C’est pas le dimanche habituel, c’est pas non plus le couché de soleil, mais en rentrant chez toi en cette mi journée tu as vu Madi. T’étais en train de réfléchir si tu allais te prendre un McDo et le simple fait de la voir là devant le skatepark, sur l’herbe, votre spot, tu as tout de suite repris le volant de ta voiture. Un saut au McDo le plus proche à seulement cinq minutes d’ici. Tu ne sais pas ce qu’elle prend généralement, tu ne sais pas non plus si elle est végétarienne, alors tu prends plusieurs options. Si vous ne mangez pas tout, ça te fera de quoi pour le lendemain.

C’est avec un gros sac en papier McDo que tu vas le plus naturellement du monde t’installer à côté d’elle. « Madison. » T’as pas été invité à proprement parler mais comme c’est votre spot, tu as le sentiment que si. Une invitation silencieuse. La meilleure de toutes les façons de t’inviter en somme. « J’ai pris des trucs en plus pour toi. Tu peux te servir. » Tu sais que ça fait bizarre et limite comportement de stalkeur de lui dire ça comme ça, mais tu aimes la compagnie de Madi. La voir installée sur l’herbe alors qu’il fait si beau, c’est bien plus attrayant que de rentrer dans l’ombre de ton appartement. Tu ne profites pas tant du l’été qu’offre l’Australie. La plage tout ça, c’est pas ton truc. Tu t’es naturellement dit que ta présence lui ferait plaisir et en plus avec de la bouffe. Si la situation avait été inversé tu l’aurais accueillit avec plaisir.

Le soleil tape fort et tu ouvres deux boutons supplémentaire au col de ta chemise. Tu vas sortir une portion de frites du sac pour commencer par là. T’as pas mangé depuis la veille, tu comptes bien te gaver la pense de toute cette mal bouffe. Tu restes silencieux parce que tu es juste quelqu’un qui parle pas beaucoup de base, mais en plus, comme ce plan là n’était pas prévu, tu te dis qu’elle est sûrement occupé à quelque chose. Lire ou méditer ou juste cogiter. Tu ne comptes pas la déranger, juste manger, profitant du soleil et de l’herbe qui a d’ailleurs été fraîchement coupé vu l’odeur agréable qui vient jusqu’à tes narines. Le soleil et la nature, un bon moyen de te reconnecter avec des choses simples qui font du bien à ton esprit. Des choses que tu devrais faire plus souvent Asher. Oui.

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Si à la base tu étais venue ici dans l’espoir de travailler quelques photos sur ton ordinateur portable, ça fait bien longtemps que l’écran de celui-ci s’est mis en veille. Alors il repose oublié là, sur tes jambes étendues dans l’herbe. Si parfois tu bouges le pad pour au moins prétendre bosser, toute ton attention est dirigée vers le skatepark où quelques personnes sont en train de s’amuser. Comme souvent, ils chahutent, rient de manière peu discrète et écoutent de la musique un peu trop forte. Ce n’est pas la première fois qu’ils viennent ici et ça ne sera sûrement pas la dernière. Du moins t’espères. Il y a quelque chose que tu aimerais faire, ça fait quelques jours que tu y songes. Aller vers eux et leur proposer de les prendre en photo pendant qu’ils exécutent quelques figures. Mais pour ça, il faudrait que t’aies le courage d’aller leur adresser la parole et ça… C’est une autre paire de manches. Dans le lot, il y a cette même fille de la dernière fois qui se démarque de la plupart de ses amis. Tu ne sais pas vraiment dire pourquoi en revanche. Il n’y a pas grand chose qui la distingue des autres en vérité, elle a juste l’air plus intéressante.

Chaque fois que l’un d’entre eux a l’air de se tourner dans ta direction, tu as l’air soudainement très occupée par ton travail qui n’avance pourtant pas des masses. (A côté de ça et d’un oeil totalement externe, aucun ne semble te prêter attention. Ils sont tous bien trop occupés par leurs activités pour remarquer la fille assise seule dans l’herbe depuis des heures.) Écouteurs dans les oreilles, la voix de la chanteuse de London Grammar couvre presque tous les sons environnants. « Madison. » Lorsque tu entends la voix qui s’adresse à toi, tu es comme saisie. Tu ne t’y attendais pas vraiment. Tu souffles du nez à ta propre stupidité et tu adresses néanmoins un bref sourire à Asher. « Hey. » dis-tu en retirant tes écouteurs. Pas de Monsieur Buckley cette fois, ça devrait lui faire plaisir. Du moins t’imagines. Quand est-il arrivé ? Est-ce qu’il a vu qui tu fixais ? Alors que tu commences à paniquer un peu, il reprend la parole. « J’ai pris des trucs en plus pour toi. Tu peux te servir. » un peu confuse au début, tes yeux se posent sur le sac avec le logo McDonald’s. Un sourire se dessine doucement sur ton visage alors que tu replaces une mèche derrière ton oreille. « Oh c’était pas nécessaire...  Mais merci. » tu lui adresses un sourire sincère alors que tu profites du silence entre vous pour regarder dans le sac pour en sortir quelques frites. « Ca fait une éternité que j’ai pas mangé ça. » Harry n’est pas très fan de fast-food et préfère largement cuisiner. Dans la mesure où c’est une tâche que vous partagez à deux, ça ne te déranges pas plus que ça. « C’est pour une occasion spéciale ? » tu demandes en penchant légèrement la tête sur le côté.

« Hey. » Que Madi ne le prenne pas mal mais tu ne la regardes presque pas quand tu la salues et t’installes à côté. Tu loupes sa surprise et tout autre indice que ta présence ici n’est peut être pas la bienvenue. Tu détestes tellement être scruté par autrui que toi même, tu ne regardes pas les gens, ou très rarement. Tu ne seras jamais celui qui remarque qu’une personne a changé de couleur de cheveux ou qu’il porte une robe qui les met plus en valeur. Tu ne regardes juste pas. Ca ne t’intéresse pas.

