Certains jours Carl lutte de toutes ses forces pour conserver quelques souvenirs de son ancienne vie, bien lointaine à présent. Lorsque le monde était encore peuplé de personnes bien vivantes et que trouver une antidote n'était pas la seule préoccupation à avoir en plus de celle de survivre un jour de plus en espérant que demain, enfin, tout sera différent. La vérité c'est que cette vie n'éveille plus vraiment d'espoir en lui, résigné face aux avancées timides de leur science et aux promesses allant avec celle-ci quand bien même quelqu'un ici semble fermement croire en ce qu'il dit. « Tu penses qu’on peut avoir confiance en Nate ? » Son regard glisse en toute discrétion vers le concerné, que Carl ne qualifierait pas de tellement accessible. On ne peut pas lui reprocher de ne pas se creuser la tête pour faire bouger les choses, mais il est en même temps bien difficile de savoir ce qu'il manigance. C'est alors une petite grimace que le garçon offre à Ambrose, son flair ne fonctionnant pas tellement avec Nate car l'appréhender n'est pas une mince affaire. « C'est pas comme si on avait tellement le choix je crois. » Et cela parce qu'il est un peu le seul à toucher à toutes ces choses qui ne sont pas de leur domaine, pour lesquelles Carl est en tout cas très loin pour sa part de s'ériger en expert. « Il a l'air de savoir ce qu'il fait, même si je peux pas m'empêcher de le trouver secret. » Trop secret ? Le fait est qu'il ne communique avec eux que dans le but de se vanter, comme en leur présentant il y a peu cette ébauche de vaccin censé tout changer. Est-ce que Carl y croit ? Une part de lui le voudrait, quand l'autre a nettement plus de mal à se prononcer.

Ils ont pourtant fait du chemin depuis que le monde a connu le tournant tragique qu'on ne présente plus, et Carl s'en veut de demeurer aussi pessimiste dès qu'il devient question de l'avenir. C'est surtout qu'il n'en perçoit plus aucun en ce qui le concerne, et qu'imaginer un retour à une vie normale après tout ça lui semble tout bonnement impossible. Même si le vaccin venait à faire des miracles, il ne cessera personnellement jamais de rechercher sa place que ce soit dans ce monde ou le suivant. « On pourrait le tester sur les prisonniers, mais si jamais c’est concluant… » Ils ne sont encore sûrs de rien, Ambrose est bien le premier à le dire comme à déjà imaginer le pire, car aucun test du genre ne peut aujourd'hui exister sans un certain nombre de risques. «­ Il faut pas que ça sorte d’ici. Si tout le monde finit par l’apprendre et que les résultats ne sont pas ceux qu’on attendait… ça va les tuer. » Et personne ne désire ça, surtout pas Carl qui ne s'est jamais habitué au fait de voir les gens mourir ou être infectés sous ses yeux malgré le caractère routinier d’une telle vision. Personne ne peut affirmer que la solution à leurs problèmes se trouve bel et bien dans ces fioles et cette incertitude lui grignote doucement le ventre à mesure qu’il y pense. « J'ai vraiment peur qu'on fasse pire que mieux, on sait pas encore ce qu'il vaut ce vaccin. » Malgré tout ce que Nate peut en dire et les premiers tests réussis, une grande part d'inconnu subsiste et pas la plus rassurante. Et si les choses tournaient mal, très mal ? Il y pense Carl, aussi rationnel tente-t-il de rester ici. « Mais c'est aussi notre meilleure chance depuis longtemps, pour une fois on peut dire que les choses avancent, hm. » Son regard se raccroche à celui d'Ambrose comme pour y trouver la force d'y croire, seule personne dont la présence l'aide encore à tenir même si l'avouer reviendrait à dire que Carl a déjà rendu les armes. « Peut-être qu’on devrait l’inoculer en secret. » L'idée a le mérite d'être glissée, même s'il ne fait aucun doute qu'elle va déjà à l'encontre de bon nombre de ses principes. Carl laisse alors planer un court silence, cherchant en lui de quoi éviter à un innocent d'y passer. « Ou bien trouver quelqu'un de volontaire, quelqu'un qui connaitra bien les risques. » Impossible ? Les seuls informés de l'existence de ce vaccin se trouvent ici, et Carl a hélas un nom en tête parmi les potentiels cobayes peuplant l'équipe. « T'aimeras pas l'idée je le sais, mais je.. j'ai plus grand-chose à perdre moi. Et les autres verraient à peine la différence, tu crois pas ? » Dans l'hypothèse où le test n'aurait pas de très bons effets sur lui, pour ne pas tout à fait le présenter ainsi puisqu’il se considère remplaçable, et sûrement aussi pas très légitime à l’idée d’avoir déjà survécu jusqu’ici. Carl ne fait rien d'autre que se proposer, prêt à se soumettre aux essais nécessaires et même à se laisser infecter pour les besoins de la science, quand sa seule véritable motivation réside dans le fait de préserver d'autres vies au détriment de la sienne, qu'il songe certains jours à stopper net.

