Ah, l'Angleterre, ses jolies petites ruelles colorées, ses habitants si courtois, ses pubs si emblématiques, ses festivals si mignons, ses - « KELLIN, WHERE THE FUCK ARE YA? » ah oui, ses accents si chantants, douce mélodie à mes oreilles. Quoi qu’ils disent, c’est adorable, charmant, irrésistible ! « Hello doll » me salue d’ailleurs la jeune femme vêtue d’un t-shirt Jack Daniels tout en tambourinant à la fenêtre d’un tourbus et je lui fais coucou à mon tour. « You’re up for Kerrang! buddy, last interview, come on! » Tellement charmant oui ! Et qui qu’il soit, je suis ravie que Kellin ait enfin été retrouvé.

En toute franchise, je suis légèrement retournée du chiffon, légèrement décalée et je suis si heureuse que j’ai envie de danser partout. Alors c’est ce que je fais. J’avais déjà pris un petit verre de vodka pomme dans l’avion pour me détendre et je crois que j’ai pas vraiment arrêté de picoler depuis. Faut dire que l’humeur est à la célébration et le Royaume-Unis, c’est spécial pour plein de raisons ! Déjà, c’est le pays adoptif (ou natal, jamais trop compris) de @Matt McGrath (que je bombarde de textos dés que je check / vois un des trucs de la liste « british overload » qu’on avait concocté (du genre ‘manger des biscuits et boire du thé au lait (d'amande), ‘trouver un banc dans la ville mais il est trop mouillé pour s’asseoir dessus’, ‘tenir la porte ouverte à quelqu'un quand il est inutilement loin et le voir courir vers nous’, bref j’en passes et des meilleurs), it’s a McGrath country, donc également celui de ma petite @Ginny McGrath-Williams (j’avais d'ailleurs pris un gin tonic en son honneur), et évidemment de @Jill McGrath-Fitzgerald (avec qui je m’étais empressée de faire un face-time à l’entrée du festival). Je prévois aussi de retourner à Bristol, ville de @Phoenix Ellsworth, pour saluer les lieux et voir si mon mural de l’oiseau de feu graphé plus d’une décennie plus tôt est toujours là. Et puis bien sûr le soir de mon arrivée j’avais directement été dans un pub irlandais, où j’avais commandé un Irish coffee avant de me repentir et de re-commander aussitôt un verre de Jameson, que je n’avais pas manqué d’envoyer en photo à @Jameson Winters justement, me trouvant très rigolote et originale. L’ambiance n’était pas sans me rappeler ma douce @Aisling Hayes aussi, et bien sûr mon captain @Martin Murphy, en vadrouille en Irlande. On m’avait gentiment offert une Guinness, et puis my pretty little galway girl avait retentit dans le pub, et mon esprit s’était aussitôt envolé vers @Gabriel Carnahan… évidemment…

Et maintenant je suis là, au All Points East, les yeux grands ouverts comme les oreilles pour ne pas manquer une miette du spectacle. J’ai perdu mes amis et je déambule dans le festival avec mon petit pichet de Magners dans les mains (à moins que ce ne soit de la Bulmers, je ne sais plus (dommage ils n’avaient pas de la Koppaberg ou de la Mort Subite, mais, c’est chouette tout de même)). J’ai mes grosses lunettes de soleil sur le bout du nez pointu, un grand t-shirt Queen resserré à la taille, ma jupe à fleurs bariolés qui volige au vent et mes Dr Martens pleines de terre et de fleurs aux pieds (jamais trop de fleurs). Autour, c’est magnifique ! Défilé de crêtes vertes, de vestes en cuir, des bas résilles, de mèches noires surtout, de chaines et de clous. A un moment il m’a même semblé reconnaître la petite tête de rockstar d’@Ariel James ! C’est que je la croise inopinément à tous les concerts que je fais à Brisbane ces derniers temps alors ça ne me surprendrait même pas tant que ça qu’elle soit vraiment là, tiens ! Nos étoiles sont coriaces ! Il y a un tourniquet rouge trop chou aussi, des gens dans l'herbe sur des couvertures style piquenique, des gamins avec des énormes protections d'oreilles, une scène en forme de « x » vraiment trop cool et partout ça sent bon l’herbe, la bière, le bonheur et la communion ! @Kyte Savard adorerait ça, aucun doute là-dessus ! Pour ce qui est de la picole, les anglais, on a pas de leçon a leur donner : dés le matin, des bébés vikings sirotaient de la Stella chaude dans des grandes cornes et me l’ont mise sous le nez, alors j’ai bu un peu par ici aussi (c’était pas très bon mais c’est toujours mieux que la 1664 ou la Heineken). Un peu plus tard, c’est une jagger bomb qui s’était glissé dans mes mains, alors j’ai bu là encore mais j’ai quand même décliné la tequila avant midi : je n'ai point envie de finir les quatre fer en l’air avant Bring me ! N’empêche, les gens sont vraiment adorables ici...