« Oh c’était pas nécessaire...  Mais merci. » Tu sens que y’a un léger malaise mais c’est aussi tout le temps comme ça avec Madison. Vous êtes autant gênant l’un que l’autre et c’est pour ça que les silences sont si apaisant. Des moments où ni toi ni elle n’a l’air con. C’est plutôt appréciable. Tu voulais réellement lui faire plaisir avec ce McDo et tu ne sais pas montrer ton affection pour autrui. Il faut de longues années d’amitié ou avoir gagné The Voice 2019 pour que tu sois plus à l’aise comme ça.  « Ca fait une éternité que j’ai pas mangé ça. » Un léger sourire se forme sur tes lèvres pendant une demie seconde. Content d’avoir vu juste et qu’elle est en train de se servir à son tour. Des frites. Tu sais que c’est le choix numéro 1 des vegan car c’est littéralement le seul truc qu’ils peuvent manger au McDo. T’en as pris plus que du reste pour cette raison. « C’est pour une occasion spéciale ? » Ton tour d’être surpris qu’elle déduise qu’il y ait quelque chose de plus que juste envie de manger du fast food.

« Pas vraiment… » Donc c’est qu’il y a peut être une occasion spéciale là dessous Asher ? « L’occasion spéciale c’est surtout que je viens manger au soleil. » Elle non plus n’est pas la plus bronzées des Australiens. « Besoin de… » De quoi Asher ? Qu’est ce que tu étais sur le point de dire ? « Besoin de m’aérer l’esprit. » Tu as passé quelques jours forts en émotions et tes pensées en ont été encore plus vives que d’habitude. T’as envie de t’apaiser mais tu viens t’installer à côté de Madison. Belle preuve que tu te sens bien à ses côtés. Tu ne sais pas si elle va le prendre comme ça. Tu ne sais pas si ça fait un quelconque sens mais t’as clairement l’impression que vous partagez votre deuil tous les deux et ça ça rapproche inconsciemment. « Tu bosses ? » Combien de temps elle arrive à rester sous le soleil comme ça ? Parce que ça tape fort et t’as déjà ouvert deux boutons en plus de celui qui l’était déjà mais rester là, static, mi journée, tu sens le soleil sur ta peau comme jamais. Tu vas ouvrir un bouton de plus et tu aurais vraiment très envie d’être en shorts comme tous les gars et meufs qui sont au skatepark mais non. Toi t’es en pantalon Asher car c’est comme ça qu’on présente bien. Que tu entends dans ta tête dans la voix de ton père. Et puis y’a une petite brise qui se fait sentir et ça fait du bien, au final, c’est déjà plus facile à tenir de cette façon là.

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Il ne semble pas avoir remarqué ton air un peu vague. Ou alors si c’est le cas il ne relève pas et tu le remercie pour ça. Le visage à moitié caché derrière tes cheveux, t’affiches un bref sourire soulagé. Pas de pression ou d’appréhension, rien de tout ça avec lui. Il te propose de te servir, qu’il a pris quelque chose pour toi. Aucune idée de la raison derrière ce geste, mais ça te touche. C’est vraiment particulier cette relation avec lui, ça a quelque chose d'apaisant et tu te sens en confiance. Alors tu te sers en le remerciant et tu oses demander si c’est pour quelque chose en particulier. « Pas vraiment… » un simple geste désintéressé ça te va tout aussi bien. A l’occasion tu lui rendra la pareille, juste pour le principe. Pas que tu te sentes redevable ou obligée, mais ça te fera plaisir de faire quelque chose pour Monsieur Buckley à l’occasion. Après tout, il apporte à boire ou de la nourriture, c’est bien normal que ça ne soit pas toujours la même personne qui fasse ce genre de chose. « L’occasion spéciale c’est surtout que je viens manger au soleil. » tu hoches doucement la tête en posant une nouvelle fois le doigt sur le pad de ton ordinateur. L’écran revient à la vie, laissant apparaître ton logiciel de traitement photo ainsi que l’image d’un groupe de street basket en plein match. A l’oeil nu, personne ne peut dire que tu n’as encore rien fait dessus. « Besoin de… » tu tournes le regard vers lui alors qu’il commence sa phrase. « Besoin de m’aérer l’esprit. » les yeux légèrement plissés, tu penches un peu la tête sur le côté. « Oh… Tout va bien ? » tu demandes, l’air concernée. Il n’est pas obligé de s’étendre ou même de répondre tout court, mais t’as envie de t’assurer que tout va bien de son côté. « Tu bosses ? » tu reportes ton attention sur ton portable ouvert sur tes jambes. Vu le temps et le beau soleil, t’as enfilé un short avant de pointer ton nez au skatepark. Ta veste fait barrière entre le PC et ta peau, histoire de pas te cramer bêtement, mais du coup ça te donne chaud. Surtout que t’es là à rêvasser plutôt qu’à véritablement bosser. Une légère moue et tu hausses les épaules. « Je heu… Oui. J’avance un peu quelques projets. » quel beau mensonge. Si tu voulais réellement travailler, tu serais restée à l’ombre chez toi. « J’essaye. » la correction est importante et elle t’arrache un petit rire. « Je n’arrive pas vraiment à me concentrer... » tu soupires en refermant finalement l’écran. Il est temps d’accepter que tant que tu seras là, tu feras rien de productif. Tu ranges soigneusement ton outil de travail dans le sac à côté de toi, profitant de la liberté de mouvement retrouvée pour tendre tes jambes dans l’herbe et les étirer un peu. La position tailleur n’est clairement pas la plus adaptée. Ton regard se pose de nouveau sur le groupe plus loin, brièvement. « Tu sais faire du skate toi ? » bonne façon de détourner la conversation ça.