Ils ont le choix en vérité, mais Carl reste celui parvenant difficilement à voir plus loin que le bout de son nez. Si une échappatoire existe et qu’elle ne consiste pas à se fier à Nate alors elle paraît presque hors de portée, lui la brebis éternellement influençable et devenant pourtant de plus en plus méfiante, comme si le garçon avait vu assez d'horreurs pour douter de tout ce qu'on leur présente comme une solution à ce stade. Il voudrait croire comme tout le monde à un remède d'ores et déjà efficace mais ce n'est pas si simple lorsque bien peu d'informations leur parviennent sur le mystérieux vaccin, et qu'à ses côtés Ambrose partage de toute évidence ses doutes au sujet de celui qu'ils viennent à peine de nommer. « C’est ce qui m’inquiète. » Autant dire que si son fidèle camarade est inquiet, Carl a par extension toutes les raisons de l'être lui-même car Ambrose a toujours été le plus calme et réfléchi des deux, ainsi qu'une voix sage qu'il s'est toujours docilement employé à écouter pour savoir dans quelle direction avancer. S'il est encore en vie aujourd'hui, Carl reste même convaincu que ça ne peut être que grâce à lui.

Ce prétendu vaccin n'en représente pas moins leur meilleure chance à l'heure actuelle, et le garçon est lui-même forcé d'admettre qu'ils n'avaient pas entrevu l'ombre d'une chance aussi claire depuis bien trop longtemps. L'espoir est enfin permis, celui d'un monde meilleur où Carl et ses semblables pourraient enfin songer à autre chose qu'au fait de survivre mais un petit quelque chose en lui peine toujours à tendre les bras à ces avancées qui ne leur garantissent pour le moment pas grand-chose, et dont il est encore bien incapable de présumer la façon dont elles pourraient tourner. Bien ou mal, sans qu'aucune possibilité ne soit exclue. « On devrait au moins essayer. » Il tend à le penser aussi, uniquement parce que son camarade formule ces mots le premier. Ils devraient oui, donner une chance à cette science nouvelle et faire confiance à Nate, car ont-ils ne seraient-ce qu'un autre genre d'espoir auquel se raccrocher ? Tous deux savent bien que non et pour cette raison, voir ce que ce vaccin a réellement dans le ventre s'impose comme leur seule véritable option.

