throwing caution to the wind
Megan Monroe & @Penny Stringer

« Pas encore, mais presque. Je peux te le prêter une fois que je l’aurais terminé. Seulement si tu promets de ne pas plier les coins de page ! » J’aurais accepté sa proposition même sans arrière pensée. Sauf que là, c’est trop facile : elle s’offre sur un plateau et je n’ai d’autre choix que de voir là dedans une chance d’être certaine de revoir Penny Stringer et de l’approcher pour mieux recueillir jusqu’au dernier de ses scoops. Alors, évidemment, c’est avec le plus grand des naturels que mes lèvres viennent former un grand sourire et que je lui réponds. « Corner les pages ? Mais qui fait ça ! » Je me laisse aller à un rire, avant de la remercier. « Ce sera avec plaisir, vraiment, et on pourra comparer nos opinions. D’ordinaire, je suis plutôt heroic fantasy mais, Stephen King, ça ne peut qu’être bon. » Je lui rends le livre pour qu’elle puisse le ranger dans son sac. Dans ma tête, j’imagine déjà pleins de petits moments à échanger lectures et, bien entendu, quelques potins concernant sa vie privée. En parlant de ça… « Disons qu’en ce moment, je ne cherche pas vraiment à me lancer dans un autre projet. » Je fronce les sourcils. « Me dit pas que c’est à cause du tapage médiatique autour de ce tournage qui a été annulé ? » Elle lâche vite l’affaire, si c’est ça. « Tu n’es plus certaine que ça soit ta vocation ? Ça ne te plaît plus ? » Je ne suis pas journaliste mais paparazzi, je ne peux vendre que ce qui choque et se photographie, en revanche, je connais plus d’un magazine qui serait intéressé par ce genre de propos rapportés.

« T’as raison. Je comprends juste pas l’intérêt de ceux qui font ce genre de travail j’imagine. Enfin, je me dis que ça doit être payant, j’en sais rien. J’essaye juste de me tenir aussi loin que possible. » - « Et c’est tout à ton honneur. » Je n’insiste pas : je ne suis pas assez idiote pour tenter de défendre la profession auprès d’elle, ce serait foutrement suspect. Je me fais toutefois la réflexion qu’elle n’a pas l’air d’avoir les épaules pour survivre dans le milieu : elle tremble presque rien qu’à se livrer à propos de ces instants de vie volés.

« Je vous le souhaite en tout cas. Je demanderai à Shiloh de me montrer des photos après ton grand jour. » - « Ce sera bien la première fois que ce sera à mon tour d’apparaître sur les photos. » Et je n’ai pas besoin de prétendre être gênée : je le suis vraiment. J’ai confiance en moi et en l’image que je renvoie. Mais j’aime être derrière l’objectif : j’ai compris que c’était ma vocation dès que j’ai eu un appareil photo entre les mains. J’aime l’idée de voir le sujet se dévoiler et se montrer dans toute sa sincérité en conservant soi même distance et anonymat : je suis bien dans l’ombre. C’est confortable, l’ombre. « Tu as commencé à magasiner ta robe ? » - « J’en porterai deux. » Que j’affirme en hochant la tête. « Une première choisie en compagnie de belle maman pour la cérémonie. » Et validée par belle maman, cela va de soi et j’accompagne ma remarque d’un clin d'œil. « Et une seconde qui me ressemblera plus pour la soirée. Mais je compte sur toi pour n’en parler à personne. » A qui le dirait-elle de toute façon ? « On compte sur l’effet de surprise. » Un sourire espiègle trouve sa place sur mon minois qui l’est tout autant. C’est idiot, de vouloir mettre un peu de soi dans une cérémonie qui n’est qu’une vaste mascarade. Pourtant, j’ai su dès le début que je voulais porter une robe qui n’aurait été choisie que par moi, comme moyen d’avoir la sensation de reprendre le contrôle de ma vie, en quelque sorte.

« Je pense qu’elles valent la peine d’être vues. »
« Merci. »

Je suis bien plus réservée lorsqu’il s’agit de mes clichés. Ils sont la seule part vraie de mon existence, ou en tout cas j’en ai la sensation. « Mais je comprends que c’est quelque chose que tu préfères garder pour toi. C’est dommage, tu as du talent. Tu pourrais faire bien plus prestigieux que de prendre des plages de surfs sur des talons hauts en photo. » - « Ça me touche beaucoup que tu me dises ça. » Et le fait que je déteste que ce soit le cas ne change rien au fait que c’est la plus stricte des vérités. Sauf que je ne suis pas Penny Stringer et je ne suis pas née dans la famille Williams non plus : je n’ai pas le droit de me casser la gueule et je n’ai pas le droit à l’erreur : si je perds ce que j’ai construit je n’aurais plus rien du tout, pas de filet de sécurité ou de plan B. A moins et, aussi ironique que cela puisse sembler, mes réelles activités professionnelles consistent en quelque sorte à saisir des clichés naturels - certes volés - de la vie quotidienne, non ? « Non pas qu’il y ait du mal à ça, mais je peine à croire que tu t’épanouis dans ce genre de métier quand je vois ça. » - « Je le prends pas mal. Mais la photo, c’est pas un milieu facile. Et personne peut me claquer la porte au nez tant que j’essaye pas de l’ouvrir. » Je hausse les épaules et, rapidement, je ramène le sujet quelque chose qui a l’air tout aussi personnel mais qui ne l’est guère, étant données les circonstances.

