Ma jeunesse

Jailey #2

En quelques minutes, on crée une toute nouvelle chanson. On est parti de rien, quelques notes sur un piano, quelques minutes de réflexion et des émotions jeter dans le vide. À vif. Je sais qu’elle parle de nous, mais aucun de nous n’en parlera. On ne va pas évoquer les blessures, les non-dits. On va se contenter de les mettre en chanson, c’est souvent bien plus facile de toute manière. Et pendant quelques minutes, on se perd dans notre monde. Je joue au piano, elle chantonne à mes côtés. On se rate, on recommence, mais surtout, on se sent bien. J’aimerais rester dans cette bulle pendant des jours. Je crois que j’en ai besoin. Soudainement, l’idée de m’enfuir tout un week-end avec Jill me frôle l’esprit. Pourtant, je n’ose pas lui proposer, j’ai bien trop peur de sa réaction. Soit elle accepte et on verra ce qui se passera. Soit elle refuse et je ne la revois pas pendant des semaines. Je préfère ne rien dire et profiter de l’instant présent parce que je n’ai jamais vu la jeune femme aussi apaisée. Je ne sais combien de temps cela va durer et j’ai trop peur de faire exploser cet équilibre précaire. Alors, on reste dans notre musique. On chante ensemble et je sais que cette chanson, je vais l’écrire dans mon carnet. Un jour, je la chanterai devant un public où ce sera Jill qui le fera. Qui sait. Je me prends à rêver un peu tandis que la brunette tente de rejouer la mélodie depuis le début. Il y a quelques ratés, mais elle s’en sort plutôt bien pour quelqu’un qui n’a pas de partitions. « Pas si vite que ça, j'arrive pas à la refaire correctement » Et je lui souris quelque peu avant d’enrouler mes doigts autour de ses poignets pour la diriger lentement. « Comme ça, regarde. » Et doucement, j’emmène ses mains dans la danse idéale qui reproduira parfaitement la mélodie de notre chanson. Je joue plus doucement pour qu’elle est le temps de visualiser les touches. Nos corps sont si proches l’un de l’autre que je pourrais presque la sentir frissonner contre moi. J’aimerais ne jamais la laisser partir.

Mais Jill me ramène brutalement sur terre. Non, je ne peux pas l’emmener au studio avec moi, parce que tout le monde finirait par comprendre. Et personne ne doit comprendre. « Je sais Jill. » Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que je baisse les yeux. « Mais j’aimerais, c’est tout… » Je finis par lâcher ses mains pour qu’elle reprenne toute seule. Rapidement, elle enchaîne sur autre chose. Elle tente de construire une mélodie en tentant quelques combinaisons et surtout en riant. C’est rare de voir Jill rire de bon cœur. Je sens mon cœur se serrer en la voyant ainsi. Mon regard se perd dans son sourire et c’est à cet instant précis que je comprends que je suis vraiment dans la merde. J’ai des sentiments pour elle. Sentiments que je devrais avoir pour sa sœur si la vie était bien faite, mais la vie est mal faite et c’est de ma belle-sœur que je tombe de plus en plus amoureux. Tandis qu’elle rit, mes lèvres viens lentement effleurer la peau de son cou. Je me fiche du piano, de la musique et du reste du monde. J’ai envie d’elle. Elle s’arrête de jouer et vient m’embrasser passionnément. Je sais que la soirée va subitement prendre un autre tournant. On ne sait pas passer plusieurs heures sans finir par se sauter dessus, sans coller nos corps, sans s’embrasser. On ne se l’avouera jamais, mais il existe cette attirance entre nous que l’on ne pourra jamais expliquer. Il faut que l’on en arrive au plaisir charnel. « Du coup, tu disais que tu voulais jouer autre chose non ? » Et je ris un peu. « Hum. Je sais plus. » Je frissonne de la tête aux pieds lorsque ce sont ses lèvres qui viennent danser dans le creux de son cou. « Jouer avec toi, ça c’est sûr. » Je pose mes mains sur ses hanches et la soulève pour venir l’asseoir sur le piano, ses pieds tombant sur les touches dans un bruit peu mélodieux, mais presque excitant. Mes lèvres retrouvent les siennes tandis que d’une main, j’écarte ses cuisses pour me faire une place entre ses jambes. Penchée comme cela, sa robe tombe sur ses cuisses dévoilant sa peau laiteuse et j’en frissonne. Mes mains glissent sur ses cuisses tandis que mes lèvres retrouvent le creux de son cou, son bassin percutant le mien. Mes lèvres dansent sur sa peau, mes mains glissant entre ses cuisses et je fredonne cette chanson de début de soirée. « I see those tears in your eyes... There’s no need to hide… » Tout doucement, en douceur. Mes mains continuent à parcourir son corps soulevant sa robe pour laisser apparaître son ventre que je viens couvrir de baiser tandis que je la sens frissonner contre moi. J’ai envie de la rendre folle, doucement, mais sûrement. Un instant, je me relève pour l’observer. Jill qui se tord sous mes mains, Jill comme je ne l’ai jamais vu auparavant. Jill que j’aime.