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Sophia est décédée… Ces mots continus de tourner dans ma tête depuis des heures et je n’arrive toujours pas à le croire. J’ai reçu la nouvelle hier, lorsque j’ai reçu une lettre de ma mère. Au milieu de ses longues demandes d’argents, d’aide pour payer tel ou tel choses, elle a glissé le fait que sa grande sœur est décédée dans un accident de voiture il y a maintenant de longs mois. Je n’ai jamais été vraiment proche de ma famille, du moins pas depuis le décès de ma grand-mère, mais j’ai toujours beaucoup aimé Sophia, elle avait été plus une mère pour moi les fois où je l’avais vu que ma propre mère. Elle a toujours été gentille, et lorsque j’étais petit, c’est elle qui m’emmener manger des glaces et me payait un tour de manège dans le centre commercial du coin. Les souvenirs que j’ai de Sophia sont tous remplis d’amour, de tendresse et puis je me souviens aussi parfaitement de sa petite fille Elora. Lorsque Sophia était partie aux Etats Unis, elle en était revenue avec ma cousine, un petit bébé à la tête blonde de six mois. Elora et sa maman ont rendu le décès de ma grand-mère un peu plus facile et puis un jour… Je n’ai plus reçu aucune nouvelle. J’ai longuement entendu ma mère se disputer avec sa sœur au téléphone, il y a eu de nombreuses insultes (venant de la bouche de ma génitrice) et à partir de ce jour-là je n’ai plus vraiment eu de nouvelles. Au début, je recevais un paquet chaque année pour mon anniversaire et pour Noël avec une lettre, une photo de Sophia et d’Elora et des fois un petit cadeau et cela m’a toujours réchauffé le cœur. Mais un jour je n’ai plus rien reçu du tout et tout comme ma mère me le faisait comprendre, j’ai eu l’impression d’être un poids qui n’en valait pas la peine alors j’ai également cessé d’écrire. C’est comme ca que les choses se sont finis et à vrai dire je ne me rappel même plus la dernière fois que j’ai reçu des nouvelles, mais bien sûr, je ne leur en veux pas. Mais lorsque j’ai appris la mort de ma tante, cela m’a fait un véritable choc, choc que je n’ai d’ailleurs toujours pas encaissé. Je n’ai quasiment pas réussi à dormir. En apprenant la nouvelle, je me suis immédiatement mis à essayer de trouver un moyen de trouver Elora. A part son nom de famille je ne connais pas vraiment grand-chose, mais heureusement pour moi, cela me suffit. Après quelques minutes de recherche je tombe sur son compte instagram et découvre alors qu’elle bosse dans un bar à Fortitude Valley. Je trouve l’adresse du bar et sans même prendre le temps de fermer mon pc portable, j’attrape une veste et me mets en route. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, je n’ai pas vu Elora depuis des années, mais il fallait que je sois sûr qu’elle aille bien. Quelques minutes plus tard, seulement, je me gare dans la rue près du bar ou elle travaille. J’ai déjà fait des bars dans le coin, mais je crois que je ne suis jamais rentré dans celui-ci, sinon j’aurais reconnu Elora bien avant. Je ne sais même pas si elle se rappelle de moi et je ne sais pas grand-chose d’elle à vrai dire, mais j’ai besoin de la voir, de lui dire que je suis désolé pour sa mère. J’hésite quelques secondes devant la porte du bar, des millions de pensées me tournant dans la tête, mais je finis par pénétrer dans le bar qui n’est pas très rempli vu l’heure. Mon regard se porte automatiquement vers le bar ou je ne mets pas longtemps à trouver ce visage familier. Elle a tellement changé. Elle a toujours cette bouille adorable, et au fond elle est bien reconnaissable, mais j’ai maintenant une femme en face de moi et non une gamine comme dans mes souvenirs. « Euh salut… Excuse moi je… Enfin… » Je ne suis pas sûr qu’elle me reconnaisse vu la tête qu’elle fait et elle doit sûrement me prendre pour un autre mec bizarre qui vient traîner au bar. Je prends une grande respiration et je finis par reprendre la parole. « Je suis Matthias, Matthias Calloway, ton cousin. » Je lui adresse un léger sourire même si je ne m’attends pas vraiment à ce qu’elle m’accueille à bras ouvert. « Tu aurais cinq minutes pour discuter ? »


@Elora Dawson

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Après une bonne journée à glander à la colocation, il était temps de partir pour le bar. J’avais eu le temps de faire un peu de ménage ce matin et surtout de passer du temps avec Clément. Depuis qu’il s’est blessé, je passe mon temps à veiller sur lui. Je sais que, la plupart du temps, je l’énerve d'être constamment sur son dos, mais c’est tout simplement plus fort que moi. Je vois bien qu’il n’est pas dans une grande forme et je voudrais juste l’aider à aller mieux. Alors, je fais de mon mieux pour le distraire un peu. On se fait souvent des marathons de films jusqu’au beau milieu de la nuit, on passe du temps à parler de Moana avant d’enchaîner sur tous les animaux de cette terre. On refait souvent le monde, mais ce matin je l’ai tout simplement aidé à ranger un peu sa chambre. Ce n’était pas grand-chose, mais juste pour l’aider un peu. Puis on a fini par passer un bon moment tous les deux et c’est tout ce que je voulais. Malheureusement, il a fallu que je l’abandonne pour me préparer pour ma soirée au bar. Depuis une semaine, James nous a demandé de venir déguiser ou tout du moins maquiller pour lancer le thème d’Halloween qui approche à grand pas. C’est plutôt amusant, mais il est parfois compliqué de trouver des idées différentes lorsque je travaille presque tous les soirs de la semaine. Ce soir, je n’avais pas réellement envie de faire bien compliqué, je me fais deux couettes et sort ma palette de maquillage afin de faire quelque chose qui ressemble à Harley Quinn. J’enfile le tee-shirt que j’avais acheté pour cela et un short vraiment très court en espérant me faire emmerder par personne durant le service. « Clément ? Ça va comme ça, tu penses ? » Je lui fais un petit défilé alors qu’il est étalé sur le canapé et il lève les deux pouces dans ma direction. « Parfait ! » Je lui souris et viens embrasser sa joue avant d’aller terminer de me préparer et prendre mes affaires pour filer au bar. « Appelle-moi si t’as besoin de quoique ce soit. » criais-je à Clément avant de faire claquer la porte derrière moi.

Lorsque j’arrive au bar, l’ambiance est encore très calme. En fin de semaine, c’est toujours bien plus calme et c’est loin de me déranger, je n’ai pas vraiment envie de courir dans tous les sens ce soir. Je salue James en prenant mon poste derrière le bar. « J’adore le costume Elora. » Je ris en lui faisant un clin d’œil, mon patron est un véritable fan de comics et je savais que ça allait lui plaire. Il me fait le topo de la soirée d’hier et me demande de tout préparer pour que la soirée se passe sans encombre. Ayant l’habitude depuis que je travaille ici, je me mets au travail en souriant, chantonnant un peu au rythme de la musique qui découle des enceintes juste au-dessus de ma tête. Je crois que c’est Itziar qui travaille avec moi ce soir et j’ai hâte qu’elle arrive, cela fait un moment que l’on n’a pas eu une soirée tranquille pour juste papoter entre nous. Alors que je suis en train de sortir tous les ingrédients pour préparer mes différents cocktails, j’entends une voix masculine qui s’adresse à moi. Je le regarde un instant tandis qu’il me tutoie. Je n’ai pas l’impression que l’on se connaisse jusqu’à il prononce son prénom. « Matthias ? » Je n’ai pas vu mon cousin depuis… Je crois que la dernière fois, je devais avoir une dizaine d’années, pas bien plus. Qu’est-ce qu’il vient faire ici après tout ce temps ? Je ne suis pas réellement persuadée de vouloir lui parler, mais il me demande si j’ai cinq minutes. Du coin de l’œil, je vois James qui se rapproche de nous et lui fais un signe de tête pour le rassurer. « C’est rien James, je m’en occupe. » Il n’a pas apprécié que je me fasse réellement emmerder par un alcoolique, il y a de cela plusieurs mois et depuis il me protège toujours un peu plus et je l’aime beaucoup pour cela. Je pose ce que j’avais entre les mains et fais signe à Matthias de me suivre à l’autre bout du comptoir où l’on sera un peu plus tranquille. Je l’observe avec méfiance. Je me souviens de sa mère qui était horrible avec la mienne et qui adorait Asher. Une fois passer sa majorité, il ne c’est plus jamais préoccuper de nous et je me demande bien ce qu’il fait ici. « Je peux savoir ce que tu viens faire ici ? » demandais-je un peu froidement et surtout sur la défensive. « Je travaille ici, j’ai pas beaucoup de temps à t’accorder. »   

