So this is me swallowin' my pride ♫ | Adèle

So this is me swallowin' my pride ♫
feat. @Adèle Shephard

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Alice détestait les urgences. C'était comme si elle avait réservé une place permanente dans cette horrible salle d'attente. On aurait presque pu croire que la blonde avait pris un abonnement à cet endroit, tant elle s’y rendait souvent… C’était quoi le deal encore ? 9 visites et la 10ème est gratuite c’est ça ? Aujourd’hui, la jeune femme s’avançait en boitant vers l'accueil, le visage crispé par la douleur. Si la dernière des choses que désirait Alice était de passer des heures ici, sa cheville gonflée ne lui laissait guère le choix.

La réceptionniste l’accueillit avec un sourire poli tandis qu’Alice donnait son nom et sa date de naissance, réprimant un gémissement à chaque pas. C’était presque étonnant qu’on lui demande encore son identité. Parfois, elle avait envie de leur dire de cocher les cases eux-mêmes, après tout, elles se connaissaient les dames du service et elle. "Prenez place, nous vous appellerons dès que possible", lui dit la secrétaire médicale avant de lui désigner une chaise libre. Alice hoche la tête avant de s’effondrer avec soulagement, rassurée de ne pas avoir à rester debout plus longtemps. Son esprit vagabondait, essayant de trouver quelque chose pour se distraire de la douleur lancinante de sa cheville. Avancer dans ses recherches pour sa prochaine vidéo ? Impossible de se concentrer, il y avait bien trop de mouvement autour d’elle. Jouer à un jeu mobile ? Candy crush, c’est une bonne distraction, mais de courte durée. Alors, elle se lance dans un nouveau jeu : observer les gens autour d’elle, et essayer de deviner qui ils sont ; quelles sont leurs vies ? Ont-ils des enfants, sont-ils mariés, célibataires ? Qu’est-ce qui les amène ici ? A quoi ils pensent ? Son regard varie de visages en visages, avant de l’apercevoir. Adèle. Elle était là, assise quelques sièges plus loin, le regard fixé sur son téléphone. Son cœur manque un battement. Elles ne s’étaient plus vues depuis quelques années déjà… Années où elle avait disparu de sa vie sans laisser la moindre explication. Alice l’avait cherchée, bien sûr. Elle lui avait envoyé des tonnes de messages, appelée, mais la jeune femme n’avait jamais répondu, disparaissant comme si elle n’avait tout simplement jamais existé. La blonde avait fini par abandonner l’idée qu’elles se revoient un jour, sombrant dans l’amertume et la confusion. Elle ne comprenait pas. Qu’avait-il bien pu se passer pour qu’Adèle quitte la colocation de la sorte ? Et à présent, elle se trouvait là, dans la salle d’attente des urgences, comme si de rien n’était.

Alice ressentit le colère qu’elle avait enfoui à son sujet remonter à la surface. Comment osait-elle se comporter comme si rien ne s'était passé ? La bulgare avait tant de questions à lui poser, tant de choses à lui dire. Elle exigeait des réponses. Ignorant la douleur lancinante dans sa cheville, Alice se leva et se dirigea vers elle. Leur regard se croisèrent alors que son ancienne amie relevait les yeux de son téléphone, probablement en entendant des bruits de pas qui se rapprochaient. Il y eut un moment de silence pesant entre les deux femmes, chargé de tant d’années de non-dits, d’amertume, de regrets, de questions sans réponses. Adèle se laissa finalement tomber lourdement aux côtés d’Adèle :

- Adèle, dit finalement Alice, la voix tremblant légèrement. Ça fait un moment.

Dernière édition par Adèle Shephard le Lun 4 Mar 2024 - 19:31, édité 2 fois

« so this is me swallowin' my pride » @Alice Petrov & Adèle Shephard.