« Oh… Tout va bien ? » God si tu osais répondre sincèrement à cette question il y en aurait pour plusieurs heures d’explications et de pensées décousus au milieu de réflexions et de révélations. C’est Levi celui à qui t’as réussi à en parler le plus mais depuis que sa maladie est arrivé au devant de la scène, tu ne sais pas si c’est une bonne chose de lui dire les changements que ça a évoqué en toi. Tu sais plus que personne qu’il ne veut pas que quoi que ce soit change entre vous. C’est super compliqué de te retrouver au milieu de tout ça mais tu sais aussi que tu n’es pas celui qui vit le plus mal tout ça. Suck it up Mr Buckley. Tu te contentes d’hausser une épaule vaguement pour toutes réponses car tu ne sais réellement pas y répondre. « Je heu… Oui. J’avance un peu quelques projets. » Le changement de sujet fonctionne. « J’essaye. » Tu es en train de te dire que t’es une distraction supplémentaire qu’elle a l’air de prendre avec plaisir. « Je n’arrive pas vraiment à me concentrer... » Ou que tu lui brises toutes ses tentatives d’être productive. T’as pas de soucis à rester silencieux à manger à côté d’elle si besoin est, mais elle a l’air d’avoir abandonné l’idée de bosser vu comme elle a fermé son écran. Peut être qu’elle assume ne plus bosser au final. Peut être que t’es utile Asher. Elle se met un peu plus à l’aise sur l’herbe alors que tu vas piocher dans le sac McDo pour prendre une boîte avec un big mac.

« Tu sais faire du skate toi ? »
« Je crois pas. J’ai jamais essayé. »

Parce que ça a l’air compliqué vu le nombre de chutes que tu vois de ces jeunes sous vos yeux qui s’entrainent régulièrement. « Je faisais du vélo à une époque mais… Rien à voir. » Tu te sens stupide d’avoir fait ce commentaire car clairement c’est hors sujet.« Mais pas du vélo sur des rampes et tout ça. » Que tu ajoutes pour pas qu’elle s’imagine ce que tu n’as pas dit. Tu te sens encore plus stupide de cette information inutile supplémentaire. « Tu veux faire du skate ? » Que tu demandes avant de mordre dans ton big mac. Cette dernière question te donnant l’impression d’être légitime et pour une fois tu te sens pas embarrassant. T’es peut être un peu fier de toi sur le coup même si tu te dis que tu aurais dû commencer par ça au lieu de lui parler de ton historique avec le cyclisme. Tu comprends qu’elle est certainement inspiré par ce groupe de jeune en face à force de les observer. Ils ont l’air jeune mais Maddie n’a pas l’air si âgé non plus. T’es sûr que ça peut être un bon match pour un nouveau groupe de potes pour elle. Tous des misfits à première vue et Maddie collerait parfaitement à ce groupe déjà bien unique dans sa composition.

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Vraiment parfois, t’as des questions qui sortent un peu de nul part. C’est pas pour rien qu’en temps normal tu préfères garder le silence plutôt que de dire des âneries. Seulement voilà, lorsque tu commences à te sentir bien en compagnie de quelqu’un, tu veux forcément en savoir plus à son sujet. Ca reste des banalités et c’est loin d’être suffisant pour dire que tu le connaît, mais d’une certaine façon, c’est le genre de discussion un peu légère qui manque à ta vie. D’un côté, tu t’en veux un peu de partager des moments comme ça avec ton voisin plutôt qu’avec ta famille, mais de l’autre, tu te dis qu’ils seraient plutôt heureux pour toi à l’idée que tu t’ouvres un peu. « Je crois pas. J’ai jamais essayé. » qu’il répond à ta question. Tu n’es pas vraiment surprise en vérité, il n’a pas l’air trop aventureux. Un peu comme toi. « Je faisais du vélo à une époque mais… Rien à voir. » tu penches la tête sur le côté en regardant dans sa direction, affichant un nouveau sourire discret. « Mais pas du vélo sur des rampes et tout ça. » C’est pas grand chose comme réponse, mais ça confirme bien la prudence dont Monsieur Buckley Asher fait preuve. « Tu veux faire du skate ? » la question t’es retournée et tu ne peux t’empêcher de rire doucement en secouant la tête. « Houla non. » A moins que si ? Tu grimaces doucement en imaginant les pires scénarios impliquant ta petite personne sur une planche à roulettes. « Je doute de savoir garder mon équilibre plus de cinq minutes sur un engin pareil. » la plaisanterie te fait de nouveau sourire. Non pas que tu doutes de ton adresse, après tout, ton centre de gravité doit être plus bas que la plupart des gens en train de s’amuser un peu plus loin, mais la perspective te fais peur. « Je n’ai pas trop envie de forcer le destin et de me retrouver à l'hôpital pour avoir tenté le diable. » Tu repioches de nouveau quelques frites dans le sac et tu étends tes jambes dans l’herbe. Ton regard se pose de nouveau sur le groupe et dérive une nouvelle fois sur cette fille qui ressemble vaguement à quelqu’un que tu as rencontré récemment, le tout bien malgré toi. Dès que tu en prends conscience, tu détournes les yeux. Haussant les épaules, tu reprends. « Je me demandais juste… Comme on les voit souvent dans les parages... » tu n’es sûrement pas la seule à les avoir remarqué. C’est d’ailleurs bien étonnant que vous vous soyez pas encore pris de remarque, vous allez finir par passer pour des creep à force. Quelques secondes d’un silence confortable planent, et tu rumines un peu en suivant distraitement les quelques ollies, slides et autres figures de skate. « Est-ce qu’il y a quelqu’un que tu aimes bien ? » t’as dit ça sans trop y penser. Et, c’est un peu trop tard que tu te rends compte que ça peut potentiellement être mal interprété.