« Oh wow, je vois ce que tu voulais dire par rapide. » - « Et on a vingt-et-un et vingt-trois ans, donc tu te doutes bien qu’on nous a déjà dit qu’on se précipite. » Sans réussir à nous faire changer d’avis. Ce qu’il y a de bien avec un mariage qui ne repose pas sur de nobles sentiments, c’est qu’il ne peut être repoussé, qu’il n’y a pas non plus la moindre chance que l’un de nous deux abandonne l’autre devant l’autel : nous n’avons pas le choix. « Il y a que vous pour savoir après tout. » Mon sourire s’agrandit et je joue à merveille mon rôle de future jeune mariée comblée et heureuse. A force de parler de toute cette histoire, j’ai appris à rougir sur commande, c’est déjà ça de pris. « Enfin, j’ai un coloc, mais c’est pas comme ça. C’était juste un arrangement temporaire, pour faire plaisir à une amie. » - « T’as accepté de vivre avec quelqu’un que tu ne connais pas ? » C’est l'hôpital qui se fout de la charité ça, Megan.

« Il y a peut-être bien quelqu’un de spécial, oui. C’est vraiment tout récent par contre, je sais pas trop ce que ça va donner mais je suis confiante. C’est pas quelqu’un du domaine du cinéma ou de la télévision toutefois, donc ça m’étonnerait beaucoup que tu le connaisses. » Voilà qui m’intéresse beaucoup plus que l’endroit où elle achète son café et son bouquin préféré. « Oh, c’est super. Je suis bien placée pour te dire qu’il faut écouter ses tripes dans ce cas là. Si t’es confiante, ça peut-être que bon signe. » C’est surtout signe qu’elle est certainement d’une naïveté sans nom, comme Shiloh, malheureusement. Quand c’est trop beau pour être vrai, c’est que c’est trop beau pour être vrai : la réponse est dans la question. Moi, cynique ? « C’est pas grave si je ne le connais pas. » Si, c’est chiant en toute honnêteté. ”Qui est le mystérieux jeune homme qui sort avec Penny Stringer”, ça reste bien moins vendeur que toute relation naissante avec une star du grand ou du petit écran. « Au contraire, ça doit te faire du bien. Je me trompe ? »

« Corner les pages? Mais qui fait ça! » Elle rit et tu te joins à elle. Trop de gens que tu connais pour que tu puisses te mettre à en faire l’énumération, mais tu es rassurée que Megan trouve ça aussi aberrant que toi. « Ce sera avec plaisir, vraiment, et on pourra comparer nos opinions. D’ordinaire, je suis plutôt heroic fantasy mais, Stephen King, ça ne peut qu’être bon. » Tu approuves d’un hochement de la tête, bien que tu aies toujours été une fervente lectrice de suspense et d’horreur et que tu ne puisses jamais dire non à un roman pour le maître du suspense lui-même. Tu reprends ton livre et le glisse dans ton sac avant d’en sortir un bout de papier et un crayon sur lequel tu viens inscrire ton numéro de téléphone. Tu ne doutes pas qu’elle aurait pu le demander à Shiloh si elle l’avait souhaité, mais comme ça au moins, tu te dis que le contact est direct et peut se faire bien plus facilement. « Tiens, comme ça si jamais t’as une bonne recommandation de livre à me faire. » que tu suggères avec un sourire. Tu lui avoues à demi-mots que tu es plus ou moins en pause de projets cinématographique présentement et que tes lectures se résument donc aux divers romans qui habitent ta bibliothèque depuis trop longtemps sans avoir été lu jusqu’à récemment. « Me dit pas que c’est à cause du tapage médiatique autour de ce tournage qui a été annulé? » Tu te pinces les lèvres, le sujet demeure éternellement sensible pour toi et tu ne sais pas si tu as vraiment envie de t’y aventurer ce soir avec Megan. « Tu n’es plus certaine que ça soit ta vocation? Ça ne te plaît plus? » « Non, enfin, je sais pas. » que tu lui admets avec un rire nerveux. « C’est pas tant le tapage médiatique autour que ce qui s’est vraiment passé. » que tu avoues à demi-mots avant d’échapper un long soupir. « Je pars en tournée promotionnelle bientôt, je verrais après ça si j’ai envie de me lancer dans autre chose ou si je prolonge ma pause. » que tu conclus plutôt. Tu ne voulais pas non plus agir comme si la porte était définitivement fermée pour un retour de ta part sur le grand écran, mais tu avais encore besoin de temps pour y réfléchir et la promo des deux prochains mois allaient sans aucun doute te permettre de remettre un pied dans cet univers pour y voir si tu y trouvais encore confortablement ta place.

