fortitude valley, logements.

"Hugo ! Tu comptes filer où à pas de loup, comme ça ?!" J'appelais mon meilleur ami qui passait précipitamment devant moi et son fils, refermant son blouson plus que démodé sur lequel une énorme tête de loup était brodée. "Je suis appelé au boulot, je dois vraiment y aller ! Siham ne va pas tarder à venir le récupérer" "Ah oui, tu me fais me jeter dans la gueule du loup en me faisant être confronté à ton ex comme ça ?" Je riais alors que Dali reposait sur mes genoux et que nous profitions du soleil extérieur, sur le perron de l'immeuble résidentiel. "Vous êtes aussi complices que deux loups de la même meute, regarde comme il t'admire !" justifia Hugo en passant une main dans les cheveux hirsutes de son louveteau. "C'est vrai, ça, Dali. En plus, j'ai préparé l'histoire du gros méchant loup rien que pour toi ! Tu es prêt à te faire manger tout rond par le loup ?" J'annonçais avec enthousiasme au bambin qui tapotait maladroitement dans ses mains. Je réarrangeais son pull où était inscrit "Petit loup". Je glissais une peluche à l'image d'un loup dans ses bras qu'il accueillit affectueusement. "Tu dis au revoir au loup alpha de notre meute ? Tu fais au revoir à papa ?" J'invitais Dali en agitant doucement son petit poing. Puis, j'ouvrais le livre devant nous, relatant : "Il était une fois trois petits cochons et un loup plus qu'affamé !" Théâtral, je chatouillais le ventre du petit garçon qui s'esclaffa. "En voyant le loup approcher, les petits cochons s'enfuirent chacun dans leur maison." Je faisais les petits cris des porcs qui fuyaient le loup meurtrier. "Le loup hurla à la lune, son ventre gargouillait si fort ! Ahouuu ! Il avait une faim de loup ! Ahouuu !" J'ajoutais des touches de comédie pour que le petit garçon ne cesse de rire. "Puis le loup s'approcha de la première maison..."  

 Siham venait de recevoir un message de Hugo lui disant qu’il n’avait pas pu l’attendre, qu’il devait partir au travail car, contrairement à elle, il n’aimait pas être en retard. Elle venait encore de prendre une balle perdue de la part du père de son fils qui n’en manquait pas une pour lui faire le moindre reproche. La jeune femme avait été retenue au travail aussi et n’avait pas pu partir à l’heure pour aller chercher son fils chez Hugo. Elle n’avait pas eu la force d’argumenter et de se justifier, ce qui comptait était que Dali soit entre de bonnes mains. D’apres Hugo, il était avec un vieux loup de mer qui saurait très bien s’en occuper – toujours mieux que Siham de toute façon.
Siham croisait de temps en temps les amis d’Hugo, il était toujours entouré de sa meute. Siham se demandait qui était l’alpha dans la bande et elle redoutait de se dire qu’il s’agissait du français. Enfin, elle se moquait bien de savoir tout ça, elle ne s’y intéressait pas, pourtant c’était bien ces mêmes personnes qui participaient à la socialisation de son fils. Ce serait pas étonnant qu’ils soient plus au courant de l’évolution et des progrès de Dali qu’elle-même. Son mini loup venait d’avoir neuf mois et si elle voyait bien qu’il changeait, elle ne voyait toujours en lui qu’un espèce de meuble encombrant qu’elle devait avoir sans cesse avec elle. Et en plus il fallait le nourrir, le changer, le laver, prendre soin de lui simplement. L’instinct maternelle de la louve était toujours au point mort.
S'approchant de chez Hugo, elle entendait non loin de l'immeuble des cris de loups. surprise, elle s'arrêta pour voir d'où venaient les sons qui avaient attiré son attention. Elle cru reconnaître alors Kai, dont la veste brodée de loup lui disait quelques chose. Il était avec Dali et semblait lui raconter une histoire. Elle s'approcha alors de lui et son fils. " Rarement entendue aussi belle imitation du loup." Qu'elle félicita, amusée par le spectacle. Pas certaine que Dali, lui y comprenne quoi que ce soit. "J'suis désolée d'arriver aussi tard, j'ai eu un empêchement. J'espère que Hugo a pas trop montré les crocs en m'attendant..."

