Love était rentrée il y a quelques semaines de son aventure, on avait pu échanger quelques mots à ce propos et il semblait qu’elle avait vraiment apprécié participer à l’émission, malgré son élimination. Elle avait pu me donner quelques nouvelles d’Isaac et j’étais ravie qu’il soit toujours en liste pour la finale.
Aujourd’hui, je passais chez lui pour rendre la maison accueillante puisque Love avait fait une tentative de suicide et qu’elle était à l’hôpital depuis quelques jours. J'étais passée régulièrement ces derniers temps, ayant appris que Love avait fait une tentative de suicide, lorsqu'elle était chez sa mère. J'avais été attristée par la nouvelle, me demandant ce qui l'avait poussé à faire passer à l'acte... J’avais appris plus tard qu’elle allait finalement bien et qu’elle s’en était sortie. Je supposais que bien sûre, Isaac n’était pas au courant et j’avais peur de devoir lui annoncer la nouvelle. J’allais avant tout attendre de le voir, de savoir comment il se sent, comment il aura vécu son aventure, puisqu’après tout, aujourd’hui Love allait mieux et c’était ce qui comptait.
J’avais bientôt fini, remis les coussin en place sur le canapé, préparé des coupes de champagne, avec la bouteille au frais bien sûre, on allait fêter un grand retour bientôt. Je savais pas quand, je savais même pas si la fin était déjà passé ,si c’était aujourd’hui, si ça allait être demain, je connaissais pas le timing de l’émission, je savais rien, mais je savais que ça allait pas tarder à arriver. Isaac me manquait et aussi loin que mes souvenirs puissent aller, j’ai pas l’impression qu’on ai déjà été séparés aussi longtemps lui et moi. Six semaines sans se voir, jamais, six semaines sans se parler, sans échanger de messages, sans s’envoyer des gifs débiles, jamais. Isaac était mon quotidien et effectivement, son absence créait un vide énorme.
J’étais à deux doigts de repartir après avoir chopper la clé de la boite aux lettres pour récupérer son courrier quand j’entendis comme des clés s’agiter dans la serrure de la porte. Je savais ne pas être seule en leur possession mais je doutais que Love soit déjà de retour, ou qui sait… c’était peut-être Oakley. J’allais quand même faire un tour dans l’entrée pour m’assurer de qui allait entrer. Lorsque la porte s’ouvrit, je restais sans broncher en reconnaissant la silhouette parfait – épuisée mais parfaite – de mon meilleur ami. « Isy ! » j’avais presque l’impression de voir un fantôme devant moi. « Isaac ! » c’est pas fait, j’suis si heureuse de le revoir, je fais un saut sur place avant de courir dans ses bras, le serrant aussi fort que possible dans mes bras. Le pauvre n’ayant pas le temps de poser son sac et de souffler qu’il avait déjà un boulet sur les bras. « T’es si beau ! » J’ai comme l’impression que quelques chose à changer en lui. « T’as l’air au bout de ta vie ! » je touche son visage, pour m’assurer que ce soit bien lui devant moi quand même. « Alors, t’as le droit d’me dire ? T’as gagné ? » je croisais presque les doigts, faisant une grimace, je m’attendais à ce qu’il n’ai pas le droit à dire un seul mot à ce sujet, laissant la diffusion du dernier épisode répondre à ma question.

@Isaac Jensen

L'aventure de Race of Australia était achevée. Les six semaines s'en étaient allées, dotées de journées parfois interminables et d'autres s'écoulant à une vitesse s'apparentant à celle de la lumière. La course, aussi exceptionnelle que mémorable, qui serait diffusée dans deux mois sur les ondes télévisées, composait l'une des plus grandes folies de ma vie et j'éprouvais une certaine fierté de m'être lancé dans cette épopée et m'y être investi sans relâche, sans retenue, durant toutes les semaines qui m'avaient été accordé. Dès le premier jour de la compétition, j'avais été associé à Grace, une photographe australienne qui se remettait d'un AVC. Si sans doute peu de personnes auraient parié sur notre binôme d'entrée de jeu, nous nous étions hissés jusqu'à la deuxième place du podium, place notamment conditionné par le retrait forcé d'un de nos coéquipiers. Je ne m'étais pas inscrit à cette émission pour gagner toutefois, tout comme mon acolyte. Nous étions en recherche de nous-mêmes. Je souhaitais me reconstruire suite aux déboires que j'avais vécus précédemment et récolter sur la route tous les outils et éléments qui me permettraient enfin de me sentir bien dans ma peau. Aujourd'hui, même si je conservais une part d'ombre indéniablement et irrémédiablement en moi, j'estimais avoir atteint mon objectif et avoir emmagasiné à Race of Australia des armes que jamais n'aurais-je pu envisager ailleurs. Je m'étais surpassé, j'avais fait des rencontres inoubliables et extrêmement enrichissantes, j'avais appris à poser un regard neuf sur le monde et réagir autrement face à l'adversité, l'on m'avait enseigné à accepter des maux et être en paix avec des torts. Grace m'avait également beaucoup apporté et pour cela, je lui en serai reconnaissant.

C'est avec appréhension, émotions, et de multiples promesses de revoyure que je quittais l'aéroport de Brisbane afin de prendre le chemin de mon domicile à Toowong. J'avais été informé peu après l'annonce des résultats de la tentative de suicide de Love et avais pris le soin de prendre des nouvelles auprès de sa mère qui m'avait indiqué que la fleuriste était toujours hospitalisée en psychiatrie ; un fait qui me rassurait et tranquillisait. Là-bas, elle ne pourrait se faire de mal et l'on prendrait soin d'elle.

Sous airs de blues et de country retentissant dans l'habitacle de mon vieux bolide qui était demeuré sans heurt sur le parking de l'aéroport toutes ces semaines, je dévorais les kilomètres jusqu'à me stationner devant ma maison. Machinalement, j'enfonçais ma clef dans la serrure et poussais la porte boisée. « Isy ! » s'exclamait derechef la voix de Noa, à m'en arracher un léger sursaut. Je cherchais des yeux la silhouette de ma meilleure amie qui réitérait : « Isaac ! » La trentenaire saute sur place avant de se ruer vers moi afin que nous nous étreignons. Je serre solidement la jeune femme contre moi, dépose un baiser affectueux sur sa joue, réjouit qu'elle soit sur place quand j'envisageais faire un tour à sa colocation dans tous les cas ce soir. « T’es si beau ! » Je ris doucement, remerciant avec malice : « Merci ! » « T’as l’air au bout de ta vie ! » Nouveau rire de ma part accompagné d'un haussement de sourcils, peu impressionné par cette annonce. Noa pose ses mains sur mon visage, comme pour s'assurer que je suis bien présent. « Alors, t’as le droit d’me dire ? T’as gagné ? » « Ah, malheureusement non, j'peux rien te dire. Faudra que t'attendes septembre ! » Je réplique avec compassion mais également une bonne dose de taquinerie. Rira bien qui rira le dernier, toutefois, je savais qu'il serait excessivement difficile de tenir ma langue devant Noa, à qui je disais tout d'ordinaire.

« J'suis trop content de te voir. Je pensais déjà passer à ton appart' te surprendre, » j'avoue avec un large sourire avant de retirer mon sac en piteux état de mon dos. « On passe la soirée ensemble ? » Je demande, survolté. « Comment tu vas ? Qu'est-ce qui s'est passé durant ces six longues semaines dans la vie de Madame la directrice Jacobs ? » Je questionne avec facétie. « On s'commande à manger ? » Autant dire que je ne tenais pas en place et que la bonne humeur ainsi que l'entrain émanaient de tout mon être. J'attrapais la pile de pubs de restauration rapide et suggérais : « Chinois ça te dit ? J'suis affamé ! » Puis je fronçais doucement les sourcils, confiant avec complicité : « Ça va être lent, septembre, quand même... »

