Il avait fallu trouver le local idéal pour débuter. Assez grand, mais pas trop. Avec des bureaux à l'étage et de grande pièces en bas. Pas trop en centre-ville, mais pas trop éloigné non plus. Dénicher la perle rare pour le studio fut un véritable travail de fond, coupler par les visites à l'hôpital, les rendez-vous avec les médecins, les insomnies au chevet de Noah. Il va mieux, le petit garçon, opérer juste à temps, sauver par un inconnu a qui nous devons tout. Le soulagement de la nouvelle aura fini de déclencher un véritable réveil dans le couple que nous formions avec sa mère. Il était temps de mettre fin aux faux semblants, temps de se donner notre propre chance en rompant ce lien qui ne cessait de nous briser en milles morceaux. Jamais un divorce ne fut aussi simple à prononcer. Je lui laissais tout, elle n'a rien garder. C'est avec le sourire que l'on a signer les papiers et dans une étreinte que l'on s'est promis de ne jamais réellement se séparer. Le couple n'est plus, mais le lien demeure. À deux, ils prendront toujours une place importante dans ma vie. Le divorce a néanmoins bouleversé mon quotidien, je ne supporte pas d'être seul dans cette maison bien trop immense que j'ai acheté. Elle est magnifique, mais le silence y est oppressant. Alors, je passe ma vie au studio. Le local désaffecté que j'avais trouvé a bien évolué. Les artistes semblent s'y plaire et pour une fois, dans ma vie, mon paternel semble satisfait de mon travail. Tête dans le guidon, je ne lâche rien. Jill est à l'autre bout du monde, je suis fatigué de l'attendre, épuisé de l'aimer autant. Je m'abandonne dans la seule chose qui me tient encore la tête hors de l'eau : la musique.

Tellement que j'en oublie bien trop souvent le reste. La vie que j'ai en dehors de mon travail. Elle n'est pas palpitante, mon niveau de sociabilité étant au ras des pâquerettes. Pourtant, ce soir, j'ai rendez-vous avec Ciara. Mon amie du club des divorcés, celle qui me rend toujours le sourire avec ses anecdotes décalées et sa bonne humeur ambiante. Elle râle toujours que je l'oublie et dans le fond, je crois qu'elle n'a pas réellement tort. Je suis déjà en retard de près de quinze minutes, lorsque je percute enfin que je suis censé la retrouver au restaurant. Elle va me détester. Et il me faut bien trop de temps pour réagir, stopper l'enregistrement que j'étais en train d'écouter et retourner mon bureau pour tenter de trouver les clés.

Essouffler comme jamais, j'arrive devant le restaurant. L'air est bon ce soir, Ciara est installée en terrasse. Je tire sur mon tee-shirt, passe une main dans mes cheveux, comme si cela allait faire la différence et me présente face à elle. La discrétion n'est pas de mise tant je souffle comme un bœuf après mon petit sprint depuis le parking. « Je peux encore faire partie du club ? » Elle aura sûrement eu le temps de réfléchir à une pique bien placée avec toute l'avance que je lui ai donné. « Je m'étais encore perdu dans mon monde. » que j'explique un brin penaud, tel un enfant pris la main dans le sac.


@ciara hogan

pick up the pieces and build a lego house. (ft. @bailey fitzgerald )
 

Les journées de travail sont épuisantes ces derniers temps. Le stress s’accumule et elle a du mal à se dégager du temps pour elle. Au moins, depuis que le divorce a été prononcé, elle n’a plus à appréhender de rentrer chez elle et de prétendre que tout va bien avec le père de ses enfants. Ils n’ont plus à leur mentir et c’est libérateur pour les deux parents. Ce qui fait le plus mal dans tout ça, c’est sûrement les regards de sa fille. Son attitude… Ciara ne sait pas trop sur quel pied danser avec elle. sans doute a-t-elle mal encaissé la séparation de ses parents et les absences répétées de sa mère lui ont trop pesé. Ciara lui laissera le temps. Pour une fois, la rousse a sa soirée de libre. Pas par choix, si ça n’avait tenu qu’à elle, elle serait restée au bureau afin de boucler une affaire en cours, mais son partenaire lui a gentiment proposé de s’en occuper pour la laisser souffler un peu. Elle aurait refusé, bien sûr. Mais il s’est montré plutôt insistant. Dans le fond, elle sait qu’elle en a besoin et que ça lui fera le plus grand bien. Comme d’habitude dans ces circonstances, c’est vers Bailey qu’elle se tourne. Elle ne sait même pas dire à quand remonte leur dernière sortie, ça ne peut pas être si ancien que ça, si ? Bref, le rendez-vous est pris et il ne reste qu’à s’y rendre une fois l’heure venue.

