Les gens sous estiment à quel point sortir d’une addiction est un effort constant et qui se termine jamais, ou presque. Ça fais des années que je suis clean, plus d’alcool, plus de drogue. En tout cas, plus d’excès. Un verre de temps en temps, c’est tout, sans que ça ne dérape. Mais ne pas déraper quand vous vivez dans un milieu où toutes ces merdes sont en libre circulation, c’est pas évident, c’est pas facile, c’est une épreuve. Une épreuve à laquelle je me soumet sans difficulté, jusque maintenant, je n’ai pas de mal. Mais l’album est entrain de connaître un succès plus grand que le premier, à croire que les années d’absences ont été bénéfique à ma carrière. C’est là où c’est vicieux, plus vous montez, plus le monde du show-business a tendance à vous brisez.

Hier soir encore, il y a eu cette soirée,  ce showcase auquel on m’a demandé de participé. Une prestation sur scène, tout ce qu’il y a de plus classique jusque là. C’est l’after qui a été un peu plus délicat. Les substances illicites sortis par des confrères, les bouteilles d’alcool en tout genre qui n’ont fais que de fleurir sur les tables. Je ne me suis pas éternisé, j’ai préféré rentrer chez moi, retrouver mon lit pour une courte nuit de sommeil. Courte nuit, comme bien souvent, mais ça, c’est un autre débat. Au réveil, assez matinale, j’ai envoyé un simple message. « Je t’apporte le petit dej au bureau ? ».

Quand elle répond oui, j’enfile les premières fringues qui me tombe sous la main. Une casquette pour cacher un minimum mon visage. C’est Alexandra que je vais rejoindre. Une connaissance de longue date, très longue date. Il y a eu ce moi qu’on a partagé, dans ce centre pour AA. Le genre d’établissement privé, réserver à ceux qui mettent la sommes nécessaire. Pour moi, c’était ma maison de disque, devant ma descente aux enfers, ils ont décidé de me laisser une chance en payant les frais dans cet établissement. Depuis, on est resté en contact, ce genre d’expérience, ça forge mine de rien. Elle est l’une des rares, la seul, amie avec qui je suis capable de parler des problèmes que j’ai pu avoir et que je continu à avoir. Quand je sens que les choses peuvent devenir compliqué, c’est vers elle que je me tourne. Et j’espère qu’elle le sait, le jour où elle en a besoin, je saurai répondre présent moi aussi. De plus, elle ne le sait peut être pas, mais Alexandra et son mari sont un modèle à mes yeux, ce couple parfait, ce mariage de rêve. Ce genre d’union qui permet d’avoir espoir en l’avenir.

Un rapide passage à la boulangerie du centre ville. J’achète un florilège de viennoiserie, ainsi que du jus de fruit. Et je file jusqu’au bureau de la jolie blonde. Me présentant à l’accueil des lieux où elle travail, j’adresse un sourire à l’hôtesse présente. Bonjour, Malik Fleming. Je viens voir Madame Anderson.

Depuis que les filles vont à l'école, je profite de mes matinées pour bosser, j'essaye de cibler les matinées pour être au bureau et garder du temps les après-midi pour être disponible pour ma famille. Nous essayons de nous adapter au mieux au besoin de chacun de nos enfants, à leur rythme tout en pensant à notre couple malgré nos responsabilités professionnelles, ce n'est pas toujours simples et parfois épuisants, mais nos enfants vont bien, notre couple va bien, le restaurant de Caleb affiche toujours complets et mon podcast se développe, doucement mais à un rythme régulier et prometteur. C'est ce qui me motive chaque jour à devoir venir au bureau parce que je prends du plaisir à faire ce que je fais, et je suis fière de ce que j'ai crée.

Un message reçu et je n'hésite pas pour répondre positivement à cette proposition. J'espère que tout va bien pour Malik, ça fait quelques temps que je ne l'ai pas vu, j'ai suivis son actualité via la sortie de son album et j'espère que tout va bien pour lui. J'ai rencontré Malik a un moment de ma vie ou j'étais au plus mal. Enfermés dans un centre, avec d'autres toxicos, le corps soumit aux effets du sevrage, l'esprit qui devait gérer le manque et la honte ressentie d'être ici. Parce que oui c'était une honte pour moi. Une honte d'être une alcoolique, une honte d'être tombée si bas, une honte de blesser Caleb, une honte d'avoir besoin d'être enfermée pour ne pas avoir à boire. Je n'étais clairement pas la meilleure des compagnies, clairement pas la personne la plus facile à aborder, et Malik était là lui aussi. A mon arrivée déjà présent, à mon départ présent aussi, et entre temps nous avons partagé un mois de notre vie dans ce centre. Pas le meilleur mois de ma vie, loin de là, pas une parenthèse de bonheur, là encore c'est presque tout l'inverse, mais en sortant du centre j'étais sobre, prête à prendre ma vie en main, et j'avais un nouvel ami. Pas de ceux que l'on voit tous les jours, mais de ceux dont on aime entendre parler et prendre des nouvelles juste pour s'assurer que tout se passe bien pour lui, ceux dont on ne partage pas le bonheur mais dont on aime apprendre qu'ils sont juste heureux. Ceux qui sont pas toujours présents physiquement dans nos vies mais que l'on peut toujours appeler n'importe quand, parce qu'il y a un lien fort, un lien puissant et inexplicable qui se crée et qui dure. Alors quand Malik m'a envoyé ce message, je n'ai pas hésité et j'attends désormais qu'il arrive, avec le café, parce que le café c'est sacré.