« Houla non. » Ça l’a fait rire que tu l’imagines sur un skate en retour. Ça te fait sourire de la voir s’éclairer. Tu accueilles cette conversation des plus banales avec plaisir. Ce moment simple qui te fait presque oublier tout le bordel dans ta tête depuis une semaine. Depuis le level up avec Levi, les craintes, les révélations. Tu as toujours un peu de Levi dans un coin de ta tête malgré tout. C’est plus fort que toi. « Je doute de savoir garder mon équilibre plus de cinq minutes sur un engin pareil. » Tu regardes les jeunes en face et tu te dis que ça doit pas être si compliqué nan ? T’en sais rien, t’en as réellement jamais fait. Aucun attrait à cette activité dans ta vie. « Je n’ai pas trop envie de forcer le destin et de me retrouver à l'hôpital pour avoir tenté le diable. » Elle est prudente, elle a raison. « C’est mieux ouais. » Ton sourire toujours aux lèvres alors que tu mords de nouveau dans ton burger. Tu fais attention à ne pas te salir. Ta chemise est peut être bien ouverte mais tu ne vas pas aller jusqu’à l’ouvrir entièrement, ou même l’enlever. Certains ne se gênent pas pour être torse nu sur le skate park. Tu ne ferais pas tâche mais tu ne serais pas à l’aise. T’aimes bien voir Madi se mettre plus à l’aise. T’as l’impression qu’elle est souvent dans la retenue et tendue. Mais pas là. « Je me demandais juste… Comme on les voit souvent dans les parages... » Tu comprends qu’elle se justifie par rapport à sa question sur le skate. T’avais déjà fait le lien dans ta tête naturellement. A croire que vos cerveaux sont pas mal branchés sur la même fréquence.

Tu mords de nouveau dans ton burger quand elle reprend la parole. « Est-ce qu’il y a quelqu’un que tu aimes bien ? » Tu t’attendais pas à ça et tu arrives quand même à ne pas t’étouffer. Tu gardes ton sang froid malgré l’imprévu de l’interrogation. Elle a vu Levi venir chez moi? Parce qu’il a maintenant ton autorisation de venir quand bon lui semble. Ta réponse est si lente à venir qu’elle ne veut dire qu’une seule chose. Oui. « Hmmm… Peut être. Oui. » Peut être ou oui ? Elle choisira la réponse qui lui convient. Cette question qui revient bien trop souvent autour de la saint valentin pour toi cette année. Cette question que tu as répondu par deux fois positivement. Chose extra ordinaire. Chose encore plus extra ordinaire c'est que les deux personnes qui t'ont posé cette question n'ont pas tout de suite assumé que c'était une femme l'objet de tes convoitises. Ce qui rend la réponse beaucoup plus facile à glisser en ayant l'impression que pour une fois dans ta vie (deux fois) tu ne mens à personne sur tes sentiments. « Pourquoi ? Toi ? Oui ? » C’est quoi ces questions qui sont même pas des phrases claires. T’es un petit peu perturbé par cette question qui sort de nulle part. T’as l’impression qu’elle veut te sortir les vers du nez, tu pensais à Levi tout de suite mais t’es en train de te demander si tous ces boutons que tu as ouvert sur ta chemise ne serait pas en train de lui faire tourner la tête. Tu la regardes en ayant peur de lire la confirmation qu’elle crush sur toi. Madison.

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L’idée de finir sur  un skate n’est pas si alléchante que ça au final. Avec un peu d’effort et plein de bonne volonté, tu pourras sûrement apprendre. Mais est-ce que ça vaudrait le coup de se casser la figure à répétition juste pour impressionner la galerie ? T’es pas sûre du tout que le jeu en vaille la chandelle. Et puis de toute façon, vu le caractère d’Asher et vos interactions régulières, tu sais que tu n’as pas spécialement besoin de faire le pitre pour entrer dans ses bonnes grâces. De quelques réponses aussi logiques que prudentes, tu balayes l’éventualité d’un jour avoir à grimper sur une planche à roulettes. « C’est mieux ouais. » qu’il confirme en souriant et tu acquiesces pour appuyer le propos. Dans le fond c’est plutôt idiot comme conversation. Parce que tu sais très bien que ce n’est pas à lui que tu cherches à prouver quelque chose, tu sais que c’est inutile.

Lorsque tu oses demander s’il aime bien quelqu’un, tu ne peux t’empêcher d’imaginer que c’est son fameux bon ami de l’autre fois. Bien vite, tu essayes cependant de chasser ces pensées de ton esprit parce que ce n’est sûrement pas le cas. Si ça se trouve, il n’était même pas là ce jour-là. Ou alors c’était probablement son colocataire. En tout cas, plus tu y penses et plus tu trouves que son ami ressemble trait pour trait à l’un des vainqueurs de The Voice. C’est sans doute pas lui, et de toute façon tu n’as vu son visage que l’espace de quelques secondes, ce n’est pas suffisant pour affirmer un tel fait. Enfin dans tous les cas, tu ne doutes pas qu’Asher doit avoir une copine ou au moins quelqu’un d’important dans sa vie. Il a dû rencontrer beaucoup de monde au fil des tournées avec son groupe. Et t’imagines bien qu’être musicien, ça attire du monde. Il semble réfléchir à la réponse à apporter. « Hmmm… Peut être. Oui. » Oh okay. Il a quelqu’un. Ça te rend d’autant plus curieuse et ça te fait sourire doucement. Tu te demandes s’il est du genre romantique. Est-ce qu’il emmène sa copine à des rendez-vous au restaurant ? Ou est-ce qu’il préfère organiser quelque chose chez lui, à l'abri des regards indiscrets ? Tu aurais tendance à pencher pour la seconde solution, vu ce que tu connais de lui. « Pourquoi ? Toi ? Oui ? » tu pinces les lèvres en portant ton attention sur une de tes mains dans l’herbe. « Hmm… Oui ? » Tu souffles doucement du nez. Pourquoi ça sonne comme une question ? Tu sais pas trop. Si on te demande le détail, tu parleras bien sûr d’Harry. C’est la réponse logique après tout, celle qu’on attend de toi. (Alors qu’en vérité, ça serait encore un énième mensonge.) Est-ce qu’à Asher tu pourrais en parler ? Tu croises un instant son regard et finalement tu reportes ton attention vers le groupe de skaters, soupirant doucement. « C’est un peu compliqué. » tu ajoutes sans trop réfléchir à tout ce que ça pourrait impliquer de son côté. « Il y a quelqu’un que j’aimerai bien apprendre à mieux connaître mais... » forcément, toi tu penses à cette rencontre au studio. Tu affiches une légère moue, l’attention toujours dirigée vers la rideuse. T’as enfin retrouvé à qui elle te faisait penser. Tu finis par hausser les épaules en soupirant, presque agacée par tes propres pensées confuses.

