Parmi toutes les résolutions que Carl a pu se fixer en début d’année, il n’avait de toute évidence pas anticipé le retour d’une vieille manie qu’il pensait avoir laissé derrière lui. Se ronger les ongles jusqu’au sang, le garçon ne l’avait pas fait depuis bien longtemps mais il semble également avoir surestimé sa résistance face à la reprise de ses études, s’accompagnant d’une pression que Carl endosse déjà très mal. S’il peine à supporter celle-ci alors que sa première année débute à peine, comment est-il au juste supposé tenir trois ans avec des examens en prime, assurés eux aussi de le faire sacrément baliser ? Ce n’était pas le deal, ça, de se lancer dans cette grande aventure pour y récolter de nouvelles angoisses et c’est le Dr Kippel qui en entendra là encore parler, tant que Carl rechignera à confier ses craintes à Adèle pour ne pas l’inquiéter. Il ne veut pas qu’elle puisse s’imaginer qu’il est à deux doigts d’abandonner, ce n’est d’ailleurs pas le cas puisque Carl se l’est juré : il décrochera son diplôme et ira cette fois au bout des choses, peu importe le nombre d’ulcères qu’il devra avant ça se faire. C’est un objectif auquel le garçon se raccroche pour faire enfin quelque chose de sa vie, un rêve qu’il touche du doigt quand bien même la route sera longue et jalonnée d’obstacles, car rien ne pourrait le rendre plus fier que d’achever un projet de son plein gré. Difficile toutefois de ne pas redouter la moindre de ses venues à l’université quand tout le ramène à sa peur panique de l’échec, et quand se lier à ses camarades s’avère également compliqué. Il n’espérait pas vraiment se faire des amis Carl, mais autant avouer qu’il s’y sent assez seul car son jeune frère ne peut pas passer l’entièreté de ses pauses à ses côtés, pas alors qu’ils ne suivent pas le même cursus et que Keefe n’a pour sa part aucun mal à s’intégrer. Carl n’a au moins aucune excuse pour ne pas passer tout son temps libre à la bibliothèque, même si garder en permanence le nez dans ses bouquins de mathématiques n’est pas ce qui l’aidera à relâcher la pression, il le sait. Les examens sont encore loin, il s’agirait de ne pas non plus oublier de vivre, mais rendre fiers les gens qu’il aime n’a pas de prix s’il parvient à leur prouver que les études peuvent être faites pour lui, et qu’il n’est pas moins capable qu’un autre de les réussir. S’il ne fait aucun doute qu’il cherche avant tout à prouver toutes ces choses à Adèle pour qu’elle n’ait pas honte de dire qu’elle fréquente un garçon comme lui, c’est encore et toujours la validation de sa meilleure amie que Carl recherche, aussi discrète soit depuis quelques temps cette dernière.

Si les échanges par message avec Maisie ne changent pas vraiment de leur rythme habituel, il n’en est pas de même pour leurs moments passés ensemble en dehors des écrans. Carl tentait de ne pas s’en alarmer jusqu’ici, accaparé lui-même par son travail à l’hôtel et par ses cours à n’en plus finir, mais plus les semaines passent et plus il a le sentiment que Maisie ne cherchera pas forcément à le voir s’il n’en fait pas d’abord la démarche. Elle a certainement elle aussi du boulot au cinéma, c’est la raison qu’il effleure pour se rassurer avant de se rappeler que l’univers n’a pas tellement fait de cadeau à la Moriarty ces derniers mois compte tenu des épreuves que celle-ci a enchaînées. Rien que Carl ne veuille se risquer à raviver, bien sûr, mais on ne peut pas dire qu’elle se soit beaucoup reposée sur lui quand il aurait justement voulu l’aider à sa manière – et à sa minuscule échelle. Au lieu de ça Maisie s’éloigne, suffisamment pour que le garçon le remarque et se demande s’il ferait bien de lui laisser du temps et de l’espace ou au contraire, si son rôle n’est pas plutôt d’insister pour vérifier qu’elle va bien malgré la distance qui peu à peu s’installe. Aucun de ses messages n’a été laissé sans réponse, c’est donc que Maisie se souvient de lui et c’est sûrement ce qui permet à Carl d’apaiser un peu son esprit… avant que le besoin de la voir ne revienne à chaque fois le saisir. Leurs moments à deux sont une bulle d’oxygène dont le garçon peine à se passer, il n’est de toute évidence pas capable de se contenter du virtuel avec elle, et c’est ce qui l’amène à proposer cette sortie à Maisie – rare, si rare ces temps-ci. S'il a un peu plus tôt foulé le tapis rouge seul à l'occasion du Meet and Greet, c'est avec la Moriarty à ses côtés que le garçon aborde désormais le brunch qui suit, pas mécontent d'apparaitre à son bras parmi la flopée de personnes déjà présentes car c'est intimidant de se faufiler dans un événement de ce genre, réunissant bien trop de charisme au mètre carré pour que Carl puisse se sentir dans son élément. Mais il n'a pas tous les jours une bonne raison de quitter sa grotte pour côtoyer du beau monde, qui plus est pour la bonne cause, alors sa timidité n'est pas forcée de l'accompagner durant cette journée rimant avec égalité. « J'ai bien fait de mettre un costume je crois, tout le monde est tellement chic. » glisse-t-il à l'attention de la Moriarty, ses mains ajustant tout ce qu'elles peuvent sur une tenue que le garçon a hésité jusqu'au tout dernier instant à mettre. Sans regret, donc.