« Alex, Malik Fleming est là, mais il est pas sur ton planning, c'est le vrai Malik Fleming ? » Je ris en entendant la voix de ma secrétaire, et hôtesse d'accueil qui tente sans doute de cacher l'effet que provoque la présence de Malik mais je l'entends et je découvre que ma jeune secrétaire semble fan du rappeur. Elle qui croise pourtant des sportifs assez régulièrement, elle n'a jamais semblé aussi déstabilisée qu'aujourd'hui et ça me fait rire. « Oui oui c'est le vrai, tu peux le faire monter dans mon bureau, et tu peux lui demander un autographe, il est plutôt cool. » Je taquine un peu ma secrétaire et tout en attendant qu'elle accompagne Malik jusqu'à mon  bureau, je range mes dossiers et ferme mon ordi pour accueillir Malik et être disponible pour lui. « Monsieur Fleming, tu as réussi à perturber ma secrétaire, tu deviens une star, je devrais te demander une réserve d'autographe, je pourrais faire fortune avec. » Je n'ai clairement pas besoin d'argent, loin de là même, c'est la seule chose que mon père m'a légué, mais c'est une manière pour moi de taquiner un peu Malik et de lui montrer aussi que je suis sa carrière. « Que me vaut l'honneur de cette visite ? Installes toi. » Je lui montre le coin avec le divan, un petit coin détente prévu dans mon bureau et je m'installe sur le fauteuil face à lui. « Plus sérieusement, comment tu vas en ce moment ? Tu arrives à gérer le succès ? » Je suis plus sérieuse, parce que si je ne connais pas le monde de la chanson et du rap, je connais d'autres univers et je devine sans mal qu'en ce moment il doit être confronté à de la tentation beaucoup et puisqu'il est dans l'euphorie de sa réussite, je me demande s'il arrive à gérer ou si c'est la raison de sa venue aujourd'hui.

Quatre mois et 17 jours. C’est le temps que j’ai passé là bas. Je me souviens du jour où j’ai débarqué dans ce centre, je me rappel évidement de ma sortis. Je n’ai oublis aucun des jours passés la bas. Les premières journées où le sevrage était un enfer, les longues journées par la suite où j’avais l’impression que le temps ne passe pas. Ce fut l’une des périodes les plus compliqués de ma jeune vie, mais nécessaire. Sur le moment, je n’étais pas capable de le reconnaître, avec du recul, dieu seul sait où j’aurai atterris dans cette cure dans ce centre. Pour des raisons que je ne m’explique pas, j’ai laissé tout ça derrière moi. À la seconde où j’ai eu l’autorisation de sortir, j’ai coupé les ponts avec tout ce qui aurai pu me rappeler ce passé. À l’exception d’Alexandra. Elle fut une épisode, un moi durant lequel j’ai pris conscience que ce n’est facile pour personne. Mais elle a été aussi mon espoir, quand je l’ai vu partir, quand j’ai compris les biens fait de s’appliquer à réussir la thérapie. Je me suis même surpris à être raisonnable à ces côtés, faut dire que tout comme moi, elle n’avais pas envie d’être là au début. Personne ne veut y être. C’est peut être pour ça que c’est auprès d’elle que j’ai avancé durant ces quatre semaines. Le jour de ma sortie, je lui avais envoyé un simple message. Libérer. Rien de plus, rien de moins. C’est peut être là toute la force de notre amitié particulière, particulière parce que se lier dans un centre de désintoxication c’est pas banale. Puis, j’ai toujours refuser d’avoir un parrain pour m’aider, je les trouve souvent moralisateurs et trop peu ouvert d’esprit pour comprendre la véritable complexité de combattre une addiction. Alexandra avec ses imperfections, avec ce moi qu’on a passé ensemble, je peut lui parler ouvertement et sans tabou. C’est de ça dont j’ai besoin. De manière général. Et aujourd’hui.

