All the things we could have been - Chapter #5 @Raelyn Blackwell & Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 29 ans
Cette nuit, durant laquelle nous échangèrent non pas un, mais plusieurs baisers, ma question est sincère et fragile, si bien que j’aurais aimé que Raelyn affirme avec ce panache qui est sien que j’avais raison, qu’ils n’étaient que des détails. Or, elle m’a abandonné dans un flou intégral qui me vaut, depuis notre retour, des élans de culpabilité lorsque je regarde ma fille et un autre, mêlé, celui-là une étrange curiosité, quand mon regard se pose sur ma protégée. Elle vient toujours travailler avec moi dans la ferme de mes parents et, ce qui rend l’exercice du “n’y pense plus, Amos” plus compliqué encore, ne naît pas uniquement de ce que je l’ai sous le nez en permanence, mais qu’il fait de plus en plus chaud sur les Terres australienne. Exit la salopette trop grande. Bonjour les petites robes portées avec des bottes en caoutchouc - à titre d’exemple - ce qui rend l’ensemble si mignon qu’elle en est à croquer. Comment suis-je supposé retirer mon regard sur mon râteau ou autres ustensiles utiles au bon fonctionnement de mon ouvrage ? Comment être discret et ne pas être repéré dans mon voyeurisme alors que le poids de mes œillades attirent le sien ? Comment ne pas m’endormir, en la sachant dans la pièce à côté, sans avoir envie de m’allonger à nouveau à ses côtés parce que j’ai bien dormi, cette nuit-là ? Parce que je me suis senti à ma place, bien plus qu’auprès de Sarah ? Comment ne pas me souvenir de ses baisers avec nostalgie alors que j’ai la sensation qu’ils m’appellent à plus, beaucoup plus et que me raisonner pour ne pas craquer à cette folie - le désir - est un combat au quotidien ? Parfois, je fais l’amour à ma femme pour oublier, mais c’est un placebo éphémère. Alors, aujourd’hui, à table, je leur en veux à toutes les deux de me forcer à retirer mes œillères, à accepter une réalité dont j’ai été témoin : Rae ne laisse pas seulement indifférent des types lambdas d’un bar, mais de tout homme qui gravite autour d’elle, en ce compris mon frère. « Il a demandé si tu voyais quelqu’un. Pas vrai Amos ? » m’a jeté ma femme avec un sourire suant le malsain. Elle attend que je réagisse, que j’encourage la naissance de ce couple, que je livre quelques détails ou que je plaide en faveur de mon cadet. Sauf que je n’ai pas envie. J’ai envie de hurler : “hors de question qu’ils se voient.” et je n’ai pas le droit, pas plus qu’il ne serait légitime de répondre sincèrement à la question suivante : « Je sais pas. Je suis pas sûre. Qu’est ce que t’en penses Amos ? » Celle-ci, c’est le fruit de Raelyn que je dévisage prêt à cracher un : “non”. Non, elle ne trouvera pas le bonheur en sortant. Non, elle n’a pas besoin de se changer les idées si elles sont tournées vers moi. Non, je ne la veux pas ailleurs que dans mon sillage et moins encore si la conclusion pourrait déboucher sur elle, s’en allant, amoureuse et heureuse, au bras de l’un de mes proches ou d’un inconnu. L’un ou l’autre n’adoucirait pas ma…. quoi ? Ma peine ? Ma jalousie ? Je n’arrive toujours pas à définir ce que je ressens tandis que je serre ma fourchette un peu trop fort. «Oui ! Il a demandé si tu voyais quelqu’un, mais parce qu’il ne voit personne et qu’il s’ennuie.» La dernière remarque défalqua de la bouche de Sarah son sourire. Elle m’a même frappé du coude pour que je rattrape ce qu’elle considère comme une bévue. «Donc, si tu t’ennuies, ce qui n’est pas impossible à ton âge, pourquoi pas. C’est à toi de voir, pas à nous.» « Peut-être, mais on peut leur donner un petit coup de pouce. Pourquoi tu n’en toucherais pas un mot à Zach ?» Pourquoi ? “Parce que l’idée m’est répugnante….” ai-je tu, feignant d’être intéressé en haussant des épaules. Ce soir, Sarah et moi aurons une conversation en aparté. C’est quoi ce cinéma ? Pourquoi donne-t-elle du grain à moudre à Raelyn ? « Peut-être parce que c’est pas à nous de décider. Tu en penses quoi, toi, Raelyn ? Tu veux que je lui en touche un mot ? » Si son sourire à elle était rempli de défiance, le mien dissimule à ma femme ce qui est transparent pour Rae : je prie pour qu’elle refuse.
All the things we could have been - Chapter #5 Raelyn Blackwell & @Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
« Zach est vraiment un gentil garçon. Et travailleur en plus. Qu’est ce que tu en penses Raelyn ? » Raelyn en pense qu’elle s’étrangle avec le morceau de viande qu’elle est en train d’avaler. De mémoire, je ne l’ai jamais entendu dire un mot gentil sur le petit dernier de la fratrie Taylor, certainement pas qu’il était travailleur. Alors lorsqu’elle prononce ces quelques mots sortis de nulle part et qu’elle braque son regard sur moi, j’attrape mon verre d’eau, avale deux ou trois grosses gorgées, m’essuie le coin des lèvres de ma serviette avant de relever mes yeux dans sa direction. Elle a l’air satisfaite d'elle-même, et je me demande si elle a conscience de n’être en aucunement subtile ou si, au contraire, elle pense qu’elle a géré la situation d’une main de maître. Un coup d'œil à Amos m’affirme qu’il est aussi surpris que moi et profondément mal à l’aise.
Nous n’avons jamais reparlé de ce - ou plutôt de ces - baisers. Pourtant, j’ai surpris à plusieurs reprises qu’il posait un regard différent. Lorsque je travaille, lorsqu’il pense que je ne fais pas attention, je sens qu’il m’observe parfois et détourne son regard lorsque je pivote dans sa direction. Je lui renvoie à chaque fois un sourire mutin, avant de prétendre n’avoir rien remarqué, mais je me galvanise de l’idée qu’il repense sans cesse à cette soirée passée loin de Kilcoy, à cette nuit où il a dormi dans mes bras.
« Hum, oui. » Je réponds à Sarah d’un ton détaché, mais avec un sourire aussi hypocrite que le sien suspendu aux lèvres. « Tonton Zach c’est le plus drôle ! » La petite Sofia, qui n’a absolument pas conscience de ce qui se trame réellement, s’exclame avec sur les lèvres un immense sourire bien plus vrai que celui de sa mère. A la gamine, je retourne un sourire chaleureux. « Il a demandé si tu voyais quelqu’un. Pas vrai Amos ? » Un air surpris se peint sur mon visage et je pivote la tête en direction du militaire qui à présent semble ne plus savoir où se mettre. Je sais ce que fait Sarah. Je sais que si elle tente de me pousser vers le benjamin de la fratrie Taylor, c’est pour être rassuré quant à la relation que je partage avec son époux. Elle tente de m’éloigner de lui, de me rendre indisponible puisque, Amos me l’a confié lui même, elle me pense amoureuse de lui. « Je crois que ça te ferais du bien de passer une soirée avec lui plutôt que d’être enfermée avec nous tous les soirs. Tu dois t’ennuyer. » Oh non. Sur l’instant, je m’amuse comme une folle. « Tu crois que ça me ferais du bien ? » J’ai du mal à réfréner mon hilarité tant elle respire l’hypocrisie. Mais qu’à cela ne tienne, je lui réponds sur le même ton. « Je sais pas. Je suis pas sûre. Qu’est ce que t’en penses Amos ? » Oh, évidemment que j’ai l’air bien trop fière de moi lorsque je pivote vers le brun et que je lui offre mon plus grand sourire.