À peine installé sans même savoir encore s'il compte toucher au buffet, Carl tire sur les manches de sa veste pour y enfouir ses mains afin de ne pas devoir avouer qu’il a recommencé à martyriser ses doigts. Certes, ses ongles ne sont pas beaux à voir mais il contrôle ces pulsions bien mieux qu’il ne gère pour l’heure le reste, en vérité. Ce n’est alors pas un hasard si le garçon ne s’autorise pas à disposer son sac ailleurs qu’à ses pieds, comme pour s’interdire formellement d’y toucher. « Empêche-moi de sortir mon manuel pour réviser surtout. C’est notre moment à nous. » Il voudrait chasser l’université de ses pensées mais il est pourtant celui qui ne cesse de l’évoquer, incapable cette fois encore de laisser le sujet de côté. Pour preuve, Carl y revient déjà. « J’ai l’impression d’avoir constamment la tête dans les cours mais en même temps, j’ai enfin des trucs à raconter quand on me demande ce que je fais de ma vie alors c’est plutôt cool.. non ? » Et n’était-ce pas un peu le but, finalement ? Il poursuit un objectif, un rêve qu’il s’est pendant longtemps chargé de repousser et avoir des choses à dire entre deux moments d’angoisse est toujours mieux que l’inverse, si on lui demande. Alors Carl, quoi de neuf dans ta vie ? « J’ai repris mes études dans le domaine des mathématiques et je serai diplômé d’ici trois ans », voilà ce qu’il ne se lasse pas d’affirmer car il faut bien qu’il en soit fier, et que cette pression infernale qu’il s’inflige ait au moins quelques bons côtés aussi. « Bon, je pensais juste pas que le Bachelor comprenait aussi l’option "insomnies", mais c’est sûrement normal au début. » Il hausse doucement les épaules et se fend d’un sourire, préférant croire que les premiers mois ne sont jamais simples pour personne. C’est incroyablement stressant, oui, mais Adèle répond présente pour calmer ses nuits de la plus belle des façons et cette idée justifie presque à elle seule tout ce que le garçon peut endosser. « Et toi alors, tout se passe bien au cinéma ? Paraît que vous avez accueilli l’avant-première d’un film et tout, c’est trop la classe. » Les critiques du film lui ont semblé particulièrement mauvaises lorsqu’il en a googlé le nom, c’est vrai, mais Carl n’a pas approfondi plus que ça ses recherches. C’est une bonne publicité pour le Twelve, tout du moins à ses yeux, mais sa question englobe peut-être bien plus que ses mots ne le disent lorsque son regard glisse doucement sur Maisie pour remarquer qu’elle semble différente. Aucune conclusion hâtive, aucun raccourci non plus entre sa distance des dernières semaines et ces signes que son regard croit déceler, mais tout de même certaines craintes qui remontent et que Carl se charge aussitôt de faire taire. Si Maisie lui dit qu’elle va bien, il ne pourra – ne devra – que la croire car voir le mal partout est après tout son truc, une autre manie dont il voudrait volontiers se défaire.

