que dans un monde où c’était charmant de jouer les ingénues, surtout du point de vue des hommes, elle était vue comme venimeuse seulement parce qu’elle assumait sa féminité et son besoin compulsif d’empoisonner les pensées de ceux qui posaient son regard sur elle.
Un sourcil arqué, un sourire en coin fendant son visage lorsqu’Ethan opina en riant dans sa direction, elle laissa l’échange se passer sans plus intervenir, gardant un oeil sur Madison qui paraissait autant agacée qu’elle l’était — et le teneur de leur conversation, elle n’intéressait pas assez Jo pour qu’elle l’écoute vraiment, son regard ne quittant pas le profil de la photographe qui mena soudain le débat avec un aplomb naturel. Et le fait qu’elle laissa soudainement un blanc pour la laisser intervenir, ça poussa Jo à rompre le contact de ses yeux avec les siens pour les poser sur Ethan et lui dire en fronçant le haut de son nez "J’ai aucune idée de ce dont vous êtes en train de parler, mais j’ai retenu que je rendais le travail de Madison plus intéressant à regarder à cause de ma beauté intemporelle." Elle battit presque des yeux,  en revanche elle repoussa vraiment une longue mèche de ses cheveux bruns, puis elle se reprit pour redevenir sérieuse et ajouter "Cela dit vu que le duel argentique contre numérique semble vous passionner tous les deux, vous pourriez peut-être profiter d'un autre moment pour décider lequel de vous deux remportera la partie à ce propos ?" Un moyen poli de leur dire putain, vous êtes chiants à crever "Le vrai sujet de cette rencontre, c’est la proposition que tu voulais lui faire à propos de ta galerie. Elle a de nombreux clichés en stock en dehors de son Instagram, elle pourra t’en apporter des exclusifs de certains de ses projets pour ton exposition, et ce dans un délai dont t’oserais même pas rêver." Un clin d’oeil en direction de Madison lui échappa, et puis dans la foulée, elle reprit avec une sincérité qu’on ne pouvait pas lui retirer à Josephine "Pour ce que ça vaut, je crois qu’elle a sa place au milieu de ces artistes que tu suis depuis des années. Elle est expérimentée, et très professionnelle." Malgré le fait que tu la traites comme une collégienne, voulut-elle ajouter, mais elle ne le fit pas, le regard qu’elle accorda d’abord à Ethan, ensuite à Madison étant assez sarcastique pour qu’il sache qu’il parlait à de jeunes femmes certes, qui n’étaient pourtant pas nées de la dernière pluie et qui savaient négocier leurs intérêts à la hauteur de l’ambition qui était la leur.

❀ oh how fast the evening passes cleaning up the champagne glasses « and the terror and the horror, god, I wonder why we bother | all the glamour and the trauma and the fuckin' melodrama | all the gun fights and the lime light and the holy sick divine nights »

De toutes les règles que Madison s’est données autour de l’alcool, elle n’a réussi à n’en tenir que très peu. Mais une subsiste, et ceux depuis le début : pas d’ivresse en milieu professionnel. Elle ne sait pas pourquoi c’est le seul motto qu’elle arrive à tenir, alors que tout le reste se délite petit à petit. Mais Madison a toujours tiré une fierté particulière à être photographe, tandis qu’elle doute d’environ tout les autres aspects de sa vie, et elle sait qu’elle a besoin de toute sa tête pour exercer son métier comme il le faut. C’est pour cela que l’idée de Jo lance une panique dans son système nerveux : elle déteste rencontrer d’autres professionnels alors qu’elle n’est pas en pleine possession de ses moyens. Un ou deux verres, ça serait une chose, mais là, les compteurs sont au max, elle a beaucoup bu, et trop rapidement. Elle laisse Jo la guider vers Ethan, le fameux photographe, et tente d’ignorer son coeur qui tambourine entre ses côtes. "C’est peut-être pas la peine de t’adresser à elle comme si elle avait douze ans. On est tous des adultes, et c’est presque un entretien d’embauche, alors…" Madison toussote, son coeur s’accélérant un peu plus. Oh, wow, se dit-elle, c’est donc ça de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas ? Parce que oui, Madison a detesté le ton d’Ethan, mais elle ne sait que se faire toute petite et s’adapter, bien incapable de protester. Elle jette un regard presque admiratif à Jo avant de se reconcentrer sur la conversation tant bien que mal. Malheureusement, le photographe contineu dans son snobisme et sa condescendance, et Madison réalise que l’ivresse la rend beaucoup moins fine qu’elle ne voudrait l’être. Pourtant, habituellement, elle adore l’aisance sociale que lui donne l’alcool. Malheureusement, être à l’aise socialement et être à l’aise professionnellement sont deux choses bien différentes. Elle maintient la conversation tant bien que mal, citant Jo pour la ramener au coeur de la discussion. "J’ai aucune idée de ce dont vous êtes en train de parler, mais j’ai retenu que je rendais le travail de Madison plus intéressant à regarder à cause de ma beauté intemporelle." Madison hoche la tête avec un petit rire, à la fois amusée et émerveillée du charisme de Jo qui ne rate décidément jamais aucune occasion pour se vanter. Une nouvelle fois, Madison admet que Jo pourrait presque être insupportable si elle n’était pas aussi… Attachante, hypnotisante ? "Cela dit vu que le duel argentique contre numérique semble vous passionner tous les deux, vous pourriez peut-être profiter d'un autre moment pour décider lequel de vous deux remportera la partie à ce propos ?" Madison regarde son verre, un peu gênée, contente malgré tout que Jo coupe la conversation. Elle n’a jamais aimé ce snobisme autour de la photographie argentique auquel elle est accidentellement souvent associé. "Le vrai sujet de cette rencontre, c’est la proposition que tu voulais lui faire à propos de ta galerie. Elle a de nombreux clichés en stock en dehors de son Instagram, elle pourra t’en apporter des exclusifs de certains de ses projets pour ton exposition, et ce dans un délai dont t’oserais même pas rêver." Madison sent que sa respiration se coupe une demi-seconde quand Jo lui adresse un clin d’oeil, mais la suite de la conversation lui coupe tout bonnement la respiration : "Pour ce que ça vaut, je crois qu’elle a sa place au milieu de ces artistes que tu suis depuis des années. Elle est expérimentée, et très professionnelle." Jo Carter est en train de vanter ton travail, réalise Madison entre deux pensées floues. Elle sent qu’elle rougit et qu’elle est bien incapable de répliquer quoi que ce soit.

