Ne pouvant plus rester dans la maison, j'avais pris soin de reposer mes clés de voiture comme me l'avait ordonné Isaac avant de lui indiquer, que je ne pouvais pas rester. Nos retrouvailles étaient maintenant totalement foireuse et une fois de plus je m'en voulais d'avoir fais tourner les choses ainsi. Je quittais la maison et je me mettais à courir dans la rue et très rapidement je rejoignais le Regatta hôtel. Je traversais la route avant de m'installer sur un banc en face de la Brisbane River. Je reprenais le fil de la conversation qu'on venait d'avoir, cette fois j'avais clairement compris que jamais il ne se produirait quoi que ce soit. Nous étions simplement amis, enfin cette hypothèse n'était plus certaine à présent. Je venais ramener mes jambes contre ma poitrine et j'appuyais mon front sur mes genoux. Pourquoi les choses étaient-elles si compliquées ? Pourquoi fallait-il que je m'accroche ainsi à des sentiments non partagés ? Je compliquais toujours tout avec mes états d'âmes ou mes sentiments. Je sentais alors les larmes couler le long de mes joues tout en entendant la douce mélodie de mon démon intérieurs qui m'indiquait que j'étais un monstre d'ainsi faire souffrir les gens.

"...RAAAH Tais toi !" Je redressais la tête avant de croiser le regard surpris de certains passant. Je remarquais alors deux femmes qui s'avançait vers moi et se poster devant moi. "Est-ce que tout vas bien mademoiselle ?" Je restais surprise par cet intervention ne sachant pas réellement à qui j'avais à faire. "On fait partie du comité d'aide aux femmes, ne vous inquiétez pas ! On intervient à la tombé de la nuit pour qu'il n'arrive rien." Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, "Sérieusement ?...C'est un peu tard à présent..." Je regardais les deux femmes surprise de ma remarque, si seulement elles avaient pu être présente quelques années avant, je n'en serais surement pas là à présent. Je n'aurais pas à vivre avec ce démon qui me répétait sans cesse que je n'étais rien, ni personne, que je faisais souffrir les gens, je n'aurais pas besoin de prendre un traitement à vie. "Tout vas bien !" Je n'avais pas besoin d'assistance, c'était trop tard à présent. Je les regardais partir pour continuer leur ronde ridicule et je glissais mes mains dans les poches de ma veste.

J'attrapais le tube de médicaments avant de le sortir de ma poche et de poser les yeux dessus. Je laisser échapper un soupir, "C'est fini maintenant..." Je me relevais du banc avant de m'approcher vers les barrières permettant la sécurité des personnes afin qu'au corps ne puisse tomber par accident dans la rivière. Je plongeais mon regard sur l'eau calme rêvant à une sérénité loin des tumultes de mes pensées. Je posais une nouvelle fois mon regard sur le tube de médicament écoutant une nouvelle fois les indications de ce démon intérieurs qui se délectait de pouvoir reprendre le dessus. Il était certains que sans les médicaments il pourrait plus facilement le reprendre, mais cette fois j'étais pleinement disposé à m'en sortir seule. Je levais le bras avant de jeter le tube de médicament dans la rivière. "Ne crois pas que tu vas t'en sortir !"

Je tournais les talons avant de reprendre la direction de la maison. Je savais que mon retour ne serait pas simple et que j'avais dû mettre Isaac dans un état de stress. Le retour me sembla aussi court que l'allée et si l'allée m'avait quelque peu soulagé à présent je rentrais avec une boule au ventre. Je glissais ma main sur la poignet de la porte avant d'entrer, j'avais toujours entendu dire qu'on pouvait toujours rejoindre le réconfort d'une maison, mais est-ce que c'était réellement le cas ? Je refermais la porte avant de coller mon dos sur le bois froid, qu'est-ce que je devais faire à présent ? M'excuser une nouvelle fois ? Partir dans ma chambre pour faire mes valises ? Une petite silhouette féline glissa entre mes jambes, loin de nos soucis, de nos disputes, je m'accroupissais pour venir gratter le haut de sa tête. "C'est surement toi qui a les meilleurs clés pour le bonheur..." Je souriais doucement en entendant le ronron réconfortant de l'animal.

Je prenais une nouvelle fois mon courage par la main et je me redressais pour rejoindre le salon. Assis sur le canapé et le teint livide, il était évidant que je lui avais fais peur. J'aurais surement pu me faire peur également, pourtant les pensées de mort s'était rapidement estompée pour laisser place à la colère contre moi-même. "...Pardon..." On pouvait surement faire mieux comme retour, mais j'étais prête à l'entendre me hurler dessus et il pouvait bien le faire si ça le soulagé. Il pouvait aussi me mettre à la porte si, ça lui faisait du bien, j'étais prête à assumer mes actes quoi qu'il en coûte.

Les heures s'écoulaient douloureusement, dotées d'un rythme s'apparentant à une longue et lancinante agonie. Chaque minute tiraillait inexorablement mon cœur, parsemant mon esprit de terreurs acides, l'encombrant de craintes saillantes. A leur fil sinueux et éraillé trônaient dangereusement une profonde déception doublée d'une amère colère. Transi dans le canapé, l'obscurité remportait pernicieusement le salon au sein duquel je m'étais installé, emplacement stratégique pour garder un œil sur la porte d'entrée par laquelle Love s'était échappée, ses propos tranchants d'alerte voguant encore dans l'atmosphère lourde de la maisonnée. Azraël s'était lové sur le bras du canapé, en ultime soutien moral, et seule la lumière de la cuisine persistait à causer un jeu d'ombres et de lumière faisant écho à ce qui faisait vibrer péniblement ma boîte crânienne.

Je soupirais poussivement, les dilemmes cornéliens, les actions tues. A mes yeux, la solution des plus judicieuses reposait en une interminable attente du retour de la Bryce plutôt que de requérir du secours pour partir en traque de la jeune brune, bien que cette patience se nuançait de sinistres et nocives épouvantes. Je m'y vouais tout entier, religieusement, n'émettant pas le moindre geste durant ces heures, mon cœur martelant perpétuellement ma poitrine d'anticipation et d'appréhension en réminiscence de mon propre état vivant.

Finalement, une silhouette apparut à travers les rideaux de l'entrée pour se poster devant la porte d'entrée de mon domicile. Doucement, la poignée tourna pour faire glisser la porte contre ses gonds. Je reconnus aisément mon amie d'enfance s'adosser contre la surface boisée et gracieusement, mon chat vint l'accueillir. Pour ma part, seules mes pupilles avaient fait l'effort de la couvrir de ma connaissance. "C'est sûrement toi qui a les meilleurs clés pour le bonheur..." Je l'entendais articuler, sans broncher, avant qu'elle ne se rapproche de ma personne. Je considérais longuement son état, soucieux et attentionné, à l'affût de la moindre blessure ou trace toxique. "...Pardon..." annonça-t-elle, des excuse formulées qui vinrent rebondir brutalement contre l'imperméable déception et rancœur qui ne cessaient de s'ériger en moi. Ce simple terme me paraissait si peu en comparaison des prières que je lui avais adressées. Je me relevais de mon siège, résigné. "Bonne nuit, Love," je répliquais, d'une neutralité désarmante, avant de m'orienter vers l'étage supérieur puis me rendre dans ma chambre à coucher. A chaque jour suffisait sa peine.