Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. J'ai onze ans, c'est mon onzième anniversaire et pourtant c'est le premier que je vais fêter en famille. C'est à la fois excité et stressé que je me réveille. L'an dernier je n'ai même pas eu de gâteau d'anniversaire, et aujourd'hui, je m'apprête à passer toute une journée ou je sais que je vais être gâté. Parce que je fais partie de cette famille, et comme un moyen de me le confirmer au moment ou je me lève, j'entends depuis la chambre des jumelles que Lucy m'appelle en me voyant passer. J'entends ses petits pas se diriger vers moi et elle me tends les bras, je la porte et elle s'accroche à mon cou en riant. Après quelques minutes à la chatouiller et à jouer avec elle, elle me réclame son biberon et c'est avec ma petite sœur dans mes bras que je me dirige vers la chambre de Caleb et Alex. Je frappe légèrement gêné à l'idée d'entrer dans cette pièce mais j'entends la voix de Caleb qui me dit d'entrer. « Papa. » Lucy s'agite et appelle Caleb à la seconde ou elle le voit et je la pose tout en regardant le lit dans lequel ils sont allongés tout les deux. Caleb prends Lucy dans ses bras, et moi je les regarde. Lucy dans les bras de son papa, et à côté d'eux, elle est là. Allongée, visiblement endormie avec Mael qui semble lui aussi dormir dans ses bras. Je n'ai jamais eu ça moi. Je me sens presque triste en voyant cette scène parce que je me sens distant, je me sens un peu à l'écart. « Lucy veut son biberon. » C’est à Caleb que je m’adresse, Lucy qui confirme mes dires en réclamant son biberon directement à son papa. Notre papa. Mais si pour elle c’est naturel, elle a apprit à parler en disant ces mots, moi je n’ai jamais su ce qu’était un papa. Et pourtant on a le même. Et parfois quand je pense c’est avec ce mot que je m’adresse à lui mais une fois les mots dit c’est son prénom que je prononce. Je vois Alex bouger un peu, se réveiller et c'est à ce moment que je décide de les laisser et de rejoindre la cuisine, tout en sachant que Caleb devrait me rejoindre avec Lucy dans quelques minutes.

Je suis de bonne humeur aujourd'hui, c'est une belle journée pour moi et j'apprécie le temps que je passe avec Caleb, c'est devenu un petit rituel pour nous de prendre notre petit déjeuner ensemble et je me sens privilégié quand je suis seul avec lui. Sauf, que je ne le reste pas longtemps et Alex arrive, Mael dans ses bras qu'elle vient déposer dans les bras de Caleb non sans l'embrasser encore. Je grimace, mais je ne dis rien. Pas un bonjour, pas un mot alors que j'étais plutôt bavard avec Caleb. « Joyeux anniversaire Nathan. » Elle me sourit, elle fait des efforts, je le sais. Je le vois mais c’est trop facile pour elle. 11 ans que je fête mon anniversaire en foyer, à l’hôpital ou en famille d’accueil. 11 ans, c’est long onze ans. Et pourtant aujourd’hui j’ai envie de profiter parce que c’est mon premier anniversaire dans ma nouvelle famille. Avec Caleb. Avec mes sœurs. Avec mon frère. Et avec elle. « Je vais me préparer pour mon match. » Froid, distant, désagréable parfois, je peux être tout ça à la fois mais si elle essaye, je ne suis pas encore prêt à lui laisser croire qu'elle réussit.