« Je dois dire que ce n’est pas tous les jours que l’on entend Josephine vanter le travail de quelqu’un, cela rend curieuse. Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? » Madison sent que c’est l’instant où elle ne doit pas rater la perche tendue. Elle inspire, se jure de ne pas bredouiller : « Euh, je, euh, j’ai principalement deux projets en ce moment. Un sur les banlieues résidentielles de Brisbane. Je m’intéresse notamment aux jeunes qui y vivent et comment ils construisent leur identité dans ce milieu normé. J’ai quelques clichés exposés dans la galerie de Jenna Caldwell », ajoute Madison, car c’est un nom qui fait parler. Jenna a travaillé au MET de New-York, après tout. Et, comme elle s’y attendait, Madison voit les yeux d’Ethan s’illuminer. « Mais j’ai aussi une série sur les espaces liminaux. » « Ah ! Ma foi, voilà quelque chose d’original. Je ne m’étais pas attendu à ça en vous voyant arriver. » Et voilà, le paternalisme est de retour. Madison essaie de contenir une grimace, mais les verres de champagne lui font répondre d’un ton plus sec qu’elle ne l’aurait voulu : « A quoi vous attendiez vous ? Une série sur - » Mais avant qu’elle ne puisse continuer, emportée par la discussion, Madison manque de lâcher le verre qu’elle tient, en reversant une partie de son contenu sur sa propre main et sa robe, sentant ses joues devenir à nouveau cramoisie. « Désolée », murmure-t-elle à personne d’autre qu’elle-même. Elle relève la tête vers Ethan et finit par trouver une parade : « Je serais ravie de discuter d’être exposée dans votre galerie, mais peut-être pourriez-vous me donner votre carte pour que vous recontacte ? Je vais… », elle fait un geste vers sa main qui sent le champagne et qu’elle secoue, n’attendant qu’une chose : pouvoir la laver. Ethan tend sa carte à Madison qui la prend entre ses doigts qui tiennent toujours la coupe de champagne, et elle s’éloigne avec Jo, le cœur battant. « Ohlala, je suis désolée, je suis désolée », bredouille-t-elle à l’attention de Jo. « Je… Merci pour ce que tu as dit sur mon travail. Et merci de m’avoir défendue. J’espère que je ne t’ai pas… » Foutu la honte, affichée, ridiculisée, en présentant à quelqu’un une vieille meuf ivre qui ne sait pas défendre son travail sans se couvrir de champagne ?




@Jo Carter  

oh how fast the evening passes cleaning up
the champagne glasses
@Madison Kwanteen ☆ crédit/graciebirdgifs

"Jo, Ethan." Pas Josephine, putain d’enfoiré, qu’elle se retint de lui balancer à l’autre snob du dimanche, ne rêvant que d’une chose sur le moment, et c’était de serrer un peu plus le noeud papillon à la con qu’il portait autour du cou pour le voir se battre avec l’imminence de sa mort. Tout le monde avait son avis sur Jo, tout le monde la savait assez sanguine pour ne pas savoir se retenir quand elle avait de faire ou de dire quelque chose, et pourtant il y avait des moments où elle savait prendre sur elle, où elle faisait des putains d’efforts sur la base de quelque chose d’aussi banale que l’affection portée à quelqu’un de son entourage. Madison devait en faire partie puisqu’elle prit sur elle à ce moment-là, enfonçant ses iris sombres dans ceux de son interlocuteur en regrettant dans le fond de ne pas avoir un verre entre les mains pour chasser la multitude de fourmillements qu’elle avait au bout des doigts à cause du petit ton qu’il employait là.

Prenant une légère inspiration, elle retourna son attention sur Madison qui s’en sortait tout aussi bien qu’elle, encore que Jo avait l’impression qu’elle imploserait bientôt, confrontée à l’attention portée par le jeune homme qui leur faisait face. Sans doute pour se réconforter en même temps qu’elle s’apprêtait à réconforter la photographe, Jo posa une main entre les omoplates de la jeune femme dans un signe d’encouragement silencieux, opinant du chef dans la foulée pour lui faire passer un message par télépathie : you go girl, voilà ce que lui dire ses yeux, à elle, et qui se posèrent sur elle pendant qu’elle continuait son petit laïus, ne comprenant toujours absolument rien à ce qui se racontait sur l’instant, préférant cent fois se faire prendre en photos que de causer profondeur de champs et autres techniques à la mord-moi-le-noeud qui ne méritaient sans doute pas qu’on les place au centre d’un débat. Pour ce qu’elle en savait, elle n’écouta que d’une oreille, sa main toujours dans le dos de Madison, son attention se détournant juste un temps pour se situer par-dessus son épaule où elle observa brièvement, espérant que quelqu’un vienne les sauver du discours de l’autre attardé.
Ce qui la fit réagir cependant, ce ne fût pas son éternelle ton pompeux qui commençait à crisser à ses oreilles comme des ongles sur un tableau noir, abimant la perception impeccable qu’elle avait de notes en tous genre, mais bien le geste malheureux de Madison qui fit à moitié tomber son verre, en renversant une partie de son contenu sur la robe que Jo lui avait prêtée, et faisant lâcher un petit rire moqueur à Ethan que Jo fusilla du regard en lui disant tellement poliment que sa voix ne semblait pas être la même lorsqu’elle ouvrit la bouche "C’est le signal pour que t’ailles voir ailleurs si on y est. Elle te recontactera. Hey, ta carte, merci." lui fit-elle avant qu’il ne tourne les talons, claquant des doigts dans sa direction pour qu’il s’exécute sans délai, et c’est ce qu’il fit parce que quand Jo ordonnait, la seule option valable était d’agir, pas d’hésiter — elle n’était pas connue pour apprécier l’hésitation, ça faisait partie de son charme ou non, et ça c’était un débat plus intéressant que celui qui s’était joué quelques secondes plus tôt.

