Elle n'avait jamais cru Adèle à cette vie. Celle qui lui fait face l'effraie et immobile, silencieuse, elle regarde ses mains en tremblant. Le bar est bondé de personnes et il semblerait qu'elle n'est pas appréciée la façon dont cet homme lui a parlé. Mais est-ce qu'il méritait réellement de faire un plongeon tête en avant, et de passer de l'autre côté du bar sans même qu'elle ne le touche ? Non, bien sûr que non. Et elle se sent la seconde d'après, affreusement mal. Que venait-il de se passer ? Elle n'a aucune explication à donner, rien à dire sur ce phénomène étrange. C'est alors qu'elle fixe ses doigts, les larmes aux yeux qui montent alors que tous les regards sont tournés sur elle. Adèle ne reconnaît plus personne. Tout ses amis sont partis dans la précipitation. Elle est donc seule, affrontant le regard d'inconnu, alors que l'homme se relève pour faire le tour du bar et retourner vers elle. Il n'a pas compris le type. Qu'elle ne gère plus ses émotions, plus ses envies. Qu'elle se demande bien ce qui se passe alors qu'hier encore, elle allait faire les courses en payant à la caisse le contenu de son chariot. Elle a une vie mouvementée, entre son travail et ses enfants dont le dernier aura bientôt trois ans désormais. Que pouvait-elle lui dire ? Et surtout, que pouvait-elle lui faire ? Serait-elle dangereuse pour eux ? La foule qui se met à la pointer du doigt - et à leur place, qu'aurait-elle fait ? Elle court, elle ne sait pas dans quelle direction elle va, mais elle court pour fuir. Pour se sentir mieux. Et elle se retrouve dans une petite pièce, une cave. Qu'elle referme à clef sans attendre. Il n'y a personne et le temps passe, mais elle les entend toujours certain de faire le bon choix en voulant s'attaquer à elle. Elle pourrait évidemment s'en prendre à chacun, riposter. Se défendre. Mais c'est pas son désir c'est pourquoi elle recule au maximum l'échéance, espérant juste qu'ils s'en iront lorsqu'ils en auront marre. N'importe qui pourrait espérer ça non ? « Qui êtes-vous ? » Et là, un homme sorti de nulle part apparaît derrière elle, Adèle le sent mais ne tourne pas la tête vers lui alors qu'il se retrouve a l'opposé de cette pièce.« Comment vous êtes rentré ? » Elle fronce les sourcils, soucieuse, peureuse.

Enfermée dans la cave, elle ne sait toujours pas si c'est la meilleure solution - elle avait entendu parler de ses chasses aux sorcières et avait longtemps levé les yeux au ciel sans y croire. Sans croire que certaines personnes pouvaient avoir des pouvoirs comme détruire le monde, ou au contraire le défendre. Elle était même très loin de s'imaginer qu'il existait des Êtres de Lumière - pouvant être les protecteurs des bons sorciers. Elle ne s'était jamais penché sur le sujet, en préférant croire que certains sont trop naïfs, bien plus qu'elle alors qu'elle obtient déjà une bonne dose de naïveté selon son aîné. Peut-être que au moins ainsi, il n'aura plus besoin de vouloir la protéger, elle saura le faire elle-même comme une grande. Enfermée dans cette cave, elle semble seule et désemparée, attendant le moment propice pour rouvrir la porte et s'enfuir. Mais le moment propice c'est quand au juste ? Adèle l'ignore elle-même. Elle relève la tête sur cette chose de lumière qu'elle voit apparaître devant elle alors qu'il fait noir. Après plusieurs minutes de silence, la jeune femme demande à la personne ce qu'il fait là et qui il est. Mais est-ce que si c'était quelqu'un qui lui voulait du mal, il lui dirait ainsi ? « Adèle, je sais que tout ça est encore nouveau pour toi mais je ne te veux aucun mal, crois-moi. » Elle déglutit, rien de cette journée est normale et elle aimerait appuyer sur pause pour rentrer chez elle. « En revanche, je te conseille de ne pas lever trop brusquement les mains. » Non elle ne l'avait pas remarqué. Les yeux de la Shephard se baissent sur ses doigts tremblant avant machinalement de les placer le long de son corps. L'homme aura encore un peu de répit mais le naturel revient si vite au galop, que ses mains se relèvent à vitesse grand V dès lors qu'elle se sent menacée. « Comment vous avez fait pour rentrer ? »  Trop de questions qui viennent perturber son esprit. Elle soupire en fixant l'homme, il semble si jeune qu'elle n'arrive pas à identifier son âge. « Et pour répondre à ta question, mon nom est Eddie et l'on m'a chargé de te protéger. » Il manquait plus que ça. Elle devait déjà se coltiner Cody et Will et maintenant un étranger qui croit la connaître. « Qui ça 'on' ? » Sa voix retentit en plissant les yeux, restant toujours à distance de l'homme tandis qu'elle entend de nouveau des cris de l'extérieur ainsi que des mains qui tapent sur la porte de l'autre côté.  « C'est Cody qui vous envoie ? » Il n'a jamais manqué d'originalité mais là il explose sur l'acharnement. « Des autres bien sûr, mais aussi de toi-même en attendant que tu maitrises un peu mieux ta force. » Sa force ? Elle secoue la tête, un peu perdue par tout ce qu'il dit. Elle a l'impression qu'il y a bien trop de petites choses à savoir pour une si petite personne. « J'ai pas besoin de vous...  » Elle confie ce qu'elle a sur le coeur, à l'instant même sans prendre le temps d'analyser la situation et de réfléchir. « Je lui ai déjà dis à Cody, j'ai pas besoin de lui... » Ni de personne, elle voulait le croire de toute ses forces en tout cas.

