Bon, okay, je sais.

Je sais que j'ai été fourbe. Quand j'ai dit à Auden que c'était juste un truc de quelques minutes, de la surveillance de base, même pas besoin de parler, même pas besoin de sourire. La soirée la moins impliquante de tout le trimestre, le truc vraiment léger où on doit juste rester debout à s'assurer que personne ne se tire les cheveux ou se vole ses Pokémons.

C'était le plan, de base, j'ai pas vraiment menti. Quand on nous avait demandé à Bailey et à moi de nous impliquer pour la soirée dansante à l'école de Noah, on nous avait dit que c'était pour des petits boulots lambdas, rien de bien dramatique, rien de trop gros. Le truc, c'était qu'à la dernière minute le comité organisateur avait décidé de faire de la soirée un événement encore plus important au calendrier. Et des décorations à créer jusqu'au petit band à engager, ils s'étaient investis d'une mission de vie à faire de ce moment un souvenir gravé dans la tête des gamins et c'était beau en vrai, c'était mignon en vrai, c'était adorable en vrai et -

« Tu sais, t'es pas obligé d'avoir l'air de vouloir tous les tuer, ils vont pas se sentir privilégiés et uniques, faudrait au moins que tu fasses un filtre et que tu sois pas si effrayant avec tout le monde. » jusqu'à ce qu'ils aient la brillante, que dis-je la fabuleuse idée de nous installer Williams et moi à la table d'accueil. Dans mon cas, ça allait. J'étais née pour complimenter les jolies robes à motifs et les noeuds papillons aux dizaines de couleur de l'arc-en-ciel. J'étais faite pour avoir l'oeil brillant à chaque fois qu'un couple de gamins arrivaient assorti. J'étais à ma place à un niveau qui ne surprendrait personne. Mais Aude, oh Aude.

Et je dois me retenir pour ne pas pouffer de rire à le voir là, installé, obligé. Le pauvre que je prends presque en pitié quand y'a une fillette qui lui demande de resserrer ses nattes en panique. Le gars il est juste là pour rayer des noms et donner des badges, et le voilà coiffeur. Je l'ai sauvé à quelques reprises de parents qui comprenaient pas du tout ce qu'il faisait là et qui lui posaient des questions trop risquées pour qu'il garde son sang froid. Mais autrement, c'est un tableau tellement surréel que je ne peux que me gâter à mémoriser chacun des plus infimes détails pour pouvoir les ressortir à la moindre occasion. C'est enregistré profondément, et c'est beaucoup trop amusant.

Jill et Bailey sont à l'intérieur, délégués à leur propre éventail de tâches à faire. Et Noah qui sort du gymnase en trombe, son rire que je reconnaîtrais entre mille. Il est à la course ma terreur, il pourchasse un pote, oh non, c'est une amie, et ils se faufilent près des casiers et il a pas vu que je l'ai vu et ils sont heureux en duo et la gamine elle lui sourit et il lui sourit lui aussi et c'est étrange ça, c'est cute, mais c'est étrange et je devrais pas fixer, je devrais surtout pas fixer, mais c'est plus fort que moi.

« C'est pas ce que je crois, si? » il lui tend une fleur de papier Noah, il a les joues rouges et j'ai les yeux écarquillés. C'est pas ce que je crois, si?

Noah a fait les yeux doux. Il a demandé si gentiment à Jill de venir pour cette fête à l'école. Et elle a craqué, bien évidemment qu'elle a craqué et qui ça étonne ? Et Bailey aussi il a craqué, donc Jill se retrouve à servir les gâteaux et les boissons à des hordes d'enfants affamés qui n'osent pas aller danser. Ils se sont tous mis sur leur 31, et Jill a déjà dit au moins 10 fois qu'elle trouvait Noah magnifique. Elle le surveille de loin, elle le voit courir un peu partout avant d'aller dans le couloir. Elle le cherche du regard Jill, elle le voit courir derrière une petite fille blonde. Mais elle essaie de se concentrer sur les autres enfants un peu aussi. « Leurs parents leur ont pas donné à manger depuis 3 jours ou quoi ? » Elle grogne un peu Jill en parlant doucement à Bailey qui est à ses côtés. Au moins elle n'est pas livrée à elle-même.