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J’ignore exactement ce qu’il s’est passé, j’ignore même exactement il y a combien de temps tout cela s’est produit, tout ce que ma mère a laissé dans sa lettre c’est que sa sœur était décédée dans un accident de voiture. Dans une lettre qui fait une page, il n’y a qu’une seule phrase sur sa sœur et cela me fait mal au cœur. Lorsque j’étais petit, je me suis toujours imaginé à être le fils de Sophia et non celui de cette mère qui n’en avait rien à faire de moi, qui passait son temps à m’insulter. Bien sûr, à présent, cela ne me fait ni chaud ni froid, j’ai fini par accepter que les choses ne changeraient jamais et cela fait maintenant des années que je n’ai pas vu ma mère, que je ne lui ai pas parler autrement que lorsqu’elle m’appel pour essaye d’avoir un peu d’argent. Dans un sens, j’ai un peu fait un trait sur ma famille depuis que ma grand-mère nous a quitté. C’est à elle je dois tout, c’est elle qui s’est démené pendant des années pour s’occuper de moi, pour m’éduquer et me donner le maximum. J’aurais aimé garder contact avec ma tante, avec ma cousine, mais les choses en ont fait autrement, si bien que je n’ai jamais osé reprendre contact. Dans le fond, je crois que j’ai toujours eu peur de me faire rejeter par ma tante, comme le fait ma mère, j’ai eu peur qu’elle ne finisse par me repousser et de me retrouver vraiment seul. Mais depuis hier, depuis que j’ai appris qu’elle n’est plus parmi nous, je ne peux m’empêcher de me sentir un peu coupable de ne pas avoir été là pour elle, mais également pour ma cousine Elora. Elles n’auraient peut-être pas voulu de moi dans leurs vies, mais au moins j’aurais essayé. C’est donc sur un coup de tête, une poussée d’adrénaline et de culpabilité que je me retrouve dans le bar ou travail Elora. Dans un premier temps, elle ne semble pas me reconnaître et je ne peux pas lui en vouloir, cela fait des années que nous ne nous sommes pas vus et c’est lorsque je prononce mon prénom qu’elle semble enfin faire le rapprochement. Un peu comme je m’y attendais, elle semble se renfermer et je me sens soudain idiot d’avoir débarquer comme ca, sans prévenir. Je la suis sans un mot au bout du bar et je ne sais pas vraiment quoi dire lorsqu’elle prend la parole froidement. J’hésite de longues secondes avant de déposer la lettre de ma mère devant elle. « Je… Je viens d’apprendre pour ta mère… » Je me mords légèrement la lèvre avant de reprendre d’une voix hésitante. « Écoute, je… Tu as surement pas envie de me voir, et je le comprends, j’ai jamais rien fait pour toi, mais je… Enfin, j’aimais énormément ta mère et je voulais juste te dire que… » Qu’est-ce que j’ai envie de lui dire au fond ? Tellement de choses. « Je suis désolée. Si j’avais sur je serais venu aux obsèques. » Bien sûr que j’aurais été présent à l’enterrement, bien sûr que j’aurais même été présent dans la vie d’Elora. Peut être qu’il n’est pas trop tard. « Tu dois pas avoir envie de parler de tout ca, à vrai dire je ne sais même pas exactement combien de temps ca fait… Mais… Enfin je sais que j’ai pas mal pris mes distances avec vous et… » Je prends une grande respiration. « Je m’en veux. Je sais que ca n’efface rien mais avec la mère que j’ai, j’ai toujours cru que… Enfin peu importe ce que j’ai cru. Je suis désolé, pour tout. » Je jette un regard au patron d’Elora qui nous regarde de loin, comme pour vérifier si tout va bien avant de tourner à nouveau le visage vers ma cousine. Je remarque alors à quel point elle ressemble à sa mère, à ma tante, cette femme qui avait tant fait pour moi dans mon enfance. Ma gorge se serre et d’un coup, je ne sais plus quoi dire, j’aurais tellement pouvoir revoir Sophia une dernière fois, lui dire qu’elle était une femme formidable. Une femme qui m’a sauvé la vie alors qu’à treize ans j’ai tenté de mettre fin à mes jours, mais cela, personne ne le sait.


@Elora Dawson

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Jamais je n’aurais imaginé revoir mon cousin un jour encore moins sur mon lieu de travail. Dans le fond, j’ai très peu de souvenirs en compagnie de Matthias. Il est plus âgé que moi, et même s’il venait souvent à la maison lorsque j’étais petite, je ne me souviens pas réellement de lui. J’étais trop petite et ce ne sont que des souvenirs assez flous, rien de bien concret. Puis il ne venait jamais, souvent, c’était juste des petites visites qui ne durait jamais longtemps, car maman ne s’entendait pas du tout avec sa sœur. Je ne me souviens pas réellement de toutes les histoires, maman ne m’en parlait jamais. Tout ce que je sais, c’est que ma tante n’était pas une femme bien. Je me souviens d’une seule rencontre avec elle, j’étais une adolescente peu sûre d’elle et elle avait passé l’après-midi à me faire des reproches sur mon physique ou ma façon de parler. Pas vraiment le genre de personne que l’on aime garder dans sa vie. Au décès de maman, je n’ai même pas pensé à la contacter et je n’ai pas pensé à Matthias non plus. On n’avait pas eu de nouvelles depuis si longtemps que je n’en voyais pas réellement l’intérêt. D’ailleurs, je ne comprends pas réellement ce qu’il vient faire ici. Pour être honnête, j’ai même un peu peur de ce qu’il va me dire. S’il est venu me demander de l’argent, il va très vite retourner d’où il vient. Pourtant, j’ai la sensation qu’il est plus mal à l’aise qu’autre chose. Il semble réellement hésitant et je lui accorde un peu de temps pour en savoir plus. Ne voulant pas exposer, un peu plus, ma vie privée devant mon patron et mes clients, j’entraîne Matthias au bout du comptoir ou l’on sera un peu plus tranquille.

En quelques secondes, Matthias m’apprend qu’il vient seulement d’apprendre à maman et un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres. Il se moque de moi ou quoi ? Je n’ai pas le temps de dire quoique ce soit qu’il enchaîne en me disant qu’il aurait aimé être présent aux obsèques. « Bah bien sûr… » Je lève les yeux au ciel et ajoute assez sèchement : « Tu as juste plus d’un an de retard. » Et voilà qu’il s’embrouille dans ses propos et que plus il parle, plus j’ai envie de lui hurler dessus. Il essaye de se justifier en parlant de sa mère, mais j’avoue que je n’écoute plus vraiment. Je n’ai pas envie de hurler dans le bar, je n’ai plus envie de pleurer à cause de tout cela. Ma mère me manque énormément, mais je ne veux plus passer mon temps à pleurer, j’aimerais juste pouvoir passer à autre chose doucement. Penser à maman sans fondre en larmes. Je lui dois bien cela. Enfin… Mon regard croise celui de Matthias et je ne sais plus quoi lui dire. « Je… Tu veux que je te dise quoi ? » Honnêtement, je ne sais pas ce qu’il attend, pourquoi il est venu ici. « Je me suis retrouvé toute seule avec des emmerdes que tu ne pourras jamais imaginer. J’étais seule et je le suis toujours. J’ai plus de famille. » C’est tout ce que j’arrive à dire. Du moment ou j’ai perdu maman, j’ai réalisé que je n’avais plus aucune famille. Plus personne de présent pour moi. Je me suis fait à cette idée petit à petit et désormais me retrouver face à mon cousin me laisse un peu sur le cul. Je jette un coup d’œil à la salle, tout est encore assez calme, heureusement. Je relève les yeux vers Matthias sans savoir quoi faire ou quoi dire. « Et je vois pas vraiment pourquoi tu t’en veux, on s'est jamais vraiment connu dans le fond. » dis-je en soupirant quelque peu. « Fin je sais même pas pourquoi tu es venu ici… »   