Elle lui prit sa carte des mains, et ce sans aucune délicatesse, la glissant dans son décolleté le temps de se retourner vers Madison dont elle voulait éviter l’humiliation publique. Lui chuchotant un "Tête haute, je t’ai dit." alors qu’elle la tractait, bras-dessous, bras-dessus, en dehors de la salle bondée pour l’emmener vers les toilettes, elle serra les dents parce qu’elle se rendait compte d’une chose : Madison n’était pas seulement nerveuse, elle avait aussi le débit de parole d’une nana qui n’a pas sucé que des glaçons, et sur le coup, ça l’agaça à un point qu’elle sut qu’elle allait ouvrir sa grande gueule — comme c’était souvent le cas, et il n’y avait pas besoin d’excuses pour ça, même si là, c’était surtout parce qu’elle avait l’impression d’avoir été prise pour la reine des connes, à faire des pieds et des mains pour que son invitée se sente à l’aise, à sa place, alors qu’elle se comportait comme une poltronne. Chacun ses vices certes, elle en avait quelques-uns qui feraient saigner les oreilles de maman Kwanteen très certainement, mais quand ceux des autres remettaient en cause son jugement, ça avait tendance à lui courir sur la patience, et elle n’en avait déjà pas beaucoup à la base, c’était aussi connu que sa propension à attirer les regards.
Dégageant sa propre épaule de ses longs cheveux bruns, manoeuvrant pour couper la route à Madison, l’empêchant de s’engouffrer de suite dans les toilettes, Jo se plaça devant elle, une main posée sur le cadre de la porte, et lui demanda sans cérémonie "T’es soule ?" Elle n’attendait pas de réponse, de fait elle ajouta sur le même ton, détaillant ses traits juvéniles, ceux qu’elle avait voulu rendre plus affirmés avec du maquillage, le rouge à lèvres qu’elle lui avait appliqué tout à l’heure ayant légèrement bavé , remarqua-t-elle en la fixant sans ciller "T’as dit un ou deux verres. C’est combien en vrai ?"

❀ oh how fast the evening passes cleaning up the champagne glasses « and the terror and the horror, god, I wonder why we bother | all the glamour and the trauma and the fuckin' melodrama | all the gun fights and the lime light and the holy sick divine nights »

"Tête haute, je t’ai dit." Madison a envie de rire jaune. Combien de fois n’a-t-elle pas entendu cette phrase, ou une variation, en grandissant ? Tiens toi droite, ne bégaye pas, ne parle pas dans ta barbe, articule, ne baisse pas les yeux, souris, serre la main, parle plus fort, sois moins timide. Sa famille, ses professeurs, même ses amis et même Oliver,  chaque personne qu’elle a connu a voulu corriger son comportement. Elle n’est jamais assez, elle le sait, et elle devine bien que Jo voudrait que quelqu’un d’autre soit à ses côtés. Heureusement, Madison a assez bu pour que la honte colle moins à son corps, qu’elle puisse rejeter doucement l’angoisse qui monte en elle. Elle pourrait presque se sentir agacée, comme ça lui arrive parfois après trop de verres et que tout ce qu’elle réprime en elle remonte à la surface ; dans ces moments-là, elle se sent colérique, et c’est toujours là que les pires disputes avec Oliver explosent. Madison pourrait crier contre tout ceux qui lui demandent d’être ce qu’elle n’est pas, elle pourrait se tourner vers Jo et lui dire que non, elle ne sait pas marcher la tête haute, que ce n’est pas elle, et que si Jo veut ses photos, son univers, c’est un package-deal avec le reste de sa personnalité plus sombre que charismatique, que c’est comme ça. Mais une part d’elle sait très bien que cet agacement dirigé contre Jo serait injuste, que ce n’est pas elle le problème, non. Mais quand Madison a trop bu, parfois elle ne distingue plus tout à fait ce qu’elle ressent, ce qui lui fait peur, l’énerve, la rend heureuse.

Jo coupe la route de Madison vers les toilettes, sa petite carrure occupant à nouveau tout l’espace. Elle est habituellement légèrement plus petite que Madison, une affaire de quelques centimètres, mais les talons qu’elle porte ce soir lui donne un avantage. Madison se sent minuscule, comme elle se sent souvent face à Jo. "T’es soule ?" Ah, ça aussi c’était une question que Madison a déjà entendu plus d’une fois. Elle se l’a pose souvent, elle aussi, bien que la variation est généralement la suivante : elle ne se demande pas si elle est soule, elle se demande si elle l’est assez. "T’as dit un ou deux verres. C’est combien en vrai ?" Madison déteste ce genre de questions et elle sent que le rouge lui monte aux joues. Heureusement, c’est la première fois que Jo la voit vraiment dans cet état ; Madison a toujours trouvé ça plus facile de trouver des excuses à sa consommation face à des gens qui ne la voient pas souvent, elle peut prétexter s’être laissée surprendre ou ne pas tenir l’alcool, des mensonges que les gens qui la connaissent mieux n’avalent plus. Non, pour les autres, ses amis, il faut être sur une ligne très fine, celle de l’image de la fille fêtarde, un peu déraisonnable. De toute façon, la plupart de ses amis sont sur cette ligne aussi - n’est-ce pas pour cela qu’ils sont amis, au fond ? Au fur et à mesure qu’elle vieillit, Madison réalise qu’elle s’éloigne des gens qui ne suivent pas son train de vie. « Je t’ai dit trois », se défend Madison, qui se souvient toujours de ce qu’elle dit quand elle parle d’alcool, parce qu’elle doit être sûre de ne pas s’embrouiller dans ses mensonges. « C’était plutôt cinq », fait-elle mine d’admettre - c’est clairement plutôt sept. Sa voix est un peu molle, ralentie par l’alcool. « Je suis désolée, je ne suis pas à l’aise dans ce genre d’événements, j’étais seule au buffet, je… Je voulais juste un peu me détendre et je me suis laissée surprendre. J’avais oublié que le champagne ça montait aussi vite. » Elle ment à Jo droit dans les yeux. « Je ne suis pas comme toi Jo, je ne suis pas… Charismatique et charmante avec tous les inconnus que je rencontre. Parfois l'alcool, ça ôte la timidité. » Mais ça, par contre, c’est la vérité. Madison hausse les épaules, se sentant un peu stupide tout à coup. « Je ne voulais pas te faire honte, je suis vraiment désolée, je n’aurais jamais bu si je savais que tu voulais me présenter quelqu’un. » Elle baisse les yeux et marmonne, ses mots déliés par l’alcool : « Surtout quelqu’un avec qui il faut prendre sur soit pour supporter le paternalisme. » Non parce que bon, le vrai problème, ce n’est pas elle ivre, c’était qu’Ethan est tout simplement infernal, non ?