Comme à son habitude, Hogan est en avance d’environ cinq minutes. Fitzgerald est en retard. C’est plutôt fréquent, aussi n’est-elle pas étonnée. Elle profite de ce délai pour passer en revue sa to do list du lendemain. Pour patienter, elle a commandé un verre de rouge qu’elle sirote distraitement sans même faire attention à l’heure. Du coin de l’oeil, elle l’aperçoit arriver en courant. Il a dû se rendre compte de son retard au dernier moment, le pauvre. Elle sourit en le voyant souffler comme un beau diable, reprenant sa respiration après sa course folle. « Je peux encore faire partie du club ? » elle pose verre de vin déjà presque vide et, brièvement, elle plisse le nez, faisant semblant de réfléchir à la question (le tout de manière presque dramatique). Difficile comme réponse, il faut être plutôt honnête. A-t-il démérité son appartenance audit club ? D’après les règles, pas tant qu’il n’est pas remarié. Son visage se fend d’un sourire tandis qu’il continue. « Je m'étais encore perdu dans mon monde. » elle souffle du nez dans un léger rire, secouant la tête. « Je ne sais pas trop... » qu’elle commence en se redressant sur sa chaise. « Mais j’imagine que si le club n’a plus qu’un seul membre, il n’a plus vraiment lieu d’être. » elle rit doucement. A quoi bon être membre d’un club si on en est le seul membre ? L’intérêt est un peu moindre, il faut être honnête. Elle lui adresse un bref signe de tête pour qu’il s’installe sur la chaise d’en face. Un serveur ne tardera pas à repasser dans le secteur une fois qu’il sera assis. « J’espère au moins que ça valait le coup de te perdre ? » demande-t-elle, intéressée par ses potentielles découvertes musicales. Elle sait à quel point il est passionné par ce qu’il fait et l'entendre en parler a quelque chose de rafraîchissant.

Il faut croire que j’ai hérité une chose de mon mariage : le retard légendaire de Ginny. Ce n’était pas autorisé dans ma famille. Un Fitzgerald n’est jamais en retard, ni en avance d’ailleurs, il arrive pile à l’heure. Je l’ai entendu toute ma vie cet adage et désormais, c’est réellement le dernier de mes soucis. En Australie, je n’ai pas d’image à conserver, pas de standard à atteindre. Je ne suis personne au milieu de cette marée humaine alors que je presse le pas pour rejoindre mon amie qui m’attends déjà, probablement, depuis un peu trop longtemps. Dans cette ville, mon nom de famille ne veut rien dire. Dans quelques mois, j’ose l’espérer, il sera associé au tout nouveau label de Brisbane, mais cela n’ira jamais plus loin que cela. Personne ne sait qui sont les Fitzgerald et c’est ma liberté à moi. Je me réapproprie mon identité dans ce pays dont je ne connais encore rien. Les us et coutumes ne sont pas si différent tant est que l’accent diffère, les tournures de langages me surprennent encore et la gastronomie locale est tout ce qu’il y a de plus exotique à mes yeux. C’est nouveau et rafraîchissant. Elle représente cette page de liberté Ciara, lorsqu’elle me sourit alors que je m’arrête enfin à la hauteur de notre table. Verre de vin bien entamé et voilà que je me confonds en excuse qui n’en sont pas vraiment. J’avais oublié, elle me le pardonnera, j’en suis certain. « Je ne sais pas trop... Mais j’imagine que si le club n’a plus qu’un seul membre, il n’a plus vraiment lieu d’être. » Mon rire vient se mêler au sien. « Oh tu sais… » je hausse les épaules, balançant ma main autour de nous. « Je suis persuadé que l’on a des membres anonymes tout autour de nous. » Le divorce est devenu monnaie courante au plus grand dam de mes géniteurs. Ce ne serait pas étonnant que parmi la clientèle certains soient en mesure de rejoindre notre club un peu bancal. « Il est très bien notre club. » que je souligne alors que mon souffle se fait plus régulier et que je peux enfin prendre place en face d’elle.

« J’espère au moins que ça valait le coup de te perdre ? » Un sourire se dessine sur mes lèvres. La musique vaudra toujours le coup. Telle une amante, elle passera bien souvent avant tout le reste. « J’écoutais une démo. » que je confesse, les joues rougissantes malgré tout. Le serveur nous aborde, je commande un verre de vin blanc, redemande la même chose pour mon amie. « Un petit jeune que j’ai découvert à une scène ouverte. Il a du talent, mais il manque un truc. » Elle sait déjà Ciara que lorsque l’on me lance sur le sujet, je deviens intarissable. Heureusement, j’ai appris à m’arrêter de moi-même au fil des années. « Enfin… Comment tu vas ? » que je demande en relevant les yeux vers elle, installer au fond de ma chaise, prêt à passer une excellente soirée en sa compagnie.

