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Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (Kieran #1) it's a piece of cake
Kieran Halstead

Réponses: 37
Vues: 512

Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Kieran #1) it's a piece of cake    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMar 8 Aoû 2023 - 23:22
#71 : dormir à la belle étoile. #109 : manger des insectes. #137 : dormir dans un arbre. Ce n’est pas exactement le second numéro que Kieran s’impatientait de cocher sur la liste de ses envies, pour autant c’est celui qui se rapproche le plus d’une réalisation, alors que la construction d’abri est prévue en fin de semaine sur son planning. En s’inscrivant à ces quatre jours de formation, le jeune homme souhaitait surtout sortir de sa zone de confort autant que de s’occuper l’esprit afin de cesser de remuer des pensées peu réjouissantes. Mais il ne pensait certainement pas se retrouver mis dans le bain de cette façon, dès son premier jour - sa première heure de pratique, même - avec un instructeur les lâchant dans la nature en leur incitant à se débrouiller pour survivre. Oh, bien sûr, Kieran a conscience qu’il peut se contenter de ramener les éléments comestibles qu’il viendrait à trouver sur son chemin et quémander la validation de l’expert. Mais pour tout dire, celui-ci a tellement insisté sur le fait de vivre l’expérience en « s’immergeant le plus possible » qu’il n’est pas certain que cette technique soit possible. D’autant que le type, avec le double de son poids en muscles et l’air de celui qu’il ne faut pas emmerder sur le visage, ne lui donne pas vraiment envie de tester la souplesse des règles. De toute évidence, Kieran est bien incapable d’aller à l’encontre de celles-ci, et puisqu’on lui a dit qu’il devait se nourrir de ce qu’il trouverait, à ses risques et périls, il compte bien obéir histoire de ne pas se faire remarquer comme étant le contestataire de service - ahah, un terme bien peu approprié le concernant. 

Balancé dans un terrain de jeu grandeur nature, Kieran réalise bien vite qu’il aurait été préférable que l’atelier d’orientation soit le premier de son planning. Et que s’il en vient à manger des insectes, ce ne sera peut-être pas seulement pour vivre l’expérience à fond, mais aussi et surtout pour survivre lorsqu’il se sera inévitablement perdu. Car le voilà déjà qui s’est enfoncé et n’aperçoit plus la moindre silhouette de ses comparses rencontrés plus tôt, alors même qu’il s’était juré de ne pas les quitter des yeux, juste au cas où. Bien sûr qu’au moment où un buisson a bougé à cause du vent, le dessinateur a paniqué et s’est presque roulé en boule en attendant la mort (il n’a aucun instinct de survie, d’où l’importance de ces ateliers), perdant ainsi de vue les autres participants. Jusqu’à ce qu’il entende une voix qui ne manque pas de le faire sursauter tant elle était inattendue, alors qu’il s’est focalisé sur une espèce de fruit à coque en hauteur des arbres : « Tu penses que c’est comestible ce truc ? » - « J’en sais rien. » Et c’est la vérité, alors qu’il ne sait plus s’il s’agit d’une noix de coco ou d’une papaye – vous le reconnaissez, le type au régime alimentaire particulièrement équilibré ? « Ça m’a l’air bizarre, je serai toi, je m’en méfierai » - « Merci du conseil. » Il dit, avec un sourire bienveillant. À vrai dire, il n’a pas besoin d’elle pour décréter qu’il ne s’approchera pas de cette chose ; et à raison, alors que la chose en question... est une ruche d’abeilles qui finit par tomber au sol, libérant les insectes sur eux. Kieran écarquille les yeux, particulièrement surpris alors que sa première réaction est de jurer. « Merde ! » Il s’écrie et s’il n’a jamais brillé par son courage, aujourd’hui plus que jamais il se félicite quant à sa prédisposition à la lâcheté, alors qu’il ne réfléchit pas plus longtemps avant de se saisir de la main de la jeune femme et de la tirer avec lui alors qu’il part en courant le plus loin de cette zone sinistrée.

Citation :
WIN – Ils s'éloignent suffisamment pour ne plus être poursuivis par les abeilles, et Kieran met quelques secondes à réaliser qu'il a toujours la main de la jeune femme dans la sienne, la lâchant aussitôt tandis que ses joues se teintent déjà de rose. « Je-euh, déso... désolé, j'ai... enfin, pardon, quoi. » Il bafouille en n'étant plus capable du moindre geste, encore moins du moindre mot. « Beau sprint, hein, vraiment, on sent que t'as... une grande maîtrise de... tes jambes ? » Achevez-le, merci.

SO CLOSE –  Ils parviennent à s'éloigner de l'attaque, même si quelques abeilles parviennent à les piquer. Une fois en sécurité, Kieran lâche la main de la jeune femme, les joues roses, alors qu'il perçoit quelques piqures. « Ça va ? Rassure-moi, tu n'es pas allergique ? » Il ne manquerait plus que ça.

FAIL – Ils courent, les abeilles ne manquent pas de les piquer à plusieurs reprises et pour ne rien arranger, ils se sont éloignés de la plage plus qu'ils ne s'en sont rapprochés. Le sprint n'est pas prêt de se terminer. 


@Zoya Lewis Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG 1949770018
Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMar 16 Aoû 2022 - 16:19



JUMP INTO THE FOG
Mon coeur bat un soupçon plus fort tandis que j’intègre que le loft ne deviendra jamais cette forteresse moelleuse dépourvue de tout danger pour mon bébé. Toutefois, je le maîtrise parce qu’au fond, Raelyn a raison. Micah aura le droit de tomber, de se faire mal, de se blesser aussi, sans quoi, elle n’apprendra jamais à se relever. A trop la couvert, je vais contrarier sa nature profonde - elle a déjà un sacré tempérament - et la transformer en petite fille à son papa qu’un rien effraie. Est-ce ce dont j’ai envie pour cette enfant ? Non ! Assurément, je regretterai qu’elle soit aussi fragile que ma Sofia. Ce n’est pas un reproche vis-à-vis de mon aînée. J’aspire à ce qu’elle repose en paix et qu’elle sait, si elle nous observe, qu’elle est toujours aimée et admirée par son père pour tout ce qu’elle avait de bon et de beau en elle. Ceci étant, je refuse de reproduire sur la nouvelle venue des Taylor des erreurs que ma paranoïa - merci le stress post-traumatique - a provoqué. Je suis donc conscient que l’heure est à la concession, qu’il convient de renoncer et à revendre les mousses accumulées dans le garage. Je tente bien un argument, mais je ne nourris que peu d’espoir d’être entendu. Jugement hâtif cependant. Le sacrifice se transforme en compromission et un sourire envolé s’imprime sur mes traits plus tôt fatigués par la panique à propos de la santé de la petite et l’inquiétude d’être le second acteur d’une dispute dont je ne voulais pas pour ce soir. Dieu que nous avons grandi, ma dulcinée et moi. Pas de conflit que nous ne sommes capables de désamorcer. J’écoute mieux. Elle s’irrite moins. Elle est mon garde-fou et je deviens plus raisonnable. Aussi, je hoche la tête positivement. «Sous le lit et les barrières à l’escalier. On peut ajouter des protège-prises et des protège-coins ? » Evidence ! Aucun refus ne tiendra et je retourne cette assertion afin qu’elle sonne comme une taquinerie. J’ironise un peu. Je me laisse entraîner par l’ambiance sereine qui peu à peu s’échauffe à l’évocation d’une virée à deux, rien que pour nous, sans notre poupée pour réclamer notre attention. Une journée ne soulève pas en moins le poids de la culpabilité ou de l’angoisse. Un week-end engendre bien d’autres sentiments, sauf que je ne les garde pas en moi. Je ne les retranche pas quelque part dans mon cerveau pour mieux les ressasser ensuite. Je les partage derechef, même si je préférais notre échange licencieux et évocateur. J’axe la conversation sur les nounous et sur mon besoin de confiance. Je ne pipe mot sur mes intentions, mais j’ai déjà fouillé internet en quête de petites caméras à glisser dans l’oeil d’un ours en peluche, comme dans les films, mais sans jamais les commander de peur d’être qualifiable de psychopathe. Ce comportement ressemblerait à l’une de leurs caractéristiques. J’avoue, ça biaise l’image que j’ai de moi. Le cas échéant, je ne suis pas encore parvenu à exclure cette éventualité de mon cerveau malade. «Je suis content qu’on soit sur la même longueur d’ondes.» ai-je acquiescé tandis que Rae exprime ouvertement que nos émotions se font écho. Je respire mieux. Je n’avais pas envie d’avoir à combattre pour gagner le droit d’être rassuré. Et, d’un autre côté, je ne suis guère étonné que nous marchions main dans la main dans la même direction. Nous sommes de plus en plus souvent d’accord, ma complice et moi. Plus encore lorsque le sujet relève de l’éducation de la petite et de sa sécurité. Est-ce que je balaie que Rae ne se réjouisse pas de confier son bébé à une autre femme ? Non ! Je présume qu’elle doit craindre d’être remplacée par cette étrangère dans le coeur de son bébé. A mon sens, c’est impossible. Cet émoi est somme toute normale et je glisse un : «Je comprends, mais tu es sa mère. Tu lui as donné la vie. Tu es la seule dont elle aura besoin quand elle aura peur ou mal à la tête.» Mon propos est appuyé par une caresse sur la joue de Rae. Le geste est imité et je clos légèrement les paupières. Je profite sans retenue de notre paix retrouvée. J’y puisse la force de me préparer à ces rendez-vous qui nous attendent dès la semaine prochaine si j’en crois les informations dispensées par Raelyn. « Ok. On essaie de boucler un max de trucs au casino pour qu’on ait tout notre temps et ne pas faire un choix précipité.» Sous-entendu, malheureux et non adapté, ai-je songé en redémarrant le moteur de la voiture. J’ai pris la direction du loft et, heureux de recevoir un baiser prometteur de la suite énoncée dans le seul but d’accéder à nos besoins mutuellement respectifs - ne plus faire qu’une seule personne et s’endormir nos corps enchevêtrés l’un à l’autre - je chuchote un “Je m’en occupe.” avant de sortir de la voiture, de récupérer mon bébé avec la délicatesse d’un ange, de marcher lentement du parking à sa chambre, de la tenir fermement afin qu’elle ne subisse aucun accoup et la poser sur son matelas avant de la départir de son petit gilet de laine. Elle est déjà en pyjama, ma princesse. Elle était supposée dormir quand elle s’est mise à hurler sa fièvre. Elle n’en a quasiment plus si j’en crois la chaleur de son front sous ma main tiède. Je suis rassuré et, par conséquent, je tombe avec plaisir dans le piège de la luxure : je rejoins mon épouse sous la douche.

Sujet clôturé


Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyVen 12 Aoû 2022 - 22:33



JUMP INTO THE FOG
Est-ce malsain de se réjouir d’être le seul bras qui retient celui armé de Raelyn lorsqu’il s’agit de Sarah ? Plus largement, d’être l’unique homme de cette planète à être capable de la pousser à la remise en question ? D’avoir de l’influence sur elle ? D’être une figure d’Evangile ? Peut-être. Un peu. Sauf que la réciproque existe. Elle n’est pas le fruit d’un mensonge que je nourris pour l’endormir. J’aime cette femme qui n’a pas été écoeurée par mon lâcher prise et ma démence alcoolique. J’échangerais ma vie contre la sienne si, d’aventures, j’étais confronté à ce type de dilemme. J’en déduis donc que mon plaisir n’est pas pendable, d’autant que de ce dernier résulte ma poursuite vers la bonne composition. Exit la mauvaise foi. J’ai eu mille occasions d’en abuser, pourtant. Lorsqu’elle a déclaré n’avoir jamais songé à ce que j’étais responsable de cette visite de Micah à l’hôpital, j’aurais pu soutenir mordicus que je l’avais lu dans ses yeux et qu’ils sont plus expressifs que les mots pour qui est apte à la lire. J’aurais pu persister à emprunter cet itinéraire en direction de la connerie jusqu’à provoquer un conflit que mon ego, à une autre époque, aurait estimé préférable à toute forme d’excuses. Or, j’ai fait fi de mon orgueil. Je me suis fié à l’authenticité et à l’intégrité de mes sentiments à l’égard de ma conjointe. J’ai garé la voiture et j’ai nimbé le verbe de la lumière de l’éloquence d’un orateur, celle si rare qu’elle m’effare au même titre que ma complice, celle qui habille mes justifications dès lors que l’urgence de rattraper l’une de mes erreurs involontaires frappe à la porte de notre couple. Bien entendu, il est moins fragile qu’hier. J’aime à penser que le plus difficile est derrière nous. Ceci étant, est-ce une raison de relâcher la pression ? Au contraire, n’est-ce pas autorisé le temps à nous changer à l’image de ses couples qui ont tenu sur la longueur sous prétexte qu’ils s’entendent bien et que c’est l’essentiel ? Hors de question. Nous valons mieux que cette normalité et consoler, apaiser, caresser le genou de Raelyn, c’est ma manière de nous protéger d’une fatalité que je considère contournable en plusieurs étapes. La première, c’est défalquer Sarah de mon esprit et c’est probablement le plus compliqué. Elle m’a conditionné dès que j’ai avancé le pied dans les responsabilités d’être un papa. Ce ne fut pas bien difficile : ma mère m’avait programmé avant elle à n’être qu’une déception. Il est toutefois l’heure de me soigner de mes traumas, quels qu’ils soient, et pour cause, ils me rattrapent jour après jour. Je soupçonne que l’absence d’alcool dans mon organisme explique en tout - ou en partie ? - la recrudescence de toutes mes douleurs jusqu’ici en sédimentation. Le whisky les a endormies pendant des années. A présent qu’elles sont libres de s’exprimer, elles s’en donnent à cœur joie. Néanmoins, je n’en veux pas. Je refuse qu’elle parasite mon foyer. Dès lors, je n’ajoute rien concernant l’honneur détruit d’une ex-femme que la nouvelle aurait fait assassinée. Je balaie la question d’un sourire amusé pour mieux me concentrer sur les essentiels : la peur de Rae d’être une mère à demi ou, pis, une mauvaise maman.

Pour ce faire, je n’ai pas eu à lui mentir. J’ai cru à chaque phrase. Je les ai déclamées avec une intégrité qui a sué par chaque pore de ma peau. J’ai été sincère au point de glisser une nouvelle tentative, par la vérité - je suis un papa excessif - de transformer en forteresse de mousse le loft dans lequel notre petite fille grandit. «ça, ça veut dire que je peux tirer une croix sur la mousse au coin des meubles, en dessous de son lit…» Je cite tous les endroits où j’ai envisagé d'en coller. « Tu sais qu’elle ne nous préviendra pas quand elle sortira de son lit toute seule ? » ai-je renchéri, soupçonnant notre fillette d’être une téméraire qui évaluera mal la hauteur et, par conséquent, les risques de se blesser. Ce ne sera pas une question d’inconscience ou d’insouciance, mais en lien direct avec son caractère bien trempé de Blackwell et de Taylor. «Et qu’est-ce que je vais en faire maintenant ? » ai-je lancé en feignant d’être embarrassé par ce qui encombre le garage. En réalité, je ne me pose pas la question, la réponse est évidente : le tout finira à la poubelle. Ce qui, en revanche, me tracasse, c’est notre nervosité mutuelle. Elle n’est pas normale. Elle ne nous ressemble pas puisque nous sommes habitués à fonctionner ensemble, à vivre notre quotidien l’un avec l’autre en assumant que le mieux est d’être dans la même pièce, au même endroit, sans être chiffonné par le silence. Le mieux, pour nous, c’est d’être en mesure de nous embrasser lorsque ça nous chante, de faire l’amour partout où nous trouvons une occasion, par envie et avec plaisir. La présence de Micah dans notre vie a bousculé ces habitudes-là et mon instinct flaire que la responsabilité incombe à toutes ces balises que nous imposent notre rôle de parents. Le regrettons-nous ? J’en doute. Est-il l’heure de trouver un équilibre qui tiendra la route ? J’en suis convaincu. Dès lors, j’agis. J’invite. Je me distingue par ce que j’ai progressé. Il n’y a pas si longtemps, je me levais en pleine nuit pour investir le fauteuil dans la chambre de Micah, la surveiller, poser ma main sur son cœur pour m’assurer qu’elle respirait et m’endormir dans l’inconfort d’une causeuse pourtant hors de prix. Aujourd’hui, je prévois une escapade, non pas pour le mois prochain, mais pour les jours à venir. «Une nuit ? Tu aurais envie ? » Suis-je prêt à traverser ce cap-là ? Mon regard s’échappe de celui de ma dulcinée. Je réfléchis. Je pèse le pour et le contre. Je m’accorde une seconde étant donné que la bombe de la dispute est désamorcée. «Pas tout de suite. Il faut que… que je sois en confiance.» Quinaud, je relève mes yeux dans les siens en quête d’une étincelle quelconque qui m’aiguillerait vers le chemin à suivre vers l’harmonie et, une fois n’est pas coutume, sa beauté m’a frappé de plein fouet.