the echo of a truth you're not ready to reveal - ft {@=5026}Lawrence Cabbott{/@} (le relou) {#}5{/#}
Octobre 2021. « Non, j’aurais dû me douter de quelque chose. » Il est dur avec lui-même, estimant être un abruti ce mot faisant écho au même que Stacey a utilisé à son encontre dans un élan de colère mais qu’elle ne pensait pas une seule seconde. Pour elle, il n’aurait pas pu se douter de quoi que ce soit, face à cette demi-sœur sortie de nulle part… « Elle m’avait dit que ma demi-sœur ne voulait rien savoir de moi. » Un mensonge quand elle est quand même venue à son encontre en se faisant passer pour quelqu’un d’autre « Pendant tout ce temps, elle travaillait avec mon ex. » Attristée de le voir dans un tel état, la jeune femme vient à frictionner une nouvelle fois le dos de son frère pour tenter de le calmer « Tu ne pouvais pas d’en douter, Law, absolument pas » Cette demi-sœur s’est jouée de lui, avec prio et si Stacey ignore pour le moment son identité, elle sait déjà d’avance qu’elle ne la portera jamais dans son cœur…
« Je ne le sais pas! Le genre d’organisation criminelle qui fait des combats illégaux… » Bien sûr que Stacey sait ce qui se trame dans une organisation criminelle. Elle le sait très bien et sait aussi qu’ils ne se contentent pas juste de faire des combats illégaux. Elle, étant elle-même au sein d'une organisation du même type, sait que cela va bien au-delà. Drogues, blanchiment d’argent, trafic d’armes, escorting… Bref, sa question n’est pas intéressée en réalité, du moins pas pour apprendre ce qui se trame dans un gang mais plus pour savoir ce que son frère sait à ce sujet… et elle constate qu’il n’en sait pas grand-chose et c’est mieux ainsi. « Pour mettre de la pression sur Danika je suppose… » Stacey a son visage qui se tort quand elle prend conscience que Lou utilise son propre neveu pour faire pression sur Danika. Elle pense à Maddox et sent son estomac se nouer quand elle le sait indirectement impliquée dans un gang du fait des choix de sa mère… Et si Stacey pourrait en vouloir à Danika, comme Lawrence doit sûrement lui en vouloir, elle en est incapable. Comment pourrait-t-elle se permettre de lui faire le reproche quand Stacey fait partie du Club depuis quatre ans et qu’elle a, elle aussi, indirectement impliquée Mila dans ce gang, quand elle est ce moyen de pression facilement trouvé si jamais elle faisait un pas de travers ? Elle panique, Stacey, a peur pour son frère, a peur pour son neveu surtout maintenant qu’elle sait que c’est la Ruche qui est impliquée et tout particulièrement Lou Aberline. Mais elle ne peut pas le dire à son frère, il ne lui pardonnerait jamais d’être bien plus au courant de lui, mais surtout, de pas valoir mieux que sa demi-sœur qui s’est jouée de lui. Alors, à défaut d’être franche, Stacey demande à son frère d’être prudent mais le silence qu’il laisse planer ne la rassure pas. C’est pour cette raison qu’elle poursuit en parlant à nouveau de Lou, faisant des suppositions sur sa personnalité quand elle sait bien des choses en réalité sur elle. Le a l’air folle n’est utilisée que pour ne pas montrer qu’elle sait qui elle est et donc éveiller les soupçons sur son frère sur ses propres secrets… « Je suis supposé faire quoi? La laisser leur faire du mal sans lever le petit doigt? Si elle touche à un de leur cheveu… » Stacey a ce mouvement de recul lorsque Lawrence ne termine pas sa phrase. Et effectivement, il n’a pas besoin de la terminer quand elle sait très bien ce qu’il veut dire « Ce n’est pas la solution, Law... » elle parvient à l’obliger à la regarder « Ce n’est pas toi, tu n’es pas comme ça » Il n’est pas un meurtrier, il n’est pas comme celui qui a assassiné de sang froid leurs parents et leur frère. Stacey a peur pour son frère, peur qu’il fasse quelque chose d’irréfléchi et que la situation ne soit bien pire qu’elle ne peut l’être déjà. Alors, elle lui promet qu’ils trouveront une solution pour Danika et lui demande une nouvelle fois d’être prudent, notamment en restant éloigné de Lou. « Elle ne veut pas d’aide, Stace’… elle m’a fait comprendre qu’elle ne ferait rien. Elle va juste finir avec une balle entre les deux yeux comme… » Ses mots lui brisent le cœur, lui font monter les larmes aux yeux, d’autant plus quand il laisse échapper quelques sanglots. Immédiatement, elle vient enlacer à nouveau de ses bras son frère ainé, le serrant tout contre elle, alors qu’elle dépose sa tête sur épaule « Ca n’arrivera pas… » Comment peut-t-elle le savoir après tout, surtout elle qui sait très bien de quoi sont capables les têtes pensantes d’un gang « Law ça n’arrivera pas, tu… tu ne perdras pas Danika. Ça n’arrivera pas une seconde fois… Je te le promets… ». Ils en parlent très peu de ce passé commun, ce passé dont elle n’a que de vagues souvenirs quand son frère, lui, gardera ce traumatisme à vie de cette scène à laquelle il a assisté : l’assassinat de leur mère d’abord, suivi de leur frère ensuite. Un sujet qu’il n’ont réellement abordé qu’une fois lorsqu’ils se sont retrouvés et qui n’est jamais revenu sur le tapis depuis. Elle lâche son emprise doucement, vient à retirer les mains qu’il a toujours sur ses joues pour l’obliger à trouver son regard. De ces doigts, elle rattrape quelques larmes qui s’échappent encore des yeux de son frère. « Tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé, tu m’entends ? » Sa voix est un murmure alors qu’elle pose ses mains de part et d’autres des joues de son frère, alors qu’elle fait référence à ce drame familial qu’ils ont vécu « Je ne te laisserai pas tomber, Law… Quoi que tu décides, je serai là. Mais je t’en supplie, s’il te plait, sois prudent parce que… » Sa gorge se noue alors qu’elle retire ses mains délicatement de son visage avant de reprendre, les larmes dévalant sur ses joues « Parce que je ne veux pas te perdre toi aussi… » il est la seule famille qui lui reste, celle des Campbell s’entend, et elle ne peut imaginer sa vie sans Lawrence. Et en même temps qu’elle prononce ces mots, la culpabilité renait en elle quand elle sait qu’elle risque malgré tout sa vie chaque jour en travaillant pour un gang, et qu’elle pourrait être tout autant celle qui, comme il l’a dit pour Danika, finirait avec une balle entre les deux yeux… Il suffit d’une trahison auprès de Raelyn et Amos, que Mitchell veuille se venger pour ce qu’elle lui a fait ou que cette Lou comprenne que Stacey fait partie du Club, pour que les choses dégénèrent… Les larmes coulent, plus abondamment encore du fait de cette culpabilité grandissante « Je suis désolée… » Il ne comprendra pas pourquoi elle s’excuse réellement, des excuses qui viennent en amont de ce qu’elle sait qu’il finira par découvrir, à moins qu’elle ne parvienne à se dégager de ses obligations avant, ce qui n’est pas envisageable, sans risques, et elle en est consciente.
