Would you rescue me ?

Thomas & Elora

Cela fait une semaine que mon propriétaire m’a mise à la porte. Une semaine que je squatte chez mon demi-frère sans vraiment savoir ou je vais aller par la suite. J’ai joué à l’autruche pendant quelques jours et Léonardo m’a laissé faire. Il n’a cessé de me répéter que je pouvais prendre mon temps, qu’il fallait que je me repose et que je prenne le temps de retomber sur mes pieds. Il a été adorable avec moi alors que je suis venu envahir son appartement. Léonardo est venu avec moi chercher mes cartons, on en a mis une partie dans un coin de son salon et le reste dans sa cave. Il a tout fait pour que je me sente bien chez lui et je lui en serais à jamais redevable. Pourtant avec tout cela, je n’ai cessé de repousser le moment où j’allais vraiment prendre le problème au bras le corps. Je ne sais tout simplement plus comment gérer mes problèmes financiers et surtout, je ne sais plus vraiment à qui en parler. Je suis perdue et j’ai la sensation de ne plus du tout savoir par ou commencer pour en voir le bout. La fatigue n’aide pas et dès que je pense à tout cela, j’ai simplement envie de fondre en larmes.

Il y a quelques jours, j’ai eu un échange de messages assez tendu avec Thomas. J’ai fini par écrire au militaire pour lui avouer ma nouvelle situation. Il a réagi comme le père de substitution qu’il a toujours été pour moi, mais sa manière de parler m’as braqué. J’ai eu l’impression qu’il me prenait pour une enfant incapable de prendre des décisions et cela m’as blessée. Je lui ai répondu sèchement et je n’ai pas eu de retour. Cela m’a énormément perturbé. Encore une fois, je n’ai pratiquement rien dormi de la nuit. Il est sept heures du matin et je suis allongé sur le canapé-lit de Léonardo, les yeux grands ouvert, incapable de me reposer. Mon cerveau ne cesse de tourner à plein régime. Je suis allé vérifier mon application bancaire trois fois de suite en quelques minutes et j’ai la sensation que je ne pourrais jamais trouver une solution. J’ai un découvert énorme, et même en travaillant comme une folle, je ne pourrais jamais tout payer en temps et en heure. Je pourrais prendre un troisième job, mais c’est ma santé mentale et physique que je vais mettre en danger en faisant cela. Je suis à bout et je n’arrive plus à faire face. Je tourne un peu sur le canapé et regarde mon téléphone qui reste silencieux. J’ai besoin de voir Thomas. J’ai besoin qu’un adulte me vienne en aide. Léonardo est adorable avec moi, mais il ne me connaît pas comme Beauregard peut me connaître. Si je continue à me voiler la face comme cela, je vais finir au fond du trou. Dans tous les sens du terme.

C’est fébrile que j’ai fini par me lever pour prendre une douche et m’habiller. J’ai pris le temps de me faire un bon café avant de sortir de chez Léonardo pour me rendre en direction de la maison des Owens-Beauregard. Il est encore tôt, mais je sais que Thomas est un lève-tôt. Il m’a dit de ne pas hésiter à venir lui demander de l’aide. Aujourd’hui, je sais que j’ai cruellement besoin de lui. Ces derniers jours de silence m’ont fait beaucoup de mal. Je sais parfaitement qu’il ne l’a pas fait intentionnellement, il est juste beaucoup occupé avec sa famille et son travail. Je suis également énormément occupé par le travail, mais là aujourd’hui, j’ai besoin d’un break. Je sais que je vais craquer si je continue à ce rythme-là. Une fois devant la porte de l’appartement, je me sens trembler de la tête aux pieds. J’ai peur de ce qu’il va me dire, peur de sa réaction. Je ne sais vraiment plus où j’en suis et c’est finalement avec les larmes aux yeux que je finis par sonner. Il ne faudra que quelques minutes pour que la porte finisse par s’ouvrir sur un Thomas encore en pyjama, son journal à la main. « Salut… » dis-je fébrilement. Je renifle d’une manière peu sexy et finie par venir me jeter contre lui. « Je… Je crois que j’ai besoin de toi. »          

Ces derniers jours n'ont pas été de tout repos. Le boulot est éreintant et bien moins intéressants sans Cian -qui s'est choppé un arrêt maladie, ne pouvant pas voler à cause de sa main – et bien qu'il soit celui qui en souffre le plus, j'avoue que je m'ennuie énormément sans mon collègue préféré. Alors certes, il y a Sam et Thalya qui sont là pour que je puisse au moins échanger de bonnes conversations, mais sans Cian ce n'est pas pareil. Il est, finalement, le seul qui parvient à me changer les idées quand les recrues sont trop énervantes. Et du coup, on ne s'est plus vu depuis presque une semaine car en plus du boulot j'ai ma vie de famille, les enfants étant chez moi cette semaine. Aujourd'hui, toutefois, commence mes deux semaines de perm qui vont surtout me permettre de souffler un peu. Genre en commençant par rattraper le sommeil perdu.

Voilà l'idée qui tombe très rapidement à l'eau. Et pour cause.. il y a quelques jours j'ai eu un sms plus qu'inquiétant d'Elora. Et ma réaction a été bien trop vive. J'aurais sincèrement du prendre mon temps et réfléchir avant de répondre, mais, comme bien trop souvent, je ne l'ai pas fait et me voilà donc à regretter l'échange. D'avantage encore par ce que j'ai cessé de lui répondre et c'est sans doute la pire chose que j'ai faite. Tout cela me turlupine tellement que je n'en ai pas dormi de la nuit. Ou que très peu. Voyant ce matin que j'étais enfin endormi après avoir cogité toute la nuit, Myrddin a décide de s'occuper de déposer les enfants à l'école et à la crèche avant de filer pour sa répétition qui durera toute la journée et je lui en serais éternellement reconnaissant.