Je l’ai complimentée avec la foi d’un chrétien en contrition devant la croix du roi des juifs. Pas de pirouette. Juste de l’amusement sur nos traits respectifs. Je réclame ses bouderies. Elle me vole un baiser. Je le lui en offre un. Nous nous étreignons faussement sages - mes mains se baladent sur son corps vêtu -  mais déjà la température grimpe de quelques degrés. Les idées salaces qui tapissent mon cerveau sont chevillées à mes lèvres qui n’attendent pas que nous soyons rentrés pour les lui souffler au creux de l’oreille. Elle réagit et j’en suis ravi, séduit, charmé au point de m’exécuter. Non sans un regard en direction de ma fille, je démarre le moteur de la voiture. Je me contiens pour ne pas rouler trop vite : je ne survivrais pas à un accident qui scellerait le sort de Micah comme il a décidé de celui de ma filleule. Pour m’aider, je détourne la conversation sur notre bébé, sur les activités que nous pourrions pratiquer avec elle. Rae est catégorique : ce sera nous deux et ça me convient. Si j’ai l’air embêté, c’est qu’une journée ne nous suffira pas, ni pour elle, ni pour moi, mais que j’ai peur. J’ai peur de laisser ma gamine à une étrangère. «On peut, en rencontrer, je veux dire. Je suppose que tu as déjà contacté une agence.» Je me jetterais au feu, j’en ressortirais indemne. «Mais, quand on aura choisi, est-ce qu’on peut attendre avant de partir pour un week-end entier ? » l’ai-je priée en dardant vers elle une oeillade, non pas inquisitrice, mais curieuse. «Tu sais, c’est déjà compliqué pour moi de me dire qu’en rentrant, on va la remettre dans son lit alors qu’elle est malade. Mais, je vais le faire parce que j’ai envie de te retrouver.» J’estime qu’au terme de cette nuit compliquée, nous le méritons. «J’en ai besoin. Mais, la laisser à quelqu’un qu’on ne connaît pas 48 heures, ça me semble insurmontable. C’est quand le premier rendez-vous ? » ai-je demandé sans hésiter : il est pris. Je la connais, Rae. Elle attendait une occasion de me le glisser et je la lui ai servie sur un plateau d’argent.


Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyJeu 11 Aoû 2022 - 0:15



JUMP INTO THE FOG
J’aurais pu conduire la locomotive de ma mauvaise foi jusqu’au terminus malgré la tempête qu’aurait provoquée Raelyn devant le plus abject de mes défauts. Je humais déjà dans l’air l’ambiance électrique qui s’infiltre dans l’habitacle de la voiture. Notre dispute aurait certainement dépassé des sommets que nous n’avons plus atteints depuis longtemps. Or, je n’ai pas envie d’une discussion à bâtons rompus qui nous aurait propulsé vers de vieux réflexes - fuir pour moi, colérer pour Rae - qui ne nous ont jamais rien apportés jusqu’ici. Pour une fois, je n’ai pas besoin de l’entendre, mais de l’écouter et je m’y essaie. J’y dépense tant d’énergie que me raisonner n’est ni une épreuve ni une expérience qui s’acoquinera à terme à un sacrifice. Au contraire, c’est naturel, presque facile d’admettre que j’ai exagéré en posant des questions peu prévenantes. Je le répète, Rae ne le méritait pas et ce n’est pas rôle de reporter sur elle les insécurités liées à mes traumas. Alors, j’ai rangé la voiture sur la bande d’arrêt d’urgence, coupé le moteur et, après avoir jeté un coup d’oeil dans le rétroviseur sur notre princesse endormie, je me suis concentré sur sa maman. Le regard qu’elle me jette, il m’a bouleversé. J’y déchiffre de la peine, peut-être une pointe de déception et de la détresse. Nul nécessité d’être devin pour saisir qu’elle ne redoute pas que je la quitte, mais que je la méjuge par rapport à son costume de maman. Elle s’inquiète de l’image qu’elle me renvoie et c’est triste. C’est désolant parce que, ma complice, je considère qu’elle a tout de la mère attentionnée et parfaite. Bien entendu, je ne suis pas de ceux si exigeant envers les autres qu’il compterait leur erreur. Pas les siennes. Juste les miennes, peut-être, sans doute. Mais, ma partenaire, elle est tout bonnement parfaite. Il me suffit de l’observer avec Micah pour être séduit par sa nature profonde, celle qu’elle dissimule au reste du monde, celle qu’elle transforme, pour affronter le commun des mortels, en froideur et en prétention. Notre petite fille, elle lui caresse les cheveux pour la consoler, embrasse son front par plaisir, joue avec elle dans l’espoir de lui arracher un éclat de rire, s’amuse à remplir sa garde-robe afin qu’elle soit toujours de plus en plus belle, elle la berce pour l’aider à s’endormir et j’en passe. Les exemples sont légion et, si je ne lésine pas en affection, je n’ai pas hésité à boire, chez moi, tandis que j’en avais la garde. Certes, je me déteste à présent. Sans doute est-ce la raison pour laquelle ai-je donné l’impression à Rae que je l’attaquais à l’image de ce que l’on aurait fait avec moi… ce que l’on m’a fait. Ceci étant, je me tracasse moins de mes émotions que de celle de Raelyn quand j’entame un plaidoyer d’une éloquence rare, une éloquence qui me surprend toujours et qui sous-entendu  une chose : j’ai merdé et je ne peux pas me louper, pas une seconde fois dans la même soirée après la frayeur que Micah nous a causée malgré elle.

Sans savoir s’il est bon de partager des bribes de mon histoire d’emblée, je les suppose plus que je ne les explique. Quant à ma complice, elle recolle les pièces du puzzle et, quoique je sache cette menace tentante à ses yeux et tout à fait dans ses cordes, mes lèvres s’étirent dans un sourire. «Ce serait lui faire trop d’honneur.» ai-je chuchoté avec une once d’humour bienvenue. J’aspire à alléger l’atmosphère et, ma main sur sa cuisse n’est finalement qu’un échantillon. Le produit, dans son entièreté, est agrémenté d’excuses pour ma maladresse et pour les insidieuses émotions que j’ai distillées en elle. Ensuite, je lui rappellerai que je ne peux pas avoir douté d’elle puisque nous partageons le même combat : la sécurité de notre famille et de notre bébé. «Jamais je n’ai pensé ça et je ne pourrai jamais considérer que ce qui arrive à Micah est de ta faute. Je penserai plus facilement que c’est la mienne. Toi, tu es fabuleuse.» Tu n’as pas de négligence à ton compteur. Aucune. Ni avec elle ni envers une autre. Je ne pourrais pas en dire autant. «Ce n’est pas parce que tu ne veux pas mettre de mousse partout, ce qui moi me plairait bien, que tu n’es pas intéressée par la sécurité de notre fille. Au contraire. Tu veux t’assurer que je n’exagère pas.» Ne s’est-elle pas décrite elle-même comme mon garde-fou ? Et dès lors que nous levons les doutes et les sous-entendus, je soupire l’air vicié de mon poumon. Je le renouvelle avec soulagement tandis que je lui chuchote à l’oreille, mon visage approchant du sien pour enfin la prendre dans mes bras : « Tu sais, ça me fait du bien de l’entendre, parce que je m’en veux toujours, moi.» Pour ma rechute et les incuries dont j’ai fait preuve, véritable paradoxe compte tenu de la crise de parano survenue plus tard. «Alors, ça me fait du bien. ça me fait du bien de me dire que tout ça, ce sont des quiproquos.» Je réplique à son sourire par le mien, plus élargi encore, bien plus qu’il ne l’aura été sur ce dernier trimestre. Serions-nous beaucoup trop sous tension entre le boulot, la petite, nos horaires et le changement dans nos habitudes ? Est-ce fou d’envisager de ce que nous pourrions nous isoler à deux pour partager une activité qui nous liera dans le souvenir ou la nouveauté ? J’y réfléchis sérieusement tout en la serrant dans mes bras pour profiter de la chaleur du foyer de notre bulle. Ma dulcinée me réchauffe et je me surprends à lui soumettre ma première idée. « On devrait peut-être s’éclipser quand la petite aura fait sa première dent.» Je ne voudrais pas rater ça. «Une fois. Une après-midi peut-être. Juste pour aller plonger.» Nous serions rentrés assez tôt pour ne pas être séparé de Micah trop longtemps. Nous n’avons toujours pas de nounou alors que la question est entrée en tête de liste dans nos priorités. «Et tu peux le faire…» Jouer les femmes froissées de vivre avec un homme aveugle. «J’adore ta bouille quand tu boudes.» Je déteste celle où ses pupilles se transforment en revolver. «On peut refaire la scène si tu veux. Je suis sûre que j’aurai des tas d’idées pour me faire pardonner.» Je chuchote au plus près de son tympan et mes doigts, cavalier, glisse sous sa robe. N’y aurait-il de moi qu’elle n’enfilerait plus jamais un pantalon. «J’en ai déjà pleins la tête, là. Et, elles n’ont rien à voir avec tes excuses… On l’a fait tous les deux, laisser parler nos angoisses et, je crois que c’est ce qui fait de nous des bons parents. ça aussi, je veux dire.» Mes lèvres se posent sur les siennes. «On devrait rentrer maintenant. J’ai la tête qui grouille d’idées.» ai-je proposé en ayant tout de même du mal à quitter ses bras. A une époque, n’aurions-nous pas eu d’enfants, que nous aurions sans doute plier nos besoin sur la banquette arrière. Aujourd’hui, la raison l’emporte et je remets le contact sur le moteur. «On n’est pas obligés d’aller d’être loin. Et… on peut aussi faire une activité avec elle, en piscine…» Par exemple...  


Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG
Amos Taylor

Réponses: 24
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 7 Aoû 2022 - 22:31



JUMP INTO THE FOG
Le sous-entendu ! Depuis quand est-ce qu’il est bon de s’y fier ? N’est-ce pas Raelyn qui, fatiguée par ma manie de tout interpréter, m’a appris à me contenter des mots ? A ne plus penser à sa place ? A ne plus chercher à lire dans ses pensées à la faveur de mes peurs et au détriment de la réalité ? Où est-elle, mon élue ? A quelle seconde a-t-elle changé au point d’oublier ses principes de communication ? S’est-elle égarée sur le chemin entre le casino ou l’hôpital ou l’ai-je perdue dans le hall d’entrée de ce dernier à cause de l’indélicatesse de mes questions ? Tout bien peser, et à choisir, j’opte pour la dernière option. Mes interrogations auraient vexé n’importe quel parent. Je le sais, j’en ai moi-même fait l’objet. Sauf que je n’arrive pas à m'agripper à cet élan de bon sens. Je suis déçu qu’elle se soit imaginée que je la jugeais, à l’image de ce que Sarah aurait fait avec moi. Je suis attristé qu’elle doute de ma bonne foi et de ce que je l’admire en tant que maman. Je suis désolé qu’elle n’intègre pas d’elle-même que je ne m’efforçais pas de transformer ma complice en coupable, mais bien de chercher le seul, le vrai, si tant est que les symptômes de Micah soient la conséquence d’une intervention extérieure. Elle l’était, forcément. N’étant responsable que de vigilance et Rae bénéficiant de ma foi absolue, une autre maladie qu’un rhume - une intoxication alimentaire, un empoisonnement ou que sais-je encore - aurait été le fruit d’un félon, d’un membre de notre entourage qu’un ennemi aurait acheté et qu’il nous aurait fallu débusquer le plus rapidement possible. Dès lors, abasourdi par ce que ma femme s’échine à prêter à mes propos des allusions fallacieuses, je me renfrogne. Je ne comprends pas ce qu’elle gagne à entendre au-delà des mots. Que cherche-t-elle ? Une dispute ? Je n’ai pas envie de conflit pour ce soir. Demain, si ça lui chante, je laisserai le dentifrice ouvert sur le rebord de l’évier, mes chaussettes traîneront ça et là dans l’appartement, je prendrai une décision pour elle et moi sans la consulter au préalable… Demain, si ça lui plaît, nous nous déchirerons pour des broutilles sans conséquence pour mieux profiter de réconciliations enflammées, mais pas aujourd’hui. Aussi, ai-je pris sur moi. Serrant le poing sur le volant, j’ai lutté contre mon réflexe qu’est la mauvaise foi. J’ai à peine recouru avant de me distinguer par un plus de douceur. Je l’ai invitée à s’exprimer, mon épouse. Au terme de mes explications, je me suis concentré sur sa voix dans l’espoir de trouver par quel trou s’enfuit l’air de notre bulle, à quel endroit il convient de coller une rustine. Son coeur, apparemment. Elle est claire, ma complice : je l’ai blessée et je déteste ça. Ce soir, je m’en veux d’autant plus que c’était prévisible et, pourtant, je ne parviens pas à aligner une phrase qui ressemblerait à des excuses. Pourquoi ? Parce que je pourrais lui rétorquer que, moi-aussi, j’ai été chagriné par son comportement ? Foutaises. Je l’ai supposé à cause de vieilles habitudes, d’anciennes plaies mal cicatrisées. Elle porte un nom : Sarah. Sarah et ses jugements dont l’ombre plane au-dessus de nos têtes depuis la naissance de Micah. Cette idée, d’avoir reproduit son infecte attitude, elle m’a traversé l’esprit à plusieurs reprises. Je l’ai rejetée par bêtise : l’heure n’y est plus désormais. Alors, je profite que notre bébé se soit finalement endormie pour m’arrêter sur le bas-côté de la route. Rentrer ne presse plus maintenant que nous sommes assurés qu’elle est en bonne santé. Nous avons bien le droit de prendre le temps de nous rassurer l’un l’autre. «Je n’aime pas ça.» ai-je confessé en coupant le moteur et en pivotant mon corps en direction de ma conjointe. «Je n’aime pas que tu penses que tu n’es pas une mère formidable, parce que tu l’es. Tu n’es pas égoïste. Tu penses à elle avant toi. Tu penses à moi avant toi. Tu penses à nous trois. Je le sais et je n’en ai jamais douté.» Ma voix respire mon authenticité. Quant à mes doigts, ils remontent vers la main de la mère que j’ai floué sans le désirer. «Je crois que si je t’ai posé la question, c’est parce que c’est ce qu’on a fait avec moi pendant si longtemps que j’ai cru que c’était normal. Un jour, je…» Est-il utile de remuer le passé maintenant ? Peut-être. Toutefois, je renonce. Je me concentre sur l’instant présent, celui où Raelyn a besoin de moi et pas l’inverse. En outre, à quoi bon me justifier ? Je ne veux pas qu’elle s’entre dans le crâne que tous les moyens sont bons pour me dédouaner lorsque je suis inconvenant, voire insultant. « Ce que je veux dire, c’est que tu as du te sentir insultée.» C’est ce que j’ai ressenti, plus tard, il y a longtemps. Avant ça, comme Raelyn, j’ai remis en question tout ce que je représentais dans ce nouveau rôle de père. «J’ai vraiment cru que tu pensais que c’était de ma faute quand tu m’as demandé ce qui s’était passé, mais ce n’est pas que tu aies pu abandonner la petite que j’ai pensé en te posant des questions, c’est qui j’allais détester et probablement tuer. Pas toi. Jamais toi. Je pourrais pas. J’ai profité qu’elle dormait pour boire, Rae. Tu es bien meilleure que moi et c’est bien. ça me va. Je suis fier de toi et rassuré parce que tu es solide.» Pendant que moi, j’essaie de l’être. « Et qu’à moi, ça me laisse du temps.» Pour demeurer sobre, me laver de ma culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur encore récemment, d’avoir menti, triché, trahi alors que j’abhorre chaque moment de notre histoire où j’ai été ce genre de sale de type. Du temps pour me guérir et, ceci fait, me rattraper auprès de ma famille d’avoir failli tout gâcher. «Tu n’as rien fait de mal. Tu as raison. C’est moi qui ai été con… Et toi qui… comment dire ? » Quel verbe employé pour ne pas la vexer ? « Qui a oublié que c’est pas bon d’interpréter ? » Je l’ai observée un sourcil levé et, si pas sur la défensive, dans l’expectative d’une réaction. «On l’a fait tous les deux et regarde-nous ? On a oublié l’essentiel.» Autrement dit, Micah sur laquelle je jette un regard. Je réprime mon envie de constater à voix haute qu’elle est magnifique et qu’elle ressemble sa mère. Je m’en garde au profit d’une caresse sur la joue de ma partenaire tandis que mes pupilles captent les siennes. « Je suis désolé. D’accord ? » A une époque, j’aurais sollicité l’autorisation de la prendre dans mes bras. Aujourd’hui, je réponds à ce désir sans plus de cérémonie et, ma tête enfouie dans son cou, je la soulève pour lui chuchoter à l’oreille : «Tu es parfaite, Rae. Je suis juste trop con parfois. Je ne t'ai même pas dit que ta nouvelle coupe de cheveux t'allait super bien et pourtant, je l'ai pensé souvent.» ai-je conclu, du soleil dans la voix, regrettant néanmoins d'avoir été assez bête pour donner l'illusion je mettais en scène son procès dès lors qu'elle aurait pu faire le mien cent fois.   


