Vittorio Giovinazzo & @Mila Salvatori

A man can tell a thousand lies, i've learned my lesson well, hope I live to tell the secret i have learned, 'til then it will burn inside of me, the truth is never far behind, you kept it hidden well. if i live to tell the secret i knew then, will i ever have the chance again. ☆☆

gifs @midnight-wraith & @damnitmalz

(bayside, catégorie globale) Il régnait dans la jolie maison d’Agnes Street comme une odeur de discorde, depuis “l’affaire de la bague”. Ni Gaïa ni Vittorio n’appelaient la chose ainsi, mais probablement aurait-elle été désignée de cette manière si leurs histoires de couple avaient fait l’objet d’une chronique ou d’un roman à l’eau de rose. Pour l’ancien procureur, il s’agissait plutôt de “l’affaire du manque de confiance”, celle que Gaïa n’avait pas en lui, toujours acquis à l’idée malgré les dénégations de cette dernière qu’elle ne serait pas tombée sur la bague si elle ne cherchait pas quelque chose parmi ses affaires en premier lieu. Il avait beau ne plus vouloir revenir dessus et se contenter de ruminer cela dans son coin, l’impression que sa moitié cherchait le moindre faux pas ou la moindre broutille à lui reprocher ne l’avait pas quitté depuis et le rendait au mieux maussade, au pire fuyant et incisif. Gaïa pour sa part y voyait sans doute une énième preuve du manque de confiance que Vittorio plaçait en elle, sans le recul nécessaire pour réaliser qu’il ne la traitait pas différemment d’une autre – à moins que cela soit justement le coeur du problème, et qu’elle ne se soit mise à estimer, sans doute à raison, mériter mieux que les secrets et les non-dits avec lesquels son compagnon traitait chacune de ses autres relations. Elle le voulait plus honnête, là où lui se voulait plus conforme au type sans histoires qu’il avait toujours rêvé d’être, taisant le mauvais et gommant l’échec pour se présenter sous un jour qu’il estimait meilleur, et dont il avait moins à rougir.

La bague, tout comme le reste du carton dans laquelle elle dormait jusqu’à ce que Gaïa ne l’en déterre, avait quitté la maison pour l’un des placards du bureau qu’il avait investi au Dojo ; une façon de déplacer le problème pour mieux continuer de l’ignorer, sans doute. Éveillé quelques minutes seulement avant que ne sonne sa montre, l’italien avait observé à la dérobée la silhouette endormie de sa compagne dans la pénombre, avant de finalement se lever et chercher à tâtons de quoi s’habiller. Derrière la porte de la chambre, le chat s’était faufilé entre ses jambes à la seconde où il avait ouvert pour rejoindre sa maîtresse, et Vitto pour sa part avait siffloté à son arrivée dans le salon pour tirer Brusco du sommeil, lui laissant le temps mis pour se servir un verre d’eau pour terminer de s’éveiller. Le ciel dehors était gris, chargé d’une humidité qui n’en finirait plus de s’abattre sur la ville au fil de la journée, et terminant de rendre le printemps australien détestable aux yeux de l’européen n’ayant toujours pas fait la paix avec cette inversion des saisons. « Dai, dai. » Etirant ses longues pattes, le chien avait éternué avant de se redresser tout à fait, les oreilles alertes et la queue frétillant déjà avec impatience à l’idée de sortir, Vittorio attrapant sa laisse sur le meuble de l’entrée sans voir l’intérêt de l’y attacher, puisqu’ils allaient à la plage.

C’était à cette heure-ci qu’il la préférait, encore vide de touristes et de locaux venant y étendre leur serviette pour y lézarder au soleil ou bien y disputer une partie de beach-volley. Quelques personnes, âgées pour la plupart, pratiquaient le longe côte en file indienne sur un bout de la plage, et un ou deux joggeurs avaient déjà laissé l’empreinte de leurs baskets sur la partie moins meuble du sable. Quelques surfeurs, enfin, profitaient des vagues tant que le vent ne s’était pas encore levé, et à la façon dont Vittorio avait remonté la capuche de son sweat sur sa tête on devinait qu’il leur laissait bien volontiers la place dans une eau qu’il estimait être bien trop froide pour que s’y plonger tout entier soit un plaisir. « Brusco, andiamo ! » s’étant éloigné, l’animal s’était laissé happer par ses instincts de chien de chasse et creusait le sable comme on tentait de déterrer un terrier. Un jeu auquel Vittorio l’aurait laissé s’adonner sans mal s’il n’était pas intimement persuadé que l’intégralité de la faune et de la flore locale ne soit pas programmée pour tuer, et que peu importe ce que Brusco pensait vouloir déterrer ne méritait probablement le risque de terminer aux urgences vétérinaires. Têtu comme une mule – et comme son maître, diraient certains – le chien avait continué de faire la sourde oreille, creusant comme un beau diable et arrosant copieusement de sable la surfeuse qui ressortait des vagues au même instant, l’italien arrivant en petites foulées pour attraper Brusco par le collier et s’excuser du même coup « Pardon, j’crois qu’il espère trouv- … » Peu importe ce qu’espérait trouver Brusco, de l’or, un coquillage ou un jouet abandonné par un enfant : Vittorio venait pour sa part de retrouver la seconde Salvatori de la ville, et personne ne lui ferait croire qu’il s’agissait là d’un heureux hasard. « Ce pays fait des millions de kilomètres carrés, mais pour une raison qui m’échappe c’est toujours sur le chemin de ta sœur qu’on te trouve. » Et si cela lui échappait tant, c’était que Gaïa la première ne semblait pas enchantée de ce fait, et les dernières mentions de Mila lors d’une de leurs discussions ayant mis plus d’huile sur le feu qu’autre chose.