C’est la voix de l’hôtesse qui me sors de mes pensées, un petit sourire étire mes lèvres. Je trouve ça toujours mignon les femmes qui n’ose pas vraiment se prononcer. Quand elle raccroche, avant de me mener à la mère de famille. Elle s’aventure à me demander un autographe, je lui signe son papier tout en lui adressant un jolie sourire. Avant d’être mener au bureau, je la remercie et découvre Alex derrière la porte. Abuse pas. C’est pas ma célébrité qui la déstabilise. C’est mon jolie sourire. bien évidemment, un léger rire s’échappe de mes lèvres devant ma connerie. Merci. simplement, prenant place sur le divan, installant ce que j’ai pris pour le petit déjeuner sur la table basse. Ouai. Mouai. Vite fait. un long soupir, mon regard croise celui de la journaliste. Le succès oui. Sans problème à dire vrai. Ça a jamais été ce que je préfère dans tout ça. Mais je fais avec, ça a ses bons côtés. j’ai du mal à les voir mais c’est surtout parce que je n’aime pas vraiment ça.

C’est le reste qui est compliqué. Pas une soirée sans poudre. Sans piqûre. Dans une de ses merdes, peu importe où je regarde. Ce milieu est remplis de tout ça, à tout les niveaux. des autres célébrités aux barmans qui boss dans le monde de la nuit. J’ai ça sous le nez à longueur de soirée. Et parfois, quand je me dit que je vais rentrer chez moi. Seul. Ma sœur partis. La tentation est grande. autant mettre les pieds dans le plat directement. Attrapant un croissant, j’en arrache des bouts pour venir les manger. Et toi, comment tu va ? J’ai vu que des poadcast on succès de fou. T’assure !

Malik a du succès avec les femmes, je n'en doute pas même si je n'ai finalement jamais vraiment évoqué ça avec lui. Il a toutes les caractéristiques pour plaire et si je ne l'ai jamais vu ainsi, et que je n'ai jamais été déstabilisée par le rappeur, ce n'est clairement pas le cas de ma secrétaire. Une jeune femme, dévouée et d'une gentillesse incroyable, qui visiblement est troublée par le chanteur. Son charisme, son sourire, ou sa notoriété, quelque soit la réelle raison, Malik fait de l'effet à ma jeune secrétaire et je n'hésite pas à le taquiner avec ça. « Tu veux que je la rappelle pour lui demander directement parce que désolée mais que ce soit ta célébrité ou ton sourire, ça n'a pas d'effet sur moi. » Je suis une femme mariée et surtout amoureuse de mon mari et je n'ai pas d'attirance pour le chanteur, à l'inverse de ma secrétaire qui serait sans doute bien mieux placée que moi pour venir flatter un peu l’ego du rappeur, même si pour ça je pense qu'il a déjà pas mal de monde autour de lui pour le faire. Ses fans d'abord, puis tous les gens du showbusiness qui sont là pour lui rappeler à quel point il est doué, à quel point il est beau, parce qu'il fait parti de ce milieu ou l'authenticité n'est pas vraiment la chose la plus courante. Il est dans ce monde du strass et des paillettes, même si derrière son univers est sans doute bien plus sombre et la face caché je la devine sans difficulté, et je devine aussi le lot de tentation à laquelle il doit être confronté chaque soir. La fête, le succès, l'argent, la notoriété, c'est à la fois un rêve mais aussi un cauchemars pour un ancien toxico et visiblement j'ai visé juste, même si j'aurais préféré me tromper et l'entendre me dire qu'il est entouré de personnes bienveillantes qui pense à lui et à son passé et qui tentent de le protéger. Mais, ce n'est pas le cas. Je grimace en l'entendant me raconter son quotidien en soirée, et je n'ai pas beaucoup de difficulté à imaginer les soirées dont il parle, j'en ai fais partie, j'ai été de ces gens qui se drogue sans vraiment se cacher, j'ai été invité à ce genre de soirée et je ne refusais pas. L'alcool, la drogue, la tentation en tout genre, ce fut mon quotidien pendant mes années Londoniennes, et j'imagine Malik dans cet environnement avec les gens autour de lui qui le sollicite, qui l'invite, qui lui propose parce qu'il est connu, parce qu'il est celui que l'on veut à ses côtés pour passer une bonne soirée. « Dis moi sincèrement, je ne te jugerais pas, mais tu as replongé depuis le succès de ton album ? » Il n'y a pas de jugement dans ma voix, pas de négativité dans mon regard, ce n'est qu'une question presque banale que je lui pose, même si elle ne l'est pas. Mais, les rechutes font parties de la vie des toxicos ou anciens toxicos, j'ai eu la chance d'être toujours entourée, et d'avoir quelqu'un à appeler en cas de besoin quand la tentation se faisait trop forte et que j'étais sur le point de craquer, j'ai toujours su qui appeler et quand, et j'ai toujours eu Caleb pour répondre présent pour me protéger de mes pires faiblesses. Mais, Malik est tout seul, et ce genre de sentiment peut renforcer l'envie de replonger. « Tu as quelqu'un dans ton entourage pour te protéger de tout ça pendant les soirées ? » Il a sans doute beaucoup de monde autour de lui, mais quelqu'un pour le protéger, quelqu'un qui pourra l'arrêter ou le tenir éloigné dans son propre intérêt, c'est sans doute ce qu'il faudrait à Malik, mais je ne sais pas s'il connaît quelqu'un de confiance pour l'accompagner dans ce genre de soirée et rester sobre pour surveiller Malik. Parce que c'est de ça dont il s'agit finalement, de la surveillance, un garde-fou, un dernier rempart entre les produits et Malik parce les rechutes ne sont jamais loin et que craquer peut être si tentant parfois. « Tu as eu des nouvelles de ta sœur ? » Je ne connais pas la relation fraternelle, mais s'il m'en parle c'est que cette absence lui pèse, et je sais que ce genre d'absence, de situation peut venir augmenter la tentation et fragiliser les défenses et faire baisser la garde de Malik.