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyVen 5 Aoû 2022 - 23:18



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Lorsque mon enfant est reparue, j’ai été subjugué par la douceur dont sa mère l’a entourée. Ma partenaire  m’a fascinée, tout bonnement, et je crois que je réalise déjà l’ignominie de mes questions. Raelyn ne le méritait pas. Alors, pourquoi je ne lui présente pas d’ores et déjà d’humbles excuses ? Et, plus étonnant encore, comment ai-je pu faire preuve d’une telle maladresse ?  Cette sensation d’impuissance face à la fièvre, aux pleurs, aux gémissements et aux symptômes de notre enfant, ceux-là même qui m’ont semblé gravissimes, justifie-t-elle ma balourdise ? Maintenant que la source de notre inquiétude a été auscultée et que le diagnostic est tombé - elle ne souffre d’aucun mal, incurable ou non - ne devrais-je pas m’abandonner à un soulagement plein et entier ? Pourquoi l’allégresse d’un déplacement vain vers l’hôpital ne me réjouit qu’en partie ? Pourquoi ai-je l’impression d’être toujours sujet à la contrariété ? Parce que je n'ai pas réussi à joindre Rae pendant qu’elle opérait son tour de garde au casino ? Il n’a jamais été question de nous greffer nos portables à la main. Ai-je estimé que c’était désormais une évidence sous prétexte que nous sommes parents ? Que nous pourrions avoir besoin de l’aide de l’un ou de l’autre à n’importe quel moment ? Je le crains et je me demande si je suis juste ou simplement plus fragile. Récemment, lors de ma dernière crise alcoolique, j’ai saisi avec effroi toute l’indécence de mon comportement. Un bon père, il ne boit pas quand il est en charge de son enfant. Il ne picole pas parce qu’il l’a couché et qu’il se convainc qu’elle dort profondément. Un bon père de famille, il se fie à une seule obsession : la sécurité de son foyer et de ses proches. Il ne s’aplatit pas devant son addiction. Il n’accorde aucun crédit à ses besoins : il ne s’intéresse qu’à ceux des siens. Je n’ai pas été à la hauteur de mes promesses, de mes rôles et de mes propres exigences. Rien ne pourra m’absoudre de ces erreurs-là. Rien ne pourra non plus me dédouaner du ton de reproches qui traîne dans ma voix, si ce n’est la peur. C’est les relents de ce qu’il en reste qui se manifeste. Elle parle à ma place tandis que je rends compte du déroulé de cette soirée. Bien sûr, je ne respire pas l’outrecuidance. Parmi les “trucs pas cools”, Il y avait un grave accident de voiture ou la chute dans l’escalier. Il y avait hospitalisation, mort et même kidnapping de ma femme. Le sensé et son contraire m’ont traversé l’esprit et à ces folles appréhensions à propos de mon épouse se sont additionnées les hypothèses tragiques liées à Micah. Evidemment, je ne les confie pas. Je n’ose étant donné que je n’ai pas refoulé ma honte d’avoir perdu pied courant du trimestre dernier. Je réitère, il est toujours l’objet d’une recrudescence de culpabilité. Me lâchera-t-il un jour, cet émoi supposé propre à l’homme ? J’aimerais qu’il m’affecte moins. Je serais plus facile à vivre. Je ne reproduirais pas sur ma complice, sans le vouloir vraiment, ce qui m’a tant blessé dans l’attitude Sarah il y a des années de cela, à savoir chercher un responsable à toutes les maladies - ou autres - qui s’abattait sur Sofia. Avec le recul, je trouve ça dégueulasse et je refuse d’être comparable à mon ex-femme. Surtout que, durant sa grossesse, mon épouse a souvent douté de sa capacité à faire une bonne mère. Ce critère, il est rentré en compte dans son choix de mener à terme cette aventure. Moi, j’ai contribué, avec honnêteté, à la convaincre qu’elle serait idéale, idéale a minima pour son enfant et certainement pour moi. Jamais elle ne m’a donné de raisons de remettre en question son implication ou l’intensité de ses sentiments envers Micah. Alors, j’édulcore l’ambiance ou, pour le moins, j’essaie. «Quoi ?» ai-je néanmoins répété, abasourdi par son raccourci. Certes, j’ai supposé, j’ai questionné sous le joug de ma panique, mais m’aurait-elle répondu qu’en effet, elle a quitté notre bambin des yeux ne fût-ce qu’une seconde, que je ne l’aurais pas blâmée. Je ne l’aurais pas fusillée pour crime de lèse-majesté (Micah est ma princesse.). J’aurais condamné Spencer ou Carly jusqu’à en découdre avec ces dernières, mais jamais, jamais, l’image que j’ai peint de Raelyn ne changerait d’un iota. Son costume de maman lui sied à ravir et que l’univers m’en soit témoin, je le clamerais haut et fort à la plèbe qu’elle est meilleure mère que je ne suis père. « Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je ne l’ai même pas pensé.» Je n’ai pas non plus en mémoire de l’avoir insinué. «Et je ne me souviens pas t’avoir demandé pourquoi tu n’avais pas répondu au téléphone.» Autant, je suis entier sur la première partie de cet échange effarant, autant je me demande si la seconde ne se pare pas d’un brin de mauvaise foi. Je n’en sais trop rien. Plus tôt, démuni, j’étais furieux qu’elle soit aux abonnés absents. Ceci étant, je ne l’ai ni insultée ni maudite d’être occupée. J’étais dans la complainte, dans la supplication qui oblige à répéter pour le néant et le décor : “Réponds, s’il te plaît. Par pitié, réponds-moi” en berçant mon bébé dans mes bras. Mes messages, ils étaient alarmants, pas culpabilisants. Aussi est-ce à mon tour, à présent, d’être sous le choc, de la dévisager par intermittence - je veille à rester concentré sur le trafic - avec des yeux ronds comme les roues d’un vélo. Pas ailleurs, je nourris l’étrange pressentiment que je vais pédaler dans la semoule dès ma prochaine phrase. J’en tiens pour preuve que, pantois, je bafouille plus que je n’articule la suite. « Je ne comprends pas avec quoi tu viens.» ai-je finalement souligné au terme de plusieurs tentatives d’explications complètement infructueuses. «Ce n’est pas une question de priorités. Je n’ai pas besoin que tu me les rappelles. Je ne suis pas en train de faire ton procès.» Si j’avais réfléchi plus loin que le bout de mon nez, j’aurais intégré que la réponse à cette question se dissimule dans mes souvenirs. Il m’aurait suffi d’un retour en arrière de quelques minutes à peine, au moment précis où mon ex s’est invitée à l’hôpital, faute à la similarité d’une situation déjà vécue. Je dois être trop con ou encore trop secoué par ma frayeur pour me distinguer par l’empathie. « Je dis juste que je ne savais pas quoi faire, que je n’arrivais pas à te joindre, mais que je n’ai rien fait qui aurait pu conduire Micah à l’hôpital. Je t’ai posé des questions parce que j’avais peur, qu’on m’a arraché la petite des bras et qu’au moment où tu es arrivée, je n’avais que des idées noires. Je t’ai posé des questions pour me faire une idée de ce qui nous attendait.» J’ai insisté sur le pronom afin qu’elle assume que nous sommes toujours une équipe elle et moi. « Je ne vois pas ce que j’ai dit de mal. Et, s’il te plaît, ne me dis pas de laisser tomber. Explique-moi.» Je n’ai pas tempêté, mais j’ai légèrement haussé le ton. J’ai mis le curseur sur la gravité et, transi par l’éventualité d’avoir troublé le sommeil fragile de Micah, j’ai jeté un coup d’oeil dans le rétroviseur avant de reporter tout attention vers ma femme : «Explique-moi.» me suis-je aussitôt repris en posant délicatement ma main sur sa cuisse dans l’espoir d’arrondir les angles. Une dispute n’est pas nécessaire. Pas cette nuit.  


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyJeu 4 Aoû 2022 - 20:54



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A la genèse de ma relation avec Raelyn, nombre de disputes ont été provoquées faute à mon don pour l’interprétation. Aiguisé par mes traumatismes, par ces reproches incessantes par rapport à mon rôle de père, de mari ou de fils, cette faculté est devenue une façon de me protéger par anticipation. Beaucoup le compare à de la susceptibilité, mais aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait vrai. Lorsqu’il s’agit de Raelyn, je ne me vexe plus systématiquement à cause de ce que j’entends et qui n’aurait pas été prononcé. Le bénéfice du doute lui étant d’emblée accordé, je me défends des accusations présumées sans plus jouer les mauvaises têtes, m’énerver ou jurer que je suis pris pour le roi des cons sous prétexte que “je sais ce que parler veut dire”. Je déclare, mais je ne m’arme plus derechef de mon autre capacité agaçante : la mauvaise foi. Il existe toutefois des exceptions et ce soir en est une. Je me suis déjà retrouvé dans un hôpital, le coeur transi d’inquiétude pour mon bébé confiés à des médecins. A l’époque, j’avais également été amené à prendre la décision de conduire Sofia aux urgences parce que sa mère n’était pas joignable. Sarah, en arrivant dans la salle d’attente, ne m’a pas questionnée sur les raisons de ma décision. Ses premiers mots n’ont pas été : “Qu’est-ce qu’elle a ?”, mais “Qu’as-tu fait ?” ? Rien ! Je n’avais strictement causé aucun tort à mon enfant. Je ne l’avais pas quitté des yeux au profit d’un écran de télévision. Je lui consacrais tout mon temps et toute mon attention puisque ma présence à Kilcoy était éphémère. Je profitais d’être chez moi pour gorger ma tête du souvenir de ce parfum d’innocence qui traînait derrière mon aînée. Je me rappelle l’avoir bordée, avoir embrassé son front, lui avoir lu des histoires, m’être émerveillée devant ses grands yeux ébahis par le son de ma voix. Je l’avais bordée avec précaution et, après avoir quitté la chambre, j’étais resté derrière la porte de longues minutes pour m’assurer que tout allait bien. Le babyphone m’a suivi partout tandis que je végétais dans la maison, ignorant cette sensation que je ne m’y sentais pas vraiment chez moi. Il était près de trois heures du matin quand la quiétude du foyer a été bouleversée par les cris de Sofia. Elle s’époumonait, était brûlante de fièvre, se tordait d’une douleur qu’elle était incapable de me décrire. Sa mère, avec des amies, était aux abonnés absents. J’ai fait ce que tout bon père de famille aurait fait à ma place et qu’ai-je récolté ? Des doutes, des admonestations, des regards méfiants. Je n’ai tiré de cette expérience que “moins de confiance en moi” et un trauma supplémentaire, un qui justifie que je me disculpe d’une délation imaginaire. C’était vain. Rae est davantage étonnée par ma réaction que dans la médisance. Je l’aurais intégré rapidement si je n’étais pas gorgé d’anxiété. Nerveux, mon corps se balance d’avant en arrière. Je piétine comme un cheval prêt à se lancer dans une course. Mon regard indique : “c’est ça !  Mon oeil.” et, quoique ça soit triste à admettre, j’en oublie de rassurer la maman, certainement dans le même état que moi, et j’en deviens indélicat faute à ma trouille : elle me serre les tripes.

A aucun moment je n’ai ambitionné de tenir Raelyn pour responsable des maux de notre vie. Je sais que la petite est en sécurité avec sa mère et je regrette déjà mes questions. Je les déplore pour ce qu’elle pourrait insinuer en peine dans le coeur de ma dulcinée. Si seulement elle n’avait pas vu Spencer l’après-midi même… je me serais gardé de l’interroger. Je n’aurais pas envisager de mille scenarii dans lesquels la toxicomane en fragile rédemption commet une erreur dont mon bébé serait la victime. Peut-être que, démunie devant ses pleurs en l’absence de Rae, sa petite soeur aura rempli le biberon de ma princesse d’un peu d’alcool. Peut-être que les faits se sont déroulés tandis que ma complice était dans la salle de bain. Est-ce réaliste ? Oui ! Est-ce que Spencer a assez de malice en elle pour nuire à Micah ? Non ! Bien sûr que non ! En outre, sa survie dépend en partie de la bienveillance de mon épouse et elle n’en manque pas à l’égard de Micah. J’écris donc des scripts dont aucun scénariste de cinéma ne voudrait parce qu’ils seraient trop gros, téléphonés et prévisibles. Sauf que l’angoisse est un puissant poison. Elle fait perdre la raison. Elle rend aveugle à toute forme de cohérence, sourd à la seule vérité possible qui tient en une phrase : mon bambin est malade, simplement. D’aucuns n’auront chercher à lui faire du mal. Elle n’a rencontré personne, aujourd’hui, qui aurait songé à la blesser, pas plus que je n’ai souhaité de froisser ou de peiner ma dulcinée. Dès lors, j’assume le fruit de mon injustice involontaire : « Je sais…. Je…» Livrant les maigres informations en ma possession, je m’en veux déjà de ma bêtise jusqu’à ce que le médecin apparaisse et que je cède aux réflexes que Sarah a engendré en moi. Je demeure à l’écart de ma famille. J’observe ma petite fille et sa maman de loin. Je n’approche pas puisque Rae caresse les cheveux de sa progéniture, lui embrasse le front et soupire son soulagement. Ma place est-elle auprès d’elles ? Si j’en crois la main tendu dans ma direction, je présume que oui. Je laisse donc exploser mon apaisement que Micah soit hors de danger, qu’elle n’y ait jamais été exposée : elle fait ses dents. La fièvre en est la seule conséquence. Paraît-il que le déplacement en valait la peine si nous étions tracassés. Je l’étais et bien plus encore. Je l’étais au point qu’à présent, je serre la main de Rae beaucoup trop fort. «Elle n’a rien. Elle va bien.» ai-je chuchoté à deux reprises en attendant la paperasse et m’autorisant enfin une marque d’affection pour la fillette et pour mon épouse. J’ai posé mes lèvres sur le front de la première et sur le dos de la main de la seconde.