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Pour être tout à fait honnête, elle n’a même pas particulièrement prêté attention à l’heure. Son attention était tournée vers les quelques infos qu’elle consultait avant que Bailey n’arrive et… Disons qu’une fois qu’elle a le nez dedans, tout ce qui est autour a tendance à s’effacer. Dans ces moments là, elle est dans sa bulle, complètement coupée du monde. Fitzferald aurait très bien pu avoir un retard de deux heures que ça aurait été pareil. Au final, l’important c’est qu’il soit là. « Oh tu sais… Je suis persuadé que l’on a des membres anonymes tout autour de nous. » Ciara doit bien admettre qu’il n’a pas probablement pas tort. Les statistiques penchent clairement dans ce sens en tout cas. Elle opine du chef en affichant un sourire amusé. « Vrai, très vrai. » C’est tellement courant, maintenant… Certes, les raisons varient toujours, mais au final le résultat reste le même à chaque fois. D’ailleurs, c’est plutôt simple de les repérer, tous ces potentiels membres du club. Il suffit de repérer l’absence de l’anneau traditionnel autour de l’annulaire ainsi que les mines esseulées teintées d’une lueur d’espoir suite à un rendez-vous qui se passe bien. « Il est très bien notre club. » elle souffle du nez dans un bref rire et hoche de nouveau la tête alors que ses doigts jouent distraitement avec le verre devant elle. Finalement, elle termine la gorgée restante et le repose sur la table. « Ca va, on s’en sort pas trop mal. » Compte tenu de la nature dudit club et des circonstances qui ont amené à sa création, ils sont effectivement plutôt bien lotis. Ca s’est relativement bien passé pour eux. Ce n’est pas souvent le cas. « J’écoutais une démo. » Un bref sourire s’affiche sur son visage. Evidemment. Rien de bien étonnant là-dedans, tout le contraire même. C’est ce moment que choisi le serveur pour passer à côté, Bailey commande deux verres, sans doute une façon pour lui de se faire pardonner de son retard. Hogan incline légèrement la tête vers lui pour le remercier alors qu’il reprend. « Un petit jeune que j’ai découvert à une scène ouverte. Il a du talent, mais il manque un truc. » « Quoi donc ? » demande-t-elle, intéressée. S’il y a bien quelque chose qu’elle puisse faire, c’est l’écouter s’extasier sur son travail et ses trouvailles musicales du moment. Ca compense sur le fait qu’elle ne peut pas trop parler de son job. Dans son cas, c’est légèrement plus délicat de tenir une conversation sur ce sujet. Il y a bien quelques anecdotres un peu drôles parfois, mais le reste du temps… Ca risquerait de plomber un peu l’ambiance. Le morbide et les crimes brillent rarement en société. (Encore que.) « Enfin… Comment tu vas ? » Epuisée de se battre constamment contre sa fille sans savoir pourquoi, éreintée de se tuer au travail… Clairement pas au meilleur de sa forme, mais elle encaisse. Peu expansive sur ce genre de détails qu’elle a du mal à partager, elle se contente d’adresser un sourire à Bailey. « Il me manque quelques heures de sommeil, mais ça va, je survivrai. » Nul doute que ça doit commencer à se voir d’ailleurs. Elle croise les mains sur la table en haussant doucement les épaules. « Et toi ? Prêt à nous trouver la future star de demain ? » elle espère sincèrement pour lui qu’il saura dégoter cette perle rare un jour.

Jamais je n'aurais cru, un jour, pouvoir plaisanter sur le fait d'appartenir à un club de divorcer. Si mon père m'entendait parler comme ça, on serait bon pour une leçon de morale longue de deux ou trois jours avec à la clé quelques menaces m'assurant qu'il me ferait tout perdre si je ne réparais pas ma relation. Tout a déjà été dit à ce sujet et pourtant me voilà en compagnie de Ciara à plaisanter sur notre situation maritale. Il était nécessaire que l'on se sépare avec Ginny. La supercherie avait bien assez duré et nous étions las de jouer un rôle quand tout nous prédestinait à n'être que des amis dans la relation la plus platonique de l'univers. « Vrai, très vrai. » Sa confirmation me fait sourire. On devrait être triste d'être les témoins de tant de relation qui parte en éclats. En réalité, ce n'est que le cours de la vie. Parfois, on s'aime, parfois, on se sépare. Rien n’est jamais tout rose comme certains pans de la société voudrait bien nous le faire croire. Je préfère encore être divorcé que coincer dans un mariage aigri comme celui de mes parents ou tout ne se base que sur les apparences. On m'a déjà volé sept ans de ma vie, il était temps de dire stop. De dire merde en réalité. « Ça va, on s'en sort pas trop mal. » Je pouffe un peu alors que Ciara semble débattre sur les bienfaits de notre club à deux. Il est un peu bancal notre duo, mais c'est dans les épreuves que l'on a su se trouver et moi, je les apprécie bien trop nos repas à deux. « Fait pas cette tête. » que je la taquine. « Sinon on va croire que je te force a dîné avec moi. »

Je m'installe un peu mieux en face de la brunette, commande un verre de vin amplement mérité et finis par me détendre enfin un peu. C'est pas quelque chose qui fait réellement parti de mon vocabulaire : la détente. Pourtant je m'y tente un peu plus à chaque moment passer loin de mon studio et de ma grande maison vide. Même quand je ne tiens pas plus de dix minutes sans évoquer mon métier. C'est plus fort que moi, je ne sais pas parler de ma personne sans finir par parler de musique. Elle est pas si intéressante que cela ma vie sous on enlève mon travail et la passion qui m'en transporte. « Quoi donc ? » Elle curieuse de tout Ciara, toujours. Elle me laisse parler de mes artistes, de tout ce qui touche à la production sans jamais rechigner, bien au contraire. « Il est bon, mais y a pas le déclic. » Et dieu que je suis chiant lorsque je commence à chercher la petite bête chez un artiste qui est véritablement bon dans ce qu'il fait. « Je suis persuadé qu'au fond, il a ce petit truc qui le rendrait moins "banal". » Et je trouverais parce que je ne compte pas abandonner le jeune homme alors qu'il semble avoir un avenir très prometteur. Cela demande juste du temps et de la patiente. Temps qui semble clairement manquer à Ciara tant elle semble fatiguée à tenter de me répondre sans éveiller trop de soupçons. « Il me manque quelques heures de sommeil, mais ça va, je survivrai. » « Tu veux en parler ? » Ne pas laisser la brèche se refermer alors qu'elle semble enclin à me donner une réponse ou quelque chose qui y ressemble. Je connais les problèmes qu'elle rencontre avec sa fille même si elle en parle très rarement. « Ca va pas mieux à la maison? » que je demande alors timidement.