De mon côté, je vais bien. Ma vie est remplie, de tout un tas de choses mais pas de la tentation comme pour lui. Je me tiens éloignée au maximum de tout ce qui pourrait être compliquée pour moi et quand je dois me confronter à des soirées avec alcool et excès, je m'assure d'être prête. L'alcool était et sera toujours un problème pour moi, et maintenant que je le sais, que je l'ai accepté aussi, je tente de rester vigilante. « Moi ça va, j'ai pas beaucoup de temps à moi mais au moins j'ai pas trop à géré les tentations de la vie extérieure. » Peut-être qu'à trop me tenir éloignée de ce monde et des tentations, je me protège en quelque sorte, mais c'est une manière comme une autre de rester sobre non ? « Merci, c'est ultra stressant, je pensais pas que j'étais capable de porter un tel projet mais je prends goût à tout ça même si certains aspects notamment les réseaux sociaux je m'en serais bien passée. Je sais pas comment tu fais pour gérer les réseaux sociaux, et les critiques au quotidien. » C'est sans doute la pire facette du job, mais quand on s'ouvre au monde, quand on veut partager quelque chose avec le monde, on s'ouvre au risque des critiques, et si les constructives peuvent faire mal mais permettent d'avancer, certaines remarques et certains messages sont justes violents et douloureux et je me doute que Malik doit en subir 10000 fois plus de par sa notoriété. « Je vais faire un podcast avec un sportif sur l'alcoolisme, je suis un peu stressée de me dévoiler un peu plus, tu en penses quoi ? » Je ne parle pas beaucoup de ce passé mais Malik le connait puisqu'il a partagé de prêt une partie de mon parcours vers la sobriété, et je me demande ce qu'il pense de tout ça parce qu'il peut comprendre de part son parcourt.  

Je ne vais pas faire la fine bouche. Il va de sois que j’ai bien remarqué le regard de sa secrétaire. Sans doute une véritable fan, aussi bien pour la musique, que mon sourire. Non, pas besoin. En revanche, son numéro, je veux bien. un petit rire que s’échappe de mes lèvres, alors que je lève les yeux au ciel. Mais toi ça compte pas Alex ! Même mon plus beau sourire ne peut pas lutter contre ton âme sœur. Puis, t’es mon dernier espoir. Toi. Ton mari. Vous êtes ce qui me permet encore de croire que l’amour avec un grand A existe. Et que j’ai raison de pas abandonner. Donc vous êtes condamné à être heureux ensemble jusqu’à la fin de vos jours. oh, j’espère bien qu’ils sont heureux ensemble et pas seulement pour satisfaire Monsieur Fleming qui parfois a tendance à perdre foi en l’amour véritable. Mais ce que je dis est réel, penser et sincère. Le couple qu’elle forme avec Caleb, combien même je ne connais son mari qu’à travers les mots de la jolie blonde. C’est ce genre de couple qui vous permet de continuer à garder espoir, je ne dit pas que tout est rose. Je n’en sais rien, je ne partage pas leur quotidien. Mais ils ont l’air d’avoir trouver leurs équilibres, d’avoir construit leur famille. C’est beau à voir, touchant. Et bien entendu que je ne leur souhaite que du bien. Alexandra le mérite, Caleb aussi, sans aucun doute.