Mais au final, mon horloge interne me fait défaut et je me réveil comme tous les jours à 7h. Me rendant compte qu'il ne sert à rien d'essayer de me rendormir à nouveau, je décide donc de descendre et ait encore le temps de dire au revoir à mon époux et à mes enfants avant que ceux-ci de s'en vont. Seul, je m'installe à la table avec le café fraîchement préparé par Myrddin -cet homme est vraiment parfait- et commence à lire. Mais la fatigue n'arrangeant pas ma vue qui a pas mal baissée ce dernier mois, je fini par me relever et, journal en main, je fouille les différents tiroirs jusqu'à en sortir mes lunettes. J'ai tout juste le temps de les mettre sur mon nez lorsqu'on toque la porte.

Si ça avait été Myrddin,il n'aurait pas prit la peine de toqué. Ainsi donc, curieux, au lieu de repartir vers la cuisine, je vais ouvrir. Et j'ai a peine le temps de reconnaître Elora que celle-ci vient se jeter contre moi. Lâchant le journal qui tombe mollement au sol, je referme instinctivement mes bras autour d'elle et la sert contre moi. Sans un mot, je la garde contre moi, lui caresse le dos et la rassure comme je peux avec ma simple présence.

 « Vient» dis-je finalement après quelques instants de silence. Relâchant la jeune femme, je referme la porte et l'entraîne vers le salon. Je l'oblige à s'installer sur le canapé puis disparaît dans la cuisine pour en revenir quelques instants plus tard avec deux mug de thé. J'en tend un à Elora -connaissant parfaitement son parfum préféré- puis m'installe en face d'elle sur le fauteuil  « Qu'est-ce qui se passe ?» demandais-je finalement, calmement, la poussant à se confier.

@Elora Dawson

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Thomas & Elora

D’aussi loin que je me souvienne, Thomas a toujours fait parti de ma vie. Je n’étais qu’une petite fille toujours fourré dans les jambes de sa maman qui trouvait le voisin hyper impressionnant. Jusqu’au jour ou pour mon anniversaire, il m’a ramené une peluche et il est devenu le meilleur de tous les voisins du monde. La peluche était un petit lapin blanc avec de longues oreilles que j’adorais frotter contre mon nez pour m’endormir ou lorsque j’écoutais les histoires que pouvait me raconter Thomas. Des années plus tard, je possède toujours cette adorable peluche et je ne m’en séparerais probablement jamais. Après ce cadeau, j’étais devenu un véritable pot de colle. Dès que je voyais passer Thomas dans la rue, je m’élançais à sa rencontre et c’est comme cela que petit à petit, il a commencé à me raconter ses histoires d’aventures. Au départ, c’était juste occasionnellement. Puis Asher est entré dans nos vies et lorsque ça criait à la maison, je partais me cacher chez Ida et Thomas. C’est devenu une habitude et petit à petit celui qui n’étais que mon voisin est devenu une figure paternelle. Celle que je n’avais jamais eue et qui me manquait tant. Pendant qu'Asher passait son temps à me hurler dessus et à me rabaisser, Thomas finissait toujours par venir ramasser les morceaux. Il est celui qui me félicitait pour mes bonnes notes, qui m’envoyait toujours un petit message en début de semaine et surtout celui que je pouvais appeler pour n’importe quoi et n’importe quand. L’année de mes onze ans, j’ai passé toutes mes vacances d’hiver avec les Beauregard et c’est probablement l’un de mes meilleurs souvenirs de vacances. Thomas avait même invité son meilleur ami et sa nièce et on avait fait une soirée pyjama avec les deux militaires en les maquillant et en tentant de leur faire des couettes. J’adorais passer du temps avec Thomas, puis j’ai grandi et la vie nous a quelque peu séparé. On se voyait moins souvent, mais je savais qu’il serait toujours là pour moi. Jamais bien loin.

Pourtant, j’ai hésité à lui parler de mes problèmes avec mon propriétaire. Je sais qu’il aurait pu régler tout cela. Je le connais par cœur, il aurait fait un chèque pour calmer mon proprio et il m’aurait aidé pour le reste. Je le sais parfaitement et c’est tout ce que je voulais éviter. Parce que j’ai tout de même une fierté un peu mal placée. J’aurais voulu m’en sortir par moi-même, mais il faut croire que j’en ai été incapable. Puis comme je l’avais prévu Thomas a très mal réagi à la nouvelle. On a eu un échange assez tendu par messages et cela m’as confirmé que j’avais bien fait de ne pas venir frapper chez lui le jour où je me suis retrouvé à la porte. Et pourtant… Aujourd’hui, je sais que j’ai réellement besoin de voir Thomas. Je suis une adulte et Léonardo également. Enfin tous mes amis en réalité… Mais seul Thomas est un père de famille avec un job stable depuis des années et une expérience de vie bien plus importante que la mienne. J’ai besoin de ses conseils et surtout, j’ai besoin qu’il endosse ce rôle de papa qu’il a si souvent eu avec moi. Ma maman n’est plus là pour me guider et il semblerait que je ne puisse jamais compter sur mon père biologique, alors je me tourne vers celui que je me suis choisi. Celui qui ne me décevra jamais, mais que je vais probablement décevoir en lui expliquant toute la situation.