J’avais l’air bien plus enthousiaste à l’idée de le revoir que lui ne pouvait l’être en me voyant chez lui. J’allais mettre ça sous le coude de la fatigue et de la tonne d’émotion qu’il s’était sans doute pris ces dernières heures. J’imagine que ca n’avait pas été facile de finir pour de bon cette aventure où comme toutes personnes qui participent à des télé réalité disent avoir vécu «une aventure humaine avant tout ». Je ne serai pas étonnée n’en pense pas moins, alors je n’allais pas lui en tenir rigueur, moi j’étais heureuse de l’avoir devant moi aujourd’hui. « Ah, malheureusement non, j'peux rien te dire. Faudra que t'attendes septembre ! » j’en étais sure mais qui ne tente rien à rien et d’ici là, j’avais le temps de creuser un peu plus, il finirait par cracher le morceau. « Je verrai bien si tu changes de voiture demain de toutes façons. » je dis en plaisantant, bien sur son vieux taco me manquerait s’il venait à s’en séparer.
« J'suis trop content de te voir. Je pensais déjà passer à ton appart' te surprendre, »Ah quand même, les voilà les grandes émotions, les retrouvailles en bonne et due forme. « J’ai bien cru que t’allais finir par me dire que je t’avais même pas manqué. » j’avoue, que j’aurai été vexée même si en réalité, j’imagine qu’il avait fait tellement de chose qu’il aurait pas eu le temps de penser à moi, ne serait-ce qu’un petit peu.
Je regardais à nouveau mon ami et lui saisi des mains son sac qui avait l’air de peser une tonne. « J’croyais que t’avais rien le droit de prendre avec toi. » et il revient avec milles choses, c’était quoi le but de l’émission, faire du troc ? « fais comme chez toi. » que je lance, amusée de le voir là comme s’il ne savait pas comment se tenir. « On passe la soirée ensemble ? » je hoche la tête, j’ai rien de prévu ce soir et maintenant qu’il est là, j’aurai tout annuler si j’avais pas été disponible. « Comment tu vas ? Qu'est-ce qui s'est passé durant ces six longues semaines dans la vie de Madame la directrice Jacobs ? » J’allais dire pas grand-chose mais faux et j’avais même honte de ne pas y avoir pensé avant. « Maïa est née ! » je suppose que loin des réseaux et de son téléphone, il n’avait pas eu l’information. « elle est si belle ! » je lui sors mon téléphone pour lui faire voir la première photo que j’ai fais avec elle dans mes bras. « Regarde ! » et alors que je lui tends le téléphone, une notification de Uber Eat apparait sur mon téléphone. « On s'commande à manger ? » genre, maintenant ? Je jete un œil à l’œil, il est même pas 18h. hm. Il est completement à l’ouest. « Chinois ça te dit ? J'suis affamé ! » ca m’fait rire. « Okay ca m’va. » et même si j’avais pas forcément faim, l’appétit vient en mangeant, comme on dit. « Ça va être lent, septembre, quand même... » petit regard complice, est ce que ça voulait dire qu’il allait déjà cracher le morceau et me dire l’issue de cette aventure ? « Tu vas m’dire, tout m’dire, hein ? »

Malheureusement, la production de Race of Australia m'avait fait signer un contrat avant le début de l'aventure afin que je tienne ma langue quant à l'évolution et le dénouement de cette dernière. Je sentais que ça allait être extrêmement difficile de cacher à Noa toutes les aventures que j'avais vécues aux côtés de ma merveilleuse binôme @Grace Coughlin. Comment saurais-je taire durant de longs mois le fait que j'avais monté un chameau prénommé Pégase lors d'une épreuve que j'avais concourue avec @Martin Murphy ? Comment pourrais-je ne pas lui divulguer l'incroyable de notre épopée résultant d'une épreuve de rafting au cours de laquelle, avec @Elias Sanders, @Kane Williamson, @Kieran Halstead et Grace, nous avions côtoyé de très proche le drame ? Je mourrais d'envie de lui relater la mémorable course de voitures au sein de laquelle je m'étais opposé à @Sienna Hawkes et même les petites rencontres inopinées comme celle au début de l'aventure où avec le binôme de @Gregory Morton, nous nous étions invités à une fête qui avait mal tourné suite au déclenchement d'une alarme incendie. Je désirais que ma meilleure amie sache tout sur tout, de la soirée camping où @Tommy Warren et @Liam Taylor nous avaient fait la surprise de nous joindre après leur combat de paintball, à la ruée vers la destination finale de la compétition sur un bateau de petit pêcheur. J'étais parvenu en finale de cette compétition et bien que Noa entretenait beaucoup plus de confiance en moi que je ne savais m'en accorder, j'étais extrêmement impatient qu'elle découvre le récit rocambolesque auquel j'avais participé et réalise que je m'étais rendu aussi loin dans cette aventure. Si elle devait se douter que j'avais au moins tenu quelques semaines parce que @Love Bryce était rentrée à Brisbane avant moi, peu lui indiquait jusqu'à quelle semaine je m'étais rendu. Inavouablement, je me sentais déjà fier qu'elle prenne connaissance de ma course par ce vecteur.  « Je verrai bien si tu changes de voiture demain de toutes façons. » Je ris doucement, ouvrant déjà la bouche pour rétorquer quelque chose avant de sceller mes lèvres et me retenir juste à temps. Ça allait vraiment être difficile de ne pas laisser filer quelques secrets...

Toutefois, rien ne m'empêchait d'annoncer haut et clair à quel point j'étais heureux de tomber sur la Jacobs. « J’ai bien cru que t’allais finir par me dire que je t’avais même pas manqué. » « Eh. Tu m'as horriblement manqué, » je prononçais en poussant avec plaisanterie l'épaule de mon interlocutrice, mon intonation néanmoins des plus sincères. « Ton sale caractère, tes manies, ta curiosité... » Je commençais à taquiner avant de reprendre avec sérieux : « En vrai, c'était horrible de pas savoir ce qui se passait de ton côté et d'avoir aucun moyen d'être rassuré. J'me faisais beaucoup de souci, j'avais peur que t'ailles pas bien. J'étais pas prêt à tant de temps sans aucune nouvelle de toi. Je suis soulagé et content de voir que tu vas bien. »

Je retirais mon sac à dos de mes épaules, ensuite pesé par mon amie qui s'étonnait de son poids avant de m'inviter à faire comme chez moi. Je ris doucement avant d'aller à l'essentiel : déterminer si on allait bien passer la soirée ensemble. La jeune femme accepte d'un hochement de tête qui me ravit puis m'apprend que l'enfant de Josh et Arrow est née. Ni une ni deux, la bouille de la petite Maia m'apparaît. J'oriente le téléphone portable de Noa pour voir un peu mieux le nourrisson sur le cliché, un tendre sourire apparaissant instantanément sur mes lippes. « Elle est magnifique. Ils ont fait du beau boulot. » Je retirais mes doigts du téléphone de Noa, commentant : « C'est super joli comme prénom, Maia. Elle est née quand ? » Je n'oubliais pas le petit jeu lancé par les parents dont le gain m'était inconnu.

Mon estomac crie famine, c'est que depuis la mi-juin, je ne mange pas réellement à ma faim et le confort est devenu une notion très abstraite. Noa accepte que l'on passe commande et c'est parti pour du chinois. « Tu veux quoi ? » Parce que tout me fait envie sur le menu que je tends à la brune. Quelques secondes de silence passent et l'envie de raconter ce que j'avais vécue à Noa est de plus en plus forte. Tenir jusqu'en septembre compose un nouveau calvaire. « Tu vas m’dire, tout m’dire, hein ? » Je grimace. « Si seulement j'pouvais... » Je réfléchis aux manières de truander le contrat. « J'ai vraiment rencontré des supers personnes. J'regrette pas du tout d'y être allé, tu sais, » je lui avoue, le regard brillant de bonheur. « Et tu sais quoi ? J'ai qu'une hâte, c'est partir avec toi pour notre voyage ! Quand est-ce qu'on s'en va ? » Ça y était, j'avais la piqûre des séjours découvertes et nouvelles expériences.