Elle a déjà bien évidemment volé quelques bouchées salés. Elle les a posé derrière elle et en pique une de temps en temps. « Pas touche Bai, j'ai faim. » Elle le voit sourire en la regardant manger bien plus que de raison. Elle doit certainement manger pour 10 personnes tous les jours depuis qu'elle est enceinte. Ils ont une minute de répit et ses lèvres se posent rapidement sur la joue de Bailey. « Je sors 5 minutes... » Elle va voir où est passé Noah surtout, c'est ça la vraie raison. Il est parti dans le couloir depuis plus de 30 secondes et ça ne lui plait pas vraiment. Elle est peut-être un peu trop sur son dos, ou un peu trop curieuse. Mais ça l'amuse de le suivre discrètement.

Elle se retrouve juste derrière Ginny et Auden qui s'occupent de gérer les entrées. Et elle entend Ginny parler. Elle suit son regard et elle voit Noah en train d'offrir une rose en papier à la petite fille blonde. Elle sourit un peu Jill. « Oh si je crois que c'est exactement ce que tu crois. » Elle garde ses yeux fixés sur lui. Il pose un baisé sur la joue de la petite fille et Jill se penche vers Ginny. « C'est sa cavalière pour le bal ? »

On m'avait pas prévenu moi. On m'avait demandé de participer à la vie scolaire de Noah et j'avais accepté juste pour lui, pour être pleinement actif dans sa vie d'écolier. On m'avait demandé de participer un peu à la soirée dansante, mais pas d'en faire autant. En quelques jours, je me suis retrouvé à devoir trouver un band de dernière minute, parce que oui Noah est allé crier si fort que son pop's connaissait tout le monde dans le domaine. Je sais qu'il était fier de pouvoir dire cela, de pouvoir trouver une solution pour cette soirée dont il nous parle tant depuis des semaines. Alors, j'ai trouvé le band et je me suis engagé à être présent tout le long de la soirée. Heureusement, je ne suis pas seul dans cette galère. Etrange premier double date, mais je crois que l'on va s'en souvenir pendant un bon moment.

En attendant, je me retrouve à devoir gérer une horde de gosse affamé et une femme enceinte qui a décider d'avaler la moitié du stock de snacks et autre sucreries prévus pour la soirée. Elle est rayonnante Jill même si elle râle toujours un peu, même si elle mange pour un régiment, même quand elle vient frapper le dos de ma main quand je veux piquer un bonbon dans sa réserve. « Tu sais que c'est pour les enfants normalement. » Et déjà elle lève les yeux au ciel. Il reste combien ? Six mois de grossesse ? Je sens bien que les hormones vont avoir bon dos dans les semaines et mois à venir. Je ris un peu à sa remarque et ne peux m'empêcher d'ajouter. « Imagine quand ce sera la soirée dansante du nôtre. » Imagine quand il ou elle sera plus grand. Quand il ou elle aura le même âge que Noah. Je pourrais véritablement flipper à cette idée, mais au contraire, je me trouve plutôt serein. Juste imagine comme on sera bien.

Jill m'abandonne pour aller je ne sais où et soudainement je me retrouve bien seul face à la horde d'affamés. Je tente de gérer le flux, rappelle que l'on ne doit pas poussé ou bousculé. Du coin de l'œil, je vois Noah avec cette blondinette qu'il ne lâche pas depuis le début de la soirée. Il rougit si fort que je le vois d'ici. Petit garçon deviens grand. Je n'ai pas le temps de voir Ginny et Jill qui complote au loin qu'une petite blondinette viens se coller à ma jambe en reniflant. Mayday un enfant qui pleurs. « Qu'est-ce qui se passe ma grande? » Elle lève des yeux emplis de larmes vers moi, passe sa main sous son nez plein de morves et viens écraser cette dernière sur mon jean. O joie. « Maddy elle a dit que ma robe elle est moche parce qu'elle est jaune. » Tu pouvais pas te taire Maddy ? Je tente de pas paniquer, cherche à envoyer des signaux de détresse aux femmes McGrath qui s'en foutent royalement et regarde à nouveau la petite. « Elle est très belle ta robe. » Et voilà qu'une brunette débarque en riant. « Mais jaune c'est pas beau comme couleur. » Oh donc toi t'es Maddy! Petite peste. La blondinette redouble en larmes et je panique. Mayday on fait quoi? Mon regard tombe sur Auden qui semble au bord du suicide. « Lui là-bas il est peintre, il va te dire que c'est une jolie couleur. » Et déjà je suis en marche vers Williams. On est tous dans le même bateau dude. « Williams, le jaune c'est une belle couleur ? » T'as intérêt à dire oui. Me laisse pas tout seul dans cette galère. Je te payerai des bières.  

