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"Garde les yeux fermés ... Oui encore un tout petit peu..." Tu es certaine que l'excitation est audible dans ta voix et tu sais également qu'Itziar ne te jugera pas pour ce petit écart de conduite. Tu lui tiens même la main, la droite plus exactement, pour la guider dans l'appartement et tu te retournes de temps en temps pour t'assurer que la blonde joue bien le jeu et garde ses paupières closes. Non pas que tu lui en voudrais vraiment si elle ne suivait pas tes ordres explicites, bon okay... Cela ruinerait le semblant de surprise que tu t'efforces d'établir, mais tant pis, tu te contenterais d'un simple sourire et continuerais de la guider vers ta chambre. Car évidemment, si quelqu'un, enfin quelqu'un d'autre qu'Evie doit voir ta chambre décorée par tes soins et à ton goût, ça sera la blonde et personne d'autre.
Et cela n'a absolument rien à voir avec l'immense penthouse que tu occupais du temps de l'université et si généreusement payé par ton père, car c'était la meilleure chose à faire. Là, c'est complètement différent, c'est chez toi, enfin plutôt chez vous vu que tu partages l'appartement avec Evie, qui s'avère être une colocataire des plus conciliantes. Elle n'a pas hésité à te céder la plus grande et ne fronce pas les sourcils ou réagi de manière plus que négative quand elle te trouve sur le canapé, en sous-vêtements et en train de manger des céréales, ce qui pour toi est un grand pas en avant. Et ce qui veut également dire que tu peux te détendre et ne penser à rien d'autre que tes prochaines auditions et la grande décision du moment, qui est de savoir si tu vas finir par rejoindre une compagnie de danse ou pas.
Mais tout ça parait bien futile et tu t'es surtout concentrée sur la décoration et l'aménagement de ta chambre ces dernières semaines, disparaissant un peu du radar de certaines personnes et notamment celui d'Itziar. Il faut dire que si tu es très loyale envers tes amis, donner de tes nouvelles ou dire ce qui se passe dans ta vie, en bien comme en mal, est un exercice très difficile pour toi. Tu blâmes tes parents pour cela, il te faut beaucoup de temps avant de laisser les gens rentrer dans ta vie, et même quelqu'un comme Itziar que tu connais depuis pratiquement une éternité, est parfois sur la touche. L'inviter ici ce soir c'est un peu ta manière de t'excuser en quelques sortes.
"Et voilà!" Que tu annonces avant de lui tirer légèrement la main et d'ouvrir la porte pour qu'elle admire par elle-même le résultat. Et tu dois avouer que tu es un brin anxieuse, car il est assez étrange de voir quelqu'un d'autre qu'Evie dans l'embrasure de cette porte. Tu donnes à la blonde une minute pour tout observer : ton lit deux places avec les couvertures violettes et bleue, dont une qui a été faite par ta mère quand tu étais plus jeune, les murs recouverts de posters à l'effigie de tes groupes de rock préférés, le rack pour tes vêtements et ta collection de Doc Martens, le miroir que tu as décoré avec des guirlandes de Noël et la barre de danse qui se trouve juste en face du miroir .... Pas de doute, c'est bien la chambre de Lara Pearson. Il ne manque plus que tu graves ton nom sur les murs pour que tout le monde en soit certain. "Bienvenue dans ma chambre, alors qu'est-ce que tu en penses ? Oui, j'ai passé beaucoup de temps à coller chacun des posters moi-même et je voulais que tu sois la première à voir le résultat et à en profiter." Que tu expliques en rentrant toi-même dans la pièce, tu replaces un des coussins avant de te laisser tomber sur le lit, t'installant plus confortablement. Une partie de toi attend l'avis d'Itziar et espère qu'il sera positif, tu sais que c'est complètement débile, mais tu n'as jamais rien montré d'aussi personnel à qui que ce soit, et le pire serait qu'elle n'aime pas la décoration ou ton choix de poster.
"Et oui, oui, avant que tu poses la question, la pizza est en chemin." que tu ajoutes la seconde d'après avec un léger rire, anticipant déjà la prochaine réaction et question de la blonde. "On va squatter ma chambre, juste au cas où si Evie rentre... Il faudra que je te la présente d'ailleurs, je suis certaine que vous pourrez bien vous entendre. Tu en es presque sure à 100% de cette affirmation et tu fais signe à Itziar de te rejoindre sur le matelas la seconde suivante.

Elle joue le jeu. Elle a les yeux fermés et ça la fait sourire. Elle pourrait tricher, ce serait facile, il lui suffirait d'ouvrir un tout petit peu les yeux, rien qu'un tout petit peu, même un seul oeil. Ca ne prendrait qu'une demi-seconde et elle aurait une petite idée de ce qui se trouve autour d'elle. Elle pourrait aussi avancer avec un peu plus d'assurance en ayant la certitude qu'elle ne s'apprête pas à mettre un pied au mauvais endroit ou à se cogner contre un meuble. Elle aurait probablement ouvert les yeux, si ça n'avait pas été pour l'excitation dans la voix de Lara et sa main qui la guidait adroitement à travers l'appartement qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion de voir. Elle avait vu l'extérieur, la porte d'entrée et n'avait pas eu le droit de voir plus. Lara lui ayant fait fermer les yeux avant de lui ouvrir la porte, Itziar ne doutait pas que la jeune femme avait jeté un oeil dans le judas pour vérifier que l'espagnole jouait bien le jeu et ne tentait pas d'avoir un aperçu de ce qui l'attendait derrière la porte. Elle s'y prêtait volontiers, Itziar, elle avait tout de suite compris à quel point ça tenait à coeur à Lara de lui faire découvrir son nouveau chez elle de la sorte et elle ne comptait pas lui gâcher son plaisir. Elle était curieuse, mais elle savait aussi mettre sa curiosité de côté quand il le fallait. Elle aura droit au lever de rideau bien assez tôt de toute façon. “C'est un appartement que tu loues ou un tunnel qui va me conduire directement en Nouvelle Zélande ? J'ai l'impression que ça prend bien plus longtemps que ça ne devrait.” Lui répond-elle. Elle en fait des tonnes, elle le sait, mais elle s'en fiche. Elle a réellement l'impression de traverser un lieu bien plus grand qu'un simple appartement, mais c'est probablement parce qu'au lieu de marcher comme elle le ferait d'ordinaire, elle piétine, se laissant tirer par la main, privée de l'un de ses sens. Le suspens ne se fait guère plus long que ça, elle sent finalement Lara s'arrêter et lui tirer légèrement la main. Elle a le droit d'ouvrir les yeux et elle ne se fait pas prier pour le faire, il ne faut pas lui dire deux fois.