Mon coeur a retrouvé un rythme décent dès lors que je me suis installé derrière le volant. «Il s’est passé que j’ai essayé de te joindre et je n’ai pas réussi. Je ne savais pas quoi faire, parce que oui, elle avait de la fièvre. Beaucoup de fièvre.» Je ne l’ai pas imaginée et je ne l’exagère pas non plus. « Elle n’arrêtait pas de pleurer. J’avais besoin de toi, Rae.» Pour que nous décidions ensemble de la décision à prendre… pour que je ne balise pas à l’idée qu’elle pointe du doigt une faute pour laquelle je ne serais pas à blâmer. «Je me suis imaginé des tas de trucs… des trucs pas cools.» J’en ai évoqué l’un ou l’autre et, une oeillade dirigée vers ma compagne et une autre dans mon rétroviseur pour vérifier que Micah est toujours en sécurité, j’ai renchéri : «Je me suis imaginé devoir t’annoncer une catastrophe au téléphone quand tu m’aurais rappelé, qu’il était trop tard, que tu penses que…. que j’ai mal fait un truc.» Boire, par exemple. C’est ce sur quoi elle serait en droit de me tancer, tout comme Sarah qui, jadis, prétextait que je ne pouvais être un bon père : j’étais trop souvent absent. «Mais, elle va bien. Elle est en pleine santé.» ai-je fini par conclure en tentant un sourire - il est peu convaincant - et en posant une main sur la cuisse de ma complice.




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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMer 3 Aoû 2022 - 13:08



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Puisque les changements capillaires de Raelyn et de Micah ne sont pas passés inaperçus, je range les compliments dans un coin de ma tête afin de les adresser, à qui de droit, plus tard. J’attends que ma curiosité à propos de la rencontre de mon bébé avec sa tante soit complètement rassassiée. On n’y approche : je ne reçois pas les informations au compte goutte. Au contraire, Raelyn est loquace et ainsi ai-je appris les circonstances dans lesquelles Spencer s’est tirée d’affaires. Elle-aussi compte parmi ses proches quelqu’un qui tient assez à elle pour accourir au nom d’un pressentiment étrange ou d’un appel téléphonique alarmant. C’est étrange. Je pensais cet épisode traumatisant de notre histoire derrière moi et, pourtant, je n’ai pas besoin de fermer les yeux pour être assailli par le souvenir. Je revois Rae allongée au pied de son lit, gisant le contenu de son estomac et convulsant. Elle était froide comme le marbre d’une pierre tombale. J’ai cru que je l’avais définitivement perdue et, sur l’heure, malgré que mon bébé s’amuse dans mes bras - elle est heureuse de retrouver son papa - je ressens avec la même intensité la peur qui m’a envahi jadis. La voit-elle de nouveau, Rae ? Tandis qu’elle sonde mon regard en quête probable d’une réaction, remarque-t-elle que je revis cet instant désagréable par bribes ? Se rend-elle compte que mon sourire est déconnecté ? Que lorsque j’avance vers elle, assise dans le canapé, et que je me penche dans sa direction pour l’embrasser une fois de plus, je soigne une crainte que son overdose a amplifié en moi et qui ne m’a plus jamais quitté : la perdre ? Vivre sans elle ? Pour peu, je lui chuchoterais un “je t’aime tellement” suivi d’un “Tu comprends pourquoi je suis obsédé par votre sécurité ?”. Je ne pipe mot cependant. Je pose mon front sur celui de ma dulcinée, je clos les paupières et je respire à pleins poumons aussi longtemps que Micah ne me l’autorise. Lorsque cet échange dont elle est exclue devient trop long à son goût, elle tire les cheveux, bat des jambes et chouine son mécontentement. «Et elle est toujours là. C’est bien. C’est peut-être la motivation dont elle a besoin pour tenir le coup.» ai-je déclamé en me redressant. Je déteste contrarier Micah. Du reste, je suis sincère et rassuré : cette dernière ne sera pas celle de la cadette des Blackwell. Je suis de suite plus à l’aise avec l’idée d’une prochaine rencontre qui, a priori, n’est pas encore fixée. Ce n’est ni surprenant ni mal intentionné et j’acquiesce d’un signe de la tête. J’acquiesce et ajoute ma pierre à l’édifice. «Je pourrais, mais je ne vais pas m’inviter chez elle comme ça. Je lui enverrai peut-être un texto. On verra si elle saisit la balle au bond.» La confiance de tout venant n’est-elle pas une condition sine qua non à la guérison ? J’ai envie d’y croire parce que, pour moi, ça paraît fonctionner en partie. Il m’est déjà arrivé de repousser un verre que je me suis fait servir au préalable au nom de la foi en moi témoignée par ma complice. Je m’en chargerai de la soirée. Pour Rae et moi, l’heure est à la mise à jour de nos affaires, à une tentative de sieste pour Micah et à profiter d’un ensemble, quelques heures, avant que la seconde journée ne commence.

∞∞∞∞∞

Je déteste ce déchirement tantôt intense tantôt discret qui suit cette seconde où elle referme la porte derrière elle pour retrouver Callum, ses sbires et ses obligations. L’éventualité de trouver une nounou pour Micah n’en est alors que plus prégnante. Elle ne m’enchante toujours pas, bien sûr. Néanmoins, je l’estime nécessaire pour l’équilibre de notre famille. Quelque part au cours de notre histoire, Rae et moi avons fusionné. Pourtant - étrangement diraient certains - nous ne sommes jamais suspendus à nos téléphones pour communiquer par texto du matin au soir. Nous préférons alimenter le manque au cours de l’absence de l’autre parce que nos retrouvailles n’en sont que plus tendres, plus sages ou plus sauvages selon nos envies. Je crois également que notre inconscient a mis en place ce schéma, non seulement pour l’indépendance, mais également pour éviter de tomber le piège facile de “Pierre et Loup”. Les appels sont destinés aux “urgences” et, pour moi, ce soir, il y en a une. La température de Micah ne descend pas. Ses joues sont si rouges et son front si brûlant qu’un oeuf cuirait sur sa peau. Elle n’arrive pas non plus à s’empêcher de glisser ses doigts dans sa bouche et elle bave, beaucoup. Elle pleure, énormément, et aucune de mes caresses ne la soulage. Je l’ai changée et ses petites fesses étaient rouge écarlate et douloureuse puisqu’elle a hurlé lorsque j’ai appliqué du baume. Démuni, je l’ai bercée : ce fut vain. J’ai inventé des chansons : elle ne les a pas entendues. Ma voix disparaissait derrière ses hurlements. J’ai besoin d’aide et, de préférence, de celle de sa maman. Sauf qu’elle ne répond pas. La tonalité en devient insultante pour mes tympans et, à court d’idées, habité par une panique grandissante, j’en viens à hésiter entre la voiture et l’ambulance. J’ai opté pour mon véhicule personnel dans l’espoir de gagner du temps. Grave erreur. J’ai roulé vite, mal, pas dangereusement, mais pas prudemment non plus. A l’hôpital, j’ai feins d’être sympathique, mais je n’ai dupé personne. Quand est arrivé le tour de ma petite fille qui se plaint de plus en fort - elle s’en mord les doigts - j’ai refusé de la laisser partir sans moi. Les règles sont identiques pour tous, mais je ne les entends pas. Je m’engouffre dans le couloir et ne consent à leur confier Micah que si je peux la voir depuis une fenêtre ou une porte entrouverte. Mon timbre et mon regard d’acier les ont convaincus… une infirmière m’a proposé de consulter pour apprendre à gérer mes angoisses. Je l’ai assassinée sur place. Je ne suis pas d’humeur à me concentrer sur moi. Je ne suis inquiet que pour Micah et pour Raelyn qui n’a toujours pas répondu à mes appels. Je mentirai si je n’admettais pas, tôt ou tard, que mon coeur s’est quelque peu calmé quand mon épouse est apparue dans la salle d’attente. Je ne serais pas non plus honnête si je jouais les hommes heureux et non les types vexés et en colère. Je ne fais l’effort que pour éviter de nous offrir en spectacle, raison pour laquelle je m’exprime en chuchotements. « Elle n’est pas tombée, si c’est ce que tu insinues. Je n’ai pas manqué de vigilance.» me suis-je défendu alors que Rae n’a rien dit de tout cela. C’est Sarah qui l’aurait fait, qui l’a fait un jour ressemblant à celui-ci il y a plus de vingt ans. « Elle est juste là. La porte ouverte. J’ai demandé.» Exigé… « Et je ne s’en sais rien… alors, je vais te le demander parce qu’il le faut…» C’est important pour ma santé mentale. «Tu l’as laissée toute seule avec Spencer ? Quand tu es allée chez le coiffeur, par exemple ? »  C’est idiot : j’ai remarqué les pointes coupées de la chevelure fine de mon bébé. « Ou pour faire un saut je ne sais où parce que Carly avait besoin de toi ? » La gosse a le don pour se mettre dans l’ennui : ce n’est pas stupide de l’envisager.



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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyMar 2 Aoû 2022 - 15:04



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Je ne me suis pas répété avec plus de convition. J’ai à peine souri avec plus de coeur, non parce que j’étais déjà renoncé à transformer le loft en château de mousse, mais parce que j’aime le contact des doigts de Raelyn sur mon menton rasé de deux jours. Ce matin-là, je n’ai pas eu la foi de me débarrasser d’une barbe naissance. J’ignore si j’en aurai davantage demain. La rupture amicale entre Olivia et moi a maculé de la fange du doute ma confiance en mon jugement. Je la remets en question souvent, en particulier lorsque je suis seul et, par conséquent, en mesure de me soigner d’un verre d’alcool qui est devenu deux, puis trois, d’abord espacés, puis de moins en moins. J’ai cessé de compter ce que j’ingurgitais en whisky. Je continue à prétendre que je suis sevré et que mon combat n’est pas d’arrêter de boire, mais de ne pas gâcher mes efforts en me servant un verre. Je me mens, mais uniquement à moi. Je ne triche pas lorsque je flatte les lèvres de ma dulcinée d’un baiser, quand j’entoure sa taille d’une main solide et que je la presse contre moi tandis que je pousse Micah qui s’est endormie dans son landau. Elle est bercée par cette marche salutaire pour mes nerfs. Un regard dans sa direction me confirme qu’elle est sereine : ses poumons se soulèvent à un rythme régulier et ses deux poings serrés sont posés sagement de part et d’autres de son visage. Elle est belle, notre fille. Je regrette toujours qu’elle ait mes yeux, mais globalement, je lui reconnais plus de traits communs avec sa mère plutôt qu’à moi et ça me va bien. Je n’en suis que plus fier d’elle. Si je ne dégaine pas mon appareil photo dès lors qu’il est question de Micah, c’est pas instinct de protection. C’est le même instinct qui soulève les questions traitant de la nounou. Certes, nous ne sommes pas enchantés. Néanmoins, c’est acté : nous prendrons une nourrice pour notre petite fille. Si je suis toujours inquiet, je réalise surtout, en l’observant, qu’elle a besoin d’un cadre serein pour recharger ses batteries pendant la nuit. L’ambiance survoltée du casino n’est pas pour elle. La réveiller en plein milieu de la nuit ou au petit matin, chaque jour que Dieu fait, pour la déménager de l’appartement témoin vers le loft n’est pas plus recommandable. Rapidement, je statue avec moi-même : notre adresse se devra d’être révélée. Ceci étant, je n’impose rien, je demande. J’ouvre le dialogue afin que, nos deux cerveaux mélangeant nos idées et nos craintes, Rae et moi trouvions ensemble une solution différente ou, le cas échéant, que nous décidions tous les deux, en tant que parents, de ce qui sera bon ou non pour notre adorable bambin. «J’aime bien l’idée que “chez nous” ne se transforme pas en moulin.» ai-je acquiescé avec des mots : la situation nécessite plus qu’un grognement. «Et de contacter une agence aussi.» A mon sens, ce sera gage de discrétion à défaut de garantir les qualités humaines de leur prestataire selon mes critères hautement précis… Pour être honnête, je les soupçonne impossible à réunir en une seule et même personne. Il faudrait être au minimum deux, deux comme ma femme et moi et c’est impossible. «Et, chez nous, c’est le mieux, oui. Si c’est pour continuer à couper ses nuits en plusieurs morceaux, autant la garder au casino avec nous.» ai-je conclu pour illustrer nos certitudes. Du reste, je ne reviens pas sur Spencer. Je savoure plutôt le bonheur de l’instant : cette gamine me ramènerait trop brutalement à ma réalité et, en cette fin de soirée, j’aspire à plus de quiétude.

La quiétude ! Existe-t-elle vraiment ? Est-ce au contraire une illusion ? Une que j’ai cru vivre ou approcher, mais qui n’était qu’une chimère ? Si elle existe, la tranquillité d’esprit, elle me quitte chaque jour un peu plus et, tandis que je termine quelques tâches administratives liées au casino et au Club et que je prépare le travail pour faciliter la prise de relais par Raelyn, je suis anxieux. C’est aujourd’hui que Micah rencontre sa tante et, avant de rentrer vers le loft, j’ai récupéré dans la boîte à gants de la voiture une mignonette que j’ai avalée cul sec. J’en ai caché les traces en fonçant directement dans la salle de bain pour me brosser les dents, si bien que j’en sortais lorsque la porte s’est ouverte sur ma famille. Les questions abondent aussitôt. Je dévisage ma complice et, récupérant la princesse qu’elle me tend, je la détaille avec autant de concentration qu’un démineur en mission. « Tant mieux…» Je suis rassuré de les retrouver semblable à ce qu’elles étaient avant leur départ, quoique les joues plus rouges pour Micah et une vingtaine de centimètres de cheveux en moins pour Raelyn. Semblerait que ma gamine soit également passé sous le joug d’une paire de ciseaux. Qu’importe, elles n’en sont pas moins ravissantes, magnifique et, si je garde le compliment, c’est parce que Micah, dans mes bras, s’amuse à me tirer les cheveux, à attraper mes oreilles, tentent d’enfoncer un petit doigt dans l’une de mes narines. Je m’efforce d’esquiver ses attaques en embrassant son cou, en la chatouillant des poils de ma lèvre supérieure. Je respire sa peau et l’odeur apaisante et personnelle des bébés. « C’est qui cette personne ? » Celle qui partage la vie de sa soeur : j’estime être en droit que l’on m’en brosse un portrait. «Vous avez prévu une nouvelle rencontre ?» Cette fois, je délaisse Micah au profit de sa mère assise dans le divan. J’imagine qu’un café ne lui fera pas de mal et, déjà, je me dirige vers la cuisine, mon bébé toujours dans les bras et des questions - ou des réponses - plein les lèvres. «Tu sais, Spencer peut reprendre son job quand elle veut. On peut lui trouver autre chose si elle a peur d’être seule. Un job en journée… ce qui lui permettrait peut-être de passer du temps avec qui elle veut la nuit.» S’occuper ! C’est le stratagème que j’ai mis en place pour Rae : pourquoi ne fonctionne-il pas ou très peu pour moi ? «Sinon, je t’ai laissé quelques post-its sur quelques petites choses qui vont réclamer ton attention. J’ai un rendez-vous demain avec un potentiel client pour tu sais quoi…» Je fais référence aux armes frappées dont je me charge en lieu et place de Rae. « J’espérais ne pas rentrer trop tard du casino.» Un jour sur deux, c’était le deal : mais Rae me manque au quotidien. Nos habitudes me manquent. Ce sont autant d’excuses pour picoler en me jurant par déni que je ne rechute pas. «Mais, je ferai mon maximum pour être là le plus tôt possible.» Ce que Rae fera certainement aujourd’hui.