C’est donc tremblante et déjà en larmes que je frappe chez Thomas très tôt en ce début de journée. Je ne prends même pas le temps de lui expliquer quoique ce soit que je vais directement me blottir tout contre lui. C’est uniquement lorsque je sens ses bras se resserrer autour de moi que je me sens enfin en sécurité. L’espace d’un instant, je profite de ce câlin dont j’avais tant besoin. Puis c’est avec douceur que Thomas finis par me guider à l’intérieur de l’appartement pour me faire asseoir dans son canapé. Je me rends compte que la maison est vraiment silencieuse et réalise que les enfants doivent tout juste être parti pour l’école. Je les verrais une prochaine fois, c’est mieux que je me retrouve seule avec leur père pour cette fois. D’ailleurs, ce dernier revient rapidement avec une tasse de thé brûlante à la main. Lorsque je prends la tasse, je reconnais tout de suite l’odeur de ma marque de thé favorite. Je pourrais en pleurer tellement cela me rappelle maman. « Merci… » Assis en face de moi, Thomas me demande de lui parler et je me rends compte que je ne sais même pas par ou commencer. Je soupire un peu mes mains enroulé autour de ma tasse tandis que je m’installe un peu plus confortablement dans le canapé en soutenant le regard de mon hôte. « Je m’excuse de t’avoir mal parlé par message. » Tout de suite. Des excuses, parce que j’ai la sensation qu’il m’en veut et que c’est pour cela qu’il ne m’a jamais répondu. « Mais… J’ai pas aimé comment tu as dit les choses. Je sais que j’ai foiré, Thomas, je le sais parfaitement. Si je t’ai pas prévenu, c’est parce que j’avais trop peur de te décevoir. » dis-je tout en baissant le regard, les larmes véritablement prête à couler cette fois-ci. Je renifle une nouvelle fois, la voix tremblante. « Je voulais m’en sortir toute seule, mais j’y arrive pas… Je sais plus quoi faire. »           

Thomas n'aimait pas voir les gens en détresse. Mais pire que ça, il détestait se sentir impuissant face à la détresse des personnes qui lui sont chères. Et Elora en faisait parti. Cette jeune femme que Thomas a aimé dès qu'il l'a vu la première fois. Il n'avait que 15 ans à l'époque, mais savait tout de suite qu'il l'aimerait plus que tout au monde. Même lorsqu'il s'est marié et qu'il est devenu père quelques années plus tard, il n'a jamais cessé d'aimé la petite blonde. Et même si sa grande empathie à longtemps été mise à mal par la souffrance de la jeune fille, il ne lui a jamais tourné le dos et a toujours été là pour elle. Alors lorsqu'elle a débarqué ce matin, Thomas n'a pas hésité à lui ouvrir sa porte. L'obligeant presque à venir s'installer sur le canapé du salon, il s'est en allé dans la cuisine pour lui préparer on thé préféré puis s’est assit face à elle et la pousse gentiment à se confier.

Et ce qu'il apprend ne lui plait pas des masses. Si Elora ne lui a rien dit jusqu'à récemment c'était simplement parce qu'elle ne voulait pas le décevoir mais surtout parce qu'elle souhaitait s'en sortir toute seule. Toutefois, au lieu de s'énerver, Thomas est resté calme pendant tout son discours et a fini par soupirer doucement, las.  «Je ne t'en veux pas » a-t-il dit sur un ton calme et posé  «Je peux tout à fait comprendre ta décision et surtout ton envie de vouloir tout gérer toi-même » il a haussé les épaules avant qu'il n'ait déposé son mug sur la table afin de se lever pour prendre place à côté de sa petite protégée  «mais tu sais très bien que tu ne me décevras jamais » a-t-il continué en posant une main sur l'épaule de la jeune femme  «Je n'aime pas te voir comme ça ... » il a dégluti avec difficulté avant de secouer doucement la tête  « Je n'aime pas te voir comme ça. Tu … t'es sûre que tu vas bien ? Genre chez Léonardo et tout ça ? » s'est-il inquiété en posant son regard sur la jeune femme  «Si ce n'est qu'une question financière je peux t'aider, vraiment » a-t-il insisté avant de se redresser en voyant Elora se braquer à nouveau  «Et arrête un peu avec ta fierté » a-t-il soupiré  « Tu as besoin d'aide ! Et tu ne peux pas continuer à te voiler la face» son ton s'est fait plus dur et plus ferme l'espace de quelques instants avant qu'il ne regrette le tout  «désolé, je voulais pas ...je ... » il a soupiré et s'est redressé à nouveau en se passant une main dans les cheveux  « j'ai vraiment envie de t'aider mais tu ne me facilites pas la tâche. Alors dis-moi, qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce tu as besoin ?» il a reposé son regard sur Elora, l'interrogeant silencieusement et a espéré qu'elle finira par lui donner quelques directives plus claires qu'il pourra suivre.

@Elora Dawson

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Thomas & Elora

Je ne sais pas vraiment quoi attendre de cette visite à Thomas. Je ne veux pas lui demander de l’argent. Tout d’abord, parce que je refuse de me retrouver en dette avec une personne dont je suis proche et puis tout simplement parce que c’est impossible de demander une chose pareille. J’ai vingt-quatre ans, je devrais être capable de gérer tout cela seule. Après tout, je n’ai pas pris deux emplois juste pour faire joli. J’aurais dû pouvoir m’en sortir seul et pourtant… J’en ai été incapable. Alors, je me suis retrouvé mise à la porte de chez moi, obligé de quémander l’asile chez mon demi-frère. Et me voilà devant chez Thomas pour tenter de rattraper la conversation houleuse que nous avons eu par messages et surtout parce que j’ai réellement besoin de le voir. Je crois que j’ai réellement besoin d’être rassuré, qu’il me dise que tout ira bien, qu’il est là pour moi. J’ai besoin de ma famille et il est tout ce qu’il me reste qui ressemble un tant soit peu à une famille. C’est bien pour cela que je ne peux m’empêcher de venir me coller à lui dès qu’il ouvre la porte. Blotti tout contre lui, je suis automatiquement rassurée par la sensation de ses bras autour de moi et par son odeur rassurante.