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La famille a mes yeux, ca a toujours été quelque chose de… Compliqué. De compliquer, mais également de douloureux et pas forcément une bonne chose. Malgré le fait que ma grand-mère m’a élevé durant les huit premières années de ma vie, j’ai passé ma vie à entendre que je n’ai jamais été voulu, que j’étais un boulet et malgré tout, ça s’est un peu encrer dans ma peau. J’ai fini par créer un mur entre ma famille et moi, j’ai fini par me dire que si je n’avais plus de nouvelles de ma tante et de ma cousine, c’est qu’il y avait une raison, c’est que la famille, c’est comme ça. Pourtant malgré les barrières que je me suis mises avec le temps, que j’ai tenté de garder tout du moins avec ma mère pour qui je ne ressens aujourd’hui plus aucune affection particulière, je ne peux m’empêcher d’être profondément affecté et triste par la nouvelle du décès de Sophia. Dans mes souvenirs Sophia a toujours été le contraire absolu de ma génitrice, elle était gentille, aimante et toujours là pour sa famille, ou tout du moins c’est que je me rappel de sa manière d’être avec moi et avec sa fille Elora. Le pire dans tout cela, c’est que j’arrive un an trop tard, que j’apprends un an trop tard ce qui est arrivé à ma tante. Je me passe la main sur visage et laisse échapper un soupir. Des fois, j’aimerais vraiment que les choses soient plus simples. « Un an… » Je murmure inaudiblement. Tout ce qu’il me reste du souvenir de ma tante, ce sont quelques photos rangées dans ma maison et quelques souvenirs qu’elle m’a acheté lorsque j’étais gamin. Je sens dans la froideur du ton de ma cousine qu’elle n’a sûrement pas envie de me parler, ni de me voir d’ailleurs, mais je dois lui dire tout ce que je ressens, parce qu’après tout je n’ai jamais pu remercier Sophia directement pour tout ce qu’elle a fait pour moi. « Rien… Tu n’as rien à dire, je suis pas venu pour que tu dises quoi que ce soit je voulais juste… Enfin je sais pas. » Je n’ai jamais été doué avec les mots et encore moins avec les sentiments, je n’ai jamais doué dans ce genre de situation mais je voulais lui faire comprendre que même si je suis bien trop tard, je veux être là pour elle quoi qu’il arrive. Je l’écoute me dire qu’elle a galéré et qu’elle n’a plus dans la famille. Dans le fond, je ne lui en veux pas de dire cela, nous n’avons jamais vraiment été une famille, nous nous connaissons à peine et si elle voulait vraiment ne plus jamais me voir, alors je respecterais tout à fait son choix et je disparaîtrais de sa vie pour de bons. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre, ou même quoi dire tout simplement, et peut être que c’est mieux qu’au final je la laisse. J’hésite quelques instants avant de prendre une serviette devant moi et d’attraper un stylo qui traine. « Ecoute, c’est peut-être trop tard et je sais que tu voudras sûrement jamais me revoir et que tu préféreras peut être même oublié que je suis passé ce soir mais… » Je note mon numéro de téléphone ainsi que mon adresse de maison sur le bout de serviette. « Si jamais un jour, tu as besoin de quoi que ce soit… Tu n’hésites pas à m’appeler ou à venir frapper à la porte d’accord ? » Je tente de lui adresser un léger sourire. « Et puis, c’est jamais trop tard pour apprendre à se connaître tu sais… » Je me doute bien que la réponse à cette phrase ne seras pas positive, mais après tout, je n’ai rien à perdre à le lui dire. En la regardant, je remarque une fois de plus qu’elle me rappel énormément Sophia, qu’elle partage ces mêmes traits fins, doux que ceux que j’ai dans les souvenirs que je garde de ma tante. Elle est un peu plus jeune certes, mais elle la ressemblance est vraiment frappante. « Tu lui ressembles vraiment beaucoup, tu sais… Des souvenirs que j’ai d’elle tout du moins… » Je lui adresse un nouveau sourire avant de me redresser légèrement. Je ne veux pas l’embêter plus longtemps, et elle n’a pas l’air d’avoir envie que je ne traîne dans les parages. « Je devrais peut être te laisser retourner bosser. »


@Elora Dawson

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Tel un idiot Matthias répète ce que je viens de lui dire à propos du décès de maman. Oui, il a un an de retard. C’est bien pour cela que je me demande ce qu’il fait ici. Pourquoi il débarque après autant de temps ? Qu’est-ce qu’il veut ? L’espace de quelques secondes, je me demande si ce n’est pas sa mère qui l’envoie pour me parler de l’héritage ou quelque chose comme cela. Elle en serait totalement capable de ce que j’en sais… Tant pis pour elle, il n’y a pas d’héritage. Rien du tout. Plutôt des dettes par-dessus la tête. Cependant, je me retiens d’attaquer directement Matthias. L’espace d’un instant, je lui laisse le bénéfice du doute, alors que j’ai juste envie de lui hurler dessus. Je suis réellement froide avec lui, incapable de l’accueillir les bras ouverts. Il était ou lorsque j’avais cruellement besoin d’aide ? Lorsque j’aurais eu besoin que l’on me soutienne ? Loin de nous. Du moment où il a été majeur, il est parti et on ne l’a jamais revu. Maman ne parlait plus de lui donc j’imagine qu’il a totalement coupé les ponts. Alors, pourquoi il revient ? Pourquoi maintenant ? Qu’est-ce qu’il me veut ? C’est tout ce qui tourne dans ma tête et c’est bien pour cela que je le rejette en bloc. Je n’ai pas la fore de dealer avec des nouveaux problèmes de familles en ce moment. Tout allait enfin bien, je pensais remonter la pente et voilà que Matthias arrive comme une fleur. J’ai juste envie de lui demander de partir et en même temps, j’en suis incapable parce que ce n’est pas dans ma personnalité. Il me dit que c’est peut-être trop tard et je me mets à rire nerveusement. « C’est vraiment trop tard oui. » Je ne sais pas vraiment quoi lui dire de plus. Je ne vais pas non plus l’accueillir les bras ouverts alors que je n’ai pratiquement aucun souvenir avec lui et que, dans le fond, je le connais à peine. Je me sens perdu, complètement déstabilisé qu’il soit venu sur mon lieu de travail sans prévenir. Je me sens pris de court et je n’aime pas cela. Alors, je le regarde écrire son numéro sur une serviette qui traînais par là sans rien dire, sans rien faire. Il me laisse cela si un jour, j’ai besoin d’aide et cette fois, je ne peux m’empêcher de rire de bon cœur. « Encore une fois… T’as vraiment beaucoup de retard. » J’avais besoin d’aide il y a de cela quelques mois, désormais, j’arrive à avancer, je sors la tête de l’eau. Je ne veux plus rien devoir à personne encore moins à ce cousin que je connais à peine. Et alors que j’allais lui demander de partir, Matthias finis par me dire que je ressemble beaucoup à ma mère. C’est comme s’il avait décidé de me mettre un coup de poing en plein dans le bide. « Ne dis pas ça. » dis-je doucement dans un murmure. « Parle pas d’elle… » C’est tout ce que je lui demande. Je ne suis pas prête pour parler de maman. J’arrive à le faire avec Thomas et encore, je finis toujours par fondre en larmes. Je ne veux pas le faire sur mon lieu de travail. Vraiment pas. « Tu devrais vraiment y aller, Matthias. » dis-je doucement. Je prends, malgré tout, la serviette et retourne à mon service, je ne veux plus penser à tout cela.

Mon cousin a rapidement quitté le bar après cela et j’ai pu reprendre mon travail. Enfin… J’ai enchaîné les conneries, les unes après les autres. J’ai mélangé des commandes, je me suis trompé dans un encaissement et j’ai dû casser une bonne dizaine de verres tellement j’avais la tête ailleurs. Je ne cessais de penser à Matthias, à la manière dont je l’ai accueilli. Je lui en veux d’être venu sur mon lieu de travail sans prévenir, mais comment pouvait-il réellement me trouver à part ça. J’ai déménagé il y a peu et personne ne sait que je vis à la colocation à part mes proches. Matthias ne connaît rien de moi, il est un véritable inconnu. Pourtant, je ne cesse de penser à ce qu’il m’a dit : il n’est jamais trop tard pour faire connaissance. Il a raison dans le fond. Je suis toujours à dire que je n’ai plus de famille depuis que maman est partie et voilà que Matthias revient. Il n’est pas comme les Grimes, je sais qu’il fait réellement parti de ma famille, je le connaissais avant même si j’en ai très peu de souvenirs. Je ne cesse de penser à lui et c’est pour cela que je suis aussi distraite dans mon travail. James le comprend et finit par me proposer de finir plus tôt. Habituellement, je lui assure que je peux finir mon shift, mais ce soir, je ne me fais pas prier pour partir. Je récupère mes affaires et sors du bar assez rapidement. Une fois sur le trottoir, j’hésite à repartir vers la coloc. Je reste planter en pleine rue pendant cinq minutes avant de sortir la serviette du fond de la poche de mon jean. Je regarde l’adresse et finis par héler un taxi. Je dois des excuses à Matthias et je crois que j’ai un peu besoin de parler avec lui.

Dix minutes plus tard, je me retrouve devant la porte de mon cousin sans trop savoir si tout cela est une bonne idée. Il me faudra quelques minutes avant de trouver le courage de frapper à la porte. Il est tard et je me rends compte que c’est peut-être pas la meilleure des idées, mais c’est trop tard pour faire marche arrière. La porte s’ouvre sur un Matthias réellement surpris. « Hey… » dis-je doucement avec un petit signe de la main. « Euh… Je… Il est tard, je suis désolée. » Et voilà que je ne sais plus vraiment quoi dire d’autres.    

