« Maman ? » Des semaines, peut-être même des mois que Carl réclame celle qui l'a mis au monde et sans qui le sien n'a déjà plus le moindre sens. Patsy a disparu subitement tout comme son père et son jeune frère, tous les trois emportés par cette terrible vague de morts-vivants ravageant la ville et ce, sans que Carl ne se rende encore à l'évidence. Ils n'ont pas été infestés par ces choses, non, sa famille l'attend simplement quelque part et le garçon garde l'espoir qu'ils soient en sécurité pour que cette histoire puisse connaitre le dénouement espéré. Ce n'est pourtant pas ce que le temps écoulé tend à prouver, pas alors qu'aucun signe de vie ne se profile à l'horizon et que son errance désespérée consiste aujourd'hui à échapper à ceux cherchant à se nourrir de lui. Carl n'a pas l'endurance pour courir après sa survie, pas plus qu'il n'a l'aplomb pour assurer férocement ses arrières et pourtant, jour après jour les victimes se font nombreuses sans qu'il n'en fasse jamais partie. Lui, le garçon sur lequel personne n'aurait osé miser. Un comble qu'il soit encore de ce monde diraient certains, oui, mais ce n'est pas si compliqué de se faire minuscule quand on a été toute sa vie plus transparent qu'une vitre. Pour une fois, il semblerait que son insignifiance ait été un atout.

Reclus dans un vieux bâtiment abandonné, le garçon fait tout ce qu'il peut pour parvenir à se cacher mais lorsqu'une voix s'élève, celle-ci ne manque pas de le faire sursauter comme trembler. « Montrez vous ! » Carl se raidit, aurait-il manqué de discrétion lors de ses fouilles habituelles ? Cet endroit est la meilleure planque qu'il ait jusqu'ici trouvé mais de toute évidence, elle pourrait ne pas le rester. « J’ai une arme et j’hésiterai pas à m’en servir ! » Ces mots sous forme de menaces ont bien vite raison du grand trouillard qu'il est et déjà, Carl sait qu'il ne pourra pas lutter. Il sort alors de sa cachette, les bras levés pour signifier que lui n'est en revanche pas du tout armé et clame, à son tour : « Non, s'il vous plait ! Ne me tuez pas ! » Ses pas sont fébriles tandis qu'il les aligne vers l'inconnu au couteau pliant, adressant à celui-ci un regard terrifié. Ne sont-ils pas censés se trouver dans le même camp ? À cet instant, Carl n'est à vrai dire plus sûr de rien. « Je suis tout seul, je le jure ! » Et c'est bien tout ce qu'il déplore, vivant particulièrement mal le fait de ne pouvoir compter que sur lui-même pour la première fois de sa vie. Carl n'a pas les épaules pour tenir bien longtemps dans un tel chaos, et ce n'est sans doute pas son interlocuteur qui pensera le contraire. « Enfin je l'étais pas au début mais je- j'ai perdu mes parents et mon frère, et je sais pas du tout où ils peuvent être. » Voilà une éternité qu'il a perdu leur trace et sans doute (très certainement, même) sont-ils morts ou contaminés depuis tout ce temps, quand bien même le garçon ne peut toujours pas l'entendre et encore moins l'imaginer. Après tout, tout le monde sait bien qu'il devrait être le premier à succomber dans cette famille, alors rien de tout cela n’est à ses yeux très logique. Finalement, Carl désigne le coin duquel il est sorti dans l'optique de prouver qu'il n'est aucunement un ennemi. « J'ai caché quelques réserves de nourriture ici, pas grand-chose mais on pourrait partager. » Un « pas grand-chose » se limitant en l'occurrence à quelques boites de conserve, un strict minimum s'avérant presque être un luxe par les temps qui courent. « Mais vous allez baisser votre arme avant, pas vrai ? » il questionne d'une voix inquiète, ses yeux examinant cette lame vers laquelle il n'ose pas davantage s'approcher.

