Tu n’es pas surpris de le voir s’emparer de la bouteille quand il en sent l’opportunité. Carmine a toujours été de ceux qui pointent tes excès d’alcool pour ton bien. Tu les entends. Tu les connais. Mais tu en as aussi besoin de cette échappatoire. Il t’entraine avec lui s’allongeant sur le lit. « You need to sleep. » Il a raison. Et tu le laisses faire sur le moment. Tu retiens le drap de venir sur toi quand il commence à le remonter. « I’ve got your back. » Qu’il dit en plaçant les oreillers un peu mieux. Mais voilà que t’es déjà en train de te redresser dans le lit. « I need a shower first… » Tu ne peux pas dormir comme ça. C’est impossible. Humainement impossible. Tu t’assois sur le bord de nouveau. Tu prends le temps car oui, tu es très fatigué et très enivré aussi. « J’en ai pas pour longtemps. » Tu dis en te mettant sur tes deux pieds. Tu vacilles un petit peu mais tu ne tombes pas, tu trouves ton équilibre en même temps que tu trouves la porte de la salle de bain. Tu te laves avec le shampoing car tu n’as pas assez de clarté d’esprit pour faire la distinction avec tous les produits sous tes yeux. Ceux là même qui ont beaucoup de mal à rester ouvert. L’eau sur ta peau te fait du bien. Sentir l’abricot aussi. Car c’est bien ça qui parvient à tes narines. Le parfum du shampoing est très très agréable. Ca t’apaise. Tu ne perds pas de temps à te prélasser plus parce que tu te connais et tu n’as pas envie de t’endormir dans la douche.

Un quart d’heure plus tard, tu te glisses de nouveau dans le lit. Propre. Cheveux mouillés. Rafraichis. Exténué… Tu as déjà les yeux fermés quand ta tête touche le coussin. Tu ne vas pas faire long feu. Sur le ventre. Nu. Tu sombres dans un sommeil profond.

« Back to reality Pop Star, c'est l'heure. » Tu l’entends mais t’as l’impression que c’est dans ton rêve. C’est la pression sur son bras qui te fait sortir de tes songes profonds. Tu as la tête complètement dans le gaz. La gueule de bois n’est pas la plus violente que tu aies jamais eu mais tu as eu de la fatigue bien plus que physique hier. Ta tête en a mangé son pesant d’or avec ce qu’il s’est passé et ce matin, pendant ces premiers instants d’émergement, tu as oublié. Qu’il est bon d’oublier. Ces quelques moments de confusion où ton frère et ta soeur sont toujours vivant. Ces quelques moments de confusion où tu n’as pas un seul démon qui te susurre à l’oreille combien tu n’es qu’une disgrâce à ta famille. Etonnamment - ou pas - celle ci de voix t’es toujours familière. C’est celle de ton père.

Tu restes sans bouger dans le lit malgré que tu sois sorti de ton sommeil. C’est de très longues minutes plus tard et d’autres sollicitations de Carmine que tu daignes enfin à te tourner pour réaliser l’endroit où tu te trouves. Tu prends conscience également que ton ami est avec toi et malgré le brouillard qu’est ton cerveau, ça y est, tu replaces les choses. Melbourne. Tournage. Sodomie.

Tu n’auras vraiment pas été des plus bavards depuis que tu es entré dans cette chambre d’hôtel très étoilée. A croire que l’endroit en lui même t’avais volé ta langue, mais non. C’est bien autre chose et tu le sais. Sur le plateau repas et surtout le verre d’eau qui s’accompagne qui te fait - enfin - te redresser. « Tu dois filer ? » Tu demandes alors que tu vois qu’il est absolument prêt, et super classe comme toujours. Tu n’as aucune idée de quelle heure il est, bien que Carmine ait dit que c’était l’heure. Tu n’as pas de timing à suivre aujourd’hui et tu dormirais bien encore un peu. « Merci pour… » Tu finis pas ta phrase mais tu lui indiques la nourriture. Tu es toujours intégralement nu et étrangement cela ne te dérange pas de rester sous cette forme la plus simple. Ton cerveau n’est pas capable de gérer trop de chose à la fois vu ton état. Mais tu vas quand même tirer le draps sur toi car tu as un peu froid.