they say time heals - ft {@=4957}Joy Petterson{/@} {#}5{/#}
4 Octobre 2021. « Comme un retour de vacances, c’est toujours un peu compliqué de reprendre le rythme. » La question est basique presque mécanique et peut-être aussi posée pour donner cette impression qu’elles ne se sont pas vues depuis la veille et que leur relation reste inchangée. Qu’elles sont ses deux amies qu’elles ont toujours été, qu’il n’y a pas eu ce dernier échange tendu après lequel il y a eu ce long silence radio de la part de la brune. Stacey a essayé à plusieurs reprises de la contacter, en vain. Bien sûr, cette disparition soudaine et cette distance surtout qu’elle a maintenu pendant des mois entre elles à chagriner la Gallagher qui s’en est voulue d’avoir blessée Joy à ce point, au point qu’elle ait décidé de quitter Brisbane pendant des mois. Alors, la réaction logique à cette réponse qu’elle lui donne aurait été de lui demander avec curiosité et envie où elle s’est rendue, comment s’était, etc… Mais Stacey s’abstiendra pour le moment de le faire, quand elle ne sait même pas si elle peut encore parler d’amitié avec elle… Alors, à la place, elle s’excuse. « Je n’ai jamais réellement compris pourquoi tu ne t’étais pas confiée sur tes histoires de cœur avec moi. » sûrement parce qu’il n’y avait rien à dire, pas à ce stade quand Max’ et elle ne s’étaient pas revus depuis des mois et qu’elle ignorait tout de son lien avec lui… « Ces vacances m’ont permise de prendre du recul… D’analyser les batailles qui en valaient la peine, et celles qu’il fallait que j’abandonne. » Stacey ne l’interrompt pas, l’écoute avec attention mais aussi avec crainte quand elle ignore si cette rancœur qu’elle semble éprouver à son égard fait partie de la catégorie des batailles qui en valent la peine ou celle qu’elle souhaite abandonner… C’est donc l’appréhension qui prend place et explique donc pourquoi elle ne réagit pas « Je t’apprécie beaucoup Stacey. Tu as été là à une période de ma vie où je me sentais réellement mal. Je me suis confiée à toi comme je ne m’étais jamais confiée à personne… Je pensais que tu me faisais confiance. » Stacey n’a pas touché à quoi que ce soit de son plateau qu’elle a posé devant elle, bien trop concentré sur les dires de, elle l’espère malgré tout, celle qu’elle peut encore qualifier d’amie « Joy, ça n’a rien à voir avec de la confiance ». Et est-ce qu’à cet instant une part de culpabilité se fait ressentir en elle quand elle ne peut que faire la parallèle avec ce secret qu’elle garde bien pour elle depuis des années, autant envers elle, qu’envers sa propre famille ? Certainement… « Je ne t’en ai pas parlé parce qu’il n’y avait rien de concret entre lui et moi… Quand on a nous surpris en train de nous embrasser, cela faisait des mois que nous ne nous étions pas vus lui et moi… Je l’ai d’abord rencontré à une soirée en novembre dernier, avant que nous passions une soirée en décembre où nous nous sommes effectivement embrassés. Mais rien de plus. Et nous nous sommes retrouvés en juin à cette soirée… » Elle marque une pause, son regard sincèrement désolé planté dans celui de son amie « J’ignorais totalement que tu le connaissais ou qu’il y avait quelque chose entre vous… Tu me connais suffisamment pour savoir qu’autrement, je ne me serais jamais permise de faire une chose pareille… Ce n’est pas de moi, Joy… » Et elle espère qu’elle le reconnaitra « Et si cette relation signifiait réellement quelque chose, ou du moins, était devenue plus sérieuse, je n’aurai pas manqué de t’en parler… » mais Stacey reste éternellement seule, parce qu’elle a bien d’autres problèmes qui la préoccupe suffisamment, sans qu’elle s’en rajoute avec le mensonge évident qu’elle devra servir à son futur petit-ami, ce qu’elle préfère éviter…
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Octobre 2021. C’est un frère dans tous ses états qu’elle retrouve, n’ayant pas l’habitude de le voir ainsi et nécessairement, elle ne peut s’empêcher de le consoler en le prenant dans ses bras. Et quand elle sent que son frère vient à déposer sa main sur son bras, comme pour encourage Stacey dans son étreinte, sa gorge se noue davantage, la jeune femme comprenant que quelque chose d’important est arrivé. Quelque chose lié à cette demi-sœur qu’il a rencontré et Stacey tente de savoir quand la rencontre s’est faite « Tantôt… » mais pas seulement « Et en mars… elle était venue me dire que mon géniteur me léguait une grosse somme, en se faisant passer pour une employée du bureau de notaire. » Stacey grimace alors qu’elle continue de frictionner doucement le dos de son frère « Je suis tellement abruti. ». « Ne dis pas ça, Law » elle n’aime pas qu’il se dévalorise de la sorte. Comment aurait-t-il pu savoir que la personne qui se trouvait face à lui pouvait être sa demi-sœur quand celle-ci s’est faite passer pour quelqu’un d’autre ? Même la plus perspicace des personnes aurait très bien pu se faire avoir. En tout cas, Stacey ignore pour le moment son identité mais, une chose est sûre, c’est qu’elle la portera difficilement dans son cœur, surtout quand elle sent qu’au-delà du fait qu’elle se soit jouer de Lawrence en prétendant être quelqu’un d’autre, il y a bien d’autres tracas qu’elle lui apporte…
Danika semble aussi mêler à l’histoire, semble même contrainte par cette demi-sœur et quand Stacey voit son frère aussi inquiet, elle l’interroge alors sur la manière dont Danika est impliquée « Des combats illégaux au bowling… » Ses yeux s’écarquillent et en réalité, elle ne sait pas si c’est davantage le mot combat qui lui vaut cette réaction ou le mot illégaux qui l’alerte peut-être plus. Et elle est loin d’être au bout de ses inquiétudes… « C’est une organisation criminelle et Danika doit… » Si son frère semble avoir besoin de marquer une pause pour reprendre son souffle, Stacey, quant à elle, sent son palpitant s’accélérer et son sang se glacer en entendant parler d’organisation criminelle. Elle prend sur elle pour ne rien montrer à son frère mais dire que Stacey n’est pas en panique à ce moment-là serait mentir « Elle doit rendre visite aux mauvais payeurs… ». Sa main a cessé tout mouvement dans le dos de son frère, elle a même rompu le contact sans même s’en rendre compte alors que son regard vient à trouver le sol et qu’elle s’est figée quelques instants. « Elle travaille pour une organisation criminelle… » ce n’est pas réellement une question, répétant plus les mots de son frère comme pour assimiler l’information et réfléchir à celle-ci. Si elle est certaine que Danika ne fait pas partie du Club – auquel cas elle le saurait depuis bien longtemps – elle a peut-être naïvement espoir que ce ne soit pas de la Ruche dont son frère lui parle. Mais elle est consciente que les deux seuls gangs existants sur Brisbane sont ceux-ci « Quelle genre d’organisation criminelle ? ». Elle fait la naïve, volontairement, cherchant à voir quelles informations son frère a à ce sujet et elle s’en veut de feindre de la sorte avec lui. Stacey tente de savoir pourquoi Danika se retrouve mêlée à tout ça et surtout se retrouve liée à cette demi-sœur qui, visiblement, traîne dans la criminalité « Elles se connaissent depuis longtemps je pense… Je ne sais plus. Plus récemment, ça a un lien avec les dettes que son père lui a laissées… ». Même s’il ne lui dit pas tout dans le détail, Stacey en sait suffisamment pour comprendre que Danika s’est embourbée dans un gang uniquement pour une question financière. Et évidemment que sa situation fait écho à la sienne. Et qu’elle est encore plus grande la culpabilité alors qu’elle peine à regarder son frère à qui elle ment, elle-même, lui donnant un aperçu de sa réaction lorsqu’il finira, tôt ou tard, par apprendre la vérité – parce qu’elle sait que ce jour finira par arriver. « Elle s’appelle Lou Grimes, ça m’étonnerait que tu la connaisses et tu ne manques pas grand-chose. Elle a menacé Danika et Maddox… (…) Je ne peux pas la laisser leur faire du mal… » L’attention de Stacey s’est arrêté au nom de Lou Grimes. Si elle ne connait pas particulièrement Lou Grimes, elle connait en revanche celle qui s’est faite rebaptiser Lou Aberline. Non pas qu’elle est déjà côtoyée cette personne mais son nom a suffisamment résonné entre les quatre murs des anciens locaux du Club pour qu’elle sache qui elle est. Et à ce moment même où son nom passe la barrière des lèvres de son frère, elle est effrayée. Son visage se tort certainement, et même si son frère continue à parler, elle ne l’écoute