Tu squattes ce bar depuis quelques semaines maintenant. Le plus près de chez toi, le plus accueillant aussi. Celui où tu as l’impression qu’il est plus aisé de faire la conversation au premier venu. Tu ne sais pas ce qu’il a ce bar ci mais y’a une atmosphère qui s’appellerait certainement ‘reviens dans le coin’. Les barmans et autres employés commencent à connaître ton visage. Tu essaies de trouver de la compagnie la plupart du temps mais il y a des jours, ou des soirs, comme celui ci où personne n’a répondu par la favorable à ton message. Tu te sens clairement pathétique à chaque fois mais l’obscurité dans laquelle tu te trouves quand tu es seul te fait plus peur que jamais. Tu es à un moment charnier de ta vie où tu sais que si tu ne sors pas de tes habitudes, ça va être fatal et tu ne veux pas en arriver là. Ce serait du gâchis de la vie que tu as la chance de vivre. Car ouais, tu as beau avoir été un rageux pour la plupart de celle ci, tu comprends seulement maintenant la chance que tu as par rapport à d’autres qui méritaient bien plus que toi à ton avis.

Le nez dans ton téléphone, tu es plutôt resté sage ce soir sur la boisson. Tu avais surtout envie d’être entouré même si ce n’est que de totals inconnus. Des petites conversations ici et là avec les employés. Tu vérifies sur ton téléphone l’adresse de chez Will que tu vas rejoindre le lendemain. Une autre raison de ne pas être défoncer ce soir, tu as besoin d’être clair pour visiter cet éventuel futur appart’. Tu t’es laissé envouté par Tik Tok car oui tu as créé un compte pour voir de quoi il s’agit là bas dessus car on t’en parle trop au niveau du boulot. Ton profil est totalement incognito et tu n’as rien posté dessus, juste regardé. Ca fait quelques jours que tu te laisses perdre de ce côté là et faut avouer que ça aide à faire passer le temps. Tu ne réalises pas que le bar est en train de fermer, tu n’as même pas bu la moitié de la bière qui est sous ton nez. C’est pas la première du tout nope mais quand tu relèves la tête et tombe sur Reese tu te rends compte en même temps qu’il n’y a plus personne entre ces murs. « Vous fermez trop tôt, tu sais ça ? » Que tu dis pour plaisanter mais pas du tout en fait. Tu préfères scroller ici que seul chez toi.

@Reese Grigson

Reese se marre de ta phrase qui est totalement véridique à ton humble avis. « Je sais. » C’est agréable d’avoir quelqu’un qui va dans ton sens. Est-ce qu’il ne fait qu’être aimable car le client - toi - est roi ? Tu sais pas, mais en tout cas ça te filerait presque la nostalgie de l’époque où tu étais encore barman toi même. Mais quand tu penses aux horaires à tenir et aux clients chiants à gérer… nope, t’es très bien de ce côté là du comptoir à scroller tik tok à l’infini. C’est Asher 3.0 qui est en train de se former doucement mais sûrement. « Et me dis pas que c’est l’alcool qui te manque quand on ferme, tu vas me briser le coeur. » Voilà pourquoi tu viens et reviens dans ce bar ci, parce que Reese te donne l’impression d’être un pote de toujours à te vanner de la sorte. Ca fait du bien des gens que tu rencontres alors que tu es dans cette partie ci de ta vie. Des gens qui ont aucune idée de tout le changement qui s’effectue depuis quelques temps. « Nan c’est pas du tout l’alcool qui manque. » Tu es honnête, il le sait en plus. Tu en as chez toi mais ici c’est mieux.

« Qu’est-ce qui t’arrive, tu deviens raisonnable ? » Il a pas l’air pressé de te foutre à la porte. On peut pas dire que ce scénario soit nouveau non plus. C’est toujours plus qu’agréable de se sentir apprécier. Tu réalises également que ton verre est carrément pas près d’être terminé. Tu savais que tu avais été tranquille mais pas à ce point là. Comme quoi Tik Tok ça hypnotise vraiment. « J’ai une visite d’un appart’ demain matin, j’ai besoin de toutes mes facultés. » Tu hoches la tête en même temps que tu expliques la situation à Reese. « J’ai besoin de bouger de chez moi au plus vite. Je peux plus le voir cet appart’. » Sûrement que Reese va joindre les deux bouts avec ta présence constante dans le coin et ton appart’ que tu esquives le plus possible. « T’habites dans quel coin? Tu recommandes ? » Que tu demandes pour faire la conversation et ne pas avoir à partir yep. Mais ça va, Reese saura te dire de filer s’il doit véritablement s’en aller. Tu es encore en pleine réflexion pour ton futur logement et tu as réalisé ces dernières semaines que discuter avec les gens pouvaient donner des bons plans ici et là, donc tu continues dans cette voie ci. Tu n’as jamais été aussi sociable que ces derniers mois c’est beau à voir comme évolution Asher.