Il n'avait pas seulement envie de voir Maisie, il en avait aussi besoin et pour ça, Carl dirait que le lieu et l'occasion ne comptaient pas vraiment. C'est certainement ce qui l'a mené à soumettre l'idée de cette rencontre à la Moriarty sans même se dire que peut-être, l'évènement en lui-même ne susciterait pas beaucoup d'intérêt chez sa meilleure amie. Il avait l'assurance de se trouver déjà sur place en tant que participant tout désigné du Meet and Greet précédant cette conférence, autant donc admettre qu'il a en partie agi par facilité et dans l'urgence car s'il ne saisissait pas l'occasion d'y convier Maisie, il y perdait une chance de retrouver celle dont le manque se fait de plus en plus ressentir. Il lui fallait un motif, quelque chose à lui proposer quand bien même Carl a le tort de ne pas y avoir mûrement réfléchi alors ce n'est sans doute pas si grave si ce monde qui leur ouvre grand les bras n'est pas le leur, et si sa propre tenue se charge d'ores et déjà d'en donner un aperçu. Sans aller jusqu'à dire que le bonhomme fait tâche malgré son costume, il n'est pas vraiment le genre de public que l'on peut ici attendre et aussi grand soit son respect pour ces femmes et leurs carrières, son attention n'a pas vocation à se porter sur quelqu'un d'autre que Maisie à présent que celle-ci se trouve devant lui. Son regard fait alors ce qu'il peut pour ne pas l'observer avec trop d'insistance, au risque de traduire les craintes que ses silences et sa distance ont pu alimenter quand Carl hésitait entre la laisser respirer et tenter d'une façon ou d'une autre de s'imposer. Mais il n'a pas pu, n'a pas non plus voulu, cette invitation ayant été une bouteille à la mer de plus que son amie était libre de laisser couler sans s'en saisir car il ne maitrise pas très bien l'art d'exister dans la vie des autres quand il doute de la place à laquelle il peut avoir droit. Mais Maisie était disponible cette fois-ci, sans qu'il ne puisse dire ce qui peut tant l'accaparer lorsqu'elle vient à s'éloigner ni même si elle manque de temps ou bien de volonté. Si elle devait fuir quelque chose, Carl veut simplement croire que ce n'est pas lui parce qu'il peut être envahissant, oui, mais a aussi bien compris que forcer les choses ne menait à rien pour accepter de la laisser revenir lorsqu'elle l'aurait elle-même décidé. Il n'était pas question de commettre les mêmes erreurs qu'avec son père en se présentant directement chez elle, uniquement de vérifier si les signaux avaient la moindre chance d'être au vert en l'invitant et même si l'enthousiasme ne semble pas grandement animer sa meilleure amie, Carl chérit avant tout sa présence comme quelqu'un qui ne l'aurait pas vue depuis un peu trop longtemps.

Elle est bien moins ravie que lui d'être ici, le garçon pourrait sans trop de mal le ressentir mais il doit être trop occupé à la détailler du coin de l'œil pour réellement s'en inquiéter – et puis Maisie a répondu à son appel, alors n'est-ce pas après tout l'essentiel ? « C’est une conférence, pas les Oscars, j’comprends pas le délire. » Le moins que l'on puisse dire c'est que les personnes présentes autour d'eux ont effectivement pris le dress code au sérieux mais si Carl s'est fait élégant pour sa part, c'est surtout pour le red carpet qui l'attendait avant ça. « J’ai pas l’habitude de te voir aussi apprêté, mais ça te va bien. » Des mots qui lui valent d'esquisser un sourire, pour une fois que le garçon ne se sent pas hideux et qu'il est disposé à croire au compliment qu'il reçoit. Son manuel, lui, peut bien l'attendre une heure ou deux sans que Carl ne ressente l'irrépressible besoin d'y replonger car son cerveau mérite une pause, et Maisie s'engage quant à elle à ne pas le laisser y remettre son nez. « Compte sur moi. » Tandis qu'il relève doucement les yeux, Carl réalise que c'est sans doute la première fois depuis sa rentrée à l'université qu'il peut se présenter comme un véritable étudiant devant elle. Une part de lui en est indéniablement fière, ne serait-ce que parce qu'il peut enfin dire que sa petite vie