La seconde d'après, elle a déjà changé de sujet. « Et toi ? Prêt à nous trouver la future star de demain ? » Un rire nerveux m'échappe alors que je bois une gorgée de mon verre. « On y travaille. » En évitant les pièges tendus par mon père et les visites de plus en plus fréquente de mon frère. « Je crois que je travaille trop. » que je finis par annoncer à voix haute. Je me suis jeté à corps perdu dans mon travail depuis le divorce et je n'arrive plus à savoir si cela est un bien pour un mal. « Tu voudrais pas qu'on se trouve une activité ? En dehors du boulot ? » que je demande sans réellement savoir où cela va nous mener. « En plus des dîners. » que j'ajoute comme pour rappeler qu'en rien la tradition, ne sera brisé.

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« Fait pas cette tête. Sinon on va croire que je te force a dîné avec moi. » elle rit de bon coeur, hochant la tête d’un air amusé avant de regarder autour d’eux, exagérant volontairement le geste. « Pardon, pardon. » l’excuse n’en est pas vraiment une, au même titre que la fausse accusation. Ils se contentent de rester dans la continuité de leurs habituelles plaisanteries. C’est fou comme le simple fait d’être là, à peine quelques minutes à discuter avec Bailey, c’est apaisant. Elle en oublierait presque ses dizaines de piles de dossiers ou encore sa famille en train de complètement imploser sans qu’elle ne puisse rien y faire. « Promis, je vais faire un effort. » à ces mots, son visage se fend d’un sourire radieux qui ne paraît presque pas forcé. Bien vite, ils en viennent à discuter de la raison du retard de Bailey. Rien de nouveau, rien d’inquiétant. Ciara est toujours heureuse de discuter de ça avec lui, même s’il a probablement l’impression de la bassiner avec le sujet, ce n’est clairement pas le cas. « Il est bon, mais y a pas le déclic. Je suis persuadé qu'au fond, il a ce petit truc qui le rendrait moins "banal". » elle hoche la tête d’un air compréhensif. Elle ne saurait pas vraiment l’aider sur le sujet, c’est lui le professionnel après tout. Si elle entendait ce fameux jeune chanter, aucun doute qu’elle trouverait ça bon et serait conquise par la performance. Pas sûre qu’elle remarquerait quelqu’un avec ce truc en plus. « Dans l’attitude ? Sinon un tour chez le styliste ? » elle hausse les épaules, pas vraiment convaincue que ça soit de ce genre de banalité qu’il parle. (Au moins elle essaye.) Il faut dire que dans l’industrie de la musique, le look des artistes représente souvent une marque de fabrique à part entière. Entre deux personnes avec le même niveau de voix, celui qui se démarque visuellement aura probablement plus de chance d’attirer l’oeil. « Tu veux en parler ? » l’irlandaise grimace légèrement, pesant un instant le pour et le contre. Elle n’a pas spécialement envie de gâcher une soirée tranquille en étalant sur la table l’ensemble des problèmes qui rongent son environnement. Elle porte son verre à ses lèvres, décidant qu’un peu de courage liquide lui ferait le plus grand bien. « Ca va pas mieux à la maison? » elle secoue brièvement la tête en reposant son verre, pianotant du bout des doigts avant de relever les yeux vers Bailey. « C’est toujours… Compliqué avec Riley. » Compliqué, c’est un bel euphémisme. Elle souffle du nez avant de se masser les paupières, s’enfonçant un peu plus dans son siège. « Je vois bien qu’il y a quelque chose mais j’ignore quoi. » Et ça la tue de ne pas savoir. De ne pas être capable de faire quoi que ce soit pour arranger les choses avec son enfant. A n’en pas douter, sa fille en aura parlé avec Jackson, ils ont toujours été proches, tous les deux. Être exclue comme ça, c’est pas évident. « Et tu sais comme elle est tétue. » pour le coup, c’est vraiment un trait que la jeune fille tient de sa mère. Quand elle a quelque chose en tête, elle ne fait pas semblant. Ciara rit doucement, amèrement, en secouant la tête en évoquant ce dernier point.