C’était un piège. Ca se sentait, ça se voyait, tous les signes étaient réunis et je sais pas, je suis con, j’ai sauté dedans à pieds joints tout en sachant très bien que c’était une très très mauvaise idée. Une très mauvaise idée entourée d’enfants, passe encore. Une très mauvais isée entourée d’enfants et leurs rapaces de parents non loin, là, ça passe beaucoup moins bien. Derrière la tête des bambins d’un mètre ce sont eux que je vois, eux que j’ai tout autant envie de tuer que Ginny pour m’avoir entraîné dans cette journée-piège. Si tout le monde en sort vivant (entier, ça, c’est une autre histoire) alors ce sera déjà un miracle parce que je fais déjà la liste non exhaustive des parents que j’ai le plus envie de tuer laquelle est exclusivement basée sur leur visage.

La seule chaise disposée la table d’accueil devient la mienne, la McGrath étant de toute façon bien trop occupée à complimenter la terre entière pour trouver le temps de s’asseoir où que ce soit. Je barre des noms, donne des badges, ne fait même pas semblant d’être moindrement heureux de ma place, enchaîne avec un au suivant tout en priant qu’à un moment il n’y ait pas de suivant et que le soleil se couche pour que je puisse rentrer chez moi et remettre à plus tard ma liste de futurs meurtres. Auden devient coiffeur quand il faut resserrer la couette rose et faire pareil avec la jaune ensuite, quand la modèle prend tout bien trop au sérieux et qu’elle me reproche de ne pas les avoir resserré au même niveau et que je suis obligé de tout refaire vitesse grand V alors que j’imagine déjà ses yeux devenir tout rouges et se gorge de larmes - quelle horreur. Je les lui fait bien, ses foutues nattes pas trop hautes ni pas trop sur le côté mais un peu quand même parce que sinon on peut pas voir mes chouchous et ils ont un noeud exprès pour faire beau, mais pas trop bien quand même au cas où on pense de nouveau à ajouter mon nom sur une quelconque liste l’an prochain.

« C'est pas ce que je crois, si? » Nos deux paires d’yeux suivaient toutes Noah en silence, abasourdis par la scène, sans doute absolument pas préparés à ce qu’il prenne tant de confiance si vite et si fort et - oh, elle est presque belle, sa fleur. ”Naaan.” Je mens, bien sûr que je mens, bien sûr que j’ai un sourire en coin aussi quand Noah est ma seule source de distraction de la journée et qu’il remplit ce rôle à merveille. « Oh si je crois que c'est exactement ce que tu crois. » L’air prend soudainement une odeur de peste noire, parce que c’est sûr et certain que ça a une odeur cette connerie, la même que Jill laisse suivre derrière elle partout où elle passe, partout où elle pose son regard aussi. Je ne cache pas mes yeux roulant sur leur orbite mais j’ai fait un effort pour le souffle d’exaspération, c’est promis Ginny. ”Je vais faire un tour, si elle a des reproches à faire à propos de ses nattes tu lui dis que je suis parti. Genre, à l’autre bout du monde.” Elle gère très bien l’accueil des terreurs toute seule et si jamais il y a besoin d’un bad cop je sais qu’elle saura hurler assez fort pour que je l’entende, peu importe dans n’importe quel mauvais plan j’aurais su me faufiler entre temps. N’importe quoi sera de toute façon bien mieux que de rester auprès de la Jillian.