plus jusqu’à ce que le mot menacé la fasse tourner son regard sur lui « Pourquoi elle les a menacés ? Comment elle peut menacer un enfant ? Son neveu en plus ?! ». Stacey s’emporte alors qu’elle se met à trembler et, s’en rendant compte, elle tente de s’apaiser en joignant ses deux mains « Law, je comprends que tu souhaites les protéger et il y a sûrement des solutions pour faire en sorte que ce soit le cas » intérieurement, elle se dit qu’il n’y a aucune, surtout en connaissant la personnalité de la Aberline, du moins, celui qu’elle a pu déduire du portrait qu’on a pu lui en dépeindre « Mais promets moi d’être prudent d’accord ? » Elle panique intérieurement, se contrôle du mieux qu’elle peut et c’est peut-être pour cette raison qu’elle se saisit des mains de son frère dans chacune des siennes, tout en l’incitant à se pivoter vers elle pour qu’il la regarde « Cette nana a l’air d’être complètement folle… Et le fait qu’elle fasse partie de ce milieu, et qu’elle soit capable de menacer Danika et surtout Maddox… je t’en supplie Law, promets moi que tu ne te mettras pas dans des beaux draps ? Promets-moi de rester éloigné de tout ça ? ». Elle le supplie, ses yeux s’embuant quand elle sait bien trop ce que cela implique « On trouvera une solution pour Danika, il doit forcément avoir une solution, d’accord ? » Stacey resserre davantage ses mains dans celle de son frère, peut-être pour éviter à celle-ci de trembler « Mais s’il te plait, sois prudent. Et surtout ne va pas retrouver cette Lou ». tu ignores totalement qui elle est, Law ne pourra-t-elle jamais lui dire…
Début janvier 2022. « Je sais pas Zoya. J’en sais rien. Je te connais pas. Comment je peux te croire quand j’ai aucune preuve de ça ? ». Il a raison, il n’a pas fait partie de leurs vies pendant ces dix derniers mois, il ignore comment elle a pu se comporter avec leur fille, et ne peut que se contenter de la croire sur paroles. Mais cette confiance est bafouée quand elle l’a laissé à l’écart et ne l’a pas inclus dans leur vie et quand, tout simplement, ils ne se connaissent pas. Elle l’a tenu à l’écart du fait de ces préjugés qu’elle peut avoir à son égard, celui d’un acteur qui a mauvaise réputation dans les magazines à scandales et parce qu’elle garde l’image du Freddy Mulligan odieux qu’elle a confronté en janvier dernier, prête pourtant à passer aux aveux sur sa paternité. « Quand la seule chose que je sais de toi c’est que tu m’as caché que t’étais enceinte et que tu m’as laissé ta gamine dans les bras comme si elle était rien ? Tu me juges sur tout ce que tu vois de moi des médias et bah moi je te juge sur les deux trucs que tu m’as montrés ». Ils s’arrêtent tout deux à leurs préjugés, ne cherchent pas à aller au-delà et c’est ce qui rend la tâche si difficile. Celle où l’un des deux acceptera de baisser les armes, acceptera de faire des concessions et d’écouter l’autre pour peut-être trouver une solution qui satisfera tout le monde. Mais le dialogue semble impossible entre eux deux, entre deux bornés qui cherchent à tout prix à avoir le dernier mot. Zoya laisse échapper un soupir alors qu’elle ne sait que lui répondre quand il a juste… raison.
« J’suis pas prêt à être père. J’ai jamais voulu l’être putain. Tu crois que je sais pas qu’une gamine mérite mieux que moi comme père ? ». Les mots la frappent alors qu’elle est désormais postée devant lui et elle a ce mouvement de recul léger, ses sourcils se fronçant face à l’affirmation « Que je serais un père pitoyable ». Ce n’est pas elle qui le lui dit cette fois quand pourtant c’est l’opinion qu’elle a encore aujourd’hui sur lui et qui l’a poussé aux mensonges à son égard. Ses mots n’ont rien de rassurant d’ailleurs, et lui font davantage regretter ce choix stupide qu’elle a fait un mois plus tôt, celui de croire qu’il serait mieux qu’elle pour s’occuper de leur fille. « Tu m’as pas laissé le choix putain. Tu lui as pas laissé le choix ». Elle baisse le regard, honteuse, consciente qu’elle n’a laissé le choix à personne alors qu’elle a décidé de son propre chef. Finalement, elle est seule coupable de cette situation et c’est peut-être pour ça qu’elle ne parvient pas à ressentir de la colère alors qu’il l’accuse de tous les maux, les siens mais aussi celui de leur fille…
« Elle mérite pas ça ». C’est son estomac qui se noue davantage face à la véracité des propos de Freddy. Il a raison, terriblement raison, elle le sait déjà suffisamment Zoya, Chloe ne mérite pas une mère comme elle, tout comme elle ne mérite pas un père comme Freddy qui est loin d’être un exemple parfait dans cette catégorie. Ils ne sont pas faits pour ce rôle, ils ne valent pas mieux autant l’un que l’autre et le constat est frappant. Ils font preuve d’une telle immaturité et d’un égoïsme tel que Chloe mérite clairement des parents bien mieux qu’eux deux. Surtout qu’ils prouvent qu’ils sont incapables de s’entendre et lui font subir leurs choix quand elle n’a strictement rien demandé. Lui en la privant de sa mère, et elle en l’ayant abandonné lâchement, et ça a plusieurs reprises… C’est une Zoya qui baisse alors le regard face à ce constat qu’il fait et qu’elle ne peut contredire, la tristesse s’emparant d’elle alors que son cœur se serre davantage.
« Tu m’as pas laissé le choix et maintenant elle a presque un an et je peux pas la laisser tu comprends ça ? ». Zoya relève le regard alors qu’elle détecte dans les mots du Mulligan un attachement à Chloe. A leur fille. Et peut-être que cela la rassure quelque part parce que si lui peut lui reprocher ignorer comment elle peut être dans son rôle de mère, en la tenant éloigné de sa fille et surtout en ne lui donnant pas de nouvelles à son propos, elle ne peut savoir comment il est, lui, dans son rôle de père. Alors, elle aussi doit se contenter de le croire sur parole. Mais, ce qui la frappe davantage c’est ses yeux humides et ses larmes qu’il tente de camoufler. Il est bien trop toucher par tout ça et Zoya s’en rend compte, même si elle n’en saisit pas les raisons. Et c’est peut-être ce qui marquera le début d’un apaisement de son côté en tout cas, car le voir ainsi la touche malgré tout. « Parce que ça fait trois semaines que j’ai qu’une envie prendre un avion et me casser à l’autre bout du monde, faire la fête jusqu’à ce que j’oublie que je vais être lié à toi et à cette gamine pour le reste de ma vie ! ». Ils sont similaires. Le constat est probant à cet instant par les mots qu’il prononce et c’est tout ce que Zoya retient, bien qu’il exprime clairement ne pas vouloir être rattaché à elle et Chloe… « Je sais ce que c’est Freddy… » laisse-t-elle alors échapper dans un murmure, sur un ton qui se veut calme, son regard planté dans le sien. Elle est passée par là, par cette sensation, plus d’une fois et il le sait très bien puisqu’elle est passée à l’acte quand, lui, ne l’a pas fait… pas encore tout du moins « Je peux pas la laisser peu importe à quel point j’ai envie de me barrer à l’autre bout du monde Zoya ! ». Elle acquiesce alors que des larmes perlent à son tour sur ses joues, comprenant plus que quiconque ce qu’il peut ressentir. « J’ai cru que c’était la meilleure solution… » avoue-t-elle alors, honteuse « Mais je me suis trompée, Freddy. Je me suis plantée, royalement ». Passer aux aveux lui coûte, beaucoup, alors qu’elle s’approche de lui « C’est la pire erreur que j’ai pu faire… Elle me manque… Elle me manque cruellement ». Son sourire, son regard d’un bleu perçant que lui rappelle Freddy à cet instant alors que leurs regards se croisent et qui lui fait ressentir un pincement de plus au cœur. Ses gazouillis et même ses pleurs lui manquent quand l’absence se fait bien trop ressentir depuis qu’elle est revenue, un quotidien qui n’a plus la même saveur sans elle. Les larmes se font plus nombreuses, elle étouffe difficilement ses sanglots et pourtant poursuit « Je ne te demande pas de la laisser, Freddy… » La pause est nécessaire pour reprendre le dessus et se calmer, après un profond soupir « Je te demande de me laisser reprendre ma place de mère… ». Elle le supplie alors qu’à nouveau elle trouve le courage d’affronter son regard « Et je te promets que je ne te laisserai plus à l’écart … tu fais partie de sa vie désormais… Tu as sa place auprès d’elle… ». Elle marque une pause supplémentaire « Elle a besoin de nous deux… », plus que jamais et surement qu’ils ont besoin aussi de s’épauler l’un l’autre, mais le reconnaitre serait déjà un grand pas pour eux qui ne pense même pas à cette nécessité.