Finalement, je me retrouve installer dans le canapé de Thomas, une tasse de thé fumante entre les mains. Je vois bien qu’il cherche à en savoir plus et je finis par répondre à ses interrogations. Enfin… Du mieux que je peux. Et visiblement, je n’ai rien fait pour le rassurer. Lorsqu’il prend place à côté de moi et qu’il me dit qu’il ne sera jamais déçu par mes actions, je me mords la lèvre inférieure pour ne pas fondre en larmes sur l’instant. C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre. Telle une petite fille, je viens poser ma tête contre son épaule, l’espace d’un instant. Juste pour profiter. De ces quelques mots qui me rassurent et de sa douceur. Mais voilà que les questions pleuvent d’un seul coup. Je n’ai pas le temps d’en placer une que Thomas les enchaîne. Il me demande si tout va bien chez Léonardo et voilà que la question d’argent arrive dans la conversation. Bien plus rapidement que ce que j’avais prévu. J’étais prête à répondre, mais il me faire taire en quelques secondes. « Mais Thomas… » Je me sens mal à l’aise, je veux pas lui demander de l’argent. Je ne pourrais probablement jamais le rembourser et c’est ce qui me dérange le plus. Je ne suis pas venu ici pour cela. Je ne veux pas qu’il croie que je le prends pour un distributeur automatique, c’est loin d’être le cas. « T’as toujours été comme un papa pour moi Thomas, mais je peux pas te demander de l’argent. » J’ai vraiment honte de parler de tout cela et j’ai juste envie de pleurer. À croire que je suis bonne qu’à cela ces derniers temps, chialer. « Je pourrais jamais te rembourser… Je dois encore beaucoup d’argent à la banque et… Avec les factures, j’y arrivais plus du tout. » Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que j’évite le regard de Thomas. Je reprends ma tasse entre mes mains et en bois une longue gorgée comme pour gagner du temps. « Pour le moment, je dors sur le canapé chez Léo. » dis-je en haussant un peu les épaules. « C’est un peu au jour le jour, tu vois… » Je peux pas faire mieux pour le moment. Je ne sais pas de quoi demain sera fait et c’est bien trop compliqué à gérer. Un instant, je me perds dans mes pensées avant de croiser le regard du militaire. « Tu sais de quoi j’ai besoin vraiment… De maman… » Et cette fois, je n’arrive pas à retenir mes larmes, c’est tout simplement plus fort que moi. « Pardon… Je m’étais promis d’arrêter de pleurer constamment, mais je suis fatiguée Tom. »            

Je ne devrais pas me montrer aussi dur. Elora n'a pas besoin de ça maintenant. Elle n'a pas besoin de quelqu'un qui se montre intransigeant et encore moins quelqu'un qui lui dit quoi faire, qui lui donne des ordres. Et encore moins quelqu'un qui lui propose de régler ses problèmes en lui proposant de l'argent. Non. Ce dont elle a besoin c'est de soutient, d'une oreille attentive et de bras appartenant à quelqu'un qui lui fera comprendre que tout cela n'est que passager, qu'elle s'en sortira forcément un jour. Prochain ou éloigné, peu importe, elle s'en sortira. Ce n'est qu'un mauvais moment -qui dur depuis trop longtemps, certes- et tout finira bien par s'arranger.

Toutefois,  lui proposer de l'argent, n'est-ce pas une façon pour régler tout ça ?  D'après Elora, non. Elle refuse catégoriquement ma proposition, arguant avec le fait qu'elle ne pourra jamais me rembourser car elle a bien trop facture et pas assez de salaire. Je soupire doucement, désolé, ne voyant pas d'autre solutions.  « Tu sais très bien que je ne te demanderais pas de me rembourser dans la foulée. Même si tu me rembourses dans 20 ans, ça me va, tu sais ? Et sans interêts en plus !» ajoutais-je avec un demi sourire, espérant que la touche d'humour puisse la détendre.

Mais il en est tout autrement. Dans un nouveau sanglot, Elora me brise le cœur en me disant que ce dont elle a vraiment besoin c'est sa mère. Et que peut-on répondre à cela ? 'ouais mais elle est pas, alors démerde toi pour vivre sans elle' . Pas aussi rudement et avec beaucoup plus de compassion, certes, mais c'est ce que je suis tenté de lui répondre. Toutefois, je décide de d'abord la prendre dans mes bras et lui caresser les cheveux en la berçant.  «Moi aussi elle me manque » soufflais-je doucement sans relâcher la jeune femme  « Il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à elle» je ferme les yeux et dépose un baiser dans  les cheveux d'Elora  « Mais elle n'est pas là. Je ...» je soupire doucement et déglutis  «Je sais pas quoi te dire ma chérie » soufflais-je en réaffirmant mon étreinte sur elle, me sentant tout à coup très émotionnel à mon tour. Mais je me retiens, car si je me met à pleurer à mon tour, ça ne va pas le faire.

 «Tu sais ... » reprenais-je finalement après plusieurs minutes de silence  « J'ai peut-être une solution. Pas du ressors financier mais pour le logement» je me redresse, relâchant légèrement ma fille d'adoption  « Il y a un collègue de Myrddin, son colocataire a quitté l'appartement il y a quelque jours et je pense qu'ils auraient bien besoin d'une nouvelle personne» j'attrape Elora par les épaules et l'oblige à me regarder  «Tu veux que je lui demande ? Ça peut être un bon début déjà, je pense, non ?» je souris avec douceur, espérant pouvoir la rassurer de cette manière.

@Elora Dawson

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Thomas & Elora

Je vois bien que pour Thomas, la solution est déjà toute trouvée. Pour lui, je ne fais que de me prendre la tête toute seule. Il ne le dit pas, mais je le vois sur son visage. C’est tout simplement plus fort que lui. Il est obligé de prendre ce rôle un brin autoritaire et surtout protecteur de papa. Après tout, c’est pour cela que je l’ai toujours aimé. Tout simplement, parce que Thomas a toujours représenté cette figure paternelle, aimante qui me manquait depuis la petite enfance. Pourtant aujourd’hui, j’aimerais qu’il soit plus un ami qu’un père. Pour moi, il est inconcevable que Thomas me prête de l’argent. Pas alors qu’il a trois enfants. Je ne me le pardonnerais jamais si ma petite filleule se retrouvait à devoir vivre la même enfance que moi, à voir ses parents se serrer la ceinture et tout cela à cause de moi. Cette simple idée me fait frissonner de la tête aux pieds. Et pourtant, Thomas ne lâche pas l’affaire. Il est tout aussi têtu que moi là-dessus. Il tente de me faire rire, mais cela me fait à peine esquisser un petit sourire. « Je veux pas vous mettre dans le rouge. Tu dois penser à ta famille d’abord. » Bien sûr que ce sera toujours sa famille d’abord. Je n’en fais pas parti, je suis la petite voisine gamine qui le collait un peu trop. Je soupire sachant parfaitement que le militaire ne va pas changer d’avis aussi facilement. J’ai beaucoup trop de fierté pour accepter, mais je sais que ce serait le moyen de me sentir enfin en sécurité financièrement. « Tu es sûr, sûr ? » demandais-je d’une toute petite voix. « Parce que les dettes de maman, c’est... Enfin, c'est encore beaucoup d’argent. » Je soupire un peu.