Bien vite, Hogan change de sujet. Les choses plus légères et joviales sont bien plus agréables comme sujet de discussion. « On y travaille. » elle sourit de nouveau. « Je crois que je travaille trop. » à ça, Hogan ricane et lève son verre. Ils sont deux dans ce cas. « C’est bien pour ça qu’on est ici. » elle hoche la tête d’un air presque dramatique. « Tu voudrais pas qu'on se trouve une activité ? En dehors du boulot ? » la proposition est tentante, reste à trouver quoi et quand. « En plus des dîners. » elle n’a pas besoin d’y réfléchir trop longtemps, autant dire qu’elle est carrément partante. « Mais oui ! T’as une idée en tête déjà ? Ou une préférence sur ce qu’on peut faire... » elle se gratte la joue un instant, songeant aux mille et unes possibilités. « Tu préfères une activité sportive ou quelque chose de plus posé ? J’ai vu une annonce pour des cours de peinture il n’y a pas si longtemps… Ou de la randonnée. » au final, tout lui va, à Ciara. De toute façon, ils ne sont pas trop de deux cerveaux pour trouver quelque chose.

j'étais persuadée d'avoir posté ma réponse déjà, ça fait des semaines qu'elle est prête pardon

Au fur et à mesure, je sens mon corps se détendre. Même si je continue à parler travail, je n'en ressens plus la pression, c'est totalement différent. J'en viens d'abord a évoquer ma passion avec la jeune femme. Et j'avais besoin d'évoquer ce petit jeune qui me donne du fil à retordre. Vocalement parlant il est irréprochable, il a une belle voix et surtout, il sait s'en servir. Pourtant, il manque cette petite étincelle qui ferait de lui l'artiste parfait, celui que tout le monde s'arrache et dont les chansons sont un véritable succès. À son froncement de sourcil, je vois Ciara qui tente de s'impliquer le plus possible. « Dans l’attitude ? Sinon un tour chez le styliste ? » Je me fends d'un éclat de rire tant je ne m'attendais pas à cette proposition de sa part. « Ca va il a un chouette look. » Enfin, un style tout ce qu'il y a de plus banale. Je ne compte pas lui donner une couleur de cheveux excentrique ou je ne sais quoi. « En fait, je le trouve un peu banal, même dans ce qu'il chante. » Je soupire longuement avant de prendre une gorgée de mon verre. « Je suis probablement bien trop exigeant. » qui ça étonne encore ? Cela a toujours été ma façon de fonctionner et ce n'est pas Ciara qui pourrait me juger étant donné qu'elle doit pire que moi à ce sujet.

D'ailleurs, je préfère abandonner les discussions sur le travail pour me concentrer un peu plus sur la vie de mon amie. Je sais qu'elle traverse une période difficile avec sa fille et si je ne pose pas de questions, elle ne m'en dira rien. La grimace qui traverse son doux visage n'augure rien de bon. « C’est toujours… Compliqué avec Riley. » Et déjà elle tente d'apaiser la braise en choisissant avec patience le lexique qu'elle va employer. De ce que je sais, rien est compliqué, tout est simplement parti de travers entre elles. Ce n'est pas simple de pouvoir la conseiller lorsque l'on sait que je passe ma vie d'adulte à vouloir pourrir celle de mes parents. Pourtant, c'est avec attention que j'écoute ce que Ciara souhaite me dire. « Je vois bien qu’il y a quelque chose, mais j’ignore quoi. » C'est bien souvent cela, le problème avec les adolescents, paraît-il. Je n'ai de l'expérience qu'avec un petit Noah malade et haut comme trois pommes. Rien de bien comparable. « Et tu sais comme elle est têtue. » « Étonnant, est-ce qu'elle tiendrait de sa mère ? » Je tente de plaisanter pour détendre l'atmosphère, juste un peu. Avant de reprendre mon sérieux. « Tu devrais prendre le temps de lui proposer de faire quelque chose à deux. » Je l'entends déjà soupirer alors que je n'ai pas fini. « Je sais plus facile à dire qu'à faire. » Et je le comprends parfaitement. « Mais à son âge si j'en voulais tant à mes parents, c'est parce qu'ils ne cherchaient pas à me comprendre. » Ils ne l'ont d'ailleurs jamais fait et c'est ce qui a terminé notre relation, il y a des années de cela désormais.

Et comme toujours lorsque le sujet semble un peu trop nous déplaire, on passe à autre chose. Comme un claquement de doigt. Pouf, sujet effacé, au suivant. De là, je lui propose que ce soyons nous qui levions le pied pour une fois, faire autre chose qu'un simple dîner, s'évader un peu, si c'est encore possible. « Mais oui ! T’as une idée en tête déjà ? Ou une préférence sur ce qu’on peut faire... » Je secoue la tête à la négative. « Pas vraiment à vrai dire. » Ca m'apprendra à jeter des idées en l'air comme ça. « Tu préfères une activité sportive ou quelque chose de plus posé ? J’ai vu une annonce pour des cours de peinture, il n’y a pas si longtemps… Ou de la randonnée. » « NON ! Pas la peinture. » Elle va probablement me prendre pour un dingue de gueuler comme cela, mais ce fut plus fort que moi. Qui dit atelier peinture dans cette ville dit Ginny ou pire Auden. Non vraiment, je pourrais très bien m'en passer. « L'idée d'une rando, c'est cool... Ou du surf même, j'ai jamais essayé. » En même temps, ce n'est pas à Londres que l'on va trouver les meilleures vagues pour ce genre d'activités. « T'es là depuis plus longtemps que moi, y a des trucs typiquement australiens que je devrais connaître ? » Histoire de bien m'imprégner de la culture des environs, après tout.