Elle n’appartient pas à ce monde qu’elle commence à entrevoir doucement, soupirant fortement, elle ne quitte pas du regard le jeune homme qui se présente à elle, et qui pourrait subir le même sort que les autres. Il semble pourtant différent de ce qu’elle a pu entrevoir jusqu’ici. Il n’est pas juste humain, et elle s’en rend compte assez rapidement, quand il apparaît sans donner signe devant elle. Fronçant les sourcils, son premier réflexe étant de se protéger, elle recule d’un pas, puis d’un autre, sans jamais quitter ses yeux. Et peut-être qu’inconsciemment, elle attend son geste de trop, celui qui la fera réagir au quart de tour, envoyant Eddie à l’autre bout de la salle. Est-ce que c’est possible ? Son esprit est confus, et elle s’interdit de faire du mal à qui que ce soit la jeune Adèle. Elle ne fait pas partie de ce monde et le chemin sera périlleux et semé d’embûches avant qu’elle accepte cette sentence. « Je ne suis pas passé par la porte comme tu as toi-même pu le voir. » Elle lâche un rire nerveux devant cette phrase qu’elle a pu voir de ses propres yeux, voulant avant tout se protéger elle, de lui comme si il pouvait être un quelconque danger. Alors que ce dernier vient de l’extérieur. « Mes supérieurs. » Elle relève la tête brusquement en fronçant les sourcils. Faudrait qu’il y mette un peu plus du sien si il voulait qu’elle le croit, parce que des supérieurs, tout le monde en a… « Je veux les voir ! » Qu’elle lui accorde sans même savoir pourquoi elle perd son temps avec lui, c’est peut-être juste quelqu’un qui sort de l’asile, un illuminé qui croit à la fin du monde comme certains en sont capables. Mais alors, d’où vient cette faculté à apparaître comme il le souhaite. Tout commence à s’éclairer dans sa tête et elle ajoute en tentant de comprendre – bien loin d’imaginer que le monde de la sorcellerie puisse réellement exister, « vous êtes magicien c’est ça ? » Elle persiste Adèle. Elle est rationnelle, tout ce qui est magie bien qu’elle est toujours eu envie que ça existe, et peut-être que la petite fille de l’époque y rêvait à l’époque. Mais le moment est assez mal choisi là. [b« Non Adèle, ce n’est pas ton frère qui m’envoie et crois-moi, je ne serais pas là si tu n’avais pas besoin de moi. »[/b] Elle lève les yeux au ciel. « Ah bon ?! Et pourquoi faire j’aurai besoin de vous ? » Mais la réponse est instantanée, et elle entend qu’on tambourine à la porte, elle sursaute et avant même qu’elle rouvre la bouche, se demandant bien si la porte allait continuer à tenir longtemps sous la pression, Eddie reprend la parole. « Je sais que ça peut être difficile à entendre comme à croire mais ce que tu as découvert sur tes capacités ce soir fait partie de toi depuis toujours. » Elle entend tout ce qu’il dit, mais ça ne semble pas mûrir de la meilleure des façons, parce qu’au lieu de se diriger vers lui, elle recule, en se rapprochant alors de la porte. « Le pouvoir que tu possèdes se nomme la télékinésie, il consiste à déplacer des objets par la pensée. Son principal déclencheur est la colère dans ton cas, mais tu as pu voir que ta force pouvait aussi prendre effet sur les humains. » Elle relève ses mains, les regardant, alors que celles-ci tremblent. Et ce qu’il dit peut expliquer certes ce qui vient de se passer plusieurs minutes précédemment mais, ce n’est pas ce qu’on lui a toujours appris. Et elle semble plus perdue qu’autre chose. « Il existe beaucoup d’autres pouvoirs Adèle, que tu ne soupçonnes sans doute pas. » Sans doute pas en effet… « Lesquelles ? » Cette fois-ci, son ton est bien moins agressif que précédemment, moins sûr aussi. Elle avait tant de questions à poser et dans le même temps, fallait bien avouer : bien du mal à l’avouer. « Le monde est peuplé de jeunes femmes comme toi découvrant un jour leur véritable destinée : celle de faire régner le bien là où le mal menace bien trop souvent de triompher. » Destinée… Mal menace… Que des mots qui l’effraie, « Ton destin, oui, car ce pouvoir t’a été transmis par un membre de ta famille. » A l’entente de sa famille, alors qu’elle n’a jamais été en bon terme avec eux, et que les rares sont morts, Adèle blêmit légèrement.  Vaste sujet de discorde qu’il vaut mieux pour Eddie ne pas forcément aborder, quand bien même il lui apporterait la preuve sur un plateau. « C’est impossible, personne ne m’en a jamais parlé ! » Et si elle baissait peut-être légèrement ses gardes, une autre voix l’obligeait à s’en méfier, aussi sa main vient à se relever vers lui…

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