« Ce sera bien la première fois que ce sera à moi d’apparaître sur les photos. » La photographe photographiée, tu pouvais facilement imaginer que c’était un rôle tout nouveau pour elle. « J’en porterai deux. Une première choisie en compagnie de belle maman pour la cérémonie. » Elle n’a pas besoin de le dire explicitement pour que tu comprennes que le choix de celle-là ne lui revient pas réellement. « Et une seconde qui me ressemblera plus pour la soirée. Mais je compte sur toi pour n’en parler à personne. » Oh, l’effet surprise. Un jeu qui semble dangereux selon le peu qu’elle t’a partagé sur sa belle-famille jusqu’à maintenant. « On compte sur l’effet surprise. » Ce que tu pensais justement. « Tu fais bien, tu mérites d’avoir la robe de tes rêves. » que tu approuves, bien que tu ne puisses t’empêcher de te dire qu’elle jouait sans doute avec le feu en avisant personne de son plan de changer de robe au milieu de l’évènement. « Ce sera un gros mariage alors? Est-ce que tu as ne serait-ce qu’un peu de contrôle sur la liste des invités? » Tu espérais que oui pour elle, rien de pire que de se voir imposer des gens d’un peu partout pour un évènement aussi important et significatif qu’un mariage.

Megan va rapidement chercher un album qui contient les photos qu’elle prend par passion et non pas par obligation et tu es admirative de son talent. « Ça me touche beaucoup que tu me dises ça. » Tu lui offres un sourire toujours aussi sincère alors que tu continues de feuilleter les nombreuses pages de l’album, te perdant dans les détails de certains clichés, ayant du mal à saisir complètement pourquoi elle ne cherche pas à partager ce qui la fait véritablement vibrer. « Je le prends pas mal. Mais la photo, c’est pas un milieu facile. Et personne peut me claquer la porte au nez tant que j’essaye pas de l’ouvrir. » « Je comprends, mais tu passes aussi à côté de la chance de découvrir tout ce que la vie peut t’offrir, de l’autre côté de la porte. » que tu offres comme réflexion, bien peu consciente du risque que cela peut véritablement représenter pour Megan. Toi, tu n’avais jamais eu à risquer quoique ce soit pour te faire un nom, pour te faire un nom dans le monde de la télévision et du cinéma. Tu avais grandi en le faisant, la décision avait en quelque sorte été prise pour toi avant même que tu ne comprennes ce que cela signifiait réellement. Tu n’avais fait que suivre un chemin partiellement tracé pour toi, y mettant tout ton cœur et travaillant fort oui, mais sans jamais risquer quoique ce soit sur le point de départ. « Tu as déjà un pied dans le milieu, tu as sûrement des contacts qui pourraient t’aider, si c’est ce que tu voulais, non? » Tu insistes peut-être un peu trop, surtout que tu ne la connais pas et qu’au final, elle ne te doit rien, mais c’est plus fort que toi. Tu trouves ça vraiment dommage que ses photos dorment dans un album plutôt que d’être admirer par le monde entier. « Désolée, j’essaye pas de te forcer. J’aime seulement beaucoup ce que tu fais. » Tu refermes l’album et le tend finalement à la blonde avec un sourire gêné.

« Et on a vingt-et-un ans et vingt-trois ans, donc tu te doutes bien qu’on nous a déjà dit qu’on se précipite. » Tu hoches la tête. Tu n’avais pas besoin qu’il s’étanche sur le sujet pour t’imaginer le genre de discours auxquels ils ont dû avoir droit. Tu n’en penses pas moins, mais ce n’est définitivement pas ta place de lui poser des questions de ce genre. Elle semble heureuse et certaine d’elle, tu te dis que c’est l’essentiel. « T’as accepté de vivre avec quelqu’un que tu ne connais pas? » « Pas ma meilleure décision à vie, je te l’accorde. » Tu pouffes de rire. Tu ne savais pas si la colocation avec le Parker allait durer encore longtemps toutefois, ce n’est pas comme si vous parliez vraiment de toute manière. Tu ne serais pas surprise d’apprendre qu’il se cherche son propre appartement, pas qu’il devait partager le tien bien souvent puisque tu n’étais jamais là. La raison pour laquelle tu n’étais pas beaucoup là dans les dernières semaines trouvant son chemin dans la conversation, bien que tu n’offrais pas beaucoup de détails à la blonde pour le moment. « Oh, c’est super. Je suis bien placée pour te dire qu’il faut écouter ses tripes dans ce cas-là. Si t’es confiante, ça peut-être que bon signe. » Ses mots te rassurent, comme si elle venait te confirmer que même si tout se joue à vitesse grand V, ça ne voulait pas nécessairement dire que ce n’était pas une bonne chose. Et puis elle le disait elle-même, elle était bien placée pour comprendre. « C’est pas grave si je ne le connais pas. Au contraire, ça doit te faire du bien. Je me trompe? » « T’as pas idée. » que tu souffles avec un léger rire. « Mon ex est un obsédé de la presse et il arrêtait pas de me pousser pour qu’on fasse un genre de coming out dans les médias alors que je préférais garder notre histoire pour nous. Être avec quelqu’un qui n’est pas du tout de ce monde, c’est vraiment l’une des meilleures choses qui soit. » que tu lui racontes, repensant à toutes tes disputes avec Micah au sujet de vos points de vue complètement divergent face à votre présence dans les médias. « Je suis contente de pouvoir garder ça anonyme pour l’instant sans avoir à me cacher plus qu’à l’ordinaire. »

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Megan Monroe & @Penny Stringer

« Tiens, comme ça si jamais t’as une bonne recommandation de livre à me faire. » Et la voilà qui sort un stylo et un bout de papier pour y annoter son numéro de téléphone que j’obtiens donc sans faire le moindre effort, ou presque. Si je possédais sa notoriété, je serais bien plus prudent quant à qui je donne ce genre d’information mais, encore une fois, sa naïveté me rend bien des services. Pour être certaine de ne pas perdre l’information qui vaut son pesant d’or et me sera peut-être un jour utile, je sors mon téléphone de ma poche pour l’ajouter immédiatement à mon répertoire. Je lui réponds que je la ferai sonner avant de m’exécuter et, une fois la vérification faite, je range à nouveau mon téléphone dans ma poche et dépose son post-it sur la table basse.