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Elle essaie, Ciara. Elle fait de son mieux pour comprendre et donner un avis sur une question qui, au final, ne la concerne pas vraiment. Après tout, elle ne connaît rien de ce jeune homme, la musique n’en parlons pas et la mode dans le milieu musical… C’est encore autre chose. Alors elle lance quelques idées en l’air, au moins histoire de participer. Au moins ça les amuse tous les deux, ce petit jeu. Bien sûr, la policière ne trompe personne avec ses connaissances limitées sur le sujet, et encore moins Bailey. « Ca va il a un chouette look. » elle secoue doucement la tête en souriant. Bon, le look du jeune pas-si-prodige n’est pas un problème visiblement. « En fait, je le trouve un peu banal, même dans ce qu'il chante. » Ouch. Hogan mimique l’expression en plissant le nez, dur pour le pauvre garçon. Heureusement qu’il n’est pas là pour subir tout ça. Non pas qu’il y ait quoi que ce soit de méchant dans leur échange, elle imagine que la plupart des artistes qui tentent de percer ou qui l’ont déjà fait sont familiers avec des remarques bien plus tranchées et véhémentes. Que ça soit pour leurs performances ou leur apparence. « Je suis probablement bien trop exigeant. » elle penche la tête sur le côté, acquiesçant brièvement. La situation est compréhensible, elle-même n’attend que le meilleur de la part de ses collaborateurs. C’est peu dire que la considérer comme quelqu’un d’extrêmement pointilleuse dans son travail. « Tu finiras bien par trouver. Si ce n’est pas lui, ça sera un autre. » conclue-t-elle un peu plus sérieusement. Le talent, ça prend du temps à trouver.

Le sujet dérive un peu et se dirige vers l’inévitable. La question de la famille. Elle explique au mieux, sans trop rentrer dans les détails que les choses sont complexes et qu’elle ne sait pas trop où donner de la tête. Sa gorge se serre lorsqu’elle parle de sa fille et de son caractère bien trop similaire à celui de sa génitrice. Bailey ne manque d’ailleurs pas de rebondir là-dessus. « Étonnant, est-ce qu'elle tiendrait de sa mère ? » Ciara le regarde d’un air théâtralement outré. « Impossible qu’elle tienne ça de moi voyons. » Elle le sait, lui aussi. Il est dans le vrai et c’est sûrement bien là le fond du problème. « Tu devrais prendre le temps de lui proposer de faire quelque chose à deux. » une légère grimace se dessine sur ses traits et elle acquiesce lentement, sa tête bougeant à peine. C’est une idée à explorer, reste plus qu’à trouver quoi. Peut-être que Jackson saura lui donner quelques conseils, il est le mieux placer pour savoir ce que la gamine aime. «  Je sais plus facile à dire qu'à faire. » une nouvelle fois, Hogan hoche la tête. Le plus gros problème, ça va être qu’elle accepte, Riley. « Mais à son âge si j'en voulais tant à mes parents, c'est parce qu'ils ne cherchaient pas à me comprendre. » elle fronce les sourcils et se redresse quelque peu. « J’essaie pourtant, mais ça se termine toujours… Mal. » par des cris, par de la frustration, par de l’incompréhension. « La dernière fois qu’on a… Parlé, j’ai failli faire plus ample connaissance avec la porte de sa chambre. » elle soupire doucement et se masse les paupières. « Mais je garde ton idée dans un coin, je trouverai bien quelque chose. » c’est tout ce qu’elle peut espérer. Ca fait si longtemps qu’elle n’a rien vraiment partagé avec Riley.

Au moins avec Bailey, elle est sûre que si elle propose une activité elle ne se heurtera pas à un mur. Alors ils cherchent un peu quoi partager d’autre, ce ne sont pas les options qui manquent après tout. « Pas vraiment à vrai dire. » Forcément. Quelques propositions sont lancées, et sa réaction est assez surprenante. « NON ! Pas la peinture. » elle le regarde un peu curieuse de son attitude, mais lève les mains en guise de reddition, n’insistant pas plus sur la peinture. C’est dommage, ça aurait pu être amusant pourtant. « L'idée d'une rando, c'est cool... Ou du surf même, j'ai jamais essayé. » « Bonne idée ça le surf, j’ai testé une fois ou deux. » au moins ils partiraient du même niveau et apprendraient en même temps. « T'es là depuis plus longtemps que moi, y a des trucs typiquement australiens que je devrais connaître ? » elle réfléchit quelques instants. « Oh il y a bien toutes les activités un peu touristiques qui sont à faire au moins une fois… Si tu n’as pas peur des profondeurs et des requins, il y a la plongée en cage, c’est assez impressionnant. Sinon la plongée plus classique, il y a énormément d’endroits incroyables dans tout le pays. » elle fait tourner son verre entre ses doigts et ça paraît aussi comme une évidence. « Il y a des cours d'oenologie pour les amateurs. » elle affiche un demi-sourire. Pas tout à fait sérieuse dans sa proposition, ça reste une option qui peut également être intéressante.