Zoya ne lâche pas le regard de Freddy, espérant que ses mots vont lui faire entendre raison, quand elle a l’impression que le sol se dérobe sous ses pieds, tant elle ne supporte plus l’absence de sa fille dans sa vie. « Je t’en supplie, Freddy… Laisse-moi retrouver Chloe… ». Son regard est suppliant tout comme le ton qu’elle emprunte, alors que les larmes reviennent à la charge.
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4 Octobre 2021. « Stacey, tu savais que le docteur Petterson revenait aujourd’hui ? ». La jeune femme est un peu prise de cours par sa collègue qui semble curieuse d’en apprendre davantage. Stacey fronce les sourcils en trouvant le regard de sa collègue alors qu’elle prend place à ses côtés, face à son ordinateur, comme tous les jours. Les mêmes gestes se répètent, allumant son poste de travail, regardant les derniers dossiers arrivaient et jetant un coup d’œil à la salle d’attente déjà bien remplie. Elle dépose sa tasse de café à côté de son clavier alors que sa collègue poursuit « Toi qui est amie avec elle, tu sais pourquoi elle s’est absentée aussi longtemps ? ». Stacey soupire ; Oui et non, pourrait-t-elle répondre. Mais elle n’a pas envie de faire dans les commérages. Elle n’en a pas le temps, ni l’énergie. Alors, elle préfère donner une réponse banale, une qui marchera à coup sûr, et ne lui laissera pas penser que Joy et elle sont en froid depuis tout ce temps « Pour des raisons qui lui sont propres, Karen. Mais oui, je sais qu’elle est revenue ».Fin de la discussion, Stacey appelle un premier patient pour l’enregistrer dans la base de données, même si son palpitant s’accélère. Parce qu’elle ignorait que Joy était de retour et vu leur dernier échange, elle appréhende quelque peu de se retrouver face à elle, ignorant si celle-ci est passée à autre chose ou non.
A la pause du déjeuner, Stacey se dirige vers la cafétaria de l’hôpital. Lawrence aurait dû se joindre à elle mais appelé pour un problème à l’étage, il s’est excusé et s’est volatilisé aussi vite qu’il est arrivé. La jeune femme prend donc de quoi se restaurer, et lorsqu’elle se retourne pour trouver une place pour s’installer, elle tombe nez à nez avec Joy. Du moins, leurs regards se croisent et Stacey reste stoïque quelques instants. Elle sent ce regard lourd qu’elle lui porte, elle ne sait pas si elle est parvenue à passer à autre chose ou lui en veut toujours de cette histoire qu’elle a pu avoir avec Maxence. Il y a ce moment d’hésitation celui où elle se demande si elle ne devrait pas prendre son courage par deux mains et s’avancer vers elle. Mais, sûrement par crainte de se faire rejeter comme au mois de juin, Stacey choisit de tourner les talons. « Salut Stacey ». Et se fige à nouveau. De dos, elle met un certain temps avant de se pivoter avant de faire face à nouveau à Joy « Salut Joy ». Le sourire qu’elle présente sur son visage est peu assuré, et pourtant, il est sincère. Parce qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’elle fasse le premier pas. « Je peux me joindre à toi ? » lui demande-t-elle alors, attendant que son amie acquiesce avant de prendre place.
Il y a ce petit moment de latence, celui durant lequel Stacey réfléchit par où commencer. Alors, c’est peut-être sûrement pour cette raison qu’elle commence par une question des plus banales « Comment tu vas ? ». Sa demande est peu assurée là encore, et comme elle ne souhaite pas faire non plus comme si rien n’était, elle ajoute « Je suis contente de voir que tu es revenue… ». Tu m’as manqué, aurait-t-elle ajouté en temps normal, mais elle s’abstiendra pour le moment d’en faire la remarque alors qu’elles sont encore en froid. « Et encore une fois, je suis désolée Joy… ».
the echo of a truth you're not ready to reveal - ft {@=5026}Lawrence Cabbott{/@} (le relou) {#}5{/#}
Octobre 2021. Sa position est suffisante pour qu’elle comprenne que quelque chose ne va pas. Il a le dos voûté, les traits du visage tirés par un mélange de fatigue, de colère et d’inquiétude et la réaction de sa sœur est immédiate. Stacey s’empresse de s’installer à ses côtés, d’avoir ce geste qui se veut réconfortant, pour lui signifier qu’elle est présente et qu’il peut lui parler s’il en ressent le besoin. Parce que ce n'est pas de Lawrence. Ce n’est pas de Law’ de flancher à un point où il se montre autant vulnérable. Elle est toujours la première qu’il appelle au moindre tracas parce qu’elle a cette façon particulière de l’apaiser. Elle est la sagesse, celle qui ne réagit pas au quart de tour à la moindre contrariété, alors qu’il agit bien souvent sans réfléchir. Impulsif, colérique, franc, bien trop parfois au point de blesser, Stacey est consciente du caractère de son frère, quand ils sont l’opposé l’un de l’autre. Pourtant, ils sont bel et bien liés par le sang, et bien qu’ils aient été séparés très jeune suite au décès de leurs parents, ils ont réussi à renouer une relation fraternelle forte. C’est pour cette raison que Law n’hésite pas à appeler Stacey dès qu’il a besoin de retrouver son calme, dès l’instant où il sent qu’il pourrait vriller. Et sans qu’il ait besoin de le dire, Stacey comprend que c’est pour cette raison qu’il l’a contacté plus tôt. Quelque chose ne va pas, quelque chose qui semble suffisamment grave pour qu’il s’effondre… littéralement. Parce qu’après cette friction dans le dos et après qu’elle lui ait demandé ce qui s’était passé, il fond en larmes. La panique se saisit alors de Stacey qui imagine le pire. Danika est sorti d’un pas rapide, la mine tout aussi fermée et triste quelques minutes auparavant… Elle imagine le pire jusqu’à penser à Maddox, son neveu, à qui quelque chose de grave a pu arriver. Elle frictionne davantage le dos de son frère et vient à poser sa tête contre son bras alors qu’elle l’encercle du mieux qu’elle peut du sien pour l’étreindre, laissant le silence s’installer. « Je suis là, Law’ » murmure-t-elle alors qu’elle retient ses larmes difficilement. Elle n’a pas pour habitude de le voir ainsi, ça n’arrive jamais même et elle se sent subitement démunie…
« J’ai rencontré mon autre demi-sœur… ». Stacey se recule peu à peu quand elle sent qu’il reprend le dessus, son regard ne quittant pas son visage alors que lui ne la regarde pas « Quand ? » demande-t-elle assez instinctivement, posément, bien que là ne soit pas vraiment la question. « C’est quelqu’un de dangereux. Elle oblige Danika à faire des choses pour elle ». Des milliers de questions viennent envahir les pensées de Stacey qui reste pour le moment silencieuse, préférant ne pas interrompre son frère dans ses explications, bien qu’elle n’en saisisse pas tous les contours, ces dernières bien trop vagues « J’ai peur. Je ne peux pas la perdre elle aussi Stace’… ». Immédiatement, le fait que son frère puisse lui dire qu’il est effrayé amène Stacey à recommencer ses frictions, tout en adoptant un air encore plus inquiet qu’elle ne pouvait l’avoir jusqu’à maintenant alors qu’il avoue craindre pour la sécurité de Danika. « Dan ne va rien faire pour partir de cet endroit. Je ne sais pas quoi faire… » Elle sent la détresse dans sa voix, dans ses mots et la première chose qu’elle répond est un « Ça va aller… », qui vient naturellement parce qu’il est automatique, comme le quand prononcé quelques secondes plus tôt. En réalité, elle n’en sait rien car elle ne sait pas dans quoi Danika s’est embourbée et qu’elle ignore également l’identité de cette demi-sœur dont il lui parle. Stacey tente alors d’en savoir davantage après avoir laissé un mince silence s’installer. « Qu’est-ce qu’elle l’oblige à faire ? ». C’est sur un ton qui se veut calme et prudent qu’elle l’interroge. Prudent car elle ne veut pas brusquer son frère avec ses questions pourtant nombreuses dans sa tête mais aussi parce que le fait qu’il lui parle de danger l’inquiète davantage, comme si elle sentait que cette histoire qu’il s’apprête à lui raconter allait faire écho à ce secret qu’elle garde depuis des années. « Et pourquoi Danika est-elle liée à elle ? » Et comment, surtout. Stacey vient à attraper alors la main de son frère, l’incitant de la sorte à trouver son regard et pose la question, inévitable… « Qui est-t'elle, Law ? ». Et si Stacey a besoin de savoir, elle ignore qu’elle n’est définitivement pas prête à en entendre la réponse…