« Il est jamais aussi bien servi que par moi-même, tu peux le dire. »   Il a toujours le bon mot pour te faire sourire et voilà bien une raison parmi plein d’autres pour lesquelles t’es encore ici ce soir alors que l’heure est à la clôture des portes. Ce soir et tous les autres d’avant aussi. « Ça te laisse quelques heures pour récupérer, non ? » Reese est en mode poussons ta consommation et c’est clair qu’il sait combien tu sais encaisser, mais cette visite est très importante. Tu ne veux pas de gueule de bois aussi infime soit elle. « C’est quoi le problème avec ton appart ? » « Les souvenirs. » Que tu réponds simplement. La vérité qui fait mal. Tu as le luxe de pouvoir changer comme tu veux car tu as l’argent. Tu sais que t’es privilégié mais tu sais aussi que tu donnerais tout ton argent aux autres si ça voulait dire le retour de ton frère et ta soeur.

« En ce moment je suis sdf. » Ton tour d’être piqué par la curiosité.  « Je squatte chez un pote dans le quartier en attendant de retrouver un appart. » Tu hoches la tête.  « Mais je vivais dans le coin déjà, avant ça. Sur James Street. » Le coin où habite Jordan. « Pour moi, c’est le meilleur quartier, mais j’suis pas certain d’être objectif. » Tu souris de l’entendre. « C’est le meilleur quartier pour les sorties ouais. » C’est pour ça que tu as acheté là d’ailleurs.

« T’habites où toi, en ce moment ? » « Fortitude. Doggett Street. J’ai un pote qui habite sur James Street. » « Je te sers rien, donc ? » Tu fais non de la tête. « Nan je vais rester frais pour demain. J’ai pas envie de faire mauvaise impression tout de suite. » Tu souris, amusé, tu plaisantes mais pas tant que ça. « Je connais un gars de la coloc mais pas les autres. » Tu relèves les yeux vers Reese alors que tu étais en train de regarder ton verre, légèrement dans tes pensées. « Tes recherches sont fructueuses ? Je vais chercher à vendre mon appart’. » Ouais tu glisses cette info sans vraiment t’en rendre compte. Tu es propriétaire ouais. Ca ne devrait pas le surprendre s’il connait la famille Buckley plutôt riche à Brisbane. Toi même malgré que ton métier ne soit pas conventionnel - chanteur dans un groupe de rock - tu fais bon chic bon genre dans ton style avec tes chemises toujours sur le dos.

« Ok. » Il t’est toujours bien difficile de t’ouvrir plus que nécessaire aux autres. Tu ne parles pas de toi, de tes tourments. Il n’y a qu’un nombre très sélectif de personnes qui ont le plaisir - non - d’entendre tes maux. Birdie, Naomi, c’est bien elles qui sont tes piliers quand on y pense depuis toutes ces années. Tous les autres ils ne font qu’aller et venir au fil des ans. Johnny tu l’épargnes car tu veux pas lui gâcher sa vie. Tu veux le préserver pour le bien de votre groupe de musique. Il est la tête pensante de vous deux.

Bien plus léger de parler des sorties sur Fortitude Valley. « Moi un sur Doggett Street. J’ai toujours su que l’élite de Brisbane vivait à Fortitude. » Il te fait sourire Reese à te caresser dans le sens du poil comme ça. C’est bien dommage que ce quartier est devenu trop proches de souvenirs que tu aimerais avoir un peu plus loin dans ta tête. Le temps d’aller de l’avant et de pouvoir les regarder sans que ça te fasse un pincement au coeur. Pour l’instant t’es surtout en train d’impressionner le barman qui visiblement n’a jamais eu le droit à voir le côté raisonnable de ta personnalité. Comme quoi, tout arrive.  Reese lui se fait plaisir avec un verre servi et tu apprécies de voir que vous allez pas filer dans la minute qui suit. Vous êtes bien là. « Ils vont t’adorer. » Un léger rire s’échappe de tes lèvres. « Ils vivent où ? » « Redcliffe. » Clairement pas la même chose mais ça reste pas mal. Tu as beau avoir du fric tu ne te sens pas à ta place dans des beaux quartiers. C’est bien ça le problème au fond. Tu ne sais toujours pas où est ta place. Dans un cercueil peut être bien.

