Atlas fut incapable de cacher sa surprise. Ce n’est pas que l’idée lui paraissait impossible. Lucy est une belle femme, de celle vers qui il aurait pu tourner la tête dans un bar. Mais Lucy était son amie avant tout. Il ne se souvient pas avoir un jour envisager de la voir autrement que comme sa partner in crime. Le militaire se trouvait surtout surpris par les mots employés par la jeune femme. Comme si tout cela n’était qu’une broutille entre eux. Un coup rapide, entre deux temps libres. Est-ce qu’Atlas avait été sans cœur avec elle ? Est-ce qu’elle était devenue le cliché que l’on associe à tous les marins ? Une femme dans chaque port. Atlas avait bien du mal à y croire et ses propos reflétait sa stupéfaction. « Cache ta joie… Si, on l’a fait, comme deux amis qui avaient besoin de sexe et envie de s’amuser, c’est tout… » Lucy était blessée. S’il n’était pas certain de comprendre ce qui était en train de se dérouler entre eux, Atlas pouvait au moins déceler cela. Il venait de lui faire du mal avec son honnêteté brutale. Elle allait lui faire payer la monnaie de sa poche, il en était désormais persuadé. Deux amis qui avaient besoin de sexe. Rien de tout cela n’était particulièrement choquant, mais l’idée lui paraissait surréaliste. « Je me souviens pas. » qu’il marmonne dans sa barbe. Il avait beau se retourner le cerveau dans tous les sens, rien ne semblait lui faire sens. Lucy était son amie. Il n’avait aucun souvenir d’avoir un jour franchi cette limite avec elle et il se sentait incroyablement, mal à l’aise sans savoir expliquer le pourquoi du comment.

« Ouais, désolée… C’est juste… C’était juste comme ça ! » Juste comme ça ? Est-ce qu’Atlas était devenu un parfait goujat au point de demander à Lucy de l’aider à assouvir ses besoins comme si de rien était ? Il n’était pas devenu ce genre de gars. Il ne pouvait pas le croire. Lucy n’aurait jamais accepté un tel deal. À moins qu’elle y trouvait sa propre satisfaction dans tout cela ? « Lucy… » Il aurait aimé qu’elle s’arrête pour respirer, mais il avait réussi à blesser Lucy et désormais, elle ne pouvait plus s’arrêter. Il allait devoir l’écouter jusqu’au bout. « Tu sais quoi ? On va faire ce que tu sais faire de mieux : oublier. Et on va prétendre que cette soirée n’a jamais existé ! Tu vas oublier que j’étais en soutif dans ton salon, et je vais oublier à quel point ça te semble improbable et inenvisageable qu’on ait pu coucher ensemble… Deal ? » Non. Il n’y avait aucun deal dans cela.

Atlas ne voulait pas la voir s’enfuir comme ça. Il avait compris son erreur, mais tant de questions venait emplir ses pensées. Il ne pouvait pas la laisser partir avec les horreurs qu’il venait de dire. « Lucy attend… » Elle était rapide l’effrontée, mais il pouvait l’être également. En deux pas, Atlas réussis à rattraper la brunette. Sans réfléchir, il vint poser sa main sur la hanche de Lucy pour la faire tourner dans sa direction. « Attends. » Oh, il n’avait aucune envie de la laisser partir. « Je suis désolé d’avoir dit ça. » Il l’était sincèrement. « Je… J’ai été surpris, c’est tout. » Après tout, elle s’était déshabillée à la vitesse de l’éclair, comme s’il l’avait payé pour… Non, il ne voulait pas penser à cela. « Tu crois que ça m’amuse de me souvenir de rien ? » Oh, il n’avait rien dit sur l’instant, mais il avait parfaitement entendu son commentaire sarcastique. « C’était pas comme ça avant. » Entre eux. Cela n’avait jamais été comme cela entre eux, comment est-ce qu’il aurait pu deviner ? « Je… Je trouve pas ça inenvisageable, tu sais. » Plus maintenant, même s’il était encore surpris. Il comprend comment ils avaient pu en arriver là. « Mais pitié… Dis-moi que je t’ai jamais demandé de faire ça vite fait… Ou de partir juste après. » Il ne pouvait s’imaginer avoir été aussi rustre avec elle.