Le petit Dali sur mes genoux, je relatais l'histoire des trois petits cochons et du gros méchant loup avec un enthousiasme débordant. Le bambin gazouillait de bon coeur en agitant ses petits poings, ce qui me ravissait et me donnait envie de le dévorer, de le manger tout cru, comme ferait le loup du petit Chaperon Rouge. "Au deuxième petit cochon, le loup se trouva face à une maison de bois ! Le loup souffla, souffla, souffla, de toutes ses forces !" Je fis en gonflant les joues. "Ahouuuuu ! La maison vibra et tomba ! Devant les grandes oreilles pointues du loup, le petit cochon s'enfuit dans la maison de son voisin ! Le loup, essoufflé, les suivit ! Ahouuuu !" Je ris de bon coeur et sursautais légèrement en remarquant qu'une jeune femme nous portait compagnie. Elle s'était approchée à pas de loup.

J'ajustais le petit pull de Dali, étirant les mots "Petit Loup" qui y figurait : un cadeau qu'avait reçu Hugo de la part de ses parents français. Siham me complimenta sur mes imitations de loup et je ris sincèrement. "Hurler à la lune est un de mes talents," je faisais, plaisantin. "Mais je ne crie pas au loup, aucune crainte à avoir pour Dali." Je ne voulais pas que Siham me juge inapte à veiller sur son fils. Dali agitait ses petits bras vers Siham, tel le louveteau réclamant sa mère louve. Quant à l'évocation de Hugo qui avait pu montrer les crocs, j'en souriais doucement. "Aucun problème, ne t'en fais pas. Hugo est bien luné, il faut dire ce n'est pas la pleine lune ; d'ordinaire cette dernière le rend à fleur de peau." Probablement n'était-il pas judicieux de parler ainsi de mon meilleur ami à sa mère de qui il était séparé. Une drôle de meute à laquelle appartenait Dali en termes de parents ; mais il pourrait toujours compter sur les potes de Hugo, la meute par substitution. "J'en déduis que tu es Siham, la mère de ce petit loup !" Je faisais avant de lui tendre une main. "Moi c'est Kai. Enchanté." Puis, j'expliquais : "Je lisais l'histoire des trois petits cochons à Dali et j'aime beaucoup jouer le rôle du loup pour le rendre aussi hilarant que possible."

Lorsque Siham voyait d’autres personnes avoir des interactions avec son fils, en lui parlant, le chatouillant, caressant ses petits doigts ou lui faire des sourires, des blagues, ou simplement des regards, elle trouvait ça tout ce qu’il y a de plus normal. Elle ne se posait pas de question, les voyant faire aussi naturellement, par contre, ça lui renvoyait a elle son incapacité à en faire autant. Siham ne savait pas parler à son fils sans avoir la sensation d’être ridicule, simplement parce qu’il ne lui répondait pas. Dali était trop petit pour parler, l’acquisition de la parole ou de simples sons pour tenter d’imiter sa meute ne lui était pas encore accessible. Pour le moment le petit loup gazouillait, pleurait ou grognait.
« Hurler à la lune est un de mes talents, Mais je ne crie pas au loup, aucune crainte à avoir pour Dali.  » la jeune femme n’avait aucune crainte, voyant le pull de son fils avec la tête de l’animal, elle souriait de la coïncidence. « Il a pas l’air effrayé en tout cas »  
« Aucun problème, ne t’en fais pas. Hugo est bien luné, il faut dire ce n’est pas la pleine lune ; d’ordinaire cette dernière le rend à fleur de peau. » elle avait l’impression qu’avec elle, c’était la pleine lune tous les jours. Mais Siham n’était sûrement pas objective et puis, au final, ni elle ni Hugo n’avaient pensés qu’un jour, ils devraient devenir des partenaires de vie aussi soudés que devaient l’etre des parents. Ils n’avaient pas choisi ce lien. Cette soirée où ils avaient couchés ensemble, leurs pulsion animal sous la lune les avaient menés à cette relation charnelle mais elle n’était pas censé avoir une suite. Siham apprenait encore a apprivoiser le loup sauvage qu’était Hugo et inversement. « J’en déduis que tu es Siham, la mère de ce petit loup ! » elle s’approcha encore, étonnée d’etre aussi bien accueillie a vrai dire. Sans l’expliquer, elle était persuadée qu’Hugo aurait dépeint un portrait d’elle peut glorieux auprès de ses amis.  « Moi c’est Kai. Enchanté. » elle lui adressa un sourire. « enchantée Kai, il me semble t’avoir déjà aperçu, un autre jour. » « Je lisais l’histoire des trois petits cochons à Dali et j’aime beaucoup jouer le rôle du loup pour le rendre aussi hilarant que possible. » Siham avait remarqué que du public écoutait l’histoire avec attention , une fenêtre plus haut. «  tu peux continuer ton histoire je n’irai pas crier au loup. » elle serait patience, de toutes façons, elle était en retard et devait bien assumer, sauf si le jeune homme souhaitait en arrêter la et devait s’occuper à autre chose. « et je ne voudrai priver personne de la fin de cette histoire. Je crois qu’il y en a qui attendent de savoir comment terminera cette histoire de cochon et de loup. » elle regardait vers le haut, pour qu’il remarque a son tour qu’il avait des spectateur. Ce petit garçon dans les bras de sa mère semblait être attentif.