C'est avec elle que je suis en voiture, comme pour tout mes matchs, elle est là. C'est elle qui m'emmène, je sais qu'elle en a envie, mais pourtant à plusieurs reprises j'ai demandé à Caleb s'il pouvait venir et il l'a fait. Mais pas aujourd'hui, parce qu'il a encore des choses à préparer pour mon anniversaire alors il est clairement tout pardonné. Il n'y a pas Lucy ou Lena pour attirer l'attention, pour faire du bruit, pour combler le silence que je lui impose. Il n'y a pas Mael non plus, pour l'occuper, elle n'a que moi à regarder et je pense que ça doit l'embêter, j'en suis même persuadé. Parce qu'elle ne m'aimera jamais comme elle les aimes eux, parce qu'elle ne voulait pas de moi et aujourd'hui elle se retrouve à devoir faire avec la présence. Et si elle essaye de me parler un peu, sur le match surtout, je ne lui réponds pas. « Tu pensais à moi les autres années pour mon anniversaire. » Je vois bien sa surprise. Je me surprends moi même d'ailleurs parce que je me suis posé cette question bien souvent mais je ne me pensais pas capable de lui demander. Et pourtant, je le fais. Et je vois bien qu'elle est mal à l'aise. Je connais ses réactions. Elle pense que je l’ignore. Que je fais comme si elle n’existait pas mais je la regarde. Je l’observe. De loin. Avec méfiance. Avec colère parfois mais je ne peux pas rester indifférent face à elle. Et elle non plus ne l’est pas face à moi et à chaque fois que j’ai une question à lui poser sur le passé, je sais comment elle va réagir. « Je faisais tout ce que je pouvais pour éviter de penser à toi mais j’y arrivais pas. » J'ai envie de savoir ce qu'elle faisait pour ne pas penser à moi, j'ai envie de savoir si elle avait mal elle aussi en pensant que j'étais seul à fêter mon anniversaire à cause d'elle, mais je ne la questionne pas plus. Elle réponds à mes questions ce qui est assez nouveaux finalement. Je sais qu’elle aime pas. Que ça l’a met mal à l’aise mais je le suis aussi moi mais contrairement à elle moi je ne suis pas responsable. C’est sa faute tout ça et elle me doit bien les réponses à mes questions non ? « Moi je pouvais pas penser à mes parents je savais pas pourquoi j’en avais pas. » Parfois je m’en veux d’être dur avec elle. Ça ne me fait pas plaisir mais j’ai toujours cette douleur en moi et je veux qu’elle le sente, qu’elle le sache. Elle a l’air de le ressentir parce qu’elle a cette tête, celle qu’elle fait quand les mots sont durs à encaisser. Quand elle ressent la culpabilité que ma présence lui renvoie. Parfois, je me demande si elle ne préfèrerait pas que je ne sois jamais revenu dans sa vie. Elle a sa vie, des enfants qu’elle aime et qu’elle a désiré. Et il y a moi. Et je me sens mal de voir que mes mots la blesse mais elle le mérite non ? Et après avoir été dur avec elle, je me tais, je me renferme. C'est toujours comme ça entre nous, j'ai envie de lui parler mais en même temps j'ai envie de garder une distance avec elle, alors je parle puis je me tais et si parfois elle cherche à relancer la discussion, elle ne le fait pas, elle n'en a pas vraiment l'occasion puisque je vois le stade et c'était un peu volontaire de ma part, la questionner juste avant d'arriver pour avoir une porte de sortie. Et c'est avec précipitation que je sors de la voiture pour rejoindre le vestiaire. « Nathan y'a ta mère qui t'appelle, tu as oublié ton sac. » Ce n'est pas ma mère, et c'est ce que je réponds, pour moi même mais je sors récupérer mes affaires sans un regard vers elle, sans un mot même quand elle me souhaite bonne chance, je ne lui souris pas.