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Je comprends la colère et la frustration d’Elora, je me suis même surpris qu’elle ne soit pas plus dure avec moi dans le fond. Si j’étais à sa place, je serais sûrement dans le même état qu’elle. Je me rends compte que de débarquer sur son lieu de travail pour la voir, alors que cela fait des années que nous n’avons pas eu de contact, n’est en réalité pas la meilleure solution. Pourtant, je suis devant elle, et je ne peux m’empêcher de lui dire que je suis là si elle a besoin de quelque chose. Bien sûr, il n’est jamais trop tard, la vie est courte et peut être que nous devrions passer plus de temps avec nos proches plutôt que de se prendre la tête pour des tonnes de choses, mais la vie nous a balancé des choses pas faciles, à elle comme à moi. Je sais qu’Elora n’a jamais connu son père ou du moins, d’aussi loin que je me souvienne, je sais qu’elle n’a eu que sa mère, et dans le fond elle avait eu une mère formidable. Lorsque j’étais plus jeune et qu’Elora venait de naître, je me souviens avoir éprouvé une certaine jalousie, pas qu’elle soit née, non, mais qu’elle ai la chance d’avoir une mère aimante, une mère qui se souciait d’elle et qui aurait soulever des montagnes pour tous lui donner. Bien sûr, Sophia a toujours énormément fait pour moi, je lui dois tellement de choses, mais dans le fond elle n’a jamais été ma mère. Lorsque la vie a fait que nous nous sommes éloignées, que nous avons pris différentes directions, j’avais eu un peu de mal à l’accepter, puis, comme ma mère me l’avait si gentiment dit, je ne mérite pas que l’on fasse quoi que ce soit pour moi. De grandir avec une mère comme cela n’a jamais été facile parce que j’ai souvent cru ses paroles, ses mots cruelles, si bien qu’à l’âge de treize ans j’avais tenté de mettre fin à mes jours. Puis un jour, je me suis réveillé et j’ai réalisé que ma vie est la mienne, et que je ne dois rien à personne et surtout pas à ma génitrice, alors j’étais parti. De nombreuses choses se sont passés depuis, et j’ai appris à faire la part des choses et à garder les gens importants dans ma vie et de me débarrasser de ceux nocif, comme ma mère par exemple. Mais quand j’y pense, Elora n’a jamais rien de demander de tout cela. Elle était encore gamine lorsque j’ai commencé à vivre ma vie, à tenter de mettre les chances de mon côté et sans vraiment le vouloir, la famille s'est éloignée. Je lui note cependant mon adresse, mon numéro de téléphone et ne peux m’empêcher de lui dire à quel point elle ressemble aux souvenirs que j’ai de sa mère. La tristesse que je vois dans ses yeux me donne envie de la serrer dans mes bras, mais je n’en fais rien. « Prends soin de toi Elora… » Je lui adresse un nouveau sourire avant de quitter le bar.

Je sais que je serais incapable de trouver le sommeil ce soir, la nouvelle que j’ai apprise me secoue beaucoup trop et de voir Elora après tant d’années n’a pas aider les choses. Une fois rentrer chez moi, je me change en tenue de sport avant de décider d’aller courir. Une heure de jogging me fera du bien. Je pose mon casque audio sur la tête, lance ma playlist de sport avant de m’avancer dès les rues, plutôt vide, de mon quartier. Brisbane de nuit est une ville vraiment belle et c’est l’un de mes moments préférés pour aller me perdre dedans. Mes pas m’amènent instinctivement le long de l’eau et je m’arrête quelques secondes pour contempler la vue. J’observe les lumières, le ferry qui passe et les gens qui courent sur Kangaroo Point de l’autre coté de Brisbane River. Je tente de stopper mes pensées, de me vider la tête, mais visiblement rien n’y fait ce soir. C’est sur le chemin de retour qu’une pointe de colère envers moi-même apparait et je tente de détendre mes muscles. Une fois rentrer chez moi, je me glisse sous une douche brulante, nécessaire autant moralement que physiquement. J’y reste quelques minutes avant d’enfiler un simple bas de jogging. Il est tard, mais l’envie de dormir n’est toujours pas présente alors je m’installe dans mon canapé et attrape mon pc avant de me mettre à travailler sur le film. Au moins mes heures perdues de sommeil seront bonnes à quelque chose. Je me redresse un peu lorsque j’entends frapper à la porte et lorsque j’ouvre la porte je suis vraiment surpris de me retrouver face à la petite blonde. Elle s’excuse de l’heure, mais je lui adresse un léger sourire avant de prendre la parole. « Non, c’est rien. Entre. » Je me pousse de la porte pour la laissé pénétrer dans la maison. Je m’avance vers le canapé pour ranger un peu les notes que j’ai un peu éparpiller partout. « Pardon, c’est un peu le bazard. Assis toi. » Je pousse mon pc afin de lui laisser de la place, et ayant entendu le bruit de la porte d’entrée, Nanka ma chienne husky, débarque pour venir renifler Elora. « Elle est pas méchante. Nanka, laisse Elora. » Je ne sais pas si elle aime les chiens, ou même si elle est allergique. « Je… Enfin je t’offre un truc à boire ? Où a manger ? »


@Elora Dawson

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Je ne voulais pas paraître méchante auprès de Matthias, mais il avait débarqué sans prévenir, sur mon lieu de travail et je n’ai clairement pas su gérer cette intrusion dans ma vie. J’ai eu bien trop de surprise au niveau familial dernièrement et j’avais clairement besoin d’une pause. J’ai perdu ma mère, appris que mon père biologique est en réalité un célèbre homme d’affaire New-Yorkais qui menait une double vie à l’époque de ma naissance et voilà que maintenant mon cousin disparu depuis des années réapparaît dans ma vie sans prévenir. Je ne m’étais pas préparé à le voir et encore moins à parler de ma mère. Il m’a fallu des mois pour ne pas me mettre à pleurer pendant des heures et clairement, ce n’est pas le genre de sujet que j’ai envie d’aborder sur mon lieu de travail. James est un patron adorable, mais il ne veut pas d’une serveuse en pleurs. Matthias est parti sans faire de vague, mais depuis, je ne cesse de penser à lui. Je ne sais pas comment il a fait pour me retrouver, je ne sais pas pourquoi il a soudainement eu envie de me revoir et je dois dire que cela me travaille un peu. Beaucoup en réalité. Je n’arrive pas à me concentrer sur mon travail. Je n’ai pas la patience d’écouter les histoires de mes clients et encore moins de leur répondre. Pourtant, habituellement, je suis toujours la première à venir discuter avec eux. Ce soir, j’ai clairement l’esprit ailleurs. Je me pose un million de questions sur le retour de Matthias et je déconnecte complètement avec le reste. Tellement que je fais tout un tas d’erreur de débutante et que je m’énerve toute seule.

Je suis tellement dans la lune que James me propose d’arrêter là pour ce soir. Je sais qu’il ne m’en veut pas, que ce n’est pas une punition. Bien au contraire… Il m’offre la possibilité de rentrer chez moi et de me remettre des émotions de la soirée. Je devrais écouter son conseil et juste rentrer à la coloc, aller me coucher et surtout me reposer. Pourtant, je me sens incapable de juste rentrer et ne rien faire. Je me pose bien trop de questions et Matthias m’a laissé son adresse. Il est tard, je devrais le laisser tranquille, mais je sais que je serais incapable de dormir sans lui avoir parlé un peu plus longuement. Je décide de rejoindre son appartement à pied histoire de me laisser un peu de temps. Tout va bien trop vite dans ma tête. Je sais que j’aimerais discuter avec lui, mais je sais aussi qu’en face de lui, je vais perdre mes moyens. Je me sens perdu et surtout, je sais que je ne vais pas pouvoir rester de marbre. Parler de maman s'est toujours compliqué pour moi. Je sais que ça le sera encore plus avec Matthias qui la connu pendant des années.

Il semble surpris de me voir lorsqu’il ouvre la porte et je suis déjà prête à faire demi-tour pour le laisser tranquille. Pourtant, mon cousin me laisse entrer chez lui et s’empresse d’aller arranger son salon alors qu’une boule de poil géante se jette sur moi. « Hey toi… » Je souris un peu et passe ma main dans le pelage du chien qui me renifle sous toutes les coutures. « Mon coloc a un chien, une staffie. Elle doit la sentir. » Moana adore venir se frotter à moi le matin avant que je parte travailler et surtout, on la retrouve toujours allongée sur nos affaires donc son odeur est forcément sur mes vêtements, ce qui semble réellement intéresser le husky de Matthias. « Bah oui, t’es toute belle. » Je souris à la chienne qui finis par m’abandonner pour retourner s’allonger, ou plutôt se vautrer, dans son panier dans un coin du salon. Je relève la tête vers Matthias qui semble soudainement bien plus nerveux que tout à l’heure. C’est donnant-donnant. Il est venu par surprise sur mon terrain, je lui rends la pareille. « Non ça va, je veux rien. » J’ai le ventre bien trop noué pour manger quoique ce soit.

Un instant, on reste face à face sans rien se dire. On s’observe comme deux inconnus et la sensation est réellement bizarre. J’ai l’impression de ne pas du tout le connaître alors qu’en réalité, il est mon cousin. « Je… Je sais pas vraiment pourquoi je suis venu en fait. » Un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres alors que je me masse la nuque. « J’arrête pas de penser à ce que tu as dit… Comme quoi je ressemble à maman. » C’est quelque chose qui tourne en boucle dans ma tête depuis qu’il a quitté le bar en réalité. « Je me souviens à peine de toi. » finis-je par dire doucement.

