Avis de tempête - RCPA Shelter

Le médecin qui prenait en soin Noor lui avait sommé de rester sagement au repos, en particulier sans mobiliser sa cheville, durant les semaines de sa convalescence. Bien entendu, j'étais intimement convaincu que le praticien aurait mieux fait d'ordonner l'inverse à la mexicaine pour que celle-ci daigne agir décemment vu sa condition. Armée de ses chevilles, l'architecte ne se privait pas de vanter son indépendance, quitte à prolonger sa guérison. J'avais cessé de me prendre la tête avec elle sur ce point, jugeant d'une part qu'il s'agissait d'une pure cause perdue et d'autre part considérant que la femme saurait assumer les potentielles conséquences de ses imprudences - dans le pire des cas, je me délecterais de lui signifier que je l'avais bien prévenue.

Noor avait aussi déniché une chatonne près des poubelles. Une petite racaille affamée qui se transformait en véritable gremlin dès qu'on approchait le biberon acheté au vétérinaire qui nous avait confirmé que la bestiole était ni pucée, ni vaccinée ; purement abandonnée en somme, en plus d'être traumatisée par la tempête. Si les premiers jours la chatonne avait passé la plupart de son temps sous le meuble du salon, feulant et crachant sur quiconque s'approchait, dont mon propre chat, Patronus, elle débutait doucement à prendre ses aises dans mon appartement, même sans être appâtée par ses doses de lait quotidiennes. La situation aurait pu être convenablement gérée si je n'avais pas entendu d'autres chatons dans la zone où celle qu'on avait recueillie avait été rescapée par Noor. Je m'y étais rendu plusieurs jours, espérant voir la mère, nourrissant les chatons du mieux que je pouvais. Aujourd'hui, craignant pour la santé des petits, j'avais entrepris de les tirer de cette misère où leur mère ne viendrait manifestement jamais les chercher. Au bout d'une heure et de multiples griffures, j'étais parvenu à en attirer un, sauf que je savais pertinemment que la fratrie était nombreuse et inaccessible. Je redoutais les mettre en danger en continuant d'agir seul, leur cachette les ayant tout de même bien protégé jusque là. Je m'orientais donc vers le refuge avec le chaton sauvage enroulé dans une couverture dans mes bras - étonnement beaucoup plus docile que celle qu'avait ramené Noor à la maison.

« Bonjour, j'ai trouvé ce chat abandonné à Bayside et sa fratrie y est encore. J'aimerais de l'aide pour les attraper, la mère n'est plus là, je pense qu'ils sont orphelins et condamnés si on ne les aide pas. » J'annonçais à la première personne que je croisais, une jeune femme brune aux traits doux.

@Adèle Shephard    

Adèle ne comptait plus ses heures au sein du refuge et c’était bien connu que la jeune femme ne comptait pas se résoudre à lâcher un peu de lest quand toute sa ville a le plus besoin d’elle. Cody était venu prendre de ses nouvelles en compagnie de Shadow et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’est confronté à une Shephard bien trop occupé pour prendre le temps de boire un café plus de quelques minutes en compagnie de son vieux frangin, lui promettant alors de faire attention à elle et de prendre ce temps-là lorsque Brisbane sera redevenue comme avant : une ville joyeuse où les surfeurs glissent avec légèreté sur les vagues, et où le temps de flâner dans les magasins sera de nouveau sa première ambition dans la vie. Ce qui n’était pas le cas aujourd’hui, ni demain, et probablement pas dans une semaine, elle a beau être naïve la Shephard, elle était surtout réaliste quand il s’agit de ses propres animaux, et de ceux de la ville. La tempête avait décidé d’être clémente avec eux, Olga n’avait quasiment rien abîmé des quelques abris extérieur et Adèle peine à croire que c’est simplement grâce à ses bras qui se sont activés ses derniers jours, reconnaissant en revanche que ça les a fortement aidé. Alors qu’elle se trouve en train de nettoyer un nouveau box le temps de la promenade de quelques chiens, la voix d’un homme vient l’interrompre, et elle se retourne vers l’homme avant de baisser son regard sur ce qu’il tient contre lui. « Bonjour, j'ai trouvé ce chat abandonné à Bayside et sa fratrie y est encore. J'aimerais de l'aide pour les attraper, la mère n'est plus là, je pense qu'ils sont orphelins et condamnés si on ne les aide pas. » Elle se relève entièrement, en sortant du box, « venez avec moi, je vais prévenir la véto que vous êtes là. » Elle appelle rapidement Tessa qui se trouve dans sa salle le temps pour eux de la retrouver, alors que Max dépose l’animal sur la table de soin. « Est-ce qu’on peut te le laisser, il y en a d’autres à sauver… » Adèle se retourne vers le jeune homme. « Vous êtes venus en voiture ? » Elle lui demande avant de reprendre en sortant de la salle de Tessa, « j’ai perdu ma voiture dans la tempête et on ira plus rapidement en voiture qu’à pied. » Elle peut aussi trouver un chauffeur de taxi, parce que les transports ne peuvent toujours pas circuler, mais elle ne ferait pas appel à celui qu’elle a eu, quelques jours avant, ce Cameron, qui s’est cru drôle avec son gros bolide. « Moi c’est Adèle, j’espère que vous avez quelques heures à perdre parce qu’attraper des chats, c’est pas toujours le plus évident à faire. » Elle finit par sourire, avant de glisser à un autre bénévole qui se trouve dans le hall qu’elle s’absente quelques heures en expliquant pour les chats, avant d’aller chercher quelques caisses vides et des gants. « Vous êtes prêts ? » Elle lui demande avant de sortir de l’enceinte du refuge pour se retrouver sur le perron.

@Max Novak