« Hey… » je tourne la tête et mes yeux suivent avec un petit retard, la faute à la fête dans la tête. Quand je vois un immense jeune homme très fin à la crinière platine flamboyante et t-shirt BMTH se rapprocher de moi je relève mes lunettes de soleil dans mes boucles emmêlées pour le saluer avec un grand sourire : « Heyyy » Il a les traits anguleux incroyablement délicats et le corps recouverts de tatouages, on aurait dit une œuvre d’art ambulante. « Do you know when would be a good time to have a chat with Kellin today ? » Kellin Kellin… pourquoi ce nom me dit quelque chose ? Et son accent à lui, je le reconnais ! Et c’est pas anglais ! « He seems very busy right now and I’ve got no idea about your schedule so… » Pendant une seconde je me demande pourquoi ce jeune homme a besoin de connaitre mon emploi du temps et ensuite je réalise qu’il est sans doute très timide et a besoin d’un coup de main pour se présenter aux membres du groupe qu’il adore, alors il demande tout de go à la première venue et coup de chance ! J’avais tout entendu (encore un coup des étoiles) « Oh, right, je réponds avec les yeux ronds de l’enthousiasme et de celle qui a tout compris, yeah no worries love it’s his last interview, I’m sure he’ll be up for a chat right after that » que j’assure en hochant la tête, très sûre de moi, animal social d’Aristot que je suis. « I really love your shirt by the way. So excited to see them later today, right? It’s gonna me amazing! Already have a face-time session planned with my little niece during the set, she loves them. » J’ai tendance à parler à tout le monde comme si on était potes de toujours, en Australie ça surprend rarement, ailleurs j’ai tendance à l’oublier que ça dépend. Mais assurément dans un contexte festival, ça ne dérangera pas, n’est-ce pas ? « Wait, that’s for you » et, joignant le geste à la parole, je sors un gobelet de mon sac à frange en bandoulière et je renverse mon cidre dedans avant de lui tendre avec un grand sourire jusqu'aux oreilles : « Pleased to meet a fellow aussie around here! So who are you most excited to see? »