Pourtant un problème n’arrivant jamais seul, le Fitzgerald originel vient à son tour s’ajouter à l’équation quand mon regard croise (par inadvertance seulement) le sien. « Lui là-bas il est peintre, il va te dire que c'est une jolie couleur. » Déjà je le déteste quand il prononce ces mots ci, sans même encore avoir le contexte de la gamine en pleurs. Ca sent tout autant le coup fourré que cette journée toute entière, si vous voulez mon avis, et c’est loin d’être une bonne chose. « Williams, le jaune c'est une belle couleur ? » Mon regard passe du Fitzgerald à la tâche jaune l’accompagnant ; pendant une seconde je réfléchis aux possibilités de fuite s’offrant à moi mais c’est finalement un long soupir d’exaspération qui l’emporte lorsque mon naturel revient au galop. Je m’accroupis à hauteur de l’enfant, sort un mouchoir décoré par les enfants de l’école et tente le tout pour le tout en pointant Bailey du bout de mon index sorti d’un anneau. ”Tu l’imagines lui avec une robe jaune ? Avec ses grosses basket de bûcheron ? Beurk, hein ?” Il a tout de réel, le sourire qui naît quand je la regarde dans ses yeux bleus bouffis arborant des teintes rougeâtres à cause de ses larmes. ”Tout le monde devrait être jaloux parce qu’à toi elle te va très bien, cette couleur. Elle te va même encore mieux quand tu souris.” Abattez moi. Abattez moi. Abattez moi. La serviette se pose doucement sous ses yeux, je fais au mieux pour qu’elle ne m’accuse pas non plus de lui avoir arraché la moitié de la peau comme Ginny le fait toujours. ”Je suis sûr que si tu tournes sur toi on va même te confondre avec une princesse. Montre nous, pour voir.” Je suis certain d’avoir entendu quelque part qu’il faut les occuper, qu’il faut leur donner autre chose à faire, qu’il faut emmener leur attention ailleurs que sur la source de problème ou n’importe quel autre truc dans le genre et c’est pour ces raisons ci et seulement celles-ci que sa petite main se pose dans la paume de la mienne pour lui faire faire quelques tours sur elle même. Le ton mielleux change doucement lorsque je m’adresse à celui qui est devenu mon beau frère par la force des choses. ”Pas vrai qu’elle ressemble à une princesse, Fitzgerald ?”

L'an prochain, faudra que je sois plus inventive. Faudra que je lui tende un piège plus raffiné qu'il ne verra pas venir, faudra que je m'y prépare à l'avance. Faudra que je le leurre en laissant mariner l'idée comme si elle était de lui. Et comme ça, c'est sûr qu'en un temps record il apprendra dix nouvelles techniques pour tresser les cheveux comme les princesses de Disney mais juste celles vraiment fortes, j'aime pas les princesses qui font rien j'aime celles qui font du tir à l'arc ça c'est cool.

”Naaan.” oh le menteur. Je le vois Noah qui rougit, je les vois d'ici ses joues qui prennent la même couleur que les miennes quand Auden sous-entend de sa voix qui porte le plus dans tout l'atelier qu'il a besoin d'aide pour ranger la cabane et que je suis la seule qui sait où vont les pinceaux, le fourbe. « Oh si je crois que c'est exactement ce que tu crois. » au moins Jill est honnête et ça lui vaut un point de participation, quand je sens son regard qui se vrille dans la même direction que la mienne. Pauvre Noah qui doit se sentir comme un animal en cage à avoir trois paires d'yeux qui lui sont dédiées - quatre, si on compte celle de la blondinette qui répond à son baiser sur la joue par un baiser sur son front. Hier il apprenait à compter et à marcher et aujourd'hui il se la joue lover dans les couloirs de l'école? Elles sont passées où, les dix dernières années? « C'est sa cavalière pour le bal ? » « Il m'a juste dit que Maddy l'avait invité mais qu'il avait refusé - je croyais que c'était parce qu'il prévoyait lire ses BDs pendant la danse, pas jouer au Casanova de bac à sable. »

Et elle la glisse derrière son oreille la fleur en papier, ils sont adorables et je suis médusée. ”Je vais faire un tour, si elle a des reproches à faire à propos de ses nattes tu lui dis que je suis parti. Genre, à l’autre bout du monde.” il s'esquive Auden, ma main rattrape au vol le pan de son t-shirt le temps de le retenir une seconde de plus, le temps de souffler à son oreille un « Reste proche quand même, j'aurai besoin d'un alibi si Noah voit que je l'épie. » alors qu'en bonne creep que je suis, mes prunelles ne lâchent pas la silhouette de mon gamin qui s'active maintenant, un peu trop dangereusement accompagné, et surtout hors de mon champ de vision.