Elle ouvre les yeux et observe la décoration soigneusement choisie par son amie. Il n'y a pas un détail qui ne crie pas Lara Pearson dans cette chambre et ça fait sourire Itziar. Entre le lit, les posters qui recouvrent les murs, sans oublier la barre de danse en face du miroir. Il suffisait de jeter un oeil à la chambre pour avoir un aperçu de la personnalité de la jeune femme. “J'adore !” Répond-elle quand elle rentre dans la chambre, observant un peu plus les détails qui ont été ajoutés par Lara. “C'est tellement toi ! J'ai rarement vu ça.” Les chambres de ses autres amis ont pour la plupart des touches personnelles par-ci par là, mais aucune ne dégage la même chose que celle de Lara et aucune ne représente la personnalité de son propriétaire à ce point. Rien que sa propre chambre reste d'ailleurs d'une décoration plutôt sommaire et si ce n'était pas pour les photos personnelles qu'elle accroche régulièrement au mur, elle pourrait être celle de n'importe qui. “J'suis flattée d'être la première à voir ça ! En tout cas, si jamais la danse marche pas ou tu finis par t'en lasser, je pense que tu pourrai explorer la piste du design d'intérieur.” Ca changeait des intérieurs blancs ou gris, bien trop épurés et sans aucune personnalité. D'ailleurs, en y réfléchissant un peu plus, elle ne voyait pas Lara avoir une chambre qui ne ressemblerait pas à celle-ci. Elle ne la voyait vraiment pas entre quatre murs blancs immaculés. “Bon je t'avoue que je connais pas les trois quarts des gens sur tes posters, mais ça j'suis sûre que tu t'en doutes hein.” Dit elle avant de s'installer sur le lit à son tour tout en riant. “Comme si je pensais qu'à la bouffe … Mais bon je suis contente de savoir que t'as pris les devants, parce qu'une pizza serait pas de refus.” Qu'elle répond en souriant. Décidément, Lara la connaissait trop bien. Sans doute parce qu'elles étaient un peu les mêmes sur ce point-là et que de ce fait, il n'était pas compliqué d'anticiper. “Elle est comment Evie ?” curieuse d'en savoir un peu plus sur cette cousine dont elle a entendu parler à plusieurs reprises et qui s'avère être la nouvelle colocataire de Lara. Ca l'intéressait d'autant plus que son amie venait de dire qu'elles s'entendraient probablement très bien. Même si finalement, à moins d'être une horrible personne, il n'était jamais très compliqué de bien s'entendre avec l'espagnole. “J'ai l'impression qu'il manque un truc dans ta chambre par contre.” déclare t-elle ensuite, faisant mine de regarder autour d'elle, comme si elle n'avait pas déjà eu l'occasion de tout observer quelques minutes plus tôt. “Je vois pas une seule photo de moi ! Comment t'explique ça ?” demande t-elle, yeux de biches et tout ce qui va avec.

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En temps normal, l’avis des autres ne compte pas. En tous cas, il ne compte plus. En grandissant, tu as toujours dû faire attention à l’image que tu renvoyais, image soigneusement calculée par les remarques incessantes de Trevante ou le plus souvent de Cassandra. Oui, toujours prête à critiquer, toujours prête à te dire de te redresser, de te tenir un peu plus droite, de refaire ton chignon ou d’aller changer de chaussures… Au fil des années, tu as dû apprendre, pour ta survie et pour conserver un semblant de bon sens, à passer outre tout cela, à tout simplement ignorer les conseils, avisés ou pas, les remarques et autres petites boutades. Sur ton style vestimentaire, sur ta coupe de cheveux, sur tes choix musicaux, ou tout ce qui fait que tu n’es pas une Pearson qui rentre tout à fait dans le moule.
Pas avec Evie, ni avec Itziar cependant et certainement pas ici, ici c’est ton espace et c’est un véritable sourire qui illumine ton visage en entendant l’avis de celle que tu considères comme ta meilleure amie. Et oui, tu n’aurais pas hésité à mettre Itziar à la porte si elle avait eu un avis négatif, avec un autre type de sourire sur le visage. "Merci, merci, ça m’a pris une bonne semaine pour faire tout ça." Que tu révèles, faisant toi-même le tour de la pièce. Tu te diriges vers la porte de ta chambre et pour actionner l’interrupteur afin d’éteindre la source de lumière principale, vous n’êtes pas plongées dans le noir, au contraire, les guirlandes qui encadrent le miroir prennent le relais ainsi que les autocollants que tu as personnellement disposés sur le plafond pour simuler un ciel étoilé. Une sorte de semi-pénombre, mais tu distingues tout de même tous les posters désignés par la blonde, elle doit tout de même reconnaître des groupes aussi populaires que AC/DC. Il y en a des un peu plus obscurs, mais c’est à cela que les amis servent, pas vrai ?
"Tu essayes de refaire mon éducation musicale et je refais la tienne, ne t’inquiète pas, si j’ai dû apprendre quelques chansons d’Ariana Grande sur le bout des doigts, ça sera pareil pour toi." Oui, c’est grâce à Itziar que tu peux citer une popstar aussi connue et principalement à cause d’elle que tu t’es mise à écouter les airs sur lesquels on te demande de danser. Avant, tu n’y prêtais pas attention, plus concentrée sur le rythme et le tempo et tes mouvements qu’autre chose, qu’il s’agisse Ariana Grande, de Lizzo ou même de Beyoncé, ça n’avait aucune importance, tu peux citer ces noms-là grâce à la blonde. Et tu n’as pas encore décidé si cela était une bonne chose ou pas. Tu roules néanmoins des yeux quand elle remarque l’absence évidente de photos, Itziar a l’œil et elle ne saura pas que tu as hésité pendant de longues minutes, à afficher les quelques clichés de famille que tu as et les bons souvenirs avec tes parents. Ils sont plus nombreux que ce que dicte ta rancœur et plus nombreux que ce que tu ne veux admettre surtout… Les choses n’ont pas toujours été aussi terribles et le fossé qui te sépare d’eux n’a pas toujours été aussi grand, c’est certain.
"J’te signale, miss que j’ai déjà des tonnes de photos de toi sur mon téléphone portable hein… j’en suis pas encore à ce point niveau déco et il n’y a même pas de photos de mes parents pour te dire…" Tu hausses les épaules, prétendant pendant un instant que cela ne te dérange pas. Tu ne sais pas pour qui tu fais semblant au final, pour elle ? Pour ne pas tout simplement plomber l’ambiance ? Ou pour toi ? Peut-être tout ça à la fois, mais tu te raccroches à la question suivante d’Itziar, préférant parler d’Evie plutôt que de parler de tes parents. "Et Evie est classe, responsable, glamour. Dans le genre, je gère bien ma vie et je n’enlève pas mes fringues pour vivre. J’adore mon métier hein, mais elle fait plus Pearson que moi." Une description fidèle de ta cousine, tu ne t’es jamais posée comme bon juge de caractère, c’est certain. Tu n’as pas le temps d’en ajouter plus qu’on sonne à la porte.
"C’est la pizza… don’t break anything." Lances-tu à la blonde avant de t’emparer de ton portefeuille, faisant le chemin en sens inverse. Tu annonces au livreur qu’il peut garder la monnaie, lui tend deux billets et récupères les deux cartons de pizza et la bouteille de soda qui va avec. "Le repas du soir !" Que tu annonces bruyamment de retour dans ta chambre. Tu fermes la porte avec un de tes pieds, remercies la danse pour ton agilité et te laisses atterrir sur ton propre lit, faisant signe à la blonde de te rejoindre. "On ne s’est pas beaucoup vus depuis que j’ai emménagé ici… quoi de neuf chez toi ? Tu vis toujours avec l’autre tête à claque ? Je veux dire Auden." Tu poses la question en t’emparant déjà d’une part, généreusement couverte de fromage et en mordant déjà dedans. De la nourriture calorique et Itziar, qui a dit qu’il fallait plus pour une bonne soirée ?