@Jo Carter  

oh how fast the evening passes cleaning up
the champagne glasses
@Madison Kwanteen ☆ crédit/graciebirdgifs

Le regard que Jo posait sur Madison à ce moment-là était du genre à souligner l’intérêt qu’elle avait à ne pas jouer avec les mots au risque de perdre des cheveux, et peut-être même une dent.
Un ou deux, trois ou quatre, l’importance restait moindre, puisque tout ce que Jo voulait savoir c’était si la photographe avait bel et bien descendu assez de verres pour être dans l’état qu’elle était actuellement. Certes elle n’était pas sans dessus dessous, elle commençait toutefois à être assez atteinte par sa consommation pour ne pas être foutue de tenir un verre dans les mains sans le faire tomber "Et ça t’est pas venue à l’idée de me le dire que t’avais trop bu ?" lui demanda-t-elle par rhétorique légèrement agressive, la regardant du dessus, ses talons venant rogner la différence de quelques centimètres qu’elles avaient habituellement, comme si Jo avait vraiment besoin de faire oublier au monde qu’elle avait la taille d’une enfant de 11 ans en portant des talons. De façon générale, c’était son charisme qui lui permettait de paraître plus grande, mais disons que ne pas être à plat, ça aidait pas mal non plus parfois "Ça je comprends que tu sois pas à l’aise en société, mais simplement me dire que t’es pas en état pour rencontrer quelqu’un, c’était une option à ta portée, ou t’as le cerveau trop grillé par tout ce que tu t’enfiles quand t’as besoin d’un peu de courage ?" Elle s’emportait, elle le sentait parce qu’elle commençait à devenir blessante, et ce pour de vrai ; pas pour amuser la galerie et garder la main sur ses propres émotions en les dissimulant sur une couche de dureté surjouée, mais pour toucher ce quelque chose qu’elle voyait vaciller chez Madison et qui sur le moment lui tapait sur les nerfs, ayant l’impression d’avoir été beaucoup trop délicate pour une fois "Tu bois souvent comme ça ?" finit-elle par lui demander, la toisant de bas en haut en se reculant du cadre de la porte. Madison était d’une timidité qui ne prenait pas seulement ses quartiers lorsqu’elle était invitée à une soirée mondaine. Elle perdait même ses moyens quand elles n’étaient que toutes les deux alors finalement, la question se valait autant que l’explication qu’elle continua de lui donner et qui fit rouler des yeux à Jo "Je suis pas charmante. Je le deviens que quand je juge que c’est important, et ça l’était là. C’est un connard, mais il peut t’ouvrir des portes que tu réussiras jamais à défoncer si tu t’obstines à te bourrer la gueule pour affronter ce qui se joue devant toi." D’un coup de hanche précis et indolent, Jo ouvrit enfin la porte des toilettes, puis elle fit un geste de la main pour que Madison entre avant elle, balayant son passage avec une insolence qui était la sienne et poursuivant en même temps "C’est la seule excuse que t’as trouvé pour te rassurer sur ta consommation d’alcool ? Ça ôte parfois la timidité ? Parce que la coke aussi, mais c’est pas conseillé d’en prendre."

Qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre en vérité ? Jo n’était pas connue pour tenir plus que ça à sa réputation ; avant en tout cas, maintenant elle essayait de se temporiser puisqu’elle savait que son destin était sur le point de changer, et que se montrer plus accessible serait une plus-value à apporter à l’image qu’elle renvoyait. Et puis merde en fait, pourquoi devenir accessible ? Les stars du passé n’avait pas besoin d’être accessibles pour qu’on les adule, c’était même pour cette raison qu’on en faisait des demi-dieux — parce qu’ils étaient si parfaits, si bourrés de talent et de charisme qu’on ne les imaginait pas humains. Elle voulait faire partie de cette lignée-là "Ça va, tu m’as pas fait honte non plus. J’aurais juste préféré que tu renverses pas ton verre sur la robe à 300 boules que tu portes sur le dos, mais à part ça." A part ça, elle s’en remettrait. Ethan en revanche ? "Tu lui enverras un mot. On s’en fout si tu penses rien de ce que tu lui écris, il m’a donné l’impression d’être intéressé par ce que t’avais à lui dire, faut pas que tu perdes cette opportunité parce que t’as la main lourde sur le champagne — viens là, on va essayer de sécher ça." D’une main, elle l’invita à venir près d’elle tandis qu’elle était postée près des lavabos où des serviettes coûteuses étaient soigneusement pliées à la disposition des convives les plus maladroits.