Assise depuis déjà un long moment sur ce siège, Adèle ne compte plus le temps qu'il défile sous ses yeux, contemplant mieux que personne son écran et ce que son regard peut y lire. Elle fait des recherches pour des clients, pensant pouvoir un peu se changer les idées, ne voulant ni alerter Carl ni Cody sur son sujet de santé. Lorsqu'elle est partie il y a quelques semaines faire un contrôle annuel sur son cancer, Adèle y a trouvé des tâches et des plaques sur son corps. Plaques qui apparaissent de nouveau avec cette fois une formation de boutons, son spécialiste lui a demandé de venir les étudier en urgence si cela arrivait, lui indiquant alors la marche à suivre : sa présence ici n'est qu'une amère sensation de déjà vu. Elle n'a toujours pas trouvé le courage d'avouer à Carl pour sa maladie, pas plus pour le décès de son frère d'ailleurs comme elle l'avait promis à son aîné. Se replonger dans ce passé l'effraie, n'étant pas certaine de pouvoir y faire face sans craquer et la dernière chose qu'elle veut, c'est inquiéter son coloc pour qui les sentiments pour lui s'intensifient. Selon Cody, quand on est attaché à quelqu'un on lui dit tout, comme si lui, pourrait lui donner des conseils en la matière. Malgré son téléphone en main, et les maisons qui défilent inlassablement devant ses yeux qui n'accrochent pas, elle a le coeur lourd. Pour autant, elle relève rapidement son visage en attendant du bruit venir dans sa direction. Et elle croise ce regard qu'elle ne pourra pas oublier. Jamais. Alice se tient devant elle, figée sans contredire ce silence pesant entre elles. Malgré son éloignement et son silence de ses dernières années, Adèle ne peut que se demander ce qu'elle fait là. Elle était sa coloc, avec qui elle s'entendait bien, Alice était même devenue une amie. Avant que la vie d'Adele s'effondre. Elle avait interdit à Will de parler de sa maladie à quiconque de la Coloc, pas même Primrose n'était au courant et peut-être aujourd'hui, serait-elle plus à même d'en parler ? Mais n'est-ce pas déjà trop tard ? « Adèle, » elle vient de se laisser tomber sur le siège à côté du sien, alors qu'une évidence même : le malaise est bien présent. Et le regard d'Adele ne laisse planer aucun doute. « Ça fait un moment. » Adèle a bien dû mal à déglutir elle n'allait pas mentir. Si elle s'attendait à la retrouver ici, probablement qu'elle aurait retardé sa visite de quelques heures. « Alice... Ça fait un moment que t'es là ? » Qu'est-ce que ça changerait ? Rien de toute évidence, mais Adèle a bien l'impression qu'un immense trou béant sépare leur deux mondes. « Tu es toujours à la coloc ? » Pas avec Will évidemment, puisqu'il est parti aux Etat-Unis et qu'il ne semble plus vouloir revenir dans son pays. Est-ce vraiment la meilleure option de la part d'Adèle de parler de colocation après être partie du jour au lendemain de cette sorte. Sans jamais donner de nouvelles ni de répondre à un quelconque message ? Se rend t'elle compte un seul instant de l'inquiétude qu'a pu ressentir Alice à l'époque. Probablement pas.

un petit coeur à la traîne

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« Alice… Ca fait un moment que t’es là ? Tu es toujours à la coloc ? »

En entendant les question d’Adèle, le regard d’Alice s’assombrit. Comment avait-elle le culot de parler de cette coloc qu’elle avait quitté du jour au lendemain, sans plus donner de nouvelle ? La blonde prit le temps de se calmer intérieurement, laissant la colère refroidir peu à peu, remplacée par une profonde tristesse. Alice avant tant espéré retrouver son amie, comprendre ce qui s’était passé, renouer une amitié. Mais c’était plus fort qu’elle, la douleur et la déception avaient pris le dessus sur tout le reste.

- J’y suis toujours, mais plus pour longtemps, répondit Alice d’une voix étonnamment calme, mais pleine de tristesse. De toute façon, je ne vois pas en quoi cela t’intéresse… Tu es partie sans me donner aucune nouvelle, tu te souviens ?...

Le ton accusateur de ses propres paroles la surprend. Elle qui était d’habitude si calme, si solaire était aujourd’hui à l’opposé de cette image. Elle n’avait bien évidemment pas prévu de réagir ainsi, d’ailleurs ce n’est pas comme ça qu’elle avait imaginé d’éventuelles retrouvailles avec son ancienne amie, mais la vue d’Adèle lui rappelait trop de souvenirs bien douloureux. Alice avait besoin de savoir, elle avait besoin de comprendre. Les raisons de son départ. Pourquoi elle n’avait jamais répondu à ses appels et à ses messages. Ce qui avait bien pu se passer pour qu’elle se sente obligée de prendre la fuite comme ça.

Alice tenta d’accrocher le regard d’Adèle, mais celle-ci sembla soudainement très intéressée par les motifs du carrelage. Probablement qu’elle jugeait ça plus intéressant que la petite blonde. Alice pouvait voir son malaise, son embarras, mais ce n’était pas suffisant pour apaiser sa colère. Alice avait besoin de réponses, et elle ne partirait pas d’ici avant de les avoir.