Siham semblait rester quelque peu à distance, comme le loup craintif qui avancerait la queue entre les pattes. Spontanément, gardant précautionneusement Dali dans mes bras, je m'évertuais à rassurer mon interlocutrice sur mes capacités à prendre soin de son louveteau. Après tout, il serait légitime que la trentenaire me toise avec incertitude, considérant que je personnifiais un loup de bon coeur depuis plusieurs minutes. Je ris doucement lorsque l'ex de mon meilleur ami indiqua que son fils ne paraissait pas effrayé par mon rôle de loup et j'acquiesçais avec entrain. « Il est bon public, n'est-ce pas, petit loup ?! » Je faisais en lisant la broderie sur son pull. Hugo parlait assez fréquemment à son fils et souhaitait que celui-ci puisse comprendre et communiquer dans la langue maternelle de son père ; ainsi, en bon membre de meute, je me pliais aux vœux de mon acolyte.

Je ris sincèrement quand Siham reprit le champ lexical du loup après que je lui eus expliqué l'histoire des trois petits cochons et du gros méchant loup que je relatais à ma manière à son fils. Lorsqu'elle leva la tête vers les étages supérieurs en sous-entendant que des personnes attendaient la suite de ma prestation lupine, j'imitais la jeune femme et apercevais un garçonnet attentif. « Ahouuu ! » J'imitais le loup pour faire rire l'enfant et saisir l'opportunité offerte par Siham. « Le gros méchant loup sur ses traces, le premier et le deuxième petits cochons se précipitèrent chez leur ami dont la maison était toujours indemne ! » Je faisais mine d'être essoufflé. « Le loup était fatigué de tout ce chamboulement mais il avait aussi une terrible faim de loup ! Il avait bien envie de croquer un petit cochon avec ses looongues crocs ! » Je faisais semblant de mordre les doigts du petit Dali qui babillait. « Le loup gonfla ses poumons de toute ses forces et souffla la maison de briques ! Ahouuuu ! Ahouuuuu ! Ahouuuuuu ! » Je ris. « Le loup devint rouge comme une pivoine ! Ahouuuu ! Le loup avait beau soufflé, la maison ne bougeait pas d'un poil ! Ahouuuuu ! » Je lorgnais vers Siham. « Les trois petits cochons narguaient le loup à travers la fenêtre et rigolaient de son désarroi ! » Je grouinais. « En plus, la pleine lune allait bientôt remplacer le soleil dans le ciel. Il ferait alors un froid de loup ! Le loup ne pouvait décemment pas rester sur place, surtout que cette maison était beaucoup trop solide ! Les petits cochons ne seraient pas le repas du gros méchant loup, ce soir ! Le loup n'avait plus qu'à manger une salade ! » Je concluais en pleurnichant : « Ahou, ahou, ahou. » Je me redressais, captant l'attention de Dali. « Et voilà ! Fin de l'histoire ! » Puis, j'invitais Siham : « Tu veux monter boire quelque chose ? »