Tu essaies de regarder partout sauf vers elle après cette peut être révélation, mais tu jettes quand même un coup d’oeil vers elle. Le sourire que tu perçois te fait réaliser qu’elle a certainement pris le oui plus que le peut être comme réponse finale. T’as bien l’impression que son cerveau est en train de s’imaginer des choses. Tu ne parles tellement jamais de ta vie privée. Rien sur les réseaux également. Tu n’as jamais eu une grosse présence online. Les trucs obligatoires pour la promo de ton groupe et puis les coups de pouce que tu peux faire pour tes potes et leurs promo à eux. C’est tout. Tu es rarement à aller regarder les story des gens. Tu utilises Instagram surtout comme plateforme pour communiquer, garder contact en message privé.

Buvant une gorgée de ta boisson gazeuse tu la vois perdre son sourire lorsque tu retournes sa question. Ca veut dire oui. Parce que t’as l’impression que vous parlez le même langage tous les deux. « Hmm… Oui ? » Tu l’as senti venir. Elle te laisse une option de réponse elle aussi. C’est pas un oui franc non plus. Ca commence à te conforter qu’il s’agit peut être de toi comme tu l’as pensé.  Vos regards se croisent et elle se détourne aussitôt. Madison. « C’est un peu compliqué. » Tu es doucement en train de commencer des prières internes pour qu’il ne s’agisse pas de toi. Mais son malaise, ta chemise ouverte, vos interactions à répétitions à ce même spot alors que vous faites littéralement jamais rien, ça veut dire qu’une chose bien sûr : Elle crush sur toi. « Il y a quelqu’un que j’aimerai bien apprendre à mieux connaître mais... » Quelqu’un. Tu essaies vraiment de te dire que c’est quelqu’un d’autre mais tu ne peux pas lire d’informations supplémentaires dans ses yeux car elle prend bien garde à ne pas croiser ton regard. Elle soupire et toi t’es en train de réfléchir à comment formuler une phrase pour t’inclure et l’aider en même temps. « T’as besoin d’un wing man? Je peux essayer d’être ton wing man. » Tu sais d’avance que ça serait un plan totalement malaisant vous connaissant tous les deux, mais ça pourrait aussi l’aider dans sa quête de réponses. Et la tienne aussi. Car si tu es le wing man c’est que ce n’est pas toi l’objet de ses réflexions. « Si t’as son numéro de téléphone ou son Instagram, c’est facile d’envoyer un message par erreur. » Tu ne l’as jamais fait toi même, mais on te l’a fait si souvent. Tu sens le bullshit à des kilomètres à la ronde. T’as tellement l’impression d’être de retour au lycée avec votre conversation. T’as aussi l’impression que c’est l’aide dont Penny aurait eu besoin un jour mais que tu n’as jamais pu lui donner. Car tu étais trop occupé par ta vie. Tu ne l’as pas vu autant que ton coeur ne l’aurait voulu. Tu regrettes et tu peux rien changer. Alors tu veux aider Madi pour compenser.

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Tu ne sais pas trop pourquoi tu ressens ce besoin d’en savoir plus sur lui. Après tout, votre relation jusqu’à maintenant fonctionnait plutôt bien comme elle était. Des moments calmes, une présence rassurante, c’était largement suffisant et c’était clairement pas nécessaire de connaître tous les tenants et aboutissants. Et pourtant, tu te risques à demander s’il a quelqu’un. Il confesse à mi-mot et n’entre pas dans les détails. En soit tu respectes ça, plus que quiconque tu sais que s’étaler en palabres inutiles ce n’est pas pour tout le monde. Ce n’est pas pour autant que tu n’es pas intriguée par la question. Lorsque c’est ton tour de passer aux aveux, t’as bien une tête qui te vient à l’esprit. Comme lui, t’évites de trop t’étendre sur le sujet, un peu effrayée à l’idée de faire une gaffe. De toute façon, tu doutes qu’il connaisse la personne en question. Et si tel était le cas, ça serait vraiment un sacré manque de chance. « T’as besoin d’un wing man? Je peux essayer d’être ton wing man. » tu penches la tête sur le côté, les yeux légèrement plissés. Tu semble réfléchir à la question. C’est idiot, tu la connais à peine. T’as pas envie de passer pour une fille bizarre qui se met à stalker les gens que tu viens de rencontrer. Mais si t’oses jamais rien, tu vas juste finir par te marier avec Harry pour faire plaisir à tout le monde et ensuite le regretter le restant de tes jours. T’as du mal avec les nouvelles rencontres, il te faut du temps et surtout beaucoup de volonté pour passer outre ta timidité maladive. « Si t’as son numéro de téléphone ou son Instagram, c’est facile d’envoyer un message par erreur. » l’idée n’est pas bête. Tu te mords l’intérieur de la joue en réfléchissant au genre de message qu’on peut envoyer dans des circonstances pareilles. « Quel genre de message on peut envoyer par erreur ? » Tu demandes en te redressant, un peu intéressée tout de même. Ca t’es déjà arriver de vraiment pas faire exprès. Mais le faire volontairement et blâmer ta maladresse ensuite, ça serait une grande première. Il y a encore tant de choses que tu n’as pas osé faire en vingt-quatre ans. T’es pas aventureuse, tu le seras probablement jamais. Même si dans le fond, tu aimerais tenter plus de choses, tu as bien trop de retenue pour sauter les pieds joints dans une situation que t’as pas au préalable analysée sous tous les angles possibles et imaginables. « Je ne suis pas certaine que mes clients apprécieraient recevoir des messages pareils. » tu ajoutes en plissant le nez. Ni même à Harry, en fait. Mais ça tu te gardes bien de le dire. T’as déjà donné une information supplémentaire sans trop faire attention. Ca reste tout de même assez vague pour ne pas trop t’inquiéter. « Je veux dire… Ca dépend quoi, j’imagine. » tu sais pas trop ce qu’il a dans la tête quand il parle de son plan. Faut dire quoi dans une situation pareille ? T’es vraiment pas faite pour l’improvisation.