« Je viens pas te voler. » S'il le décidait, Carl sait pertinemment qu'il ne pourrait pas lutter contre ni empêcher le fait que ses réserves lui soient dérobées. Partager est de toute façon le premier réflexe qui l'anime alors si cet inconnu n'a pas mangé depuis longtemps comme il le présume, Carl ne rechignera pas à lui en faire profiter. « Comment t’as réussi à trouver de la nourriture ? » Oh, l'histoire n'est pas glorieuse ou du moins, pas à ses yeux. Il a en réalité manifesté des instincts de survie pour le moins légitimes mais n'aime pas ce que ce chaos a pu faire de lui, comme le montre son prochain soupir. « Ces créatures.. elles ont renversé un camion pas très loin d'ici alors quand elles sont parties, j'en ai profité pour prendre quelques boites avec moi. » Cela fait donc de lui un voleur et Carl déteste par-dessus tout l'idée, alors même que ça n'est pas dans le monde actuel qu'il risquera de tomber pour le moindre délit. Non, le plus gros risque pour lui reste à vrai dire de perdre bêtement la vie car comme ce grand brun le devine, ses moyens de défense ne sont pas nombreux. « T’as pas d’armes ? » Un frisson le parcourt en comprenant qu'il n'a pas intérêt à s'avérer lourdement armé et c'est alors avec une infinie précaution que Carl pointe du doigt un objet, disposé à quelques mètres de là. « Hum, j'ai ça. » Il tremble en le disant alors même que l'objet en question n'est pas une menace – du moins, pas entre ses mains à lui. « C'est un lance-pierre que mon frère m'a donné mais il a pas l'air très solide, et je suis très mauvais pour viser. » Un lance-pierre de pacotille serait déjà plus précis car ce n'est ni plus ni moins qu'un jouet avec lequel Carl ne risque pas de sauver sa peau, en admettant qu'il trouverait de bons projectiles à lancer. « J'ai vu des gens dépouiller d'autres gens plus très vivants mais.. moi j'ai pas pu. » Cette fois, sa voix se teinte d'une tristesse manifeste tandis que son regard se perd un instant autour d'eux. Et s'il n'avait un jour plus le choix ? Et s’il finissait lui aussi par dérober leurs biens à ceux qui n'en auront plus besoin ou du moins, pas dans cette vie-là...

Pas d'arme sur lui donc, ou pas de quoi s'inquiéter en tout cas des intentions qu'il peut avoir à moins que l'inconnu ne le soupçonne encore. « T’es tout seul pour le moment seulement ? Ou tu fais vraiment bande à part ? » Si seulement Carl avait choisi de faire cavalier seul, il vivrait assurément bien mieux toute cette situation. « Non, je.. j'ai plus personne avec moi. » soupire-t-il, pas vraiment certain que pour le moment s'applique vraiment à lui alors que seul, le garçon l'a en réalité presque toujours été. « Pas de conneries, hein ? » Il hoche fébrilement la tête, incapable de formuler le moindre mot mais bel et bien disposé à promettre qu'il ne fera rien d'inconsidéré. Ce n'est pas le moment de tenter quoi que ce soit de stupide et quand bien même Carl voudrait s'y risquer, c'est son manque de courage qui se dresserait bien vite contre lui. « Tu te planques ici ? » Une autre question à laquelle il se doit de répondre par l'affirmative, sans même se laisser intriguer par la curiosité du grand brun à ses côtés. « Depuis quelques semaines déjà, oui. J'ose plus vraiment sortir, le monde dehors me fait peur mais ça peut devenir ton abri aussi si tu veux. » Ce bâtiment est assez grand pour deux, c'est ce que Carl préfère croire pour ne pas devoir lui céder entièrement sa place. « T'es seul toi aussi ? Parce que j'ai vu un type qui te ressemblait l'autre jour, mais il est parti très vite. » Croiser des vivants est devenu si rare que ces visages, Carl n'a aucun mal à les imprimer désormais. Ce n'était pas lui, il en est juste persuadé mais du reste, il ne risque pas de pouvoir dire où cet autre type a pu aller. « J'ai pensé à quitter la ville mais c'est sûrement pas mieux ailleurs, et c'est pas dit non plus qu'on arriverait vivants à la frontière. » Pour aller où, de toute manière ? Il leur faudrait un véhicule et ce, en admettant que les routes soient encore praticables. Quant au silence des prochaines secondes, il laisse finalement place à une question que Carl retient depuis plusieurs minutes déjà. « Est-ce que tu.. l’as déjà utilisé, ton truc ? » Il désigne son arme et se doute déjà de sa réponse, devinant au même instant le sort qui peut l'attendre s'il ne reste pas tranquille.