Siham trouva appuie sur une barrière qui séparait la route du trottoir. Elle allait être alors bon public. Patiente, ne voulant pas interrompre davantage le spectacle gratuit qu’offrait l’ami d’Hugo, que dire plutôt, le loup qu’il incarnait à la perfection. Heureusement, il n’était pas aussi terrifiant que l’animal des contes et légendes bien connus. Allait-il passer au petit chaperon rouge et se faire passer pour la grand-mère aux longues dents, aux longues oreilles et au grand nez ? Pour l’instant, elle restait captivée par les trois petits cochons qui se cachaient de leur prédateur poilu. Siham s’amusait de la manière dont il prenait à cœur de conter cette histoire. Toujours en imitant le cri de l’animal des forêts, celui que tout le monde craignait, petits et grands. Siham en devenait presque jalouse de voir que son petit louveteau partageait plus de complicité avec cet homme qu’avec elle-même. A qui la faute ?
« Et voilà ! Fin de l'histoire ! » Siham levait les yeux au ciel en entendant des applaudissements venant de la mère du petit garçon qui avait aussi profité du spectacle. Et d’un rire, elle s’extirpait de la scène, fermant la fenêtre derrière elle. « Ahou ! » fit Siham, à son tour pour féliciter la performence. « Joli loup, je crois que je sais pas faire mieux ! » elle tirait sa révérence, se rendant à l’évidence, elle avait devant elle le grand chef de meute. « Loup Alpha. » conclu-t-elle, se disant que les plaisanteries les plus courtes étaient sans doute les meilleures.
« Tu veux monter boire quelque chose ? » elle sortie son téléphone pour regarder l’heure. Après tout, elle n’avait rien de plus de prévu et elle sentait la sincérité dans cette invitation. « Je ne voudrai pas m’imposer. » fit-elle avec réserve tout de même. « Hugo nous en voudrait pas ? » elle imaginait bien que non, mais elle ignorait pourquoi le père de son fils l’impressionnait tant. « Juste un instant, alors. Puis, je m’éclipserai. La lune ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. » et la nuit en suivrait. « j’ai peur de te voir transformer en loup garou, si j’insiste trop longtemps. » fit-elle toujours amusée.

La louve et le louveteau se montrèrent bon public tandis que je relatais au petit le fameux conte pour enfants. J'y mettais mon coeur et mes tripes, personnifiant le loup de l'histoire comme si je vivais réellement cette scène. Je hurlais à la lune de désespoir, je gémissais de ma faim de loup, je m'essoufflais d'avoir été la bête lupine à courir en vain sur ses trois petits cochons dodus. A la fin de l'histoire, le loup tristement bredouille, je concluais sur une parenthèse végétarienne. Des applaudissements se firent entendre pour ma prestation enfantine de loup et je ris de bon coeur lorsque Siham m'imita : « Ahou ! Joli loup, je crois que je sais pas faire mieux ! » « Merci, merci ! Mon secret est de m'investir totalement sur mon interprétation du loup, quitte à prendre plein de libertés sur le texte original et zapper plein de détails et de notules ! » Je faisais, modeste et amusé, à ses compliments sur mon imitation de loup. « Mais à t'entendre hurler de la sorte, je suis sûr que tu ferais une excellente louve aussi ! A nous tous, on formerait une sacrée meute, n'est-ce pas, petit loup ? » Je faisais en portant mon regard sur Dali. Sans oublier Hugo, bien sûr, le papa loup de l'affaire.

Plus sérieusement, je proposais à Siham de monter boire un verre. Après cette journée de travail et cette mise en scène, elle méritait bien de pouvoir se désaltérer. « Je ne voudrai pas m’imposer. Hugo ne nous en voudrait pas ? » Je hochais la tête à la négative. « Non, t'inquiète. Et je t'invite ! Je serai le seul à blâmer de t'avoir fait entrer dans le repère des loups-garous ! » Je riais. « Juste un instant, alors. Puis, je m’éclipserai. La lune ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. » Je ris de nouveau, décidément, cette blague n'en finissait plus. « J’ai peur de te voir transformer en loup garou, si j’insiste trop longtemps. » « Sage décision. Tu ne voudrais pas me voir me transformer en lycan aux oreilles pointues, longues dents et grandes oreilles ! » Je me levais, Dali dans les bras, et invitais Siham à me suivre.

