Le monde n'était plus ce qu'il était. De vague nuages noir venaient assombrir ce ciel qui a toujours été bleu. Ça ne dirait jamais bien longtemps parce qu'en général même au temps de pluie, le soleil finissait toujours par refaire surface. Mais pas aujourd'hui. Plus aujourd'hui. Adèle était obligée de se cacher, sans quoi, elle serait rapidement le dîner de ceux qui se sont appropriés son pays. Sa ville. Puis sa chambre. Elle a perdu de vue dans la précipitation, Carl et Chelsea. N'a plus aucune nouvelle de Will, ni d'Amy ou de Abby. Pas même son frère n'est dans les parages alors elle le sait : sa seule chance de survie est de trouver un abri de résistants. Des humains comme elle, qui se cachent et qui tentent - parfois, l'irréalisable. Qui échoue ou qui remporte la manche. Pile ou face. Et ce jour, pour Adèle il vient d'arriver. Des refuges comme celui-là, elle ne les compte plus mais se refuse de rester seule, tant qu'elle ne trouve pas les siens. Elle refuse de croire Cody ou Carl disparu a jamais, ou pire encore, dans l'autre camp. Elle refuse de se laisser abattre, et ne souhaite qu'une chose : s'en sortir indemne. Elle sait qu'elle risque gros, qu'elle ne fera jamais le poids si son odeur et son sang attirent ses êtres démunis de toute sensibilité. Alors elle tente, elle avance. Elle court aussi vite qu'elle le peut, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus. Et elle parvient à trouver un abri. Elle le reconnaît cet abri. C'est là qu'elle a été à son retour du Mexique : chez Cody. Elle ne réfléchit pas en poussant la porte de l'immeuble, pas même quand elle monte les escaliers pour arriver jusqu'à sa porte d'entrée. Et finalement elle donne un coup de pied dans la porte qui n'est même pas fermée, simplement poussée. «  qui vous êtes ? » Elle avance, récupérant le premier objet qu'elle trouve dans le placard, le balai en apercevant une silhouette installée sur le canapé. Elle est de dos, et Adèle avance sans bruit vers la personne. Tremblante, espérant que c'est son frère.

Elle avait longtemps hésité à venir lui rendre visite, parce que déjà elle ne savait pas si Cody serait encore en vie, elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il n’accepterait pas d’être transformé. Qu’il se serait battu corps et âme et que peut-être aurait-il fait comme Ash, rendu son dernier souffle loin d’elle, et cela elle ne pouvait pas l’accepter. Tout comme elle ne parvenait pas à accepter la perte de Carl. Ne plus pouvoir le voir, ni lui parler la faisait extrêmement souffrir, et elle regrettait de ne lui avoir jamais dit combien il pouvait être important pour elle. Adèle s’était promis que si une seconde chance s’offrait de nouveau à elle le concernant, elle lui ferait connaître ses sentiments à son égard, mais le temps coule, et ce n’est pas en cette faveur. Le temps passe, et si elle ne peut pas retrouver son colocataire, elle allait au moins tout tenter pour celui dont le même sang que le sien coule dans ses veines. C’est pourquoi, elle n’a pas hésité une seconde en arrivant devant l’immeuble de son frère. Elle n’a pas hésité, et peut-être le lui reprocherait-il, mais elle en avait besoin, et dans le fond, lui aussi, pas vrai ? Ses pas sont lourds, elle tente avec un silence d’aplomb de surplomber tout ce qu’elle peut, mais elle a l’impression qu’on l’observe et qu’elle sera bien vite prise entre deux feux. Le cœur battant, elle grimpe les marches sans se poser de questions. Et c'est en retenant son souffle - chose qu'elle n'avait pas prédit avant même que son soupire sorte de ses lèvres en voyant une silhouette de dos. Elle s'avance d'un pas, puis d'un autre, elle s'était imaginée le pire, que cette silhouette ne puisse même plus respirer alors même qu'elle ne se doutait pas une seconde qu'elle appartenait à ce frangin. « C'est toi ? C'est vraiment toi ? » Il se lève d'un bond en tenant une arme entre les mains : n'importe quel objet dur et pointu devenait aujourd'hui une arme que tout le monde se battait pour posséder. Et si ça n'avait pas été Cody que serait-elle devenue ? Il lui faisait face et ne semblait pas vouloir coopérer. « En chaire et en os, pour de vrai... » Il se méfiait d'elle, mais pouvait-elle lui en vouloir ? « Je te croyais morte ! » C'était pas vraiment étonnant, elle n'a pas donné signe de vie depuis un moment et ce n'était cette fois pas pour un départ vers le Mexique. « Ca fait plaisir à entendre. » Elle marmonne, il peut être rassuré, c'est bien elle qui se tient devant lui. « Je pensais pas te revoir un jour. » C'est le coeur battant qu'elle le fixe alors qu'il vient à la prendre dans les bras. Et il serre fort l'étreinte, trop fort. « Tu vas finir par m'étrangler, là. » Elle exagère à peine. « Cody... » Elle murmure en le touchant alors qu'elle entend du bruit dans le couloir. Adèle empêche son frère de la quitter en le retenant. Et si ce n'était pas un humain, ils semblaient coincés et elle ne comptait pas jouer à l'escalade en passant par la fenêtre.