« Impossible qu’elle tienne ça de moi voyons. »
« Bah voyons, quel idiot je suis. »

Bien sûr que je la taquine alors que je sais parfaitement où frapper juste. Il n'y pas besoin d'être devin pour savoir que Ciara possède un sacré caractère et que, bizarrement, sa fille en prends le même chemin. Ce n'est pas la première fois qu'elle évoque leurs tensions et j'aimerais tellement pouvoir l'aider un peu plus. Elle ne le dira jamais vraiment, mais je sais que mon amie est profondément ennuyée par tout cela. Dans le fond, elle ne fait que chercher des solutions. « J'essaie pourtant, mais ça se termine toujours… Mal. La dernière fois qu’on a… Parlé, j’ai failli faire plus ample connaissance avec la porte de sa chambre. » Mais il faut croire que cela finit toujours en un échec cinglant. En rien, je ne suis le mieux placé pour lui donner des conseils sur comment élever un adolescent. J'essaye juste de me demander comment j'aurais réagi à l'âge de sa fille. ll est vrai, que je ne voulais pas spécialement passer de temps avec mes parents à l'époque, mais ils n'ont jamais cherché à comprendre quoique ce soit, c'est comme ça que tout a été perdu. « Mais je garde ton idée dans un coin, je trouverai bien quelque chose. » Je hoche la tête et bois une gorgée de mon verre de vin, avant de réaliser pleinement. « Elle aime la musique ta fille ? » Je crois que je la tiens l'idée qui pourrait provoquer un petit, quelque chose, un rapprochement. « Je connais assez de personne dans l'industrie pour vous avoir des places au concert de son choix. » que je propose alors en souriant quelque peu. Oui chez moi la musique réussira forcément à apaiser les choses entres elle, ça ne peut pas fonctionner autrement. Alors j'espère, pour mon amie.

On en vient à parler activités que l'on pourrait faire entre nous, et lorsqu'elle propose les ateliers peintures en ville ma réaction est tout ce qu'il y a de plus excessive. Un brin trop même au vu du regard qu'elle me lance. Nerveux, je pouffe quelque peu avant de relever le regard vers la brunette. « Mon ex-femme tient les ateliers en ville. » que je lui avoue alors doucement. « Je l'adore, mais c'est clairement pas une bonne idée de me pointer là-bas. » Surtout si Auden est là. Non vraiment, il vaut mieux que l'on se trouve une activité bien plus éloignée de ce genre de terrain. Et il faut dire que Ciara n'est clairement pas à cours d'idée sur le sujet. « Bonne idée ça le surf, j’ai testé une fois ou deux. » « Ca pourrait être très drôle. » que j'avance alors qu'il paraît certain que le Londonien que je suis ne sera clairement pas à l'aise dans l'eau. Elle pourrait se moquer de moi de manière indéterminée ainsi. « Oh il y a bien toutes les activités un peu touristiques qui sont à faire au moins une fois… Si tu n’as pas peur des profondeurs et des requins, il y a la plongée en cage, c’est assez impressionnant. Sinon la plongée plus classique, il y a énormément d’endroits incroyables dans tout le pays. » Et je manque de m'étouffer en entendant tout cela. « Vous nagez avec les requins ?! » Bande de fou dans ce pays. J'étais déjà pas enchanté par les nombreuses bêtes que l'on peut rencontrer ici, mais alors des requins. « Ouais, non, mais la terre ferme, c'est bien aussi. » Oui, je préfère largement même. « Il y a des cours d'œnologie pour les amateurs. » « Ah! Là, tu sais me parler. » que je taquine à nouveau. « Le vin, c'est moins dangereux que les requins. » C'est acté, on penchera plutôt pour ce genre d'activité. « Je suppose que tu prends jamais de congé toi, si ? » Après tout, qui ne tente rien n'a rien.

pick up the pieces and build a lego house. (ft. @bailey fitzgerald )
 

La policière roule des yeux de manière exagérée au possible, un sourire toujours accroché au coin des lèvres. Le sujet épineux de Riley vient sur le tapis et c’est toujours compliqué pour Ciara. D’une certaine manière, elle a l’impression d’échouer quelque part sans pour autant réussir à mettre le doigt dessus. Et c’est particulièrement frustrant. De ce fait, sa relation avec sa fille semble tourner en rond, sans aucune chance de réussir à améliorer quoi que ce soit. C’est pourtant pas faute d’essayer… Alors elle fait au mieux pour garder bonne figure, espérant que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. (Elle le sait pourtant, que ça ne fonctionne pas comme ça.) « Elle aime la musique ta fille ? » Ciara lève les yeux vers Bailey, légèrement confuse. Non pas par la question qu’il pose, mais plutôt par la réponse qu’elle est supposée lui donner. L’écart entre mère et fille s’est tellement creusé qu’elle ne sait même pas répondre à ça avec certitude. Elle cherche dans un coin de sa mémoire, espérant y trouver un semblant de réponse mais c’est peine perdue. Jackson sait, lui. Il devrait être capable de l’aiguiller. Possiblement. Encore faut-il que Riley accepte quelque chose qui vienne de sa mère. « Je connais assez de personne dans l'industrie pour vous avoir des places au concert de son choix. » il a l’air concerné et ça la touche beaucoup. Elle hoche doucement la tête. « Il faudra que je me renseigne sur ce qu’elle aime. Sûrement le genre de musique avec beaucoup de basses. » elle suppute cette dernière partie qui est pourtant plutôt évidente. Avec la surdité dont est affublée sa fille, elle ne peut malheureusement pas écouter tout ce qu’elle veut, encore moins en concert. D’après les médecins, les sons graves sont bien plus facilement perceptibles. Et avec la fréquence des basses, ce n’est pas pour rien qu’on peut les ressentir bien plus puissamment que les autres notes.