J’en aurais mis ma main au feu jusqu’à ce que Micah pleure, encore et encore, jusqu’à ce que j’épluche internet en quête de réponses à son état fiévreux - pleurs de décharge ? dents ? Maladie ? - que je sois si inquiet que je n’ose me fier à mon intuition - je courrais volontiers à l’hôpital - et que, malgré nos promesses, Raelyn reste injoignable. Oui ! Avant ça, je me serais jeté dans un bûcher convaincu d’en ressortir indemne.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 31 Juil 2022 - 20:34



JUMP INTO THE FOG
Il est des silences si longs que la badinerie se change en gravité. Rae et moi, tandis que nous discutons de cette personne qui, triée sur le volet, obtiendra le privilège de prendre soin de Micah, sommes victime de l’un de ses moments rarissimes au cours duquel un ange est tombé en plein vol. S’est-il cassé quelque chose ? A-t-il chuté lourdement – dois-je me préparer à une discussion à bâtons rompus – ou, au contraire, avec la délicatesse d’un flocon de neige sur les trottoirs de Paris en plein hiver ? Pour évaluer les conséquences de la proposition que je dénuai de toutes options, j’observe. Je dévisage ma complice pour dénicher sur ses traits une grimace de colère, un tic nerveux trahissant nervosité, anxiété ou désaccord. Je n’y distingue que les preuves d’une réflexion, profonde, personnelle, dont elle me tient à l’écart – à juste titre – et qui lui vaut d’actionner le levier de mon compteur de mots. Pour Rae, il est infini – ou presque – et je me perds en explications, en détails par rapport au cheminement de mes pensées. Je l’interroge par précaution sur ses préférences au sujet de Micah et de son « responsable » assigné, tout disposé à écouter et à considérer tout opinion différente de la mienne. Néanmoins, je crois les doigts. Je prie pour que la discussion ne tourne pas autour de la possibilité d’engager une nounou de sexe masculin. Outre cette peur d’être supplanté par cet inconnu, je négligerais mon boulot au casino jusqu’à ne plus y mettre les pieds tant mon imagination sera fertile. Elle écrira des scenarii catastrophes où il abusera de mon tout-petit-bébé, de ma princesse que d’aucuns n’approcheront, pas même à l’adolescence, à moins d’avoir montré patte blanche, d’avoir rédigé un CV irréprochable et d’être capable de traverser sans encombre le dispositif de surveillance et de sécurité qui entourera le mythe qu’est mon bébé. CE jour n’est pas arrivé, pas plus que celui où je concèderai au sexe masculin l’émergence d’un instinct paternel pour un enfant qui ne serait pas une savante combinaison entre lui et la femme qu’il aime. D’après moi, il est également corruptible et je n’ose imaginer quelles informations il serait capable de vendre et, surtout, à qui. N’étant pas né dans une grotte, je sais aussi ce que racontent les journaux. J’ai lu et regardé des reportages retraçant l’histoire d’assassins cruels, dénantis de mœurs, violant sans honte, kidnappant sans scrupule, revendant pour l’appât du gain. Bien entendu, je dramatise : l’irrationnel est une donné capital pour rédiger et pour résoudre l’équation de mes sentiments envers cette petite fille. Ceci étant, il est trop tôt pour que mes angoisses ne s’apaisent, si tant est que ça soit possible. En attendant, quoique je ne croie qu’en partie à la thèse de la blague de Raelyn, je ne cherche pas à la confondre. Mes lèvres se rehaussent plutôt d’un sourire. Mes poumons expirent du soulagement. Mes lèvres jouent le jeu tandis qu’ils en échappent un : «Ah, c’était une blague ? Bonne blague ! Très bonne blague.» au terme de son baiser. Ma main a glissé de sa nuque au bas de ses reins. Je me suis enivré de son parfum avant d’en revenir aux questions de départ : s’enfuir de ce bureau où me nargue cette maudite machine si peu technologique que j’en suis pantois et la rencontre entre Spencer et sa nièce.

Au départ, prendre des nouvelles de la gamine était sincère. Me questionner sur l’état d’avancement de sa cure et les chances de réussite l’était tout autant. Si mes interrogations ont viré vers « l’intéressé », ce fut en réaction à Raelyn et à sa façon d’appréhender établissement et programme pourtant offerts à sa petite sœur. Je crois que, pendant un instant, je me suis demandé pour quelles raisons elle n’a jamais évoqué cette solution pour moi qui oscille entre sobriété et rechute avec une tendance plus évidente pour les secondes. J’ai rapidement : ma complice est explicite. Qui plus est, son avis n’est pas bien éloigné du mien et j’en suis fort aise. Je pourrais crever d’être séparé du corps chaud de ma complice à l’heure de nous coucher, de la douceur de ses doigts sur ma peau, où qu’elle soit. Je me désespérerais de ne pas pouvoir l’appeler, lui parler, la photographier et l’aimer quand il me chante et de la façon dont il m’agrée. Quant à Micah, je deviendrais fou si, d’aventures, j’étais privé de sa présence et, par conséquence, ratais son évolution, aussi futile soit-elle. Je veux être là lorsqu’elle le tiendra seule, son biberon. Je refuse d’être à des lieues ou à des mètres de ma famille. En plus de l’angoisse et de la folie, la peur m’envahirait. Elle empoisonnerait mes veines, si bien que je ne concèderais pas aux assertions de Raelyn l’hypothèse où je n’utiliserais pas les mousses stockés à la cave. Sur l’heure, ce n’est pas gagné : ma bouche se tort, mais ma tête s’incline à plusieurs reprises par la positive. J’aime la notion de confiance que ma complice utilise pour qualifier ma relation entre Micah et moi. C’est ce à quoi j’aspire qu’elle ressemble. «Mouais. Peut-être.» ai-je donc avancé en savourant chaque minute de cette balade malgré les sujets moins agréables : les fournisseurs de Spencer – sous-entendus, les abeilles vénéneuses de Lou –, le lieu nouveau que découvrira mon bébé et qui lui vaudra, à l’heure de se coucher – j’en suis persuadé – quelques pleurs de décharges. «Et, les nounous ? On les rencontrera où ? Et, elle s’en occupera où ?  S’en occuperont où ? » Pour ma part, j’ai une idée sur la question, mais tout n’est-il pas objet, non pas à la négociation, mais à la communication afin de préserver l’indépendance de chaque fibre de nos personnalités jointes en une.

***

Micah était ravissante dans la tenue choisie par sa mère. Ses pommettes encore rondes de poupées, ses lèvres de poupon et ses petites mains boudinées d’être née fraîchement ont ébranlé mon cœur de papa, parce qu’elle s’en va sans moi, avec sa maman, non pas que ça soit inédit ou interdit, mais parce qu’elle va rencontrer aujourd’hui une gosse, à peine sortie de sa cure de désintoxication, dont je ne sais rien si ce n’est ses horaires de boulot. Est-ce que ça sera récurrent ? Est-ce bien grave quand Rae a découvert Cian il y a peu alors qu’il est le parrain de la petite ? Je ne crois pas. « L’addiction ne devrait pas être facteur à m’embarrasser » ai-je même essayé de me convaincre tout au long de l’après-midi. Pour parfaire le tableau du père cool, sans prise de tête et à l’aise dans ses baskets dès lors qu’il n’est pas impliqué dans un événement touchant son foyer, j’ai proscrit les SMS et, lorsque les prunelles de mes yeux sont rentrées, j’ai guerroyé pour ne pas me jeter sur le maxi-cosi et ainsi donné l’impression de vérifier – ce que j’aurais fait consciemment ou non – si Micah était entière. J’ai d’abord embrassé la maman sans faire semblant. «Alors ? Comment ça s’est passé ? Et comment vous allez ? » ai-je demandé après les avoir accueillies. Bien, je suppose. J’ai le sentiment que d’aucunes ne sont « nerveuses. » La petite n’est pas en larmes en tout cas. Elle ne le sera pas avant cette nuit, ce que j’ignore encore et facilite mon air guilleret, curieux de tout savoir et pressé de rattraper le temps perdu en leur compagnie alors que, si j’aime la solitude, elle m’est pénible ces derniers temps : l’alcool m’appelle, me réclame et me supplice. Elle ne tardera pas à s’accrocher à ma cheville telle une âme perdue, tel le boulet d’un prisonnier du bagne.


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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 31 Juil 2022 - 20:26



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J’ai utilisé le féminin faute à l’imaginaire commun de cette société patriarcale que je ne cautionne pas tout à fait, mais que je ne combats pas non plus. Un pompiste est un homme, forcément. Une dame qui s’occupe d’enfants des autres est donc du sexe opposé. Evidemment, c’est idiot et c’est, à peu de choses près, la tête que j’offre à ma complice. J’affiche la mine hagarde du gars pris au dépourvu, du type qui n’a pas réfléchi plus loin que le bout de son nez. A ma décharge, je ne me la joue pas progressiste en avançant un : “Non, pas obligatoirement.” que j’aurais doublé de mauvaise en ajoutant : “J’ai dit ça pour toi, pensant que c’était ce que tu voulais.” Pas d’affront de ce genre, ni pour Raelyn, ni pour moi. J’ai écarquillé de grands yeux, haussé les épaules et, resserrant légèrement ma main entourant sa nuque, j’ai lancé un « Je crois que je préférerais.» Sur le moment, je m’en balance de ce que ça dit sur moi. Par ailleurs, je ne m’en préoccuperai pas davantage demain. A mon sens, je me dote déjà d’une sacré de modernité étant donné le métier de mon épouse et de ce que je n’exige jamais d’elle plus de compte qu’elle n’est prête à en distribuer. «Au départt, j’ai pas réfléchi. C’était juste évident, mais si tu me poses la question alors, oui.» Non, je n’envisage pas de ce qu’un autre pose les mains sur mon bébé et se substitue à mon rôle de père. Je ne tolèrerai pas qu’il la borde le soir, qu’il lui lise une histoire ou qu’il embrasse son front pour lui souhaiter une bonne nuit. Mais, qu’en est-il de Raelyn ? Soudain frappé par une réalité – elle est aussi territorialiste que je ne le suis – acceptera-t-elle qu’une autre prenne soin de l’enfant qu’elle a mis au monde ? Le cas échéant, si elle me répond pas la négative, dois-je me défendre ? Dans ces situations, existe-t-il de la place pour la compromission ou sommes-nous obligés d’utiliser la carte de la concession ? Lequel des deux devra la sortir de sa manche ? La maman ? Le papa, tout aussi angoissé soit-il ? Complèterais-je la longue liste des Hommes égoïstes si je m’opposais à ce que la nounou soit de sexe masculin ? Trop de questions pour mon cerveau déjà secoué par l’énigme du tricheur sur laquelle je me suis penché plus tôt. Qui plus est, je ne suis pas armé pour statuer : j’en conclus que le mieux demeure d’interroger franchement ma complice. «Tu n’es pas d’accord avec ça ? Tu aurais privilégié un Homme ? » Inquiet, je la dévisage et, pour cause, je sais que tout argument voué à ce qu’elle change son fusil d’épaule pourrait être utilisé contre moi au préalable. “Peu importe qui s’en occupe, tu seras toujours sa maman…”, comme je resterai son papa… or, ça n’enlève rien à ce qu’il me déplaise d’avoir un baby-sitter chez moi le soir. UN baby-sitter. J’imagine le tableau : grand, beau, fort, jeune. Serait-il gay que ça ne me soulagerait pas de l’éventualité qu’il tentera de me ravir ma famille, de me rencarder, de m’éliminer, parce qu’elle est tout simplement formidable et, par conséquent, je suis un homme enviable. «Si tu hésites, on peut rencontrer tous les candidats sans distinction. De toute façon, on fera le meilleur choix quoi qu’il arrive.» ai-je avancé avec conviction cette fois. Nous n’avons qu’un but : le bonheur de notre bébé. Impossible de ne pas emprunter le même chemin, sauf pour de mauvaises raisons… des intentions fallacieuses qui ressemblent à celles qui occupent déjà l’espace dans mon esprit malade alors que je m’accorde la première nuit : vérifier le dispositif de sécurité – dispositif vidéo – installé au préalable pour garder un œil sur l’étranger au sens général du terme. Cette mesquine et saugrenue idée, je la tais. Elle ne remporterait pas les suffrages de Raelyn, faute à son excessivité, si bien que je la conserve jalousement. Je me consacre plutôt à l’état de santé de Spencer, à ses progrès, à ce que ma partenaire souhaite qu’elle entre à pas de loup, pas uniquement dans la vie de Micah, mais dans la nôtre, celle que nous partageons tous les trois puisque notre nourrisson – qui n’en est plus un – est indissociable du couple.