- Pourquoi t’es partie, Adèle ?, demanda la jeune blonde, sa voix tremblant légèrement. Pourquoi tu n’as jamais répondu à mes messages, à mes appels ? Tu m’as abandonnée, sans aucune explication en plus.

Alice avait essayé de rester calme, de garder le contrôle. En vain. La tristesse et la frustration la submergeaient maintenant, et Alice était peu optimiste quant à l’éventualité qu’elle puisse vraiment se calmer maintenant. Le jour où son amie était partie, elle s’était sentie abandonnée, trahie, et elle n’avait jamais pu comprendre pourquoi Adèle avait agi de la sorte. Mais Alice avait besoin de savoir, de comprendre, et ce, même si ça signifiait affronter des vérités douloureuses.

Elle avait essayé de rester calme, de garder le contrôle, mais la tristesse et la frustration la submergeaient maintenant. Elle se sentait abandonnée, trahie, et elle ne pouvait pas comprendre pourquoi Adèle avait agi ainsi. Elle avait besoin de savoir, elle avait besoin de comprendre, même si cela signifiait affronter des vérités douloureuses. Peut-être qu’elle n’aurait pas été prête à son départ, mais aujourd’hui, elle se sentait apte à tout entendre. Et même si un léger sentiment de compassion aurait probablement envie de ressortir à un moment donné, Alice n’avait pas envie de lui donner son pardon si facilement.

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dèle n'était pas particulièrement à l'aise devant Alice et pour plusieurs raisons. Sans que cela ne soit sa faute, la blonde la plonge dans la période de sa vie qu'elle déteste le plus, peut-être autant qu'au décès de ses parents. Elle garde néanmoins de très bons souvenirs de la Coloc, où elle a partagé plus de deux ans avec eux, à rire, chanter, danser, cuisiner. Avec Elia notamment, la chef cuistot. Pour autant, elle a aussi vécu les pires moments de sa vie, et a refusé tout simplement d'embêter les colocs avec. Seul son cousin a fini par le savoir - et parce que de toute évidence il a su lire en elle comme dans un livre ouvert. Se retrouver devant Alice est certainement le pire pour elle mais elle tente de faire bonne figure. Elle ne comprendrait de toute évidence pas ce qu'à pu ressentir la brune, et Adèle préfère sans doute croire ça pour se trouver des excuses. Assises côte à côte, n'importe qui dans la salle peut sans doute les observer tendue et sans un réel attachement l'une pour l'autre. Alors qu'elles l'ont été, peut-être il y a un moment déjà. Adèle n'a jamais pu oublier la Coloc quand bien même elle a refusé d'y retourner à son retour du Mexique - Will lui en voulait trop de toute façon. « J’y suis toujours, mais plus pour longtemps. De toute façon, je ne vois pas en quoi cela t’intéresse… Tu es partie sans me donner aucune nouvelle, tu te souviens, » Adèle soupire, bien consciente d'avoir le mauvais rôle dans l'histoire quand tout le reste de sa vie est au sommet d'une certaine satisfaction. Il y a seulement ses examens qui lui trottent dans la tête, mais elle comprend ce que son ancienne amie arrive à peine à tolérer et elle n'est pas prête à être sur le banc des accusés. « Alice, ne le prends pas comme ça... » Comment devrait-elle le prendre ? La Shephard l'ignore, elle n'est pas celle qui parvient avec aisance à dire ce qu'elle ressent avec facilité. Encore moins quand les torts sont visiblement pour elle. « Pourquoi t’es partie, Adèle ? Pourquoi tu n’as jamais répondu à mes messages, à mes appels ? Tu m’as abandonnée, sans aucune explication en plus. » Elle détestait ses mots. Elle détestait faire du mal ou décevoir les autres - et surtout ceux qui comptent pour elle ou qui ont autrefois comptés. Elle ignore réellement au jour d'aujourd'hui la place que peut avoir Alice dans sa vie et dans son coeur. Elles ne se sont pas vues depuis plusieurs années, parce qu'à son retour il y a deux ans, Adèle n'a averti personne hors sa propre famille - qui lui en a voulu également mais pas pour les mêmes raisons. La réalité c'est que Adèle ne serait probablement jamais revenue et en tout cas pas si vite, si Ash ne s'était pas tué en voiture. Elle serait peut-être toujours en train de fuir certaines choses de sa vie dont elle ne parvient pas à affronter sans même vouloir l'admettre. Mais quand elle voit sa vie aujourd'hui et de la façon dont elle a évolué, elle ne peut s'empêcher de se dire que son retour, aussi difficile soit-il, valait finalement le coup. « J'ai eu un gros souci de santé. » Ou comment requalifié son cancer. Elle ne sait pas Adèle si elle doit être particulièrement rassurée ou pas, qu'Alice ne sache rien. Will aura au moins tenu parole mais jusqu'à quel prix ? « La fin 2021 et début 2022 a été compliqué et je croyais pouvoir m'en sortir seule. » Évidemment que non Adèle. Elle reproduit toujours les mêmes erreurs quand on sait qu'elle n'a encore pas parlé de Carl de la mort de son jeune frère ou même de son cancer. Et qu'elle retarde cette échéance autant que possible, reproduisant alors mêmes bêtises. « Je suis désolée Alice. Vraiment, je ne voulais pas te faire souffrir. » Mais que pouvait-elle lui offrir à l'époque ? Pour elle, pas grand chose. « Je suis partie en humanitaire au Mexique, » et elle y serait resté presque l'éternité si elle avait pu...