Et si la sienne, d'option, revenait à prendre Ambrose au mot quant à administrer le remède à quelqu'un dans le plus grand secret ? Il n'en faut pas beaucoup plus à Carl pour penser qu'il ferait potentiellement un bon candidat pour de tels tests, uniquement parce que sa vie ne vaut à ses yeux pas grand-chose et qu'à choisir, il préfère encore ne mettre en danger que lui-même pour limiter autour de lui les risques. Il n'a plus de famille, sans doute plus vraiment d'avenir non plus et c'était déjà le cas avant dirait-il, alors en quoi une perte comme la sienne serait un désastre ? « Non, je vais le faire. » tranche sans attendre son camarade, des paroles qui le saisissent au cœur et au ventre car bien sûr, cette issue-là n'a rien pour lui plaire davantage. « Si j’évoquais l’idée, c’est pas pour que tu te sacrifies. » Ils y ont pensé tous les deux. Ils y ont pensé, oui, mais un seul trouvera certainement le courage de le faire à l’arrivée. Carl soupire alors, sincèrement préoccupé par la façon dont les choses lui sont présentées et par l'idée, surtout, que ce test ait sur son ami des effets ravageurs potentiellement fatals. « C’est la première dose, c’est forcément la moins aboutie et… » Et ce n'est pas de gaité de cœur qu'il le suggérait pour lui-même au départ car comme on le devine, l'idée de mettre sa vie en jeu avait de quoi l'effrayer comme chaque plongée dans l'inconnu que Carl peut effectuer. « Si y’a besoin d’un second test, je serai peut-être pas là pour te raisonner. Mais déconne pas pour celui-là. » Ses yeux retrouvent ceux du grand brun avec toute l'inquiétude qui les habite, et son cœur s'affole sans qu'il ne puisse calmer ce dernier. « Tu dis toi-même que tu seras peut-être plus là, ça veut bien dire que.. » Ambrose peut y laisser sa peau, donc. Ce test peut réussir comme tout l'inverse, et c'est précisément ce que le garçon n'arrive pas à s'enlever de la tête. « Comment on va faire si ça rate ? Co.. comment je vais faire s’il t’arrive quelque chose ? » Ils sont ensemble depuis assez longtemps pour que Carl considère sa survie vouée à l’échec sans lui, même avec un vaccin efficace, même avec les meilleures cartes entre ses mains. « Si Nate est tellement sûr de son vaccin, c’est lui qui devrait le tester en premier. » grogne-t-il, son regard glissant un court instant vers le scientifique alors qu'il peut certainement toujours rêver pour que celui-ci accepte d'endosser un tel risque. Carl, lui, n'aurait pourtant pas l'idée de servir un plat qu'il n'aurait pas préalablement goûté. « Je pourrai pas t’empêcher de le faire, je sais que ce serait inutile mais je voudrais au moins que t’y réfléchisses. Un peu. » Ce qui est certainement déjà fait le connaissant, même s’il continue d'espérer qu'Ambrose ne le proposait pas sérieusement. « C’est pas un test anodin et puis.. on a besoin de toi ici. J’ai besoin de toi. » Ce n'est pas une raison très valable il le conçoit, mais il ne peut pas garder pour lui l'évidence d'un tel aveu. Sans Ambrose, c'est à se demander si la faible barque de sa vie n'en viendra pas à couler pour de bon. « T’es vraiment décidé, alors ? »

Fidèle à lui-même, Carl s'imagine déjà le pire quant au sort qui sera réservé à son acolyte dès que celui-ci aura reçu la fameuse dose autour de laquelle tant d'inconnu subsiste. Il ne veut pas imaginer un monde où Ambrose ne serait plus à ses côtés, mais reconnaît bien en lui le côté téméraire qui l'avait immédiatement séduit. Si quelqu'un peut assumer de prendre un tel risque, ça ne peut être que le Constantine. « Ça veut juste dire qu’on sait pas. » Et parfois Carl se dit qu’il n’a peut-être pas envie de savoir, compte tenu du flou entourant ce vaccin et des effets qu’il pourrait avoir sur ceux qui le recevront. Ambrose sera un cobaye à qui le meilleur ou le pire arrivera, et se dire que le pire reste le plus probable a déjà de quoi alimenter ses cauchemars. « Ma vie vaut pas plus qu’une autre. » Elle est pourtant précieuse et perdre celle-ci reviendrait à laisser une autre âme en perdition car survivre sans lui, Carl se demande même si cela en vaudra la peine. C'est pourtant ce qu'Ambrose voudrait, le savoir capable d'avancer de son côté pour honorer leur duo s'il devait être conjugué au passé mais n'est-ce pas un peu trop en attendre d'un garçon aussi peu débrouillard que lui ? Il est aussi un parfait idiot préconisant que Nate teste son propre vaccin, comme s'ils pouvaient tous se permettre de composer sans son expertise. « Carl… Il est scientifique, on a besoin de lui. » Aussitôt, le garçon soupire. Il se sent stupide et l'est sans doute, mais autant avouer aussi qu'il préfèrerait refiler ce vaccin à n'importe qui plutôt qu'à son ami, car il est celui dont Carl se sent le plus proche aujourd'hui – et la comparaison n'existe pas vraiment, si l'on considère ses rapports presque inexistants avec d'autres. « Je.. C’est vrai, oui. » souffle-t-il non sans baisser la tête, soudainement inquiet à l'idée que ses dires puissent parvenir aux oreilles de Nate. Il ne veut se mettre personne à dos ici et surtout pas un scientifique, s'il fallait choisir. « Il sert à quelque chose lui au moins. » Et Carl parle peut-être bien pour lui-même à cet instant, questionnant après tout sa propre utilité dans un monde pour lequel il ne semble pas franchement taillé.