La décoration de la chambre crie Lara Pearson dans les moindre recoins et Itziar est certaine que chaque détail a été savamment pensé par son amie. Ca n'étonnait pas l'espagnole qui savait que la jeune femme avait vécu pendant de longs mois de canapé en canapé sans réel espace personnel. Il était naturel qu'elle allait apporter plus qu'une simple touche personnelle quand elle déciderait de s'installer quelque part. Le résultat était réussi et son verdict à elle était sans appel. Ca rendait extrêmement bien, c'était chargé sans être étouffant. Le genre de chambres stylées qu'on pouvait trouver sur les moodboards pinterest. Aesthetic goal comme diraient certains. Elle regarde autour d'elle. Prend le temps d'inspecter la pièce, remarque de nouveaux détails à chaque coup d'oeil. Elle ne reconnaît pas la plupart des groupes sur les posters accrochés sur les murs, mais elle remarque quelques têtes qui lui sont familières. Tout du moins, familières depuis qu'elle côtoie Lara puisque ce serait mentir de dire qu'elle connaissait tous ces groupes avant, mais ces dernières années elle avait eu l'occasion d'élargir sa culture musicale tout en élargissant celle de l'australienne par la même occasion. C'était donnant donnant. Il n'y avait pas besoin d'avoir les mêmes goûts musicaux pour bien s'entendre, mais il fallait au minimum être ouvert d'esprit et prêt à élargir ses horizons. “Ah ! Je les connais eux !” lance t-elle en pointant du doigt un poster au mur. “Van Halen ! Avec leurs coupes de cheveux des années 70 !” Qu'elle annonce, fière d'elle. Il y a encore quelques années de ça, elle n'avait aucune idée de qui était ce groupe, d'ailleurs, elle ignorait totalement leur existence, avait même eu l'audace de demander s'ils étaient réellement connus la première fois que Lara les avaient mentionnés. Maintenant, elle les reconnaissait d'un coup d'oeil et connaissait même quelques-uns de leurs titres. Après tout c'était tout de même le moins qu'elle pouvait faire que s'intéresser à l'un des groupes fétiches de son amie qui en faisait de même pour elle. “Je te promets de réussir à retenir des chansons sur le bout des doigts, mais genre au minimum les refrains et le reste en fredonnant ?” Propose t-elle en plaisantant sans perdre une seule seconde pour faire remarquer à Lara que sa décoration était bien sympa, mais manquait clairement d'une photo d'elle. Toute en humilié bien entendu. Elle plaisante bien évidemment, mais il fallait bien qu'elle trouve un point négatif à cette décoration, il fallait tout de même que Lara garde les pieds sur terre. Si elle devait inventer quelque chose, alors elle le faisait et sa tête en photo était l'excuse parfaite. “C'est pas pareil sur ton téléphone, personne les voit à part toi. T'aurai pu au moins en mettre une, rien qu'une petite dans un cadre en forme de coeur sur ta table de chevet.” Qu'elle répond, ignorant volontairement la remarque de Lara sur ses parents. Ce soir est censé être une bonne soirée, sans conflit, sans histoire, alors elle préfère jouer à l'idiote et faire comme si elle croyait l'attitude en apparence nonchalante de son amie en ce qui concerne son père et sa mère. Juste pour cette fois.