Elle m’encourage sur le bord du terrain. Elle me félicite. Elle me regarde, et je cherche son attention. Elle regarde son téléphone quand je suis sur le banc, elle ne regarde plus le match quand je ne joue pas et je sais qu'elle est là que pour moi, et même si je ne le dirais pas si je joue c’est pour qu’elle me voit. Pour avoir cette sensation d’exister pour elle. Je sais ça peut sembler bête mais j’ai onze ans je ne sais pas comment exprimer ce que je ressens. Je la repousse mais je cherche son attention aussi. Elle me regarde. A chaque entraînement, à chaque match, elle est la. Et je vois l'attention qu'elle me porte dans ces moments et j'ai la sensation d'exister un peu. Sauf que je ne veux pas vraiment de son attention. Enfin je la veux, mais je ne veux pas qu’elle le sache. Qu’elle comprenne que j’ai besoin d’une maman parce que je n’ai pas envie de lui donner ce rôle alors qu’elle m’a laissé tomber. Je ne suis pas le plus doué faut dire que pour beaucoup ça fait déjà 5 ans qu’il joue, moi j’ai passé toutes ces années à l’hôpital, ou en foyer, et si j'ai toujours aimé faire du sport, jouer au foot, au basket, faire du skate, je n'ai jamais vraiment joué en équipe, mais pourtant je me donne à fond sur le terrain toujours. J’aime le foot, je n’aime pas perdre aussi mais j’ai encore du mal à jouer en équipe. Le coach me le dit mais je n’écoute pas vraiment. Je peux être têtu parfois, mais je cours, je me dépasse, je donne tout sans peur, sans retenue. Un contact, un duel, je me retrouve souvent au sol, et je vois le regard d’Alex, je vois son inquiétude, je vois qu’elle est prête à entrer sur le terrain à chaque fois. J’ai onze ans, je ne suis plus un bébé, je n’ai pas besoin qu’elle s’inquiète pour moi et pourtant la voir prête à venir prendre soin de moi ça me rassure. Mais ça non plus je ne lui dirais pas. Ma colère est trop forte. Ma fierté, ma rancœur aussi. Je me relève, sans un regard vers elle, même quand elle me demande si je vais bien. Je sais que ça lui fait du mal mais j’ai peur d’avoir mal moi aussi. Parce que toute ma vie j’ai eu mal à cause d’elle. J’ai été seul à cause d’elle. Et elle n’était pas là pour soigner mes bobos d’enfants. Je ne suis plus un bébé et je n’ai pas besoin d’elle.

Je sors du vestiaire, les cheveux mouillés, et le regard plein de joie après cette victoire, mais quand je la regarde, je n'ai plus envie de sourire. « Beau match aujourd’hui. » Et comme à chaque fois, elle m’encourage. Me félicite. Elle sait pourtant que je ne lui répondrais pas. Mais elle le fait. Je vois du coin de l’œil son regard triste quand je l’ignore. Mais je sais qu’elle ne dira rien. Parce qu’elle souffre de cette situation, mais c’est elle la responsable, elle l’adulte. Elle le sait. Et je peux être dur avec elle, elle encaisse mes mots, mes reproches, mes silences aussi et mes regards froids et durs. Je lui ai déjà dis que je la détestais, je voudrais lui dire que ce n’est plus le cas, mais je ne sais pas ce que je ressens pour elle aujourd’hui. Je ne sais pas comment gérer sa présence alors que je cherche son attention et que je la repousse quand je l’ai. Mais c’est elle qui a commencé. Elle qui m’a repoussé la première. Je n’ai qu’onze ans et oui je suis perdu face à elle et c'est en silence que le trajet du retour se déroule. Je joue avec son téléphone, et j'ai même le droit de choisir la musique, elle est cool avec moi, et parfois je me sens mal de faire si peu d'effort avec elle mais je ne suis pas encore prêt à baisser totalement ma garde face à elle.