Dans le fond, il avait honte. De ne pas ce souvenir, de juger aussi rapidement et surtout de blesser Lucy avec ses propos. Elle reste son amie, probablement l’une des plus proches, celle qui comprend et qui ne demandait jamais plus d’attention. Alors est-ce qu’il se devait d’être aussi étonné d’avoir un jour craqué avec elle ? Pas réellement. Lucy est une belle femme, quelqu’un avec qui il a toujours eu une connexion, quelque chose de différent. Au détour des minutes qui défilent, cela lui paraissait de moins en moins flou, mais Atlas venait d’être blessant auprès de son amie. Mais il avait besoin d’en savoir plus. Au moins comprendre s’il avait un jour été un goujat avec elle. « Non, ce n’est pas comme ça… Peut-être, je ne sais pas… » Comment ça, elle ne sait pas ? Si Atlas se sentait perdu, il ne paraissait pas être le seul. « C’est arrivé plusieurs fois qu’on couche ensemble sans ensuite dormir ensemble, sans que l’un de nous ne se vexe, parce que c’était pas comme ça… Je veux dire… Ce n’était pas romantique, Atlas. Ce n’était pas un rapprochement déguisé… Ce n’était pas plein de baisers tendres et de câlins. » Oh. C’était donc juste du sexe. Il pouvait l’entendre cela. Si c’est qui leur convenait, après tout. « Alors juste du sexe ? » Il avait ce besoin étrange qu’elle confirme. « C’étaient juste deux amis, célibataires, adultes, avec des envies à assouvir… Sans pour autant que ce soit… Sauvage ou rustre. » Et pour la première fois de sa vie, Atlas la vit rougir. Alors qu’elle venait tout simplement de lui expliquer la vérité. Pas de sentiments, juste un bénéfice certain entre deux amis. « Je comprends Lucy. » Ce n’était pas non plus si dingue que cela. Enfin, il le voyait ainsi désormais. « Je voulais juste… Je sais pas, m’assurer de pas avoir été un connard avec toi ? » Ce n’était pas son genre à Atlas, mais il avait eu besoin de poser la question malgré tout.

« Tu me connais par cœur, Atlas. Ou du moins, tu me connaissais… » Il aimerait tellement la reprendre et dire que c’est toujours le cas, mais ce serait se voiler la face. Non, il ne la connaissait plus tant que ça, mais il essayait malgré tout, de recoller les morceaux. « Tu sais que j’ai été virée, tu sais pourquoi, tu m’as vu au plus bas. Tu m’as vu perdre mon emploi, mon fiancé, mes collègues, ma carrière. C’est toi qui m’as emmené à l’étranger pour m’éloigner de tout ça quand plus rien ne semblait avoir de sens. Alors, je m’étais déjà mise à nue devant toi, psychologiquement… Ça n’avait rien de compliqué de le faire après physiquement. » Il se demandait maintenant, ce que cela pouvait être de partager un tel moment avec elle. Une simple connexion physique qui demande qu’à aller chercher le plaisir. Voulant désamorcer le moment, cherchant à détendre l’atmosphère, il ne put s’empêcher de demander. « J’ai su te satisfaire au moins ? » Probablement. Elle avait décrit cela comme quelque chose de récurrent. Elle venait même de lui en redemander avant qu’il ne panique comme un adolescent. « Tu peux y aller si tu veux. » Il lui avait fait honte tout de même. « Mais si tu veux rester pour quand même boire une bière, sans rien de plus ce soir. » Il insistait sur le dernier mot, le moment était passé, mais Atlas ne fermait la porte à rien. « Fait comme tu le sens Lucy » Il lui offrit un sourire, mais se doutait qu’elle allait certainement fuir.

Elle est partie au final, un peu honteuse probablement et lui se sentait coupable. Mais ce n’était pas la fin de leur amitié, Atlas allait simplement devoir s’excuser encore un peu. Et peut être commencé à réellement parler avec quelqu’un, de cette fichue perte de mémoire.