 « Eh. Tu m'as horriblement manqué, » Il fallait bien que je fasse un peu ma drama Queen et sa réaction me convenait très bien.  « Ton sale caractère, tes manies, ta curiosité... » je voyais absolument pas du tout de quoi il voulait parler en évoquant ces traits de caractère. S’il m’avait nommé tireuse de portrait officielle pour son cas, je pense que si je devais faire appel à quelqu’un pour vanter mes qualités, je me passerai de faire venir Isy. « En vrai, c'était horrible de pas savoir ce qui se passait de ton côté et d'avoir aucun moyen d'être rassuré. J'me faisais beaucoup de souci, j'avais peur que t'ailles pas bien. J'étais pas prêt à tant de temps sans aucune nouvelle de toi. Je suis soulagé et content de voir que tu vas bien. » Hm, avais-je tant l’air d’une jeune femme en détresse ? « Tant que ça ? J’suis du genre à faire flipper tant que ça ? » que j’lance amusée, j’imagine qu’il en rajoutais un peu. « T’en fais pas, je me suis trèèès bien débrouillée pendant tout ce temps ! On s’est fait quelques soirées avec Josh, avec Swann, Jane… » Nicolas était moins présent quant à lui. « Tout va bien. tu nous as juste manqué aussi, mais on se doutait que de ton côté, tout se passait bien ! » et y a quelques chose dans son regard qui a l’air d’avoir changé d’ailleurs. Serait-ce une petite étincelle que j’observais, juste là ?
Fière de ma nièce, j’avais déjà montré sa photo à tous mes collègues, le TBBC avait eu l’honneur de faire sa connaissance aussi, et le tour d’Isaac arriverait bientôt aussi. « Elle est magnifique. Ils ont fait du beau boulot. » j’suis assez d’accord et j’trouve qu’elle me ressemble aussi – aucun commentaire sur le fait qu’Arrow et moi n’avions aucun sang en commun, c’est juste qu’elle a presque les mêmes yeux que moi. Tiens bon Maïa, tu risqueras de te faire un peu brusquée à l’école, parce que les enfants sont pas très cool, mais après, tu sauras en faire un atout majeur. Témoignage véridique ! « C'est super joli comme prénom, Maia. Elle est née quand ? » je comptais sur mes doigts. « y a trois semaines… le 5 juillet en fait ! » j’espérais ne pas dire de bêtise à ce sujet là. Josh confirmera mieux que moi.
On allait se poser sur le canapé d’Isaac, réfléchissant à ce que j’avais bien envie de prendre. « J’pense que j’vais prendre un potage et du riz juste. » et je sens déjà son regard accusateur se poser sur moi. J’anticipe. « il est tot, j’ai pas forcément faim et moi j’ai mangé normalement depuis six semaines. » ca m’fait rire, j’imagine que lui, il avait eu faim quelques fois. « Comme tu vois, j’ai pas perdu un gramme. » alors que lui avec laissé quelques côtes sur la route. Mais, j’imagine que le rythme devait être effréné.  « Bon… » petit regard en coin. « va pour des nems… poulet. Ouh non, un bobun ! » on était bien loin de la soupe mais bon, sa faute aussi !
« J'ai vraiment rencontré des supers personnes. J'regrette pas du tout d'y être allé, tu sais, » ca devait être ça, l’étincelle dans ses yeux. « Attends… » j’ai une révélation là ! « T’as trouvé la femme de ta vie ? » j’ai l’impression que c’est ça ! Que ca peut être que ça ! Genre, il est avec une nana, et hop, histoire d’amour, coup de foudre et tout l’reste !
« Et tu sais quoi ? J'ai qu'une hâte, c'est partir avec toi pour notre voyage ! Quand est-ce qu'on s'en va ? » purée mais depuis le temps qu’on en parle. « D’ailleurs… » je choppe à nouveau mon téléphone mais cette fois ci, téléphone professionnel. « tu crois que l’hopital t’accorderai encore quelques semaines dans les mois à venir ? » dis oui dis oui dis ouiiii

Mon retour à Brisbane me rendait à la fois extatique et nerveux. J'étais étonnement heureux de reprendre mon train-train quotidien que je plaçais derechef en chantier : j'avais en effet décidé de mettre de l'ordre dans ma vie, de cesser d'accorder autant d'importance à des éléments et des personnes qui finalement, n'en méritaient pas autant. J'avais opté pour démarrer un gigantesque tri n'ayant pour but que d'assainir mon quotidien et me permettre de m'épanouir davantage. Revoir mes priorités et me positionner en premier. J'avais conscience qu'en agissant ainsi, je pourrais facilement être considéré comme égoïste et insensible, mais j'avais réalisé aussi que je nécessitais grandement d'apprendre à me défendre et penser à moi en autre lieu qu'en dernière position.

Noa me charrie et bien entendu, je tombe les deux pieds dans le plat : ça m'apprendra à voleter sur les sentiments que je lui voue dès la moindre perche qu'elle me tend. « Tant que ça ? J’suis du genre à faire flipper tant que ça ? » « Ha ben voilà, j'fais preuve de mansuétude et tu te moques. » J'affiche une grimace faussement amusée. La Jacobs me relate avoir passé plusieurs soirées avec nos autres proches amis et un sourire en coin apparaît sur mes lippes. « Tout va bien. Tu nous as juste manqué aussi, mais on se doutait que de ton côté, tout se passait bien ! » Je ne sus réprimer un rire nerveux. « Je suis heureux d'entendre ça. J'ai assez hâte que vous regardiez l'émission, je t'avoue. » Et éventuellement visionner mon arrestation forcée, ma lutte contre un molosse, ma chute d'un chameau... Je m'asseyais sur une des chaises de mon comptoir, précisant : « Puis je flippe pour tous les gens que j'aime. » C'était un comportement très souligné chez moi. Je ne m'attachais pas extrêmement facilement ni rapidement, mais les rares personnes qui dérobaient une partie de mon cœur se la voyait aussi dédiée chèrement et inconditionnellement, tant que je redoutais toujours que quelque chose ne leur arrive.

Noa m'apprend l'excellente nouvelle de la naissance de Maia, tout en me montrant une photographie du poupon. La tendresse se lit sur mon portrait et je complimente de suite le nouveau-né, que j'ai hâte de rencontrer. N'oubliant pas le petit jeu lancé par les parents, je questionne curieusement mon interlocutrice sur la date de naissance de la petite. « Y a trois semaines… le 5 juillet en fait ! » J'hausse les sourcils, à la fois surpris et fier : « Oh j'étais pas loin. J'avais dit le 1er. » Je conserve mon sourire puis réalise soudainement que j'ai totalement zappé le cadeau de naissance. « T'as déjà fait ton cadeau de naissance ? » Parce que si ce n'est pas le cas, on pourrait toujours le faire à deux. « Comment vont les parents ? » Je questionne, soucieux.

Mon estomac crie famine et la directrice d'association accepte à mon plus grand ravissement que l'on commande chinois. Je lui lance un regard incrédule lorsqu'elle m'annonce ne souhaiter qu'un potage et du riz. « Il est tôt, j’ai pas forcément faim et moi j’ai mangé normalement depuis six semaines. » Je lance un coup d’œil à la pendule, riant doucement devant la véracité des propos de Noa et du fait que je sois prodigieusement à l'ouest sur ce coup-là. J'adresse un regard discrètement déçu au menu que j'aurais bien commandé dans son intégralité pour ma part, tant mes boyaux craquaient, allure qui n'a possiblement pas échappée à ma visite de la soirée qui change ses souhaits pour un bobun tout de même plus festoyant qu'un potage. Ce changement de situation me fait largement sourire. « T'es sûre ? » Je questionne toutefois, ne voulant pas non plus forcer Noa. J'attrape par la suite mon téléphone afin de passer commande. Une fois la communication terminée, un air malicieux emprunte mes traits. « Et tu sais quoi, j'pense à un truc. » J'échange un regard complice avec la trentenaire. « Il est pas top tôt pour prendre l'apéro, n'est-ce pas ? » Noa n'avait, en ma connaissance, jamais dit non à une boisson alcoolisée ou à l'ouverture d'une bouteille de vin, sauf cas particulier.

Je commence à sortir de quoi passer une excellente soirée en compagnie de ma meilleure amie, mes pensées vagabondant toutefois sur mon épopée Race of Australia. Sincère, je lui confie qu'il sera très difficile de tenir ma langue face à elle, y avoir rencontré d'excellentes personnes et n'absolument pas regretter y avoir participé. De suite, Noa soupçonne que j'y ai rencontré ma moitié, ce qui me fait rire avec bonne humeur. La femme de ma vie ne se trouvait pas parmi les concurrents de la course mais je ne peux résister à la tentation d'en jouer : « Pour ça aussi, va falloir que tu regardes l'émission. » J'offre un clin d’œil à la brune et reviens m'installer à ses côtés dans le salon.

Femme de ma vie ou pas, je n'ai certainement pas perdu de vue l'aventure que nous avions nous-même décidée et ambitionnée il y a quelques mois. L'Amérique Latine nous attendait, paraissait-il. Noa dégaine son téléphone professionnel et curieux, je l'observe tapoter dessus. « Tu crois que l’hôpital t’accorderait encore quelques semaines dans les mois à venir ? » Grimace perplexe de ma part : j'avais absolument aucune idée de comment le service se portait depuis mon départ. Je me promettais de passer un coup de fil à Alice dès demain, d'ailleurs. « Techniquement, j'ai encore du congé sur mon solde courant. Si je demande assez en avance, ils devraient me dire oui... Puis j'peux toujours essayer de m'arranger avec les collègues, » Quand on veut, on peut ? Si je restais méfiant vis-à-vis de mes relations, j'avais gagné en confiance et optimisme en ce qui concernait les aléas de ma vie et ma manière de m'adapter ou de les faire tourner en ma faveur. « On partirait quand ? » Je questionne, enthousiaste et impatient.