Après une demi-heure de route, nous sommes de retour à la maison, leur maison qui est devenue la mienne, et c'est aussi parce que je suis là que bientôt nous allons déménager, c'est dommage parce que je l'aimais bien cette maison, mais j'ai pu donner mon avis pour le choix de la prochaine et je pense que je l'aimerai encore plus. Dobby me saute dessus et je le caresse, alors que je vois Alex et Caleb s'embrasser encore. Elle lui dit quelque chose mais je n'entends pas et juste après elle se dirige vers Mael pour le prendre dans ses bras. « On a gagné. J’ai joué au milieu, j'aime trop j'peux courir partout. J'ai fais une passe pour Liam, il a marqué trois buts, il est trop fort. J’ai failli marquer mais le défenseur m’a taclé par derrière et l’arbitre n’a même pas sifflé la faute, je te jure j’étais trop en colère. J’ai joué plus que d'habitude, mais j'ai du sortir parce que le coach croyait que j'me suis fais mal, mais c'est pas vrai, j'lui ai dis, il m'croyait pas. Ca m'a saoulé, il sort pas les autres quand il tombe Mais on les a explosé les autres, tu viendras me voir pour le prochain match, j'aime bien quand tu viens. » Je raconte tout à Caleb. Je sais qu’il ne comprends pas tout ce que je lui dis. Je sais qu’Alex n’attends que ça de ma part. Que l’on parle ensemble du match, mais je lui refuse ça et c’est juste au moment ou son attention se porte sur Mael, que je parle avec Caleb. Assez fort pour qu'elle entende, pour qu'elle puisse savoir ce que j'ai pensé du match. Pas pour lui faire du mal, ou pas uniquement pour ça, mais parce que je sais qu’elle écoute, et en un sens c’est aussi avec elle que je partage mes exploits sportifs. Elle me regarde, elle m’écoute, elle me parle, mais pour le moment je ne suis pas prêt à lui offrir tout ça. « Ça sent trop bon. Tu as fais des burgers végétariens ? » L'odeur est reconnaissable, surtout que je lui réclame ce repas tout le temps, mais aujourd'hui c'est mon anniversaire et j'ai hâte de voir tout ce qu'il a préparé pour moi, et hâte de voir mes cadeaux aussi, parce que cette année je sais que j'aurais des cadeaux ce qui ne fut pas le cas tout les ans.

→ Soit approximativement entre 185 et 186 posts de Calex par personne.
→ Une moyenne de 0,5 posts Calex par personne et par jour.
→ 17 sujets clôturés en 12 mois.
→ 371 posts de Calex en un an
→ Quelques hides. Beaucoup de drama (feel ++) et quand même des beaux moments pour eux.  
→ Un an d'aventure Calex ! Un an de Calebchou !


→ Soit approximativement entre 401 et 402 posts de Calex par personne.
→ Une moyenne de 0,55 posts Calex par personne et par jour.
→ 35 sujets clôturés en 24 mois.
→ 803 posts de Calex en deux ans
→ Un peu plus de hides. Un peu de drama, mais surtout Lucy et Lena, des fiançailles.  
→ Deux ans d'aventures Calex ! Deux ans de Calebchou !


→ Soit approximativement entre 638 et 639 posts de Calex par personne.
→ Une moyenne de 0,58 posts Calex par personne et par jour.
→ 56 sujets clôturés en 3 ans.
→ 474 posts de Calex cette année (1/05/21 au 1/05/22) 
→ Un an de Lucy et Lena. Le mariage Calex, le retour de Nathan ! Du drame et beaucoup de cute !
→ Trois ans d'aventures Calex ! Trois ans de Calebchou !


→ Soit approximativement 843 posts de Calex par personne
→ Une moyenne de 0,58 posts Calex par personne et par jour.
→ 76 sujets clôturés en 4 ans.
→ 409 posts de Calex cette année (1/05/22 au 1/05/23)
→ Retour de Nathan dans leur vie, naissance de Maël, deux de Lucy et Lena.
→ Quatre ans d'aventures Calex ! Quatre ans de Calebchou !




3ème au classement du plus beau couple à la cérémonie des awards (édition #5)
Elu plus beau couple à la cérémonie des awards (édition #6)
Elu plus beau couple à la cérémonie des awards (édition #7)
Elus 1er (Alex) et 2ème (Caleb) au "parent dévoué" à la cérémonie des awards (édition #7)
Elus 1er (Caleb) et 4ème (Alex) au "parent dévoué" à la cérémonie des awards (édition #8)