   

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Lorsque j’étais petit, il m’arrivait souvent de rêver d’avoir une mère aimante, ou même d’avoir tout simplement connu mon père. Les huit premières années de ma vie cela ne m’avait pas vraiment travailler parce que j’avais ma grand-mère, ma formidable grand-mère qui s’est occupé de moi et de temps en temps, je passais les week-ends chez ma tante Sophia. Les choses étaient relativement faciles et le fait de ne pas être seul avait faciliter un peu le fait de savoir que ma mère ne lèverait jamais le petit doigt pour moi. Mais malheureusement cela n’avait pas durée. Mimaw était décédée, Sophia avait rencontré un homme et avait quitté Sydney et je m’étais retrouvé un peu seul face au reste du monde. De voir mes camarades d’école être récupérés par leurs parents, par des proches étaient devenus plus difficile et j’avais doucement commencé à me renfermer sur moi-même. Il m’a fallut attendre l’arrivée à la fac pour que les choses s’arrangent un peu, pour que je rencontre des gens qui m’aideront a avancer dans la vie, des gens comme Cora qui est d’ailleurs devenu une personne essentiel à ma vie et sans qui je ne pourrais surement pas avancer aujourd’hui. Avec le temps, j’ai tiré un trait sur la famille. J’ai coupé définitivement les ponts avec ma mère, bien qu’elle ne tente encore de temps en temps de m’appeler ou qu’elle m’envoie des lettres afin de me demander de l’argent. J’ai doucement perdu contact avec Sophia et sa fille, et les choses en sont donc comme cela aujourd’hui. En réalité, jamais je n’aurais cru un jour avoir des nouvelles de ma tante, et encore moins me rendre compte que je vis dans la même ville que ma cousine. J’ai souvent pensé à reprendre contact, à me dire que peut être que ca en valait la peine, mais jamais je n’ai osé parce que je me suis toujours dit que les choses sont ainsi, c’est qu’il y a une raison. Pourtant, ce soir, après avoir appris l’accident de Sophia, je n’ai pu m’empêcher de passer voir Elora. Je me doute bien qu’il est sûrement trop tard pour tendre la main à ma cousine, qu’elle a du bien faire sa vie sans un cousin chiant dedans, mais je tente quand même. Lorsque je quitte alors le bar, je ne m’attends pas à la revoir quelques heures plus tard sur le pas de ma porte. Je la laisse entrer, lui adressant un léger sourire et à peine arriver au salon, Nanka vient la renifler de partout. « Oui surement, Nanka est une grande fan d’autres chiens, tu la verrais au parc, c’est une pot de colle avec les autres. » Nanka a toujours été une chienne très affective, mais au fond elle est un peu mon gros bébé. Elle a toujours été super câline et adore rencontrer de nouvelles personnes et surtout venir réclamer des grattouilles. J’écoute ma cousine lui dire qu’elle est belle et je ne peux m’empêcher de sourire. Les gens qui sont immuniser à ses charmes sont très rares et la chienne sait d’ailleurs parfaitement y faire. « Tu vis avec beaucoup de colocataires ? » Je demande, même si je n'ai peut être pas ma place à vouloir savoir les détails de sa vie. Après avoir proposé quelque chose à boire ou à manger, un silence un peu gênant s’installe dans la pièce. Nous sommes peut-être de la même famille, mais de ne pas s’être vu depuis des années ne rend pas la conversation facile à vrai dire. Je l’écoute alors m’avouer qu’elle ne sait pas trop pourquoi elle est venue, et puis elle parle de sa mère. Ma gorge se serre un peu et sans réfléchir, je sors mon porte-monnaie ou je garde une photo de Sophia, de moi et d’Elora lorsqu’elle était encore enfant. Je tends la photo à la blondinette et lui adresse un léger sourire. « C’est l’un des meilleurs souvenirs que j’ai d’elle. Ta mère nous avait emmenés au zoo tous les deux. Je me souviens parfaitement de ca parce que j’attendais toujours avec impatience le week-end, c’étaient les moments où je venais passer du temps chez vous. » Tous les souvenirs que je garde de Sophia et d’Elora ont toujours été des souvenirs un peu magique, des souvenirs auxquels j’ai toujours été très attaché. Je relève alors la tête vers ma cousine qui m’avoue se souvenir à peine de moi. « Oui… Je sais bien. Tu devais avoir à peine sept-huit ans quand on a commencé à moins se voir. Puis après, je suis parti à la fac et de là… Enfin, tu connais l’histoire aussi bien que moi. » Je lui adresse à nouveau léger sourire. « Je sais que je me suis éloigné, qu’on a perdu contact mais j’ai toujours adoré ta mère. Elle a toujours été tellement formidable avec moi alors que Briana… Enfin c’est une autre histoire. Puis j’adorais venir jouer avec toi. Je sais pas si tu te souviens, mais on allait souvent à Lone Pine Koana Sanctuary. Je me rappel que tu étais absolument obsédé par les koalas et que tu disais toujours à Sophia qu’un jour tu voulais en avoir un. » Je ris légèrement parce que je me rappel parfaitement de cela. L’un des derniers cadeaux d’anniversaires que j’avais d’ailleurs offert à Elora était une petite peluche d’un koala, j’ignore si elle l’a toujours. Je remarque alors le visage triste de ma cousine et sans vraiment réfléchir, je prends doucement sa main dans la mienne. « Mais je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie… Ne parlons pas de ca, je veux pas te rendre triste. » Même si c’est déjà sûrement le cas, je ne suis pas là pour rendre Elora malheureuse.


@Elora Dawson

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Lorsque j’arrive chez Matthias, j’hésite quelque peu à frapper à sa porte. Je ne sais pas vraiment ce que l’on va pouvoir se dire dans le fond. Cela fait tellement longtemps et je suis encore si chambouler de l’avoir revu. Il est mon cousin et pourtant, il était complètement sorti de ma vie. Ces derniers temps, je ne suis pas vraiment fan des réunions de famille. J’ai passé de très bons moments en compagnie de Léonardo, mais il faut dire que ce n’est pas la joie avec Cade et Milena. Je n’ai réellement la force de suivre le même chemin avec Matthias. Pourtant, je sais que je ne vais rien dormir si je ne prends pas le temps de le voir et de discuter avec lui. C’est pour cela que je finis par frapper et lorsqu’il m’ouvre, je me sens presque rassurée de le voir en face de moi. Je suis tout de suite chaleureusement accueilli par la chienne de mon cousin, Nanka, qui se met à tourner autour de moi en agitant sa queue dans tous les sens. Elle me renifle sous toutes les coutures avant de décider que je pouvais entrer chez elle. Je lui caresse doucement la tête en expliquant à Matthias que je vis actuellement avec un chien. « J’ai deux colocataires, Clément et Sybille. » répondis-je en souriant un peu en pensant à ces deux personnes qui ont clairement changer ma vie ces derniers temps. Je ne sais pas vraiment ce que je serais devenue sans eux et sans leur gentillesse. Ils m’ont accueilli chez eux avec le sourire et depuis, j’ai réellement la sensation de faire partie d’une petite famille rien qu’a nous. « Ils m’ont beaucoup aidé ces derniers temps. » Je souris à nouveau et prends place sur le canapé de Matthias.

Pendant un instant, on discute un peu de tout et de rien. On essaye de s’apprivoiser un peu, mais rapidement la conversation se tourne à nouveau autour de maman. J’ai toujours autant de mal à parler d’elle. Ça me fait une douleur dans la poitrine qui m’empêche pratiquement de respirer. Je déteste cette sensation. Pourtant, je tente de gérer mes émotions face au brun. Je le sens réellement ému et il finit par me montrer une photo qu’il semble garder sur lui depuis longtemps. Sur le cliché, il y a maman, Matthias et moi. Je suis accroché au cou de ma mère tandis que Matthias est devant nous un immense sourire sur ses lèvres. Je me souviens vaguement de cette journée. Maman nous avait emmenés au zoo et on avait passé une super journée tous ensemble. « C’était avant Asher… » dis-je doucement. C’est sorti tout seul. Je déteste parler de mon beau-père. Je ne veux plus jamais évoquer ce connard, mais il est vrai que les souvenirs que peut avoir Matthias date tous d’avant cette période. Avant la descente aux enfers. Je secoue la tête et me concentre un peu sur ce qu’es en train de raconter mon cousin. Il me partage ses souvenirs en compagnie de maman. J’étais petite et je ne me souviens clairement pas de tout. Pourtant, lorsqu’il évoque mon amour des koalas, je ne peux m’empêcher de rire. « Oh, mais tu sais que c’est encore un de mes rêves ! » J’ai toujours aimé les koalas. Je devais avoir cinq ou six peluches différentes lorsque j’étais petite et j’en ai toujours quelques-unes chez moi d’ailleurs. « Je me souviens à peine de tout ça. » avouais-je en baissant un peu la tête.