Je regarde mon ami sans comprendre les mots qu’il emploie en s’adressant à moi. Mansuétude… j’irai chercher la définition sur google plus tard, quand il ne sera pas là pour vérifier ce que je fais et lui donner une occasion de se moquer de mon manque flagrant de vocabulaire. « Je suis heureux d'entendre ça. J'ai assez hâte que vous regardiez l'émission, je t'avoue. » et moi alors ! complétement excitée, encore plus que lors de la diffusion de Mariés au Premier Regard quand Matt y est passé. « Puis je flippe pour tous les gens que j'aime. » je fronce les sourcils. « Pour quelle raison ? T’es devenu un connard détestable pendant l’émission ? » que je demande en connaissant déjà la réponse ! Pour moi, il n’y avait aucune raison qu’il flippe pour nous enfin, j’ai du mal à saisir le sens de son propos. « J’ai mon lot d’émission chaque saison, j’me demande qui sera le prochain à participer à une émission et dans quel genre. On s’est posé la question avec Swann, il me voit dans les anges de la télé réalité en mode vieille peau qui donne des leçons à tout l’monde ! » ca m’fait rire, c’était pas dit avec ces mots là, mais c’était bien le sens. « Moi j’me vois plutôt coach en séduction, j’crois que ça me convient plutôt bien. » je hoche la tête, tentant de me convaincre moi-même, à en voir ma vie amoureuse si catastrophique. Ma dernière experience avec Greg témoignait aussi en ce sens, je ne pouvais pas dire que notre petite histoire, si courte soit elle, soit un exemple pour tous. Rencontrés dans un speed dating, ghostée au deuxième rendez-vous, disparu après le troisième pour participer à son tour à cette même émission, apprendre qu'il avait couché avec mon amie durant le tournage. Nous venions tout juste de nous retrouver. J'imagine qu'il se défendrai davantage en me disait que pour lui, notre relation n'était pas clair, qu'il n'y avait rien de vraiment défini. Pourtant, de mon côté, j'avais ce sentiment que tout avait été posé sur la table et qu'il n'avait plus qu'à se servir : en d'autres mots, je l'avais prévenu, j'étais pas en sa compagnie juste pour passer l'temps. Si Greg me faisait toujours autant d’effet, je n’avais pour autant aucune idée de la direction que prenait notre relation - si bien qu'elle existait toujours?
Concernant la naissance de Maïa, Isaac semlait être tombé à quelques jours lors de son estimation en réponse au jeu de Josh et Arrow. « J’ai honte, j’ai pas répondu… » que j’avoue sans grand fierté. « Mais bien joué ! peut être que tu vas avoir droit à un cadeau ! » j’ignorai cependant quelles étaient les autres propositions des autres joueurs. « T'as déjà fait ton cadeau de naissance ? » je secoue la tête, qu’est ce que j’étais une mauvais tante quand même. « Nop, mais j’ai repérés quelques trucs ! Et bon, Arrow a déjà dévaliser milles magasins pour l’arrivée, y avait plus trop l’choix, et toi ? » j’imagine que s’il posait la question, c’était pas sans intérêt. « J’ai pensé à une écharpe de portage et en fait, j’me dis que j’vais surement ouvrir un compte pour Liam et Maïa, pour leur mettre régulièrement de l’argent dessus… genre, pour se payer le permis ou ce qu’ils veulent, plus tard. Parce qu’ils sont déjà pourris gâtés, j’sais jamais quoi offrir, ils ont toujours tout ! » ca m’empêcherait pas d’ajouter un petit quelques chose à déballer le jour des anniversaires ou à Noel, pour marquer l’coup. « Comment vont les parents ? » « On peut les appeler tout à l’heure si tu veux ! Déjà Josh, ca lui ferait plaisir ! j’sais pas si t’as prévenu quelqu’un que t’étais rentré ? »
Le Bobun me fait finalement de l’œil et je vois sur la mine d’Isaac que ça lui fait bien plus plaisir qu’un potage avec trois bout de tofu qui se battent en duel. Je confirme mon idée quand il saisit son téléphone pour passer commande. « Et tu sais quoi, j'pense à un truc. Il est pas top tôt pour prendre l'apéro, n'est-ce pas ? » cette soirée allait finir comme bon nombre de soirées passées : couchés sur le canapé, les jambes entre lacées et avec l’incapacité d’aligner trois mots sans bégayer. « Jamais trop tôt ! »
« Pour ça aussi, va falloir que tu regardes l'émission. » J’espère que ce n’est pas au travers d’un écran que j’allais apprendre la nouvelle idylle de mon ami, « eh ! j’refuse de l’apprendre dans un magazine people ! aller, dis moi de qui j’dois me méfier maintenant. » je bas des cils, prête à passer au rayon X toute prétendante qui s’approcherait un peu trop d’Isaac ! Pour ce qui est de notre projet dont on parle depuis des mois, voir plusieurs années maintenant, je sentais qu’on était jamais aussi proche de réellement partir. « Techniquement, j'ai encore du congé sur mon solde courant. Si je demande assez en avance, ils devraient me dire oui... Puis j'peux toujours essayer de m'arranger avec les collègues, » voilà une nouvelle qui devenait pour moi suffisament concrête même si en réalité, on avait aucune certitude que de son côté, ce serait accepté. « On partirait quand ? » je réfléchissais aux projets en cours à l’association et si ma présence était réellement obligatoire ou non. « En aout, j’ai un gros gala en préparation, j’peux pas louper ça. Mais septembre… Mais, même si on est à l’autre bout du monde, j’veux m’assurer de pouvoir regarder ROA ! » non négociable ! même si on se trouvait au milieu de la jungle ou je sais où, j’veux un accès à l’internet, au moins !
Je me levais enfin, pour voir ce qu’il  y avait dans les placards pour ce fameux apéritif. J’allais dans le placards secret – pas si secret – d’Isaac pour voir les bouteilles qui se présentaient à nous. « Rhum, vodka, Gin… » il pensait peut être à quelques chose de plus soft en proposant un apéritif mais j’étais pas contre un bon cocktail. Ti punch, Mojito, Margarita ou encore Gin tonic, mais pour ça, il fallait les ingrédients qui iraient avec. « J’suppose que t’as pas grand-chose pour aller avec. » sauf si un petit lutin était venu durant son absence pour remplir le frigo et les autres placards. « J’me ferai bien un Caipi. J’suppose que t’as pas de citron ? » je dégainais mon téléphone à la recherche de cocktail les plus improbable en fonction de ce qu’on trouverai dans le coin. Et puisqu’on appelait cocktail le mélange de deux ingrédient après tout… Black Russian, mélange de vodka et liqueur de café, non merci… je grimaçais en le voyant. « Cervelle de Singe, c’est quoi ça… » je clique par curiosité pour en savoir un peu plus sur sa composition : crème de whisky, grenadine et vodka, ca me donnait pas envie non plus. « Nop, pas ça… Porn Star Martini ! » ce nom me fait presque crier de surprise. « Mon dieu, ce qu’on invente pas ! » ca m’fait rire, regardant Isaac en étant intriguée. « Ca va mal finir cette histoire !  Vanille, passion, vodka, purée de fruit de la passion. En vrai, ça a l’air trop bon, j’suis prête à traverser la rue pour aller acheter ce qu’il faut ! » motivation à son summum. « En dessert on peut se faire un colonel aussi, c’est de la glace avec de la vodka ! » en vrai, on pouvait se faire une petite liste de ce qu’on voulait tester et aller acheter ce qu’il fallait en conséquence. « On peut aussi prendre du vin ou de la bière. » que je dis en calmant mes ardeurs. « C’est ton retour qui me rend folle ! » je dis en riant. « Vas-y tu as envie de quoi ? » après tout, de mon côté, je n’avais manqué de rien pendant ces six semaines, du tequila sunrise au bloody mary en passant par une bonne IPA… est ce que je m’étais un peu trop hypée après sa proposition ? Hm, peut être bien !

Noa me charrie sur le fait que mon comportement l'inciterait à songer qu'elle ne m'a pas manquée durant les six dernières semaines et spontanément, j'oeuvre pour l'en dissuader. Il ne me faut pas très longtemps toutefois pour constater que ma meilleure amie se joue de moi et j'estime en avoir trop dit lorsque je lui annonce que par définition, je me soucie pour tous les gens que j'aime. C'est plus fort que moi, j'ai une tendance perpétuelle au négatif, je m'imagine toujours les scénarios les plus abominables les uns que les autres et parmi ceux-ci, il y a la disparition de mes meilleurs amis. Les sensations de vide et d'abandon m'étreignent incessamment et elle ne sont que soutenues par mes cauchemars. Noa fronce les sourcils, déclarant : « Pour quelle raison ? T’es devenu un connard détestable pendant l’émission ? » Je souris doucement, préférant saisir la perche de l'humour plutôt que d'extrapoler sur ce qui peut coincer dans ma tête : « Encore une fois, ma chère Noa, faudra que tu attendes septembre ! » J'expose sur un ton chantonnant.