« Non, enfin, je sais pas. C’est pas tant le tapage médiatique autour que ce qu’il s’est vraiment passé. » Ce qu’il s’est vraiment passé. Il n’y a eu aucune confirmation officielle de sa part et aucune action intentée en justice, mais il n’y a pas besoin d’être un génie pour comprendre : après les différentes vagues de scandale Weinstein, personne ne s’étonne plus d’un réalisateur ou d’un producteur véreux. Cela pourrait m’émouvoir, si je m’autorisais à ressentir de l’empathie ou simplement de la pitié pour la blonde : mais elle est une cible professionnelle, pas une partie intégrante de ma vie personnelle et, à ce titre, je la traite et la considère comme un vulgaire objet. « Je pars en tournée promotionnelle bientôt, je verrais après ça si j’ai envie de me lancer dans autre chose ou si je prolonge ma pause. » - « Tu as déjà fait autre chose que jouer la comédie ? Tu sais dans quoi tu voudrais te lancer, si tu arrêtais de tourner ? » Inutile de dire que si la blonde s’imagine serveuse ou animatrice de colonie de vacances, elle cessera alors tout bonnement de m’intéresser et sortira de mes radars. Il vaudrait mieux pour elle, au fond. Plus elle parle, moins j’ai l’impression qu’elle soit heureuse, même si beaucoup considèrent peut-être qu’elle vit la grande vie.

« Tu fais bien, tu mérites d’avoir la robe de tes rêves. » Elle ne me connaît pas, qui est-elle pour savoir ce que je mérite ? Que je déteste les phrases toutes faites et les boniment servis à n’importe quelle heure de la journée. « Ce sera un gros mariage alors ? Est-ce que tu as ne serait-ce qu’un peu de contrôle sur la liste des invités ? » - « Tu te doutes que non. Chaque personne qui compte aux yeux de Saül Williams doit être invitée. » J’esquisse un sourire avant de secouer la tête. « Je pense qu’il y aura beaucoup de monde. Et pas vraiment, du coup. Mais je m’en fiche un peu : je n’ai pas tant de monde que ça à ajouter à la liste et, tant que Shiloh est là, je serai heureuse. » Et je suis la première à souhaiter que ma mère n’apprenne pas la date de l’événement, elle serait capable de s’y incruster et dieu seul sait qu’elle détonnerait parmi les contacts classes et distingués de ma belle famille. « Je l’ai jamais vu plus heureuse que quand je lui ai demandé d’être mon témoin. » Je ris en secouant la tête, avant de récupérer entre mes doigts l’album photos qu’elle me tend.

Je n’avais pas prévu de les lui montrer mais, après avoir refusé de lui faire découvrir mon travail, il fallait bien que je lui donne quelque chose à se mettre sous la dent. Le cas échéant, mon histoire lui aurait semblé suspecte et je ne peux pas prendre ce risque. A présent, je regrette de m’être aventurée sur un terrain si personnel, bien que plus heureuse que je ne voudrais l’admettre de récolter des compliments. « Je comprends, mais tu passes aussi à côté de la chance de découvrir tout ce que la vie peut t’offrir, de l’autre côté de la porte. » - « C’est une façon de voir les choses. » Je suis courageuse pourtant, personne ne se douterait que je cache ce genre de faille. Mais ma passion pour la photo, c’est tout ce que j’ai de vrai. Je ne peux pas prendre le risque de la perdre. « Tu as déjà un pied dans le milieu, tu as sûrement des contacts qui pourraient t’aider, si c’est ce que tu voulais, non ? » Je hoche la tête doucement, de moins en moins désireuse d’argumenter à ce sujet. Des contacts, j’en aurais plus si j’étais vraiment photographe de shooting. Et quand bien même, ce sont deux mondes bien différents. « Désolée, j’essaye pas de te forcer. J’aime seulement beaucoup ce que tu fais. » - « T’en fais pas. Il faut juste que je sois prête mais, quand je le serai, je me rappellerai de tes encouragements. » Et ça aussi, bien que ça me désespère, c’est vrai : je suis bien trop sensible à la flatterie, qu’elle soit sincère ou parfaitement calculée.