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Le récit s'arrête là, laissant Alice face à une multitude de sentiments contradictoires. D'un côté, il y a la colère et la tristesse qui l'envahissent à l'idée d'avoir été abandonnée sans explication par une amie proche. D'un autre côté, il y a la compassion et une pointe de soulagement en apprenant les véritables raisons du départ d'Adèle, même si celles-ci sont loin d'excuser son silence.

Le cœur de la blonde bat la chamade dans sa poitrine alors qu’elle absorbe les mots de son ancienne amie. Un gros soucis de santé ? Comme celui que sa propre mère avait rencontré lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant ? Comment la jeune femme avait-elle pu passer à côté de quelque chose d’aussi important dans la vie de son amie ? La jeune femme se sent coupable, se reprochant de ne pas avoir été là pour Adèle dans les moments difficiles. Alice aurait aimé être là pour elle, l’épauler, la soutenir. Après tout, elle avait déjà dû le faire très jeune… Elle savait comment gérer ce genre de situations. Elle comprenait de quel genre de soutien on avait besoin lorsqu’on rencontrait ce genre d’épreuves dans la vie. Mais comment aurait-elle pu deviner ce qui se passait si Adèle n’avait jamais pris la peine de lui en parler ?

Pourtant, malgré le fait qu’elle comprenne la situation d’Adèle, la douleur de l’abandon reste vive en elle. Elle ne peut s’empêcher de se demander pourquoi son amie n’avait jamais pris la peine de lui envoyer ne serait-ce qu’un simple message pour lui expliquer ce qui se passait. Pourquoi avait-elle décidé de partir sans un seul mot, laissant Alice dans l’incertitude et la confusion ?

La bulgare se rend compte que même si elle avait espéré obtenir des réponses en confrontant Adèle, la situation reste tout aussi floue et douloureuse qu’avant. Les mots de son amie résonnent dans sa tête, tourbillonnant dans son esprit alors qu’elle tente de démêler ses propres émotions. Elle se sent partagée entre colère, tristesse, compassion et confusion, ne sachant pas vraiment comment affronter cette situation délicate maintenant qu’elle en savait un peu plus.

Durant plusieurs secondes qui semblent durer des minutes, Alice reste silencieuse, laissant ses pensées se bousculer dans sa tête. Elle a l’impression que celle-ci va exploser. Elle se rend compte qu’elle aimerait pouvoir pardonner à Adèle et reconstruire leur amitié sur de nouvelles bases, mais ce n’est pas aussi facile que ce qu’elle avait espéré. Les blessures sont profondes, et le temps ne les guérira pas facilement.

Après un long moment de réflexion, Alice finit par relever les yeux vers Adèle, laissant échapper un soupir résigné.

- Cela me rassure que tu vas mieux maintenant, Adèle, finit-elle par dire doucement, la voix remplie de tristesse. Mais ça ne change rien au fait que tu m’as abandonnée sans aucune explication, tu m’as laissée quand j’avais le plus besoin de toi. Je ne sais pas encore si je serai capable de te pardonner un jour, j’ai besoin de temps pour digérer tout ça. Tu sais, j’aurai pu te soutenir… J’aurai pu comprendre, si tu m’en avais laissé l’opportunité…

Elle espère que son amie comprendra, même si elle-même n’est pas sûre de comprendre tout ce qui se bouscule dans sa tête. Mais une chose est sûre : elle ne laissera plus jamais quelqu’un la traiter de cette façon sans conséquences.