« J’ai mon lot d’émission chaque saison, j’me demande qui sera le prochain à participer à une émission et dans quel genre. On s’est posé la question avec Swann, il me voit dans les anges de la télé réalité en mode vieille peau qui donne des leçons à tout l’monde ! » Je ne peux m'empêcher de rire. « Moi j’me vois plutôt coach en séduction, j’crois que ça me convient plutôt bien. » Je fronce doucement les sourcils, mes pensées trahies sur mon visage. « Mh. J'serai plutôt de l'avis de Swann perso... T'es pas mal dans le rôle du grand sage qui donne des leçons et des conseils à tout le monde. Pour c'qui est de la vieille peau... » Je commence en taquinant. J'avais beaucoup d'affection pour la Jacobs et j'estimais grandement son avis dans mes prises de décision. Lorsque quelque chose clochait et j'avais besoin d'en parler à quelqu'un, elle était toujours la première personne - et quasiment toujours l'unique - que je contactais. Ainsi, elle avait conscience de la majorité de mes secrets et pouvait aisément se vanter me connaître mieux que quiconque, même mieux que mes ex.

Je ris doucement quand Noa m'avoua avoir zappé le jeu lancé par les jeunes parents. « Mais bien joué ! peut être que tu vas avoir droit à un cadeau ! » « Si tu veux j'dis qu'on a bossé en équipe, » je propose généreusement, avant de m'inquiéter du cadeau de naissance. On me rappelle à juste titre que les progénitures de Josh sont gâtées et la stratégie de Noa semble être l'ouverture et l'approvisionnement d'un compte en banque. Pas bête du tout, mais me connaissant, jamais j'irai à la banque, même pour eux. J'y allais déjà pas pour moi. « J'avais pensé qu'on aurait pu faire un truc à deux, » je lance tout de même une bouteille à la mer, soupçonnant néanmoins que l'écharpe de portage considérée ne doit pas coûter assez pour qu'on se mette à deux sur ce cadeau. Tant pis, je trouverais un autre moyen. Je m'intéressais ensuite à l'état des deux parents. « On peut les appeler tout à l’heure si tu veux ! Déjà Josh, ça lui ferait plaisir ! j’sais pas si t’as prévenu quelqu’un que t’étais rentré ? » Franc sourire aux lèvres, j'approuvais entièrement la proposition.  « Oui, carrément ! J'ai prévenu personne, t'es la seule au courant pour l'instant. » J'avais certes consulté mes emails et messages privés dès que j'avais eu le droit de récupérer mon smartphone mais je ne m'étais pas pris au jeu de discuter à distance, préférant profiter pleinement des derniers moments de l'aventure avec les concurrents encore sur place.

La commande au chinois est passée et Noa accepte même de troquer son potage pour un bobun bien plus respectable pour ce que j'entrevois tel un festin de retour. D'ailleurs, s'il est tôt pour dîner, il me semble être l'heure idéale pour l'apéro. « Jamais trop tôt ! » « C'est parti ! » Je m'oriente avec entrain vers le buffet afin de sortir les verres et confie à Noa ne regretter aucunement l'aventure que je venais de vivre, au sein de laquelle j'avais eu la chance de faire d'excellentes rencontres. L'idyllique femme de ma vie est forcément évoquée et je laisse le suspens planer, affectionnant beaucoup trop la porte de sortie : "Il faut attendre septembre". « Eh ! j’refuse de l’apprendre dans un magazine people ! Allez, dis-moi de qui j’dois me méfier maintenant, » un rire file entre mes lippes et j'opte pour une diversion en discutant de notre projet d'envergure. Je suis plutôt confiant de pouvoir prendre des congés afin de partir en Amérique Latine avec Noa, mais il reste encore beaucoup à programmer et notamment dénicher une période de séjour qui nous convienne à tous les deux. « En août, j’ai un gros gala en préparation, j’peux pas louper ça. Mais septembre… Mais, même si on est à l’autre bout du monde, j’veux m’assurer de pouvoir regarder ROA ! » Je souris, aussi fier qu'heureux de l'attention que porte la Jacobs à cette compétition pour laquelle j'avais donné corps et âme. « C'est quoi, ce gala ? » Je questionne, aussi curieux qu'intéressé. « Tu m'inviteras ? » Je demande, malicieux. « On peut partir après la diffusion de ROA ? » Je suggère par la suite.

Noa vient me prêter main forte pour organiser l'apéro. « J’suppose que t’as pas grand-chose pour aller avec. » « J’sais pas trop. Normalement, Oakley vit encore ici. » Noa dégaine son téléphone et s'improvise barmaid avec les moyens du bord. Je lorgne sur l'écran de son téléphone, complice. « Nop, pas ça… Porn Star Martini ! Mon dieu, ce qu’on invente pas ! » « Et juste avant un Sex on the Beach, ça doit pas être mal, » je plaisante. Noa est motivée et ça m'enthousiasme. En fait, il fallait lui parler apéro plutôt que chinois. « En dessert on peut se faire un colonel aussi, c’est de la glace avec de la vodka ! » « Tout c'que tu veux. On peut même aller à la boutique du coin. » Je tapote mes poches, à la recherche de mon porte-feuilles. « On peut aussi prendre du vin ou de la bière. » Je hoche les épaules, indifférent, bien que cette option soit moins folichonne. « C’est ton retour qui me rend folle ! » « Rho, j'aime te faire un tel effet ! » je taquine en attirant Noa dans mes bras quelques secondes avant de lui dérober son téléphone portable de sorte à prendre connaissance de la page web qu'elle parcourait.  « Vas-y tu as envie de quoi ? » « J'ai envie de trucs qu'on fait jamais ! Allez vas-y balance moi les ingrédients, je cherche dans les buffets ! »

Je crois sous estimer la capacité d’Isaac a garder un vrai secret et surtout quand il s’agit d’un contrat comme celui qu’il a signé avec la boite de production de son émission, mais je pense qu’il sous estime aussi ma capacité à lui tirer les vers du nez. Et si ce n’est pas ce soir, ce sera pour la prochaine fois, ou la suivante. Mais il n’avait pas fini d’en entendre parler, à force, je savais qu’il céderait à la pression constante que j’étais capable de lui mettre sur le dos. J’étais presque capable de lui faire du chantage affectif.
« Mh. J'serai plutôt de l'avis de Swann perso... T'es pas mal dans le rôle du grand sage qui donne des leçons et des conseils à tout le monde. Pour c'qui est de la vieille peau... »J’allais faire comme si sur ce point là, il n’était pas d’accord avec notre ami. J’allais faire comme si c’était un compliment. « J’suis d’accord aussi. Tous les mecs écouteraient mes conseils très attentivement, pendant que les nanas baveraient de jalousie sur ma poitrine non retouchée et encore bien portante pour mon âge. » je lance avant de lâcher un rire en observant mes seins de mon point de vue. Le secret de tout ça ? Ne pas porter de soutien-gorge, ça change la vie ! « D’ailleurs, je passe un casting la semaine prochaine, moi aussi ,j’veux mon heure de gloire ! » même pas en rêve, mais d’ailleurs, j’me demande comment peuvent bien se passer ce genre de casting. « Dis moi, les gens étaient sympa quand même ? » mine de rien, question anodine, j’allais peut être avoir quelques informations quand même.
« J'avais pensé qu'on aurait pu faire un truc à deux, » j’étais pas contre l’idée, au contraire, peut être qu’à deux on allait pouvoir brainstormer et trouver une idée plus originale que celle que j’avais eu. « Ouais, ca m’va ! » et ca m’empêchait pas d’ouvrir les comptes prévus pour mes neveux et nièces. D’ailleurs, je me demandais si ce ne serait pas aussi équitable d’en faire un pour la fille de Mina et Carlisle, après tout, elle était aussi ma nièce… même si je venais seulement de faire sa connaissance, presque un an après sa naissance. Mais ce n’était pas sa faute.
Je proposais ensuite à Isaac qu’on appelle au moins Josh pour lui faire la surprise et lui demander comment il se portait depuis cette nouvelle naissance. Ce serait l’occasion de tâter le terrain et voir ce qu’il se passait avec Arrow aussi. « Oui, carrément ! J'ai prévenu personne, t'es la seule au courant pour l'instant. » j’aimais l’idée d’être la seule au courant du retour d’Isaac et donc de pouvoir profiter de sa présence sans scrupule. Personne ne l’attendait et personne ne m’attendait non plus…
Commande faite, l’apéro allait se préparer, Isaac sortait déjà les verres, je fouinais dans les placards à la recherche de quoi faire quelques cocktails. « C'est quoi, ce gala ? » j’haussais les épaules. « Gala annuel de l’association, pour fêter l’anniversaire. Avec tout le gratin de Brisbane pour se donner en spectacle et faire preuve de générosité envers une Asso déjà pleine aux as. » D’ailleurs, association Beauregard n’en était pas vraiment une, on était plutôt sur une fondation qui amassait quand même quelques billets. Les Beauregards savaient bien gérer leur patrimoine. « Tu m'inviteras ? » « Invité privilège alors ! » avec plaisir en réalité, mais je me demande si comme moi, il n’allait pas finir par s’ennuyer. Ma présence y était une obligation, la sienne devait être un plaisir. « On peut partir après la diffusion de ROA ? » ca nous fait sans doute reporter le départ vers octobre, en réalité, c’était okay pour moi. « Va pour partir après ROA. Mais j’veux pas louper un épisode en ta présence ! » tout comme j’avais pas loupé un épisode de MPR en la présence de Matt.
Les yeux plongé sur mon téléphone, à la recherche du cocktail parfait, alors que je relève la tête, mes yeux se posent sur un concombre sur le plan de travail de la cuisine. « Je sais ! » mais oui ! « Un Moscow Mule ! » il nous fallait la vodka, donc là on était bon, je sortais la bouteille de placard juste devant moi. « Du ginger beer ? » je me doute que ça, il en avait pas, c’était pas courant dans les cuisines. « J’ai une passion pour les concombre dans les cocktails. » étrange passion, je pouvais pas l’ignorer. Et j’ai une passion pour les cocktails tout court, ça mêlé à l’excitation de retrouver Isaac et de passer la soirée avec lui, j’étais au summum du bonheur tien. « Rho, j'aime te faire un tel effet ! » pas peu fière, je me laissais blottir contre Isy avant qu’il ne me prenne le téléphone des mains pour visionner l’écran à son tour. « J'ai envie de trucs qu'on fait jamais ! Allez vas-y balance moi les ingrédients, je cherche dans les buffets ! » « On boit jamais de champagne ! » rarement en tout cas. « tiens, regarde celui là. Désire d’un soir. » je clique dessus, laissant apparaitre la liste des ingrédients. « Jus de citron, crème de pêche, whisky et champagne ! » au pire, s’il manquait un ingrédient, on s’en passerait. « on peut fêter ta victoire non ? » hm, je questionne, pour voir si j’arrivais à lire sa réaction et savoir si je visais juste ou non.