« Pas vraiment, pour le moment. J’ai eu ma première paie y a pas si longtemps, donc à voir. » Première paie ? Ton tour d’être curieux envers Reese, mais tu ne le montres pas spécialement. Tu te poses juste tout un tas de question dans ta petite tête. Parfois ce serait bien que tu parles plus que tu ne penses Asher. « Dommage que tu loues pas. Ou que je gagne pas suffisamment de thune pour acheter. » Tu hausses les sourcils en l’entendant. « Vous vous connaissez pas entre proprios ? Un qui cherche désespérément un locataire dans le quartier ? » Est-ce que t’as envie de te casser la tête avec un locataire à gérer ? Pas au sens que Reese va être chiant, mais dans le sens que ça implique de la paperasse et des responsabilités de gérer une personne vivant entre tes murs. Il est plus simple de vendre et de ne plus en entendre parler. Tu ne peux clairement pas gérer trop de choses importantes dans ta vie. C’est trop d’effort. « Passe moi ton numéro. Si j’entends quelque chose je te dirai. »  Tu deviens un bon samaritain Asher dis donc. Mais ouais, tu apprécies Reese bien plus que le commun des mortels alors si jamais t’as une info qui te tombe sur le coin de la figure. Tu feras passer. C’est pas très compliqué.

« T’as pas une girlfriend ou un boyfriend chez qui squatter sinon ? J’ai fait ça y’a… Très longtemps. »  Un sourire nostalgique mais un beau sourire quand même, sur tes lèvres d’y repenser. « C’était juste pour profiter de chez elle au début. Le meilleur plan pour être le moins de temps possible chez mon père. Sauf que j’ai fini par vraiment l’aimer. » Pourquoi sauf Asher ? « Enfin, j’ai fini par l’aimer. » C’est une belle histoire qui se fini bien ça Asher, c’est mignon que tu partages ça.

« Pas si mal. » Oui y’a des bons côtés dans ce coin là. Tu as quelques bars et un karaoké en tête surtout. Tu vas commencer à investir leurs restaurant, faut bien que tu te nourrisses. « Ok. Merci. » Tu as peut être bien sauté sur la première opportunité afin d’avoir son numéro. Il est agréable Reese et tu risques de ne plus être autant dans le coin. Tu sais pas. Mais c’est cool d’avoir un moyen de le contacter si jamais. Et qui sait, y’aura peut être une bonne affaire qui viendra à tes oreilles pour une location parfaite pour lui. « Passe ton tel, ce sera plus simple. » Tu lui donnes ton téléphone qui a pour fond d’écran un simple paysage d’une route de montagne dessiné.

« Juste des potes. » Tu laisses ton téléphone sur le comptoir alors que Reese te l’a rendu avec son numéro à l’intérieur. Il est donc célibataire. Dommage, c’est pratique d’avoir quelqu’un quand on a pas de toit. Ou qu’on en veut un autre. « Romantique. » Un sourire très amusé se forme sur ton visage. T’étais tellement un petit con. Tu l’es toujours en réalité, sauf que maintenant t’es un petit con fils unique. « C’était un problème ? » Tu fais non de la tête. « Non. Loin de là. » Tu as aimé et tu aimes toujours profondément Naomi. Une des plus belles parties de ta vie quand tu étais avec elle corps et âme. « C'était pas con comme plan, ceci dit. » Tu le regardes se servir un verre de plus.

« Et ça va mieux ? » Tu étais parti dans tes songes alors que tu observais le liquide sortir de la bouteille. « Avec ton père, j'veux dire. » Oh ça. « Tu me dis si je pose trop de questions. Déformation professionnelle. » Tu fais non de la tête avant de prendre la parole. « Nan ça va. » Tu marques une pause. « Pour l’interrogation, pas avec mon père. » Cette précision t’arraches un sourire amusé. « Nan on se déteste toujours autant. C’est même pire je crois. » Que tu dis avant de porter ton verre à tes lèvres pour en boire une gorgée. Vas-tu réussir à rester sage du côté de la boisson ? Oui, tu l’as dit. Mais est-ce que tu vas tenir ta propre promesse ? Parler de ton père n’est pas forcément la meilleure chose pour garder ce genre de résolution de soirée. « Tu t’entends bien avec ton père toi ? Il est toujours dans le coin ? » Car t’es pas assez naïf pour penser que tout le monde est forcément par défaut toujours vivant.