Début janvier 2022. « J’aurais jamais abandonné un gosse ». Ce sont les mots qu’il ne cesse de lui balancer, le reproche qu’il ne cesse de lui faire à chacune de leur rencontre, comme s’il devenait le porte-parole de Chloe, qui n’est pas en âge de s’exprimer pour lui reprocher son acte : l’abandon. Parce qu’elle peut dire tout ce qu’elle veut Zoya, c’était quand même ça le plan… Elle a juste ouvert les yeux en passant trois semaines loin d’elle. Elle s’est rendue compte qu’elle lui manquait, elle s’est rendue compte que même loin de Brisbane et de leur quotidien, ce petit être créait un vide immense en elle, par son absence. Une absence qui n’était évidemment pas du fait de la petite, mais uniquement de celui de la photographe. Si ce manque ne s’était pas fait ressentir, elle n’aurait surement jamais fait marche arrière et ne serait pas là, assise sur un banc, à côté d’un Freddy qui semble contenir sa colère pour qu’ils parviennent à échanger quelques mots aujourd’hui, même si le reproche est toujours présent, cinglant et cruel dans ses mots. Elle reste stoïque d’ailleurs, ne répond rien quand elle ne peut nier mais est incapable aussi d’approuver et de lui dire qu’il a raison. Non pas parce que sa fierté serait entachée, mais parce qu’elle a honte. Honte de prononcer les mots à voix haute, honte de dire qu’elle a cherché à abandonner sa fille sans un regard en arrière…
« Mieux vaut tard que jamais hein comme on dit ? ». Il s’est levé du banc, Zoya le suit du regard parce qu’elle craint qu’il puisse partir à nouveau et que toutes chances de revoir sa fille, de le convaincre de lui laisser même ne serait-ce que l’étreindre quelques secondes contre elle, s’envole à nouveau. Et même si la phrase pourrait être rassurante - quand il semble presque la pardonner sur le fait qu’elle ne lui ai jamais parlé de sa paternité avant ce début de mois de décembre où elle a pris la pire décision de sa vie – elle ressent aussi une certaine ironie qui ne l’aide pas à s’apaiser. Mais en réalité, Zoya s’en fiche qu’il puisse lui reprocher encore et encore de ne pas lui avoir laisser l’opportunité d’être dans la vie de sa fille. Parce qu’elle sait qu’il lui reprochera sûrement toute sa vie, et qu'elle a beau justifier par tous les moyens les raisons qui l’ont poussé à le laisser dans l’ignorance, il ne voudra rien attendre. Pourtant, elle se raccroche à ces quelques mots qu’il prononce, acquiesce doucement d’un signe de tête alors que son regard est triste lorsqu’elle trouve le sien.
Elle se justifie. Elle justifie son choix, celui de lui avoir laissé leur fille malgré toutes les réticences qu’elle pouvait avoir – et qu’elle a toujours - à son égard. Au point d’avouer la faible estime d’elle-même, le manque total de confiance qu’elle a pu ressentir ces derniers mois sur sa propre personne, au point où elle a pris cette décision en pensant que Freddy serait sûrement plus apte qu’elle dans ce rôle de parent… « Ça justifiera jamais de l’avoir laissée » « Je LE SAIS, Freddy ! Arrête de me le répéter ! ». Elle ne peut s’empêcher de réagir cette fois alors que les larmes roulent sur ses joues et qu’un certain énervement se manifeste en elle. Zoya s’en veut suffisamment sans qu’elle n’entende encore et encore les mêmes mots qui soulignent cet acte de lâcheté dont elle a fait preuve. « Tu sais ce que je pense ? Je pense justement que tu aurais pu la laisser à des gens sur qui tu pouvais compter les yeux fermés. T’as pas pensé à elle. Me fait pas croire que t’as pensé à moi, t’avais aucune intention de me le dire. Tu lui aurais dit quoi dans dix ans quand elle aurait demandé qui est son père hein ? Donc va pas me faire croire que t’as pensé à moi sinon tu me l’aurais dit quand t’as appris que t’étais enceinte. Et si t’avais pensé à elle, putain, si t’avais pensé à elle tu l’aurais pas laissé dans les bras d’un mec que tu ne connais même pas sous prétexte que c’est mieux pour elle. T’as pas pensé à elle Zoya. T’as pensé qu’à toi, à toi et ta petite personne. Je me prétends pas père putain j’ai jamais voulu l’être, mais je sais que toi t’as rien d’une mère ». Elle se prend en pleine figure une vague de colère, des paroles d’une véracité sans pareille, quand il a simplement raison… La laisser à ses proches aurait pu être la solution de repli, mais elle les a bien trop sollicités. Elle n’a pas voulu les alarmer, elle n’a pas voulu avouer qu’elle n’allait pas bien et à préférer fuir. Et Freddy l’a très bien compris et c’est sûrement ce qui l’agace le plus quand il ne la connaît pas. Ils ne se connaissent pas, l’unique discussion qu’ils ont pu avoir avant de se glisser ensemble dans les mêmes draps a été superficielle et inintéressante, au point qu’il n’a pu deviner la personne qu’elle était. Alors, ça l’énerve Zoya, évidemment, d’entendre un type qui n’est qu’un inconnu à ses yeux, un type dont elle ne connaît que le portrait qui est dépeint de lui dans les magazines et qui ne peut prétendre la connaître elle en retour lui balancer des vérités que seul des proches de Zoya seraient capable de lui dire. Des vérités pourtant qu’elle n’a pas entendu de la bouche de ceux qui sont au courant de ce qui se trame actuellement, alors qu’elle a perdu sa fille. Elle se lève à son tour, parce qu’elle n’aime pas cet ascendant qu’il prend soudainement sur elle « Tu ne sais strictement rien sur mes capacités à l’être, Freddy. Tu me juges uniquement suite à cette stupide décision que j’ai prise en te la laissant et en l’abandonnant dans tes bras », le mot passe pour la première fois la barrière de ses lèvres et elle ne semble même pas s’en rendre compte « Mais tu n’as pas été là ces derniers mois, dans NOTRE quotidien, pour voir comment j’étais avec elle. Je n’ai pas été qu’une mauvaise mère, je lui ai offert tout l’amour que j’avais à lui offrir, je l’ai cajolé plus d’une fois la nuit alors qu’elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. J’ai accouru plus d’une fois chez le médecin dès l’instant où je sentais qu’elle souffrait. Elle n’a jamais manqué de rien, je ne l’ai jamais laissé dans un coin, même dans les pires moments où je ne savais plus comment la calmer et que j’étais à bout. Alors oui, j’ai fui le temps d’une soirée, d’une nuit ou plus car j’ai ressenti le besoin de souffler. Crois-moi que mes proches n’ont pas manqué de me le reprocher et que je m’en veux de les avoir déçus, que je m’en veux encore de le faire quand je suis incapable de leur dire que le PUTAIN de père de Chloe refuse de me la rendre ». Elle s’est approchée alors qu’elle pointe son index sur lui, sans pour autant le toucher « Si tu peux me reprocher cette décision et le fait d’avoir fui, je t’interdis pour autant de juger ma capacité à être mère ! ». Son regard s’est planté dans le sien, peinant à retrouver son souffle, guettant cependant les alentours espérant que personne ne puisse entendre leur échange avant d’ajouter « Et toi qu’est-ce que tu vas dire à Chloe quand tu la prive désormais de retrouver sa mère, hein ? ». Elle le défie du regard, scrute celui-ci comme si elle pouvait y entrevoir une ébauche de sa réponse.