Vu sa posture après ta proposition, t’as l’impression que ce n’est pas totalement con ce que tu as dit. Tu as aussi l’impression que si elle considère, tu es donc totalement hors de sa liste de crush. Tu espères que tu as raison car ce serait un malaise supplémentaire et t’as pas vraiment envie que ce lien entre vous ne change. Au fond tu l’as saoule peut être à toujours venir mais elle ne t’en donne pas l’impression. C’est toujours si apaisant quand elle est à tes côtés à ne rien faire tous les deux. « Quel genre de message on peut envoyer par erreur ? » Tu avales ce que tu as dans la bouche tout en réfléchissant à ce qu’il serait plus intéressant d’envoyer par erreur. « Tout est possible. » Et c’est ça qui est bien. Tu peux partir sur tout et n’importe quoi. T’as plein de trucs qui te viennent en tête, des choses plus ou moins gênantes. « Je ne suis pas certaine que mes clients apprécieraient recevoir des messages pareils. » Tu notes le clients de sa phrase et t’es soulagé de voir qu’il ne s’agit pas de toi. Tu comprends mieux son cas de conscience. Elle doit avoir son numéro de téléphone pour l’usage professionnel uniquement. Ca serait véritablement un problème si le message envoyé serait de l’ordre du personnel.

« Je veux dire… Ca dépend quoi, j’imagine. »
« Tu envoies un rappel d’un autre client. Tel jour tel heure. »

Tu hausses une épaule comme si ça coulait de source. « Soit ton client répond et ça te donne une occasion de lui parler. Soit tu auras de la visite au jour et l’heure et tu pourras lui parler en face à face… » Tu penses pas si jamais la personne a des choses prévu et que ça chamboule toute sa journée, sa semaine peut être même. Tu réfléchis pas trop loin, tu trouves que ton idée est bonne. « C’est même encore plus facile avec le boulot je trouve. » T’es dans tes pensées, tu manges quelques frites, te disant que t’es vraiment doué comme wing man. Tu pensais pas que ton esprit serait si vif. Savoir que ce n’est pas toi l’objet de ses désirs qui hante ses pensées t’as comme mis un coup de boost. « T’as cherché son nom sur Facebook ? Sur internet ? » Parce que si c’est un client, Madison doit forcément avoir le nom complet. Même si ça ne veut pas dire que le nom complet se trouve toujours sur les réseaux sociaux, c’est déjà un bon départ pour avoir des informations supplémentaires. Toi même tu sais. T’as cherché le nom de Levi quand il a enfin daigné te le donner. Ca avait été une bataille ça aussi. Ce petit con.

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« Tu envoies un rappel d’un autre client. Tel jour tel heure. » tu plisses légèrement les yeux, assez incertaine de la démarche qu’il est en train d’exposer. Sur le principe c’est plutôt simple à mettre en application. Le tout c’est de savoir si toi, celle qui passe son temps à se planquer, tu auras le courage de te lancer. « Soit ton client répond et ça te donne une occasion de lui parler. Soit tu auras de la visite au jour et l’heure et tu pourras lui parler en face à face… » Parler par message est bien plus facile, selon toi. Faire face à quelqu’un, c’est pas vraiment un domaine dans lequel tu excelles. Loin de là. Un rien t’intimide et te fait bafouiller, alors faire le premier pas vers quelqu’un qui t’intéresse potentiellement, ce n’est pas quelque chose que tu te vois faire dans un avenir proche. (Ou même lointain, pour ce que ça vaut.) Cependant, le temps d’un court instant, tu considères tout de même l’idée parce que ce qu’il dit est loin d’être absurde. « C’est même encore plus facile avec le boulot je trouve. » « Ca t’es déjà arrivé de faire ça ? » tu demandes tout de même, un léger sourire dessiné sur ton visage. Est-ce que pour une raison ou une autre il a eu accès à un numéro de cliente au bar et qu’il en a profité pour tenter quelque chose ? Avec le recul tu te dis que c’est probablement pas son genre et qu’il a sûrement entendu quelqu’un lui conseiller cette technique. Tu le vois mal appliquer ce genre de méthode, vous êtes trop similaires sur ce point là. (A moins qu’au final il ne cache bien son jeu.) « T’as cherché son nom sur Facebook ? Sur internet ? » De nouveau, tu affiches une légère grimace. « Non ? » Si tu as déjà eu l’envie parfois de checker ce genre de chose, t’as jamais franchi le cap. Tu te sens pas légitime à l’idée d’aller voir des info personnelles (quand bien même elles sont affichées à la vue de tous sur les réseaux.) « Ce n’est pas vraiment le genre de choses que je fais. » tu ajoutes en secouant la tête. « C’est pas un peu bizarre ? » Ca te pousse à te questionner si d’autres personnes le font à ton égard. L’idée te met un peu mal à l’aise, tu dois l’avouer. Après tu sais qu’ils verront rien, à part sur ton compte pro, tu restes discrète et tu partages pas grand chose. Mais tout de même. « Et ça va se voir non ? » Il va sans doute rire, mais tu préfères demander avant. « Et puis, je connais pas son nom de famille de toute façon. » c’est peut-être qu’une excuse, mais ça reste légitime. « Peut-être que je tenterai quand même, je sais pas trop. J’ai pas envie d’avoir l’air bizarre. » tu souffles du nez, riant doucement en secouant la tête.