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Comme à son habitude, Adèle ne savait pas vraiment quoi dire, ni trouver réellement les mots appropriés. Elle n'a jamais été le genre à se dévoiler avec facilité, même lorsque l'enjeu est de taille et elle conçoit parfaitement que Alice lui en veuille. C'est douloureux, elle n'allait pas prétendre le contraire mais que mérite-t-elle d'autre quand on sait qu'elle n'aurait probablement pas repris contact avec son ancienne colocataire et amie si elles ne s'étaient pas croisées ici ? La Shephard a mal, mais tente de garder la tête froide : elle y parvient avec difficulté, elle n'irait pas prétendre le contraire. Elle ne sait pas bien ce qui s'est passé dans la vie d'Alice depuis son départ, cette fuite qu'elle devra expliquer tôt ou tard, mais qu'elle tente de repousser l'échéance à son maximum. Revivre ses étapes de sa vie est toujours autant compliqué pour elle, elle qui avait cru qu'il suffirait juste de rayer cette ancienne vie pour ne plus devoir y faire face. Elle s'est laissée aveugler devant cette douleur qui sera toujours en elle, quoi qu'en dise l'agente immobilière, quoi qu'elle fasse. Les minutes passent et son regard n'accroche rien de particulier, pas même le regard d'Alice qu'elle tente de fuir, instable et n'assumant qu'à moitié ce départ précipité. La vérité c'est qu'elle a longtemps regretté son départ précipité, puis devant tant de portes fermées, elle a regretté d'être revenue à Brisbane. Pour autant elle ignore vraiment à quoi elle s'attendait. Elle a eu de nombreuses colocs, puis a visité de multiples chambres d'hôtels avant d'atterrir dans celle de Chelsea et de Carl. Et c'est précisément à cet instant, qu'elle a réellement pu reprendre son souffle et peut-être qu'elle n'a plus regretté ce retour dans son pays natale. Mais elle n'avait pas anticipé de retrouver Alice et de devoir assumer ses propres erreurs que son ancienne amie pourrait pointer du doigt en toute légitimité. « Cela me rassure que tu vas mieux maintenant, Adèle, » Adèle ose à peine croire à ses mots, attendant certainement le coup de massue, qui va suivre. « Mais ça ne change rien au fait que tu m’as abandonnée sans aucune explication, tu m’as laissée quand j’avais le plus besoin de toi. Je ne sais pas encore si je serai capable de te pardonner un jour, j’ai besoin de temps pour digérer tout ça. Tu sais, j’aurai pu te soutenir… J’aurai pu comprendre, si tu m’en avais laissé l’opportunité… » L'agente immobilière reste aussi un moment silencieuse. Est-ce qu'elle pourrait en vouloir à Alice de vouloir se protéger d'elle, quand elle, elle fait exactement la même chose avec autrui ? Évidemment que non. Il lui suffit de regarder un instant Alice pour se rendre compte de ce qu'elle a perdu, et de ce qu'elle peut finalement regretter. Mais les regrets ne font habituellement pas partie de ses ambitions. Elle sait que ce n'est pas des regrets qui changeront la donne, et lui permettront de retrouver une place qu'elle a perdu depuis bien trop longtemps pour oser ne serait-ce que la récupérer en claquant des doigts. Machinalement, Adèle pose sa main sur celle d'Alice, un contact qui l'a fait frissonner. Un contact qu'elle n'a pas eu depuis bien longtemps avec la blonde et elle comprendrait que cette dernière le lui refuse. Pour l'heure, elle s'y raccroche, la voix cassée, éteinte de sentiment contradictoire. « Tu pouvais comprendre ? » Elle lui demande, pas qu'elle veuille remettre en question sa parole mais elle ne mâche pas ses mots quand ceux-là traversent ses lèvres et entaille sa poitrine sans qu'elle puisse stopper cette douleur vive, « j'ai eu un cancer, Alice. » Elle fronce les sourcils devant cette révélation qu'elle ne pensait pas pouvoir assumer avec autant de facilité - probablement parce que tout le monde autour d'elles venaient d'être partis, et qu'elle le réalisa que maintenant. « Je ferai en sorte que tu ne sois plus déçue de moi à l'avenir. » Elle confie à voix basse, sincère mais n'est-ce pas déjà trop tard Adèle ? « Tu as dis "quand j'avais le plus besoin de toi" que s'est-il passé Alice ? » C'est à cet instant qu'elle réalise que sa main est toujours dans celle de Alice, pour combien de temps elle l'ignore encore mais son coeur s'agite un peu trop nerveusement, chamboulée de cette rencontre et de revoir celle qui fut l'une des importantes dans sa vie à une époque encore, où tout allait bien pour elle.

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