« T’as pas idée. Mon ex était un obsédé de la presse et il arrêtait pas de me pousser pour qu’on fasse un genre de coming out dans les médias alors que je préférais garder notre histoire pour nous. Être avec quelqu’un qui n’est pas du tout de ce monde, c’est vraiment l’une des meilleures choses qui soit. » Je ne suis pas supposée de savoir de qui il s’agit mais, en silence, je suppose qu’elle parle de Micah. J’aime bien l’idée d’avoir un coup d’avance sur le brun et de savoir des choses qu’il préfère certainement garder pour lui. « Peut-être que c’était sa façon à lui de tenir à toi ? Y’a rien de mal à vouloir que le monde entier soit au courant de ta relation, même si c’était certainement maladroit. C’était certainement signe qu’il était fier de toi. » Micah pourrait me payer en espèce ou chèque pour tout ce soutien. Malgré tout, je doute que ça puisse servir à grand chose puisqu’elle a l’air sacrément mordue de ce mystérieux inconnu. « Je suis contente de pouvoir garder ça anonyme pour l’instant sans avoir à me cacher plus qu’à l’ordinaire. » - « Et si vous voyez les choses de la même façon, c’est certainement le bon. Mais tu penses pouvoir te cacher des paparazzis et de la presse à scandale indéfiniment ? Si le type est pas connu, il publieront deux articles et passeront à autre chose. » Elle n’est pas très bien cachée, en plus de ça, puisqu’elle se jette directement dans la gueule du loup en me livrant ses secrets.

« Tu as déjà fait autre chose que jouer la comédie? Tu sais dans quoi tu voudrais te lancer, si tu arrêtais de tourner? » Elle te pose les questions que tu te répètes sans cesse depuis des mois, sans jamais trouver une réponse qui te satisfait pleinement. Tu secoues légèrement la tête tout en haussant les épaules, signe de ton hésitation quand vient le temps de t’imaginer dans un autre champ professionnel que celui qui guide tes pas depuis ta plus tendre enfance. « J’ai jamais rien fait d’autre, non. » que tu lui avoues. Tes premières apparitions au petit écran datant avant même que tu ne commences l’école, le métier d’actrice est celui pour lequel tu semblais être prédestinée avant même que tu n’aies le temps de le choisir par toi-même. « J’aimerai peut-être m’investir davantage dans un organisme qui s’occupe de services pour les jeunes autistes, je sais pas trop encore. Je suis vraiment indécise à savoir ce que je veux faire. » que tu admets, n’ayant pas encore fermé complètement la porte à l’idée d’un possible retour sur les plateaux. Pour la première fois depuis le début de ta carrière, tu prenais ça un projet à la fois, t’accordant des temps de pause important te permettant de voyager et de profiter pleinement de ton entourage. « T’as toujours su que tu voulais faire de la photo? » Tu lui renvoies la question, par politesse mais aussi par curiosité, à savoir si elle avait d’autres passions ou aspirations que celle qui payait actuellement ses factures.

« Tu te doutes bien que non. Chaque personne qui compte aux yeux de Saül Williams doit être invitée. » L’idée ne semble pas emballer Megan et tu peux la comprendre. Tu n’aimerais pas donner le contrôle de ton grand jour à quelqu’un d’autre. « Je pense qu’il y aura beaucoup de monde. Et pas vraiment, du coup. Mais je m’en fiche un peu : je n’ai pas tant de monde que ça à ajouter à la liste, et tant que Shiloh est là, je serai heureuse. » Tu souris, touchée par l’amitié évidente entre les deux colocataires. « Ta famille sera là? » que tu ne peux t’empêcher de demander, remarquant qu’elle n’avait pas mentionné la présence de ses parents ou de frères et sœurs comme étant essentielle lors de cette journée pourtant importante dans sa vie. « Je l’ai jamais vu plus heureuse que lorsque je lui ai demandé d’être mon témoin. » « Tu penses faire une soirée du genre bachelorette avant le grand jour? » Tu ne connais pas assez Shiloh pour savoir si c’est le genre de soirée qu’elle aimerait mettre en place pour souligner les derniers jours de célibat de Megan. Tu sais que toi, tu aimerais que quelqu’un organise une telle soirée pour toi, quand (et si surtout) le temps viendra.

Tu ne sais pas trop si tu es encourageante ou tout simplement déplacée dans les paroles que tu offres à Megan, mais elle ne semble pas s’offusquer de ton enthousiasme ce que tu prends comme un bon signe. « C’est une façon de voir les choses. » Tu pinces les lèvres, tu devrais peut-être éviter d’argumenter plus longtemps sur le sujet, la dernière chose que tu veux, c’est de la mettre mal à l’aise d’une quelconque façon alors que tout ce que tu cherchais à faire, c’est lui dire que tu aimais ce qu’elle était capable de faire avec un appareil photo. Elle avait un style particulier, qui sortait de ce que tu avais l’habitude de voir, que ce soit sur les réseaux sociaux ou même tout autour de toi de manière générale. « T’en fais pas. Il faut juste que je sois prête mais, quand je le serai, je me rappellerai de tes encouragements. » Tu es soulagée et puis tu comprends. C’est intimidant, de se jeter ainsi dans le vide sans savoir ce qui peut en retourner. Tu te contentes donc d’être silencieuse sur le sujet pour l’instant alors que la conversation diverge à nouveau sur son mariage et éventuellement sur ta propre vie amoureuse.

