C'est un jour de plus qui s'écoule dans ce monde apocalyptique dans lequel est plongé Brisbane depuis des mois. Une ville que Zoya ne reconnaît plus, alors qu'elle et Channing ont trouvé un repère pour la nuit et qu'elle profite des derniers instants dans celui-ci. Un appartement dans un haut building, un de ceux qui aurait pu l'enthousiasmer si le monde n'était pas celui qu'il est désormais. Assise sur un rebord dont dispose l'une des fenêtres pour offrir ce qui auparavant aurait été une vue idyllique de la ville, Zoya est perdue dans ses pensées. Elle a perdu beaucoup de proches dans cette bataille et Channing est le seul qui lui reste. Elle laisse son esprit vagabonder, s'autorisant à se remémorer ces souvenirs désormais lointains jusqu'à que des pas approchent d'elle et la sortent de sa rêverie   " On doit partir c'est ça ?" qu'elle l'interroge, son regard toujours porté sur l'horizon. La mélancolie la gagne mais elle ne veut pas se laisser aller à ses émotions négatives, et c'est pour cette raison qu'elle retrouve un sourire de façade la seconde suivante pivotant sa tête vers Chan pour trouver son regard " Après que tu te sois assoupi hier soir et un sourire amusé laisse entendre le pourquoi d'un tel épuisement chez lui j'ai pu voir que sur notre chemin, il y avait quelques supérettes. Avec un peu de chances, elles n'ont pas été dévalisées" leur objectif est d'atteindre, grâce à ce plan donné par des survivants comme eux, un camp où d'autres survivants se sont installés et semblent parvenir à vivre convenablement. "On est encore loin  du camp qu'on nous a indiqué et je pense qu'on va rencontrer du monde sur notre chemin" Ce monde auquel elle fait référence sont les zombies. "il va falloir qu'on trouve des armes aussi…" qui deviennent elles aussi des denrées rares, au même titre que la nourriture. Elle se lève alors, contournant Channing pour aller récupérer ce fameux plan, revenant à ses côtés pour lui remettre dans les mains "en espérant que ce ne soit pas un piège" le doute est toujours de mise car la confiance est, elle aussi, difficile à accorder dans ce nouveau monde. Ils en ont fait les frais eux-mêmes.

« Rien ne nous y oblige. » Personne ne les y contraint, encore moins à cette hauteur quand les morts vivants qui déambulent en bas de l’immeuble ne pourront jamais atteindre un tel niveau. Les ennemis vivants, eux, le peuvent et bien que les survivants devraient se serrer les coudes dans un tel combat, chacun lutte finalement pour sa propre survie et qu’importe si cela implique de laisser quelques cadavres derrière soi. Channing et Zoya en ont fait les frais, il est l’unique personne qui lui reste désormais, le seul à qui elle peut se raccrocher et la preuve en est la manière dont elle savoure ce contact initié par le brun, ses mains se posant sur ses bras qui enlacent sa taille et sa tête venant se reposer en arrière sur son torse, une tendresse que ce monde ne connait plus et qui réchauffe son cœur, le temps que cela dure. Parce qu’elle a en tête déjà la suite, celle à laquelle elle a eu le temps de réfléchir cette nuit, rendant les armes une nouvelle fois contre ses insomnies. « Tout ce qu'on peut y trouver est bon à prendre. » Ils ne seront sûrement pas les seuls à être passé par là mais elle préfère nourrir l’espoir qu’ils trouveront toujours un petit quelque chose pour les aider dans leur survie. Un long périple les attend pour rejoindre ce camp qu’on leur a indiqué, celui d’une terre promise où ils pourraient y vivre paisiblement et y trouver une certaine sérénité, sans souci du lendemain. Mais ce monde étant devenu cruel, le doute subsiste et ce que Zoya ne veut formuler à voix haute l’est par Channing « Est-ce qu'on fait vraiment ça, Zoya ? » Il est celui qui s’éloigne cette fois tandis que ses sourcils s’affaissent, alors que ses épaules, elles, se haussent doucement « Quelles autres solutions on a ? » qu’elle murmure tout en le regardant se mouvoir dans l’espace. « On pourrait rester ici quelques jours... je ne sais pas, se reposer un peu. » Cette fois, son sourcil s’arque alors qu’il se saisit de cette arme à laquelle elle n’avait prêté attention jusqu’à cet instant. Sa tête se penche quelque peu, regardant Channing magner le sabre avec dextérité et délicatesse, tout autant intriguée par celui-ci que par ses dires « On ne connait pas ces gens. C'est peut-être un havre de paix ou encore d'autres dégénérés - ici, pour le temps que ça durera, on a l'air en sécurité. »  Elle sait qu’il a raison, ce qui explique ce soupir qui passe la barrière de ses lèvres « Je te suis, tu le sais. Toujours - mais qu'est-ce que tu en penses ? » « J’ai peur qu’on se plante une nouvelle fois et qu’on fonce tout droit dans la gueule du loup. Parce que ça nous ai déjà arrivé et que je n’ai plus confiance en quiconque… » si ce n’est toi qu’elle ne formule pas parce qu’il le sait. Elle vient retrouver son contact, ses deux mains venant se poser sur son torse avant de rehausser la tête pour trouver à nouveau son regard « Mais à la différence, cette fois, c’est qu’on sera sur nos gardes et qu’on va y aller préparer ». Préparer signifiant avec des armes, avec une stratégie qu’ils élaboreront en chemin si jamais les choses venaient à tourner mal. « Je nous fais confiance ». Sur la pointe des pieds, elle vient déposer avec douceur un baiser sur les lèvres de Channing, se reculant à contre cœur l’instant suivant. Il est temps qu’ils partent d’ici, tant qu’ils en ont encore le courage. Parce qu’elle préférerait, tout comme lui, rester dans ce petit havre de paix, mais l’évidence au dehors la ramène à la raison : ils doivent partir.