La question qui tue viens rapidement sur la table. Peut être trop. Un soupir s’échappe de mes lèvre. Mon regard un peu plus fuyant. Pas depuis la sortis de l’album. Avant ça. J’ai eu une rechute. Aucune drogue dur. De l’herbe pendant quelques jours. les jours qui ont suivis le débarquement de Jackson chez moi, le fait que ma sœur parte ensuite avec lui. J’ai pas su gérer la solitude, je me suis réfugié dans ce que je connais. L’herbe et l’écriture. Ça n’a pas durer longtemps, mais toute rechute est quand même signe que cette faiblesse, cette addiction est toujours enfoui quelque part. Je venais de vivre… Un épisode compliqué. autant l’avouer, il n’y a qu’à Alexandra que j’ose confier ça. D’ailleurs, même dans mon entourage, presque personne ne sait pour la cure. La maison de disque a été d’une grande discrétion à se sujet la, quand à moi, je ne l’ai pas crié sur les toits. Sans en avoir honte, je ne veut pas l’ébruiter. Mon chien, ça compte ?! j’essaye de retrouver un semblant de sourire, avant de finalement secouer mon visage de droite à gauche, comme pour répondre non à sa question. Pour le moment, je me gère bien. C’est difficile, mais j’en ai pas envie. C’est plus comme un appel du passé qu’une véritable tentation. et pour le moment, y a cette barrière que j’ai réussi à dresser. Pas bien épaisse et pouvant céder à tout moment. Mais elle tiens le coup. Suffisamment, pour combien de temps ? Longtemps, je l’espère. Une photo. D’elle et sa fille. Elles ont l’air heureuse. c’est rare que j’évoque tout ça. Que je mette des mots sur ça. Mais mon regard croise celui de la journaliste un faible sourire étire mes lèvres. Ça fais du bien de pouvoir parler sans vraiment se retenir. Parler sans devoir tenir un quelconque rôle.

Si mon problème est persistant. C’est sans doute tout aussi compliqué pour Alex. La drogue pullule en soirée, mais l’alcool, il n’est pas rare d’en trouver même dans des buffets à l’heure du midi. C’est une tentation de tout les instants mine de rien. C’est pas plus mal non ? être occupé, faut dire qu’avec le travail, un mari, des enfants, un nouveau projet à succès. Ça laisse peu de temps libre pour céder aux vices. C’est peut être là l’une des solutions. J’aimerai te dire qu’on s’y fais. Mais je veux pas te mentir. Ça fais toujours quelques choses. Faut surtout essayer de voir le positif. Y en a souvent beaucoup plus que le négatif. Après tout, on peut pas plaire à tout le monde. Bien souvent, c’est plus de la jalousie qu’autre chose en prime. c’est là tout le dilemme d’être une personne public. J’admets qu’avec le temps on arrive à s’en détacher un peu plus qu’au début, mais ça reste pas évident. Une chose est sûr, il ne faut pas que la jolie blonde s’arrête à ça, ce qu’elle fais plais, est intéressant. Et en plus, ça lui plais à elle. Faut foncer dans ces cas là. J’en pense que si tu l’envisage. C’est que tu sens capable d’aborder le sujet. Et que c’est une excellente idée. Les gens en font un sujet tabou parce que ça touche énormément de monde. me redressent légèrement sur le fauteuil, je reprend. C’est important que des gens prennent la parole. Parfois, savoir qu’on est pas les seuls dans cette merde, c’est la seul chose qu’on a besoin pour tenir le coup. j’en suis persuader, ce genre de thématique très délicate est primordial à être aborder. Qu’Alexandra ai le courage de le faire me rend admiratif du parcours qu’elle a pu parcourir. C’est grandiose et je ne peut que lui tirer mon chapeau. Faut un sacré courage pour se lancer sur ça. Bravo, vraiment.