Tu ne réalises toujours pas à quel point les choses ont changé dans les dernières semaines, et dans les derniers mois même si tu es véritablement honnête avec toi-même. Tu n’entreras pas dans les détails avec Megan, déjà que tu en as sous doute déjà trop dit en mentionnant Micah sans jamais dire son nom. « Peut-être que c’était sa façon à lui de tenir à toi? Y’a rien de mal à vouloir que le monde entier soit au courant de ta relation, même si c’était certainement maladroit. C’était certainement signe qu’il était fier de toi. » « Ou qu’il voulait mousser sa réputation vu qu’on était tous les deux plutôt populaires à cette époque. » Tu rétorques sans doute trop vite et puis tu réalises que tu retiens encore une certaine dose de ressentiment face à la manière dont les choses se sont terminées entre vous, il y a pourtant plus de cinq ans de cela aujourd’hui. « Enfin, t’as sûrement pas tort. C’était une relation compliquée de toute façon. » Bien à l’opposée de celle que tu entretenais aujourd’hui avec Isaac, chose que tu appréciais grandement. « Et si vous voyez les choses de la même façon, c’est certainement le bon. Mais tu penses pouvoir te cacher des paparazzis et de la presse à scandale indéfiniment? Si le type est pas connu, ils publieront deux articles et passeront à autre chose. » « Tu t’y connais bien en presse à scandale? » que tu demandes avec un rire, même si tu sais parfaitement qu’elle a raison. Isaac n’étant pas quelqu’un représentant le moindre intérêt pour les journalistes de bas niveaux comme tu aimais les appeler, tu savais que l’officialisation de votre relation ne tiendrait pas d’un intérêt en longueur dans la presse. « Je souhaite surtout contrôler quand la nouvelle va sortir et ce qui va être dit sur nous. J’ai déjà une petite idée de comment je veux m’y prendre. » que tu lui admets, consciente qu’il y avait encore plusieurs mois avant la mise en place de cette dite idée.

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Megan Monroe & @Penny Stringer

Bla bla bla investir, bla bla blaorganisme, bla bla bla autisme, voilà tout ce que j’entends quand Penny Stringer me parle de ses plans qui ne lui rapporteront aucune visibilité et, à moi, aucun argent. Savoir qu’elle a le cœur sur la main et qu’elle donne de son temps pour des associations non caritatives n’a pas le moindre intérêt pour moi, ce n’est pas ce genre de scoop que l’on vend des milliers de dollars à la presse à scandale : si c’était le cas, ça se saurait et même les types comme Micah s’y mettraient en prétendant avoir toujours rêvé de donner un sens à leur vie. « T’as toujours su que tu voulais faire de la photo ? » Je hoche la tête, avant de la secouer en riant. « Oui et non. Ma mère m’a offert mon premier appareil photo quand j’avais une douzaine d’années. » Mais j’ai d’abord voulu prouver que je pouvais réussir, même en étant une enfant du système. « Mais après le lycée, j’ai fait une première année de licence en journalisme avant de tout plaquer pour me lancer. Je suppose que je l’ai toujours su, mais qu’il fallait ça pour l’intégrer. » Ca étant une année entière à chauffer les bancs de l’université en m’ennuyant profondément et en devant jongler avec plusieurs boulots alimentaires juste pour arriver à joindre les deux bouts. Quand j’en ai eu marre de ces conneries, j’ai dit stop et c’est là que la suite diffère entre la réalité et ce que j’essaye de vendre à Barbie Actrice qui s'intéresse à mon mariage (il faut croire que sa vie sentimentale est un échec à ce point) après ma carrière.

« Ta famille sera là ? » C’est la question à laquelle je ne répondrai pas par la vérité. Une de plus seulement me direz vous mais, celle ci, cela reste la plus délicate de toutes. « Tous les gens qui seront importants seront là. » Et si elle arrive à connecter quelques neurones, elle comprendra ce que cela signifie : le sujet est hors limites. « Tu penses faire une soirée du genre bachelorette avant le grand jour ? » Un sujet plus léger suit un sujet grave et, à présent, je n’ai plus aucun problème à débiter mes mensonges, jouant le rôle de ma vie depuis l’annonce de mes fiançailles. « Je sais pas si je suis ce genre de fille. » Bien sûr que je suis ce genre de fille, mais dans un univers alternatif où je me serais mariée par amour et bien plus âgée. « On va donner une réception pour les fiançailles. Mais je doute que ça ait quoi que ce soit à voir avec ce que tu évoques. » J’éclate d’un rire cristallin pour prouver ma bonne foi ainsi que mon innocence la plus totale.

Me confier sur lmes amours, ça la pousse au moins à parler des siens et le sujet m’intéresse plus… Avant que je comprenne que Micah n’a pas la moindre chance avec sa belle : dommage, ça ça aurait été vendeur au moins. « Ou qu’il voulait mousser sa réputation vu qu’on était tous les deux plutôt populaires à l’époque. » Ce serait dur à encaisser si j’avais la moindre affection sincère pour le brun : mais nous ne sommes que deux ambitieux qui se servent l’un de l’autre en pleine conscience. Si j’étais son amie, j’aurais pris sa défense au détriment de ma couverture mais je ne le suis pas ou pas vraiment, alors je note de tout rapporter à la star dans un coin de ma tête, et j'acquiesce doucement. « Enfin t’as sûrement pas tort. C’était une relation compliquée de toute façon. » - « C’est jamais facile. J’ai eu mon lot de mauvaises surprises avant de rencontrer Damon. » Mais maintenant, je suis folle amoureuse, comme en atteste mon immense sourire. « Tu t’y connais bien en presse à scandale ? » Je laisse échapper un rire amusé, avant de secouer la tête. « Pas du tout, vraiment. Mais je crois que c’est pas compliqué de savoir ce qui intéresse les gens. Décevant, mais pas compliqué. » Étrangement, je suis honnête : je fais ce métier parce qu’il paye bien et parce que je me moque des secrets de ces starlettes du petit et du grand écran, de ces filles à papa et de celles qui se pensent influenceuses parce qu’elles ont un iphone et un compte instagram. « Je souhaite surtout contrôler quand la nouvelle va sortir et ce qui va être dit sur nous. J’ai déjà une petite idée de comment je veux m’y prendre. » - « Une petite idée ? T’as pensé à tout donc ! Tu vois les choses comment ? » Comme choquée par mes propres propos, je mets ma main devant ma bouche en laissant échapper un petit cri. « Si c’est pas indiscret bien sûr. T’es vraiment pas obligée de répondre. »