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Octobre 2021. Elle est parvenue à avoir sa soirée de libre, évitant ainsi d’aller au Casino ce soir. Et Stacey compte bien profiter de cette soirée de répit pour la passer avec Mila et Lawrence. Enfin, Mila, jusqu’à ce que cette dernière décline l’invitation – si on peut parler d’invitation quand ça se déroule dans sa propre maison, nevermind – ayant d’autres plans avec une amie à elle. Cela ne coupe pas Stacey dans son élan lorsqu’elle sort de l’hôpital pour se diriger vers le Woolworths le plus proche afin de faire quelques petites courses. C’est principalement de quoi grignoter devant la télé, car elle sait qu’autant elle que Lawrence choisira cette solution de facilité plutôt que de passer derrière les fourneaux. Cela dit, elle n’oublie pas de prendre les ingrédients nécessaires pour qu’il lui fasse ses fameux moelleux au chocolat. Et même si Stacey s’attend à ce qu’il rechigne, elle sait aussi quel argument elle utilisera contre lui pour le motiver à lui concocter ses gâteaux préférés. Un peu de compétition avec Alec, dont Law’ boude chacun de ses mets qu’elle peut ramener du Casino, en prétextant qu’ils sont meilleurs que les siens et c’est certain qu’il y mettra du cœur à l’ouvrage. Et d’ailleurs, en parlant du loup(sorry pour le jeu de mots), c’est en attendant en caisse que Stacey se rend compte que son frère a essayé de la joindre. Elle n’a pas entendu celui-ci sonner quelques minutes plus tôt, absorbée à se frayer un chemin parmi la foule déjà bien présente à cette heure de pointe, et aussi parce que son cellulaire était sur silencieux. Elle s’empresse donc de le rappeler, se demandant tout de même pour quelle raison il a pu la joindre, espérant qu’il ne décline pas, à son tour, cette soirée chill devant la télé qu’elle a prévue. Etonnamment, elle tombe directement sur le répondeur, tente une deuxième fois et comme c’est son tour de passer en caisse, abandonne l’idée, surtout que sa prochaine destination sera la maison, où il s’y trouve très certainement.
Stacey arrive chez elle après une bonne vingtaine de minutes. Elle remarque la présence de la voiture de Law’ garée dans l’allée mais aussi celle qu’elle se souvient être celle de Danika. Son sourcil s’arque naturellement alors qu’elle décharge les deux sacs de course de son coffre. Les suppositions vont bon train dans sa tête, liées à l’appel que son frère lui a passé une demi-heure plus tôt. Et alors qu’elle arrive presque à la porte d’entrée, celle-ci s’ouvre subitement, tombant face à une Danika qui semble chambouler. Prise au dépourvue, Stacey lance alors naturellement un « Bonsoir, Dan’ » auquel cette dernière répond par un sourire poli avant de poursuivre son chemin jusqu’à sa voiture et démarrer aussitôt. Stacey, intriguée, s’empresse alors de rentrer dans la maison, bien silencieuse, les lumières encore éteintes alors que l’obscurité prend place peu à peu à l’extérieur. « Law ? » appelle-t-elle une première fois, alors qu’elle arrive dans le living room et dépose sur le comptoir de la cuisine les sacs de courses. « Law’ tu es… » elle s’interrompt quand elle aperçoit son frère sur la terrasse, assise sur les marches de celle-ci. Il a le dos tourné mais a dû très certainement l’entendre. Elle s’approche alors à pas feutrés pour le rejoindre, son air inquiet ayant pris place sur ses traits. Arrivée à sa hauteur, elle pose son regard sur lui et voyant sa position et ses traits marqués, elle s’assoit immédiatement à ses côtés, posant sa main sur son épaule « Qu’est-ce qui s’est passé Law ? ». Elle l’encourage alors en venant trouver son regard, sa main frictionnant doucement son dos. Elle sait qu’il y a quelque chose qui ne va pas, et elle a très bien remarqué l’air attristé de Danika, et son sourire terne qu’elle lui a lancé en sortant de la maison. Elle suppose qu’ils se sont peut-être disputés à nouveau, et est bien loin d’imaginer ce qu’il s’apprête à lui confesser…
Début janvier 2022. « Pas là ». Et la réponse n’est même pas nécessaire parce qu’elle s’en rend compte bien trop vite. En le voyant, elle a eu l’espoir de l’entrevoir dans sa poussette, assoupie. Voir son petit minois qui lui manque tant, voir à quel point elle a dû grandir alors que cela fait un mois qu’elle ne l’a plus vu. Et que le constat lui déchire un peu plus le cœur quand elle se dit qu’elle a manqué un mois de la vie de sa fille, surtout à cette période là où elle grandit bien trop vite. Dans un peu plus d’un mois, Chloe aura un an, et elle espère que Freddy aura, d’ici là, retrouver la raison. Et, pour le moment, Zoya en doute fortement quand elle voit comment il se comporte avec elle, même s’il a cette tasse de café comme offrande ou elle ne sait quel signe temporaire de paix à son égard. « C’est ça et je me suis dit que ça passerait mieux avec un café, parait que c’est cicatrisant ». Il veut lui parler et pourtant il est mauvais avec elle. Il a cette remarque désobligeante, cette ironie qui lui est propre, le faisant passer pour un mec qui n’a pas de cœur. Pour elle d’ailleurs, il n’en a pas, parce qu’il n’hésite pas à lui faire du mal, encore et encore, par son comportement et par ses dires. Il est la pire personne à ses yeux, il est la pire personne à qui elle a pu confier sa fille, bien qu’il en soit le père. Elle le regrette, a cru bien faire, et quand elle le voit ainsi, devant elle, cinglant dans ses paroles, Zoya ne peut que s’en mordre les doigts. Elle se mord la langue pour ne pas répliquer sur le même ton, elle s’abstient fortement parce qu’elle se dit qu’elle perdra alors toute chance d’une quelconque discussion qu’il accepte de lui offrir. Alors, elle accepte de lui parler, après avoir pris une profonde inspiration pour ne pas lui coller sa main dans sa tronche.
Ils prennent place sur un banc, un peu éloigné du lieu du tournage où tout le monde profite de la pause pour se restaurer ou boire un café. Ils sont à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes qui pourraient potentiellement trainer pour écouter leur conversation. « Elle va bien. Elle ne manque de rien ». Zoya pivote sa tête vers Freddy alors qu’il la rassure à propos de Chloe. Elle va bien… C’est tout ce dont elle a besoin d’entendre, c’est tout ce qu’elle lui demandait parfois à travers les nombreux messages qu’elle a pu lui envoyer. Qu’il la rassure en lui disant qu’elle allait bien. Les mots font du bien à entendre parce que Zoya ne supporterait pas apprendre qu’elle aille mal et que le manque de sa mère se fasse ressentir alors qu’elle la laissait dans les bras d’un étranger. C’est tout ce qu’elle recherchait lorsqu’elle lui a laissé, c’est tout ce qui lui importait, qu’elle soit bien. Mais ce n’est plus suffisant désormais, quand le manque de sa fille se fait ressentir et que la photographe s’est rendue compte que cette décision qu’elle pensait être la meilleure pour sa fille était, en réalité, la plus stupide. La jeune femme se retient d’en demander davantage, préférant se contenter d’acquiescer bien que l’acteur n’ait pas trouvé son regard. « Tu me connaissais pas. Je veux dire, pourquoi t’as attendu janvier pour tenter de m’en parler Zoya ? ». Elle comprend alors qu’il a besoin qu’elle lui donne des réponses, notamment sur le fait qu’elle attendait leur enfant, le laissant dans l’ignorance de sa paternité. Un soupir s’échappe d’entre les lèvres de la jeune femme, alors que son regard se porte devant elle « Parce que je me suis fiée à cette image qui te colle à la peau, celui de coureur de jupons, de mec qui termine dans un état second à chacune des soirées mondaines à laquelle il assiste, à cette image pas toujours glorifiante qui t’es attribué dans les journaux ». Elle ne lui apprend rien, il la connait bien cette image, par cœur même, puisque, qu’il le veuille ou non, c’est lui qui se la donne « Et de ce fait, je me suis dit que je ne pourrais pas compter sur toi pour être présent pour notre fille. Alors ça ne servait à rien que je te le dise… ». Elle est honnête, lui donne la raison qui l’a poussé à ne rien lui avouer pendant tout ce temps, jusqu’à ce début de mois de décembre « Si je méritais pas de savoir pourquoi c’est à moi que tu l’as abandonné ? ». Elle n’aime pas qu’il utilise le mot abandonner, qu’il semble aimer lui balancer encore et encore à la figure mais ne s’y attarde pas, prenant à nouveau sur elle « Parce que j’estimais qu’elle devait être avec un de ses deux parents, même si, dans mon entourage, je ne manque pas de personnes à qui je pouvais la confier les yeux fermés » Trent, ses parents, Deklan, Cameron… « J’ai pensé à elle. Même si j’ai mes réserves à ton sujet, je me suis dit qu’elle ne méritait pas d’être privé de son père… qu’elle méritait de te connaitre… ». Elle marque une pause « Et j’ai pensé aussi à toi, à ton droit de la connaitre… et d’avoir tes chances en tant que parents avec Chloe… ». Il peinera sûrement à la croire, mais elle est sincère quand elle dit ça. Et ce qui va suivre lui est compliqué à confesser alors qu’elle déglutit difficilement, incapable de regarder Freddy dans les blancs des yeux « J’en suis arrivée à un point où j’ai estimé que tu serais mieux que moi, parce qu’à ce moment-là, je pensais être la pire personne qu’il soit ». Elle se retient de ne pas craquer, ne cherche pas à ce qu’il ait pitié d’elle, et se doute qu’il n’aura aucun scrupule envers elle pour autant. Mais puisqu’il est venu chercher des explications, c’est ce qu’elle décide de faire en jouant la carte de l’honnêteté. Tant pis s’il ne la croit pas, tant pis s’il lui rit au nez. Il ne pourra pas lui reprocher de mentir. Une larme s’échappe le long de sa joue, qu’elle rattrape aussitôt de sa main qu’elle passe sur le visage, le regard toujours sur l’horizon.