Elle la questionne sur Evelyn parce que ces derniers temps, elle a beaucoup entendu parler d'elle, toujours en bien et ça a fortement contribuer à cette image de femme qui a réussi dans la vie, un peu mystérieuse et impressionnante que la jeune espagnole s'est faite dans sa tête. La description de Lara ce soir ne fait que confirmer cette image de modèle sur lequel il ferait bon de prendre exemple. “Plus tu me la décris et plus je me dis que le jour où je vais la rencontrer je vais me retrouver à bégayer et rougir comme une ado devant son premier crush.” Lance t-elle en plaisantant avant que la sonnette de l'appartement ne se mette à retentir et que Lara ne se dirige vers l'entrée pour aller récupérer la pizza. “Quand tu dis don't break anything ça inclut mes os ? Car je voulais tester la barre de pole dance.” qu'elle crie pour que Lara l'entende. Elle reste sage cependant, elle ne touche à rien et ne tente pas le diable en s'accrochant à la barre trônant fièrement au milieu de la pièce, l'australienne le lui laisse pas le temps de toute façon puisqu'elle revient presque aussitôt avec la pizza bien chaude dont l'odeur commence déjà à embaumer la pièce. Itziar ne se fait pas prier pour s'installer, comme chez elle et attraper une part de pizza. Elle ne souffle même pas dessus avant d'en croquer un morceau, se brûle un peu la bouche au passage, mais il y a bien plus grave que ça dans la vie, elle peut bien supporter ça pour un morceau de ce met si divin. “Il y a pas à dire c'est quand même mieux d'avoir une copine comme toi qu'une copine qui se nourrit exclusivement de salade et autres trucs healthy.” Déclare t-elle, la bouche pleine, comme si on ne lui avait pas rabâché un nombre incalculable de fois que ça ne se faisait pas. Elle se nourrissait bien pourtant, mangeait trois fois par jour au moins, ne se privait pas quand il s'agissait de manger des bonbons et pourtant devant de la junkfood c'est comme si elle n'avait pas mangé depuis des semaines. “Hm oui je vis toujours avec lui, mais entre toi et moi, il devient un peu ennuyeux. Alors, j'sais pas si c'est son âge qui le rattrape ou moi qui me lasse, mais ça fais des semaines que je mange ses céréales et il a toujours pas capté alors que j'attends que ça.” Parce qu'il lui avait dit avant qu'elle emménage que ses céréales étaient sacrées, que si elle y touchait, c'était la fin pour elle et force était de constater que malgré tous ses efforts il n'y voyait toujours que du feu ce qui devenait lassant pour Itziar qui appréciait la guéguerre avec son colocataire. “Oh et je t'ai pas dit, mais on a une nouvelle coloc' aussi. Depuis janvier. Elle s'appelle Lola, c'est genre l'assistante d'Auden de base. Elle est un peu mi-figue mi-raisin de temps en temps, mais ça reste cool, un peu plus de girl power ça fait pas de mal.” Non pas que ça la dérangeait particulièrement d'être seule avec Auden, mais être en supériorité numérique pouvait avoir ses avantages. “Et toi du nouveau dans ta vie ou t'as passé tout ton temps à décorer ta chambre ?” qu'elle demande, même si connaissant Lara, elle ne serait pas spécialement surprise de l'entendre dire que décorer sa chambre avait occupé l'entièreté de ses journées ces derniers temps.

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Tu es bien contente d’avoir invité la blonde à te rejoindre et être la première, bon techniquement la deuxième après Evelyn, à voir le résultat fini. Tu sais qu’avec elle, tu peux laisser tomber les armes et te montrer sous ton vrai jour, pas besoin d’être sur la défensive ou un brin agressive, non c’est Itziar. Tu la laisses même quelques minutes dans ton espace personnel pour aller chercher vos pizzas et quand tu refais ton apparition, tu lui lances un léger : "… T’as été sage hmmm ?" te demandant ce que la blonde aurait pu faire en l’espace de trois minutes. Pas grand-chose. Mais quand on te connaît et on sait à quel point ton propre confort et ton intimité sont importants, c’est un petit pas en avant. Un très grand pas en avant maintenant que tu y penses et tu es bien contente de pouvoir te poser sur ton lit et d’enfourner rapidement une part de pizza, toujours chaude, dans ton gosier et de ne penser à rien.
Le dehors est très surfait selon toi, même du temps de l’université tu ne faisais que des apparitions rares et sélectives aux soirées étudiantes. Car après tout, tu n’es pas particulièrement fan d’alcool ou de la présence des autres, et tes choix musicaux sont très particuliers. Si ce n’était pas pour Itziar, tu n’aurais jamais changé d’avis sur le sujet, ou du moins accepter d’écouter des morceaux où il n’y a pas de solo de guitare de plus de trois minutes. Non, vraiment, quel intérêt ? Aucun selon toi. Donc, tu peux remercier la blonde, et elle peut te remercier car tu ne vas jamais la juger sur sa ligne ou être le genre de compagnie qui suggère que vous vous lanciez dans un régime afin de pouvoir rentrer dans vos bikinis respectifs, oh que non. Tu as une très bonne image de ta propre personne, la plus haute avec le métier que tu fais, il le faut vraiment mine de rien et tu ne peux t’empêcher d’envoyer un clin d’œil à Itziar. "Je suis la meilleure je le sais, et le jour où tu me vois manger de la salade, poses toi des vraies questions, c’est que cela doit cacher un autre type de problèmes, genre vraiment."  Et pourtant, certains ont essayé de te faire changer d’avis. Plus récemment, c’est Evelyn qui essaye et tu trouves ses inquiétudes adorables. Vous vivez ensemble après tout, normal qu’elle se pose des questions quand elle te voit enfiler trois paquets de chips suivis d’une bouteille de Coca Cola et qualifier cela de petit-déjeuner.
Tu ne sais pas vraiment d’où te vient cet amour du sucre, tu ne cherches plus vraiment à l’expliquer, tu as fait ta paix avec ce que veut ton estomac depuis longtemps. Ce n’est pas logique mais rien ne te rassure comme un paquet d’ours gélatine, surtout après une très longue journée. Ce soir, ça sera de la pizza, en très bonne compagnie. Tu te surprends même à prendre des nouvelles de la blonde et de l’état de sa propre colocation à elle, dans un autre appartement de Brisbane. "Un peu plus de girl power est toujours mieux, et tant mieux si tu n’es pas toute seule à le supporter." Tu dis ça avec un sourire un peu moqueur sur le visage, tu n’as rien contre le colocataire d’Itziar à proprement parler, tu aimes juste la charrier parce qu’elle partage son espace personnel avec un homme et que jamais ô grand jamais tu pourrais en faire de même. Plus que tous, pour toi, les hommes sont des créatures à part et les supporter dans le cadre de ton travail est déjà bien suffisant à tes yeux. Largement suffisant.
"Tu sais très bien que si y’a besoin, mon canapé sera toujours là, hein. Que ce soit pour une urgence ou non." La proposition est là, tu sais très bien que cela ne dérangera pas Evie, elle reste la personne la plus arrangeante que tu connaisses et dans le fond, tu es contente de pouvoir faire une telle offre. On est bien loin des semaines où tu vivais de canapés en canapés, sans vraiment savoir où tu allais atterrir dans quelques jours. Cette chambre représente plus qu’un simple espace dans lequel seule toi et tes proches peuvent évoluer, c’est de la stabilité, une source d’inquiétudes en moins et une façon de se projeter vers l’avenir et se sans aucune source de stress. Tu pousses cependant un profond soupir, te laissant retomber, dramatiquement, sur les couvertures, quand Itziar prend des nouvelles de toi. Tu attrapes un autre part de pizza et en manges la moitié avant de reprendre la parole. "Tu le sais que ma vie est chiante, je n’ai pas eu de chances avec les castings ces temps-ci, mais je suis un peu distraite avec tout ce qui se passe en dehors." Le dehors, c’est ta vie, ta famille, cette famille justement qui ne veut pas et ne peut pas vraiment te laisser tranquille. "Mon père essaye toujours de reprendre le contact, m’assurant que je fais toujours partie de la famille et qu’il n’est jamais trop tard pour revenir en arrière et reprendre mes études." Tu admets la dernière partie de ta phrase avec une certaine amertume dans ta voix, comme si faire des études était la solution à tous tes problèmes ou même à la vie. Non, un diplôme ne fait pas tout, c’est certain.
"Parfois j’ai juste envie de lui dire ce que je fais, rien que pour voir son air choqué, et puis je sais très bien qu’il me laisserait tranquille s’il savait." Oui, tu pourrais retourner le petit monde de Trevante en quelques mots mais tu ne le fais pas, car dans le fond ça ne le regarde pas et que tu ne veux pas te lancer dans cette petite guerre futile avec tes parents. "Sinon quoi d’autre ? Oh ouais, je ne sais pas si tu te souviens de ma pote Mira, elle est de retour en ville. Elle m’a envoyé plusieurs messages, je ne vais pas y répondre, il ne vaut mieux pas." Tu es brutalement honnête à ce sujet-là, te souviens des quelques fois où tu as tenté de trainer avec les deux jeunes femmes, la blonde et la brune, et de faire en sorte que tout le monde s’entende. Plus besoin de faire des efforts quand Mira s’est éclipsé à l’autre bout du globe, c’est sûr et certain. Tu as le regard perdu dans le vide pendant quelques secondes, te dis que ta relation avec Itziar ne s’est pas détériorée parce que des fois vous décidez de dépasser la limite des simples amies. Cela se fait naturellement en fait. Une seule fois avec Mira et tout a basculé. "Et c’est tout ce que je dirais sur le sujet." Que tu ajoutes, captant déjà l’interrogation dans le regard de la blonde.