Un vent entraînant les amis et proches de Noa dans des émissions télé-réalité souffle dans son existence et je consens qu'avec toutes ces participations, il puisse être alléchant de songer à concourir à une telle aventure. Cependant, il resterait encore à déterminer quel style de compétition conviendrait à la directrice d'association. Comme Swann, je dépeins aisément ma meilleure amie dans le rôle de grande sœur ou personnage sage de l'aventure à conseiller ou donner des leçons aux autres jeunots inscrits. « J’suis d’accord aussi. Tous les mecs écouteraient mes conseils très attentivement, pendant que les nanas baveraient de jalousie sur ma poitrine non retouchée et encore bien portante pour mon âge. » Je ris doucement, ouvrant la bouche pour formuler un commentaire sur les notions de nudité dans Race of Australia avant de me résigner à la dernière seconde. Avec de l'alcool, je sentais que ma langue serait dangereusement déliée. « D’ailleurs, je passe un casting la semaine prochaine, moi aussi ,j’veux mon heure de gloire ! » « Juste une heure ? » Je taquine avant d'acquiescer avec réserve lorsqu'elle me questionne si les personnes rencontrées dans le cadre de la production de la course étaient sympas en général. Il y avait eu d'excellentes rencontres et bien entendu, des petites exceptions qui confirmaient cette règle, mais je préférais ne pas m'attarder sur celles-ci.

La nouvelle de la naissance de Maia me réjouit et bien vite, je pense au cadeau de naissance à me procurer. Etant le genre de type détestant faire du magasinage, ça m'arrangerait grandement si je pouvais m'allier à ma meilleure amie pour offrir ce présent de bienvenue. « Ouais, ça m’va ! » « Génial ! » Le soulagement se lit facilement sur mes traits. « Faudrait p'tet prendre un petit truc pour Liam aussi, question qu'il ne soit pas jaloux ? » J'ignorais comment le garçonnet prenait la naissance de sa petite sœur mais si l'on pouvait éviter d'attiser quelconque jalousie dès les premières semaines, ce serait peut-être bénéfique. Un appel téléphonique est dans les tuyaux et la commande au chinois est passée.

Je commençais à sortir ce qui était susceptible de réaliser de bons cocktails pour notre soirée lorsque Noa abordait un gala pour l'association Beauregard. « Gala annuel de l’association, pour fêter l’anniversaire. Avec tout le gratin de Brisbane pour se donner en spectacle et faire preuve de générosité envers une Asso déjà pleine aux as. » « Ha ouais, » je soufflais, en déduisant qu'il fallait être sur son 31 à ce genre d'événement. « Tu vas t'habiller aussi classe qu'à notre soirée du nouvel an ? » J'interrogeais avec malice, avant de demander si je pouvais être de la partie. « Invité privilège alors ! » Un large sourire étire mes lippes. « T'es trop bonne pour moi, » je rétorquais avec un clin d’œil, sincèrement reconnaissant toutefois de cet honneur.

Pour ce qui concernait notre voyage en Amérique Latine, celui-ci se tiendrait après la diffusion des épisodes de Race of Australia. « Va pour partir après ROA. Mais j’veux pas louper un épisode en ta présence ! » « J'espère bien ! » J'approuvais entièrement, mon sourire s'élargissant contre ma bouche. « J'ai tellement hâte que tu vois ça ! » Si j'espérais naïvement que certains moments gênants n'apparaissent pas sur les écrans tels que ma terreur de sauter à l'élastique, ma chute de chameau, mon arrestation et mon altercation avec un canidé enragé, j'étais aussi fier que ma meilleure amie soit en mesure de me voir arriver si loin dans une compétition et être témoin, je l'espérais, de comment j'étais parvenu à me surpasser dans cette compétition. J'avais l'impression d'avoir énormément évoluer et je trépignais d'affronter mon quotidien et faire de l'ordre dans ma vie avec ces nouveaux outils et leçons en main.

Noa recherche les cocktails parfaits et je me pose à côté d'elle, suivant du regard ses recherches sur le web. Les ingrédients sont regroupés, les noms de boissons affluent et je ne peux le cacher très longtemps : j'adore voir l'entrain de mon interlocutrice que j'étreins affectueusement avant d'inviter à l’innovation totale. « On boit jamais de champagne ! » Un rire file entre mes lèvres, d'abord surpris puis considérant sérieusement cette option. « Tiens, regarde celui là. Désir d’un soir. » Je haussais les sourcils. Les barmen qui concoctaient tous ces rafraîchissements pensaient vraiment qu'à pécho. « Jus de citron, crème de pêche, whisky et champagne ! » « Mh, ça a l'air parfait, » je commentais avant de m'orienter vers le débarras, à la recherche d'une bouteille de champagne. Il me semblait en avoir eu une par les Flying Doctors. « On peut fêter ta victoire non ? » Je ris et retourne l'interrogation : « Et on fête quoi pour toi ? » Je m'enfonce dans le petit placard avant de crier victoire : « Ah ha ! » J'attrape le champagne. « Courtoisie des Flying Doctors. J'crois que j'ai de la crème de pêche quelque part... Enfin, Oakley en avait achetée. » J'ouvre quelques buffets et finis par tomber sur la fameuse bouteille. « Bon, on a tout, je crois ! Faut shaker ? » Je questionne, approchant les verres et les différentes bouteilles.