« Alex je peux te poser une question ? » La surprise est visible sur mon visage, je n'ai clairement pas l'habitude qu'il m'aborde pour parler avec moi. L'ambiance est moins tendue, il est passé de la froideur et des pics au silence. Un silence que j'ai du mal à vivre parce que j'aimerais créer un lien avec lui. J'aimerais pouvoir partager des choses avec lui, discuter de nos centres d'intérêt commun, réussir à s'entendre un peu pour qu'il puisse m'apprécier. Mais, il ne m'en laisse pas vraiment l'occasion et c'est assez difficile au quotidien de vivre avec quelqu'un qui m'ignore ou me réponds avec le stricte minimum. oui, non, peut-être, m'en fout. C'est souvent la dernière réponse à laquelle je me confronte régulièrement et même si je sais qu'il ne s'en fout pas, il préfère bien souvent me dire ces mots que m'avouer la vérité. Alors, le voir débarquer dans mon bureau alors que je profite de la sieste des petits pour travailler un peu, ça m'interpelle vraiment. Je relève la tête et je lui fais signe d'entrer. « Oui bien sur, entre, qu'est-ce que tu voulais me demander ? » Il tient entre ses mains une photo, et je n'ai pas à la regarder longtemps pour savoir de quelle photo il s'agit et je regrette de ne pas l'avoir rangé parce que je ne l'apprécie pas cette photo. « C'est tes parents ? » Il me parle de mes parents, de ses grand-parents donc, des gens qu'il n'a jamais vu et qu'il découvre pour la première fois sur une vieille photo, l'une des très rares photo que j'ai pu retrouver. Je regarde la photo, je la connais pourtant déjà, mais je prends le temps de lire les quelques mots écrits à la main derrière la photo. Voyage en Allemagne, 1994 Je reconnais l'écriture de ma mère et ça me fait quelque chose de la voir, souriante sur cette photo. « Oui, c'est eux et la petite sur la photo c'est moi. » Ce visage enfantin, ce sourire innocent, ce regard de douceur, cette petite n'avait pas encore conscience à cet instant que sa famille finirait par lui provoquer des émotions inverses. « J'avais deviné tu ressembles aux jumelles. » Techniquement c'est plutôt elles qui me ressemblent mais je ne vais pas commencer à jouer sur les mots alors qu'il fait un pas vers moi. « Tu voulais me poser une autre question ? » Ce n'était sans doute pas juste pour savoir si c'était mes parents sur la photo qu'il est venu non ? « Tu parles jamais de tes parents. Je sais que tu leur parles plus mais ils savent pour moi ? » Je me souviens de cette brève conversation à Noël quand Nathan était d'humeur à me parler, détendu par l'ambiance des fêtes de fin d'année et je lui avais dis que je n'étais plus très proche de mes parents et que je ne leur parlais plus mais je prends conscience avec sa question que je lui ai un peu menti et je me retrouve face à un nouveau dilemme, maintenir le flou autour des mes parents ou lui dire la vérité. « Mon père sait oui, mais ce n'est vraiment pas quelqu'un de bien et je préfère qu'il reste loin de toi. » C'est pour protéger Nathan que je ne laisserai jamais cet homme entrer dans sa vie, ni dans celle d'aucun de mes enfants. « Il n'a jamais vu ni tes sœurs, ni Mael, pour ton frère je ne sais même pas s'il sait mais si j'en parle jamais c'est que je n'ai plus aucun lien avec lui et c'est bien mieux ainsi. » J'essaye d'expliquer les choses à Nathan, de lui faire comprendre que s'il n'a jamais rencontré ses grands-parents ce n'est pas parce qu'ils ne veulent pas de lui, ou que j'ai honte de lui, mais seulement parce que je veux le protéger lui, son frère et ses sœurs. Mon père, ce sujet sensible, celui qui a sans doute causé bien des failles dans ma construction et dans mon développement. Mais ce n'est finalement pas si difficile de parler de lui, beaucoup moins que d'évoquer l'autre sujet, mon deuxième parent : ma mère. Et j'évite volontairement le sujet en espérant que mes réponses sur mon père réussiront à combler la curiosité surprise de Nathan. « Et ta mère, tu lui as parlé de moi ? » C'est quand il évoque directement ma mère que je