« J'ai oublié un truc à la... cafétéria? » la table d'accueil se retrouve sans bon cop et sans bad cop, je parle peut-être seule si ma soeur n'a pas suivi mes pas, mais de m'entendre me trouver une excuse au fur et à mesure que mes Converse grincent sur le linoléum du collège aide à ma conscience. La cafétéria est vide de Noah et sa potentielle cavalière qui n'est pas Maddy - ugh - je dérive donc vers la première porte qui m'apparaît être dans son sillage. « Non en fait, c'était dans la classe d'histoire... » je devrais lui laisser de l'air, ça je sais. Je devrais le laisser seul, le laisser respirer, et c'est ce que je ferai, juste si j'arrive à le trouver et à me rassurer et à - « À moins que... oh, c'est leur local d'art ici? » la dernière porte en liste que j'ouvre, et les chevalets qui traînent de partout avec des tas de dessins de gamins accrochés au mur. C'est mignon et ça me distrait. J'ai l'esprit ailleurs et promis je reprends mes esprits et me convainc de retourner à l'entrée. De laisser mon fils tenter ses premiers pas dans le merveilleux monde de la séduction enfantine quand je fais volteface et tombe sur ce qui s'apparente le plus à un agent de sécurité / un parent qui a décidé de revêtir la chemise pressée et l'air autoritaire, fermé.

« Je peux vous aider? » j'ai pas le temps d'inventer une excuse bidon que je vois la silhouette de Noah se dégager en parallèle, le regard amusé, l'air à deux secondes de pouffer de rire. « C'est ma mère. Elle s'est perdue j'pense. » il sait que je l'ai suivi, il sait et il se moque, en vraie de vrai terreur qu'il est.

Il y a trop d'enfants, des gamins qui courent partout. Mais elle tient le coup Jill, même si elle s'amuse à embêter Bailey. « On est ici sans être payé j'ai bien le droit de piquer à manger ! » et elle hoche la tête en prenant encore un nouveau bonbon. Les enfants s'amusent, et elle en profite pour jeter plusieurs coups d’œil à Noah qui court comme tous les autres dans cette salle. « Le notre sera encore plus surveillé que Noah. » Et il y a déjà 4 personnes qui le surveillent ce petit bonhomme. Il y a surtout Jill et Ginny en réalité, mais ça fait déjà 4 yeux rivés sur lui. Elle hoche la tête avant de poser ses lèvres sur celles de Bailey et rejoindre l'entrée. Il y a Ginny et Auden, mais il faut moins de 2 minutes à Auden avant de partir. Jill devait être certainement trop proche pour qu'il arrive à le supporter, tant mieux.

Une petite fille pleure dans les bras de Bailey et Jill sourit un peu, il a l'air assez perdu mais elle le laisse gérer la crise avec Auden. Ils ont pas encore l'air de vouloir s'entre tuer. Jill tourne la tête vers le petit garçon et se rapproche de Ginny. « Apparemment Maddy c'est la garce de la classe. » Oui elle a un peu écouter toute cette histoire de couleur de robe et de petite fille qui pleure pour rien. « Je vais devoir aller chercher des informations sur miss blondy » Non elle a pas encore de prénom, mais ça ne saurait tarder. Elle se lève la cadette des McGrath. « Gin tu sais que tu es une très mauvaise détective tu vas te faire chopper ! » Elle reste assise quelques secondes. Mais elle se lève, elle suit Ginny de loin, elle la voit pousser un nombre de portes incalculables pour retrouver Noah qui finit par se retrouver derrière elle avec un homme habillé tout en noir. « T'as trouvé le crayon que tu cherchais Gin ? » Jill arrive derrière elle et elle échange un regard complice avec Noah. « Je pense qu'on devrait tous aller manger et danser non ? » Elle attrape la main de Noah et fait un signe de tête à sa petite sœur pour qu'elle parte avec elle. « Mais je suis grand t'es pas obligée de me tenir la main ! » Petit Noah devient grand. Elle lève les mains au ciel Jill. « Oh pardon je voudrais pas que ta petite copine nous voit tous les deux t'as raison ! » Peut-être qu'elle finira par avoir des infos. « Moi je voulais juste t'emmener voir la réserve de bonbons privé derrière la table mais tant pis on mangera tout avec Ginny ! » Elle lève les yeux au ciel en faisant un clin d’œil amusé à sa petit sœur.