« Okay, si ca pouvait durer plusieurs semaine, vacances tout frais payés dans une villa de rêve, pas besoin de faire à manger, pas besoin de faire le ménage, aller bronzer pres d’une piscine quatre heures par jour, faire semblant d’aller travailler une heure à faire des pizzas ou servir à boire en boite… danser sur un podium pour faire un concours et gagner de l’argent pour l’hopital pour enfant du coin, tout ça, je prends, je veux ! » et j’allais oublier : « aussi, me prendre la tête avec tout l’monde et faire ma drama queen, je veux aussi. » je pouvais rire aussi fort que je pouvais me mettre à pleurer si je me montrais trop susceptible, j’étais parfaite pour ça.
Liam pensait davantage à des détails importants ma foi que je ne pouvais le faire. Apporter un petit cadeau à Liam semblait être une bonne idée, c’est vrai qu’à son âge, même s’il était intelligent, ça ne devait pas être évident de voir une petite sœur arrivée. D’autant plus qu’il s’était bien mis dans la tête que ses parents s’aimaient encore et qu’ils allaient bientôt revivre ensemble comme une vraie famille unie. Pas évident et sacré bordel pour lui. Un petit cadeau aussi ne lui ferait pas de mal. « Je suis pour ! » Isaac était clairement le tonton parfait, bien avant tata Noa, j’en avais presque honte.
« Tu vas t'habiller aussi classe qu'à notre soirée du nouvel an ? » j’haussais les épaules, cette tenue, spécialement portée pour faire honneur à ce nouvel an avec Isaac ne méritait absolument pas d’être portée à nouveau pour un gala. « Pire, c’est plutôt du genre tailleur ou chemise blanche, tu vois… » trop classe, trop sobre. Alors que clairement, j’étais plus sexy que sobre à ce fameux nouvel an. « réserve ton 8 aout ! 20h ! j’te dirai le nom de la salle, je sais plus. Après, sincèrement, c’est bien pour boire du champagne à l’œil, c’est beaucoup moins bien pour passer un moment fun. Il va y avoir dix discours sur l’importance de la recherche pour soigner les cancer, l’importance de l’humanité dans ce monde vide de sens alors que tous les mecs qui seront présent ce soir là font de l’esclavagisme moderne en employant des immigrés chez eux à 3 dollars de l’heure… » est ce qu’on ressentait toute l’hypocrisie de ce monde dans ma voix ? Est-ce qu’on entendait à quel point je pouvais parfois être dégoûté de tout ça ? Je pense que parfois, même si j’adore ce taf, je préférais ne pas être mêlée à tout ça et rester à ma place de petite salariée qui ignore toutes les coulisses de ce monde.
Moi aussi j’avais hâte de voir ROA et à la fois j’appréhendais beaucoup la diffusion, j’appréhendais énormément de voir Greg à l’écran en compagnie de Sienna, de les voir main dans la main et partageant une complicité qui, d’après ce que j’avais compris, était au delà de toutes espérance. Leur binôme avait si bien fonctionné qu’ils avaient fini par coucher ensemble et je pense qu’il me sera difficile de ne pas y penser dès lors qu’ils apparaîtront à l’écran. « J’peux te demander un truc ? » hm, que j’ose dire à mon ami, imaginant bien que la réponse serait positive. « Comment t’as trouvé Greg ? » parce que même si j’ignore comment s’est déroulé le jeu et je ne lui demande pas de me donner des détails, juste un ressentie sur comment il se comportait. « Avec Sienna ? » est ce que leur complicité était si rayonnante ? Est-ce qu’ils puaient le cul à milles kilomètres ou est ce qu’effectivement, c’était l’erreur d’un soir. Je voulais pas lui dire qu’ils avaient couchés ensemble, pas maintenant, je voulais avant tout avoir son ressenti sur la question.
On est partie pour le Désir d’un soir, champagne et crème de pêche et whisky, rien que ça. Si avec ça on finissait pas la soirée, la tête à l’envers, j’ignore ce que ca allait être. « Et on fête quoi pour toi ? » bonne question, que pouvions nous fêter ce soir ? « Ah ha ! Courtoisie des Flying Doctors. J'crois que j'ai de la crème de pêche quelque part... Enfin, Oakley en avait achetée. » Je le suivais du regard dans son expédition dans les abysses du placards qui semblait regorger de trésors inestimés. « Bon, on a tout, je crois ! Faut shaker ? » Shake it up. « Yep ! » me voilà presque toute excitée à l’idée de gouter cette nouvelle découvert. Pendant ce temps, je réfléchissais encore. « On s’donne une chance avec Greg. » que j’lâche un peu sur la réserve. C'était plutôt : je lui redonne une chance, mais bon.

« Je suis pour ! » approuvait Noa et me voilà doublement comblé : je pourrais m'allier à ma meilleure amie afin d'offrir un cadeau de naissance à Maia tout en n'oubliant pas un petit quelque chose pour son grand frère. « Super ! Y'aura plus qu'à, alors, » plus facile à dire qu'à faire à mes yeux toutefois de trouver le bon présent pour un nourrisson, mais ce serait une affaire à résoudre pour un autre jour. Ce soir, la priorité demeurait de rattraper ces six semaines d'absence auprès de Noa.

Elle me parle du gala qu'elle organisera bientôt afin de récolter des fonds pour son association et curieux, je m'interroge sur la tenue qu'elle portera ainsi que sur ma possible présence à un tel événement. Je me lançais un peu les yeux fermés dans cette activité, n'ayant jamais participé à quelconque gala, mais je désirais soutenir Noa dans ses projets, et l'association Beauregard représentait selon moi la majeure partie de son investissement professionnel. « Pire, c’est plutôt du genre tailleur ou chemise blanche, tu vois… » Je plisse les yeux, visualisant la scène et par la même occasion, espérant que je trouverais une tenue adéquate dans ma garde-robe afin d'honorer mon statut d'invité privilégié. La Jacobs me donne un avant-goût de ce qui se tramera ce fameux 8 août et je l'écoute attentivement, un rictus compatissant étirant mes lippes face au tableau hypocrite dépeint. « Je serai là en soutien moral, » je relativise, avant d'ajouter, avec légèreté : « Et pour le champagne. » On la sent, la tendance à la consommation d'alcool ?

Notre projet de voyage en Amérique Latine est dorénavant prévu pour le mois d'octobre, quand la diffusion des épisodes de Race of Australia sera achevée. J'avoue ma grande impatience à ce que Noa me voit sous cet angle puis sens un certain doute s’immiscer chez mon interlocutrice après quelques secondes de silence. « J’peux te demander un truc ? » Je hoche la tête à l'affirmative. « Oui vas-y, je t'écoute. » « Comment t’as trouvé Greg ? » Un bref rire nerveux file entre mes lippes, bien plus fort que moi. « Avec Sienna ? » J'étudie du regard quelques secondes ma meilleure amie, sélectionnant précautionneusement mes mots. Je n'allais pas lui mentir, mais je n'avais pas énormément à lui révéler non plus. « Je les ai pas tant fréquentés. Ils avaient l'air de bien se compléter. D'être complices, à l'aise l'un avec l'autre. » Je me remémorais nos échanges lors de la première semaine de la compétition et quelques discussions lors des week-ends détentes. Il y avait également cette rumeur comme quoi ils avaient couché ensemble, mais j'espérais que ces propos ne relèvent que du fictif, connaissant l'attachement de Noa pour le flic.

Notre choix se stoppait sur le cocktail intitulé Désir d'un soir. Je feintais ce que j'estimais comme être un piège de Noa sur sa proposition de trinquer à ma victoire en lui demandant ce qu'elle avait à célébrer pour sa part. Ça n'avait pas besoin d'être quelque chose de grandiose, en cherchant un peu, l'on pouvait toujours trouver du positif ou un peu de fierté, n'est-ce pas ? Je regroupe tous les ingrédients et sors le shaker. En travail d'équipe, nous voilà en train de verser les doses dans le contenant et j'ai l'impression que vu nos proportions, on a de quoi avoir un pichet de Désir d'un soir. « On s’donne une chance avec Greg. » m'annonce Noa quelques secondes avant que je m'apprête à shaker. Je la considère quelques instants, perplexe, une impression de déjà vu me saisissant. « Je croyais que c'était déjà le cas... ? » Avant mon départ, Noa avait été très déçue par le jeune homme mais avait décidé de lui offrir une seconde chance. Cette dernière avait-elle été renouvelée ? Après tout, si j'avais été absent six semaines, Gregory était revenu à Brisbane avant moi. Il avait pu se passer des choses durant ces semaines-là. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Je questionne, soucieux et attentif, shaker en stand-by.

Je crois qu’Isaac ne pouvait pas m’offrir mieux comme soutien morale que sa présence lors des dix ans de l’association. C’était certes un très gros évènements mais la pression que j’avais sur les épaules était aussi proportionnelle à l’anniversaire qu’on allait souhaité. James était revenue dans les locaux de l’association à plusieurs reprises et plus qu’il n’était venu en un ans, rien que ces dernières semaines. Il était là, il était stressé car bien sur, il fallait faire les choses en grand, il fallait en mettre plein la vue à tous. La famille Beauregard n’avait plus besoin de faire ses preuves mais elle devait justement montrer qu’elle était toujours bien présente et qu’elle pesait à Brisbane, à Gold Coast et à Syndey.
J’interroge ensuite mon ami sur le comportement qu’avait pu avoir Greg avec Sienna lors du jeu. Je ne lui demande pas de me dire comment se sont passées les épreuves, si s’ils avaient gagnés – enfin, je savais que ce n’était pas le cas, vu le retour prématuré de Greg et Sienna à Brisbane. J’entendais par là, comment ils étaient ensemble, est ce qu’ils étaient complice, est ce que le courant passait, est ce qu’ils avaient laissé savoir que quelques chose s’était passé entre eux, est ce qu’ils s’affichaient ? « Je les ai pas tant fréquentés. Ils avaient l'air de bien se compléter. D'être complices, à l'aise l'un avec l'autre. » bien se compléter et être complice… forcément. Il fallait vraiment que je tente de mettre ça de côté si j’avais envie que mon nouveau couple avec Greg ait vraiment sa chance.
Préparant notre cocktail avec les moyens du bord, je finis donc par lui donner en partie une réponse à ma question précédente. Je le regarder avec son shaker, prêt à faire de ce cocktail une petite bombe gustative. Je m’en léchais déjà les babines. « Je croyais que c'était déjà le cas... ? » et c’est là que je lui dis qu’effectivement, j’avais une volonté proche de zéro et que j’avais complètement pété un cable en apprenant qu’il m’avait «trompé ? » je sais même plus si c’est le mot avec du recul. On avait eu largement le temps d’échanger à ce propos depuis son retour, quelques semaines avant le retour même d’Isaac. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » j’avais l’impression que nos rôles étaient changé, que d’habitude la sceptique c’était moi, que d’habitude, celle qui questionnait, méfiante, c’était moi et celui qui avait tendance à donner trop sa confiance pour s’en mordre les doigts ensuite, c’était Isaac. « Il a couché avec Sienna. Un weekend de l’aventure… vers la fin. » j’avais pas la date exacte et j’avais pas forcément envie de la savoir. « Sienna me l’a dit, sans savoir que je fréquentais Greg avant son départ… » voilà, on peut dire qu’on se fréquentait, pas qu’on sortait ensemble. « J’voulais plus l’voir. » que j’avoue, comme l’impression d’être une gamine qui confesse ses conneries. « Mais, il est venu s’excuser jusqu’à l’asso… j’voulais rien savoir. » et on connait la suite. Je prends le shaker des mains d’Isaac puisqu’il s’était arrêté et reprend le rôle. « Ca s’passe bien. » je lui souris, comme pour le rassurer, parce que son regard, je le connais.