sens que je ne vais pas échapper à cette discussion et je regrette que Caleb ne soit pas présent à mes côtés pour évoquer ce sujet. Je ne sais pas ce que je dois dire à Nathan au sujet de ma mère et je prends quelques secondes pour réfléchir, les yeux qui se posent sur la photo et ce sourire sur le visage de ma mère, un sourire que je n'ai pas eu l'occasion de voir beaucoup les dernières années avant sa mort. « Non, je n'ai pas pu, elle est morte y'a 4 ans. » Elle a mit fin à ses jours, un choix que j'ai encore du mal aujourd'hui à accepter et c'est sans doute pour ça que j'en parle jamais et je ne me vois pas évoquer ce sujet avec Nathan. « Elle te manque ? » Je lève les épaules, mais si sa question en soit ne devrait pas être trop difficile à répondre, elle l'est malgré tout pour moi. Parce que je ne m'autorise que très peu de temps pour penser à elle, la plupart du temps je refuse ce temps. Parler d'elle, penser à elle, évoquer ma mère n'est pas chose aisée et pire encore, évoquer ce que je ressens pour elle, c'est presque devenu impossible pour moi. Le regard que Nathan me jette me perturbe, il semble pour la première fois réellement me regarder avec une compassion ou une tristesse dans le regard, loin de la froideur et de l'indifférence dont il fait preuve à mon égard. « Désolé j'aurais pas du en parler. » Face à mon silence il est le premier à réagir. « Non, non on peut en parler. Tu peux tout me demander si tu as besoin de savoir. Mais oui, elle me manque, mais avant sa mort notre relation était compliquée et parfois j'aimerais qu'elle soit encore là pour pouvoir partager avec elle certaine chose de ma vie, mais c'était pas vraiment la relation que j'avais avec elle. » Le fait de ne plus avoir ma mère me manque c'est indéniable, et je l'ai surtout ressenti quand je suis devenue mère à mon tour. Mais, je sais aussi que la relation avec ma mère n'était pas ainsi, elle a essayé, j'en ai conscience aujourd'hui, elle a vraiment essayé d'être ma mère, mais faut croire qu'on a toutes les deux échoué l'une avec l'autre. Elle en tant que mère aimante, et moi en tant que fille soutenante. « Elle est morte comment ? » Elle s'est pendue dans son salon sans laisser de mot d'explication. Je ne peux définitivement pas dire ça à un enfant de 11 ans mais est-ce que je peux aborder la notion de suicide à 11 ans ? Est-ce que je peux parler de ça avec Nathan alors que moi-même à 33 ans, j'ai encore beaucoup de mal avec ça ? Et j'aurais bien besoin de Caleb à nouveau pour qu'il m'aide à répondre, à savoir s'il faut ou non dire la vérité à Nathan ou s'il faut le protéger de la dureté de la réalité de la vie et de la mort. C'est difficile pour moi de parler de tout ça avec Nathan, je n'en parle pas, ou très rarement en même temps je n'ai pas à crier sur tous les toits que ma mère s'est suicidée non ? C'est une partie de ma vie que je préfère taire, garder pour moi et potentiellement espérer pouvoir l'oublier un jour. « Elle était malade. » Je repense aux mots de Caleb. C'est la maladie, la dépression contre laquelle elle s'est battue toute sa vie qui a finit par la tuer. Moi je dirais que c'est plutôt la corde qu'elle avait autour du cou mais c'est quelque chose qu'encore une fois Nate 11 ans n'a pas besoin d'entendre. Et puis la maladie, ce n'est pas vraiment un mensonge ça non ? Même si ça n'est pas une réponse non plus. Mais il pourra en savoir plus quand il sera plus grand s'il en ressent le besoin mais la vie et surtout la mort de ma mère ça ne doit pas être quelque chose d'important pour lui non ? Il attends, je vois à son visage qu'il attends plus de précision ou qu'il attends de voir si je vais continuer mais j'en reste là sur la mort de ma mère et c'est avec d'autres questions sur mon passé et ma famille qu'il relance la discussion. Une discussion de quelques minutes, une première discussion et un premier moment passé avec Nathan, une discussion dont je me serais bien passée tant le sujet est compliquée pour moi mais un temps passé avec Nathan.