Il est seul, terriblement seul et le reconnaître de vivre voix ne fait que rappeler à Carl l'absence de ses proches sans lesquels le garçon est pour la première fois de sa jeune vie forcé d'avancer. Ce qu'ont pu devenir sa mère, son père et son petit frère il l'ignore même si au fond de lui, Carl connait peut-être bien la réponse à toutes ces questions hantant aujourd'hui la plupart de ses nuits. « T’as déjà tué un de ces montres ? » Là où Carl parle de créatures, le grand brun préfère l'appellation monstres et celle-ci ne manque pas de le faire douloureusement grimacer. Il ne peut tout simplement pas imaginer les personnes auxquelles il tient figurer dans cette catégorie, c'est au-dessus de ses forces et sans grande surprise, les tuer l'est au moins tout autant. « Je- non, je m'en sentirais pas capable. » souffle-t-il sans fierté, bien conscient qu'il ne tiendra pas beaucoup plus en abordant les choses de cette façon car sa survie, Carl devra tôt ou tard la gagner. Il n'y a pas de secret, la loi du plus fort finira par régner et il va sans dire que du côté des faibles destinés à périr, le garçon se tient pour l’heure en première ligne.

Et son refuge trouvé ici, Carl n'est pas certain non plus de le conserver très longtemps si d'autres individus comme cet homme face à lui viennent à apprendre son existence. Il n'a rien contre y accueillir des solitaires comme lui livrés à eux-mêmes dans le vaste chaos de cette ville mais le contraire serait-il vrai si Carl tentait de trouver sa place quelque part ? Probablement pas, et cette pensée ne lui effleure pas un seul instant l'esprit. « Depuis que t’es seul ? » Oh, il ne tient pas les comptes avec précision mais aurait tendance à répondre beaucoup trop de temps, car c'est tout autant de temps que Carl a passé à se demander pourquoi il avait eu la vie sauve et pourquoi, surtout, l'univers a décidé de lui retirer ses seuls véritables repères dans ce monde. Il n'est rien sans eux si ce n'est encore à peu près vivant, mais sûrement plus pour très longtemps. « Quelques mois, je crois. J'ai perdu la notion du temps, je sais même plus quel jour on est. » Car ils se ressemblent tous à présent, peu importe la saison. Il a l'éternel même endroit sous les yeux, les éternelles mêmes pensées dans la tête et l'éternelle même peur, aussi, que ces créatures finissent par le trouver. « Je veux pas de ton abri. » La réponse le rend silencieux, sans doute un peu déçu aussi que cet homme à peine arrivé n'envisage pas forcément de rester. Sa main tendue, Carl n'a alors plus qu'à la remballer et c'est avec tristesse qu'il hausse les épaules, sans insister.

« Non j’suis pas seul. » Et pour peu, le garçon hésite à s'excuser pour l'éventuel affront qu'il peut lui avoir fait en supposant le contraire. Il n'est pas seul, d'accord, mais c'est tout de même bien l'impression que ça donne quand il se prend à l'observer. « Est-ce que ça veut dire que d'autres personnes vont nous rejoindre ? » questionne-t-il, quelque peu naïf. Carl n'a pas très envie que d'autres individus débarquent en masse car ce serait un coup à attirer l'attention sur ce bâtiment, mais une part de lui regrette aussi d'avoir habituellement si peu de compagnie ici. « Je sais m’en servir. » Doit-il comprendre qu'il ne l'a pas encore fait ? C'est la réponse qui conviendrait le plus à Carl bien sûr, mais il préfère encore ne pas vérifier celle-ci de peur que la réalité lui déplaise. « J'imagine que tu voudrais pas m'apprendre. » Il le soulève sans même y croire puisque jusqu'ici, tout porte à croire que cet homme ne cherche pas à faire équipe. Ce dernier semble juste plus téméraire que Carl ne le sera jamais et peut-être bien qu'il serait rassuré de l'avoir à ses côtés comme de savoir lui-même réagir en cas d'attaque, quand bien même son nouveau camarade ne s'encombrerait sûrement pas d'un poltron comme lui.

