Or Death and all His friends
 

« Chut ! Baisse d'un ton,» Jiyeon prenait un air faussement choquée. Evidemment qu’il ne voulait pas que ça s’ébruite, mais de là se faire disputer de la sorte … « Garde ça pour toi Ji, s'il-te-plaît,» Et Jiyeon le prenait au pied de la lettre : se servant quelque fois dans le petit sachet qui était à présent le sien. « Non mais tu ne te prives de rien, Ji,» Elle demandait tout de même ce que c’était, histoire de s’avoir, par principe, même si au fond elle s’en foutait un peu. « De la diamorphine, t'en as déjà pris ? » « C’est comme la morphine du coup ? » demandait-elle machinalement. Elle avait certainement du avoir des antidouleurs similaires à l’hôpital mais elle n’avait aucune idée de ce qu’on lui avait administrer. En tout cas il était facile de déduire que Kai se servait probablement sur son lieu de travail. Ce qui n’était certainement pas une bonne idée. « Ca te shoote, ça te booste pas, » « Si ça fait en sorte que mon cerveau se taise : ça m’intéresse. » Assurait-elle. Alors oui pour faire la fête, elle préférait les euphorisant, mais pour une soirée chill, ce genre de drogue était parfaite. Peut-être même que ça l’aiderait à trouver plus facilement le sommeil, elle qui était une abonné fidèle aux insomnies (mais c’est certainement pas la faute de sa consommation de café et de redbull. Non).
Jiyeon entrouvrait la porte, observant Noor et Max un instant, avant de glisser le pochon dans son soutient gorge, prête à rejoindre les autres dans le salon. Mais pas le temps de quitter la salle de bain, que déjà la porte s’ouvrait complètement derrière elle. Jiyeon manquait de se la prendre, alors que Noor débarquait comme un tornade, glissant sa main dans le t-shirt de l’influenceuse pour récupérer ce qu’elle venait d’y cacher. « Wow. Hey girl, invite ton mec — » pas le temps de finir de dire des connerie que Noor s’énervait déjà : « Sérieusement ? Vous vous cachez pour sniffer des trucs ? Alors que Jiyeon sort de l'hôpital ? » « Non, j’ai rien snifer. » niait-elle aussitôt. Et en soit : c’était la vérité. Noor n’avait pas l’air de vouloir rigoler, finit par laisser le sachet par terre avant de prendre la fuite avec les larmes aux yeux. Jiyeon restait planté là, la regardant partir, surprise d’une telle réaction. « Cette drama Queen… » notait-elle à mi-voix, avant de se retourner vers Kai. « Je garde ça quand même. » annonçait-elle en récupérant le sachet qui se trouvait par terre. « Par contre toi…. Va pas perdre ton job pour ces conneries. » donneuse de leçon après ce qu’elle avait fait et traverser ? …. oui, bon, personne n’est parfait. Elle mettait le sachet dans la poche arrière de son jean ce coup ci, avant de déposer un baiser sur la joue de Kai. « Fais pas le con. » elle esquissait un léger sourire avant d’ajouter : « c’est mon rôle ça. » Au même moment elle entendait Hugo tousser bruyamment dans la pièce d'à côté avant qu'il ne râle au sujet d'une chips qui flottait dans son verre. « Et Hugo aussi. Mais c'est pas le même genre de connerie je crois. »

Je me félicitais d'avoir ingéré ces substances chimiques, conscient que sans elles, je gérerais bien plus maladroitement la découverte de Jiyeon de mes possessions illicites. Néanmoins, je reconnaissais également que j'avais produit de multiples et périlleux faux pas pour provoquer cette révélation aussi macabre qu'involontaire, et assurément, dès l'effet des drogues et de l'alcool estompé, je regretterais amèrement mon imprudence. J'adorais la Park de tout mon coeur mais j'étais incapable de lui faire confiance sur ce genre de sujet, comme je ne me confesserais pas non plus à quiconque m'est proche. Cette drogue faisait partie de mon jardin secret, d'un Kai que les Fives ne connaissaient pas et ne devaient pas fréquenter. Des membres de la bande, Jiyeon était probablement celle qui comprendrait le mieux mes tendances, cependant, il n'en demeurait que l'embarquer dans mes pratiques ne m'enchantaient pas, aussi volontaire soit-elle. Par conséquent, répliquer sommairement à ses interrogations et présenter la substance comme peu enthousiasmante représentaient deux armes que j'employais pour la lasser de cette drogue. « Si ça fait en sorte que mon cerveau se taise : ça m’intéresse. » Un sourire triste apparut sur mes lèvres, trahissant l'une des raisons pour laquelle je consommais.

Le conciliabule tirait à sa fin, Jiyeon commentait Mister Cat qui était sur le départ non sans avoir fait ronronner Noor au préalable. Je m'apprêtais à sortir de la salle de bain lorsque l'architecte s'interposa, plongeant sans cérémonie ses doigts dans le soutien-gorge de Jiyeon pour en extraire le sachet qui finit au sol. Décidément, la mama repérait toujours tout, même si elle n'était censée n'avoir d'yeux que pour son Jules. Ses reproches retentirent amèrement dans ma boîte crânienne et les larmes que je voyais déjà perler au bord de ses cils foudroyèrent mon coeur de honte et de culpabilité. Je n'eus même pas le temps de récupérer la drogue tombée au sol avant mon amie qui me dépouilla allègrement deux fois plutôt qu'une et je soupirais quand la vingtenaire me mit en garde. Je me sentais encore plus misérable de constater les rôles s'inverser : généralement, tout le monde prévenait Jiji, et pas l'inverse. A quel point étais-je damné ? « Et toi, ne dis pas que j'en prends. » Je l'implorais de nouveau, absolument pas rassuré lorsqu'elle rappelait son traditionnel rôle d'imprudente. Je soupirais pendant que nous quittions la salle de bain. Il n'était pas dans mes plans que Dani et Hugo sachent que de la drogue se trouvait dans l'appartement et pour ce faire, il était probablement judicieux de ne pas exacerber le départ prématuré de Noor de sa propre fête d'anniversaire en le commentant ou en s'enquérant de la marche à suivre pour réparer les pots cassés avec la jeune trentenaire, quand bien même je mourrais d'envie que nous ne nous quittions pas fâchés ni déçus - surtout en ce soir particulier. Ma gorge se serrait davantage de remords à cette pensée, en chœur avec mon sang qui se glaçait et une angoisse qui s'immisçait sournoisement en moi. Je me maudissais sans vergogne, puis, Hugo se mit à râler que Noor nous avait lâché pour batifoler avec son nouvel amant, ce à quoi Dani adhéra spontanément. Une perche en or. « Je vais rentrer aussi, je suis KO, » j'annonçais, dans une tentative de mettre un terme à cette soirée et d'œuvrer pour que ma drogue ne s'étende pas parmi les convives. Qu'ils restent sur le sujet des histoires de coeur de Noor et de ce voisin qui devenait rapidement leur ennemi m'arrangeait très bien. Je croyais même en une chance qui m'était accordée par le destin. « Je te raccompagne, Ji ? » J'invitais. Laisser les deux tourtereaux ensemble me paraissait aussi l'idéal pour augmenter mes chances de limiter les témoins de mon activité délinquante.