« Ca t’es déjà arrivé de faire ça ? » Tu te lèches les doigts après avoir englouti quelques frites, tu vas prendre une serviette. Tu fais non de la tête pour répondre à sa question. Tes circonstances sont atténuantes et tu ne les lui donnes pas pour qu’elle comprenne un peu mieux pourquoi tu n’as jamais été jusque là pour personne. Tu voulais juste être seul. Arrêter de te tracasser tout le temps. Jusqu’à ce que Naomi arrive dans ta vie, mais là encore, ça a été si simple. Pas eu besoin d’un quelconque stratagème.

« Ce n’est pas vraiment le genre de choses que je fais. » T’es pas surpris qu’elle n’ait pas osé chercher le nom de la personne. Elle a l’air bien trop respectueuse de tout. « C’est pas un peu bizarre ? » Tu hausses une épaule. Pas tellement du genre à suivre les règles, encore moins quand on te dit précisément ce qu’il ne faut pas faire. Tu vas généralement dans cette direction. Mais toujours discrètement. Toujours avec ton air de petit saint. Ton air de premier de la classe. Quand tu as emménagé à Melbourne à 20 ans et que tu t’es lié d’amitié avec tes band mates, c’était toujours toi qui était en première ligne pour les conneries. Voler une bouteille sur une table d’un resto en terrasse ? C’est pour Asher et j’en passe et des meilleures. On te donne le bon dieu sans confession avec tes polo et ta peau blanche comme un cul. Tous tes amis sont tatoué pas de la tête aux pieds mais presque. « Et ça va se voir non ? » Elle est en train de le considérer pour réfléchir à tous les problèmes qu’elle peut éventuellement rencontrer. « Et puis, je connais pas son nom de famille de toute façon. » Tu lèves un sourcils alors que tu termines d’avaler la nouvelle bouchée de ton burger.  « Peut-être que je tenterai quand même, je sais pas trop. J’ai pas envie d’avoir l’air bizarre. » Elle a l’air de trouver ça fun. Il lui manque qu’un petit coup de pouce pour qu’elle le fasse vraiment.

« Si t’as pas son nom de famille c’est problématique. » Tu lui jettes un coup d’oeil. « Tu pourrais peut être trouver ça dans les données de ton boulot. » Tu glisses ça doucement l’air de rien. T’es clairement le petit diable sur son épaule là Asher. « J’ai déjà cherché le nom de quelqu’un sur internet. C’est pas bizarre ça. Tout le monde le fait. » Tu vas prendre une autre portion de frites dans le sac. « C’est plus compliqué quand la personne est connue. » Asher ? T’es trop relax là nan ? Tu parles beaucoup. Tu veux aider la petite Maddie à ne pas s’imaginer que c’est tant bizarre que ça. Tu l’as fait toi aussi. Peut être que ça va l’aider à aller dans cette direction déjà pour commencer. Vérifier le nom de quelqu’un dans les infos de son boulot ça ne doit pas être si dérangeant. C’est qu’un coup d’oeil à un nom pour après le mettre dans google (en navigateur privé). T’es sûr qu’elle est capable de faire ça en s’en sortant indemne et peut être encore bien mieux si elle arrive à ses fins.

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T’imagines déjà mille scénarios de ce qui pourrait mal se passer si tu te mettais soudainement à stalker les clients. Ça te terrifie et ça te fait paniquer pour rien. La simple idée de te faire prendre la main dans le sac est au moins aussi enviable que de monter sur un skate pour te casser la figure. C’est plutôt idiot comme façon de penser. A ne pas prendre de risques, tu n’es pas prête d’avancer. T’exprimes un peu tes doutes, faisant bien attention à ne pas lâcher d’information trop sensible. Non pas que tu ne fasses pas confiance à Asher, mais pour le moment, t’es juste sûre de rien. C’est des pensées en l’air, ça ne mènera de toute façon à rien à part des problèmes. Mais ta curiosité pourrait bien finir par prendre le dessus. Tu sais pas trop. « Si t’as pas son nom de famille c’est problématique. » Tu affiches un bref sourire en replaçant une mèche de cheveux derrière ton oreille, haussant les épaules pour emphaser ton incertitude sur le sujet. « Tu pourrais peut être trouver ça dans les données de ton boulot. » Tu détournes un peu les yeux, portant ton attention sur l’herbe sous tes doigts. « Ah, oui. Sûrement. » Bien sûr que tu peux faire ça. T’y as même déjà pensé, mais encore une fois, tu veux pas passer pour la fille bizarre qui fait ce genre de choses. « J’ai déjà cherché le nom de quelqu’un sur internet. C’est pas bizarre ça. Tout le monde le fait. » Forcément. Ca n’a rien d’étonnant. Mais cet argument là, tu ne le trouves pas forcément recevable pour autant. Tu prends quelques instants pour réfléchir. Penchant légèrement la tête sur le côté, tu regardes vers Asher. « Est-ce que c’est une bonne idée pour autant ? » Sans doute pas, te dira-t-il. Mais qu’est-ce qui t’en empêche en vérité ? Tu prétextes te cacher derrière une étique que personne ne respecte vraiment, quand tout ce qui te manque réellement, c’est un peu de courage. « C’est plus compliqué quand la personne est connue. » Tu plisses légèrement les yeux. La remarque te fais un peu tiquer, et tu ne peux t’empêcher de penser à la dernière fois, lorsque tu as cru voir Levi McGrath (enfin plutôt son slip) chez lui. Encore une fois, c’est sans doute quelque chose de normal chez les gens du milieu de la musique. Si ils se connaissent, ils ont peut-être commencé à travailler sur un projet ensemble, puis il était tard, et il est resté dormir là. Où alors c’était pas lui mais ça concernait aussi la musique. Bref. Rien d’alarmant. Tu penses même que faire des recherches sur quelqu’un de connu ça doit être plus simple vu que n’importe quelle info semble fuiter en permanence. Ca va même jusqu’à la marque de shampoing préférée de telle ou telle personne connue alors… « Ce n’est pas une personnalité publique. » tu précises. Enfin pas que tu saches ? En vérité, à part pour les télécrochets et quelques séries, t’es pas très people. Tu saurais sans doute pas reconnaître un membre de groupe que tu écoutes pourtant. « Si ça se trouve, elle n’a même pas de réseau social. » tu plaisantes en secouant la tête, te rendant soudainement compte que par cette simple phrase, tu viens de laisser échapper une info capitale. T’espères juste qu’il a pas relevé. Bien malgré toi, tu sens le rouge te monter aux joues et si jamais on te demande, tu pourras blâmer le soleil et ta peau pâle. « Enfin j’imagine qu’il faudra mener l’enquête et voir ce que ça donne. » tu t’empresses d’ajouter en reportant ton regard vers les skateurs qui chahutent toujours. Ta phrase est sortie bien peu naturellement, trop rapidement.