« Tu es de Brisbane ? » Je demandais, curieusement. Hugo parlait si peu de son amante, comme si elle était la louve blanche dans une meute de loups gris. « Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? On a vraiment de tout, alcoolisé ou pas. » Je présentais en tirant déjà deux verres du buffet et en déposant Dali sur son tapis de jeu. Bien vite, le bambin attrapa une peluche en forme de loup, ses petits doigts serrant le museau de la bête lupine.

Siham avait toujours à cœur de ne pas déranger, de ne pas s’imposer. Encore moins lorsqu’elle était avec son fils, mais Dali ne semblait pas importuner Kai. D’ailleurs, il avait pris à cœur de s’occuper à lui raconter son histoire des trois petits cochons, dont il avait le secret pour être un loup moins effrayant que celui des contes. Elle était surprise qu’il lui propose de boire un verre avant de partir, mais la jeune femme n’était pas totalement contre non plus. Et sans doute que s’alier avec les amis d’Hugo pourrait lui être un avantage certain dans la relation qu’ils avaient tous les deux. Elle ne voulait pas pour autant s’imposer totalement dans sa vie, mais au moins, si elle était validée par la meute de loup, c’était un bon point pour elle.
« Non, t'inquiète. Et je t'invite ! Je serai le seul à blâmer de t'avoir fait entrer dans le repère des loups-garous ! » elle sourit et capitula alors à l’invitation. Elle agrippa son sac à main et suivit l’homme qui avait quitté son rôle de loup pour redevenir lambda, ou presque.
« Sage décision. Tu ne voudrais pas me voir me transformer en lycan aux oreilles pointues, longues dents et grandes oreilles ! » cette version-là, elle l’aurait presque entendu dans un autre conte. “ Après les trois petits cochons, on ferait pas le remake du chaperon rouge et de son grand méchant loup?” elle plaisantait.

« Tu es de Brisbane ? » “Born and raised.” qu’elle confirmait. n’avait jamais connu d’autre contrées que son Queensland. Elle ne lui attribuait aucune perfection mais ne voyait pas sa vie ailleurs. Elle n’avait pas de rêve de terres inconnues, ni envie de quitter sa ville d’attache. « Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? On a vraiment de tout, alcoolisé ou pas. » Elle secoua la tête, la jeune femme ne buvait pas d’alcool, du moins, elle en limitait fortement la consommation. “ Un soda ou un jus, c’est très bien.”
Siham regardait son fils, amusée de découvrir la peluche dans ses mains. “Décidément, c’était prédestiné à en faire un vrai loup.” elle riait en s’approchant pour regarder de plus près. “ Et toi, t’es français aussi?” elle savait qu’Hugo avait une meute de loup sauvage qui venait de sa même contrée.

Replaçant le pull de Dali sur lequel il était brodé "Petit Loup" de manière à ce qu'il ne prenne pas froid par la brise australienne, je me redressais de sorte à guider Siham vers l'appartement de @"Hugo Blanchard", que je surnommais avec humour "le repère des loups-garous." A mon grand ravissement, la jeune maman louve emboîta le pas, il fallait dire qu'avec son louveteau encore entre mes bras, je pouvais constituer un argument majeur à ce qu'elle me suive.

Je tenais la porte du T1 et invitait Siham à y entrer. Si @Noor Guerrero y était présentement, comme elle est la colocataire de Hugo, probablement n'aurais-je pas convié Siham en ces lieux. Non pas car Noor se serait montré mal léchée envers Siham, mais bien parce que mes rapports avec la mexicaine étaient plus que tendus : de quoi créer un vrai combat de loups. Je préférais épargner Siham d'un tel spectacle et préserver l'image de notre meute de loups soudée que nous composions avec également @Jiyeon Park et Dani.

“Après les trois petits cochons, on ferait pas le remake du chaperon rouge et de son grand méchant loup?” Je ris de bon coeur en déposant Dali sur son tapis de jeu. Bien vite, le bambin attrapa sa peluche en forme de loup. “C'est une idée ! Je pourrais faire une continuité dans mon rôle de grand méchant loup !” Je plaisantais. “Le petit chaperon rouge, le grand méchant loup, quelques coquecigrues et licornes, l'inspiration ne manque pas !” Je formulais, enthousiasme. Probablement faudrait-il que je me calme, néanmoins, avant d'alerter les voisins de Hugo, @Ames Kensington, @Albane Dumas et @Eleonora Parker . Je ne souhaitais pas être connu comme le loup blanc un peu trop fantasque, même si j'adorais hurler à la pleine lune.