avance et que ses sujets de conversation ont le mérite d'évoluer. Il peut à présent parler de ses ambitions, bien réelles elles aussi, et tant pis si celles-ci viennent avec une pression qu'il est le seul à se mettre. « Franchement, bosser dans un hôtel, c’est le bon plan pour toujours avoir des anecdotes à raconter, hein. » Un point qu'il peut bien lui accorder car il en aurait des choses à dire, Carl, sur ce qu'il voit passer à longueur de journée. Des clients hauts en couleurs ou carrément étranges, ce n'est après tout pas ce qui y manque. « Et s’il y a un truc dont tu ne dois pas douter, c’est que tu as toujours un truc à raconter. Sérieux, t’es le seul type qui est capable de mettre dix minutes à raconter la fois où on t’a servi la mauvaise commande au café du coin. » – « Oh tu trouves ? » il questionne, pas tellement sûr que cela soit sa plus grande qualité même s'il y a sûrement pire, à bien y penser. « C’est pas un reproche, moi j’aime bien quand tu prends tous les chemins possibles et imaginables pour raconter une histoire, je sais jamais comment tu vas t’y prendre. » Un léger soupir passe la barrière de ses lèvres, sans trop savoir si les mots de Maisie le soulagent ou s'ils mettent surtout le doigt sur une habitude qu'elle ne lui apprend pas. Car c'est son truc, Carl le sait, et tout le monde n'a pas pris autant de pincettes qu'elle pour le lui signifier jusque là. « Je crois que je vois ce que tu veux dire, parce que.. j'ai souvent l'impression de tout rendre compliqué quand je raconte quelque chose. C'est le bazar là-dedans, les mots sortent jamais comme je le voudrais et pfff, tu vois, même là faut que je parle trop. » Il désigne sa tempe à l'aide de son doigt, agacé par cette facilité qui est la sienne quand il s'agit de parler pour ne rien dire, ou presque. « Mais tant mieux si pour toi, c'est pas une trop mauvaise chose. » C'est au moins ce qui le rassure, que cela puisse un minimum divertir son amie mais s'il lisait entre les lignes, peut-être se dirait-il que celle-ci préfère ses anecdotes de la vie quotidienne à celles de ses études. Ces dernières ne sont d'ailleurs jamais bien loin puisque Carl y revient déjà, insinuant que sa reprise n'est pas de tout repos et que ses nuits, il ne les passe pas vraiment à dormir ces temps-ci. « Ça l’est sans doute pas, Carl, je comprends que c’est important pour toi, mais fais attention à toi quand même, ok ? Je suis sûre que tu t’en sortiras très bien sans te mettre la pression ou t’empêcher de dormir, faut juste que tu trouves ton rythme. » C'est important pour lui, oui, et le garçon s'est déjà promis de tout entreprendre pour réussir car c'est sa chance de briller après vingt-quatre années passées à n'être qu'une déception pour lui autant que pour les autres. Il n'a jamais rien accompli, jamais rien fait qui soit digne d'un quelconque mérite à ses yeux alors c'est décidé, il décrochera ce diplôme à la sueur de son front s'il le faut. « Non mais c'est sûr, c'est encore les débuts alors.. ça va pas durer tout ça, j'ai juste besoin de m'habituer et de trouver le juste milieu avec le boulot aussi. » Quitte à revoir ses heures à l'hôtel à la baisse, un petit ajustement devrait même être nécessaire pour lui permettre de jongler sans l’obliger à trouver un moyen de se dédoubler. « Mais ça te plaît ? Au-delà des insomnies, j’entends. » Carl hoche doucement la tête pendant que ses lèvres laissent apparaître un sourire, modeste mais sincère. « Oui, ça me plaît. Je suis content d'être allé au bout de mon objectif cette fois et les cours m'intéressent, je sais enfin ce que je veux faire alors le diplôme à l'arrivée me motive. » Le chemin pour parvenir à celui-ci ne sera pas simple, il le sait bien mais Carl a encore le temps de le voir venir, aussi naïf soit-il en ajoutant ensuite : « Et puis trois ans, ça peut passer vite. » Dans un monde où des examens, des devoirs et des révisions ne lui laisseraient pas encore moins de vacances que ce qu'il pouvait jusqu'ici s'octroyer, oui, sans doute. La vérité, c'est qu'il a aussi signé pour en baver.