Bien sûr qu'elle a été sage, elle n'a pas eu le temps de tenter une quelconque bêtise. D'ailleurs elle n'a même pas eu le temps de penser à une quelconque bêtise, ce qui aurait été le point de départ. Bien qu'elle se serait tenue. Loin d'elle l'idée d'aller malencontreusement abîmer ou casser quelque chose dans la chambre fraîchement décorée de Lara, ce n'était pas très poli. Elle allait plutôt attendre la prochaine fois pour ça, histoire de lui laisser un peu de répit et suffisamment de temps pour cacher tous les objets auxquels elle pourrait tenir. Mais elle avait attendu la pizza patiemment, parce qu'elle n'a plus cinq ans et qu'elle sait rester en place un peu plus de trois minutes. Alors, elle rit à la question de Lara, fait mine de réfléchir, de hausser les épaules et de rire de plus belle. Une réponse suffisante selon elle, qu'elle offre avant d'attraper une part de pizza encore chaude pour en croquer un morceau. Elle s'en brûlerait la langue qu'elle s'en moquerait totalement, elle pouvait endurer beaucoup pour un peu de malbouffe. Certains diraient probablement que ce n'est pas sain, que cet amour un peu trop assumé pour les fast food et tout ce que la cuisine a de plus gras à offrir cache sans doute quelque chose. Certains se la joueraient probablement psychologues aussi en y voyant une façon de compenser un quelconque traumatisme, mais non. Rien de tout cela n'est vrai et elle a dépassé depuis bien longtemps le stade où elle se souciait de ce que les autres pensaient de ses habitudes alimentaires. Elle s'en portait très bien et savait s'arrêter, alors pourquoi se priver en se contentant d'une salade verte avec une vinaigrette allégée quand on pouvait affoler son taux de cholestérol avec un burger et des frites. "Ma première question si un tel jour arrive ce sera au choix 'qui est mort ?' ou 'qu'est-ce qui ne va pas ?' Et je le conçois l'une est plus extrême que l'autre, mais ça reste une possibilité !" qu'elle déclare en riant. Elle le prendrait bien évidemment moins à la légère que ça si tel était le cas parce que ce serait le plus gros red flag qui puisse exister et qu'elle s'empresserait donc de savoir quel est le problème pour tenter d'y remédier.