❀ oh how fast the evening passes cleaning up the champagne glasses « and the terror and the horror, god, I wonder why we bother | all the glamour and the trauma and the fuckin' melodrama | all the gun fights and the lime light and the holy sick divine nights »

"Et ça t’est pas venue à l’idée de me le dire que t’avais trop bu ?" Madison baisse la tête. Elle se fait gronder comme une petite fille. Elle aimerait dire qu’elle déteste cette sensation, mais la réalité, c’est que Madison est habituée à ce rôle. Ivre, elle peut même admettre qu’elle en a déjà joué avec ses parents, qu’elle s’est protégée dans ce rôle de cadette, innocente, fragile. Qu’elle est habituée aux reproches, que parfois elle les aime, parce qu’ensuite elle peut se faire pardonner, se rattraper, sentir la chaleur de la colère qui retombe, du pardon. C’est comme se couper pour regarder la peau se refermer, la plaie se guérir. "Ça je comprends que tu sois pas à l’aise en société, mais simplement me dire que t’es pas en état pour rencontrer quelqu’un, c’était une option à ta portée, ou t’as le cerveau trop grillé par tout ce que tu t’enfiles quand t’as besoin d’un peu de courage ?" Ouch. Le caractère légendaire de Jo ne la rate pas. Madison pense à Archie, et se demande s’il a réussi à se faire pardonner après leur fameuse dispute dont elle n’a jamais su le sujet. Archie, lui, ne s’est sûrement pas laissé se faire engueuler comme un gamin. Madison, elle, continue de baisser la tête, gênée, les joues rouges. Elle sent en elle une forme d’agacement, cette colère dormante qu’elle a en elle et qui menace toujours d’exploser. Jo ne la comprend pas, et elle a envie de lui crier dessus ; comme elle a envie de crier au monde entier de la laisser tranquille. "Tu bois souvent comme ça ?" Ah, la fameuse question.  « J’ai 27 ans, Jo, oui parfois je suis ivre en soirée, c’est pas un crime », réplique-t-elle, un peu piquée, mais toujours penaude. "Je suis pas charmante. Je le deviens que quand je juge que c’est important, et ça l’était là. C’est un connard, mais il peut t’ouvrir des portes que tu réussiras jamais à défoncer si tu t’obstines à te bourrer la gueule pour affronter ce qui se joue devant toi." Madison a envie de pleurer, bêtement, parce que c’est injuste : elle sait qu’elle boit trop, parfois, mais elle ne boit jamais dans le cadre professionnel, c’est la seule règle qu’elle respecte sur sa consommation. Mais ça, elle ne peut pas l’expliquer à Jo, pas vraiment. Elle mordille sa lèvre inférieure.  « Je ne bois pas quand je travaille », elle murmure, comme si ça expliquait quoi que ce soit. Elle a trop bu pour articuler bien ses pensées, elle se sent bête, triste. "C’est la seule excuse que t’as trouvé pour te rassurer sur ta consommation d’alcool ? Ça ôte parfois la timidité ? Parce que la coke aussi, mais c’est pas conseillé d’en prendre."

Jo ouvre la porte des toilettes et entraîne Madison à sa suite, qui se demande concrètement si elle va continuer à se faire engueuler, mais elle n’a pas d’autre choix que de suivre, écouter, accepter sa sentence. Pourtant, étrangement, Jo semble se radoucir tout à coup, comme si la tempête des émotions se calmaient. "Ça va, tu m’as pas fait honte non plus. J’aurais juste préféré que tu renverses pas ton verre sur la robe à 300 boules que tu portes sur le dos, mais à part ça." Madison cligne des yeux, surprise. Elle commençait à se demander comment elle allait se sortir de cette dispute, comment elle allait pouvoir s’excuser auprès de Jo. Mais celle-ci change de tempo, même les éclairs dans ses yeux redeviennent simplement l’éclat lumineux habituel.  « Je vais payer le pressing, promis », explique-t-elle avec une petite voix.  « Et Ethan, je.. » "Tu lui enverras un mot. On s’en fout si tu penses rien de ce que tu lui écris, il m’a donné l’impression d’être intéressé par ce que t’avais à lui dire, faut pas que tu perdes cette opportunité parce que t’as la main lourde sur le champagne — viens là, on va essayer de sécher ça." Madison obéit, comme à son habitude, et les voilà toutes les deux près des lavabos, une serviette tiède qui sent bon la lessive, en train de tapoter le tissu humide qui sent l’alcool. Madison essaie de ne pas penser à Jo qui est toujours aussi proche d’elle.  « Merci », elle murmure. Elle voudrait dire à Jo qu’elle l’admire, qu’elle la trouve gentille derrière ses airs de diva piquantes. L’alcool mélange les mots dans sa tête.  « Dans le showbusiness, ils en prennent plein, non ? » Demande-t-elle à la place. « De la cocaïne, je veux dire. » Elle observe Jo, curieuse. Pas question d’avouer que oui, elle, elle a déjà pris de la cocaïne, et d’autres drogues d’ailleurs, même si ce n’est pas conseillé d’en prendre en effet.  « Tu n’as jamais eu… Besoin d’une béquille ? » Elle ajoute.  

oh how fast the evening passes cleaning up
the champagne glasses
@Madison Kwanteen ☆ crédit/graciebirdgifs

"C’était pas le sens de ma question." Madison jouait encore sur les mots. Jo n’était pas assez patiente pour accepter qu’elle se foute de sa gueule de cette façon. Bien sûr qu’elle avait le droit de boire étant donné son âge, bien sûr qu’elle avait même le droit de se mettre minable si ça lui chantait, mais ce n’était en effet pas le sens de sa question, et la photographe le savait aussi bien qu’elle la voyait rougir, hésiter, et baisser la tête.
Qu’elle ne veuille pas lui répondre, c’était en vérité un aveu bien plus criant de vérité que toutes les explications qu’elle serait en mesure de lui donner si elle en avait eu envie. Jo le prit comme tel sans savoir vraiment ce qu’elle en ferait. Mais ça la rendait triste quelque part ; qu’une fille comme elle en soit réduite à trouver du courage dans l’action stupide d’enfiler des verres d’alcool, c’était injuste et malsain pour tout un tas de raisons qu’elle n’avait pas envie d’explorer, sachant juste que c’était néfaste et que dans le fond, Madison n’avait pas besoin de ça pour briller. Elle secoua la tête, coinçant le bout de sa langue dans une dent du fond pour lui dire, une fois qu’elle avait repris la parole "Tu bois pas quand tu travailles, mais tu bois souvent à côté de ça ?" Ça lui paraissait assez évident pour qu’elle ose lui poser la question sans prendre de pincettes.

