Ils n’en voyaient pas le bout et Diego ne se rappelait pas avoir entendu le temps imparti pour réussir l’exercice. Avaient-ils un temps défini avant que les secours n’arrivent ? Devaient-ils absolument s’en sortir seuls et dans ce cas pouvaient-ils potentiellement passer la nuit ici? Les doutes étaient en train de le gagner et s’il avait été avec quelqu’un d’autre que sa mère, il aurait probablement perdu tout contrôle. « Tu penses bien que s'ils nous avaient dit la vérité, aucun d'entre nous n'aurait été assez fou pour tenter l'expérience. ». Il avait haussé les sourcils, Maritza avait plus que raison. « Je me demande si t’étais pas de mèche avec eux parce que tu nous as aussi vendu du rêve pour qu’on vienne là… Je sens que ça va pas plaire à Sara… » Il ne l’accusait de rien, ses tentatives d’humour tombaient tout simplement à plat, tout comme sa motivation. Et si le début de l’aventure ressemblait à ça, il ne pensait pas que la suite s’améliorerait et l’idée d’avoir pensé qu’un atelier avec sa soeur les raprocherait lui semblait maintenant bien idiote. Mais Diego n’avait pas eu le temps de s’attarder sur le sujet, il avait dû traverser un chemin qui les avait laissés décoiffés et bourrés d’égratignures. Le mexicain s’était alors questionné sur la complexité de la mission, il était sûr qu’ils ne s’y prenaient pas correctement alors il avait regardé la boussole. « On devrait peut-être... » Sa mère qui tentait de l’aider s’était arrêtée net en entendant le bruit qui venait des buissons. Très vite, un oiseau les avait surpris et si Diego aurait pu reprendre le cours de la mission, c’était sans compter sur l’acharnement de l’animal. « Fais quelque chose ! » Visiblement, l’oiseau avait besoin de paille pour son nid et les cheveux de Maritza étaeint le plan idéal.  « Il en a après les morceaux de foin ou je ne sais quoi que tu as dans les cheveux. » Il se retenait de rire, essayant d’enlever les morceaux de végétation que sa mère avait récupéré en traversant le chemin sinueux juste avant.  « Vite, il faut qu'on parte avant que sa famille ne vienne se venger » Oui, les oiseaux étaient réputés pour être un animal dangereux. Il avait roulé les yeux mais l’anecdote avait eu le mérite de lui faire retrouver le sourire. « Non mais on est où là ? Dans Food Games ? » Dans quoi? « Le film-là... Bon tu m'as comprise. » « Aaah… Hunger Games. » Elle le décevait quelque peu après avoir évoqué fortnite quelques jours auparavant. « Je crois qu'il faut suivre la mousse pour pouvoir progresser. » Il lui avait lancé un regard admiratif avant de la suivre, persuadé que sa mère avait repris le contrôle de la situation… jusqu’à ce qu’ils n’arrivent dans un cul de sac. « Tant pis. Je bouge plus. Y en a bien un qui va venir nous chercher. » Diego s’était accroupi pour parler à sa mère, comme si elle était devenu l’enfant. « Mais non, ça va aller, on va s’en sortir ! » Il n’y croyait pas une seconde mais il ne pouvait pas la laisser là à la portée des oiseaux sauvages. Diego avait commencé un tour d’horizon, l’idée de la mousse était bonne, mais s’ils trouvaient le Nord grâce à cette technique, ils ne devaient pas oublier que le cap était le Nord-Est. Il avait proposé sa main à sa mère pour l’aider à se relever et celle-ci avait accepté avec bien peu d’entrain. S’ils se trompaient encore, il le savait, il serait difficile de la convaincre. Alors il avait mis toutes les chances de son côté, carte, boussole, mousse, rivière… « On a quand même avancé depuis tout ce temps, on est là ! » Il avait montré un point sur la carte et, contre toute attente, avaient fait les trois quarts du chemin. Un bon début. « Allez, c’est par là, regarde… » avait-il dit en désignant le chemin qu’indiquaient tous ses outils.