Pour l'heure, la pizza est bien là et il n'y a pas de problème à l'horizon, pas aujourd'hui en tout cas, elle a donc tout le loisir de plaisanter et de mettre au courant Lara de la touche de féminité nouvellement ajoutée à sa colocation par l'emménagement de Lola il y a peu. Une alliée un peu passive dans ses enfantillages avec Auden, mais une alliée tout de même. Un atout en plus quand il s'agit de mettre en avant ses intérêts à elle. Parce que ce n'est plus seulement Auden et elle et que de ce fait, les décisions prises sont désormais bien plus légitime. "Il y a jamais trop de girl power, surtout pour faire la misère à Auden." Répond-elle en riant, même si au final, elle n'est pas si terrible que ça avec lui, tout comme il n'est pas si terrible que ça avec elle. L'ambiance reste bon enfant la majeure partie du temps, les blagues pas drôles n'étant que la partie immergée de l'iceberg. Pour le reste, ils ne se croisent pas si souvent que ça, la faute (grâce) à leurs emplois du temps très différents, mais aussi à leurs styles de vies et centres d'intérêts respectifs. Cette cohabitation est donc bien plus facile qu'elle n'y paraît au premier abord. Après tout, même si Itziar pouvait difficilement dire non à un loyer si bas, elle n'était pas prête à tout supporter et si la situation s'était avérée invivable, elle aurait mis les voiles depuis bien longtemps. "Ton canapé pour que je t'envoie Auden ? Ca c'est vraiment très généreux de ta part en j'en prends note, crois-moi !" lance t-elle en plaisantant ayant très bien compris que ce n'était pas du tout ce que proposait Lara. D'ailleurs ce serait probablement la dernière chose que proposerait Lara et elle aurait au moins une bonne centaine d'alternative avant de proposer d'héberger Auden dans un moment de générosité digne de mère Thérésa. Après cette brève plaisanterie, elle reprend son sérieux, s'enquérant des dernières nouvelles dans la vie de son amie. "Mmmh" se contente t-elle de dire pour commencer, en hochant la tête de haut en bas, laissant Lara parler et lui raconter brièvement ce qui avait bien pu se passer dans sa vie depuis la dernière fois, force étant de constater que la météo n'avait pas forcément été au beau fixe. "Il s'y prend mal quand même ton père, s'il voulait vraiment renouer le contact, il devrait abandonner l'histoire des études. Tu devrais peut-être lui dire ce que tu fais, au moins il arrêtera peut-être de te parler de la fac ... une fois qu'il aura digéré la nouvelle. Ou alors tu peux aussi le laisser comprendre tout seul que les études c'est fini, mais ce sera sans doute plus long." Répond-elle en haussant les épaules. L'éternel problème. Les parents qui veulent imposer un peu trop de choses. Itziar a connu ça, dans une certaine mesure et même si ses parents sont un peu moins conservateurs que ceux de Lara, elle aussi avait dû se plier à diverses règles de conduite pendant de longues années avant que tout son monde ne s'écroule et que son père finisse en prison. Un paradoxe en soi. Cependant, cette partie du récit de Lara est bien vite occultée par Itziar qui trouve sa curiosité bien plus piquée à la mention de Mira et les vagues explications que lui offre l'australienne. "Pardon ? Tu ne diras rien de plus sur le sujet ? Vraiment ? Pourquoi tu ne répondras pas à ses messages ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?" Demande t-elle, enchaînant les questions quasiment sans respirer, sa curiosité en alerte maximale. Ce n'était vraiment pas le genre d'information que Lara pouvait partager en espérant que l'espagnole hoche la tête pour acquiescer, attrape une autre part de pizza et passe à autre chose comme si elle venait de lui raconter l'histoire la plus ennuyeuse du siècle. Non, c'était Itziar et sa curiosité maladive qui ne prenait même pas la peine de faire semblant, elle était intéressée et elle voulait savoir. C'était plutôt clair, maintenant qu'elle venait de reposer dans le carton la part de pizza qu'elle avait dans la main, s'était essuyé les doigts avec une serviette en papier et avait donc reporté 100% de son attention sur Lara, attendant qu'elle lui raconte la suite avec un maximum de détails, si possible.

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crédit/ CRÉDIT(tumblr) ✰ w/ @itziar cortés de aguilar

"Hey .... hey... Blague à part, n'envoyons pas les indésirables sur mon canapé, merci bien." Que tu commentes très simplement, la bouche à moitié pleine, sachant très bien que la blonde plaisante et que toi aussi, l'atmosphère est légère. Le genre d'atmosphère dont tu avais besoin plus que ce tu ne pourras jamais dire. Ce n'est pas vraiment toi de t'épancher sur tes problèmes, ce qui te passe par la tête à tel ou tel moment... Et dire que certains croient les femmes un peu trop émotives, ils ne t'ont jamais rencontrée, c'est certain, la plupart du temps, tu fonces, sans regarder en arrière et en te moquant bien des conséquences. Ce n'est certes pas une méthode très saine, mais c'est beaucoup plus simple de gérer les choses ainsi, et là, tu parles d'expérience. Et c'est avec cette même certitude que tu offres un rire jaune à ton amie alors qu'elle te conseille de tout simplement être honnête.
Elle, au moins comprend un minimum ce que tu vis, vous venez tous les deux de milieu particulièrement étouffant et vous avez des parents ultra-exigeants. Mais la vérité, vraiment ? C'est ça, sa solution miracle ? Tu n'y crois pas une seule seconde. "Ha. Ha. Ha. Dire à mes parents ce que je fais ... Pour que mon père est une crise cardiaque ? Déjà que j'ai dû faire mon coming-out trois fois avant que mes parents comprennent que non, je ne plaisantais pas et que ce n'était pas juste une phase." Oui, c'est quelque chose que tu n'oublieras jamais et tu continueras de parler de cette cicatrice-là pendant des années, on ne peut pas vraiment te blâmer. Réaliser qu'on est homosexuelle est assez terrifiant en soit, et il n'y a jamais de bon moment pour l'annoncer à ses amis ou ses proches, qu'on se trouve avec des parents ouverts d'esprit ou... Trevante et Cassandra Pearson, c'est certain. "Mes parents vont toujours à l'église tous les dimanches, ils mangent leur dîner à la même heure tous les soirs et ils se prennent la tête sur les mêmes sujets depuis des années, non... Ils ne comprendraient pas." Et ils penseraient que tu fais tout cela juste pour les provoquer, ce qui n'est pas le cas, non, quand tu danses et que tu t'effeuilles devant un public, tu ne le fais pas pour eux, mais bien pour toi. Loin des clichés et de l'ambiance parfois froide de certains clubs, tu te retrouves toujours sur scène, que tu n'y suis que pour trois minutes, ou pour cinq. C'est ton moment, personne ne peut te l'enlever.
Et si tu n'as pas encore admis cette partie de ta vie à tes parents... c'est parce que tu ne souhaites pas qu'ils jettent de l'ombre sur ton métier et ta source principale de revenus. Donc, non, leur dire que tu habites avec Evie est une chose, leur annoncer ton métier en est une autre. Et tu ne sais même pas comment la conversation a dérivé sur Mira, peut-être que c'était quelque chose qui te trottait dans la tête depuis longtemps, un peu trop longtemps et quand les questions d'Itziar arrivent, tu marmonnes un simple : "J'en ai déjà trop dit." Ayant déjà envie de passer à autre chose. C'était clairement sous-estimer la blonde et sa curiosité sans fin. "Sérieusement, respire Itziar ... Respire." Que tu lances d'abord avant de nouveau croiser son regard. Tu la connais, tu sais qu'elle ne va pas laisser tomber avant que tu ne lui fournisses plus d'informations, et ce n'est pas comme si tu pouvais vraiment lui cacher quoi que ce soit.
Tu te laisses dramatiquement tomber sur le lit, en poussant un soupir de frustration et la seconde d'après, tu finis par glisser sur le sol, tes genoux rencontrant la moquette. Tu roules des yeux et te redresses, debout maintenant, croisant les bras sur ta poitrine, et trouvant un semblant de courage. C'est débile. Depuis quand est-ce que tu ne peux pas parler de tes aventures d'un soir à Itziar, elle a été une de tes aventures d'un soir. Sauf qu'il s'agit de Mira. Tu prends donc une profonde inspiration et finis par trouver les mots : "Cela fait pratiquement un an et demi qu'on ne s'est pas parlées Mira et moi, et ouais, avant on était proches, on était tout le temps ensemble du temps de la fac et c'est même moi qui lui ai conseillé d'accepter ce stage aux USA... tout ça pour quoi?" Tu hausses les épaules, te mettant distraitement à faire les cent pas devant ton lit et devant Itziar, à la fois perdue et terrifiée par tout ce que tu pourrais dire. "On a merdé la dernière nuit, avant qu'elle ne parte on a ... On a couché ensemble."
Et cela ne devrait pas avoir son importance, ça n'a jamais d'importance, tu n'as jamais cherché à avoir de relation stable ou à rester sous les jupes de la même fille trop longtemps. Pourquoi ? Tu n'es tout simplement pas équipée pour. "Et silence radio depuis." Tu marques une nouvelle pause, avant de repartir dans une nouvelle embardée. "Et c'est pas comme toi et Izzie, elle n'est pas gay, même pas bisexuelle ou juste un peu curieuse... Toute cette nuit-là... c'était juste bizarre." Bizarre est l'adjectif que tu choisis pour décrire cette nuit-là, et pas un autre. Tu ne diras pas que cela était spécial en soit ou que depuis, tu n'as trouvé personne qui embrasse comme l'autre jeune femme. Tu finis par lâcher un énième soupir, retrouvant le matelas la seconde suivante, et votre pizza. Tout ce qu'il te faut en somme. "Donc voilà, tu trouves une solution à mon problème, je vais manger une autre part, okay? Okay."

