No church in the wild

@Jackson Mills  ft. Marley Lynch

Rester enfermée chez elle la faisait devenir un peu plus folle à chaque minute qui s'écoulait. La semaine de Marley avait été longue, presque interminable. La métisse avait tout fait pour s'occuper l'esprit : elle avait travaillé, était allée voir Greta, avait fait des courses, était allée chez le coiffeur, ou encore avait fait un grand nettoyage dans son appartement. Cela n'avait strictement rien changé à l'angoisse qui l’étreignait un peu plus chaque jour. Jackson était parti pour une mission depuis une semaine et la jeune femme n'avait aucune nouvelle de lui. Il l'avait prévenue au préalable, il le lui avait dit mais cela restait tout de même difficile à encaisser et à gérer pour elle. Ils ne s'étaient pas quittés dans les meilleures conditions – loin de là – et ne pas l'avoir embrassé en partant ou bien serré dans ses bras la hantaient un peu plus chaque jour. Chaque soir, lorsqu'elle se couchait en fixant son plafond, elle se remémorait les derniers instants qu'ils avaient partagés ensemble. Et s'il ne revenait pas ? Et s'il s'agissait de la mission de trop ? Elle sentait à chaque fois sa gorge se nouer, son cœur palpiter. Si Jackson ne revenait pas, jamais elle ne pourrait se le pardonner. Il était l'homme de sa vie, le père de son fils et bien qu'il ait douté de sa paternité, bien qu'il lui ait fissuré le cœur, elle restait éperdument amoureuse de lui.

Allongée sur son canapé, un plaid la recouvrant, Lynch fixait d'un œil distrait la télévision, caressant du bout des doigts son ventre qui n'avait de cesse de grossir. Lorsqu'on frappa à la porte, elle fronça les sourcils et se redressa. Qui était-ce ? La jeune femme n'attendait personne. D'un pas quelque peu hésitant, elle s'approcha de l'entrée et finit par entrouvrir la porte. En un coup d'oeil, elle reconnut Jackson. Elle eut à peine le temps de souffler de soulagement et d'ouvrir en grand son appartement que déjà elle sentait son cœur tomber dans le fond de son estomac.

Face à elle se trouvait un Jackson à la mine défaite, le visage couvert de petits bandages tous gorgés de sang. Elle déglutit avec difficulté et garda le silence quelques instants. Elle aurait voulu lui sauter dans les bras pour l'accueillir comme il se devait mais elle en était incapable. Au vu de son visage elle n'osait imaginer ce que le reste de son corps avait subi. Elle attrapa avec douceur l'une de ses mains et l'attira chez elle en murmurant : « Tu es rentré. » Le vide dans son regard, ses épaules affaissées, ses muscles tendus, tout indiquait à Marley qu'il n'allait pas bien. Elle l'entraîna dans le salon, et le fit s'asseoir. « J'arrive » Et avant qu'il n'ait le temps de réagir, elle fonça dans la salle de bain. A l'abri du regard de Jackson, la métisse laissa s'exprimer ses émotions. Ses mains se mirent à trembler alors qu'elle fouillait dans ses placards à la recherche de compresses, de désinfectant, de crème apaisante et de nouveaux bandages. Elle sentit sa poitrine se soulever au rythme effréné de ses battements de cœur tandis que des larmes commençaient à perler au coin de ses yeux. Lorsqu'elle eut tout trouvé, elle se redressa, appuya ses mains sur le lavabo et inspira profondément. Elle ne devait pas craquer, pas devant lui. Il lui fallut quelques secondes, deux minutes tout au plus avant qu'elle ne soit de retour à ses côtés.

Elle s'assit à côté de lui, et avec délicatesse tourna son visage dans sa direction. « Ca va aller » murmura-t-elle sans savoir si cela serait véritablement le cas. Elle avait déjà soigné Jackson, elle avait déjà d'ailleurs vu des blessures plus graves chez le garçon, mais elle ne l'avait jamais retrouvé dans cet état. Quelque chose clochait et sans être devin, Lynch savait que la blessure la plus importante devait se trouver dans sa boîte crânienne. Elle commença à retirer doucement les pansements en chuchotant : « Dis-moi si je te fais mal. » Elle l'avait déjà vu sursauter, paniquer, ou pire entrer dans des crises de paranoïa s'il y avait trop de bruit, si elle faisait des mouvements brusques, il n'était pas question que cela se reproduise. Lorsqu'elle eut tout enlever, elle commença à passer une compresse humidifiée afin de nettoyer sa peau. « Tu es en sécurité ici » affirma-t-elle.  