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Ils avaient du s’engager dans l’aventure sans réellement s’attarder sur les clauses, se lancer là-dedans sans lire les petites lignes. Pourtant, ils n’étaient ni pressés ni réellement enthousiasmés, voulant simplement faire plaisir à leur mère, et ils auraient peut-être trouvé comment éviter cela s’ils avaient lu correctement le descriptif du stage mais c’était trop tard. Ils étaient tous impliqués dans un stage de survie qui n’avait rien d’un jeu, les organisateurs s’étant probablement donné comme mission de réduire un peu la population de Brisbane tant les lieux des missions étaient hostiles et les défis compliqués. « C'est pas de ma faute. De toutes façons elle avait déjà l'intention de venir avec Cesar. » Il lui avait mis une main rassurante sur l’épaule, il ne lui en tenait pas rigueur. Au contraire, il l’avait rassuré et lui avait demandé de le suivre, lui montrant combien ils avaient progressé? « T'es sûr ? Ca me paraît étrange. » Pas vraiment, pour être honnête, mais très vite, le joli chemin emprunté était venu les rassurer tous les deux. « C'est un miracle ! » Il avait grimacé. Il ne croyait plus aux miracles depuis bien longtemps mais la joie de sa mère aussi brève pourrait-elle être suffisait à lui faire oublier la subtile amertume qu’il avait ressentie. Le chemin était effectivement plus beau et rassurant que tout ce qu’ils avaient connu jusqu’alors, ce qui confortait Diego sur le fait qu’ils étaient sur la bonne voie. Après tout, peut-être avait-il eu tort de penser que les organisateurs risqueraient de les envoyer à une mort certaine, cependant, s’ils étaient très mauvais en orientation, ils ne devaient pas être les seuls et tous les environs auraient du être vérifiés… « Avec la chance qu'on a on va choisir celui bourré de serpents et d'araignées » Sa crainte était justifiée, alors c’était maintenant lui qui s’était figé, effrayé par ce qui les attendait s’ils se trompaient à nouveau de chemin. « Allez viens, au point où on en est... On va quand même pas rester planté ici. » Ils étaient un binôme, et la relation de la mère et du fils s’exprimait encore ici, si elle abandonnait il la relevait, s’il doutait elle le portait. Diego l’avait suivie et n’avait pas regretté de l’avoir décidé du chemin à prendre. Le bruit sourd au-dessus de sa tête lui avait fait mettre la main sur son coeur par réflexe, prêt à devoir affronter un puma ou autre animal qui n’avait rien à faire ici, au point où il en était. « Regarde ! » Il avait levé les yeux au ciel et avait soufflé. « Il m’a fait peur…  » Et son regard noir s’était vite transformé en rire lorsqu’il avait réalisé qu’il était en train de faire d’un mignon koala son ennemi. « Tu vois on devrait plus se faire confiance ! »  Ils avaient continué à avancer et Diego se demandait l’heure qu’il était, s’ils avaient encore beaucoup de temps et surtout s’ils étaient bientôt arrivés. « Je commence à avoir faim, c’est pas bon signe. » Le mexicain n’avait aucune heure pour prendre ses repas à cause de son métier et si son ventre criait famine, c’était qu’ils marchaient depuis maintenant très - trop - longtemps. Attrapant un fruit, il avait croqué dedans pour se redonner un peu de courage pour terminer le parcours…

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Le koala l’avait effrayé parce qu’il aurait pu sagir de n’importe quoi et il se méfiait maintenant de tout. « C'est qu'on serait presque des pros de l'orientation ! » Maritza semblait enthousiaste et pour cause, les chemins empruntés étaient les bons et très agréable qui plus est. Si agréable que Diego s’était concentré sur la faim qui était en train de le tirailler. « C'est pas possible ça ! T'es un véritable estomac sur pattes. » Il n’avait pas bronché alors qu’il savait pertinemment que la remarque était infondée, s’il avait faim, c’était parce que l’heure avait tourné depuis le début de l'épreuve d’orientation. Il était parfois trop débordé au travail pour prendre le temps de manger quelque chose et se contentait parfois d’un seul repas par jour. Mais il tairait ce point auprès de sa mère, spécialement un jour comme celui-ci, où elle semblait oublier la noirceur du deuil et s’autoriser de francs éclats de rire. Alors il s’était simplement arrêté pour manger quelques fruits, il avait reconnu des prunes et avait croqué dedans sans réellement se poser plus de questions et il aurait peut-être dû. « Oui à… la prune…! » En l’écoutant parler, il avait eu le réflexe de recracher et avait au même moment évité de justesse la main de sa mère qui était venue flanquer une énorme gifle au fruit et il était ravi de savoir qu’il n’avait jamais eu l’occasion de la voir lever la main sur lui en constatant la force avec laquelle la prune s’était écrasée au sol. A en croire sa réaction, la situation semblait grave. « Bois ! Dépêche-toi ! » Il avait attrapé la gourde, tentant de minimiser les râles de douleur qui sortait de sa gorge et avait bu le plus possible avant de reprendre sa respiration. Il avait suivi sa mère jusqu’à une pierre et, heureusement, sentait que l’hydratation avait déjà eu un effet positif sur son sentiment d’étouffement. « Respire profondément et calmement... » Diego avait hoché la tête frénétiquement indiquant qu’il suivait ses conseils à la lettre, le rôle d’une mère restait toujours aussi important peu importe l’âge de ses progénitures. « On s'en sort bien sur ce coup-là. » Et Maritza avait continué en l’inspectant comme lui le ferait avec certains de ses patients et il avait ri.  « Tu veux me tuer ou quoi ?! » Son visage s’était avancé pour témoigner de son étonnement. « Bah la seule personne que j’ai essayé de tuer c’est moi là… »  avait-il répondu, ses mains venant agripper sa gorge que l’eau avait apaisé au point qu’il se sente hors de danger. « Comment ça se fait que je l’apprenne qu’aujourd’hui ? Pile le jour où ma vie peut être mise en jeu ? » Il exagérait, comme toujours, et il n’aurait probablement eu aucun autre symptôme que cette gorge qui lui grattait atrocement mais il devait l’admettre, c’était le comble pour un médecin de ne pas connaître ses propres allergies. Après quelques minutes à reprendre ses esprits sur son rocher, Diego avait pu reprendre la route et n’avait plus réellement pensé à son estomac qui criait famine. Il n’oserait plus rien manger qui venait de cette jungle. En se relevant cependant, il avait tâté ses poches…

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Il n’était pas difficile d’imaginer que la maman poule qu’était Maritza avait bien du mal à se remettre de l’événement. Diego, lui, réussissait à prendre cela avec énormément de recul puisque le moindre de ses faits et gestes l’avait mis en danger depuis le début de ce stage de survie qui semblait interminable. Il n’en voyait pas la fin et s’il essayait du mieux qu’il pouvait de profiter de l’instant présent avec sa mère, les oiseaux et autres prunes sauvages mettaient à mal sa bonne volonté. « Ne fais pas trop le malin non plus... » Une nouvelle fois, grâce à un peu d’humour, Diego avait réussi à lui redonner le sourire mais malgré tout, un doute ne le quittait plus. Comment avait-il pu en arriver là, à apprendre une allergie au beau milieu d’une forêt ? « Tu as eu une grosse réaction allergique quand tu étais petit. Après ça on n'a plus jamais eu de prunes à la maison... Je suppose qu'on n'a jamais dû dire pourquoi. » Il avait levé le menton pour acquiescer, s’efforçant de ne pas rétorquer que cette information aurait pu lui être utile. « On a même pas signé de décharges ou quoique ce soit, c’est pas très sérieux leur truc… » Il avait pris l’habitude de s’attaquer à l’organisation depuis qu’il avait rencontré la première difficulté du stage et il aurait sûrement été un peu plus clément si celles-ci ne s’étaient pas succédées au point d’atteindre un nombre qu’il ne saurait plus calculer. En y songeant, il avait raison, aucun papier ne mentionnait le danger en cas d’allergies ou de condition physique médiocre et ces gens-là les avaient guidé tête baissée vers le danger sans même les y préparer. Diego avait beau voir la lumière au bout du tunnel, il restait un tantinet furibond et c’est dans cet esprit qu’il avait tâté ses poches après ce moment d’inattention pour réaliser qu’il avait perdu carte et boussole. Pratique en sachant qu’ils réussissaient à se perdre même en possession de ces objets. « Tu plaisantes j'espère ? » Sa grimace était venue lui confirmer qu’il était plus que sérieux. Maritza perdait patience et la voir serrer les poings avait tout de même quelque chose de comique. « Au bout du chemin on va partir à droite, je crois que c'était le chemin qu'il fallait prendre. » Il l’avait suivie, évitant de trop se faire remarquer après les avoir mis dans une situation encore plus compliquée qu’elle ne l’était. Maritza pouvait s’énerver, Diego avait tout de même une circonstance atténuante : il avait failli y rester. Le mexicain avait appris à laisser de l’espace à sa mère lorsque celle-ci était trop énervée alors il marchait silencieusement derrière elle… « On doit faire demi-tour... On aurait dû voir un rocher... » Quand elle était venue poser sa tête contre lui, il lui avait caressé les cheveux et hésitait grandement à fondre en larmes mais son shampoing sentait trop bon malgré les broussailles qu’ils avaient traversées pour qu’il n’ose venir gâcher cela. A la place, il l’avait consolé avant de faire le chemin en sens inverse et prendre la direction opposée et de croiser la fameuse pierre. Avec un peu de calme, ils allaient arriver à leurs fins. « Tu sais ce qu’il va se passer si on y arrive vraiment pas ? » avait-il dit alors qu’il tentait de se souvenir des points à repérer qui étaient dessinés sur sa carte.  « Je crois que le prochain point est une grotte… » Et il l’avait désigné de l’index, sautillant comme un enfant enthousiaste.

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