Jo montait vite, elle redescendait vite aussi, du moins quand ça ne comptait pas assez pour elle pour qu’elle rumine dessus des jours durant, autrement il fallait craindre pour sa vie étant donné qu’elle avait la rancoeur tenace. Là, elle estimait que sa réaction est disproportionnée pour rien, et qu’aider Madison à sa façon, ce serait peut-être plus adaptée que de la traiter comme la petite soeur qu’elle n’avait jamais eu.
Il foutait quoi Archie en vrai ? Ce n’était pas à lui de faire ce genre de choses ? Prendre soin d’elle par exemple ? Elle n’en savait rien, on ne pouvait pas dire qu’elle était très au fait de ce qu’il fallait faire avec les membres de sa fratrie. Seulement, elle avait vu Midas et Olive interagir, et ça lui nouait le ventre parfois, de les voir si complices : elle savait que c’était le rôle de l’ainé de prendre soin de sa cadette, le chanteur le faisait à la perfection sans que ça ne soit autre chose qu’instinctif pour lui. Aussi, à défaut d’avoir Archie dans le coin, Jo reprit sur elle et s’exécuta dans la tache de sécher un peu la robe qu’elle portait pour sauver les apparences et ne la rendre pas plus mal à l’aise qu’elle ne l’était déjà. Ralentissant ses mouvements, essayant de les rendre les moins brusques possibles, elle commença à tapoter avec la serviette éponge qu’elle avait de moitié dépliée "Pas besoin, j’en ai d’autres." De robes, ça allait s’en dire.

Elle la remercia, et Jo ne sut pas quoi faire de ça. Elle préféra plutôt se concentrer sur ce qu’elle faisait, posant une main sur l’épaule de la photographe pour maintenir un équilibre, l’autre s’affairant à tapoter encore et encore pendant qu’elle lui répondit "C’est cliché, mais ouais, c’est plutôt courant." Elle était un cliché pour plein de choses Jo, mais pas pour ça. Son hygiène de vie était impeccable, elle ne buvait même quasiment pas, elle n’avait pas besoin de ça ; pour se sentir à son aise, pour avoir la tchatche, et si la question suivante de Madison la surprenait, Jo y répondit sans ciller "Tu me demandes si je me drogue ?" Elle eut un léger rire  "Non. J’ai des tas de défauts, celui-ci en fait pas partie. Tu sais ce que ça fait à la voix ce genre de conneries ?" Et ça la rendait presque candide de le dire, ça la rendait même touchante de préserver la seule chose à laquelle elle tenait vraiment et qui lui apportait toute la bonne presse qu’elle avait ; à défaut d’avoir l’attitude appropriée, elle avait la voix qu'il fallait, elle aurait dû vouloir la gâcher en tombant dans le cliché des divas de son genre ?  Elles avaient toutes finies dans la tombe, alors non merci.
Ce n’était définitivement pas pour elle. Elle releva la tête, ses yeux rencontrant ceux de Madison "Tu crois que t’as besoin d’une béquille, mais c’est dans ta tête. T’es douée, t’es mignonne et tu sais de quoi tu parles, ça te rend pas service de te cacher derrière tes bouteilles parce que tu crois que c’est ce qui te rend moins timide. C’est pas un défaut d’être timide, tu dois juste apprendre à mieux le gérer pour pas que ça te bouffe au mauvais moment, c’est tout." Elle pencha la tête, déposant la serviette sur laquelle s’était transférée une partie du liquide qu’elle avait épongé, et resta la paume appuyée dessus pour continuer à l’adresse de Madison, un soupir lui échappant avant toute chose "C’est pas une potion magique l’alcool, et ça fait pas des miracles non plus. Quand t’auras l’impression que ça te fait plus rien et que ça agit plus comme avant, dans quel genre de merde tu trouveras la petite dose de courage que tu trouveras plus dans ton verre ?" Plutôt pertinente pour le coup, Jo ajouta, détournant ses yeux de ceux de Madison en haussant les sourcils, se mettant à replier la serviette de laquelle elle décolla sa paume "Je te fais pas la leçon. Je suis pas ta soeur, c’est juste que je trouve ça dommage que tu penses qu’être quelqu’un d’autre, ça te rend plus intéressante aux yeux des autres." Est-ce qu’elle était la mieux placée pour parler de ce qui rendait untel plus intéressant aux yeux des autres quand elle-même se cachait derrière une solide carapace ? Certainement pas, mais ses intentions étaient bonnes là, c’était déjà ça.

❀ oh how fast the evening passes cleaning up the champagne glasses « and the terror and the horror, god, I wonder why we bother | all the glamour and the trauma and the fuckin' melodrama | all the gun fights and the lime light and the holy sick divine nights »

Madison se souvient de la conversation qu’elle a eu avec Archie, sur leur petite barque, lorsqu’il lui y a demandé des conseils à propos de Jo. Décidemment, les enfants Kwanteen doivent avoir le don de faire dégoupiller Jo - même si sa réputuation sur un tempérament explosive la précède et ne doit pas améliorer la situation. Elle se demande ce qu’Archie si elle lui racontait que Jo l’engueule parce qu’elle a trop bu et s’est ridiculisée en soirée. Evidemment, elle ne le dira jamais, elle l’enfermera dans sa petite boite à secret dans laquelle elle range tous les verres de trop, les gueules de bois, les mots qu’elle voudrait reprendre. Elle n’ouvre jamais cette boîte, à part lorsqu’elle a trop bu et qu’il est trop tard ; il est essentiel pour elle de prétendre que ces choses n’existent pas, pour se dire qu’elle peut continuer de vivre ainsi. Elle se demande aussi ce que la Madison de 14 ans, fan de Jo Carter, dirait si elle pouvait voir cette scène.