En parlant de maman, je ne peux m’empêcher de parler d’elle. Je parle souvent de ma maman, mais c’est uniquement avec Thomas que je peux réellement lâcher tout ce que je retiens depuis bien trop longtemps. Il est la seule personne de mon entourage proche qui a réellement fréquenter maman. Elle était son amie et je sais qu’ils s’adoraient tous les deux. Je vois bien que mes sanglots le mettent mal à l’aise. T’es vraiment qu’une idiote Elora. Je n’ai pas le temps de m’excuser que je sens les bras de Thomas se refermer autour de mes épaules. Mon visage va automatiquement se caler contre son torse tandis que les larmes ne cessent de couler en silence. Cette fois-ci, les vannes sont ouvertes. Les paroles de Thomas me serrent le cœur, mais je sais qu’il a parfaitement raison. Maman n’est plus là et je dois me débrouiller sans elle désormais. Je suis une grande fille. Pourtant, c’est juste un peu trop dur sans elle. Je renifle une nouvelle fois, tentant de ne pas essuyer ma morve et mes larmes sur le tee shirt de l’homme qui continue à me bercer pour me calmer. Je passe une main sur mes joues et soupire un peu. « Désolée… » C’est tout ce que j’arrive à articuler sur le coup. Pendant quelques minutes, encore, les larmes continuent à couler en silence, sans qu’aucun de nous deux ne bouge. « Je suis vraiment fatiguée alors je pleure pour un rien en ce moment. » Il va s’inquiéter, je le sais, mais je ne sais plus vraiment comment le cacher.

Finalement, Thomas se recule un peu pour plonger à nouveau son regard dans le mien. Un peu, mal à l’aise, je me redresse et attrape ma tasse de thé. Il n’y a rien de mieux qu’une bonne tasse de thé brûlante après quelques larmes. Le militaire à mes côtés, finis par me parler d’un collègue de son mari qui pourrait éventuellement être en train de chercher une colocataire. « Tu crois ? » demandais-je en reniflant une dernière fois. Je bois une nouvelle gorgée de ma tasse et me tourne un peu pour me retrouver face à Thomas. « Je pourrais pas mettre beaucoup dans le loyer, mais la colocation ça peut-être une bonne idée. » Je souris un peu. Je savais qu’il fallait que je vienne ici. Thomas est bien plus posé et adulte que moi. Il allait forcément tout faire pour m’aider à trouver une solution. « Tu crois qu’il voudrait bien de moi ? »            

Savoir Elora aussi démunie et perdue dans sa vie, m'arrache le cœur. J'ai l'impression que j'ai échoué quelque part, que je n'ai pas réussi à tenir la parole que j'avais promis à Sophia. Et je m'en veux, amèrement, sincèrement, de ne pas avoir été d'avantage présent pour ma petite protégée. Si je n'avais pas été aussi occupé avec ma vie, si j'étais allez lui rendre visite plus régulièrement et lui demander des nouvelles par écrit, peut-être aurais-je pu réagir plus tôt et peut-être ne serais-je pas là, à lui proposer de l'argent pour compenser ? Car c'est comme ça que je la vois, cette offre : comme un lot de consolation. Même si ça peut concrètement aider Elora, ce n'est pas de ça qu'elle a besoin. Malgré tout, j'hoche doucement la tête.  « Je n'ai jamais été plus sûr que ça» dis-je en lui souriant avec tendresse  « Si tu veux je peux poser la question concernant tes dettes aux comptable de l'association Beauregard ?» proposais-je dans un haussement d'épaules  « Voir si on peut arranger quoique ce soit de ce côté aussi» j'hoche doucement la tête  «Et en fonction je participerais aux frais » assurais-je en lui caressant les cheveux avec douceur avant que la jeune fille n'éclate en sanglot et ne revienne se nicher dans mes bras.

Fermant les yeux, me concentrant pour ne pas me laisser submerger par les émotions à mon tour, je referme mes bras autours de ses épaules et la sert contre moi alors que ses paroles me tordent douloureusement l'estomac : elle a besoin de sa mère. Cette femme qui lui a été arraché bien trop tôt et bien trop brutalement. Mes paroles sont dures mais sincères : elle ne peut rien faire car Sophia n'est plus là. Tout de suite, Elora s'excuse et se redresse en disant qu'elle est fatigué et qu'elle pleurs pour rien.  « Non, non, t'excuse pas. Surtout pas» soufflais-je en passant mon pouce sur sa joue pour en essuyer les larmes  « C'est normal, t'es perdue et t'as l'impression de te retrouver dans une impasse et ...» je soupire doucement  «Tu peux dormir ici cette nuit » assurais-je  «ça fera plaisir à Clara de t'avoir pour elle, elle te réclame souvent » j'hausse les épaules  «et elle te fera sans aucun doute une place dans son lit » je pense sincèrement que c'est la meilleure des solutions.