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Aussi loin que remonte ses souvenirs, Adèle a toujours été téméraire, le genre à foncer dans les emmerdes sans préavis, puis à réfléchir après coup. Beaucoup moins que Ash, certes. Faire pire que lui relèverait du pur suicide, mais c’est peut-être dans le sang des Shephard de réfléchir après coup. Elle n’en sait rien, mais retrouver son frère et pouvoir le serrer contre elle n’a pas d’prix. Elle a tant à lui dire, parce que trop de semaines se sont écoulés, et Carl refusait qu’ils sortent de leur tanière. Mais elle a fini par perdre sa trace quand il a dû aller chercher du ravitaillement. Elle lui avait promis de ne jamais quitté l’appartement. Et elle se devait de l’écouter. Mais les heures ont passés, se transformant en jours, et inquiète, elle lui a laissé certainement des centaines de messages avant d’imaginer le pire. Se pourrait-il que… ? Elle n’ose pas le croire alors qu’elle n’a même pas eu le temps de lui annoncer la nouvelle. Trop peu de temps qu’elle est au courant, mais elle se doit de retrouver son frère, il l’aidera lui, à retrouver le Flanagan. Parce que ça ne peut pas être autrement. Le monde, elle ne le reconnaît et dans la rue, la Shephard regarde de partout, en espérant le retrouver, le revoir, le reconnaître. Et puis, si vite elle arrive devant cette porte, son frère ne tarde pas à la serrer si fort qu’elle finit par se racler la gorge en prononçant son prénom. Pas pour qu’il s’éloigne d’elle, pas pour l’embêter, mais parce qu’une créature est juste devant Adèle. Son cœur rate un battement, et machinalement elle protège son ventre. Elle refuse qu’on vienne faire du mal à ce petit être aussi petit soit-il, qui commence à pousser. « Ne bouge pas, reste derrière moi. » La voix de Cody ne se fait pas prier, et Adèle ne mesure pas le danger. Elle vit d’adrénaline, et surtout elle refuse qu’il se sacrifie pour elle, si il venait à lui arriver quelque chose, qu’est-ce qu’elle ferait ? Adèle recule de quelques pas, tremblante, la peur au ventre. Elle murmure le prénom de son frère, espérant juste qu’il parvienne à le faire fuir. « Dès que j’arrive à te dégager une ouverture, tu fuis Adèle, tu m’entends ? Tu fuis ! » Elle refuse et si aucun son ne parvient à sortir de ses lèvres, elle hoche négativement son visage, hors de question de le laisser dans le pétrin. Hors de question qu’il se sacrifie pour elle. Une larme coule le long de sa joue, mais elle décide néanmoins d’y croire. Parce qu’il lui reste plus que lui, désormais. « Adèle ! Dans mon sac à dos, il y a une arme et un chalumeau ! » En silence, elle récupère l’arme et le chalumeau et arrive vers son frère, sortant de l’appartement à grande vitesse. « Tiens Cody, » elle tend le chalumeau à son frère alors qu’elle découvre l’humain transformé en bas de quelques marches, et son frère en sueur. « Rentre Cody, vient. » Elle tente de tirer son frère avec elle, Adèle ne sait plus si elle doit affronter ou fuir. Elle a passé son temps à fuir, et aujourd’hui ? Que lui resterait-elle si elle vient à prendre la mauvaise décision. Les larmes qui lui coulent, elle se tient pourtant droite, en haut des marches, fixant ce monstre, plein de dégoût. Affrontant ses peurs, affrontant ses fuites. Parce que ce sera peut-être la dernière et elle en a conscience.