"Tu bois pas quand tu travailles, mais tu bois souvent à côté de ça ?" Les revoilà, les questions de Jo. Madison sent que l’adrénaline se mêle à l’alcool qui continue de monter - elle a enchaîné trop vite, elle sait qu’elle va attendre un plateau bientôt, puis une redescente. Elle sait aussi qu’il faudra qu’elle boive assez pour s’endormir sans pouvoir penser, de peur de ressasser cette discussion avec Jo. Madison est agacée, prise de court, et elle répète : « Oui, Jo, je bois de l’alcool quand je sors, comme la plupart des gens de mon âge. Je ne suis pas une vieille alcoolique qui boit du vin seule chez elle si c’est ça que tu te demandes. » Elle ment en regardant Jo droit dans les yeux, et elle sait qu’elle le fait bien, parce qu’elle l’a fait des milliers de fois, avec des dizaines d’amis. Elle ment si bien que dans ces moments, elle pourrait elle même se convaincre, si la sensation d’honte n’était pas si fort dans ses poumons.

Etrangement, Jo se radoucit, l’éruption se calme. Madison ne sait presque pas comment réagir au calme, elle a peur que cela la remue encore plus. Elle est habituée aux disputes, aux mots durs, c’est son quotidien avec Oliver, ses humeurs, surtout quand ils ont tous les deux bu ou pris quelques cachets. Elle n’a jamais été douée pour se défendre, mais elle connait les critiques, elle sait baisser la tête, abandonner, pleurer, s’excuser. Elle sait moins réagir à la douceur et l’empathie. Elle dévie le sujet, mentionne le show business pour gagner du temps, espérant que l’alcool finisse par se calmer en elle. "C’est cliché, mais ouais, c’est plutôt courant." Jo n’a pas l’air convaincue par le fait que les gens consomment autour d’elle, et Madison lui demande d’une manière détournée si elle ne se sent pas concernée, si elle n’en a jamais eu besoin : "Tu me demandes si je me drogue ? Non. J’ai des tas de défauts, celui-ci en fait pas partie. Tu sais ce que ça fait à la voix ce genre de conneries ?" Madison hoche la tête, tant bien que mal, parce qu’elle ne tient pas très droit et que chaque mouvement est un kaléidoscope de couleurs, de sons. « Oui, tant mieux, ça serait trop bête, ta voix est trop belle pour être gâchée… Amy Winehouse me manque encore », dit-elle bêtement, toujours ivre, sans réfléchir. Elle a dû mal à écouter ses chansons, maintenant, parce que ça lui parle peut-être un peu trop : les relations compliquées avec des hommes sans tendresse, l’ivresse et la drogue…

"Tu crois que t’as besoin d’une béquille, mais c’est dans ta tête. T’es douée, t’es mignonne et tu sais de quoi tu parles, ça te rend pas service de te cacher derrière tes bouteilles parce que tu crois que c’est ce qui te rend moins timide. C’est pas un défaut d’être timide, tu dois juste apprendre à mieux le gérer pour pas que ça te bouffe au mauvais moment, c’est tout." Madison fixe Jo. Elle sait qu’elle a l’air bête, les yeux écarquillées, surprise par la douceur dont Jo fait preuve envers elle. Elle n’arrive pas à comprendre que Jo Carter, son idole de toujours, est en train de lui dire qu’elle est douée, mignonne, qu’elle sait de quoi elle parle. Qu’être timide n’est pas un défaut. C’est littéralement la première fois que quelqu’un lui dit ça. Ses parents ont passé sa vie à critiquer sa timidité. Madison sent que ses joues sont rouges, beaucoup plus rouges que le rouge à lèvres que Jo lui a appliqué délicatement. « On m’a toujours dit que la timidité était un défaut », admet-elle en haussant les épaules. « Personne ne l’est dans ma famille, on m’a toujours encouragé à changer ça chez moi. » Elle hausse les épaules, parce qu’elle essaie de garder la conversation légère malgré son honnêté. Elle sait que c’est l’alcool qui parle, qu’elle ne confierait pas ses choses sobre.

"C’est pas une potion magique l’alcool, et ça fait pas des miracles non plus. Quand t’auras l’impression que ça te fait plus rien et que ça agit plus comme avant, dans quel genre de merde tu trouveras la petite dose de courage que tu trouveras plus dans ton verre ?" Madison sent une vague de panique en elle, comme à chaque fois qu’elle pense à la tolérance qu’elle peut construire à chaque fois qu’elle boit. Elle ne dira pas à Jo qu’elle ne boit pas que de l’alcool en soirée, parfois, qu’elle a déjà pris de la cocaïne, de la kétamine, de l’ectasy, du cannabis. Non, ça, elle le garde pour ses soirées avec Oliver, avec Albane. "Je te fais pas la leçon. Je suis pas ta soeur, c’est juste que je trouve ça dommage que tu penses qu’être quelqu’un d’autre, ça te rend plus intéressante aux yeux des autres." Madison observe Jo, les joues toujours rougies, l’émotion aux bords des lèvres. Elle a envie de pleurer, parce qu’elle se demande comment est-ce que Jo arrive lui dire les mots qu’elle aurait voulu entendre il y a des années de ça, quand elle grandissait, qu’elle se sentait complètement à côté de la plaque, dans sa famille, avec ses amis, une sensation qui la suit depuis. Jo a parfaitement cerné quelque chose en Madison, se désire d’être quelqu’un d’autre. Madison finit par baisser les yeux, cherchant ses mots. « Je ne sais pas si j’ai vraiment envie d’être moi-même. » Elle mordille l’intérieur de ses lèvres. Elle ne peut pas dire plus, de peur de pleurer, d’exploser, elle ne veut pas se ridiculiser devant Jo. Alors elle relève la tête, et admet : « T’es vraiment gentille, Jo. Je ne sais pas si on te le dit assez. » Elle a un petit sourire. « Tu as cette image de diva mais… Tu… T’es aussi… » Madison a un petit rire parce qu’elle est gênée. « Désolée, j’ai bu, je veux pas raconter n’importe quoi. Mais… » Elle inspire. « Merci. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de gens qui peuvent dire que leur idôle de jeunesse leur a fait des compliments dans les toilettes d’une soirée. »

oh how fast the evening passes cleaning up
the champagne glasses
@Madison Kwanteen ☆ crédit/graciebirdgifs