« T’en fais pas Matthias, on peut en parler. » dis-je doucement afin de rassurer l’homme en face de moi. « C’est… C’est vraiment douleur parfois, mais ça va un peu mieux ces derniers temps. » Je ne vais pas dire que je n’ai pas mal, que j’ai complètement terminé mon deuil, mais je me sens mieux parfois. Je joue avec mes doigts de manière un peu nerveuse. Je m’installe plus au fond du canapé et ramène mes genoux contre ma poitrine. « Ta… Ta mère ne t’avait vraiment rien dit du tout ? » Je soupire et repense au jour de l’enterrement. « Elle… Elle était venue faire un scandale le jour de l’enterrement. »     

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Les regrets ne sont pas moindres dans ma vie, il y a beaucoup de choses que j’aimerais changer si je le pouvais, mais au final, je préfère avancer. Je préfère ne pas penser au passé, ne pas penser à ce qui aurait pu être et avancer parce qu’au fond sans une de ses expériences vécues, peut-être qu’aujourd’hui, je ne serais pas le même. Bien qu’il m’est fallut du temps pour ‘guérir’ de l’emprise malsaine de ma mère sur ma vie et des choses que j’avais fini par croire à cause d’elle, aujourd’hui j’accepte qui je suis, j’accepte l’homme que je suis devenu et grâce à beaucoup de monde autour de moi, j’arrive même à être fier des choses que je fais. Je suis fier oui, mais pas pour tout. M’éloigner de Sophia et d’Elora et une chose dont je ne suis pas fier, une chose que je regrette encore aujourd’hui, mais qui au final peut toujours changer. Bien que je sois très surpris de voir ma cousine débarquer chez moi si tard, je l’accueille à bras ouvert et la laisse entrer dans ma maison, Nanka venant également la saluer. Je dois bien avouer que l’atmosphère est un peu tendue, nous ne sommes pas vus depuis tellement d’années que les choses ne peuvent pas être aussi facile que si l’on c’était quitté la veille, mais doucement, on va y arriver. Je l’écoute alors me parler de ses colocataires, et du fait qu’ils l’ont beaucoup aidé ces derniers temps. Si je me sens un peu coupable de ne pas avoir été là pour ma cousine, au moins je sais qu’elle est bien entourée. « C’est bien que tu es quelqu’un sur qui compter. » Je suis assez bien placé que pour savoir que lorsqu’on traverse des choses difficile, il est essentiel d’avoir des gens sur qui compter, des gens qui vont vous aider à vous relever et a aller mieux. Là ou Elora a visiblement ses deux colocataires, j’avais eu Cora. Je m’installe alors à coté d’elle et discute quelques temps avec elle de tout et de rien avant de finir par accéder au sujet un peu plus sensible. Si aujourd’hui je ne sais plus rien de la vie que menait Sophia avec sa fille, il y a une époque où mes meilleurs week-ends étaient ceux passés à leur côté. C’était le genre de weekend qui me motivait à supporter la semaine, à supporter ma mère et les bully à l’école. Alors que je tends la photo à ma cousine, je fronce les sourcils en l’entendant mentionner un prénom. « Asher ? » Je me souviens vaguement de ce prénom, de mémoire il était le petit ami de ma tante à l’époque, mais je n’en ai jamais vraiment entendu plus que cela. Puis sans vraiment réfléchir, je me mets à parler de souvenirs que je partage avec elle et avec sa mère. Cela me serre un peu le cœur, mais au fond cela me fait plaisir aussi. Je n’ai toujours eu que des souvenirs merveilleux avec Elora et Sophia, que des souvenirs qui me mette le sourire aux lèvres. Je ris légèrement à mon tour en entendant ma cousine laissait échapper un rire. « Je t’emmènerais au refuge ou je suis bénévole à l’occasion, ils sauvent souvent des bébés koalas et ils les soignent avant de les relâcher en liberté. » Il est vrai que le koala est une bête attachante, quelque chose de véritable mignon et j’ai eu la chance de plusieurs pouvoirs en nourrir au biberon. « Tu étais petite quand les choses ont commencé à devenir compliqué, tu sais… Je n’ai pas tant de souvenirs que ca non plus. » Je pose doucement ma main sur la sienne. Je n’aime pas voir Elora triste, je n’aime pas non plus savoir que je n’ai pas été là pour elle alors qu’elle en avait besoin. « Ouais, je comprends, ca n’a vraiment pas dû être facile… J’aurais aimé être là pour toi tu sais. » Et je suis sincère, j’aurais aimé pouvoir l’aider à faire son deuil, j’aurais aimé moi-même pouvoir dire au revoir à ma tante. Je laisse échapper un léger soupir et me passe la main sur le visage. Elora s’installe au fond du canapé, et me tourne un peu pour me mettre plus face à elle. « Non, non je ne savais rien du tout. Tu sais avec ma mère c’est… Très compliqué. Enfin, tu connais un peu le personnage, mais je n’ai plus de contact avec elle. J’ai coupé les ponts avec elle quand j’ai fini par comprendre qu’elle ne changerait jamais et qu’à part me dire que je lui ai pourri la vie elle ne me dirait jamais rien. » Cela n’a pas été facile, mais au final j’ai pris la décision qu’il y avait à prendre. « Je reçois une, peut être deux lettres par an pour me rappeler qu’elle existe et me demander du fric, mais c’est tout, tu sais. » Aujourd’hui, cela ne me fait plus vraiment rien de penser à elle, je n’éprouve même plus de la peine à ne pas lui répondre, et puis elle n’a jamais rien fait pour moi. J’écoute Elora me dire que Briana avait débarquer aux obsèques de sa sœur et avait fait une scène et je pousse un soupir. « Ca ne m’étonne même pas… Je suis désolée qu’elle ait fait ca. Tu sais… Un conseil, reste loin d’elle. Elle ne t’apportera jamais rien de bon et elle détruira même le peu que tu as construit si elle peut le faire. » Avec moi, elle n’a jamais réussi, malgré qu’elle ai essayé. « Je me demande encore vraiment comment elle a pu devenir comme ca alors qu’elle a grandi avec une femme aussi formidable que notre grand-mère. »

@Elora Dawson

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Je ne sais pas réellement ce que je vais pouvoir partager avec Matthias. Dans le fond, on se connaît à peine. Nous faisons parti de la même famille, c’est quelque chose que l’on ne pourra pas renier, c’est certain, mais je crois que le lien s’arrête là également. Certes, nous partageons quelques souvenirs d’enfance, mais on ne peut pas non plus dire que nous avons été élever ensemble et qu’il m’a manqué pendant des années. Loin de là. Pourtant, c’est moi qui suis venu frapper chez lui, parce que je savais que je n’allais pas pouvoir dormir avec juste cette brève apparition qu’il venait de faire dans ma vie. Je me demandais de comprendre ce retour. Je ne sais pas si on pourra réellement renouer. Il est bien plus âgé que moi. Il est probablement à un autre tournant dans sa vie. Peut-être qu’il va devenir père et qu’il tente de se rassurer sur le prochain rôle de sa vie. Je n’en sais rien… Je me pose bien trop de questions et c’est bien pour cela que je suis là dans l’appartement de Matthias à une heure aussi tardive, installer sur son canapé. Je lui parle brièvement de mes colocataires, mais la conversation se dirige très rapidement vers maman. Mon cousin évoque des souvenirs en compagnie de maman, une époque révolue et surtout quelque chose qui remonte d’avant la rencontre avec Asher. Avant que ce dernier ne prenne le dessus sur nos vies. Le prénom de mon ex beau-père m’échappe en même temps qu’un énorme frisson. Je déteste repenser à cette personne. Pourtant, Matthias relève le prénom et semble soudainement étonné. « Le copain de maman… » dis-je doucement tout en baissant mon regard sur mes chaussures. Je ne devrais pas parler de ça et pourtant, c’est tout simplement plus fort que moi. Je ne parle jamais de lui. Parfois avec Thomas et encore… C’est véritablement rare. Je ne veux plus jamais évoquer ce sombre personnage. Pourtant, j’estime que Matthias à le droit de savoir pourquoi on a, en quelques sortes, couper les ponts avec lui. Je ne veux pas qu’il pense que tout était de sa faute de loin de là. « Je sais pas si tu connais toute l’histoire, je me doute que non, et je ne connais pas ce genre de détails non plus, mais tu sais… Asher… Il a pourri nos vies… Il voulait avoir le contrôle sur tout et… Je suppose que pour lui, tu n’étais pas le bienvenu dans notre quotidien. » Je soupire un peu et je me sens mal. « Il… Il a fini par devenir violent. » Et comme pour souligner mes propos, je soulève quelque peu mon tee-shirt pour laisser apparaître un bout de la cicatrice qui court dans mon dos. « Enfin, rien n’était tout rose… »