Bien que je ne sois pas réellement surpris par l’opinion de Rae sur les cures de désintoxication, je m’accorde le temps de la réflexion avant d’affirmer ou d’infirmer. Globalement, je n’y crois pas non plus. C’est comparable à la rédemption d’un prisonnier à peine sorti de taule. Il croit très fort en sa deuxième chance. Puis, esseulé, les portes se refermant sous son nez les unes après les autres, la voie du crime redevient sa seule option pour survivre à l’hostilité des croquants bien pensants. Mais, s’il était entouré ? Si Spencer avait quelqu’un sur qui compter dans les moments les plus difficiles ? Si elle était surveillée, aiguillée… qu’elle ne vivait tout simplement pas seule ? Est-ce qu’elle tiendrait bon ? Pourrais-je dès lors considérer que rejoindre une cure – à condition que je sois apte physiquement et mentalement à vivre loin de mon foyer, ce dont je doute – pourrait compléter les solutions probables à mon alcoolisme ? Ce pourrait-il qu’il s’agisse de la dernière option, celle de la dernière chance ? Perdu entre les croyances ataviques de mon éducation et une remise en question, je ne relève pas ou pas tout de suite. Je me dévoue surtout à évoquer ces inquiétudes que Raelyn désinfecte rapidement. J’entreprends de préparer Micah pour une balade qui, sans doute, la bercera et l’endormira dans une atmosphère plus aérée que le bureau du casino. J’en profite pour m’émerveiller sur sa beauté et pour me plaindre qu’elle grandisse, vite, et qu’une fois de plus, elle me tire les cheveux. Canaille jusqu’au bout des ongles, au plus je gémis, au plus elle rit et je séduis par le son de son rire et, dans une autre mesure, par le baiser que glisse la maman sur mes lèvres. «C’est toujours trop rapide.» ai-je ponctué d’un clin d’œil, d’apparence détendu par la tendresse de ma complice, mais plus conscient qu’elle ne l’est qu’être parent s’accompagne d’une kyrielle de regrets à mesure que nos progénitures poussent, s’éloignent, deviennent indépendants. Peut-être est-ce la cause la plus noble de toutes ces obsessions que je dénombre avec un soupçon d’horreur pour mes excès et un brin de fantaisies pour dédramatiser. «Si j’avais voulu les cacher, je ne les aurais pas choisi jaune… fluorescent. Je devrais peut-être aller les changer pour prendre du blanc, ce sera plus discret dans l’appartement.» ai-je soulevé, pensif et sérieux, persuadé que tôt au tard, ils seront installés et nous éviteront une catastrophe. « Et ouais, je toucherai plus aux meubles, sauf pour les mousses… et pour mettre un cadenas sur celui sous l’évier de la cuisine. Je n’ai pas envie de commencer à tout déménager.»J’ignore quelle mouche m’a piqué afin que j’insiste encore sur les protections destinées à transformer notre loft en forteresse d’ouates. En revanche, tout comme ma dulcinée, je nous bénis d’être aussi secrets. Je la remercie d’être aussi précautionneuse de notre bonheur et de notre sécurité que je ne lui suis moi-même d’un baiser plus appuyé sur ses lèvres, interrompant ma course et recueillant au préalable les protestations de la jeune enfant. «Tu as toujours été mon garde-fou et, en parlant de fou, la rumeur du casino dit que Spencer ne s’est pas toujours livrée là où tu le lui avais conseillé. On raconte qu’elle a été friande des cachetons de la Ruche. Jusqu’ici, je n’en ai jamais parlé parce que j’ai estimé que ça ne me regardait pas, mais là…» Je me sens davantage concerné. « Qui sait quoi ? » Blackwell II sait-elle qui est Lou ? L’inverse surtout ? L’inverse est-il une éventualité ? «Tu la prévois où, la rencontre ? »ai-je conclu, estimant que plus de questions serait insulté la prudence d’une femme qui n’a pas attendu après moi pour survivre dans l’aquarium des requins.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 31 Juil 2022 - 20:24



JUMP INTO THE FOG
Elle me connaît, Raelyn. Elle sait qu’il est parfois inutile d’insister pour que j’entende raison puisque je suis têtu comme une mule, comme elle, comme le sera certainement Micah. Elle montre déjà les premiers symptômes des entêtés lorsqu’elle s’échine à attraper les figurines pendant de son tapis d’éveil. Quant à moi, je suis obligé d’admettre face à mon énigme, à ma crise de colère - aussi courte soit-elle - et à l’absence d’air frais dans ce bureau, que l’endroit n’est pas sain pour un bébé. Bien sûr, elle grandit. Elle paraît également sereine et n’a aucune difficulté pour s’endormir hormis ces soirs où elle souffre de coliques. Dans ces cas-là, je la veille une majeure partie de la nuit de crainte qu’elle ne s’étouffe dans ses régurgitations. Qui d’autres feraient preuve d’autant de dévotion ? Une étrangère qu’on appelle nounou ? Peu de chance. Cette inconnue se contentera de la mettre au lit et de s’installer ensuite dans notre sofa pour se débiliter devant la télévision. Et, pourtant, je songe sérieusement à engager une puéricultrice supposée prendre soin de mon poupon. J’y pense au point de l’annoncer ouvertement à mon épouse après m’être approché, doucement, pour chercher auprès d’elle une dose de réconfort. J’ai même évoqué la crèche ce qui m’aura surpris à l’instant même où cette proposition a quitté ma bouche. Rien de surprenant à ce qu’il ait effaré Raelyn qui s’amuse de mes justifications à un “non” franc et massif révoquant la plus stupide des mes idées. La plus raisonnable ne me convainc pas davantage et, au plus j’exprime mes doutes, au plus ma complice, comme à l’habitude, trouve les mots pour me rassurer. «C’est vrai. Elle sera encore avec nous la journée. Elle ne passera pas trop de temps avec cette femme, finalement.» En outre, la solution envisagée par Rae, elle me plaît. Au-delà d’être aux côtés de Micah un soir sur deux pour lui conter des histoires ou lui muser des berceuses, je sens qu’il y aurait du bon à ce que je m’éloigne du casino une nuit sur deux. Celle de repos - ce n’est pas pénible d’être au chevet de mon bébé, au minimum pour les premières semaines, le temps que chacune s’acclimate l’une à l’autre. « C’est une excellente idée.» ai-je rétorqué, revigoré par la perspective qui s’annonce. «Je pourrai même commencer.» La place pour l’hésitation est inexistante dans ma phrase. Lorsque nous tomberons d’accord sur celle qui se substituera à nous quelques heures par jour. Je concède être le premier de nous deux à rester au loft et - je l’avoue avec un soupçon de malice - pas uniquement pour aider Micah au changement, mais aussi pour me faire une idée de ce qu’elle en dehors de ce que le papier annonce. Autrement dit, j’ai bien l’intention de la surveiller aussi souvent que possible et déjà je ourdis des plans pour être au courant de tout, des plans que je préfère taire pour l’instant. Ils ne plairont pas à Rae. Pis, ils l’agaceront et conscient que je pourrais vendre la mèche, je rebondis sur tous les sujets à peine entamés.

Parmi ceux-ci, il est question de Spencer, d’une rencontre avec la petite et de mon opinion sur la question. D'instinct, j’abandonne ma complice dont il me plaisait de caresser le cou ou d’embrasser la tempe. Je me dirige vers l’objet de toute cette conversation : la petite. Certes, nous avons statué, une professionnelle sera tolérée pour sa croissance. Mais, Spencer, quel rôle a–t-elle à jouer ? Pourquoi faudrait-il lui présenter notre fille ? Parce que les psychologue et les médecins ont remplacé sa came par des médocs ? Qu’elle en est gavée ? Que ses émotions sont en camisole chimique et donc plus facile à gérer ? Je suis heureux si elle s’en sort bien. Je le serai plus encore si elle tient bon une fois en dehors de l’hôpital. Je le dis, je le pense. Le cas échéant, je reste toutefois pantois à présent que l’éventualité que la demi-soeur de Raelyn rencontre sa nièce ne tombe sur le tapis. Je ne m’y attends pas tout à fait. Moi, je prenais des nouvelles par association d’idées. Perplexe, je m’occupe de la petite du mieux que je peux et ne reviens sur mes pas que pour observer Raelyn droit dans les yeux, lui confier mon sentiment et recueillir le sien. «Car ?» l’ai-je aussitôt questionnée sur son scepticisme. M’a-t-elle un jour confié avoir suivi un programme de désintox similaire qui aurait échoué ? Non ! C’est une information que j’aurais gardée précieusement dans l’hypothèse où elle aurait replongé avant ou après notre rupture. Le cas échéant, je n’aurais pas agi comme un ravisseur doublé d’un geôlier. Au contraire, ayant détesté porter ces casquettes, j’aurais insisté pour qu’elle s’offre une clinique privée où l’on aurait pris soin d’elle, où elle aurait été introuvable. Je lui aurais rendu visite quotidienne, défonçant à mon corps défendant toutes les portes closes qui m’auraient retenu loin d’elle. Qu’importe, cette histoire est dernière nous et je suis formel : la cure de Rae aura été, à deux reprises, l’enfermement. «Est-ce que Spencer y croit ? » D’après les conseils que je glane sur internet pour mon compte, les chances d’être, de devenir et de demeurer sobre nécessite de la confiance en soi. Un petit bout de femme esseulé uniquement entourée dd’une famille fraîchement retrouvée - découverte - en possde-t-elle assez en stock ? Peut-être serait-il bon que je m’entretienne avec la plus jeune des Blackwell. Peut-être. Plus tard néanmoins. Pas maintenant que j’ai affirmé à mon compagne, et sans boniment, que j’ai toute foi en son jugement. Tant que la gamine n’allonge pas la liste déjà courte des prétendantes au casting de la babysitter de l’année - ce que je précise à voix haute - je n’ai aucune raison viable de m’opposer à ce que Micah soit confrontée à la stabilité de sa tante le temps que ça durera. En revanche, je lutterai tel un beau diable si la malade transforme mon bébé en planche de salut.

Ce n’est pas dirigé contre elle, étonnamment. Ma réticence a tout à voir avec moi, avec mes erreurs probables, avec mes maladresses de père et avec mes sourires n'existant jamais qu’en présence de Sofia. Aujourd’hui, elles sont deux à l’origine de l'éclat de mes yeux plus souvent rieurs. Le poids de la crois que je pourrais représenter est divisé en deux de façon inéquitable et ça me convient ! J’en suis plus serein vis-à-vis de mon bébé quoique les angoisses soient tenaces et à des lieux de la définition de rareté. J’entreprends cependant de les dompter avec efficacité, parfois à l’aide de toute ma force et d’autres, grâce à des attentions simples : l’habiller de son gilet, la tenir dans mes bras quand elle passe de ceux de sa mère vers les miens et de m’ébahir, qu’effectivement, notre enfant forcit. Elle n’a plus rien d’un petit être fragile prêt à se briser aux moindres gestes brusques. Pour être honnête, elle ne l’a jamais été, ma precinesse. Les nouveaux-nés sont plus solides que ne l'imaginent les parents. De Rae et moi, je suis celui qui s'agrippe encore à cette image du nourrisson et, pour cause, elle justifie mes excès de prudence. Bientôt, ils seront désuets et je m’en désole du fond du coeur. «D’après le pédiatre, elle est sur la bonne courbe, non ? » Question rhétorique : j’étais là. «Bientôt, elle se nourrira toute seule, elle marchera, elle ira elle-même dans le frigo.  ça passe trop vite. Elle va nous échapper trop vite.» ai-je remarqué en déchantant. Mon père, logique et pragmatique, me tancerait d’un “personne ne fait des enfants pour soi” s’il était témoin de cette scène. Moi, je mordrais à l'intérieur de mes joues pour lui répliquer que “moi, je suis de ceux-là.” Preuve en est, n’aurais-je pas eu ce besoin irrépressible d’entretenir mon cancer du poumon, j’aurais décliné le détour par le garage, histoire de garder la petite tout contre moi. Sauf que je n’en fais rien. Si je ne peux boire, je dois a minima fumer pour ne pas pourrir l’ambiance et troubler Micah qui, contrairementt à sa mère, ignore encore comment me désamorcer.

En route vers une destination inconnue, je me gargarise de la brise légère caressant mes joues mal rasées et je m’enorgueillis du parfait tableau familial que brosse cette promenade. Je suis fier comme un paon. Mes tracas sont un mauvais souvenir et, un instant durant, j’ai ralenti la marche et clos les paupières. J’ai savouré me sentir bien. , me sentir entier et capable de soulever des montagnes à mains nues. Raelyn, elle soutient les fondations de mon calme retrouvé en me garantissant qu’elle veillera à ce qu’aucun lest ne chargera les épaules de ma fille et je lui en suis reconnaissant. Ma gratitude, je l’exprime en relâche la poussette d’une main et en entourant les épaules de ma femme de mon bras à présent libre. Je l’ai pressée contre mon flanc. Sur sa tempe, j’ai posé un baiser avant d'embrayer : «Tu sais, j’adore l’image que tu me renvoies de moi-même.» Je l’aime puisqu’elle transpire la sincérité, mon épouse. «Mais, on ne pas pas se mentir. J’ai déjà stocké des mousses dans le garage. J’ai réfléchi à mettre des verrous à toutes les fenêtres, à déplacer les produits ménagers ou à mettre un cadenas aux armoires. Je me suis demandé si on ne devrait pas changer les meubles de tout le loft parce qu’ils sont trop anguleux à mon goût. Je les ai fixés aux murs et il m’arrive de me dire que j’en fais pas encore assez. Toi et moi, on sait que plus elle grandira, pis ça sera.» Découcher pour une soirée pyjama chez une copine ? Jamais. nous les recevrons nous-même, ses copines. Nous feindrons d’aduler tous les gosses et pas seulement le nôtre, ce qui est entièrement faux. Un petit garçon, au primaire, qu’elle appellera mon amoureux parce qu’il est gentil - seul mot caché derrière la définition de ce mot maudit - et j’aurai envie de pourrir la réputation d’un gamin comme si c’était réellement imortant. Et, tout cela, ce ne sont que des exemples parmi une légion. «Pour le moment, ça fait de moi un père parfait, mais je finirai par l’étouffer…» Une pointe de tristesse mêlée à de l’effroi a coloré mon timbre et, de sorte que l’angoisse ne me rattrape pas, j’ai conclu sur une note plus légère. «ça arrivera exactement au même moment où je deviendrai un vieux con. D’où l’importance de ta vigilance.» J’ai esquissé un sourire qui m’a semblé efficace alors, qu’au fond, je m’interroge : comment nager à contre-courant étant donné qu’il est évident que j’avance sur la mauvaise pente ?




Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyDim 31 Juil 2022 - 19:15



JUMP INTO THE FOG

La peau fine de son cou contre la paume de ma main est plus efficace qu’un calmant. Parfois, j’ai le sentiment qu’il en a toujours été ainsi, raison de la double lecture de mon : “Tu es faite pour mes mains.” Ceci étant, fumant davantage depuis que je m’efforce de ne plus considérer l’alcool comme la panacée, je l’aurais bien consumée la cigarette proposée. Sauf que Micah s’épanouit avec ses jouets et le bureau est une pièce fermée. Il est rare que nous en ouvrions la porte. Quant à son unique fenêtre, elle ne donne pas sur l’extérieur, mais sur la salle du casino. D’ici, il est possible de contempler les joueurs durant des heures avec satisfaction : ils nous sacrifient leur argent. Les noceurs ressemblent à des fourmis dans un bocal que j’étudierai avec curiosité pour leur tendre de nouveaux pièges. La sensation de grandeur que j’en tire est étourdissante d’ailleurs. Je me rappelle que j’ai réussi et l’émotion s’amplifie lorsque mon regard s’attarde sur mon épouse ou sur mon bébé. Mon poupon. A partir de là, il n’est pas envisageable que je noircisse ses poumons à cause du tabagisme passif. Ça équivaudrait à remplir son biberon de whisky - une larme - les soirs où elle peine à s’endormir. J’opte donc pour une promenade que je fantasme au bord de la mer quoiqu’elle soit loin de l’établissement. Marcher m’aide pourtant à réfléchir. Le clapotis des vagues, une fois assis sur un banc à proximité de la plage ou à même le sable, est un anxiolytique supplémentaire. Or, je me figure mal pousser le landau, à cette heure tardive, sur des kilomètres de trottoir. Je ne vois pas non plus l’intérêt de nous déplacer en voiture. Peut-être est-ce à cause de la petitesse de notre fillette, bien qu’elle grandisse chaque jour davantage, que j’ai songé crèche ou nounou. Ma crise de colère, aussi courte soit-elle, y aura aussi contribué. Je n’aime pas ces accès qui pourraient heurter mon bébé jusqu’à briser son insouciance trop tôt ou qui abîmerait son âme innocente. En parlant d’âme, en existe-t-il une que je jugerais apte à recevoir la responsabilité de prendre soin de cet être si important à mes yeux et dont les traits tirent plaisamment sur ceux de sa mère ? J’en dénombre quelques-unes que je rejette rapidement. Cian, qui nous dépanne souvent, était en tête de liste, mais j’ai tiré la conclusion que je ne peux le convertir en garde d’enfants. Il a sa vie, ses projets et je les respecte. Je les respecte autant que la marraine de Micah qui, pourtant, ne ferait pas une excellente baby-sitter à long terme. Elle est trop nombriliste, Ariane et, si cette particularité m’a séduit au point que j’accepte qu’elle accompagne le soleil de ma vie au quotidien, ces mêmes raisons impliquent que je ne la lui confierais pas, pas même contre tout l’or du monde, pas même pour éviter à mon enfant les affres du huis-clos du diable qu’est le casino.