codage par amatis et birdiesnow

Cheveux Flamboyant a un grand sourire communicatif qui traverse son visage et ça me fait sourire encore plus moi aussi. C’est drôle, parce que s’il peut avoir l’air intimidant avec ses yeux charismatiques et tous ses tatouages badass, son sourire change presque complètement son visage et lui donne l’air très doux, presque enfantin. « Exposed » Il rigole et je secoue la tête pour balayer mon visage des bouclettes que le vent vient faire voltiger devant mes yeux « Ah yeah, don’t think we’re that many aussies ‘round here today, you’re the first one I meet actually. We’re a rare breed » Je rigole à mon tour. C’est que j’ai bien croisé des français des italiens des anglais des brésiliens même mais pas un seul australien. Alors bien sûr, c’est une chouette surprise de tomber sur lui (d’autant que cette fois c’est sûr je n’aurais pas besoin d’articuler à outrance tandis que tout le monde me regarde avec des yeux ronds parce qu’ils ne comprennent pas mon accent et trouvent que toutes mes phrases ressemblent à des questions). Et c’est un vrai fan de musique, Cheveux Flamboyant ! On sent tout de suite la passion dans sa voix quand ils parlent des groupes qu’il a hâte de voir. Alors je l’écoute avec les yeux ronds en hochant la tête. « The most ? It’s a hard question, the whole day will be perfect. I’m a massive fan of Sleeping, Architects - » « Ah! I love Architects! » je fais un petit bond enthousiaste sur place en me souvenant qu’ils jouent aujourd’hui et manque de renverser mon pichet de cidre au passage - oups - alors j’en bois un peu plus pour limiter la casse. « - and Bring me. So yeah that might be these on the top. What about you? Apart from Bring me cos they are the kings of the day. » Le nez encore plongé dans mon pichet je lui lance un regard d’excuse pour la réponse en décalée mais ça ne le déconcerte pas du tout et il en profite pour se présenter : « I’m Jordan by the way. Nice to meet you. » Quand je rebaisse le pichet en avalant ma goulée j’ai un immense sourire qui creuse à nouveau des fossettes dans mes joues « Robin! » Je réponds alors en cognant nos verres en guise de handshake parce qu’on a les mains prises tous les deux « Nice to meet you too! And yes, definitely Bring me! Man I really hope they’re gonna play Avalanche, this one hits so hard. And Throne. And Can you feel my heart, and… yeah. » Je m’arrête avec un petit pouffement en réalisant que si je continue dans ma lancée je vais citer toute leur discographique de Chelsea Smile à Mother Tongue alors je me reconcentre. « Um… who else is there today? » Je me questionne tout haut avec un petit froncement de sourcil en regardant en l’air comme si le ciel allait m’apporter une réponse, ma mémoire aléatoire doublée de mon taux d’alcoolémie plutôt élevé n’aidant guère à faire le tri dans mon cerveau ADHD. « Oh yeah! Scxr lord. I don’t know him much but I’m excited to see how it hits live, I really like his energy! And Alice Glass. The way she’s just vibing, you know? It’s a trip! Actually ‘come to think of it everyone sorta gives this feeling today… (le feeling presque psychédélique qui prend aux trippes et au cœur pareil et qui est tellement puissant qu’il fait presque mal mais dans le bon sens) So… yeah, bascially everyone. » Je rigole et je jette d’ailleurs un coup d’œil à la montre accrochée à ma cheville pour être certaine de ne manquer aucun de ces groupes mais non, c’est bon, j’ai encore un peu de temps. Et autant j’adore me balader dans les festivals pour découvrir de nouveaux groupes live, autant là je suis très bien où je suis, avec cette jolie rencontre et la mission que je ne vais pas tarder à accomplir. Je tourne d’ailleurs la tête vers le musicien aux mèches blondes à qui Cheveux F- Jordan voulait parler et qui finit tranquillement son interview : je pourrais bientôt aller les présenter. « He’s wrapping it up » je préviens gentiment alors qu'un sound-check vient de commencer à notre gauche. « Did you travel all the way for the festival or do you actually live here? » je demande alors en me mettant sur la pointe des pieds pour qu’il m’entende par dessus le concert de cymbales et de « hey hey hee-eey one two three hey hey hee-eey » (d’autant que Jordan est très grand et moi vraiment pas bien haute). Et puis soudain je suis comme frappée par la foudre : « Ooh wait, are you playing? you're in a band? » que je me ravise d’un coup car à la réflexion c’est vrai qu’il a quand même une allure de rockstar. On ne juge pas un livre par sa couverture, je sais je sais, mais indéniablement cette couverture là a un aura vachement rock n roll, alors c’est presque évidemment maintenant et j’espère ne pas l’avoir vexé en ne le reconnaissant pas. Ce serait pas la première fois que je gaffe de ce genre là…

codage par amatis et birdiesnow