Heureusement, Matthias change très rapidement le cours de la conversation et évoque mon amour pour les koalas, ce qui me rend un peu le sourire. Il a vraiment une bonne mémoire pour se souvenir de ce genre de choses et cela me fait sourire. Encore plus lorsqu’il me fait la proposition de voir de vrai koala de près dans un refuge. « Oh, j’aimerai trop ! » De toute manière, je suis vraiment une enfant dès que l’on me parle de ces animaux, je craque à chaque fois. C’est une parenthèse dans notre conversation sur nos histoires de famille. Je finis par évoquer l’apparition de sa mère aux obsèques de la mienne. Je ne me souviens pas de tout. Cette journée est un véritable brouillard pour moi. J’étais complètement ailleurs, je me laissais guider par Thomas, il avait été mon pilier comme jamais ce jour-là. « Je me souviens pas de tout, mais elle est venue. Elle faisait que pleurer limite en hurlant, elle voulait me prendre dans ses bras comme si elle en avait un jour eu quelque chose à faire de moi. » Je hausse un peu les épaules. Elle avait fait la drama queen, mais cela n’avait pas pris avec personne. Et bien entendu, Matthias ne serait jamais tombé dans le panneau non plus. Je vois à quel point, il déteste sa mère et dans le fond cela me serre le cœur. Il faut croire que notre famille est réellement tout ce qu’il y a de plus bancal. Le jeune homme évoque notre grand-mère et je soupire à nouveau. « Je l’ai jamais connu. » En effet, elle décéder dans l’année de ma naissance et aujourd’hui je sais que l’on vivait encore à New-York lorsqu’elle était partie même si maman ne m’en avait jamais réellement parlé. Et d’ailleurs, je pense au secret de ma mère et relève la tête vers Matthias. « Tu sais qui est mon père ? » Je me doute qu’il soit au courant de tout cela. Au fond de moi, j’espère vraiment qu’il ne sait pas, la trahison serait encore plus grande sinon. Alors, j’attends sa réponse fébrilement.       

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Je n’ai jamais eu le souvenir de Sophia avec quelqu’un. D’aussi loin que mes souvenirs remontent, Sophia avait été célibataire, ou tout du moins, elle n’avait jamais présenté qui que ce soit à ma grand-mère. À vrai dire, je ne me suis jamais non plus posé la question plus que cela parce que j’étais jeune mais aussi parce qu’à l’époque Sophia avait l’air heureuse comme cela. Elle avait l’air heureuse de sa situation, heureuse d’avoir sa fille même si il n’y avait pas d’homme pour l’aider à s’en occuper. Cependant, le prénom que prononce ma cousine me semble familier, il évoque quelques vagues souvenirs d’un homme un peu froid, mais surtout que j’ai du seulement croise une ou deux fois. Je ne me rappel jamais avoir compris qu’il était le petit de ma tante à l’époque, mais pourtant, c’est le cas. Je remarque le regard triste d’Elora lorsqu’elle évoque cet homme, un regard triste mais également laissant paraître de la colère. Je fronce les sourcils et l’écoute me parler de ce que cet homme leur a fait subir à elle et à Sophia. Lorsqu’on entend ce genre d’histoire on se dit toujours que ca n’arrive que chez les autres, mais pourtant ce n’est pas le cas. Ma tante avait été battue par son copain et ce n’est que des années plus tard que je l’apprends… Ca me glace le sang de savoir que des hommes puissent faire ca à des femmes et encore plus à des gosses. A l’époque Elora devait avoir tout juste entre huit et dix ans et de savoir que quelqu’un ai pu lui faire du mal me rend dingue. Je regarde la cicatrice que ma cousine me montre sur son dos et sans vraiment réfléchir, je viens l’effleurer du bout des doigts. « Je… » Tu quoi Matthias ? Rien du tout à vrai dire. Je suis tellement sous le choc que je n’arrive pas à trouver les mots. Je suis en colère que quelqu’un ai pu leur faire cela, que je n’ai jamais su avant aujourd’hui, mais au fond cela m’éclair sur certaines choses. Je comprends pourquoi Sophia s’est éloignée, je comprends pourquoi elle a cessé de me voir petit à petit, pourquoi elle a arrêté de m’écrire. Je prends la main d’Elora dans la mienne. « Je savais pas tout ca… Je suis tellement désolé que vous ayez du vivre ca. C’est… Un connard… » Je sers un peu les dents. « Si j’avais su j’aurais pas laissé faire, tu sais… Ca je peux te le promettre. » Jamais je ne laisserais quelqu’un faire du mal à Elora. Je sais que nous ne sommes peut-être pas proches, mais nous sommes une famille et Elora est la seule qui compte vraiment qu’il me reste. « Dis moi juste que ce salaud a fini en prison et qu’il ne risque pas de te retrouver. » Parce que je sais très bien que les mecs qui font ce genre de choses finissent toujours par sortir de prison et jamais je ne le laisserais s’approcher d’Elora à nouveau. « Désolé, je suis peut-être pas le mieux placer pour jouer au protecteur après tout... » Je lui adresse un léger sourire.

Nous discutons encore un peu de Sophia, mais j’ai décidé de changer de sujet, de lancer quelque chose d’un peu plus joyeux et je ne peux m’empêcher de me mettre à parler de la passion d’Elora pour les koalas. Mais il faut bien avouer que les gens qui ne trouvent pas les koalas mignons sont très rares, qui peut résister à des bouilles si cute ? Je ris légèrement en entendant son enthousiasme lorsque je lui propose de l’emmener au refuge en voir des vrais un jour. Je vois que sa passion pour ces peluches n’a pas changé et pendant quelques secondes, j’ai presque l’impression qu’elle à nouveau dix ans devant moi. « Promis on s’organisera ca. En plus en ce moment on a pleins de bébés, avec tous les incendies qui se passent… C’est vraiment triste, mais on essaye d’en sauver un maximum. »

J’écoute alors la blonde me parler de ma mère et je pousse un soupire. Ma mère a toujours été comme cela, à gâcher la vie des gens, à faire des histoires et au final il est bien mieux de l’avoir loin. « Ouais, elle est un cauchemar cette femme crois moi. Si jamais un jour elle te contacte dis le moi d’accord ? Parce qu’elle peut se montrer très persistante et chiante. » Mais au fond, j’espère vraiment qu’elle n’ira jamais embêter Elora, elle a bien assez donné et elle n’a vraiment pas besoin qu’en plus de cela ma mère vienne lui pourrir un peu plus la vie. Je mentionne ensuite rapidement notre grand-mère, une femme aussi formidable que Sophia et je ne peux m’empêcher de sourire un peu en penser à elle. « Oui, elle est morte quand j’avais 8 ans. En fait, je sais pas vraiment si tu sais, mais c’est elle qui s’est occupé de moi quand je suis né et jusqu’à ce qu’elle meurt. C’était une femme… Formidable, aussi génial que ta mère. » Je lui adresse un nouveau sourire et me laisse un peu retomber contre le dossier du canapé. Cela me fait vraiment plaisir de passer un peu de temps avec Elora dans le fond, même si nous avons beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Je fronce à nouveau les sourcils lorsqu’elle mentionne son père. « Non, je crois que personne n’a jamais su à part ta mère. Du plus loin que je me souviens Sophia est juste revenu avec toi des Etats Unis, mais j’ai jamais entendu parler de ton père. » Je me redresse un peu. « Pourquoi ? Tu le connais toi ? » Je ne connais pas vraiment l’histoire, je ne sais même pas si ma grand-mère ou ma mère savaient qui est le père d’Elora.

@Elora Dawson

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Je ne sais pas vraiment pourquoi j’évoque Asher dans la conversation. Pourtant, cela me semble logique... Maman a arrêté de voir Matthias régulièrement parce que cela ne plaisait pas à Asher. Il n’aimait rien ni personne de toute manière. Il m’a toujours détesté même s’il a joué au beau-père parfait durant les deux premières années. Je n’étais qu’une enfant, je le voyais comme mon père et j’aurais tout fait pour lui faire plaisir. Jusqu’au jour où il a levé la main sur maman sous mes yeux. Ce fut la descente aux enfers après cela. Doucement, mais sûrement… Seul Thomas et Ida venaient me sortir de ce cauchemar assez régulièrement. Aujourd’hui, je suis plus grande et je sais que Thomas a tout fait pour que maman quitte Asher, mais elle ne voulait pas… Elle était amoureuse ma mère. Elle pensait qu’il finirait par se calmer. Elle croyait aux moments de répits, quand il jouait l’amoureux transi et que tout était parfait pendant quelques jours. Jusqu’au jour où il m’a poussé dans les escaliers. Ce fut le coup de trop. Aujourd’hui encore, je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé pendant que j’étais à l’hôpital, mais lorsque je suis sorti Asher n’était plus dans le paysage et on a déménagé pour vivre juste toutes les deux. J’essaye d’expliquer tout cela à Matthias et lui montre la cicatrice qui court dans mon dos comme la preuve ultime que tout ce que je raconte est vraie. Je vois sa main approcher et panique immédiatement. Sans réfléchir, j’attrape son poignet alors que ses doigts effleurent ma peau. Je lui tords dans le sens inverse et serre fort. « Et j’ai appris à me défendre depuis ! » Une autre manière de lui dire de ne pas me toucher. Pas là. Et bien entendu, Matthias se confond en excuses. Il m’assure que s’il avait été là, il aurait tout fait pour qu’Asher ne s’en prenne jamais à nous. Discours bateau que j’ai bien trop entendu. Clairement ce qu’il ne faut pas me dire. Un rire sarcastique s’échappe d’entre mes lèvres alors que je lève les yeux au ciel. « Tu aurais fait exactement comme les autres à prétendre que tu ne voyais pas ce qu’il se passait chez nous, à donner des leçons à maman sans jamais trop te mouiller parce qu’Asher t’aurait menacé où je ne sais quoi. » Je ne suis pas tendre, mais c’est une partie de ma vie que je n’oublierai jamais et j’en veux aux amis de maman de ne pas avoir fait plus. Sauf à Thomas… Il aurait tout fait pour nous et j’avais vu maman être méchante avec lui quand il essayait juste de nous protéger, il avait été un père pour moi et aujourd’hui encore. « Cette cicatrice, je l’ai parce qu’il m’a poussé dans les escaliers tout ça parce qu’à dix-sept ans, j’avais décidé de lui tenir tête. » Je soupire longuement. « Et non, il n’est pas en prison. À ma sortie de l’hôpital, il avait juste disparu en nous laissant des dettes à foison. Je ne l’ai jamais revu et c’est très bien comme ça. » Fin de l’histoire et fin de la discussion sur ce sujet. Je n’aurais jamais dû évoquer Asher.