Pourquoi le minois grisâtre de Spencer se sont-ils imprimés sur mes rétines une seconde durant ? Parce que mes frères, moins occupés, auraient rassuré le père en moi s’ils avaient été disponibles. La cadette de mon épouse, elle l’est, sauf qu’elle n’est digne que de ma méfiance. Evidemment, je suis tolérant en matière d’addition, en ce compris avec elle : j’en souffre moi-même et mon aînée en est décédée. Ceci étant, Rae dépense de l’énergie pour tirer la tête de sa sœur hors de l’eau et j’aspire en conséquence à des résultats avant d’offrir à sa protégée le bon Dieu sans confession. Sa cure aura-t-elle les résultats escomptés ? A mon sens, faute à ma foi toute relative à toute forme de thérapie, je garde mes mains éloignées du feu. Elle en ressortira fragilisée, j’en suis convaincu. A contrario, j’en suivrai une moi-même, cela m’éviter de créer des subterfuges pour boire un verre ou l’autre en cachette, sur le balcon, avant de me récurer les dents et d’aller au lit, histoire de ne pas être démasqué. Je ne veux pas alerter ma partenaire. Ma santé étant en jeu, Raelyn, à défaut d’être oppressante, s’intéresse à mes progrès et, je l’avoue, j’ai honte. J’ai honte de manquer d’authenticité à son égard. Je prie alors pour ne pas dépasser les bornes, jamais, afin qu’elle n’ait pas à déplacer des montagnes pour me faire admettre en clinique par désespoir de cause. Je ne vaudrais pas mieux que celle dont je prends des nouvelles après avoir balayé d’une remarque l’éventualité de caser ma gosse dans une crèche. « A peine une demi-seconde. Puis, j’ai vu des microbes courir sur ses jambes et grouiller sur ses mains. Ça m’a semblé trop réel.» ai-je ponctué d’un sourire. «Mais, une nounou, pourquoi pas, même si je ne suis pas chaud. Je pense juste comme toi, que c’est pas un environnement pour elle sur le long terme. » Tête basse, les yeux rivés sur le petit corps enfermé dans une couche et sublimé par les vêtements estampillés choisis par sa maman, je suis transi par l’effroi de rater ses premiers pas, ses premiers mots, ses moments importants dont l’armée m’a privé en rapport à Sofia. Je suis inquiet par l’idée de faillir à mon rôle qu’est d’assurer sa sécurité. « Mais, je le répète, je suis pas emballé, pour pleins de raisons. Et, je ne veux pas non plus qu’elle pense qu’on se débarrasse d’elle.» Je connais trop la douleur liée à l’abandon et, plus largement, à l’indifférence. La ressente-t-il à cet âge ? Qu’en pense-t-elle celle qui l’a mise au monde et qui délaisse ses comptes à l’évocation de Blackwell deuxième du nom ? Etonnamment, elle éteint son ordinateur et ça a sur moi le même effet que ses jambes pliées en tailleur dans le canapé. Ça pue la discussion sérieuse et je respire plus fort pour ne pas me braquer avant d’apprendre ce dont il retourne. Je la dévisage a l’inverse avec la même intensité qu’elle. Je suis tout ouïe et, considérant sa question, j’y réponds avec franchise. «C’est bien pour elle. J’espère qu’elle détrompera les statistiques. Je ne veux que le mieux pour elle.» De là à ce qu’elle représente un point de repère pour Micah, c’est une autre paire de manches et je tique. «Là non plus, je ne suis pas chaud chaud. Je ne l'envisage pas comme baby-sitter..» Le ton est ferme. Je n’accorde pas d’espace au malentendu souvent destructeur pour notre quiétude durant des heures ou quelques jours. «Mais, j’ai confiance en ton jugement. Moi, je ne sais rien d’elle, mis à part ce qu’elle a bien voulu me dire. Je reste à l’écart parce que je sais que tu sais ce que tu fais.» J’ai ramassé le gilet du poupon traînant sur le dossier d’une chaise pour invité et j’ai entrepris de l’habiller. N’avions-nous pas parlé d’une balade ? N’avons-nous pas besoin de nous aérer l’esprit ? «Par contre, je ne veux pas qu’elle devienne sa motivation à rester clean.»ai-je lancé en embrassant le front de l’enfant que j’attache dans son maxi-cosi, lui-même accroché à la poussette. Je suis grave et sérieux. J’ai mal d’en faire la mienne. Je lutte contre ce phénomène chaque minute que Dieu fait. Je n’imposerai pas à Micah de porter le fardeau d’une autre. A ce jour, rien n’indique que mon choc post-traumatique n’a pas pesé trop lourd sur les épaules de Sofia, si lourd qu’à l’heure de sa noyade, elle s’est laissée couler au lieu de m’envoyer un appel à l’aise, mais rien n’allègue de l’inverse tant elle aura souhaité épargner ma tranquillité. «Elle a déjà bien assez avec moi qui me bats pour que ça n’arrive pas. Micah ne doit pas être sa carotte pour marcher droit. Tu comprends ? » A ses mots, j’ai délaissé le landau pour m’approcher de mon épouse, lui tendre la main, lui dérober un baiser et l’inviter à se relever de mon bras entourant sa taille. «On va prendre l’air ? On pourra en discuter plus longuement. Et, j’ai besoin d’une cigarette.» Tout comme de quitter ces lieux : je suis comme pris au piège d’un mauvais pressentiment.    


Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (Amelyn #71) ► JUMP INTO THE FOG    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyVen 22 Juil 2022 - 2:05



JUMP INTO THE FOG
Stupide aurais-je qualifié l’homme qui, ouvrant un casino ne servant pas seulement à divertir, mais aussi à planquer les activités illégales d’un gang redouté de Brisbane, se serait imaginé heureux comme un pape et tranquille tel un long fleuve d’Amazonie. En me lançant dans cette aventure, j’étais conscient que je traverserais des tempêtes et des bourrasques à cause d’un flic traînant trop souvent ses bottines autour de l’établissement ou par la faute d’un tricheur patenté qui a consacré temps et énergie à mettre au point un stratagème inédit pour remporter de grosses mises, avec parcimonie. Il a travaillé sur une méthode nouvelle contre laquelle nous sommes, pour le moment, complètement démuni. Des heures d’interrogatoire pour apprendre de la bouche du coupable par quel moyen il nous a volés… des heures vaines. Bien sûr, je ne les mène pas moi-même, question de sécurité : la discrétion est de rigueur compte tenu des activités de ma partenaire. Callum s’en charge puisque Raelyn et Micah sont avec moi, dans le bureau. L’une a le regard qui oscille entre ses papiers, son mari et sa fille. Cette dernière, elle est allongée sur un tapis d’éveil, sous une arche de bois de laquelle pendent des animaux de différentes matières, de différentes espèces et qui font différents bruits dès lors que mon prodige les bouscule de ses petits pieds ou de ses mains battantes. Quant à moi, je peste. Je râle comme un taureau de corrida en fin de vie à chaque fois que je raccroche le téléphone qui a déjà sonné plus de quatre fois depuis que nous avons chopé le dissident. A l’autre bout du “fil”, mon meilleur ami, dépité d’être bredouille - son adversaire est une tombe - m’informe de ses échecs répétés. Or, ce bandit, nous ne pourrons pas le garder entre nos murs trop longtemps. Quelques heures seulement, et encore, je concède à la raison que je suis trop présomptueux. Je persifle donc des injures entre mes dents, à voix basse, histoire de dissimuler ma mauvaise humeur et protéger les deux oreilles chastes de la pièce. Penché sur le dispositif du dupeur, j’entreprends de comprendre. Je réfléchis aussi à la mécanique de cet engin de malheur qui, étonnamment, n’est pas programmé informatiquement. Il est plus sommaire, ce qui signifie qu’il convient de le démonter pour en percer les secrets. Normalement, ce devrait être dans les cordes d’un vieux démineur de l’armée. Or, il n’y a pas de vis apparentes sur ce boitier de bois et j’ai l’impression d’être en prise avec un puzzle de trois mille pièces en noir et blanc. «Saloperie de truc de merde.» ai-je laissé échapper un soupçon trop fort, provoquant autour de moi un silence pesant qui n'aura pas le mérite de retenir un geste malheureux de ma part : envoyer l’énigme valser contre le mur d’en face au risque qu’elle emporte avec elle tous ses secrets. Cette nervosité - sensation désagréable que chaque protagoniste a les yeux rivés dans ma direction - provoque un “désolé” sincère, donc audible, mais qui ne me soulage en rien de l’idée d’être devenu con, d’avoir été abêti par l’alcool chaque verre buvant, aidant mon métabolisme a grillé anticipativement mes neurones. «J’y comprends que dalle…» Vexé, j’ai recouvert l’objet de ma hargne d’un morceau de tissu blanc. «On devrait aller se balader, non ? Prendre l’air avec la petite…» ai-je proposé à Rae en jetant un coup d’oeil à ma montre. Une seconde plus tôt, je me suis levé et j’ai cheminé dans sa direction pour glisser ma main dans sa nuque avec une délicatesse inouïe qui contraste avec mon accès d’humeur et ma frustration. A présent, je ponctue cette urgente requête d’un sourire quasi-suppliant et, pour cause, la succession d'emmerdements qui me sont tombés sur le coin du râble. Spencer a été la première à bousculer la routine de l’entreprise en entrant en cure de désintoxication. Superstitieux, je prétendrais que cette gosse porte la poisse. Au lieu de ça, je presse mes doigts qui n’ont pas moufté avant d’avancer vers Micah. Je me suis penché sur elle pour la porter contre mon cœur et son sourire a achevé le travail entamé par sa maman : elles m’ont apaisé. «Tu sais, parfois, je me demande si tu n’avais peut-être pas raison. Si on ne devrait pas lui prendre une nounou ou l’inscrire à la crèche, qu’elle se sociabilise un peu…» Plus que ses parents, ai-je pensé et admis comme tout droit sorti des tréfonds de mes angoisses refoulées de papa. Je me surprends moi-même étant donné qu’à l’évocation de ce lieu public où quelques puéricultrices s’échinent à garder sous contrôle des gosses au nez pleins de morve - ils en ont tous, sauf la mienne - toussant et créant un marasme de microbes, source d’épidémie que les pauvres ouvrières ne réussiront pas à contenir, mon coeur serre d’anxiété. «Non ! Pas la crèche.» me suis-je ravisé, un masque de dégoût maquillant mes traits tannés et, ces derniers jours, fatigués. « Mais, au moins, quelqu’un, pour le soir. On ne peut pas lui donner ce rythme-là. Si ? » Mon regard est inquiet quoique je devine la réponse de ma compagne. Raelyn a été la première à le remarquer, bien avant la naissance de notre princesse. Buté, je n’ai cédé de terrain à l’écouté raisonnée et, aujourd’hui, à son plaisir d’avoir enfin remporté cette bataille gentillette. Je pourrais lui répéter qu’elle était dans le bon. Sauf que je suis assailli par une pensée pour ma jeune belle-sœur.. L’hôpital dans lequel elle se soigne, je le compare à une crèche, en pis et je l’exclus d’emblée de la vie de Micah, au sens large, d’avoir été assez fou d’avoir pensé qu’elle ne puisse tenir dans la vie de sa nièce, le rôle qui est sien. «Et, rien à voir…» Ou presque… «Mais, comment va Spencer ? » Me suis-je enquis en tirant vers moi le landau de la prunelle de mes yeux.  


Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG YV4dgvCSujet: (raelyn) never learned to raise my hand, was too busy raising hell
Raelyn Blackwell

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Rechercher dans: tisser des liens   Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (raelyn) never learned to raise my hand, was too busy raising hell    Tag 71 sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyVen 29 Avr 2022 - 19:00

Répertoire des sujets


Février 2024
301. no name to a face ≈ Spencer Blackwell #13
304.

Décembre 2023
296. the sound of silence ≈ Amos Taylor #93
297. doors opening, doors closing ≈ Amos Taylor #94
299. bruises that won't heal ≈ Amos Taylor #95
302. when the hills of los angeles are burning ≈ Rhett Hartfield
300. i drank every sky that i could ≈ Amos Taylor #96

Novembre 2023
291. bone of contention ≈ Amos Taylor #92

Octobre 2023
289. time stands still ≈ Amos Taylor #91

Août 2023
293. a day that broke up your mind ≈ Abraham Taylor
277. the shadow of my love ≈ Amos Taylor #90 (août → octobre)

Juillet 2023
278. hold the dice your turn to roll ≈ Cristina Wheatherton #1
272. cold was the ground ≈ Amos Taylor #88
274. seal our fate ≈ Amos Taylor #89
276. out of luck ≈ Spencer Blackwell #12

Mai 2023
268. from the concrete to the coast ≈ Spencer Blackwell #11
298. i got new rules, i count 'em ≈ Anastasia Williams #2

Avril 2023
270. for the wrong obsessions ≈ Amos Taylor #87
279. lines are meant to be crossed ≈ Anastasia Williams

Mars 2023
264. not afraid to keep on living ≈ Ezra Beauregard
265. sink into the wasteland underneath ≈ Finnley Coverdale #2

Février 2023
269. requiems and revivals ≈ Amos Taylor #86

Janvier 2023
263. another ticking bomb to bury deep and detonate ≈ Amos Taylor #81
258. wicked ways ≈ Spencer Blackwell #10
261. but don't you let go of my hand ≈ Amos Taylor #82
266. screaming the name of a foreigner's God ≈ Amos Taylor #83
262. the monster you created ≈ Amos Taylor #84 & Solas Forthys #3
267. moving on and mother hens ≈ Amos Taylor #85

Décembre 2022
237. noble de coeur ≈ Solas Forthys #2
259. you got my blood running, turn the heat to six hundred ≈ Amos Taylor #80
253. under the surface ≈ Spencer Blackwell #9

Octobre 2022
257. piece of my heart ≈ Amos Taylor #79

Septembre 2022
252. fight fire with fire ≈ Amos Taylor #77
256. my honest mistake ≈ Amos Taylor #78

Août 2022
239. blood is in the rocky waters ≈ Saül Williams #2
234. paranoid android ≈ Amos Taylor #74
235. when you see my face hope it gives you hell ≈ Mitchell Strange #6
241. a hard pill to swallow ≈ Amos Taylor #75
250. broken beer bottles that are starting to fly ≈ Amos Taylor #76

Juillet 2022
231. she wanna make it to the end ≈ Spencer Blackwell #8
232. jump into the fog ≈ Amos Taylor #71
238. state of love and trust ≈ Amos Taylor #72
240. brave new world ≈ Amos Taylor #73

Juin 2022
230. permafrost ≈ Saül Williams

Mai 2022
225. chasing echoes ≈ Spencer Blackwell #7
226. and i have been programmed to obey ≈ Otto Lazzari #3
229. i'm too tired to swim ≈ Liam Taylor #3