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Elle s'en voulait Adèle, elle avait pris trop de risques pour venir ici, et ne souhaitait pas que son frère puisse en pâtir d'une quelconque manière que ce soit. Elle venait de perdre Ash. Will. Carl. Et maintenant, elle refusait que ce soit autour de son aîné, en haut de ses escaliers, tout se passe vite. Trop vite. Tout s'emmêle et elle ne réalise pas que ce sera la fin pour elle, autant que pour leur duo. Une fin qu'elle n'ose totalement imaginer alors qu'ils avaient encore toute la vie devant eux. « Adèle, s’il te plaît…  » Cody se tient derrière elle et tente de la ramener à la raison. Mais il connaît suffisamment sa soeur pour savoir que la raison ne fait pas partie de son vocabulaire, et dans ce monde c'est certainement encore pire. Elle ne parvient pas à passer le temps sans rien faire et elle se dit qu'elle serait sûrement morte si tel avait été le cas, mais parfois l'envie de retourner à la coloc se fait sentir - alors qu'il n'y a plus vraiment de raison qu'elle y retourne. Chelsea est auprès de Logan, elle a régulièrement des nouvelles, mais pas assez suffisamment selon elle. Et Carl, il est au abonné absent depuis qu'il s'est rendu acheter quelques conneries pour eux, chose que regrette Adèle amèrement. Elle aurait mieux fait de pas le lâcher, et de le suivre, quoi qu'il y soit arrivé, à deux ça aurait été plus simple pour eux. « Adèle ! » Elle l'entend loin, mais c'est déjà trop tard. La créature est parvenue à la blesser et cela n'était désormais plus qu'une question de temps pour qu'elle veuille tout dévorer sur son passage. Et si c'est de la chair fraîche c'est encore mieux. Mais la Shephard ne réalise pas, elle ne s'attarde pas, encore trop sonnée, elle finit par se relever légèrement pour s'asseoir à même le sol. Elle ne ressent plus aucun sentiment, plus de peur, plus de larmes, plus de bienveillance, plus d'envie. Le vide. « Cody... Arrête ca... » Son timbre de voix est différent de d'habitude, c'est devenu monotone, sans envie particulière. Mais elle stop son geste avec sa main et c'est plus fort qu'elle ne l'aurait imaginé. Sa force est décuplée. « Tu as mal quelque part ? La tête, la jambe ? Tu penses que tu as quelque chose de cassé ? Tu arrives à te lever ? » Et elle y arrive, étrangement elle ne ressent rien, aucune douleur. Et c'est peut ce qui pourrait inquiéter son frère, qu'elle semble dans un état second. Comme si on avait pris possession de son corps. « Non non non non non. Adèle ? Tu es blessée. » Est-ce que c'est une question ? Une affirmation ? Elle-même n'en savait rien. « Ça va aller. » Pour elle, pas pour lui. Pas pour les autres non plus. « Il faut qu’on te ramène au camp. Tu peux te lever en t’appuyant sur moi ? » Elle fait signe non de la tête, elle l'a sent cette odeur. Cette faim qui l'a tiraille de part en part. Il n'y a aucune guérison possible, aucun remède, juste la mort pour échapper à ses créatures dont elle est devenue désormais. « Tu peux plus rien faire Cody. » Sa voix sabbat, une sentence dont il est pas prêt à remédier. Elle le sait. « Retrouve Carl et protège le de moi et de de nous. » Car bientôt quand la faim prendra le dessus, il n'y aura plus aucun réconfort, plus de soeur qui tienne. Il sera juste une proie, comme Carl, comme tout ses autres. « Fuis-moi Cody. Tant que c'est encore tant. » Les mains de la Shephard qui tremblent et elle ferme les yeux, il n'y a plus rien qui compte désormais.

Ce monde n'était plus le sien et Adèle avait tout fait pour partir à la recherche de ce frangin. Mais les choses n'étaient pas censées se passer ainsi. Elle savait que le monde sombre, toujours davantage mais ils n'avaient pas le choix que d'accepter tout ce qui se passait. C'est ainsi que sans une once d'hésitation, elle parcourt toute la ville et finit par le retrouver, ce frère. Elle n'hésite pas non plus à se rendre chez lui, et quel était le pourcentage de se retrouver face à lui ? Réellement très peu, d'ailleurs elle fut hésitante en traversant le salon, et c'est quand il se retourne, qu'elle comprend que les choses vont enfin rentrer dans l'ordre. Elle va pouvoir enfin le retrouver, et ne plus le lâcher. C'était son plan parce qu'ils ont passé trop de temps loin l'un de l'autre. Ils décident de quitter le lieu qui ne semble pas aussi sur que ça, les zombies sont désormais de partout, si bien que quand elle ouvre la porte et qu'ils tombent nez à nez avec un zombie, Adèle n'a pas d'autres choix que de riposter. Elle ignore où elle trouve cette force, elle ignore ce que tout cela veut dire mais elle ne semble pas hésiter une seule seconde quand elle décide d'affronter la créature, et quand elle parvient à le faire fuir. Elle n'y croit pas de ses yeux, ne pige pas d'où elle trouve la force de l'affronter mais il est déjà trop tard. La douleur s'empare d'elle et des milliers de questions. Que va t'il se passer 2 présent pour elle ? Et pour eux ? Est-ce qu'il va accepter de partir loin d'elle quand bien même le risque est bien présent. « Non… non… Je peux pas, je reste avec toi, ça va aller.  » Les larmes qui coulent le long de lui, elle este immobile, tout et rien à la fois se passent dans son esprit, que pourrait-elle faire d'autre ? Rien de particulier. Elle le sait et Cody n'aura pas le choix que de la voir partir. Elle refusera de lui faire du mal mais elle sait qu'elle ne tiendra pas longtemps. Ses gestes sont plus lents que d'ordinaire, « ça va aller, ça va aller. »  Il l'a fixe, se répète à voix haute comme si il cherchait surtout à se le prouver lui-même. « Tu sais que c'est pas possible. » Bien sûr qu'il le sait, hein. Fallait pas qu'il lui demande de répéter. Elle entend du bruit dans les cages de l'escalier. C'est un peu plus bas mais le bruit se rapproche, et bientôt il lui sera à sa portée. « Passe par la fenêtre... » Elle le couvrira, qu'importe ce que c'est.