Heureusement, on change rapidement de conversation. On évoque brièvement ma passion pour les koalas et déjà Matthias fait la promesse que l’on se reverra. Je ne sais pas si je suis aussi persuadé que lui, mais ne souhaitant pas passer pour une méchante sans cœur, je me contente de hocher la tête. J’évoque la présence de sa mère à l’enterrement de la mienne et les propos de mon cousin me confirment que je ne souhaite jamais connaître cette femme. « Je pense qu’elle en a clairement rien à faire de moi, je suis une bâtarde et elle sait que j’ai pas un rond. » C’est elle qui m’a gracieusement donné ce surnom, le jour où je perdais ma mère pour toujours. Je me souviens de Thomas et Isaac qui m’ont retenu pour m’empêcher de lui sauter au visage. J’aurais pu attaquer quiconque aurait fait une remarque de travers ce jour-là et bien entendu, il avait fallu que cela tombe sur elle.

Voyant que Matthias semble très famille en dépit des histoires avec sa mère, je finis par l’interroger sur mon paternel. Il hausse les épaules et semble sincère lorsqu’il me dit ne rien connaître à son sujet. Je m’en doutais dans le fond. Maman n’a jamais parlé de cette histoire à qui que ce soit. « Elle avait laissé une lettre pour moi à son notaire. » Je soupire et me tords les doigts. « Mon père est un homme d’affaire américain, il… Il avait déjà une femme et des enfants… » J’ai encore du mal à croire que maman a été la maîtresse d’un tel homme. « Ils vivent ici, les enfants… Disons que ça, c’est pas trop bien passé. Mais… Je n’ai encore jamais rencontré mon père, visiblement ce n’est pas un homme bien… » Je soupire une nouvelle fois. « De toute façon, ça ne pouvait pas être une bonne histoire. Je crois qu’on connaît pas ça dans la famille. » Je finis par relever les yeux vers Matthias qui est bien silencieux depuis quelques minutes. « Et toi ? Tu es marié ? »       

the future belongs to us

elora & matthias

Des fois la vie n’est pas tendre, elle nous lance des obstacles que l’on croit impossible à surmonter, et pourtant aujourd’hui Elora et moi sommes encore là. De l’écouter me parler du petit ami de sa mère, de ce qu’il leur a fait subir me fait mal au cœur. Je sais que l’on ne peut revenir en arrière, que ce qui est fait est fait, mais j’aimerais simplement pour pouvoir les aider à se sortir de ca. Malheureusement les histoires de femmes battues qui aimait leurs hommes et qui n’arrivait pas à prendre la fuite sont loin d’être rare et ce genre d’histoires me font toujours froid dans le dos. Comment peut-on en arriver à faire du mal aux gens que l’on aime ? Comment l’amour peut-il se transformer en violence ? Cela reste un mystère pour moi. Je grimace légèrement en voyant la cicatrice que porte ma cousine et alors que je l’effleure à peine, elle prend mon bras et commence à le tordre. Je comprends sa réaction, je comprends qu’elle n’est peut-être pas envie que je la touche alors je la laisse faire et je ne bouge pas. Lorsqu’elle me relâche, je lui adresse un léger sourire avant de prendre la parole. « Je ne te ferais jamais de mal tu sais. » Je me masse rapidement un peu la main. « Surement des paroles en l’air pour toi tu me diras… » Je suppose que ce n’est pas la première fois qu’elle a entendu ses paroles, qui ont du surement être bien fausse des fois. « Non, je n’aurais pas laissé faire, ca tu peux en être sûr. Mais toute façon maintenant, je ne peux plus y faire grand-chose. » Je n’en veux pas à Elora de ne pas me croire, ou d’avoir ce ton froid avec moi. Après tout, elle ne me connaît pas alors elle a le droit de croire ce qu’elle veut, mais moi je sais que je n’aurais pas laissé faire, même si ce connard m’avait menacé. J’ai beau avec une mère atroce pour qui je ne ferais pas grand-chose, Sophia a toujours été différente. Le fait d’apprendre qu’il n’est pas en prison et qu’il pourrait donc revenir n’importe quand me fait froid dans le dos, pas pour moi mais pour Elora. Hors de question que je laisse quelque chose lui arrivait. « J’espère vraiment que ca sera jamais le cas, mais… Si un jour il revient, je veux surtout pas que tu hésites à m’appeler d’accord ? Je sais que tu dois sûrement pas me faire confiance, mais je suis là pour toi à présent, et je te laisserais pas tomber. » Ca elle peut en être sûr. Même si elle ne souhaite pas que l’on se revoie souvent ou quoi, je serais toujours là quoi qu’elle ai besoin.

Le sujet devient un peu plus léger quelque temps, alors qu’elle me parle de sa passion toujours bien présente pour les koalas. Cela me fait sourire de la voir avec les yeux brillants alors qu’elle parle de ses animaux qui ressemble fortement à de grosses peluches. Pendant quelques secondes, j’ai l’impression d’avoir ma cousine de huit ans à nouveau devant moi. Puis nous parlons de la famille et forcément donc de ma mère. « Ouais, mais je peux t’assurer que c’est bien mieux comme ca. Crois moi, tu veux la veux pas dans ta vie. A part réclamer du fric, elle ne sert à rien. » Je gagne plutôt bien ma vie, je ne manque de rien et j’ai un peu de notoriété dans le monde de cinéma, tout juste assez pour avoir le droit à quelques lettres de ma mère pour me demander de l’argent. Elle a même une fois essayer de donner une interview en parlant de moi, d’à quel point elle est fier de ce que je suis devenu, mais j’ai réussi à faire annuler la chose. Heureusement.

Puis Elora me parle alors de son père dont j’ignore complètement l’identité. Si je n’ai jamais vraiment connu Sophia avec des hommes, je suis encore moins au courant de l’histoire avec l’homme qui avait permis de donner naissance à Elora. Je l’écoute alors me parler de cet homme d’affaire américain, du fait qu’il a déjà une famille et que sa rencontre avec eux ne c’est pas vraiment bien passé. « Ouais, il faut croire… Je suis désolé que ca se passe mal avec ta famille. Je t’assure que je ne savais rien de toute ca. » Ma mère savait sûrement, mais j’ai pris soin de ne jamais lui demander trop de choses. La blondinette me demande alors des informations sur moi et je passe ma main à l’arrière de ma nuque. « Je l’étais. » Je n’ai jamais trop parler de mon divorce, ni même de mon mariage d’ailleurs, mais en parler à Elora bizarrement plus facile. « Après mes études on m’a proposé des projets pour des films aux Etats Unis, je suis partie vivre là-bas pendant cinq ans. J’ai rencontré Julia quasiment tout de suite. » Cela me fait bizarre de parler d’elle, de notre histoire, de notre mariage. « On s’est marié en 2013, mais avec mon boulot, le sien et tout un tas de trucs… Ca n’a pas marché. » Je hausse les épaules et prends une gorgée de mon verre d’eau. « On aurait dû devenir parents en 2016, ca a été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase je crois et du coup on a divorcé et je suis rentré en Australie. » Je me surprends moi-même à parler de la fausse-couche que Julia avait faite quelque temps avant notre divorce. À part Cora personne n’a jamais sur, je n’ai jamais eu le courage d’en parler parce que cela m’a fait beaucoup de mal. Je ne m’étais jamais vraiment imaginé devenir papa, je ne pense même pas faire un bon père un jour, mais quand j’avais appris sa grossesse, j’en avais été ravi. Alors quand elle avait perdu le bébé, cela avait été très dur. « Depuis je n’ai jamais vraiment eu personne. »

@Elora Dawson