@asher buckley

i'd trade it all for you

Contrairement à ce que Reese aimerait faire croire, il multiplie les choix douteux. Se lancer dans des confidences alcoolisées en est un sans le moindre doute. Jusque là, elles portent pourtant plutôt sur le Buckley, laissant le Grigson profiter des informations qu’il récolte sans trop avoir à en donner en retour. C’est toujours sa manière de fonctionner, préférant voir l’autre se dévoiler en premier plutôt que l’inverse. Seulement, le vent pourrait tourner plus rapidement qu’il ne le pense. Sans s’en apercevoir, il se laisse lentement prendre au jeu, maîtrisant de moins en moins les mots qu’il adresse au blond. « Non. Loin de là. » Il arque les sourcils, légèrement surpris par sa réponse. Quelques instants, ses prunelles ne se décrochent pas du visage du Buckley, le détaillant sans gêne. Au fil de la conversation, les suppositions de Reese s’emmêlent. Son esprit cherche à relier les informations entre elles, inconsciemment, et subitement, il en vient à se demander si l’appartement dont il cherche à se débarrasser n’est pas aussi celui partagé avec cette fille. Sa disparition pourrait justifier ce besoin pressant de déménager — ou peut-être qu’il est fortement influencé par le deuil qu’il traverse, bien plus pessimiste qu’à l’accoutumée. Sa théorie est pourtant fausse, sans qu’il n’ose vraiment la vérifier, ne souhaitant pas remuer le couteau dans la plaie. En revanche, la vérité n’est malheureusement pour lui pas plus joyeuse. « Nan ça va. » Ses doigts pianotent distraitement contre son verre tout juste servi, alors que son regard curieux demeure accroché à celui d’Asher, patientant pour la suite. « Pour l’interrogation, pas avec mon père. » Il grimace légèrement, ses prunelles se plissant en comprenant que les nouvelles ne seraient pas bonnes. Il regrette d’ores et déjà sa question. « Nan on se déteste toujours autant. C’est même pire je crois. » Il reste silencieux, de longues secondes, ses prunelles déviant cette fois vers le whisky lui semblant d’autant plus attrayant. « Ah. » qu’il souffle finalement, sourcils froncés. « Merde. » Pas terrible, comme réaction. Il devrait probablement poursuivre sur le sujet, mais à la place, il engloutit une grosse gorgée de son verre — il risque d’en avoir besoin. Quand bien même il serait curieux d’en connaître les raisons, Reese s’apprête à changer de sujet. Tant pis si ça donne l’impression qu’il se fout de cette information. Il redoute bien trop le moment où Asher pourrait vouloir lui retourner la question pour s’en préoccuper. Seulement, à peine a-t-il entrouvert les lèvres que la voix d’Asher s’élève à nouveau. « Tu t’entends bien avec ton père toi ? Il est toujours dans le coin ? » Ça ne loupe pas. Son regard remonte brutalement dans celui d'Asher, surpris par sa seconde question. Il ne sait pas s'il bascule dans la paranoïa, ou si le blond est réellement en train de s'assurer que son père est bien en vie — avec assez peu de délicatesse, s'il doit émettre un avis. En l'occurence, il ne l'est pas. Ses prunelles jonglent longuement entre les siennes, trahissant son trouble. Il s’est toujours trouvé toutes les excuses du monde pour ne pas en parler. Ne pas en parler à Winston, parce que ce n’est jamais le bon moment. Ne pas en parler à Leo, parce que tout est encore trop compliqué, et que leurs échanges depuis son retour se font rares, de toute façon. Ne pas en parler avec sa famille parce qu’il n’a pas le temps, qu’il doit amener Finn à l’école et ne pas en parler à Finn parce qu’il est trop jeune. Ce soir il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Plutôt qu’ignorer la mention de la relation conflictuelle liant Asher et son père, il a plongé dedans. « Pas vraiment. » qu’il entame, ne déviant pas un instant le regard, tandis qu’il fait tourner distraitement son verre entre ses doigts. Il songe à mentir, un instant. Il pourrait faire mine de prendre sa question au pied de la lettre, dire qu'il vit bel et bien dans le coin. Il pourrait esquiver. Mais Asher creuserait peut-être d’autant plus — ou bien c’est l’excuse qu’il s’est cette fois trouvée pour au contraire, lâcher le morceau. « Mais non, il est plus dans le coin. » qu’il se contente finalement de lâcher, prétendant se racler la gorge dans la foulée. Il demeure vague, lui aussi, surveillant dans le regard d'Asher les conclusions qu'il en tire — s'ils parlent bien de la même chose, ou si sa question était bien plus innocente que ce qu'il en a compris. Dans le cas où ils s'avéreraient sur la même longueur d'onde, il espère simplement qu'il ne sera pas tenté de présenter ses condoléances, ou ce genre de conneries qui n'ont jamais soulagé Reese, bien au contraire. Pourtant, c’est ce que n’importe qui ferait. Il reprend une gorgée, plus généreuse encore que la précédente, s’essuyant brièvement le coin des lèvres du bout de son pouce. L'alcool le soulage, lui. Ou du moins, il se laisse volontiers convaincre par cette illusion. « Tu te laisses tenter au final ? » Il désigne vaguement la bière du Buckley qui était jusqu'alors délaissée sur le comptoir, et qui est dorénavant entamée, un léger rictus aux lèvres. Il tente de se forcer à penser à autre chose, en se focalisant sur le premier détail venu. Il l’a bien vu y céder en prenant une gorgée, finalement. Lui, ça l'arrange. S'il pouvait entraîner le monde entier dans ses consommations excessives, il le ferait. Il se persuade que ce n'est pas si démesuré, de cette façon, s'enfonçant sans hésiter dans un déni qui dure depuis de longues années déjà. Assumer qu'il a un problème sous-entendrait qu'il devrait le régler, et il n'est pas certain de pouvoir un jour y arriver.