J'avais conscience que le charme de Gregory n'avait pas rendu indifférent ma meilleure amie, que je soupçonnais même plus entichée du garçon qu'elle osait l'admettre. Pour ma part, je demeurais méfiant quant à ce duo. Autant je ne souhaitais que le bonheur de Noa, autant je redoutais sa perte causée par les agissements du flic atypique. L'avantage du Morton reposait sur le fait qu'il ne ressemblait à mes yeux à aucune des fréquentations romantiques passées de mon interlocutrice, ce qui me donnait espoir d'une réussite pour leur histoire.

Cependant, l'interrogation de Noa sur le duo que le quarantenaire avait formé avec Sienna était à double-tranchant. Je n'étais pas dupe, je me doutais bien que mes paroles seraient enregistrées par la brune et détiendraient leur impact selon la teneur de mes propos. J'avais l'occasion de la rassurer comme de la mettre en garde. Toutefois, mon unique objectif reposait sur le fait d'être honnête, comme à l'accoutumée. J'avais peu fréquenté leur équipe et lorsque j'avais passé une soirée en leur compagnie, ils m'étaient apparus complices et à l'aise l'un avec l'autre. Néanmoins, ceci s'était passé en début d'aventure et l'opportunité de converser avec ces deux concurrents ne s'étaient pas représenté avant leur élimination de la course télévisée. Je guettais la réaction de Noa qui se garda de commentaire sur mon annonce, bien que j'étais persuadée qu'elle analysait l'information que je venais de lui transmettre.

J'attire mon attention sur le cocktail ambitionné. Les ingrédients se faufilent dans le shaker et quand je m'apprête à secouer le tout, la directrice d'association m'indique donner une chance à son couple. Je fronce les sourcils, dubitatif. N'était-ce pas déjà le cas ? Je me rappelais avoir quitté ma meilleure amie sur son objectif d'accorder une seconde chance à Greg. Un nouveau faux pas avait-il ébranlé leur tableau ? Soucieux, je questionnais mon amie sur ce que j'avais loupé de leur relation. « Il a couché avec Sienna. Un weekend de l’aventure… vers la fin. » Un « Oh, » file entre mes lèvres et je pose le shaker sur le comptoir, me concentrant entièrement sur la trentenaire. Voilà qui expliquait sa précédente question sur les rapports entre les deux jeunes gens durant la compétition. « Sienna me l’a dit, sans savoir que je fréquentais Greg avant son départ… » Je haussais les sourcils. Voilà qui dépeignait une révélation cocasse. « J’voulais plus l’voir. » Ce qui est légitime.  « Mais, il est venu s’excuser jusqu’à l’asso… J’voulais rien savoir. » Un rire nerveux, sans joie, file entre mes lèvres. Je connais la suite, elle me l'a déclarée en premier lieu, et sincèrement, je n'en suis plus si fan. « Ca s’passe bien. » Noa a repris le shaker et je la considère longuement pendant qu'elle tente de me rassurer avec un sourire. « Va falloir que tu m'dises comment Greg s'excuse, sa technique a l'air infaillible... » C'est l'humour qui traduit mon inquiétude, plus judicieux qu'un énervement. Je continuais d'observer mon amie, étudiant les circonstances. De toute évidence, Greg n'était pas fidèle ni respectueux. Peut-être était-il même un menteur puisque Sienna avait été celle qui avait révélé le pot-aux-roses à Noa. Néanmoins, peut-être que le fait de perdre la Jacobs avait secoué l'homme tant qu'il opérait désormais pour un changement radical et positif ? C'est tout ce que je souhaitais, vu l'attachement de mon amie par rapport au garçon, mais j'avais conscience aussi être très naïf et offrir facilement trop de bénéfices à Autrui. « Fais gaffe à toi, Noa. Je ne veux que ton bonheur, et s'il te rend sincèrement heureuse, j'en suis ravi et je te soutiendrai toujours dans tes décisions. Mais je ne veux pas qu'il te traite mal ou te manque de respect non plus. Essaie de ne pas te faire leurrer par quelqu'un qui n'en vaut pas la peine, s'il est l'une de ces personnes, comme j'ai pu le faire trop de fois dans ma vie. » Et bien sûr, j'avais conscience que ces paroles étaient plus faciles à déclarer qu'à mettre en exécution. Noa m'avait également mis en garde dans le passé vis-à-vis de mes histoires amoureuses, tout en me laissant le maître mot en bout de ligne tel qu'il en va naturellement, quitte à fauter et souffrir. Je désirais que Greg soit l'élu de l'histoire de Noa et celui qui améliore considérablement son quotidien, tout en refusant la voir pâtir d'une union potentiellement inadaptée à sa volonté. Pour autant, je connaissais ma place : celle de l'ami que j'étais à ses yeux qui était disponible pour la soutenir de quelconque façon et à toute heure du jour comme de la nuit. Puis, Noa était bien différente de moi. Elle faisait preuve d'un jugement plus aiguisé et ne se faisait pas embobiner aussi aisément que j'en avais l'art.

« Va falloir que tu m'dises comment Greg s'excuse, sa technique a l'air infaillible... » bonne remarque, j’avais pas la réponse moi-même. Il m’agace autant qu’il m’intrigue, autant qu’il m’attire. Enfin, je pense que la balance penche davantage vers ses côtés positifs, bien que j’accorde, jusqu’à présent, à en croire mon discours, on pourrait penser que le Morton ai bien de point contre son camps qu’en sa faveur. Et à la fois, il m’est impossible de nier que j’ai réellement sentie une connexion la première fois qu’on s’est croisé et toutes les autres ensuite. Alors oui, quand Sienna m’a dit qu’elle avait couché avec lui, sans savoir qui il était pour moi, j’me suis sentie salie… mais finalement, en remettant tout dans son contexte, rien ne déterminait notre relation. Greg ne m’avait fait aucune promesse en partant dans son jeu et je m’étais peut être un peu trop emballée. Comme souvent d’ailleurs. Voulant attendre patiemment son retour alors que de son côté, il avait vécu cette émission comme une vraie parenthèse… ou alors, c’était moi la parenthèse. Bonne question. Ceci dit, je passerai les détails, mais lorsqu’il est venu me trouver à l’association, j’avais réellement sentie sa sincérité. Et qui serait venu me trouver ainsi si ce n’était pas pour se donner une vraie chance et tenter de se racheter ?
« Fais gaffe à toi, Noa. Je ne veux que ton bonheur, et s'il te rend sincèrement heureuse, j'en suis ravi et je te soutiendrai toujours dans tes décisions. Mais je ne veux pas qu'il te traite mal ou te manque de respect non plus. Essaie de ne pas te faire leurrer par quelqu'un qui n'en vaut pas la peine, s'il est l'une de ces personnes, comme j'ai pu le faire trop de fois dans ma vie. » Ce sentiment qu’on inversait nos places. « C’est pas moi qui suis censée te sortir ce discours normalement ? » que je m’amuse tout en prenant au sérieux ses paroles. Je m’approchais de mon meilleur ami pour le prendre dans mes bras, témoignant de ma gratitude pour sa bienveillance en mon égards. « Promis, au moindre faux pas, c’est terminé, j’me laisserai pas embobinée si facilement. » j’étais bien déterminée en tout cas. « Tu sais quoi, on va aller fouiller sur le net pour trouver une robe pour le gala de l’association. J’suis la directrice, y a intérêt à c’que j’sois la mieux sapée. »