« Apparemment Maddy c'est la garce de la classe. » « Dis pas des trucs comme ça Jill, y'a ses parents autour. » mes yeux s'écarquillent, je sens mon regard paniqué qui dérive d'un sens comme de l'autre à la recherche des fameux parents qui errent dans le coin, qui sont bénévoles eux aussi, je suis sûre de les avoir vus passer.  

Mais mon attention - et celle de tout le monde, vraiment, est maintenant dédiée à Noah et à celle qui semble avoir mérité la plus belle fleur de papier du coin. « Je vais devoir aller chercher des informations sur miss blondy » ouais, ouais, cherche des informations Jill, pendant ce temps moi je dérive dans le couloir, j'agis vite et bien, je me rapproche du duo qui lui s'égare sans que je ne puisse les en empêcher sans être grillée. « Gin tu sais que tu es une très mauvaise détective tu vas te faire chopper ! » j'entends la voix de ma soeur dans mon dos, fais volteface pour lui montrer à quel point elle se trompe. « Mais non, ça va, je gère, je suis la subtilité incarnée. » j'y ajoute un moonwalk pleine de confiance, mes pas de reculons qui sont si agiles, si vifs, si empotés aussi, quand j'avais pas calculé la poubelle derrière et que je m'y empêtre la seconde d'après.

Le vacarme doublé d'une curiosité qui m'a fait dériver vers la mauvaise classe me font inévitablement être repérée. « T'as trouvé le crayon que tu cherchais Gin ? » oh, un crayon, vite. Et je m'allonge, attrape le premier fusain du bord, le dégaine victorieuse sous les yeux de l'agent/parent/intrus/celui au regard le plus accusateur que j'ai jamais vu de ma vie.

« Je pense qu'on devrait tous aller manger et danser non ? » « Mais je suis grand t'es pas obligée de me tenir la main ! » Noah grogne, Jill est hilare, je suis attendrie ; ça changera jamais, ça. « Oh pardon je voudrais pas que ta petite copine nous voit tous les deux t'as raison ! » elle est forte. D'ailleurs, parlant de copine, elle est où? J'arrive à me tourner un peu, la cherchant autour, la voyant qui erre maintenant vers Bailey et Auden comme si c'était la chose logique à faire. « Moi je voulais juste t'emmener voir la réserve de bonbons privé derrière la table mais tant pis on mangera tout avec Ginny ! » « Hum? » le gourmand, l'estomac sur deux pattes, la valeur sûre à rattraper dès qu'il y a de la bouffe en jeu. « Oui, c'est vrai. » je pouffe à mon tour, presse le mouvement de groupe vers la dite table, la vraie cachette étant dans mon sac et non aux yeux de tous.

« Y'a même pas mes préférés. » les mains de Noah se sont faufilées, il cherche entre les paquets pendant que je tends à ma soeur ses bonbons favoris, que je le laisse grogner comme un gamin trop gâté au passage. « Ouais, on les a tous donnés à ton rencard du soir, bonhomme. Désolée. » c'est immature, mais comme ma remarque l'est déjà, c'est pas plus pire que je lui tire la langue en bonus.

Il inspire le gamin, il réfléchit, ses sourcils se froncent, le pire est à venir.

« Si on y va pour UNE danse, j'ai le droit à ma sorte? »
« Deux danses. »  
« Une et demie et Jill peut me prendre la main. »
« T'en penses quoi? » je me tourne vers mon aînée, troquant la mine sérieuse que je dédiais à mon fils pour un sourire totalement complice envers elle.

« Le nôtre sera encore plus surveillé que Noah. » Le cœur qui s’emballe un peu face à ses quelques mots. Le nôtre. Il va falloir prendre l’habitude. Il va falloir réaliser aussi, alors que mes yeux se posent sur son ventre encore à peine perceptible sous le tissu. Et finalement, j’aperçois Noah qui s’enfuit avec une blondinette alors que quatre adultes les surveillent des quatre coins de la pièce. Je sais pas si notre enfant sera encore plus surveillé, mais je sais qu’il sera bien entouré quoiqu’il arrive. Elle pique encore quelques bonbons Jill avant de s’enfuir vers sa sœur pour comploter contre les gamins. Ça me plaît de les voir proches, de les voir en train de se chercher, de se retrouver. J’aurais voulu apprécier le moment de loin, mais une petite tâche jaune en à décider autrement.