Pas de quoi l'aider à mieux accepter la décision d'Ambrose, aussi conscient soit-il que celle-ci est certainement déjà prise et que chercher à débattre serait bien inutile. « Je suis désolé. » Il n'aime pas entendre ces mots dans un tel contexte Carl, même s'il n'a aucun mal à ressentir leur sincérité. Lui aussi pourrait d'ailleurs être désolé car il aurait aimé apporter une solution qui n'obligerait pas son acolyte à risquer sa vie, mais les idées brillantes ne sortent jamais de son propre cerveau. « Je t’aime comme un frère. » Des paroles qui remuent là encore un nombre incalculable de choses en lui car comment ne pas penser au frère qu’ils ont chacun perdu ? « C’est ce que t’es pour moi aussi. » Le grand frère qu'il n'a en l'occurrence jamais eu car Keefe était plus jeune, et il n'est pas difficile de se dire que ce dernier ne l'a pas emporté de son vivant. Carl réalise alors qu'il pourrait à nouveau se retrouver seul et cette pensée le terrorise, bien plus qu'il ne s'autorise à le montrer ou à le dire. « Tu veux… tu veux être là, quand il me donnera la dose ? » – « Oh. » C'est une question sérieuse, il en a bien conscience et c'est pourquoi il prend la peine d'y réfléchir malgré l'évidence qui se dessine très vite. Si cela devait être les derniers instants de son ami, alors Carl ne peut juste pas imaginer ne pas en faire partie. « Je pourrai pas te laisser seul dans un moment pareil alors oui, je veux être présent du début à.. » La fin, même s'il refuse de prononcer des mots qui pourraient bientôt prendre tout leur sens. Il tient à être là, simplement, même s'il pourrait ne pas supporter la vision d'un Ambrose que ce vaccin pourrait détruire, bien plus que le contraire. « On a toujours tout traversé ensemble jusqu’ici, ce sera le cas pour ça aussi. » affirme-t-il, car ce n'est pas dans un moment susceptible de signer sa perte que Carl peut concevoir d'être ailleurs qu'auprès de lui. « Je pense pas que les effets seront immédiats. » Il faut espérer qu'Ambrose dit vrai, et qu'ils ne le feront surtout pas trop souffrir car cette image risquerait de le hanter pour le restant de sa vie. Mais Carl a lui-même choisi d'assister à tout ça, c'est donc pour ne pas en venir à détourner le regard dans le pire des cas. « Tu sais que j’aurais jamais pu rêver trouver quelqu’un comme toi, sur la route. » Cette fois, les yeux du garçon deviennent humides au point qu'il doit livrer bataille pour empêcher la moindre larme d'en sortir. « J’espère que tu.. t’es pas en train de me faire tes adieux Rose, parce que je suis pas d’accord. » Il renifle doucement, essuyant son nez d'un coup de manche avant d'effectuer un pas vers son ami, hésitant au possible. Carl voudrait le prendre dans ses bras, autant qu'il voudrait être sûr qu'ils finiront cette route ensemble, avec bien peu d'illusions toutefois. « Et si jamais ça finit pas bien, je me dis qu’on se retrouvera dans le monde d’après. C’est.. forcément mieux ailleurs, de toute façon. » S'il faut se raccrocher à une idée alors ce sera celle-ci en ce qui le concerne, Carl restant un garçon profondément rêveur et utopiste lorsque ses pensées parviennent à dépasser le chaos de cette réalité. « Tu comptes en parler à Nate ? » demande-t-il, en prenant là encore le risque d'avoir l'air stupide. Il peut prendre cette dose de façon officielle ou bien le faire dans son dos, une décision que le garçon appuiera quoi qu'il arrive car Ambrose sait forcément quoi faire, lui.