Début janvier 2022. Zoya se trouve là par défaut quand elle préférerait être cloîtrée chez elle après cette énorme erreur qu’elle a pu faire. Cette décision qu’elle a prise un mois plus tôt - ces jours qu’elle ne manque pas de barrer à l’encre rouge, tel un prisonnier dans sa cellule - en laissant Chloe dans les bras de son père qui, jusqu’alors, ignorait sa paternité. Elle a cru faire ça pour le bien de sa fille mais voilà qu’elle regrette amèrement son choix quand le dit-père, répondant au doux nom de Freddy Mulligan, semble s’être trouvé une nouvelle vocation en plus de celle qui est déjà sienne, c’est-à-dire être un piètre acteur. Zoya s’en veut de lui avoir confié leur fille, elle s’en veut même d’avoir effleuré ses lèvres ce soir de mai un an et demi plus tôt, quand il est parvenu à la faire tomber enceinte alors qu’elle n’était pas censée avoir d’enfants. Pourtant, ce dernier regret n’est ressenti que dans les instants où la colère voire la haine prend possession d’elle, parce qu’elle ne regrette pas, pour autant, la naissance de sa fille… Elle regrette juste l’identité du père, aurait préféré que ce soit un autre plutôt que lui. Et même si elle est lamentable dans son rôle de mère, même si depuis la naissance de la petite, elle est incapable d’être à la hauteur, fuit ses responsabilités et estime que Chloe mérite mieux qu’elle comme parent, elle ne regrette pas une seule seconde son existence.
Elle aimerait pouvoir retourner en arrière, à ce soir où, devant la villa luxueuse du Mulligan, elle est passée à l’acte. Elle aimerait pouvoir revenir en arrière pour revenir sur sa décision et partir dans le sens opposé, avec sa fille qui gazouillait dans son siège auto… Sa présence lui manque, lui déchire un peu plus le cœur chaque jour qu’elle ne passe pas avec elle, ses petits cris, son odeur alors qu’elle la serrait contre elle… Son appartement est bien trop vide désormais, bien trop silencieux, et bien que des proches soient venus lui rendre visite pour l’aider à trouver des solutions ou lui tenir compagnie, rien n’y fait. Zoya est au bord du gouffre, ne sait plus quoi faire pour récupérer Chloe quand elle se retrouve face à un mur. Freddy ne veut pas lui rendre la petite, ne daigne même pas répondre à ses appels ou ses messages, et se contente de lui claquer la porte au nez quand elle se présente devant chez lui. Les excès de colère où les objets ont fini par valdinguer partout dans l’appartement, la rage l’habitant alors qu’elle s’est sentie impuissante ont été nombreux, la jeune femme ayant vrillé avant de s’écrouler, les regrets et les remords prenant le dessus… Elle ne peut que se blâmer, elle ne peut que s’en prendre à elle, parce que cette décision, finalement, il n’y a qu’elle qui l’a prise, personne ne lui ayant mis le couteau sous la gorge pour le faire.
Alors, sûrement parce que c’est toujours mieux que d’être encore une journée entière chez elle à tourner en rond, elle se trouve dans ce parc à Logan City pour un tournage. C’est surtout parce que ce tournage est programmé depuis des mois qu’elle se trouve là et qu’elle n’a eu d’autres choix que d’honorer son engagement. Zoya use de sourire depuis qu’elle est arrivée dans la matinée, échangeant quelques mots quand il le faut mais elle reste tout de même en retrait, elle qui, d’habitude, est toujours avenante et sociable avec tout le monde. Elle se contente de remplir sa mission, met du cœur à l’ouvrage parce que la photographie reste une passion et qu’elle aime ce qu’elle fait. Une pause dans le tournage l’amène à aller se mettre dans un coin où son premier réflexe est de sortir son téléphone de sa poche arrière, sûrement dans l’espoir d’avoir eu un appel ou un message de la part de Freddy… Mais rien. Elle inspire profondément, bien qu’elle ressente une boule se former dans son estomac, et tente de ne pas craquer en se focalisant sur son appareil en faisant défiler les différents clichés qu’elle a pu prendre.
Des bruits de pas se font entendre derrière elle, ce qui la fait se retourner et relever son regard. « On peut discuter ? ». Zoya manque de lâcher son appareil photo, alors qu’un regard surpris doit être perceptible sur son visage. Freddy. Elle qui attendait un signe de sa part quelques minutes plus tôt, voilà qu’il est là, devant elle. Il lui tend cette cup, dont elle ignore le contenu, tel un signe de paix, ce qui ne manque pas de lui faire arquer un sourcil « Si tu veux ». Elle met du temps à réaliser, et si elle ne se saisit pas tout de suite du contenant, c’est parce qu’elle a son regard qui la cherche… La photographe cherche désespérément du regard sa fille, qui devrait être avec lui mais il semblerait qu’il ne l'ait pas amené avec lui. « Où est Chloe ? ». C’est la première question qu’elle lui pose, les premiers mots qu’elle lui adresse tout en se saisissant du café glacé qu’il lui offre. Elle porte celui-ci à ses lèvres sans le quitter du regard. « Tu es venu pour me dire quoi, Freddy ? Me dire que je ne la récupérerai pas, une fois de plus ? Pour venir enfoncer le couteau dans la plaie, c’est ça ? ». Elle lui en veut d’avoir pris cette décision de la priver de sa fille, d’avoir décidé qu’elle ne méritait plus de l’avoir quand elle lui a tourné le dos un mois plus tôt… Zoya laisse échapper un soupir, ses épaules se détendant quelque peu alors qu’elle ajoute, un peu plus calmement : « Je veux bien… » amorce-t-elle en spécifiant « … qu’on discute ». Elle est à bout de force, elle souffre de l’absence de sa fille, de cette situation et elle est prête à tout pour la récupérer… jusqu’à mettre de l’eau dans son vin envers cet homme qu’elle déteste par-dessus tout…
avril 2022 23. 5"it's been a long night and the mirror's tellin' me to go home ≈ megan williams #6 22. the midnight sky is the road i'm takin' ≈ megan williams #5 - charlie villanelle #1 - jo carter #1
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