"T’es pourtant vachement sur la défensive pour quelqu’un qui prétend ne pas être alcoolique." Et un crochet du droit pour la demoiselle. Jo et son manque de subtilité légendaire, un duo qui finira sûrement par remporter des récompenses. Mais le fait était qu’à entendre Madison se défendre comme elle le faisait, ça ne pouvait dire qu’une seule chose ; que ce n’était pas du vin qu’elle s’enfilait toute seule comme du chocolat au lait, mais peut-être bien quelque chose de plus fort. Est-ce que c’était son problème ? Non, et il ne le deviendrait pas même si effectivement, elle trouvait ça dommage, triste surtout, qu’elle en soit réduite à ça pour supporter le monde qui l’entourait. Jo oubliait que tout le monde n’avait pas sa capacité de résilience, et que la vie restait dure pour ceux qui n’avaient pas son audace. Elle devait tout de même lui reconnaître un certain aplomb à lui servir ses bobards comme elle le faisait là, les yeux dans les yeux, comme si elle répondait à un rituel spécifique auquel elle se référait pour qu’on la croit. Jo ne la croyait pas, elle pouvait toujours courir pour ça, mais si ça la soulageait de penser que si, elle ne relèverait pas davantage.

Et elle ne releva pas davantage non plus quand Madison voulut savoir si elle avait les mêmes démons qu’elle, lui expliquant plutôt calmement qu’elle n’était pas de ce genre-là. C’était ironique qu’elle lui donne son assentiment sur sa politique en la matière quand il était évident qu’elle avait un souci avec l’alcool. Jo préféra ne rien dire, entamant le meilleur pep talk qu’elle n’avait jamais donné à personne, même pas à Meg quand elle était à deux doigts de se faire passer la bague au doigt pour de faux.
Elle sembla l’apprécier la jeune femme, et c’était toujours un peu désarmant de constater que, si elles avaient le même âge, lorsqu’elle se retrouvait face à Madison, Jo avait la sensation d’accuser quelques années de plus sans savoir pourquoi exactement. Elle ne s’arrêta pas là-dessus, continuant à la regarder quand elle lui avoua qu’on lui avait toujours dit que la timidité était un défaut "C’est parce que les gens aiment pas les observateurs, et les timides sont des observateurs." Les gens réservés aussi ; et aussi étrange que ça pouvait paraître, Jo était réservée dans une certaine mesure. Pas comme on l’entendait parce qu’on la voyait arriver de loin, qu’elle savait attirer l’attention, que c’était magnétique sans même qu’elle n’y songe, son charisme faisant le boulot à sa place, mais en société, elle savait se mettre de côté pour observer son environnement et mettre en route cette perspicacité horripilante qui lui donnait les meilleures cartes pour jouer au jeu des rapports sociaux. Résultat : elle savait appuyer là où ça faisait mal, on dit merci à sa réserve "Ouais, j’ai compris que ta famille était pas la plus ouverte d’esprit du pays." Rapport à l’homosexualité d’Archie, mais elle avait compris aussi que ça, c’était un secret à ne pas dévoiler "Qu’est-ce que t’en as à foutre ? On fait pas sa vie avec sa famille." Quoiqu’en disait le politiquement correct, quand on vous reprochait d’être qui vous êtes, c’était que ce n’était pas vraiment votre famille de toute façon "Change pas si c’est comme ça que tu te préfères." Jo ne voulait pas croire que Madison s’aimait vraiment quand elle était cuite de toute façon, et c’est pour ça qu’elle continua sur sa lancée en terminant son petit discours qui, de nouveau, toucha quelque chose en Madison.

Cette fois, elle lui dit ne pas savoir si elle avait vraiment envie d’être elle-même "Tu connais mon avis sur le sujet. C’est ta vie, c’est ce que tu ressens." Mais c’était définitivement triste. Lorsqu’elle lui dit qu’elle était vraiment gentille, Jo eut un petit rire et un léger grossissement du regard plus tard, elle lui dit non sans cacher que ça l’amusait d’être définie de cette façon là — on ne le lui disait pas souvent, c’était un fait "Dis ça à Ethan, il sera sans doute pas de ton avis." Le mot diva fût lâché, et Jo haussa les épaules sans même s’en retourner, ne tenant pas à faire de sa bienveillance un événement à célébrer ; c’était le désavantage de la carapace, quand elle rutilait un peu moins, les gens paraissaient un peu surpris de découvrir ce qui se cachait dessous. Passant sur ses excuses et ses remerciements, Jo replaça sa queue de cheval entre ses omoplates, et prit un peu de recul pour poser sur Madison un regard critique qui, après quelques secondes, fût remplacé par un claquement de langue qui aurait très bien pu dire on en parle plus pour ce soir "Je vais te remettre du rouge, alors interdiction de toucher à un autre verre pour le reste de la soirée, compris ?" Elle espérait sans doute un peu trop sur ce coup-là. Elle ne s’en inquiéta pas sur le moment, sortant son tube de rouge à lèvres de son décolleté, et recommença son cérémonial pour peinturlurer la bouche de son accompagnatrice pour la soirée.

rp terminé.