Tu écoutes attentivement Megan alors qu’elle te relate son cheminement avant de se lancer plus concrètement dans la photo. Tu hoches la tête, comprenant qu’elle a mis quelques temps avant de savoir qu’elle se plaisait complètement dans ce domaine, bien qu’il fasse partie de sa vie depuis son enfance. Le sujet de la conversation diverge une fois de plus sur son mariage, sur lequel ta curiosité est sans limite et tes questions peut-être un peu trop personnelle quand tu sens la blonde se refermer légèrement quand tu abordes sa famille. « Tous les gens qui seront important seront là. » Pour toi, ça voudrait automatiquement dire que tes parents et ton frère seraient présents, mais vu la manière dont elle prononce les choses suite à ta question pourtant claire, tu devines que ce n’est pas aussi simple pour elle et tu n’insistes pas. Tu lui as déjà posté bien trop de questions de toute façon, tu réalises peu à peu que tu abuses de son hospitalité alors que Shiloh n’est toujours pas là et qu’elle ne semble pas près de rentrer de sitôt. « Je sais pas si je suis genre de fille. » Tu échappes un léger rire. Tu ne sais pas s’il faut réellement être un genre de fille en particulier pour apprécier ce genre de soirées, mais tu te dis qu’elle peut très bien ne pas avoir envie de faire une grosse affaire de cet évènement. Ce n’est pas tout le monde qui a la même vision des différentes traditions entourant le mariage après tout. « On va donner une réception pour les fiançailles. Mais je doute que ça ait quoique ce soit à voir avec ce que tu évoques. » Tu secoues la tête, ton rire joignant le sien. « Non pas vraiment. J’imaginais plus une soirée avec une gang de filles et tous les clichés qu’on voit dans les films américains. » Si un jour tu te maries, tu aimerais bien y aller all out. Mais ça, ce n’était pas pour tout de suite. If ever.

Tu ne te souviens même plus vraiment de la raison qui t’a amené à parler de Micah sans jamais prononcer le nom de l’acteur. Tout ce que tu sais, c’est que tu ne regrettes pas de ne pas avoir officialiser publiquement votre relation, même s’il t’est souvent arrivé de te demander par le passé si cela aurait eu un quelconque impact sur votre relation. Est-ce que ça vous aurait donné une meilleure chance ou bien est-ce que votre couple aurait tout de même trouvé sa finalité de manière brutale? C’était le genre de questions qui ne trouverait jamais de réponses et c’était sans doute mieux ainsi. « C’est jamais facile. J’ai eu mon lot de mauvaises surprises avant de rencontrer. » Tu souris doucement, attendrie par le regard amoureux qui se place sur le visage de Megan lorsqu’elle mentionne le nom de son fiancé. « Il a l’air d’un type bien. » Tu n’en sais franchement rien, mais du peu qu’elle t’a dit et de ce que tu perçois chez elle, elle semble heureuse et c’est bien tout ce que tu lui souhaites, même si tu ne la connais pas. « Pas du tout, vraiment. Mais je crois que c’est pas compliqué de savoir ce qui intéresse les gens. Décevant, mais pas compliqué. » « T’as bien raison. » que tu acquiesces. Tu pourrais t’apitoyer sur ton sort, maudire la curiosité maladive de l’être humain, mais tu avais choisi ce métier et il te fallait gérer avec l’invasion de ta vie privée, même si ça te déplaisait au plus haut point. « Une petite idée? T’as pensé à tout donc! Tu vois les choses comment? » Son enthousiasme te surprend mais t’amuse plus qu’autre chose alors qu’elle vient placer ses mains sur sa bouche, nouvellement gênée. « Si c’est pas indiscret bien sûr. T’es vraiment pas obligée de répondre. » Après toutes les questions que tu lui avais posé un peu plus tôt, c’était bien la moindre des choses que tu répondes à ton tour. « J’ai une tournée de promotion qui commence en septembre, et un tapis rouge pour la sortie de ma nouvelle série. Je pensais saisir l’occasion pour le présenter de manière officielle. » que tu lui relates avec un sourire sur les lèvres. Tu n’avais pas encore parler à Isaac de cette idée, mais tu espérais qu’il approuve du plan. Tu avais bel et bien l’impression que votre relation prenait ce tournant plus sérieux très rapidement. C’est d’ailleurs un texto de sa part qui te rappelle qu’il t’a donné rendez-vous plus tard dans la soirée et que l’heure de votre rencontre approche à grands pas. « Je suis désolée, je voulais vraiment voir Shiloh, mais je dois partir. J’ai un rendez-vous. » Et la manière dont tu prononces ces mots, Megan n’aura pas de mal à comprendre avec qui. « Tu es déjà allée à l’Interlude? Apparemment que la nourriture là-bas est divine. » Tu te lèves du canapé et te retournes une dernière fois vers la jeune femme. « Pourrais-tu dire à Shiloh que je vais l’appeler plus tard cette semaine et que je suis désolée de l’avoir manqué ce soir? »