Je place tous mes espoirs dans Auden lorsque je m’approche de lui, une petite fille en larme coincée dans mes jambes. Il est un expert en couleur, il va bien m’aider. Je supplie tous les ciels pour que ce soit le cas. « Tu l’imagines lui avec une robe jaune ? Avec ses grosses baskets de bûcheron ? Beurk, hein ? » Bien entendu, il se moque. Je ne retiens pas. Ce n’est pas le lieu ni l’endroit. Je ne lui en tiens pas rigueur. Au moins, il a réussi à faire sourire la gamine. Elle l’observe avec de grand yeux, pendue à ses lèvres. Le charme fait son effet. « Tout le monde devrait être jaloux parce qu’à toi, elle te va très bien, cette couleur. Elle te va même encore mieux quand tu souris. Je suis sûr que si tu tournes sur toi, on va même te confondre avec une princesse. Montre-nous, pour voir. » Elle lui offre son plus sourire la gamine avant de tourner sur elle-même. Elle entame un second tour même pour bien faire voler le bas de sa robe. Pour bien impressionner. Mon regard croise celui d’Auden. L’animosité a pris une pause. On se concentre sur les gamins. Sur l’instant de la soirée. Pour Noah. Pour Ginny aussi un peu dans le fond. « Pas vrai qu’elle ressemble à une princesse, Fitzgerald ? » - « La plus belle des princesses ! » dis-je en souriant de toutes mes dents à la blondinette. Comme le Williams, je me mets à son niveau. « N’écoute jamais ce que les autres disent. Tant que ça te plaît à toi. » Elle hoche la tête et déjà une de ses autres copines viens la chercher pour l’entraîner sur la piste de danse. La pression redescend et surtout, on se retrouve comme deux cons accroupis l’un en face de l’autre. Je me racle la gorge et me redresse bien rapidement. « Merci. » Ça brûle la langue, mais c’est nécessaire. Incapable de rester seul, par instinct, on se dirige vers notre groupe. La tension est encore là avec Williams. Elle ne disparaîtra pas comme cela, même si je sais, même si j’ai dit ce que j’ai dit. Et avant que l’on arrive au niveau de nos femmes, je tourne le regard vers lui un court instant. « Je le pensais quand j’ai dit que je te faisais confiance. » Ne gâche pas tout.

Ginny tente de négocier une danse avec son fils, tandis que lui tente de négocier des bonbons avec sa tante. Je ne peux m’empêcher de rire face à cette scène de vaudeville. « Une danse avec toi. » Il prend la main de sa mère. « Et… Avec toi. » Je m’attendais à ce qu’il prenne celle de sa tante, mais c’est entre mes doigts que se glisse sa petite main. « Et toi tata, tu prépares les bonbons ! » Déjà, il nous tire vers la piste de danse, avant de se tourner vers Jill une nouvelle fois. « Et tu manges pas tout ! » Alors que Jill a déjà un bonbon à mi-chemin vers sa bouche. « Tu surveilles Auden. » Et il est fier de lui le gosse alors qu’il nous emmène sur la piste de danse en se dandinant un peu sur la musique.

« Une danse avec toi. » et il cède le gamin, il cède et j'aurais dû me douter rien qu'à voir son regard de fourbe que c'était tout sauf une bonne chose.
« Et… Avec toi. » oh, Noah.

D'office, mes yeux passent d'Auden à Jill quand ma main passe de Noah à Bailey, et il rigole, il s'esclaffe, il nous tire d'un côté et de tourne le plus fièrement du monde de l'autre.

« Et toi tata, tu prépares les bonbons !  Et tu manges pas tout ! Tu surveilles Auden. » il est tout en ordres le gamin et s'il savait à quel point il vient d'ajouter des heures d'interrogatoire impitoyable sur le cas de sa copine pour avoir pensé faire le malin, il n'aurait pas le regard aussi brillant que ça. Il ne nous presserait pas autant sur la piste de danse non plus, à travers les autres bénévoles en croyant que sa petite manoeuvre de distraction ne lui sera pas remise au centuple.

