› Les Carter viennent d’une lignée de musiciens et d’intermittents du spectacle originaires de Brisbane et d’Amérique latine. Le père et la mère d’Isaiah, William et Ava, ont tous les deux fait carrière aux Etat-Unis dans le cinéma, l’un comme compositeur de musique de films, l’autre comme costumière de cinéma. Leur nom est reconnu, leur réputation les précède, aussi c’était presque écrit dans les étoiles que leur fils unique, Isaiah, dont ils se sont très peu occupés durant son enfance, se forge un sens critique à la hauteur du milieu dans lequel il a baigné toute sa vie, mais aussi un intérêt grandissant pour le spectacle dans lequel il s’est perdu par pur ennui.
Il tient de son père, aussi bien de par son caractère volcanique, pour ne pas dire violent, que de par son appétence évidente pour la musique qu'il a pratiqué très jeune en autodidacte avant de monter son propre groupe de musique avec des amis d’école. Il pensait qu’il l’emmènerait loin, ce groupe, convaincu par son talent et par son leadership rustre et ambitieux, mais c’était sans compter sur les aléas de la vie. Sa rencontre avec Michelle, son épouse, s’est faite au Mexique dont elle est originaire tandis qu’à l’époque, ses parents étaient tous les deux exilés aux Etats-Unis pour exercer leur profession, et qu’il vivait chez une tante avec qui il s’entendait très peu, d’où son besoin d’évasion pour un temps donné. C’est le premier enfant du couple qui a mis un stop au rêve de gloire d’Isaiah, tant est si bien qu’après trois années de vie difficile au Mexique, Isaiah ne réussissant pas à mettre de côté ses envies de grandeur, ils ont quitté le pays pour s’installer de nouveau en Australie et maximiser leur chance d’éduquer leurs enfants dans le confort d’une petite bourgade tranquille, Dalby. Retour à la réalité difficile, si Michelle reste à la maison pour s’occuper de ses enfants, Isaiah enchaîne les petits boulots sans grande perspective d’évolution, tantôt agent de sécurité à un endroit, barman à un autre. La frustration de ne pouvoir rien faire de son talent pour la musique l’a poussé à mettre en place un plan d’action en parallèle, un plan que le destin l’a incité à suivre alors que les grossesses s’enchaînaient, et que son désir de briller par tous les moyens prenait de plus en plus de place.

› Cinq fils plus tard, et il tenait son concept définitif, un groupe d’abord baptisé Five Times Motown dont il changea le nom en Six Times Motown quand quelques années plus tard seulement, le talent de sa dernière née se révèle la chose la plus précieuse qu’il possède et qu’il envisage de lui faire atteindre un palier que lui n’a jamais réussi à atteindre, bouffi par son besoin de reconnaissance critique, délaissé toute sa vie d’enfant, et par l’appât du gain. Leur groupe reste amateur, mais ils ne sont clairement pas des petits joueurs : il engrange un intérêt certain dans la communauté de Dalby qui les porte au rang de petites célébrités, reconnues par leurs condisciples. A l’adolescence, Jo prend son envol avec la volonté de se départir de l’autorité d’un père convaincu par son talent certes, tellement qu’il en devient territorial, despotique, et plus violent que quiconque peut l’imaginer, les portes fermées empêchant le rumeur de se répandre et de ruiner l’image lisse et positive des Carter.
Ses enfants ont souffert toutes leur vie des sautes d’humeur de leur père pendant que leur mère se révèle la seule à pouvoir véritablement l’arrêter sans qu’elle ne se sente l’âme d’une médiatrice pourtant ; elle est la seule a n’avoir jamais souffert de la violence de son mari, sa passivité se révélant être une façade qu’elle n’a jamais mise au service de la sécurité de ses six enfants sans qu’aucun d’eux ne sache pourquoi au fond, ils ont juste appris à vivre avec. La peur inspirée par le père Carter a poussé ses fils à ne jamais aller à l’encontre de ses désirs, pendant que sa fille a été la seule à se dresser contre son autorité pour s’en aller et ça lui a été bénéfique sur la durée, même si elle en garde des mécanisme de défense avec lesquels il est difficile de traiter. Chacun garde pourtant de bons souvenirs de l’époque où ils sillonnaient les routes pour se produire lors de fêtes de famille, mariages et autres, avec leur groupe. Il faut dire que le savoir-faire apporté par l’éthique de travail de leur père leur a permis de devenir, tous les six, des musiciens, artistes, intermittents avec un talent indéniable.

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