***

Zoya a ses poignards accrochés de part et d’autre de ses hanches, prêt à les dégainer si un quelconque mort-vivant venait à les approcher. Aucun n’est toutefois à l’horizon et ils peuvent ainsi entamer leur périple, s’arrêtant en premier lieu dans une épicerie qui semble avoir déjà été pillé « On tente notre chance quand même ? » qu’elle demande dans un soupir alors qu’un bruit se manifeste au même moment, sa main venant instinctivement se poser sur une de ses armes.

« Je veux limiter les risques, Zoya. Je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque chose. » Tout comme elle ne pourrait supporter que quoi que ce soit lui arrive, le perdre serait sûrement quelque chose d’insurmontable pour elle parce qu’il est la seule personne qui lui reste. Ils veillent l’un sur l’autre depuis trop longtemps pour que leurs chemins se séparent, Zoya préférant être la première à partir que plutôt subir sa perte. Il est son ancre, son tout et dans ce monde apocalyptique, rien n’aurait plus de sens sans lui. « Moi aussi, bien sûr que moi aussi. C’est du reste du monde dont je me méfie. » Elle le sait, ils sont seuls contre tous mais ils doivent parfois prendre des décisions pour leur propre survie, qui ne sont pas toujours rassurante, comme celle qu’ils prennent aujourd’hui en décidant d’aller rejoindre ce camp dont ils n’ont eu que très peu d’informations. Ils s’autorisent une dernière étreinte avant de s’équiper et de quitter ce petit nid douillet pour aller affronter la réalité au dehors.

« Il y a l’air d’avoir une petite pharmacie derrière la caisse. Je vais aller jeter un oeil. Sois prudente, d’accord ? » Ils s’autorisent à pénétrer dans cette petite épicerie dont le contenu a déjà été majoritairement pillé. Mais qui sait, peut-être reste-t-il encore quelques vivres et Zoya acquiesce face à l’inquiétude de Channing. « Sois prudent aussi ». Elle part de son côté, passant entre les allées et évitant les différents objets éparpillés à même le sol, ceux qui n’ont eu aucun intérêt aux yeux des précédents pilleurs. Toutefois, elle remarque sous un grand étal un objet brillant mais à peine s’accroupi-t-elle qu’elle entend un bruit. Il lui faut que quelques secondes pour comprendre « Chan ! » qu’elle s’écrit et sans réfléchir, retourne à l’entrée pour se diriger vers le comptoir où il était. Son cœur s’accélère mais elle ne se laisse pas submerger par ses émotions en comprenant que Channing a dû rencontrer un mort vivant et très vite, retrace leur passage et se faufile à travers celui-ci sans réfléchir « Chan’, attrape » qu’elle fait en lui lançant un de ses poignards, alors qu’elle se fraye un chemin pour atteindre la créature.

Spoiler:

Son réflexe est de lui envoyer son arme pour qu’il puisse s’en saisir, le passage étant bien trop étroit si elle venait à s’y glisser – et elle ne ferait que l’exposer davantage au danger, elle ne tient pas à ce que cette fouille finisse dramatiquement. Son cœur s’emballe alors qu’elle est dans l’attente de voir Channing asséner le coup de grâce au mort vivant et lorsque cela arrive, elle se sent soulagée. « Saloperie ». Elle accoure vers lui, voulant s’assurer qu’il n’a rien, surtout qu’il n’a pas été mordu « Tu n’as rien pas vrai ? » Ses mains gambadent sur son corps à la recherche de la moindre plaie « C’est plutôt moi qui devrait te poser cette question » dit-t-elle le souffle haletant. « J’ai eu si peur » Ses mains viennent caresser son visage avec douceur avant qu’elle ne le prenne dans ses bras, heureuse de voir qu’il n’a rien. « Je vais bien, juste un peu sonné. Heureusement que tu étais là » C’est un binôme infaillible qu’ils forment, toujours là pour se sauver la mise et cela n’est pas prêt de cesser. « Always » qu’elle murmure, une habitude entre eux. Elle le laisse se relever et, tout comme lui, son regard s’attarde sur l’endroit. Et malgré la pénombre et la saleté, ils ne peuvent qu’admirer leurs trouvailles « On dirait qu’on a touché le gros lot » Et comment alors que Zoya se rend compte du stock de nourriture amassé dans un si petit endroit, sûrement conservé par le malheureux pour survivre. Elle s’avance à son tour, suivant Chan et prenant à son tour son sac à dos pour récupérer des vivres « J’ai failli te perdre mais… voyons le positif » qu’elle dit d’un ton plaisantin tout en continuant de récolter des vivres. Et alors qu’elle s’attarde sur une étagère un peu plus loin « Chan ? » qu’elle l’interpelle, intriguée par le sac particulièrement garni qu’elle vient de trouver. Elle laisse le jeune homme la rejoindre avant de se décider à l’ouvrir « Tu penses qu’on devrait l’embarquer là où on va ? » Ils prendraient un risque de se le voir confisquer une fois arrivé sur place, peut-être devraient-t-ils prendre le sac mais trouver une cachette où le laisser… au cas où que les choses tournent mal. Elle est dubitative, Zoya et alors qu’elle s’apprêtait à dire quelque chose, un bruit se fait entendre plus haut. Un échange de regard. Ils ne devraient pas s’attarder plus longtemps ici.