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@Jackson Mills  ft. Marley Lynch

Les gestes de Marley se succèdent en silence alors qu'elle prend bien garde à ne pas lui faire mal. Son regard passe d'une plaie à l'autre, s'arrêtant par moment pour fixer les pupilles éteintes de son amant. Lynch se tait, parce qu'elle ne sait pas quoi dire, parce qu'elle n'a pas les mots. Elle sent que quelque chose s'est brisé chez l'agent. Si elle ne sait pas de quoi il s'agit, elle comprend que les dégâts sont considérables, que cette mission a sans doute été celle de trop. Elle est en colère la brune. Pas contre lui, mais contre ceux qui l'ont envoyé elle ne sait où. Jackson est un homme dévoué, fiable, déterminé, un homme qui fait tout pour protéger les siens. Elle ne sait pas ce qu'il a dû faire pour revenir auprès d'elle mais elle se doute que cela n'a pas été facile. Elle est en colère qu'on se serve d'homme comme lui pour régler des conflits, elle déteste ces hommes qui dirigent derrière un bureau mais qui ne mettent jamais un pied sur le terrain. Savent-ils ce qu'ils font ? Ont-ils conscience de détruire des hommes ? Marley adoucit son regard autant qu'elle le peut, cherchant par la même occasion à dissimuler sa peur, sa haine, sa douleur et sa tristesse. Il n'a pas besoin de la voir comme ça, il a besoin qu'elle soit forte pour eux deux. C'est à son tour de le tenir à bout de bras, de l'empêcher de se noyer.

Son visage est propre désormais. La maquilleuse s'apprête à déposer une crème apaisante sur chacune de ses coupures mais n'en a pas le temps. Elle le sent repousser ses mains et hausse un sourcil d'incompréhension. Ce n'est que lorsqu'elle a le poids de sa tête entre les seins et qu'elle sent des gouttes venir inonder son décolleté qu'elle comprend : il pleure. Sa poitrine se sert tandis qu'elle se mort l'intérieur de la joue pour ne pas pleurer avec lui. Elle sent ses mains serrer ses cuisses et approche un peu plus sa poitrine de son visage. Elle le laisse pleurer dans ses bras, ne faisant rien d'autre que de caresser son dos ployé par la peine et la douleur. Finalement lorsqu'il tend les bras pour la serrer tout contre lui, elle passe à son tour ses bras autour de ce corps qui lui a tant manqué mais qui semble désormais vidé de toute énergie. L'une de ses mains passe sur le crâne rasé de Jackson, le caresse avec une délicatesse sans nom alors que l'autre glisse sur son tee-shirt. Ils restent ainsi de longues minutes avant qu'enfin elle ne prenne la parole : « Pleure autant que tu veux, je serai toujours là pour essuyer tes larmes ».

Elle ne l'a jamais vu craquer ainsi. Tout se bouscule dans son esprit. Elle a envie de pleurer et de hurler mais ne le fait pas. A l'inverse, elle se recule doucement, attrape l'une de ses mains qu'elle pose sur son nombril. Dans son ventre s'agite leur fils. La première fois qu'elle l'a senti bouger, c'est lorsque Jackson a douté de sa propre paternité. Durant sa semaine d'absence, le petit être a continué à montrer sa présence mais dès que l'agent est dans la même pièce, Marley sent en elle son fils se réveiller. C'est la présence de son père qui le rend si énergique, comme s'il voulait lui montrer qu'il était là et qu'il l'aimait. Marley recouvre la main de Jackson avec ses doigts et caresse sa joue à l'aide de son autre main. Son regard planté dans le sien elle murmure : « On est là. » Ils sont là et ils ne bougeront pas. Il n'y a qu'à ses côtés qu'elle a envie d'être, ça a toujours été le cas et ça ne changera jamais.  

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