« On a élevé un tyran. » que je pouffe finalement, plaçant avec pudeur mes mains sur les épaules de Bailey entre deux rires. Et le pire, c'est qu'il ne reste même pas Noah, quand il se rappelle qu'il a parlé de bonbons et qu'il a insunué que Jill devait lui en garder et qu'ainsi, il a signé l'arrêt de mort fatal et tragique de son sac de confiserie préférée. Déjà il se faufile un chemin loin de nous et proche d'eux, planifiant retourner vers ma soeur et Auden que j'ai perdus de vue au fur et à mesure que les têtes se multiplient à hauteur de mes yeux.

L'instant d'après, j'entre en mode confidence, la chanson qui semble durer pendant mille ans et mes prunelles qui s'illuminent d'espièglerie au passage. « Oh, et j'ai un secret... » je lui fais signe d'un index sur mes lèvres qu'il doit garder le silence s'il veut être dans le coup, avant de poursuivre comme s'il s'agissait d'une information de la plus haute importance. « J'ai vu le planning de la soirée, et y'a un genre de spectacle de variétés d'ici une vingtaine de minutes. » un nouveau rire, un nouveau coup d'oeil vers Noah qui a rejoint Auden et Jill et qui maintenant a l'air de les supplier comme personne pour ravoir son dû sucré. « Noah est inscrit et à côté de son nom y'a écrit "ARBRE". J'espère que la batterie de ton portable est encore chargée à bloc, prendre des photos de ça va valoir de l'or quand il sera adolescent et qu'on va vouloir le faire chanter. »

« Et alors ? Si la gamine est une garce je suis sûre que les parents sont pareils ! » Elle pourrait presque parler encore plus fort si elle savait où étaient les parents de la fameuse Maddy. Mais elle suit sa petite sœur de loin, elle cherche Noah et elle fait un boucan infernal. C'est étonnant que la sécurité ne soit pas encore en train de lui demander ce qu'elle fout à ouvrir toutes les portes qui passent devant ses yeux. Elle part en moonwalk et manque de se casser la figure. Et ça, c'était prévisible. Et Jill court la sauver quand elle se fait repérer par un parent et par Noah. Elle pouffe de rire mais elle lui sauve la mise avant de retourner vers la piste de danse en tenant la main de Noah. Il lui demande de lui lâcher la main mais Jill récupère rapidement son attention en parlant de sa réserve de bonbon secrète. Et bien évidemment Ginny suit le mouvement et Jill la regarde en souriant encore un peu plus franchement. « C'est parce que t'es parti trop longtemps ! » Elle hoche la tête Jill et rit en écoutant Ginny à la recherche de toutes les informations possibles et imaginables. « C'est pas mon rencard c'est une amie. » Et il rougit Noah, oh non, sa première amoureuse. « T'as ton nez qui grandit Noah c'est pas bien de mentir. » Et bien évidemment qu'il va toucher son nez le petit brun. « Je t'ai eu. » Un clin d’œil et Jill aussi qui cherche des informations. « T'es même pas drôle. » Et ils parlent de danses. « Vendu. Je veux au moins une danse. » Et elle hoche la tête une nouvelle fois en empêchant Noah de plonger ses doigts de nouveau dans le paquet de bonbon.

Noah est fourbe, et Noah part danser avec Bailey et Ginny. Jill surveille, elle surveille toujours quand Ginny et Bailey sont aussi proches, ça ne lui rappelle que des mauvais souvenirs. « Je mange tout si je veux, t'as qu'à le surveiller toi ! » Elle hoche la tête en commençant déjà à manger les bonbons qu'elle a en main avant de retourner vers la table qu'elle devait garder depuis le début avec Bailey. Il lui faut moins de cinq minutes avant de revenir. « Je savais que tu mangerais tous les bonbons. » Jill qui rit et lui tend le paquet pour qu'il en prenne un. Mais bien évidemment il attrape autant de bonbons que ses mains peuvent en contenir. « T'as prévu de nourrir toute ta classe ou tout est pour toi ? » Toujours à la recherche d'informations alors qu'elle a un œil qui continue de surveiller Bailey et Gin qui sont sur la piste de danse. « Tu le dis pas à maman mais j'ai offert une fleur à Lucie, je crois qu'elle aime bien les fleurs. » Elle ébouriffe ses cheveux qui étaient trop bien coiffés. « Je suis sûre qu'elle aime encore plus les bonbons, tu me montre laquelle c'est ? » Et Noah lui montre du doigt la petite blonde que Jill avait déjà repéré. « T'as pas le droit d'aller lui faire peur ! »