Toutefois, alors que mon regard se pose sur une photo mettant en scène Myrddin et Clément -son partenaire dans cette scène- (une photo pleine de grâce, d'émotion et de passion que j'ai rapidement faite développer et encadrer tant que je l'aime) je me rappelle de la conversation que j'ai eu avec mon mari : ça fait presque un mois que le colocataire de son collègue a quitté la ville et qu'ils seraient à la recherche d'une nouvelle personne. Connaissant parfaitement bien les jumeaux Macleod, sachant à quel point ils sont fusionnels, je me demande si c'est une bonne idée que celle de leur proposer Elora en colocataire, mais je peux toujours tenter. Ainsi donc, j’émets l'hypothèse de la colocation à haute voix et la réaction de la jeune blonde ne tarde pas à arriver : elle doute, elle parle d'argent et se demande s'ils voudront bien de moi.  « Je ne sais pas» avouais-je  «Pour tout avouer, c'est le frère de Sybille qui est parti il y a un moi assez brusquement, donc ça lui fera sans doute bizarre que quelqu'un d'autre prenne sa place. Mais ils sont adorables ! » m'empressais-je de préciser  « Autant Sybille que Clément. Je connais très bien la première, son père est capitaine dans la Navy mais il est basé à Sydney donc j'ai très peu de contact » j'hausse les épaules  «Mais j'en ai eu beaucoup quand j'étais encore là-bas avant d'être muté ici et … bref long story short, je peux toujours demander » haussais-je les épaules, convaincu  «Et de mémoire l'appartement appartient aux jumeaux donc le loyer est super bas. Je crois qu'ils demandent juste une participations aux frais genre électricité, eaux et chauffage et bien sûr la bouffe. Mais ça devrait pas dépasser les 150-200$ par mois, voire carrément moins » j'attrape ma tasse et prend une gorgé du thé  « Je leur demande ? Je peux appeler Sybbie dès ce soir encore si tu veux»

@Elora Dawson

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Thomas & Elora

Je ne sais pas pourquoi je tiens tellement à mon indépendance. Je crois que maman m’a appris cela sans réellement le vouloir. Lorsque j’étais enfant, on dépendait toutes les deux d’Asher et c’est ce qui nous a amener tout nos problèmes. Maman n’osait pas le quitter de peur que l’on se retrouve à la rue. Lorsqu’elle a fini par le faire, on a rapidement trouvé un autre logement, mais c’est là que nos problèmes d’argent ont réellement commencé. Lorsqu’elle a fini par le faire, on a rapidement trouvé un autre logement, mais c’est là que nos problèmes d’argent ont réellement commencé. Elle a trimé toute sa vie d’adulte pour finir par mourir jeune dans un stupide accident de voiture. Elle n’a pas eu l’indépendance qu’elle avait toujours rêver d’avoir et je ne veux pas marcher dans ses pas. J’aimais ma mère plus que tout au monde, mais j’ai appris de ses erreurs. Thomas n’est pas un homme toxique avec qui j’entretiens une relation, mais il me propose de l’argent et je ne sais quoi lui dire. On ne m’a pas appris à accepter la charité même venant d’un proche de la famille. Je ne sais juste pas comment faire pourtant, je sais que j’ai cruellement besoin d’aide financière. Je me sens encore plus perdue lorsque Thomas me parle de la fondation. « Tu veux qu’il regarde quoi ? » demandais-je un peu bêtement. Je ne comprends souvent rien aux factures, je me contente de payer ou de les empiler dans un coin pour prétendre qu’elles n’ont jamais existé. « Y a vraiment beaucoup de factures, tu sais… Et je comprends pas tout des fois. » dis-je en soupirant un peu.

Bien entendu, ce genre de conversation me force à penser à maman. Et comme toujours, je finis en larmes. Je suis incapable de penser à elle sans me mettre à pleurer. C’est encore beaucoup trop frais et le manque est encore énorme. Je ne sais pas faire sans elle. Et devant Thomas, je ne sais plus faire semblant que tout va bien. J’ai vraiment besoin d’en parler, de tout laisser sortir. Même si je me mets à renifler contre le tee-shirt du militaire. « Pardon… Je te salis ton tee-shirt. » dis-je doucement tout en essuyant mes larmes. Encore une fois, il fait tout pour me rassurer Thomas. Il n’a pas été là depuis un moment, il était trop occupé avec sa propre vie, mais lorsque je viens vers lui il sait toujours tout faire pour me faire sentir en sécurité. Je me sens bien dans ses bras et sa proposition me réchauffe le cœur. « Tu crois qu’elle me laisserait de la place au milieu de toutes ses peluches. » demandais-je en souriant quelque peu. Je n’ai pas vu Clara, ma filleule, depuis un petit moment et je dois avouer qu’elle me manque cruellement. « J’aimerais bien la voir oui… Mais je voulais pas déranger à chaque fois. » C’est toujours mon problème, j’ai constamment la sensation de déranger les gens. Alors, je n’ose pas, je reste dans mon coin et j’accumule les problèmes. Seule. « Je suis nulle… » C’est tout ce qui me vient à l’esprit…

Et soudainement, tel le héros qu’il est, Thomas me présente une solution sur un plateau. La proposition d’appeler une de ses connaissances qui recherche une colocataire. Je n’avais jamais réellement pensé à cela, mais je sais que c’est une solution durable pour moi. Il va falloir que j’abandonne l’idée de vivre seule, mais je partage l’appartement de Léonardo depuis quelques jours et j’aime bien dans le fond. Je ne me retrouve pas seule avec mes pensées, j’ai quelqu’un avec qui discuter et cela collerait avec mon envie de changement ces derniers temps. « J’aimerais bien que tu lui parles de moi oui. » Je hausse les épaules. « J’ai jamais été en colocation, mais ça peut être cool non ? » demandais-je un peu bêtement. Puis Thomas me dit que ces jeunes sont propriétaire de l’appartement et que par conséquent, il ne s’agit pas de payer un véritable loyer, mais plutôt une sorte de compensation financière pour les charges. « Oh… Oh wow, mais ce serait génial ! » m’exclamais-je. Je pourrais peut-être même abandonner un de mes jobs si mon loyer est aussi bas. Ce serait pas plus mal parfois. « Tu sais j’ai deux jobs en ce moment et… Je crois que j’arrive plus vraiment à suivre physiquement. » Je n’ai parlé de cela à personne, mais Thomas est celui a qui je peux me confier. « Je me sens constamment fatiguée et c’est pour ça que je pleure tout le temps, je crois. » En parlant de ça, voilà que je renifle une nouvelle fois. « Peut-être que je devrais voir un psy aussi… »              

Je n'aime pas voir Elora aussi démunie et propose donc plusieurs solutions dont l'argent et le fait de demander au comptable de l'association Beauregard de jeter un coup d'oeil à ses factures. A sa question, j'hausse simplement les épaules  « Déjà, il peut t'aider à faire le trie dans tes factures, voir avec toi celles qui sont très importantes et celles qui le sont moins, éventuellement prendre contact avec les compagnies qui t'envoient ces factures» j'hausse les épaules  «En ce qui concerne les dettes de ta mère … je suis persuadé qu'il existe des organismes qui pourraient t'aider. Je vais me renseigner de ce côté » lui faisais-je la promesse.