Son idée un peu extrême, un peu trop directe aussi et elle connaissait suffisamment le milieu dans lequel Lara avait grandi pour savoir que ce n'était pas une solution viable. A moins de vouloir complètement couper les ponts avec sa famille ou avoir envie de leur donner des sueurs froides pour les vingt prochaines années au moins. Elle la comprenait sur toute la ligne à ce sujet ayant été élevée dans les mêmes conditions. Sa mère, bien qu'un peu plus ouverte d'esprit et compréhensive avait tout de même les moeurs très traditionnelles. Sans doute moins que son père qui pour sa part avait perdu toute crédibilité aux yeux d'Itziar depuis ses déboires avec la justice et son passage en prison, mais ça c'était encore autre chose. "Bahh tu peux lui dire la vérité, si tu vois qu'il commence à suffoquer tu dis que c'est une blague ?" Répond-elle en souriant avant d'ajouter "Non en vrai t'as raison, c'est peut-être pas une bonne idée, le but de la manoeuvre étant de ne pas les traumatiser de trop. Tu peux attendre d'obtenir un premier contrat en tant que danseuse, que ta carrière décolle un peu et puis ça devrait quand même suffire à faire passer le message que la fac et la chimie c'est plus d'actualité ?" C'est surement plus sûr comme plan. Le but n'étant pas qu'elle se fasse renier par sa famille ou qu'elle vienne mettre de l'eau dans le gaz. Parce que malgré tout, ils restent ses parents et malgré leurs différends et mésententes, c'est quelque chose qui ne changera pas. Ils auront toujours une place particulière qu'il était bon de préserver. D'autant plus qu'elle était adulte maintenant et n'avait absolument pas l'obligation de dévoiler tout ce qu'elle faisait à ses parents. Elle n'avait pas de compte à leur rendre. Au final, elle seule savait ce qui était le plus judicieux de faire, le plus judicieux de dire. C'était ses parents et elle les connaissait mieux que quiconque, pouvant probablement anticiper leur réaction.

"Au contraire t'en a pas assez dit !" qu'elle lance avant de l'assaillir de questions. C'était comme si Lara avait ouvert la boîte de pandore en mentionnant Mira. Itziar ne prend même pas la peine de chercher à savoir si ses questions sont appropriées ou pas. Elle s'en fiche. C'est Lara. Elle n'a pas à y aller avec des pincettes et en tâtonnant comme si elle ne la connaissait pas, ou qu'elle la connaissait à peine. C'était dommage pour l'australienne puisqu'Itziar ne lâchera pas l'affaire si facilement. Elle s'arrête avec ses questions tout de même, parce qu'elle ne peut pas tout demander d'un coup, ça n'aurait aucun sens et surtout, comme le fait remarquer Lara, il faut qu'elle respire. Ce serait idiot de finir par suffoquer sans avoir obtenu de quelconques réponses qui viendraient satisfaire sa curiosité. "Je respire, t'inquiètes pas tu auras pas à me réanimer. Pour te montrer ma bonne foi, je reprends une part de pizza, comme ça toi tu peux parler et moi je t'écoute." déclare t'elle attrapant une part de pizza dans laquelle elle vient croquer, attendant que Lara se mette à parler, comme si elle attendait la suite de son film. Elle aurait eu des popcorns sous la main, la scène aurait été sans doute très clichée. Le fait est que Itziar veut savoir, parce que Lara la connait suffisamment pour savoir qu'elle ne peut pas lui balancer des informations de ce genre sans se retrouver à devoir répondre à un millier de questions après. Quand Lara décide finalement de lui donner quelques explications et d'élaborer un petit peu, la jeune espagnole l'écoute avec attention tout en mangeant sa pizza. Elle hoche la tête de temps en temps. "Hein? Vous avez couché ensemble ?" l'interrompt-elle, surprise. Elle avait entendu parler de Mira avant, l'avait croisée plusieurs fois et n'avait jamais eu vent d'une quelconque attirance de la jeune femme pour les courbes féminines. "Pardon, continue" ajoute t-elle rapidement, mimant de fermer sa bouche avec une fermeture éclair. Cette information n'étant pas forcément la seule chose qu'il y avait à retenir de ce que Lara était en train de lui raconter. "Donc en gros vous couchez ensemble, elle te zappe pendant un an et demi et là elle réapparaît comme une fleur comme si de rien était ?" demande t-elle en haussant un sourcil interrogateur. "Pardon de dire ça de ta pote, mais c'est quoi son problème ? Tu veux que j'aille lui casser les dents ?" demande t-elle prête à sortir les griffes s'il le fallait. "Plus sérieusement, elle te dit quoi dans les messages ? Tu les as lus ?" s'enquiert-elle quand Lara reprend place sur le lit. Elle lui tend d'ailleurs une nouvelle part de pizza, comme si c'était ça la solution au problème. Ca ne l'était pas, bien évidemment, mais c'était un bon début. Il était plus facile de réfléchir avec le ventre plein et il était aussi bien connu que la mal-bouffe avait le don de réchauffer les coeurs. "Ca a compté pour toi la nuit que vous avez passée ensemble ? Parce que si c'était rien, en soi, qu'est-ce que ça te coûte de voir ce qu'elle a à te dire ? Puis ça pourrait être l'occasion de mettre les choses au clair aussi, a moins qu'elle fasse comme si de rien n'était." Propose t-elle. Après tout, répondre à quelques sms n'engageait à rien et il était facile de mettre un terme à l'échange aussi rapidement qu'il avait commencé. "Mais si vraiment, t'es sûre que tu veux plus rien savoir d'elle, tu peux l'ignorer, la bloquer, tout ce que tu veux. C'est grand Brisbane, la probabilité que tu tombes sur elle dans la rue est quand même super faible." Ajoute t-elle en haussant les épaules. Il n'y avait pas des dizaines de solutions. Soit elle lui répondait, soit elle l'ignorait.