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@asher buckley

i'd trade it all for you

Au-delà de leurs comportements respectifs, Asher et lui semblent partager des points communs suffisamment nombreux pour que leurs échanges deviennent de plus en plus fluides. Ce n’est pas franchement ce à quoi il s’attendait en s’adressant à lui pour la première fois. Un client parmi tant d’autres, plus sympathique que les autres, tout au plus. Seulement, il se surprend parfois à se comporter comme il le ferait avec Winston. Ce n’est plus tant un client, mais un visage familier avec lequel il se sent suffisamment à l’aise pour s’éterniser au bar. « Parfois c’est pour le mieux. » Un bref instant, Reese tique. Ses sourcils se froncent d’une façon à peine perceptible, alors que ses prunelles viennent fouiller dans celles de son interlocuteur. Il doute immédiatement de ce qu’a compris Asher. Certainement pas ce qu’il sous-entendait — dans le cas contraire, sa réponse serait aussi inattendue que malvenue. Dans le doute, le Grigson n’en dit rien. Il n’acquiesce pas, ne le contredit pas non plus. A la place, il laisse le whisky dévaler généreusement sa gorge, pour rendre le cheminement de ses pensées plus difficile. Seulement, lorsqu’il pense voir peut-être le blond le suivre, ses espoirs sont rapidement éteints. « Non. Je vais vraiment rester raisonnable. » Il esquisse une moue déçue. Il devrait probablement s’estimer heureux — il n’aura pas à rentrer trop ivre chez Hugo et ainsi risquer d’attirer l’attention, ce soir. Malgré tout, il aurait préféré cette option. S’ôter de toute culpabilité à l’idée de noyer son sang dans l’alcool en se prêtant l’excuse d’une compagnie pour ça. L’illusion est toujours plus convaincante lorsqu’il ne boit pas seul. « Mais si je suis pris dans la coloc je repasse demain et je fêterai ça comme il se doit. » Son front se plisse sous la surprise, et bien vite, un sourire satisfait vient se frayer un chemin sur ses lèvres. Ça l’amuse, de voir que la bonne impression que veut laisser Asher semble pouvoir être abandonnée d’ici vingt-quatre heures — bien que du point de vue de Reese, une gueule de bois n’a rien de si compromettant. « J’espère bien. » qu’il rétorque, un sourcil arqué. Il est curieux d’en connaître le dénouement, et si la réponse à sa curiosité s’accompagne de plusieurs verres, ce n’est pas pour lui déplaire, bien au contraire. « Tu bosses demain ? » Il hoche la tête, laissant de côté, et quelque peu à contre coeur, son verre dorénavant vide sur le comptoir. « Ouais. » Avec l’absence de Hugo, il ne risque pas d’alléger ses heures. Ce n’est pas pour autant que ça le dérange, Reese. Il supporte bien le travail de nuit, probablement parce que son sommeil est complètement déréglé, et l’était bien avant qu’il soit barman. « Ça va, t’auras pas besoin de reporter ta célébration. » qu’il ajoute, narquois, prétendant être un indispensable dans cette dernière — qu’Asher ose dire le contraire et il en sera profondément vexé. « Je vais peut-être pas tarder à fermer le bar. » qu’il amorce, en fronçant le nez. Même s’il n’éprouve pas de hâte particulière, il le faut bien. « J’voudrais pas t’empêcher d’être frais pour demain. » Un sourire espiègle accompagne ces mots, parce que l’un comme l’autre, ils savent que ça ne l’aurait pas dérangé en réalité. Mais si Asher veut être raisonnable, autant l'être sous tous les aspects.

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