Zach était en ville depuis la fin du mois de juillet. Deux mois et demi qu’il squattait l’appartement d’Amos, son grand frère. Deux mois et demi qu’il tentait de se construire une nouvelle vie. Pour l’instant, il vivait dans le présent, tentant d’occuper chaque minute, chaque seconde de son temps, pour éviter de penser à elle, à Angie. Après le travail, il faisait du sport, allait se balader à moto, et sortait dans les bars. Les nuits, il tentait de les passer à l’extérieur, dans les bras de belles inconnues, afin d’oublier la douleur qu’il ressentait toujours, cinq mois après le départ de son ex fiancée.
Zach aurait voulu ne jamais retourner à Kilcoy. Il n’était pas stupide, il savait qu’il devrait s’y rendre pour diverses fêtes de famille. Il espérait seulement pouvoir être tranquille jusqu’à Noël, le temps que son cœur cicatrice. Et pourtant, il avait dû y retourner un mois et demi après son départ, appelé au secours par son père : Amos était là, à la ferme familiale, déprimé et bourré. Au bout de quelques jours, le Père Taylor s’était inquiété du mutisme de l’aîné, et avait demandé à Zach de venir parler à son frère. Ce n’était pas de gaité de cœur que Zachary était retourné à la campagne, et avait vu défiler devant lui les endroits qui abritaient tant de souvenirs.
Il était reparti au bout de deux jours, sans avoir eu d’explications, sans avoir trouvé le moyen de remonter le moral de son frère. Tout ce qu’il savait, c’est qu’Amos « avait merdé grave ». Cela concernait une femme, a priori. Zach n’eut aucun mal à trouver des informations sur celle-ci. Il identifia sa situation personnelle à celle de son frère, sans rien connaître de celle-ci. Lui n’avait eu aucune explication sur le départ d’Angie. Il ne savait pas pourquoi elle était partie, il ne savait pas où elle était, il ne savait rien. Il pensa, probablement à tort, que son frère vivait une situation similaire.
Il était donc allé toquer chez Raelyn, et s’était fait refouler comme il le méritait.

Quelques temps plus tard, son frère l’invita sur un circuit automobile. Amoureux des voitures, et ravie de voir que son frère sortait à nouveau, Zach accepta avec plaisir. Il rejoignit son frère dans les gradins, observant les bolides qui roulaient sur le bitume.

« Salut ? Comment tu vas ? Tu as l’air en forme ! »

Zach allait répondre mais Amos enchaîna immédiatement.

« Tu es allée chez elle. Pourquoi ? »

Le sourire qui illuminait le visage du jeune homme s’évanouit.

« Je suis désolé. Je n’aurais pas dû. Je voulais simplement t’aider, je pensais simplement t’aider … Je suis prêt à lui présenter également mes excuses … »

Zach s’interrompit.

« Attends … Elle te l’a dit ? Vous vous parlez à nouveau ? »

Le jeune homme ne put réprimer un léger sourire.

Ok, Zach s’attendait à ce qu’Amos soit furieux parce qu’il avait rencontré Raelyn. Il s’attendait à sa colère, mais il pensait que ses excuses sincères l’atténueraient. Au lieu de cela, l’aîné se fout en rogne, crache son venin, alors que le petit sourire qui s’était dessiné sur le visage de Zach en apprenant que Rae et Amos se parlaient à nouveau disparaissait.

« Tu vas redescendre d’un étage tout de suite ! »

Zach détestait quand Amos prenait cet air condescendant, celui du grand frère, celui qui a raison et qui peut sermonner son cadet. Il n’avait plus 5 ans, et quand bien même il serait encore ce petit garçon, Amos n’était pas son père.

« Ho, on va se calmer ! Je t’ai dit que j’étais désolé, et que j’avais fait ça pour t’aider. Je me suis planté, ça n’a pas aidé, et pour ça aussi, j’en suis désolé. Mais tu veux quoi ? Que je me mette à genoux pour implorer ton pardon ? C’est bon, change de disque ! »

Le jeune homme soupira en reportant son attention sur les voitures qui couraient. Il adorait ça, les véhicules, la vitesse. Il avait été ravi du rendez-vous fixé ici. Mais voilà qu’il déchantait, incapable de se concentrer sur la course. Amos, quant à lui, ne décolérait pas.

« C’est bon, tu me lâches, ok ?! J’ai agi comme j’aurais voulu que tu le fasses pour Angie et moi ! Et t’as fait quoi, quand elle s’est barrée ? Tu l’as trouvé ? T’as pu lui parler pour lui demander de me laisser une chance de discuter avec elle ? »

C’était maintenant Zach qui débordait de colère, les poings serrés.

« Est-ce que t’as au moins essayé de la chercher ? »

Oui, Amos avait fait beaucoup pour lui. Il l’avait soutenu, il l’hébergeait encore actuellement. Mais avait-il essayé de régler le problème à la source ? Zach ne savait les démarches entreprises par son aîné, mais il voulait qu’il comprenne qu’il avait agi comme lui aurait aimé qu’il le fasse. Il avait été de bonne foi, animé par de bons sentiments, et ne tolérait pas qu’Amos n’accepte pas ses excuses et passe à autre chose.