J'acquiesçais lorsque Siham m'indiquait être de Brisbane. J'avais spontanément une pensée pour @Raphael Elly, mon loup dans une toute autre meute, qui était également de cette ville. Je me demandais d'ailleurs ce qu'il faisait en ce moment, peut-être était-il avec @Andrea Welch, sa colocataire plutôt geek que je ne serai pas surpris de croiser en cosplay de louve-garou. Je servais un soda frais à Siham, boisson assez rare dans l'appartement que j'avais dénichée derrière une bouteille de gin de marque "Lone Wolf". “Et toi, t’es français aussi?” Je souris, assez amusé d'avoir éventuellement l'air d'être français. “Non, je suis brésilien. J'ai emménagé à Paris après mes études secondaires, c'est comme ça que j'ai rencontré Hugo, Noor, Jiyeon et Dani et qu'on a formé notre meute !” J'expliquais à Siham. “Mais je suis assez loup solitaire, ou loup errant, si on peut dire. J'ai beaucoup bougé dans ma vie : Angleterre, Espagne, Canada, Etats-Unis, Singapour...” Je citais, songeant à ces rencontres que j'avais faites dans ces pays, comme @Itziar Cortés de Aguilar, @Autumn Galloway et bien sûr @Mila Salvatori, ma louve toute particulière car elle était mon épouse.

Les personnes qui voyageaient impressionnaient toujours Siham. Elle était admirative de cette capacité d’adaptation, cette capacité de passer d’un fuseau horaire à un autre, de comprendre ou tenter de comprendre des langues qui n’étaient pas leur langue maternelle. Découvrir des cultures et savoir les respecter. Elle partait du principe que pour arriver dans un pays qu’on ne connaissait pas, avec une culture totalement différente à la sienne, cela impliquait de se renseigner au préalable. De connaitre les us et coutumes minimum afin de ne heurter personne, de connaitre les mots de bases pour dire bonjour, merci, au revoir. Siham ne comprenait pas qu’on ne donne pas au moins cet effort, arriver dans un commerce et parler sa propre langue, partant du principe que les locaux doivent s’adapter, ça l’énerve vraiment. Elle le voit parfois dans son épicerie, quand des étrangers y entrent et ne parlent pas anglais. Elle reste professionnelle, parce qu’elle n’a pas le choix, mais elle en retour, ne fait aucun effort pour mieux se faire comprendre, pour elle, c’est un pas en avant pour chacun.
Elle pensait le jeune homme français également, mais il lui explique être brésilien et avoir voyagé en France, là où il aurait rencontré Hugo et tous les autres membres de leur meute. Ce groupe qui, il fallait le dire, impressionnait Siham tant ils semblaient être soudés. Elle n’avait pas de groupe d’ami aussi nombreux mais en réalité, elle préférait ses moments en duo, voir en trio avec ceux qu’elle pouvait compter sur les doigts d’une main. Max, son meilleur ami, Angus depuis peu, sur qui elle pouvait compter également. Et Aisling, sa sœur de cœur, un des rare femme à partager sa vie en dehors de sa mère.
Siham remercia le jeune homme pour le soda qu’il avait servi et le regarda se servir un verre de gin. Les yeux rivés sur le loup dessiné sur la bouteille, elle se demandait s’il avait tendance à boire de l’alcool à tout moment de la journée, s’il avait l’habitude de consommer lorsque Dali était là ? Hugo était-il du genre aussi à boire ? Elle savait qu’elle faisait une fixation sur l’alcool et avait tendance à souvent compter les verres et remarquer les habitudes qui pouvaient parfois être abusives des gens qui l’entouraient. Parce que ça la ramenait à son quotidien, celui de son adolescence, quand elle voyait son père descendre des bouteilles, toujours plus de verre, toujours plus de bouteille. Jusqu’à la mort.
La jeune femme descendit son verre d’une traite, remercia Kai pour son hospitalité. Elle prit son fils dans ses bras, refermant le gilet sur son t shirt de petit loup et pouvait rentrer chez elle. « Merci encore, ravie d’avoir écouté des histoires de grand méchant loup. » et pour finir, avant de refermer la porte, elle lâcha un «  ahou » amusée.