« À quel point il me ressemblait, ton type ? » L'information glissée plus tôt retient l'attention du grand brun et Carl se demande s'il s'agissait vraiment d'une coïncidence. « Je cherche mon frère. Teint pâle, portrait craché. » Ses lèvres forment un « O » tandis que la connexion semble se faire, aussi bien la ressemblance entre ces deux types que le fait qu'il cherche lui aussi son frère. « Et pas de bobards hein, je saurais si tu mens. » – « J'ai aucune raison de mentir. » souligne-t-il tout d'abord d'une voix peu assurée, avant d'ajouter : « Et je dirais qu'il était juste un peu plus petit mais sinon oui, vous auriez clairement pu être frères. Jumeaux, même. » Il ne peut pas l'affirmer à 100% mais comment ne pas l'envisager à présent ? Des types se ressemblant autant, dans une même ville, ne courent assurément pas les rues. « Par contre je dois te dire.. je crois qu'il était blessé. » Et cet ajout lui coûte beaucoup, rendant même sa gorge douloureuse. Peut-être aurait-il dû l'aider mais Carl n'a pas osé, craignant bien trop que les monstres en question se soient trouvés non loin de lui. « Il était seul, j'ai vu personne d'autre et en dehors de sa jambe, ça semblait aller pour lui. » Il se sent obligé de le préciser, voulant croire le premier que cette blessure ne l'a pas forcément condamné. Certes, il n'a plus jamais revu ce type mais peut-être que lui aussi, s'est dégoté une bonne cachette quelque part. « Je m'appelle Carl au fait. » Un bref sourire plus tard, il se risque à tendre la main vers son camarade comme si des présentations officielles avaient vraiment leur place ici. « Et je- oh non, c'était quoi ça ? » Un bruit sourd l'interrompt tandis que très vite, Carl se recroqueville sur lui-même. Son regard terrifié balaie le lieu sans y trouver l'origine du bruit, dévoilant des réflexes bien pauvres laissant d'autant plus songeur sur sa survie jusqu'ici.

« Et des humains humains ? » En recevant cette question, son sang ne fait qu'un tour et son cœur paraît même brusquement s'arrêter. S'il a été capable de tuer des humains pas encore contaminés ? La réponse est non, bien entendu car si éliminer l'une de ces créatures était déjà trop pour lui, Carl ne voit pas comment il aurait pu se retourner contre l'un des siens. C'est la survie, la vraie mais ces instincts-là ne font pas (encore) partie de lui. Jusqu'au bout Carl s'accrochera à ce qu'il a de plus profond, bien conscient que son manque de courage et ses principes viendront un jour à ne plus suffire mais ce fameux jour, il veut espérer qu'il n'arrivera pas trop vite. Aussi, son silence parle à cet instant pour lui tandis qu'il remue lentement la tête, signifiant au grand brun une réponse qu'il connait sûrement déjà. Seul, en tout cas, son nouveau camarade affirme ne pas l'être et il ne lui en faut pas plus pour s'imaginer que peut-être, d'autres survivants finiront par les rejoindre. « Ils pourraient. » Et sans doute le feront-ils, c'est ce que Carl parvient dès lors à s'imaginer alors que son regard guette déjà l'entrée de l'entrepôt abandonné. Pour l'heure du moins, pas d'autres âmes qui vivent que les leurs aux alentours, lui garantissant au moins de ne pas se retrouver en infériorité.