throwing caution to the wind
Megan Monroe & @Penny Stringer

« Non pas vraiment. J’imaginais plus une soirée avec une gang de filles et tous les clichés qu’on voit dans les films américains. » J’esquisse un sourire franc et amusé. Si les circonstances avaient été différentes, aurais-je organisé ce genre de soirée clichée à mourir mais dont rêvent beaucoup de jeunes filles ? Le fait est que je n’en sait rien, je me marie avant même que l’idée n’ait germé naturellement dans mon esprit d’envisager un jour ce type d’union et je me jette dans l’organisation que l’on souhaite pour Damon et moi, pas celle que nous aurions envisagée s’il n’avait été question que de nous. Une réception sera donnée pour les fiançailles, bien plus pour les apparences et à destination des relations de Saül que de nos amis, à Damon et moi. « Oui, tu serais déçue. Ce sera plus petits fours et small talk, le thème. » Et, au mieux, Shiloh insistera pour que l’on passe une soirée toutes les deux en souvenir du bon vieux temps et à la santé de l’aventure que je m'apprête à vivre, mais ça s’arrêtera là. Je n’ai pas la moindre envie d’être grimée, exhibée en public, de faire la tournée des bars et de m’échauffer l’esprit auprès de stripteaseur : je crois que les Williams n’apprécieraient guère, si j’organisais ce type de réjouissance. Et puisque chacun de mes faits et gestes remonte aux oreilles de l’homme d’affaires…

« Il a l’air d’un type bien. » Je me pare de la mine de jeune fille amoureuse que tout le monde attend de moi. « Oui, c’est vraiment le meilleur. » Je n’ai même pas besoin de mentir pour affirmer que, oui, Damon est un type bien. Dans toute cette histoire, c’est bien le meilleur d’entre nous et il ne mérite pas d’être le dommage collatéral de ma guerre avec Saül, je m’en rends compte un peu plus chaque jour.

Sous couvert de m’être livrée sur ma vie personnelle - alors que je ne lui en ai donné que la version tout public - je joue les curieuses quant à la sienne. Mon objectif bien sûr, c’est de trouver un scoop à me mettre sous la dent, l’opportunité d’une bonne photo qui se vendra à prix d’or à la presse à scandale. Elle me donne ça sur un plateau, en me parlant de cette nouvelle histoire qui la fait sourire comme une parfaite petite idiote. Qu’elle est naïve… « J’ai une tournée de promotion qui commence en septembre, et un tapis rouge pour la sortie de ma nouvelle série. Je pensais saisir l’occasion pour le présenter de manière officielle.  » - « Oh ! Vos grands débuts, mais les siens aussi. » Se retrouver sous le feu des projecteurs lorsque l’on n’appartient pas à ce monde peut être vécu de bien des manières. « Tu crois que ça lui plaira ? L’idée de présenter votre couple sur un tapis rouge ? » Je trouve ça superficiel, à l’image de toutes ces choses et soirées mondaines auxquelles nous participons, Damon et moi, pour le bon plaisir de son père.

« Je suis désolée, je voulais vraiment voir Shiloh, mais je dois partir. J’ai un rendez-vous. » Un rendez-vous ? Voilà qui me semble plus intéressant, je vais peut-être passer ma soirée à autre chose que lire ou jouer à ma console moi, finalement. « Ne t’excuse pas ! Je t’ai déjà accaparée bien trop longtemps. » Je me lève du canapé en espérant qu’elle me donnera un peu plus d’information. « Tu es déjà allée à l’Interlude? Apparemment que la nourriture là-bas est divine. » L’interlude donc. Un jeu d’enfant, de faire cracher des informations à Stringer. « En fait, j’y suis allée pour la première fois il y a quelques semaines, avec mon fiancé et des amis à lui. C’est divin, tu ne peux que passer une bonne soirée. » En bonne compagnie je l’espère, sinon je m’apprête déjà à sortir pour rien. « Pourrais-tu dire à Shiloh que je vais l’appeler plus tard cette semaine et que je suis désolée de l’avoir manqué ce soir ? » - « Oui bien sûr, je ferai passer le message. » Je lui adresse un clin d’oeil avant de la raccompagner jusqu’à la porte de l’appartement. « Passe une bonne soirée, Penny. Et n’hésite pas à repasser quand tu veux, même si je serai plus chez moi ici bien longtemps. » Un dernier rire et la blonde tourne les talons. Moi, je referme la porte et je me met en marche : il faut que je me change pour ne pas être trop reconnaissable, que je me serve de mes relations pour obtenir une table ce soir, que j’attrape mon appareil photo et que je suive les trace de l’actrice, en espérant décrocher un cliché intime gagnant.

RP terminé