Avril 2022
223. staring at the sun ≈ Amos Taylor #69

Mars 2022
211. royalty ≈ Ariane Williams #6
214. now or later ≈ Spencer Blackwell #5
219. prison blues ≈ Spencer Blackwell #6
220. after the fall ≈ Amos Taylor #67
221. this is why we fight ≈ Amos Taylor #68
227. even salt looks like sugar ≈ Amos Taylor #70

Février 2022
206. seen it all before ≈ Spencer Blackwell #4
204. the suicide king ≈ Otto Lazzari #2
209. back in the saddle ≈ Amos Taylor #65

Janvier 2022
205. a change is gonna come ≈ Amos Taylor #64
201. don't let appearances fool you ≈ Spencer Blackwell #3
208. a lot like yesterday, a lot like never ≈ Olivia Marshall #3

Décembre 2021
199. from a whisper to a scream ≈ Amos Taylor #61
200. but it's the only way of life ≈ Ariane Williams #5
202. flesh of my flesh ≈ Amos Taylor #62
203. the other side of her life ≈ Amos Taylor #63

Novembre 2021
195. who you run to ≈ Spencer Blackwell #2
197. saints and sinners ≈ Amos Taylor #60

Octobre 2021
181. the price of your greed ≈ Otto Lazzari #1
189. can't take back the bullet ≈ Spencer Blackwell #1
194. what i wouldn't do ≈ Chad Taylor #2
184. the self destruct button ≈ Amos Taylor #57
191. fear of the unknown ≈ Amos Taylor #58
193. puzzle with a piece missing ≈ Amos Taylor #59

Septembre 2021
212. city of blinding lights ≈ Callum Murray
178. random access memories ≈ Amos Taylor #54
179. into the unknown ≈ Rosalie Craine
182. time has come today ≈ Amos Taylor #55
180. last night on earth ≈ Amos Taylor #56

Août 2021
176. road to acceptance ≈ Amos Taylor #52
177. the innocence on your face bled out ≈ Amos Taylor #53

Juillet 2021
172. does the light bring the thunder ≈ Amos Taylor #50
175. looking for answer by all means ≈ Gabrielle Strange #1
173. you're my chosen family ≈ Amos Taylor #51

Juin 2021
170. in for the kill ≈ Ariane Parker-Williams #4

Avril 2021
165. the razor's edge ≈ Amos Taylor #46
164. have mercy on the criminal ≈ Ouverture de l'octopus - Alec Strange #4
166. midnight kiss ≈ Amos Taylor #47
168. little fires everywhere ≈ Amos Taylor #48 & Liam #2 & Chad & Diana & Casey
169. a million days ≈ Amos Taylor #49
171. whatever it takes ≈ Alec Strange #5

Mars 2021
162. when some reasons push you [...] ≈ Amos Taylor #45 & Stacey Gallagher
161. my hand into hellfire ≈ Lou Aberline #3

Février 2021
153. let the old ways die ≈ Le Club & la ruche

Janvier 2021
156. skies on fire ≈ Amos Taylor #41
157. make me lose control ≈ Amos Taylor #42
159. pushing everything over the edge ≈ Amos Taylor #43
160. stripped down to the bone ≈ Amos Taylor #44

Décembre 2020
150. without a trace ≈ Amos Taylor #38
151. judas smile ≈ Alec Strange #3
152. i will follow you into the dark ≈ Amos Taylor #39
155. don't let the sun go down on me ≈ Amos Taylor #40

Novembre 2020
146. hide the bones ≈ Clyde Wakefield #3
145. silence like a cancer grows ≈ Amos Taylor #36
147. where i end and you begin ≈ Amos Taylor #37

Octobre 2020
135. electrical storm ≈ Amos Taylor #32
139. from the ritz to the rubble ≈ Olivia Marshall #2
136. don't leave me dry ≈ Amos Taylor #33
142. i'll pull you in like the waves of the sea ≈ Amos Taylor #34
144. trip through the wire ≈ Amos Taylor #35

Septembre 2020
112. looking through ≈ Amos Taylor #28
130. in the name of you ≈ Amos Taylor #29
125. behind closed doors ≈ Amos Taylor #30
132. where angels fear to tread ≈ Amos Taylor #31
143. pretty savage ≈ Ariane Parker #3

Août 2020
114. everything's silent and your head just sweating ≈ Alec Strange #2
141. i'm coming up only to hold you under ≈ Mitchell Strange #5
126. chaos is a friend of mine ≈ Jill McGrath #4
128. walking the wire ≈ Loris Baumann #3
133. order was the dream of man ≈ Yelahiah Parker
122. a shipwreck on your shore ≈ Amos Taylor #26
123. there's nowhere left to fall ≈ Amos Taylor #27

Juillet 2020
127. all the good girls go to hell ≈ Ariane Parker #2
109. behind the velvet rope ≈ Amos Taylor #22
118. all goes wrong ≈ Amos Taylor #23
119. the start of how it all ever ends ≈ Amos Taylor #24 & Lou Aberline #2
120. black water rising ≈ Amos Taylor #25

Juin 2020
102. sings precious memories ≈ Amos Taylor #19 & Liam Taylor #1
104. i wish it would rain down ≈ Amos Taylor #20
106. a million nights ≈ Amos Taylor #21
113. she's got a way ≈ Ariane Parker
121. born to push you around ≈ Loris Baumann #2
129. faces of the past ≈ Ichabod Bates

Mai 2020
100. never fade away ≈ Amos Taylor #18

Avril 2020
95. cause I've been up all night [...] ≈ Amos Taylor #14 & Lola Wright #1
84. flames of paradise ≈ Finnley Coverdale
96. the best was yet to come ≈ Amos Taylor #15
98. i can't go on without you ≈ Amos Taylor #16
99. give peace a chance ≈ Amos Taylor #17

Mars 2020
242. broken doll ≈ Aisling Hayes #2
88. stuck in a moment ≈ Amos Taylor #12
91. oats in the water ≈ Jill McGrath Fitzgerald #3
90. there'll be birds on the ground ≈ Amos Taylor #13

Février 2020
74. why do you have to be so hard to love ≈ Amos Taylor #8
75. smoke on the water ≈ Tobias Doherty #4
76. every breaking wave ≈ Amos Taylor #9
77. all the voices in our mind [...] ≈ Olivia Marshall #1 & Amos Taylor
78. don't mess Rae ! ≈ Mitchell Strange #4
79. restless heart syndrom ≈ Amos Taylor #10
80. nothing I've ever know ≈ Amos Taylor #11

Janvier 2020
64. like an atom bomb about to explode ≈ Tobias Doherty #2
71. many rivers to cross ≈ Amos Taylor #5
72. can't stop this thing we started ≈ Amos Taylor #6
73. yesterday was just a dream ≈ Amos Taylor #7 & Tobias Doherty #3

Décembre 2019
68. help me make it through the night ≈ Amos Taylor #3
69. the struggle within ≈ Amos Taylor #4

Novembre 2019
56. the pressure building until she can't breathe ≈ Primrose Anderson #4
65. up all night I can't pretend ≈ Amos Taylor #1
66. wicked game ≈ Nolan Whitaker
67. jump in the fire ≈ Amos Taylor #2

Octobre 2019
60. tell me how it could be ≈ Jack Epstein
218. With a wonder and a wild desire ≈ Amos Taylor #66

Septembre 2019
63. don't mess with raelyn blackwell ≈ Lubya Abramova
50. cause they will run you down, down til the dark ≈ Mitchell Strange #3

Août 2019
45. an unexpected encounter ≈ Shay Khaan
41. at every occasion i'll be ready for your funeral ≈ Lou Aberline
37. you look familiar have we... ? ≈ Dimitri Horowitz

Juillet 2019
22. when all has been said and done ≈ Leah Baumann #2
23. even when the water is cold ≈ Auden Williams #4 & Ginny McGrath #1
35. the silence grows louder ≈ Matthew Locksley

Juin 2019
17. everything's been so messed up lately ≈ Primrose Anderson #3
18. je voudrais le bien mais le mal fait son beurre ≈ Charlie Villanelle

Mai 2019
15. strictly biz she don't play around ≈ Primrose Anderson #2
31. de justesse ≈ Joseph Keegan #3
12. fire meet gasoline ≈ Joseph Keegan #2
21. pizza ! pizza ? pas pizza ≈ Joseph Keegan #3 & Auden Williams #3

Avril 2019
8. we get what we deserve ≈ Camil Smith
10. nightcall ≈ Mitchell Strange #2
11. hold on tight it's a crazy night ≈ Lubya Abramova #2 - avril 2019

Mars 2019
1. fear is stupid so are regrets ≈ Mitchell Strange #1
5. shopping is cheaper than a psychiastrist ≈ Lubya Abramova #1
7. till that moment i lost control ≈  Deborah Brody

Février 2019
3. if you observe all the rules you'll never get anywhere ≈ Primrose Anderson
2. do you remember ? ≈ Joseph Keegan #1 - février 2019

2018
303. while your lips are still red ≈ Danaë Lescaut

2016
19. rebels and mutineers ≈ Auden Williams #2
62. devils with angel's faces ≈ Tobias Doherty #1
198. furious angels ≈ Solas Forthys #1

2014
30. those who want peace should prepare for war ≈ Joseph Keegan & Adrian Cray
54. beyong this place of wrath and tears ≈ Aisling Hayes

2012
4. the shadows of the past ≈ Leah Baumann

2010
101. craving for revenge ≈ Sienna Hawkes

2009
36. they say she needs to slow down ≈ Jillian McGrath
46. let the old ways die ≈ Jillian McGrath #2

2008
34. i won't be right without you and i might break without you ≈ Alec Strange - mars 2008
108. take my mind and take my pain ≈ Alec Strange #1

2007
61. don't take me down that lonesome road again ≈ Carter Rollins #2

2005
26. leave me alone ≈ Soheila Hodge
55. if this night is not forever at least we are together ≈ Carter Rollins
16. draw me like one of your french girls ≈ Auden Williams

Flashforward
138. until death do them part ≈ Amos Taylor & Saül Williams & Ariane Parker (2042)



Univers alternatifs
Dimension zombie
25. quand la vengeance a l'odeur du sang ≈ Mitchell Strange
29. apocalypse now ≈  Leah Baumann
32. things will never be the same ≈ Tad Cooper
58. pretty much dead already ≈ Léo Ivywreath
83. all the rules are changing now ≈ Jessalyn Oxton
86. too far gone ≈ Halsey Blackwell
93. what comes after ≈ Auden Williams

70. we are the end of the world ≈ Amos Taylor
215. 30 days without an accident ≈ Amos Taylor #2

Dimension fantôme
24. in nomine patris et filii spiritus sancti ≈ Leah Baumann
275. rather be the hunter than the prey ≈ Ambrose Constantine - fantômes #1
281. walk between the raindrops ≈ Ambrose Constantine - fantômes #2

Dimension spatiale
53. i was a sailor on an open sea ≈ Matt McGrath
52. when you mourn the death of your bloody valentine ≈ Leah Baumann
59. if i ruled the world ≈ Matt McGrath #2
89. ride in the unknown ≈ Matt McGrath #3

Dimension momie
134. exode 7 : 17, 21 ≈ Amos Taylor - momie #1
137. exode 9 ≈ Amos Taylor - momie #2
140. exode 10 : 21-29 ≈ Amos Taylor - momie #3

Dimension slasher
185. video killed the radio star ≈ Amos Taylor - slasher #1
188. another one bites the dust ≈ Amos Taylor - slasher #2
190. the final countdown ≈ Amos Taylor - slasher #3
186. sweet dreams are made of this ≈ Léo Ivywreath - slasher #2
187. heart of glass ≈ Léo Ivywreath & Damon Williams - slasher #3
192. i'm still standing ≈ Damon Williams - slasher
213. when the rain begins to fall ≈ Spencer Blackwell - slasher

Dimension Bunyip
244. drunken sailor ≈ Ambrose Constantine #1
247. see you walkin' 'round like it's a funeral ≈ Ambrose Constantine #2
248. an ocean in between the waves ≈ Ambrose Constantine #3
245. the last shanty ≈ Ruben Hartfield #1
246. castaways #1 ≈ Amos Taylor - UA Bunyip #1
249. when the death come knocking ≈ Millie Butcher
251. swimming in a mirror ≈ Greta Moore
254. what does the fox say ? ≈ Malone Constantine

Dimension gothique
280. i wanna taste the way that you bleed ≈ Amos Taylor - gothique #1
283. tear you appart ≈ Amos Taylor - gothique #2
288. evil is going on ≈ Amos Taylor - gothique #3
290. paint the town red ≈ Amos Taylor - gothique #4
292. gotta listen when the devil’s calling ≈ Amos Taylor - gothique #5
294. he can't rewrite the aggro of my furied heart ≈ Amos Taylor - gothique #6
295. my cold desire [...] ≈ Amos Taylor - gothique #7
282. using your fuel to kill ≈ Ruben Hartfield - gothique #1
286. you're so dark but you're painted red ≈ Ruben Hartfield - gothique #2
284. forever bound to the night ≈ Arthur Coventry - gothique #1
285. who's the little mouse now ? ≈ Lily Beauregard - gothique #1
287. and the world is in flames ≈ Lily Beauregard - gothique #2

Autres UA
42. game over, try again ≈ Deborah Brody #3 - Deb's dream
87. my baby shot me down ≈ Amos Taylor
107. may the odds be ever in your favor ≈ Clyde Wakefield - Hunger Games
108. boy don't call me angel ≈ Ginny McGrath - Charlie's Angels
116. castaways ≈ Ivy Waterhouse
117. wrapped in shadows ≈ Matt McGrath
174. stairway to heaven ≈ Léo Ivywreath #2 (UA La Faucheuse)
207. we're on the borderline ≈ Léo Ivywreath #3 (UA La Faucheuse)
255. memory comes when memory's old ≈ Finnley Coverdale (UA Mockingjay)

92. all the things we could have been (Chapter #1) ≈ Amos Taylor
163. all the things we could have been (Chapter #2) ≈ Amos Taylor
183. all the things we could have been (Chapter #3) ≈ Amos Taylor
196. all the things we could have been (Chapter #4) ≈ Amos Taylor
210. all the things we could have been (Chapter #5) ≈ Amos Taylor
216. all the things we could have been (Chapter #6) ≈ Amos Taylor
217. all the things we could have been (Chapter #7) ≈ Amos Taylor
222. all the things we could have been (Chapter #8) ≈ Amos Taylor
228. all the things we could have been (Chapter #9) ≈ Amos Taylor
236. all the things we could have been (Chapter #10) ≈ Amos Taylor
243. all the things we could have been (Chapter #11) ≈ Amos Taylor
260. all the things we could have been (Chapter #12) ≈ Amos Taylor
273. i'm not afraid of god, i am afraid of man (Chapter #13) ≈ Amos Taylor



Hors chronologie
Les sujets suivants sont abandonnés et ne sont pas conservés dans la chronologie du personnage.

Spoiler:


Les sujets suivants sont terminés mais ne sont pas conservés dans la chronologie du personnage.

47. can't talk myself out of it ≈ Blake Taylor
81. mysterious ways ≈ Halsey Blackell #1
97. the dangerous type ≈ Halsey Blackwell #2
110. stole the show ≈ Halsey Blackwell #3
111. flyin' saucers rock'n'roll ≈ Halsey Blackwell #4
115. hell bent to take my hand ≈ Zachary Taylor
149. back to black ≈ Halsey Blackwell #5
148. silly games ≈ Halsey Blackwell #6
154. to all of the queens who are fighting alone ≈ Sasha Sinclair #1
167. i'll stay vulnerable ≈ Sasha Sinclair #2
105. everyone who isn't us is an enemy ≈ Clyde Wakefield #1
124. Never face each other ≈ Clyde Wakefield #2


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