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crédit/ (tumblr) ✰ w/ @itziar cortés de aguilar

Tu ne sais pas vraiment comment la conversation a dérivé sur Mira, tu étais sûrement plus distraite que tu le pensais, car ce n'est pas vraiment ton genre de dire ce qui te tracasse ou de perdre ton temps sur les histoires de cœur, c'est complètement stupide et cela fait perdre son temps à tout le monde et on n’avance pas tant que cela au final... Pourtant tu le fais, parce que c'est Itziar, parce que tu la connais depuis des années et tu ne vois pas vraiment à qui d'autre tu pourrais confier cela en fait. "Oui, on a couché ensemble... ce n’est pas si impossible à concevoir que cela." Que tu répliques simplement quand Itziar t'interrompt, tu ne lui en tiens pas vraiment rigueur, non, tu continues ton petit récit et tu vides ton sac littéralement, simplement pour mordre dans ta part de pizza à la fin de ton discours et attendre que la blonde trouve une solution à tous tes problèmes. Au lieu de cela, Itziar s'irrite un peu, comme tu l'as souvent fait quand tu as songé à Mira ces derniers jours et même ces dernières semaines. "T'es mignonne quand tu es énervée." Que tu commentes tout simplement, avec un léger rire, parce que la blonde vient à ta défense sans vraiment y penser et que cela est adorable dans un sens.
Tu aurais voulu qu'elle soit là le soir où tout a basculé et que tu as eu la brillante idée de poser tes lèvres sur celles de Mira, une très mauvaise idée maintenant que tu y penses. La blonde pose les bonnes questions et tu te retrouves à tout simplement hausser les épaules, parce que tu t'es efforcée de pousser tout ça le plus loin possible, pour ne tout simplement pas y revenir, c'est plus facile à gérer pour toi de cette manière-là. "Ouais, je les ai lus, elle me demande des nouvelles, elle me dit qu'elle est de retour sur Brisbane, c'est très léger, c'est le genre de message que tu envoies quand tout va bien et que le ciel est bleu, et que les oiseaux chantent." Comme si vous étiez encore en très bon terme, comme si vous étiez toujours amies au final. "La question est de savoir si c'est le cas." Que tu marmonnes, finissant enfin ta part de pizza, tu avales lourdement et tu as presque un mauvais goût sur la langue en songeant à tout ceci, Mira, ta relation avec elle et ce qui va se passer dans les prochains mois, Itziar a raison, il faut vraiment que tu définisses ce que tout cela veut dire pour toi.
"Tu es de bons conseils mais c'est bien ça le problème et pourquoi je ne lui ai pas encore répondu, je n'en sais rien, tu me connais, si j'ai une réponse, bonne ou mauvaise, je fonce, mais là..." Mais il faut bien l'avouer, c'est un tourbillon d'émotions qui t'envahit quand Mira est concernée, c'est étouffant et déroutant. "Je ne sais juste pas." Que tu finis par avouer dans un autre haussement d'épaules. Avant de finir par te laisser tomber sur les couvertures, maintenant que la pizza a totalement disparu et que tu ne peux plus te distraire. Pas en mangeant du moins, preuve que parfois il faut redescendre sur terre et revenir à la réalité. "Ugh, je déteste me sentir comme ça, parlons d'autre chose s'il te plaît, merci de m'avoir écoutée, vraiment, mais je ne veux pas t'entraîner dans toutes ces bêtises-là, okay ?" Tu dis cela le plus honnêtement et le plus sincèrement du monde, c'est bien pour cela que tu te confies peu, tu ne veux pas que les autres se sentent obligés de te venir en aide et qu'ils viennent à ta rescousse.
Tu n'aimes particulièrement pas la sensation qui arrive avec également, comme si tu étais incapable de t'occuper de ta propre personne ou d'avoir des responsabilités. Le genre de sensation que tu as souvent en présence de tes parents, surtout quand ils essayent de te faire comprendre que es dépendante d'eux pour une raison, ce n'est pas le cas, ce n'est pas du tout le cas et surtout pas maintenant que tu vis avec Evie et que tu as définitivement tourné la page sur tes études. Tu finis par attraper un des torchons en papier, pour enlever les traces de graisse que tu as sur les doigts et pour penser à autre chose. Ce n'est pas pour ça que tu l'as invitée ce soir, pas pour qu'elle t'aide à faire le point sur tout ou pour te décharger du creux que tu as dans l'estomac. "... Je sais regardons un film, ça ira bien avec la pizza." Et le regard que tu lui lances est sans appel, car malgré le petit détour dans la conversation, tu veux que la soirée reste légère au possible, ce n'est pas Mira le plus important, non, le plus important c'est ce nouveau chapitre, ici, dans cet appartement, cela et le fait que tu ais choisi de célébrer cela avec la blonde... tu en es persuadée.

rp terminé

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