Demander à Maisie comment les choses se passent au Twelve est peut-être bien un moyen détourné de prendre de ses nouvelles, car il n'a pas le courage de mettre encore des mots sur toutes ces questions qui le rongent. « Ah ouais, le film dans lequel deux de mes potes jouent, ahah. » N'est-ce pas une bonne chose pour ses amis ? Il n'en sait trop rien Carl, mais il sait par contre qu'il aurait tendance à être heureux pour eux s'il était à sa place. « C’est sans doute pour ça qu’ils ont fait l’avant-première au Twelve, ils savent que je leur aurais arraché les yeux si ça n’avait pas été le cas. » – « Et t'aurais eu raison, c'est pas comme s'il y avait mieux de toute façon. » déclare-t-il avec la conviction de celui qui croit fortement en ce qu'il dit. Le Twelve est un endroit incontournable, Maisie la meilleure employée que l'on puisse y trouver et ne lui demandez surtout pas d'être objectif ici. « Mais ouais, ça va, c’était cool même si le film n’a pas fait l’unanimité. Rose était contente, c’est tout ce qui compte. » Une petite grimace vient animer ses traits tandis qu'il se redresse, pas franchement capable d'émettre un avis sur une œuvre qui lui reste parfaitement inconnue mais les critiques sont effectivement mauvaises, Carl n'a eu besoin que de deux clics pour s'en faire une idée. « J'ai pas vu le film mais j'ai cru comprendre que les retours étaient mitigés, oui. Enfin ça reste une bonne publicité pour vous j'imagine, vous alliez pas cracher dessus je veux dire. » Mitigés est encore ce qu'il préfère en dire pour ne pas avouer que la plupart étaient même carrément négatifs, voyant avant tout un bon moyen pour le cinéma de rebondir. Ils avaient bien besoin de ce coup de projecteur, au diable donc ces nombreux détracteurs. « C’est quoi le délire avec cette conférence et ce brunch ? T’as la tête dans les chiffres alors voilà, tu veux déjà investir et miser sur les entrepreneures de demain avant tout le monde ? » Ce doit être le signe que le choix du lieu reste particulièrement incompris du côté de Maisie mais il trouve le moyen d'en sourire, amusé par le lien avec ses études qui – il le jure – n'ont absolument rien influencé. « Oh non, du tout. J'y comprends pas grand-chose à tout ça et puis, j'étais surtout venu pour le tapis rouge vu que moi aussi, je peux dire que je connais quelques acteurs au final. J'ai même pu obtenir des autographes, regarde. » Il sort de sa poche son petit carnet signé notamment par Marceline et Rory, deux célébrités que le garçon peut se vanter de connaître autrement que comme un fan courant désespérément après eux. C'est surtout pour la première que Carl a répondu présent et son obsession bel et bien révolue pour elle n'était pas avec lui sur ce tapis rouge, il pourrait là encore le promettre. « C'est pour la bonne cause en plus, fallait bien ça pour que je mette les pieds dans une agence de stars parce que je risque pas d'en passer les portes en temps normal, hein. » Et le regard glissé en direction de Maisie laisse entendre qu'en principe, elle non plus. « Puis tu sais, c'est pas tellement un délire quand ça nous permet aussi de nous voir. Tu.. t'as sûrement beaucoup de boulot en ce moment, ou juste envie de passer du temps avec Angus, mais.. » Mais lui trouve bien le temps de créer ce genre de rencontre malgré ses études, son travail et sa relation naissante avec Adèle alors pourquoi pas elle ? Ses excuses seront toujours acceptables, ce n'est pas le problème car il a déjà vu la Moriarty accaparée par son travail, ça n'était juste pas... comme ça. « Je suis toujours content de partager un moment avec toi, moi. La prochaine fois on pourra faire plus simple, on est même pas obligés d'écouter les discours si on le veut pas, personne vérifiera. » Parce qu'il pense déjà à la prochaine fois Carl, cela va sans dire puisque cette énième tentative pour lui voler un moment revient finalement à lui dire qu'il est là, qu'il ne bouge pas et qu'un petit signe de sa part parfois ne lui déplairait vraiment pas. « On arrive à être tous les deux pour une fois et c'est chouette je trouve. » Il voudrait ne pas baisser les yeux à cet instant tout comme s'empêcher de triturer à nouveau ses doigts mais le combat semble perdu d'avance, et c'est sans fierté que le garçon avoue : « Ça me manquait juste un peu, je crois. » Pas qu'un peu s'il doit être franc mais face à elle, Carl ne veut pas montrer l'étendue de sa peine ni risquer de passer pour un sombre égoïste. A-t-il seulement le droit de verbaliser ça ? Peut-être pas alors qu'il a enfin tout pour être heureux ou pour au moins s'en rapprocher, mais il ne peut pas prétendre que ces moments devenus si rares ne constituent pas un manque dans ce semblant d'équilibre trouvé.