Mais évoquer sa mère font remonter les larmes et c'est sous un trop plein d'émotion que la jeune fille éclate en sanglot. Elle retrouve très rapidement mes bras qui l'entourent avec douceur et lui procurent le confort et le soutient nécessaire. Elora sait parfaitement qu'elle n'a pas besoin de se restreindre ou avoir honte de pleurer devant moi. Ce n'est pas la première ni la dernière fois que je la tiens ainsi dans mes bras et je le ferais encore bien longtemps et bien souvent, tant qu'elle en aura besoin. Alors, je la berce avec tendresse et secoue doucement la tête lorsqu'elle s'excuse de salir mon t-shirt  «Ce n'est qu'un vêtement, ça se lave » souriais-je, laissant la jeune femme se redresser et essayer de reprendre contenance. Pour l'y aider, Je décide de changer de sujet, expliquant que Clara se fera sans doute un plaisir de lui faire une place dans son lit. Avec une pointe d'humour malgré son désarrois Elora parvient à dire qu'elle n'est pas sûre d'avoir de la place entre toutes les peluches de sa nièce  «Elle aura sa peluche préféré » dis-je amusé  «Tu vas voir que les autres seront bien insignifiantes quand elle t'aura toi dans son lit » je souris doucement et caresse l'épaule de ma jeune protégée avant de secouer la tête  «Non tu ne dérange pas. Tu ne déranges jamais et tu n'es pas nulle, ok ? Tu es juste perdue et tu as juste besoin d'un peu d'aide. Alors accepte là et va de l'avant, ok ? » je baisse légèrement la tête, cherchant son regard.

Et puis, tel un flash, me vient l'idée qui me semble être l'idée du siècle ! Ambroise ayant quitté la ville, une place s'est libérée dans l'appartement des Macleod. Sans plus attendre, je lui propose d'appeler Sybille pour lui demander s'ils voudraient bien aider Elora. Toutefois, j'évite de dire que celui qui a quitté la colocation s'est le frère jumeau de la fille de mon supérieur et qu'ils n'ont jamais été séparé de toute leur vie et le meilleur ami du collègue de Myrddin. Collègue qui était très attaché à cet australien. Je ne veux pas qu'Elora pense encore une fois qu'elle soit entrain de déranger, de toute manière je suis persuadé qu'elle saura bien assez tôt qui est Ambroise.  « ça peut être très cool. Clément est quelqu'un de vraiment cool et très … mignon aussi, si tu vois ce que je veux dire» j'offre un clin d’œil et un sourire plein de sous entendus à Elora  «Et Sybbie c'est la personne la plus sociable que je connaisse. Nul doute que tu t'entendras bien avec eux ! » assurais-je.

Autre point important : le loyer très bas. Etant donné qu'il s'agisse là de l'appartement des Macleod, ils ne partagent que les frais électricités, eaux et chauffages et demandent une participation au budget course. C'est à ce moment que le regard d'Elora s'éclaircit et qu'elle m'apprend qu'elle a deux job qui la fatiguent. Je grimace légèrement, compatissant, avant d'hocher la tête à sa suggestion de voir un psychologue  « Je pense que c'est une superbe idée» indiquais-je  «Je peux te filer l'adresse du mien si tu veux, il est vraiment bon  » j'hausse les épaules  « Même si je ne l'ai plus vu depuis longtemps parce que …. parce que j'en ai plus besoin, il m'a beaucoup aidé à la mort de Ian» mon frère, tombé au combat, nous a tous laissé dans un état assez déplorable.  « Et dans tous les cas si tu ne veux pas parler à un inconnu, je suis là, moi, ok ? Peu importe l'heure de la journée ou de la nuit» ça doit être la 100e fois que je répète cela, mais je le répéterais encore et encore, inlassablement, jusqu'à ce qu'Elora le comprenne.

@Elora Dawson

Would you rescue me ?

Thomas & Elora

C’est en discutant avec Thomas que je me rends compte que j’aurais dû demander de l’aide bien plus tôt. Je suis jeune, je ne connais pas grand-chose du monde des adultes. Surtout, je ne connais absolument rien des ficelles de l’administration, de la trésorerie et du reste… Jamais je n’aurais pensé à ce que Thomas vient de me proposer presque immédiatement. Il a vingt ans de plus que moi, il sait mieux gérer ce genre de situation que moi. « Tu pourrais faire tout ça ? » demandais-je timidement. Je relève des yeux timides vers lui un peu rassurée soudainement. Je pensais qu’il n’existait plus aucune solution pour moi, que j’allais devoir galérer seule pendant des années encore. Visiblement, j’étais trop enfermé dans ma fierté et j’aurais dû venir en parler à Thomas il y a bien longtemps. « Je savais même pas que tout cela existait. » Je hausse les épaules doucement. « Si tu peux m’avoir un rendez-vous avec lui, ce serait génial. »

Forcément parler de tout cela et surtout parler de maman finis par me faire pleurer. C’est toujours comme cela. Je n’arrive pas à évoquer des souvenirs en compagnie de ma mère sans me mettre à pleurer. Elle me manque beaucoup trop et je ne sais pas gérer sans elle. Je crois que Thomas l’a parfaitement compris et il fait tout pour me changer les idées tout en me berçant contre lui. Il me propose de rester chez lui quelque temps et que cela pourrait faire plaisir à sa petite dernière. Penser à Clara me redonne le sourire. Cela fait longtemps que je n’ai pas vu la petite fille et elle me manque elle aussi. Thomas me dit que je suis la peluche préférée de ma filleule et cela me fait rire doucement. Le militaire me demande d’accepter l’aide qu’il me propose et je hoche la tête tout en reniflant. « Je vais avoir besoin de toi encore un moment Thomas. » Je me sens comme une petite fille qui a réellement besoin de se sentir protégée un peu dans sa vie. « Et si Clara veut bien de moi, alors je viendrai. Elle me manque ta princesse. » Je souris un peu et essuie mes larmes.