Face à la question qui lui parvient et qui facilement le tétanise, Carl n'a pas besoin de sonder en long et en large son esprit. Souhaite-t-il voir Ambrose s'adonner à l'expérience la plus risquée qui existe, avec une issue aussi incertaine qu'elle peut être tragique ? Non, il donnerait à vrai dire tout pour que la place revienne à un autre mais puisque son ami est décidé à voir ce que ce vaccin a dans le ventre, il est de son devoir de l'accompagner. Pas comme un simple spectateur, mais bien comme un véritable soutien sur lequel il pourra compter s'il devait peu à peu sentir la vie l'abandonner – et souffrir le martyre, parmi les pires scénarios que Carl peut déjà se figurer aussi plausibles soient-ils. « Non… Si tu veux pas, c’est ok. Je t’en voudrais pas. » Le garçon remue la tête sans attendre, rejetant fermement l'idée qu'Ambrose puisse affronter tout cela seul car c'est ensemble qu'ils ont avancé jusqu'ici, et ensemble qu'ils termineront leur course quand bien même l'un devra manifestement survivre à l'autre. Une idée là encore insupportable pour Carl, mais il n'aura peut-être bien pas le choix. « Je vais le faire, Rose. Je serai là parce que c'est important pour moi. » Autant que le Constantine peut être important pour lui, sa gorge serrée et ses yeux rouges en donnant déjà une nette idée. Il ne veut pas le perdre, pas comme ça, mais il peut encore moins envisager de tourner le dos à une image qui pourrait être la dernière de son camarade.

« Non, c’est pas ça, c’est promis. » Pas un adieu donc, à moins qu'Ambrose ne veuille simplement pas le nommer ainsi. C'est suffisant pour redonner à Carl un semblant de sourire, mais pas pour le convaincre que ses chances de s'en sortir sont grandes quand la plupart des voyants tendent déjà vers l'orange. Le risque il le connait bien, au fond de lui. « Mais j’espère qu’on s’y retrouvera le plus tard possible, ok ? » S'il hoche péniblement la tête, c'est pour en quelque sorte lui promettre de ne pas baisser les bras trop rapidement ensuite. Cela pourrait être tentant, oui, mais ce serait aussi la dernière chose à faire pour honorer la mémoire de son ami dont le regard continuera de lui importer, peu importe où il pourra se trouver. Quant au fait d'en avertir Nate, la question a le mérite d'être étudiée avant qu'Ambrose ne vienne finalement trancher : « Je pense, oui. Je veux qu’il fasse ça dans les meilleures conditions possibles. » Ce qui n'est pas pour déplaire à Carl, d'autant plus si la chose a une chance d'être relativement bien encadrée car le faire dans leur coin serait une erreur, chacun semble à cet instant le penser. « Il a besoin de savoir exactement comment je réagis, aussi, je crois… » Certes, il ne sera pas le cobaye de Nate pour rien mais Carl y gagne peut-être bien une minuscule lueur d'espoir, au milieu de tout ça. « Et puis il.. il saura peut-être quoi faire si les résultats sont pas ceux qu'on attend, c'est son boulot après tout. » C'est très optimiste de sa part que d'imaginer le scientifique capable d'inverser la machine une fois en marche mais il faut bien se raccrocher à quelque chose, n'est-ce pas. « Laisse-moi croire qu'il pourra te sauver même si c'est pas le cas. » souffle-t-il alors, en le suppliant presque de ne pas lui arracher ses illusions ici. Il a besoin de ça pour l'aborder avec un peu moins de craintes, mais pas moins de tristesse comme en témoigne la petite larme silencieuse dévalant sa jouant lorsque son ami entreprend de l'étreindre. C'est douloureux, bien sûr que ça l'est. « Ton frère aurait été fier de toi. » – « Le tien aussi, de toi. » Des mots qu'il n'a aucun mal à penser alors que fier, Carl l'est lui-même de voir le Constantine se sacrifier pour l'équipe.

Il s'assurera que chacun se souvienne de son acte de courage en entretenant pour cela sa mémoire, car personne ici ne sera autorisé à oublier quelqu'un comme lui, personne. « Je te promets de me battre même si c'est seul, parce qu'un bout de toi vivra pour toujours là-dedans.. » Carl désigne sa tête puis son cœur d'une main tremblante, là où toutes les personnes qui ont compté pour lui peuvent désormais se trouver. « Alors seul, je le serai pas vraiment. » Ambrose ne sera plus physiquement là mais il veillera d'une autre façon sur lui, et bon sang que cette idée est belle autant qu'elle est déchirante. Prenant une grande inspiration, Carl laisse un court silence passer avant de reprendre d'une voix calme, son cœur ne l'étant évidemment pas au même instant. « On va le voir quand t'es prêt, d'accord ? T'as le droit de t'accorder un moment avant ça. » Un dernier moment pour penser, rêver ou se remémorer, mais aussi pour sentir combien Carl peut sincèrement l'estimer car c'est cet amour quasi fraternel qu'il voudrait que son ami emporte avec lui comme bagage pour sa prochaine vie.