Vittorio Giovinazzo & @Mila Salvatori

A man can tell a thousand lies, i've learned my lesson well, hope I live to tell the secret i have learned, 'til then it will burn inside of me, the truth is never far behind, you kept it hidden well. if i live to tell the secret i knew then, will i ever have the chance again. ☆☆

gifs @midnight-wraith & @damnitmalz

Les drames familiaux qui semblaient étayer depuis toujours la famille de Gaïa n’étaient pas des choses sur lesquelles Vittorio avait envie de s’attarder, ou même seulement l’envie de faire semblant. Il savait choisir ses mots pour ne pas présenter ainsi les choses à sa moitié, mais la vérité était que tout cela ressemblait à ses yeux à des caprices de gens riches qui, pour se donner la sensation de ne pas mourir d’ennuis, parvenaient à s’inventer des problèmes sur n’importe quel sujet, du plus futil au plus déplacé. Ces gens ne manquaient de rien, ils avaient tout pour eux, mais paraissaient tous investis de l’idée que leur existence se devait d’être une tragédie grecque pour avoir un semblant de sens. On se jalousait, on se battait pour les miettes de ses congénères comme si sa propre opulence ne suffisait pas, et la satisfaction de ses propres réussites ne semblait avoir de sens que lorsqu’elle avait été prise par mille stratagèmes à quelqu’un d’autre que soi, dans un besoin malsain de baser sa valeur sur sa capacité à écraser autrui. Bien sûr qu’il y avait de la jalousie et du ressentiment entre Vittorio et ses frères, bien sûr que rien n’était simple dans leur fratrie, mais en dépit de tous les ennuis que les déboires judiciaires de ses frères aient pu lui apporter, jamais l’italien n’avait été emprunt de l’idée que Nino ou Gennaro agissaient dans l’unique but de lui nuire … Il payait les pots cassés, ne leur pardonnerait probablement jamais totalement à l’un et à l’autre, et refusait même d’entendre à nouveau parler de l’aîné, mais tant que vivant jamais Vittorio ne se sentirait capable d’une haine viscérale et irréversible pour sa fratrie.

Tout l’inverse de Mila, semblait-il. Car aussi brèves avaient jusqu’ici été les rencontres de la jeune femme avait le conjoint de sa soeur, toute occasion avait été saisie par la benjamine des Salvatori de cracher sa bile sur tout le mal qu’elle pensait de la seule autre femme de leur fratrie. « Ta copine et toi donnez réellement trop d’importance à l’intérêt que je pourrais lui porter … » s’en était pourtant défendue la benjamine, avec un air de ne pas y toucher du plus mauvais effet. « Elle m’a fait la même réflexion, il y a une dizaine de jours, et pourtant je suis loin d’avoir envie de croiser son visage de harpie avant le petit-déjeuner … » Un sourire un brin narquois s’étirant sur ses lèvres, la jeune italienne s’était détournée de Vittorio quelques instants pour attraper sa serviette étendue sur le sable, et l’avait secouée avant de se sécher vaguement les cheveux. « Je ne crois pas au hasard, particulièrement quand il fait seize mille kilomètres … Je suppose qu’elle non plus. » Le monde était bien trop vaste, et surtout Brisbane n’avait – tout du moins aux yeux du juriste – pas grand-chose à offrir lorsque l’on venait comme eux deux d’un pays aussi riche historiquement. Gaïa avait parcouru cette moitié de globe pour lui, quand bien même rien n’aurait pu prédire que les choses tourneraient d’une telle manière entre eux, et Vitto quant à lui n’y restait que pour leur présence à elle et à son frère. Il n’imaginait pas que Mila puisse s’être catapultée ici pour une autre raison que la seule personne à y vivre et à partager les mêmes gênes qu’elle.

Sa chevelure emprisonnée entre ses doigts et ramenée devant elle, l’apprentie surfeuse avait fait mine de reporter son attention sur l’homme et son chien, et s’en approchant d’une démarche assurée elle s’était plantée devant Vittorio pour lui présenter son dos. « Je crois que mes cheveux se sont coincés dans la fermeture éclair … Tu veux bien la descendre ? » Semblant considérer la question un bref instant, Vittorio avait esquissé un sourire à mi-chemin entre l’agacement et l’amusement, puis s’était tout de même exécuté de bonne grâce. Arrêtant néanmoins la fermeture éclair aux deux tiers du dos de sa compatriote, peu surpris de ne pas y trouver le moindre cheveu coincé, le boxeur avait fait un pas en arrière comme pour signifier qu’elle n’obtiendrait rien de plus, la laissant donc libre de se débrouiller pour le reste. « Je pensais que le surf n’était qu’un truc de locaux. » Et certainement pas un truc de méditerranéen, surtout … Ce n’était ni à Sorrente ni nulle part en Italie que l’on trouvait de vagues suffisamment intéressantes pour que l’on veuille apprendre à les dompter. « C’est à ça que tu occupes toutes tes journées, ou tu as d’autres hobbies ? » Où vivait-elle, comment entretenait-elle son oisiveté, avec qui ? Tant de questions qui mériteraient d’être posées, mais que l’italien se contentait de ruminer en silence, à demi-convaincue seulement par les explications de Gaïa à ce sujet tant elle-même n’en semblait pas convaincue. Elle avait un travail mais elle ne savait pas vraiment quoi, elle faisait des études mais ce n’était pas certain … Tout cela ne semblait pas sérieux.