It's a slow process, but quitting won't speed it up.

Lorsque Kane m'exposait les problématiques qu'il rencontrait vers la concrétisation de la réalisation d'une chaîne youtube, je cherchais derechef des solutions.
Pour le volet matériel, je songeais à un ami de longue date qui étudiait en cinématographie. J'étais confiant de pouvoir lui extirper quelques uns de ses jouets pour une ambition honorable, surtout que j'avais à de nombreuses reprises aidé ce même ami et plus d'une fois il m'avait émis le souhait de me rendre la pareille. Un service en rend un autre, répétais-je fréquemment, convaincu que le monde était plus aisé à appréhender lorsque les gens se serraient les coudes sans cupidité. Ici, si je pouvais épauler mon interlocuteur dans son projet qu'il méritait de voir prospérer et je m'en estimais gagnant.

Je hochais la tête lorsque le trentenaire s'étonnait de mes propos et enchaînais sur la vision que je portais face aux œuvres des artistes. A mon sens, les paroles de chanson reflétaient une histoire personnelle, un sentiment vécu, duquel le musicien pouvait ressentir le besoin d'extérioriser pour mieux l'accepter ou l'expliciter. Ainsi, lorsqu'on fréquentait un artiste, je m'imaginais possible de deviner de quelle affaire ou instant de sa vie il pouvait faire référence dans ses créations. Néanmoins, rien n'était certain lorsque ce dernier prenait le soin de ne pas citer précisément ou donner de détails trop flagrants ; ce qui assurait une protection aux individus par ailleurs.

Un fin sourire étira mes lèvres tandis que le pompier me confia partager mon interprétation en règle générale. J'osais un comparatif entre les soirées open mic et la plateforme Youtube, opposant les avantages et inconvénients dont disposaient ces deux théâtres à personnalisation. Je ris doucement lorsque Kane m'indiqua que les soirées auxquels il participait étaient même pires que s'afficher sur la toile lorsqu'on réalisait que des individus n'ayant pas souhaité l'entendre l'avait a minima en bruit de fond.

Puis, l'australien me remercia tout en m'informant me tenir au courant de l'avancée de son projet et devoir vérifier quelques éléments avant de réellement se lancer. Il ajouta ensuite avoir le contact d'un homme ayant un label de musique et l'ayant invité à enregistrer professionnellement ses chansons. Surpris que Kane n'accorde pas plus d'importance à une telle proposition, je m'exclamais : « Mais c'est génial ça ! S'il t'a proposé d'enregistrer tes chansons, je pense que c'est parce que ton talent lui a tapé dans l’œil et qu'il voit un futur pour toi dans la musique ! Le genre de mecs qui ont des labels veulent faire un minimum de fric à tout prix pour pas faire faillite, surtout à l'heure d'aujourd'hui où beaucoup de monde télécharge illégalement des chansons. Ils misent méticuleusement. » Je hochais la tête lorsqu'il concluait que le tour des nouvelles avait été fait. « Ouais. Prends ton temps pour y réfléchir et être sûr d'assumer ton choix. Mon offre de coup de main tiendra toujours dans tous les cas. » J'avais conscience que Kane était quelqu'un de réfléchi, la preuve étant notre conversation où il m'avait avoué les obstacles qu'il rencontrait face à cet éventuel objectif d'ouvrir une chaîne Youtube. Cependant, c'était plus fort que moi de prononcer ces paroles attentionnées. Je désirais que le Williamson soit en totale possession de ses choix et ne se sente pas influencé ou poussé vers une décision qui ne serait pas entièrement la sienne et qu'il pourrait regretter dans le futur.

Sur ces mots, Kane se redressa et m'annonça partir. Il me proposa de faire le taxi pour la soirée de mardi tout en m'assurant être content d'être passé chez moi. Puis, il m'ajouta être présent si je souhaitais le voir entre temps ou simplement discuter avec lui. Je souris devant toute ces offres qui démontraient à quel point le jeune homme était un véritable ami. « On peut faire comme ça mardi, ouais. C'est super sympa de proposer tout ça, ce sera peut-être plus simple comme ça. » Et je ne ferais pas trois fois le tour du quartier avant d'oser entrer dans le bar, comme je l'avais fait la première fois que j'avais remis les pieds où travaillait Itziar. J'accompagnais le secouriste vers la porte d'entrée et saluais sincèrement, les termes lourds de sens : « Merci d'être passé, Kane. »