Je ris à la remarque de Malik et je l'imite en levant les yeux au ciel. « Désolée mais tu vas devoir te débrouiller comme un grand pour avoir son numéro. Et, s'il te plaît, ne lui fait pas perdre la tête, j'en ai besoin, elle est top. » Elle l'est réellement et j'ai beaucoup de chance de l'avoir à mes côtés et je ne doute pas que dans sa vie privée elle soit aussi top, c'est une personne investie, bienveillante et solaire et Malik aurait de la chance de l'avoir dans sa vie, mais il va devoir se débrouiller pour ça, surtout que je doute qu'il soit réellement sérieux et intéressé, il doit avoir tous pleins de sollicitations au quotidien. Pourtant, il me confirme avec ses mots qu'il n'a pas trouvé la femme avec qui partager sa vie et je souris à sa confidence. La jeune Alex aurait sans doute trouvé ça très niais et faux. L'ancienne Alex aurait sans doute été sarcastique, parce que l'amour n'a pas toujours été quelque chose d'évident pour moi. Parce que je n'y ai pas toujours cru, mais comme le dit Malik, j'ai trouvé mon âme sœur et tout a changé à partir de ce moment. Si mon couple permet à Malik de croire à l'amour, je ne peux que le comprendre parce que c'est l'amour de Caleb qui m'a permis à moi aussi d'y croire. « Je te savais pas aussi romantique. » Je le charrie un peu quand même, et pourtant je le comprends et je lui donne même raison. « Mais je veux bien me sacrifier et être condamnée à être heureuse avec Caleb pour le restant de mes jours si c'est ce qu'il faut pour te permettre de croire en l'amour. » On parle d'un sacré sacrifice là non ? Ce serait la meilleure chose qui pourrait m'arriver, finir ma vie avec l'homme de ma vie, c'est ce que j'ai décidé en me mariant avec Caleb et je n'espère que ça finalement, parce que Malik l'a dit, c'est mon âme sœur et si notre amour est un modèle pour Malik, il est surtout primordial à mon bonheur, à ma vie et j'accepte sans aucun doute de signer pour la condamnation à être heureuse avec Caleb. « Mais, plus sérieusement, tu vas trouver le bonheur toi aussi, ne renonce pas. » Son statut ne doit pas faciliter les relations ou du moins pas les relations sérieuses et sincères, mais entendre Malik parler ainsi de l'amour me fait penser qu'il ne doit pas lâcher parce qu'il mérite lui aussi d'être heureux, de vivre ce que j'ai la chance de vivre avec Caleb.

Je sais qu'il est passé par des moments délicats, lui aussi. Parce que si nous n'avons finalement pas beaucoup de choses en commun, nous avons pourtant un élément qui nous a lié et qui nous lie encore et qui nous a permis de créer un lien de confiance. Parce que nous ne partageons pas les mêmes choses, mais nous pouvons nous comprendre, nous avons les mêmes faiblesses et un rapport similaire avec les drogues et l'addiction plus globalement. Quelque chose qui nous a rapproché et qui aujourd'hui est un sujet qui est presque banal entre nous. On a vécu dans le même centre, passé par les mêmes étapes, et ça aide à parler sans avoir peur du jugement. Et pourtant, même malgré ce lien, je le sens déstabilisé par ma question, son regard me fuis comme s'il avait honte et je devine sa réponse avant même qu'il n'ait parlé finalement. Le non-verbal ne trompe pas, et il me confirme une rechute. Et si je suis intransigeante avec moi, je ne peux pas juger Malik, et c'est avec un regard doux et amical que je l'écoute évoquer un épisode compliqué. « Tu sais que la rechute fait partie du processus, tu n'as pas à avoir honte. Tu veux me parler de cet épisode et ce que tu as ressenti ? » Que ce soit son ressenti avant de replonger et ce qu'il a été cherché dans l'herbe ou ce qu'il a ressenti après, je suis présente pour lui s'il a besoin d'en parler. Et ce sera sans doute plus efficace que son chien, parce qu'il semble être isolé Malik, du moins face à cette problématique de l'addiction et si son sourire en me répondant tente de donner le change, je comprends bien que c'est pas sur son entourage qu'il va pouvoir se reposer. Il n'a pas un ange gardien a appelé, il n'a pas un Caleb dans sa vie qui est prêt à tout quitter pour venir me sortir d'une soirée alors que je suis sur le point de craquer face à l'appel de l'alcool et ça me rends triste pour lui. « Je suis pas aussi docile que ton chien et bien plus bavarde que lui, mais si tu as besoin d'un soutien humain, tu peux m'appeler, je sais ce que c'est et je suis là si tu as besoin. » C'est avec un peu d'humour que je lui réponds, mais la sincérité est pourtant présente dans mes mots, je sais ce qu'il veut dire quand il est dit que c'est difficile et je veux juste m'assurer qu'il puisse savoir que je suis là le jour ou l'appel du passé se fera trop fort pour résister seul. Parce que seul, il semble l'être quand même, entre le départ de sa sœur, et sa réponse sur son chien, c'est pas très positif tout ça. Et quand, il évoque sa sœur, je sens bien que le sujet est douloureux pour lui. « Tu penses aller les voir pour rencontrer ta nièce ? » Je ne sais même pas si sa sœur aurait envie qu'il y aille, ni même s'il aurait envie d'y aller, mais la question me semble légitime.