« Ah, oui. Sûrement. » Mais quelque chose te dit qu’elle n’ira pas par là. Tu l’imagines bien scruter les photos de la personne en question afin de trouver des indices pour en savoir plus. Alors que regarder directement dans les infos de la base de données du travail c’est un big no. C’est pourtant si simple. T’aurais presque envie de lui proposer d’aller regarder pour elle afin de l’arranger sans la mettre en porte à faux avec son travail. Ce serait toi qui prendrait au cas où. Au cas où quoi ? Personne ne saura jamais. T’es bien trop sûr de toi Asher. T’as peur de bien des choses et à côté de ça, t’es bien trop assuré sur d’autres.

« Est-ce que c’est une bonne idée pour autant ? » Tu hoches la tête avec un sourire un peu insolant sur les lèvres. Peut être bien que ton côté petit con ressort plus en ce moment là. Cette mauvaise idée est la meilleure de toutes pour toi là. Ca te fait une bonne distraction de t’imaginer en train d’être au milieu d’un stratagème pour aider Madi. Tu prends la peine de ne pas lui répondre par l’affirmative à voix haute. Genre tu essaies de préserver un minimum ton image d’Ange. Ca marche certainement pas. Tu continue de manger quand tu ajoutes ta dernière phrase. Tu ne vois pas son air à Madi. Tu fais attention à ne pas te tâcher. « Ce n’est pas une personnalité publique. » Tu hoches la tête, c’est donc une autre configuration mais ça te donne bien envie d’en découdre avec le mystère de la personne sur qui Madi a des vues. « Si ça se trouve, elle n’a même pas de réseau social. » Tu tiques à sa phrase sans pour autant l’afficher. She. C’est ce qu’elle a dit. T’as l’impression de l’avoir rêver. Tu tournes les yeux vers ta voisine pour tenter d’y déceler une confirmation dans son body language. Elle rougit. Oh. « Enfin j’imagine qu’il faudra mener l’enquête et voir ce que ça donne. » Elle change le sujet, elle parle vite, elle regarde ailleurs. Oh. Parce que tu n’es pas stupide non plus Asher. Surtout quand ça te parle ce genre de lapsus. T’as fait attention toi aussi. Tu remarques également qu’elle avait fait attention jusque là dans ses formulations. Tout comme toi. C’est pas pour rien si tu parles peu, c’est pour éviter de laisser glisser des infos à ton insu.

« Tout le monde a instagram. » Même toi bien que tu ne l’utilises que pour les trucs liés à ta musique. Même Levi il en a un. Alors que le gars - l’homme de ta vie - il sait à peine ouvrir l’app. « Je te parie un repas qu’elle en a un. » Tu bois ton coca en regardant Madi - l’air de rien. Tu sais pas trop sur quel territoire tu mets les pieds là mais t’as véritablement eu envie de le faire. Parler si naturellement d’un crush féminin qu’elle a, te donne l’impression que tu es toi même en train de t’ouvrir à elle alors que nope. Tu mets la bouffe sur le tapis parce que y’a que ça et l’alcool qui marche avec Johnny pour l’aguicher. Tu essaies de voir si ça prend avec Madi aussi. Faudrait déjà qu’elle trouve véritablement l’instagram en question. Madi n’a pas l’air encline à aller dans cette direction. Elle a juste besoin d’un coup de pouce. Tu espères être la personne qui va lui faire faire un pas de plus par là. Encore plus maintenant qu’il s’agit d’une fille. Un nouveau point commun que tu as avec Madi. Ca crush sur les personnes du même sexe. Hmm. Tu te décides quand même assez rapidement de partir sur autre chose pour ne pas la mettre mal à l’aise. Tu sais que trop bien ce que c’est. D’ailleurs, tes joues à toi aussi sont devenues plus roses. Comme si son exposition avait été la tienne également.

« Je joue au Triffid le mois prochain. A la fin du mois. » Tu hausses une épaule, tu sais pas trop pourquoi c’est ça que tu as décidé de laisser sortir comme info. Peut être parce que ta soeur était la seule personne de ta famille à venir voir tes show en ville et qu’elle n’est plus de ce monde. Ca va être beaucoup d’émotions. Tu kifferais que Madi vienne, mais tu ne vas pas lui demander directement. Surtout que tu ne sais pas si ta musique est le genre qu’elle apprécie. En tout cas t’as l’air bien awkward avec ta phrase sorti de nul part là. Tu préfères continuer de manger car on dirait pas comme ça mais tu manges comme quatre Asher.