Cette arme entre les mains du brun, Carl est pour sa part très loin de savoir comment la manier et voilà qu'il se prend à rêver que peut-être, son camarade pourra l’initier. Ils viennent tout juste de se rencontrer et ne se sont certainement rien promis, mais il doit avouer que l'idée d'en faire un allié lui plait bien plus que l'inverse, n'ayant même aucune envie de le compter comme un adversaire. « Je… je reste pas ici. Si tu veux que je t’apprenne, tu me rejoins sur la route. » Oh. Sa réponse n'est pas aussi négative que Carl l'avait pensé et c'est un semblant d'espoir qui anime aussitôt son regard, celui d'avoir enfin quelqu'un sur qui compter mais aussi de ne pas rester toute sa vie dans cet entrepôt, qu'il s'est imaginé plus d'une fois quitter. « Et où t'as prévu d'aller ? » Se pourrait-il que ce type ait un plan ? Si c'est le cas, Carl adorerait en faire partie quand bien même ce genre d'aventure peut sembler tout sauf faite pour lui. Il ne veut pas être un caillou dans la chaussure de son camarade, mais il ne peut pas non plus laisser passer cette opportunité qui lui est enfin donnée. « J'aimerais partir de cet endroit moi aussi mais.. je sais pas combien de temps je tiendrai dehors. » Seul, ses chances seraient très minces pour ne pas dire quasi nulles mais à deux, il veut croire que tout pourra être différent. Sa dernière sortie remonte à plusieurs jours quand il est allé se ravitailler en eau et ce jour-là, Carl a bien cru que tout était fini. Il a aperçu l'un de ces monstres mais par chance, la réciproque n'était pas vraie – l'autre type aperçu, en revanche, ressemblait à s'y méprendre à celui se trouvant devant lui et supposant qu'il s'agisse bien de son frère, Carl est incapable de lui cacher qu'il avait l'air blessé. « Gravement ? » Son camarade est inquiet et cela se comprend, car qui ne le serait pas à sa place. « Il boitait mais c'est forcément pas trop grave quand on peut encore marcher, hein. » C'est ce qu'il préfère en tout cas penser, se rappelant que le type tenait encore sur ses deux jambes quand tant d'autres n'ont pas eu cette chance. Blessé mais capable malgré tout de s'en tirer, c'est le scénario très optimiste auquel Carl veut évidemment croire car un autre le rendrait bien trop triste. « Je suis sûr qu'il va bien et qu'il t'attend quelque part. » il lui assure et tente même un sourire, comme une brève parenthèse d'innocence au beau milieu d'un monde où ce mot n'a plus la moindre signification.

« Ambrose. » Le grand brun a donc un nom, de quoi le rendre un peu réel aux yeux du garçon et ce alors que très vite, la réalité se charge de les rattraper. Il suffit d'un bruit pour rompre leur sentiment de sécurité, un bruit donc Carl recherche désespérément l'origine tandis qu'Ambrose, lui, analyse la situation avec bien plus de pragmatisme. « Prends tes affaires, Carl, faut qu’on s’en aille. Vite. » Son camarade est tout sauf rassuré en le disant et il lui transmet inévitablement sa peur, tout en le pressant d'agir. « C’est… Une milice. » – « Oh non. » Son regard affolé ne sait déjà plus où son poser, les gestes qu'il effectue s'avérant quant à eux terriblement confus et Carl tremble, réalisant qu'ils courent ici un terrible danger et qu'ils n'ont que quelques secondes pour fuir. Ce n'est pas un film, ce n'est pas non plus l'un de ces cauchemars qu'il collectionne la nuit car tout est bien réel cette fois, il le sait. « Prends des rations et des armes. » Ni une, ni une, Carl rassemble tout ce qu'il peut trouver autour de lui avant de le fourrer dans le sac qu'Ambrose vient d'ouvrir, emportant des boites de conserve pour se nourrir et même le lance-pierre de son frère, auquel il devra peut-être bien donner une chance à défaut d'avoir autre chose avec quoi se défendre. Tout est susceptible de leur servir à ce stade, voilà pourquoi il n'est pas bien regardant ce qu'il peut prendre – et parce qu'aucun tri digne de ce nom ne peut s'effectuer dans l'urgence. « Euh.. ça devrait suffire, je crois. » Il faudra bien, le sac ne pouvant pas contenir beaucoup plus. « On a plus le temps de toute façon, ils arrivent. » Car les bruits se rapprochent, s'avérant de plus en plus forts et menaçants. Ce n'est plus qu'une question de secondes avant que les hommes de la milice ne les trouvent, des secondes qu'ils ne peuvent pas se permettre de perdre. Se retournant une dernière fois vers son camarade, Carl souffle : « Ambrose, j’ai peur. » et le moment est déjà venu pour eux de s'enfuir, sans jamais plus jeter un regard en arrière. Cet entrepôt n'est déjà plus qu'un souvenir, conjugué dès lors au passé.