You're not alone ft @Marley Lynch

That you are not alone ; I am here with you ; though you're far away ; I am here to stay ∆ Michael Jackson, You are not alone

Marley avait beau être rapide, Mabel eut quand le temps de voir sa moue inquiète. Effectivement, elle aurait un jour les questions de Rosalie sur son père - et elle aurait certainement à y répondre seule. Enfin, ce n'était certainement pas la maquilleuse qui allait l'aider à ce sujet, pas alors qu'elles étaient déjà à peine amies.

« Parle pas de malheur... L'idée la faire rentrer au jardin d'enfants c'est déjà compliqué, alors la voir en ado... »

Pourtant, Mabel avait hâte de voir sa fille grandir. Elle n'était pas des plus à l'aise avec les bébés, jamais bien sûre de les comprendre et de répondre à leurs besoins de façon satisfaisante. Un adolescent, à l'inverse, savait dire ce qu'il voulait et pourquoi, voire même aller le faire lui-même. Mais voir le temps passer et le mesurer en regardant Rosalie était totalement différent et la faisait se sentir très ambivalente.

Et puis, la garder petite lui permettait de garder encore plein de sujets pour elle, sans avoir à les aborder avec Rosie. Comme ce père absent qui reviendrait sans doute quand tout serait plus facile. Et contrairement à Marley, Mabel n'était pas persuadée que Rosie ne se laisserait pas embobiner. Sans doute parce qu'elle-même, à trente ans passés, attendait toujours que ses parents la reconnaissent à sa juste valeur. Et pourtant, les rares fois où ils se voyaient, ils ne faisaient que critiquer l'éducation qu'elle donnait à sa fille, et l'environnement dans lequel elle la faisait grandir.

« Je ne pense pas que mon métier sera un problème dans l'école où elle ira » se contenta-t-elle de dire, balayant rapidement le problème. « Je viens de ce milieu, je sais où la mettre pour que mon métier ne fasse pas d'elle la gamine étrange de l'école. »

Avec des parents travaillant dans le cinéma, Mabel avait déjà grandi avec le regard des autres sur elle, à la fois envieux et déjà critique. Mais avoir de l'argent et de l'influence impliquait aussi d'avoir les moyens de pouvoir protéger ses enfants de tout ça - et elle y mettait certainement plus d'entrain que ses parents lorsqu'elle avait l'âge de Rosalie.

« Tout le monde sait que tu me tortures, Marley. Nos engueulades font partie de notre légende. »

La diversion de la maquilleuse était pourtant bienvenue. Elle permit à Mabel de se recentrer sur son rôle, d'effacer sa moue triste et de redevenir la fille un peu hautaine que rien n'atteignait. Elle avait appris enfant à tenir son image, autant le mettre en pratique même en dehors des moments de tournage.

You're not alone.

    @Mabel Griffiths    ft. Marley Lynch

Les tentatives pour rassurer Mabel semblaient toutes avoir échoué. La mine de la mannequin n'avait de cesse se contracter, ses yeux partaient parfois dans le vague, son front se fronçait sous le poids des réflexions, sous le poids des inquiétudes qui prenaient possession de son être. Marley était sincèrement désolée pour la jeune femme. Elle aurait voulu l'aider davantage, lui redonner le sourire mais force était de constater qu'elle n'en était pas capable. Lorsque l'on parlait d'enfant, d'éducation, de parentalité, la métisse était très mal placée pour intervenir, donner son avis, des conseils. Elle n'avait pas eu une éducation et une enfance parfaites, il était donc difficile de se baser là-dessus pour pouvoir orienter l'actrice. De son côté, la brune n'était même pas certaine de vouloir des enfants. Elle en avait eu envie le soir du nouvel an, mais simplement parce que Jackson avait laissé entendre qu'elle pourrait être la mère de ses enfants et par conséquent il y avait de l'espoir pour leur relation. Elle en avait eu envie lorsqu'elle avait appris que Louisa était enceinte de l'agent, mais simplement par pure jalousie. L'égoïsme avait pris le dessus. Savoir qu'une autre femme qu'elle portait la vie donnée par Jackson la rendait malade. Pourtant si elle se posait un peu et qu'elle se mettait à réfléchir à son avenir, elle ne se voyait que trop rarement entourée d'enfants. Elle n'était pas certaine de réellement en vouloir, alors donner des conseils d'éducation serait très mal venu de sa part.

Elle écouta attentivement Mabel et leva les yeux au ciel devant sa propre stupidité. Evidemment que Rosie irait dans une très bonne école où se mêleraient les enfants de célébrités, d'hommes politiques ou de femmes influentes. Elle se demandait comment elle avait fait pour ne pas y penser toute seule. Sans doute était-ce parce que cette réalité était bien trop éloignée de la sienne, dans tous les cas Marley offrit un petit sourire à Mabel. C'était déjà une bonne chose, savoir que Rosie ne serait pas le centre de l'attention et la bête de foire était plus que positif. Pour ce qui était des questions qu'elle risquait de poser sur son père, Marley ne savait pas quoi dire et sans doute qu'il n'y avait aucune bonne réponse puisque l'actrice ne revint pas sur le sujet. Le mieux à faire – et la seule chose à faire – était d'attendre que la situation se présente. La maquilleuse ne doutait pas que Mabel saurait parfaitement gérer la crise. Elle avait foi en ses capacités et savait au fond d'elle qu'elle était une bonne mère.

Trouvant que la situation était bien trop tendue alors que Mabel allait bientôt devoir se rendre sur le plateau de tournage, Lynch tenta une petite pirouette afin de dédramatiser la situation. Cela eut l'effet escompté puisque la blonde lui répondit :  « Tout le monde sait que tu me tortures, Marley. Nos engueulades font partie de notre légende. » Prise au dépourvu, la métisse explosa de rire tout en regardant Mabel afficher à nouveau son masque de femme que rien ne peut atteindre. La brune pouffa en répétant : « Notre légende... » Et quelle légende ! Elle repassa un petit coup de poudre sur le visage de l'actrice afin de s'assurer que sa peau ne brille pas à l'écran et à cet instant la porte s'ouvrit : « Prête ? » questionna le régisseur. Marley se décala pour laisser entendre que son travail était enfin terminé. Lorsque Mabel se leva elle ne put s'empêcher de lui dire : « J'sais que c'est bizarre parce qu'on n'a pas été habituée à ça mais... Si t'as besoin de parler, ou de vider ton sac, je suis là. ». La proposition aurait pu paraître totalement absurde quelques années plus tôt, mais depuis quelques semaines, Marley se sentait bien plus proche de Mabel qu'elle ne l'avait jamais été. Elle espérait que la blonde savait qu'elle pourrait lui faire confiance.

Une fois l'actrice ayant quitté la loge, Lynch se mit à ranger ses affaires. Elle trouva un morceau de papier, y griffonna son numéro de téléphone ainsi qu'un : « N'hésite pas. » et laissa la feuille sur un coin de table. Mabel en ferait ce qu'elle voudrait, elle le garderait ou le jetterait, Marley ne s'en formaliserait pas, mais au moins elle s'assurait de faire comprendre à la jeune Griffiths qu'elle n'était pas seule.

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