Véritablement décider à m’aider, Thomas me propose également d’appeler une de ses connaissances afin que je puisse profiter d’une place dans une colocation et je dois dire que l’idée me plaît plutôt bien. Je n’ai jamais fait de colocation, mais il faut avouer que financièrement cela ne peut être qu’avantageux pour moi. Puis visiblement, ils sont tous les deux très sympathiques. Alors j’accepte sa proposition de les appeler pour moi. Visiblement, j’ai véritablement une la meilleure des idées en venant ici aujourd’hui. J’avais besoin d’une conversation avec Thomas.

Je finis même par évoquer le fait d’aller voir un psychologue et tout de suite Thomas s’emballe. Tellement que cela me fait un peu peur. « C’était juste une idée Thomas… » Je ne sais pas si je suis réellement prête à franchir le pas et puis une consultation coûte très cher donc on verra plus tard. J’ai besoin de réfléchir à tout cela. En attendant, une nouvelle fois Thomas me fait savoir qu’il est présent jour et nuit pour moi et je ne peux m’empêcher une remarque. « Fut un temps, tu étais plus vraiment là pour nous. » Je ne voulais pas lui faire ce reproche, mais il faut croire que je le garde pour moi depuis bien trop longtemps. Thomas avait sa vie. Personne ne peut lui reprocher d’avoir fait passer ses enfants et son mari avant tout le reste, mais je crois que maman aurait eu besoin de lui et qu’il n’a pas été là à ce moment-là. Puis quand j’ai perdu maman, il a été là, mais je me suis bien vite retrouvé seule. « Je sais que tu as ta vie, je ne te le reprocherais jamais… Mais j’aurais aimé que tu… Je sais pas que tu sois là plus souvent. » Je hausse les épaules un petit peu. « C’est compliqué pour moi de venir te parler de tout cela, si j’ai toujours cette sensation, cette peur de te déranger ce n’est pas pour rien. » Je soupire m’en voulant un peu d’aller dans cette direction. « Pardon je… Je voulais pas te faire de reproche. Je t’aime Thomas, tu sais ? T’es la seule famille qui me reste, je serais perdue sans toi. »              

Elora est vraiment et totalement perdu. La preuve est qu'elle ne s'en sort tellement pas avec ses factures qu'elle n'a même pas pensé au fait que des associations pourraient l'aider elle et les dettes que sa mère lui a laissé avec son décès. Lorsque je propose à Elora de l'aider dans ce sens là, c'est un soulagement sans nom que je lis dans son regard et j'hoche la tête d'un air entendu lorsqu'elle me demande si je peux lui avoir un rendez-vous  « Je m'occupe de tout ça » assurais-je en hochant la tête, souriant d'un air entendu et note dans un coin de ma tête que je devrais penser à poser la question à notre comptable pour qu'il trouve une place de libre afin de pouvoir rencontrer Elora.

Après avoir rassuré la jeune femme de ce côté, je suis obligé de la rassurer lorsqu'elle éclate en sanglot, alors qu'elle m'avoue que sa mère lui manque horriblement. Je la prend dans mes bras, la rassure, lui parle tendrement et lui explique qu'elle peut rester sans aucun problème ici, qu'elle même dormir à l'appartement car je suis persuadé que Clara lui fera de la place dans son lit.  « Faudra lui demander mais je suis sûr qu'elle te le proposera d'elle même» assurais-je en rigolant doucement, adressant un clin d’œil à Elora.

Et, afin de l'aider totalement, je lui propose même d'appeler Clément et Sybille afin de leur proposer s'ils peuvent l'accepter dans leur colocation. Ambroise étant parti, une place s'est sans doute libéré et peut-être accepteraient-ils Elora ? Je ne peux que leur faire la demande et je les laisserais se débrouiller entre eux. Je note donc dans un autre coin de ma tête de passer l'appel le plus rapidement possible avant que la jeune blonde ne reprenne la parole.

Et ses nouveaux mots me crèvent le cœur, presque littéralement. Elle met en avant le fait que fut un temps je n'étais pas assez présent et je baisse le regard, me reculant et la relâchant. C'est horrible. Elle est adorable Elora, vraiment, mais là je ne sais pas ce qui passe par sa tête pour lâcher cette bombe. Son ton n'est pas froid, mais j'entends clairement le reproche dans ses paroles et ça fait mal. Elle a beau se rattraper, me dire qu'elle m'aime sincèrement, j'avoue que j'ai du mal à me remettre de ce qu'elle a dit.  «Je sais, oui » soufflais-je en me forçant à lui offrir un sourire.  «Bon. Si tu reste ici, va falloir que j'aille faire quelque courses » dis-je en me levant afin d'aller récupérer mon porte feuille et les clefs de ma voiture  « Tu veux quelque chose de particulier ?» demandais-je, posant mon regard sur Elora, avant de soupirer et me diriger vers la porte  «Je reviens dans une heure  » dis-je en sortant de l'appartement, laissant la porte se refermer derrière moi. Même si je m'en veux d'être parti aussi rapidement, je sais que j'ai besoin de temps pour moi, pour réfléchir à ce qu'elle m'a dit et digérer ses ignobles paroles.

@Elora Dawson