La tentation, nos problèmes d'addictions, reviennent au centre de la discussion, on a chacun nos petites astuces pour lutter contre la tentation, ces derniers temps, j'occupe ma vie au maximum pour ne pas avoir à me retrouver dans des situations trop risquées et il a raison, c'est pas mal comme ça. Ma vie est différente, plus sérieuse, plus stable, plus responsable aussi, je suis mère, je suis une femme mariée et je suis à la tête d'un nouveau projet qui me prends du temps. C'est ma nouvelle vie et elle me plaît ainsi. Il n'y a que les réseaux sociaux et les commentaires déplacés, injurieux ou misogynes auxquels je dois m'habituer à mesure que le podcast se fait connaître. « J'ai un associé qui s'occupe de gérer un peu les commentaires pour me protéger de certains mais tu dois le savoir mieux que moi, le retour des gens c'est primordial pour progresser et pour améliorer le contenu. » Sauf que comme le dit Malik, faut prendre le positif, et se protéger du plus négatif, ou du moins de ce qui n'est pas constructif, mais c'est clairement quelque chose de compliqué parce que le négatif marque plus durement le moral et l'esprit. Mais, ça fait partie du jeu finalement et je m'y prête depuis quelques mois désormais, et je vais même aller plus loin puisque je vais me livrer un peu sur un sujet qui me touche et qui touche aussi Malik. Je sais que c'est un risque, je sais que me dévoiler pourrait avoir des effets négatifs, mais j'interroge ces personnes depuis des mois désormais sur des sujets personnels ou importants et c'est à mon tour de le faire aussi. Non, pas pour parler de moi, mais pour partager mon expérience, pour évoquer les addictions, parce que si j'ai eu honte de ce passé, aujourd'hui, je veux assumer. Mais, le doute est toujours là et Malik, qui est très discret sur son passé, peut comprendre mes craintes, enfin c'est ce que je pense et j'écoute son avis avec concentration. Je ne sais pas si je me sens capable finalement, mais il a sans doute raison, si je l'envisage c'est qu'une partie de moi se sent prête. Que je me sens prête à le faire, parce que c'est bénéfique. « J'ai l'impression d'être tellement hypocrite parfois, j'encourage des gens dans mes podcasts à se confier sur des sujets forts et personnels et moi je cache pas mal de choses à mon sujet, je leur dis qu'ils n'ont pas à avoir honte et je suis incapable de respecter mes propres paroles. » C'est une réalité, il y a mon addiction mais il y a mon passé tout simplement et si pour l'alcool je sens que je pourrais en parler, le reste est quelque chose que je compte bien protéger encore longtemps, parce que j'ai une famille désormais et que ça pourrait leur nuire aussi et ça je ne pourrais pas l'accepter. « Mais, tu as raison, c'est important d'en parler, et montrer que l'on peut s'en sortir, que ce n'est pas simple mais que ça vaut le coup de tenter de combattre cette addiction, c'est le message que je veux passer. Si un jour tu as besoin de l'évoquer pour te libérer de ça, tu seras le bienvenue dans mon podcast. » Jamais je ne lui mettrais la pression, jamais je n'évoquerai Malik Fleming dans le cadre de mon métier ou même avec des connaissances, c'est son histoire, c'est son passé et j'ai beau avoir l'étiquette de journaliste jamais je n'irais le mettre en difficulté pour quelques infos croustillantes à vendre à la presse à scandale.

Une moue faussement déçu se dessine sur mon visage. Avant de laisser place à un sourire bien plus franc. Tu sais, je ne suis pas responsable des ravages de ce sourire. haussant les épaules, je me la joue don Juan, séducteur. Je ne le suis pas tant que ça, j’essaye de m’appliquer à être un gars bien. Je n’y arrive pas tout le temps, mais mes attentions sont toujours louable. Le plus possible en tous cas. C’est peut être ça qui explique paradoxalement mon célibat, les bons garçon ne sont plus à la mode. Je le cris pas sur tout les toits. L’image du célibataire sulfureux ça fais vendre. c’est d’une connerie sans nom, mais c’est réel. Je suis presque certain que mon succès est aussi grandement dû à mon célibat. Je suis un rappeur et une grande partie de mon public est féminin, je me doute que ma belle gueule y est peut être pour quelque chose. Mais ouai. J’ai cru au grand amour, celui qu’on vois dans les films. Celui que t’as l’air de vivre. et je ne suis pas dupe. Même un mariage aussi beau que celui de Caleb et Alex doit comporter son petit lot de bas. Je pars du principe que tout n’est pas parfait dans la vie, c’est normal, c’est ce qui fais le charme de vivre par ailleurs. J’savais que je pouvais compter sur toi. je n’ai pas encore eu l’occasion de beaucoup croiser son mari, mais suffis de voir Alexandra en parler pour comprendre à quel point elle est heureuse. Mouai. dans un souffle, un soupir presque. Le temps passent, les années passent et aucune histoire ne semble se dresser à l’horizon. Pas faute de le vouloir, d’aspirer à ce sérieux. Mais comme je le dis souvent, il y a de forte chance que ça sois moi le problème. J’ai toujours eu tendance à d’abord regarder de mon côté ce qui cloche plutôt que d’accuser les autres pour ce qui pourrais ne pas aller dans ma vie.

