Vice et Versa 2

   @Jackson Mills   ft. Marley Lynch

2011.

Les étincelles qu'elle ressentit dans tout son corps ainsi que les frissons qui la parcoururent lorsqu'elle déposa ses lèvres sur celles du sprinteur furent de courte durée. A sa plus grande frustration, elle le sentit se décoller d'elle. Lorsqu'il se redressa sur sa chaise, elle en fit de même. Son regard essayait de comprendre ce que l'homme ressentait. Avait-elle été trop loin en lui volant ce baiser ? S'était-elle trompée quant à ses intentions ? Son corps était encore parcouru par des vagues de chaleur provoquées par le jeune homme. Elle sentit ses doigts lui échapper et baissa le regard vers sa main qui désormais se sentait bien vide. Elle la récupéra et la posa sur ses genoux. Marley était déstabilisée. Elle qui avait l'habitude de tout maîtriser de bout en bout ne contrôlait plus rien. Jax lui opposait plus de résistance qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Sans le savoir aussi, le garçon débloquait chez elle des sentiments et pensées qu'elle avait rarement eu. Le goût sucré des lèvres du coureur lui manquait déjà. Elle avait pris sur elle pour contrôler son baiser, pour le rendre tendre et délicat alors qu'au fond d'elle un feu explosait. Respectueuse des distances qu'il venait de prendre, Marley garda le silence lorsqu'elle le vit reprendre un muffin. Allait-il faire comme si rien ne s'était produit ? « J'suis curieux de voir comment tu comptes arriver à tes fins. » Ses sourcils se froncèrent. La flic qui parvenait si aisément à lire dans les pensées des gens se retrouvait face à un mur. Etait-ce la pudeur qui avait empêché le garçon de vraiment répondre à son baiser ? Un manque d'envie ? Ou une façon de la défier ? Pourquoi se donnait-il tant la peine de lui résister si c'était pour la provoquer davantage après ? Perdue, Marley en profita pour boire une nouvelle gorgée de son café. Elle laissa quelques secondes s'écouler puis finit par lui dire : « Je suis pleine de ressources. » Une vérité énoncée comme une promesse. Il était indéniable à ce stade qu'elle ne lâcherait pas. Il avait réussi où tant d'autres avant lui avaient échoué. Obnubilée par le jeune homme, Marley ne voyait désormais que par lui. Elle prit un nouveau muffin qu'elle coupa en petits morceaux glissant avec lenteur chacun d'eux dans sa bouche. Cet homme était différent et elle sentait que quelque chose de spécial les unissait déjà.

Finalement il poursuivit et ajouta : « Mon coach est strict sur les heures de sommeil. » Marley prit une moue faussement contrariée mais hocha affirmativement la tête. Si Jax pouvait être inquiet concernant son côté quelque peu sulfureux, il pouvait se rassurer : Elle comprenait parfaitement la nécessité qu'il avait à rester concentré sur son objectif. Jamais la jeune femme ne mettrait en péril ses rêves. Lorsqu'elle avait cherché à entrer dans la police, puis à devenir lieutenant, elle s'était focalisée sur son boulot et sur rien d'autre. Aucune distraction n'aurait pu la détourner de l'objectif qu'elle s'était fixé. Elle voyait bien que les jeux olympiques avaient une importance viscérale, presque vitale pour le garçon. Il n'était pas question qu'elle soit le grain de sable qui viendrait enrayer la machine. Elle souffla alors : « Je ne me mettrai jamais entre tes objectifs et toi. ». Il n'y avait plus aucun jeu, ni dans sa voix, ni dans son regard planté dans celui du garçon. Bien sûr qu'elle rêvait de plus avec lui, bien sûr que son corps ne demandait qu'à être en osmose avec le sien, mais si elle devait patienter alors elle le ferait. Soudain son biper se mit à sonner. Les paupières de la brune se fermèrent de dépit. C'était bien la première fois qu'elle était agacée par cette sonnerie. « C'est quoi ça ? » questionna Jax. Marley sortit le biper de sa poche, regarda l'info qui défilait dessus, et marmonna : « Le devoir qui m'appelle. » Elle se leva presque aussitôt, se dirigea en toute hâte vers le comptoir et après avoir piqué un stylo à l'employé, revint vers Jackson. Elle prit sa main, et y nota son numéro de téléphone. « Appelle-moi quand t'auras un moment... » Elle marqua une courte pause tandis que penchée au-dessus de lui elle pouvait sentir son odeur dont elle cherchait à imprégner son esprit. « … Dans deux jours ou dans neuf mois. ». Elle caressa du bout des doigts l'une des joues du jeune homme et en un clignement de paupières elle s'envola. Elle retourna à la hâte jusqu'au stade afin de récupérer sa voiture, maudissant cet appel qui venait tout gâcher mais aussi euphorique de l'instant qu'elle venait de passer. Deux jours ou neuf mois, dans tous les cas elle l'attendrait.

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