Alex est la première à qui je parle de cette rechute. Personne ne le sais, personne d’autre le saura. L’avenir fera qu’une connaissance le découvrira par hasard, mais c’est un autre débat. Mais avec la jeune anglaise, je n’ai aucun mal à en parlé, à me confier. Montrer cette faiblesse, car c’est une faiblesse absolu et difficile à gérer, c’est ce qu’il y a de plus dur. Non pas que j’ai un ego surdimensionner, mais j’évite de me montrer sous mon mauvais jour. Par honte sans aucun doute. Un sentiment qui n’a jamais vraiment existé entre elle et moi, le fait de s’être rencontré quand nous étions au plus bas, l’un comme l’autre, ça aide peut être. J’ai merdé. Ça a créé des emmerdes auprès de beaucoup de personne. Le chaos autour de moi. Fallait que je pense à autre chose. C’était le moyen le plus direct d’y arriver. Jackson qui débarque, les ricochets sur son histoire avec Marley, ma sœur qui part avec lui et me laisse. La sortie du second album qui approche à grand pas. J’ai choisi la facilité, je le sais. Depuis, plus rien, mais c’est pas facile de tenir, c’est de moins en moins facile. T’es adorable Alex. Mais tu as un mari. Tu as des enfants. T’as un job qui te prend suffisamment de temps. croisant son regard, dans un faible sourire. Je conclu. T’as autre chose à foutre que de t’occuper d’une starlette qui fais de la merde. et j’imagine que si elle me le propose, c’est qu’elle n’hésiterai pas à le faire, à être là pour moi. Sans que ça sois une corvée. Mais c’est moi. Moi qui refuse de lui prendre de son temps, elle a des choses bien plus importante à mes yeux. Même si j’apprécie cette main qu’elle tend vers moi, je me refuse d’être un caillou dans sa chaussure. Parce qu’on le sait, elle comme moi. Quand ce genre de merde pointe le bout de leur nez, c’est pas à 14h. Mais plutôt autour de 3/4h du matin. Je n’ai même pas son adresse. Et je veux dire par là que je n’ai aucune idée du pays dans lequel elle a foutue le camp. ce qui pour moi est un message suffisamment claire sur la suite des choses.

Malgré tout, et heureusement, la conversation dévie sur un thème que je maîtrise bien plus. Pas beaucoup plus agréable ceci dit puis que je comprend bien vite que la jolie blonde fais l’amère expérience des commentaires à la con sur les réseaux. Totalement. Tant que les remarques sont constructives. Elles sont bonnes à prendre. Sauf que 70% des commentaires négatifs sont bêtes et méchants. Et ça, c’est juste poubelle. plus facile à dire qu’à faire, je lui accorde et la rejoins là dessus. Je peux vous garantir que sur une centaine de commentaires vous allez retenir les trois qui sont désagréables, je pense que la nature humaine est comme ça, qu’on y peut rien et ça, même avec toute la bonne volonté du monde. Mais l’émission d’Alexandra fonctionne, elle a du monde qui la suit, qui l’écoute, qui l’apprécie. Et dans le succès, il y a quelque chose qui ne ment pas, quelque chose d’universel, de factuel, les chiffres. Si les chiffres sont bons et en hausse, ça veut bien dire ce que ça veut dire. Ça plais et c’est une réussite, c’est qu’elle va dans la bonne direction. Ça peut se comprendre. Faut pas en parler, pour en parler. Faut le faire parce qu’on le veut, parce qu’on se sent prêt, parce que c’est un choix. Tu n’as pas besoin de confier ton passé si tu ne le veux pas. Ça te rend pas moins légitime et pertinente. Selon moi. je pense même que ça peut être contre productif d’en parler parce qu’on s’y sent obligé. Ce genre de sujet sont souvent très délicat, très compliqué, très personnel. Chaque personne a un rapport différent avec ça. Certains vont avoir besoin d’en parler, d’autres au contraire laisser ça à leur passé pour avancer. Y a pas de vérité universelle je pense. Ça peut être une bonne idée. Bon, va falloir attendre que je m’en sort vraiment, totalement. Histoire que j’sois un minimum légitime d’en parler. ce qui est loin d’être le cas, pour le moment. Mais quand ça sera le cas. Et le plus tôt possible je l’espère. Tu pourra compter sur moi.