Passant à d’autres sujets qui les concerne plus directement, Bailey s’empresse de refuser les potentiels ateliers peinture avant de s’expliquer. « Mon ex-femme tient les ateliers en ville. » Ah oui, forcément. « Je l'adore, mais c'est clairement pas une bonne idée de me pointer là-bas. » elle acquiesce doucement, affichant un léger sourire en coin. « Effectivement, on peut rayer cette idée de la liste. » après tout, il y a bien assez d’activités existantes pour qu’ils y trouvent chacun leur compte. Autant éviter au maximum les possibles situations malaisantes ou gênantes qui pourraient arriver. Quoi que c’est ce qui risque d’arriver s’ils se mettent au surf. C’est loin d’être le sport de prédilection de Ciara et autant dire qu’ils seraient tous les deux comme des débutants sur leurs premières sessions. A voir qui aurait le plus d’équilibre. « Ca pourrait être très drôle. » elle sourit de nouveau en hochant la tête. « J’espère que t’as pas peur de boire la tasse. » plaisante-t-elle de bon coeur. Ca rigole pas avec les vagues Brisbane. Et de son côté, elle l’a déjà bue plus d’une fois lors de ses quelques sessions. « Vous nagez avec les requins ?! » pour toute réponse, elle hausse les épaules d’un air désinvolte, laissant un peu planer le mystère. Une activité touristique qui vaut le coup au moins une fois, si vous lui demandez son avis. « Ouais, non, mais la terre ferme, c'est bien aussi. » Ca n’a pas l’air d’être le cas de Bailey, mais encore une fois, ce n’est pas bien grave. Elle évoque donc cette fois les fameux cours qui consistent à savoir déguster du vin. Un autre classique du coin. « Ah! Là, tu sais me parler. » Là ils parlent. Pas étonnant qu’il retienne cette proposition là plutôt qu’une autre. « Le vin, c'est moins dangereux que les requins. » elle affiche une très brève grimace en secouant négativement la tête, en profitant pour boire une gorgée de son verre (ça reste dans le thème.) « Oh tu sais, je suis à peu près sûre que les statistiques sauraient te surprendre. » elle ne les a pas en tête, mais elle est à peu près sûre qu’il y a moins d’attaques de requin que de personnes concernées par un accident impliquant une méchante cuite au vin. « Je suppose que tu prends jamais de congé toi, si ? » elle repose son verre, s’humectant les lèvres. « Pas souvent, mais si je sais à l’avance je peux m’arranger, j’ai bien assez de jours à poser pour que ça se fasse sans soucis. » pour son ami, elle le ferait sans hésiter. En temps normal, elle ne voit juste pas l’intérêt de le faire. En résulte un sacré nombre de jours de congés non posés. « Je suis à peu près sûre qu’il existe des vignobles pas trop loin qui proposent des formules intéressantes pour nous. »

Il faut avouer que je ne m’y connais pas vraiment en ce qui concerne l’éducation d’un adolescent. Je n’ai eu à gérer qu’un petit garçon haut comme trois pommes jusqu’à aujourd’hui, je ne connais pas encore les crises d’adolescences et tout ce que cela comporte. Je fais de mon mieux pour apporter un peu de soutien à mon amie qui semble se noyer dans tout ce que sa fille lui fait subir depuis le divorce. Elle est coriace la jeune Hogan, mais j’imagine qu’il y a un bon nombre de choses qu’elle doit apprécier comme tous les adolescents de nos jours. « Il faudra que je me renseigne sur ce qu’elle aime. Sûrement le genre de musique avec beaucoup de basses. » Je hoche la tête, souriant quelque peu. « Qu’importe ce qu’elle aime, tu me dis le nom et je m’occupe du reste. » Même si c’est un groupe dont je n’ai jamais entendu parler, je connais assez de monde dans l’industrie pour finir par trouver la personne qui gère le groupe que la fille de Ciara apprécie. Ce n’est qu’une question de volonté après tout.

Le sujet change du tout au tout lorsque l’on tente désespérément de se trouver une activité en dehors de nos boulots. Les deux workaholic qui tente tant bien que mal de se rassurer en se persuadant qu’ils ont une vie en dehors de leur travail. Cela pourrait être drôle, mais on tente si fort que l’on se doit d’avoir un minimum de sérieux pour tout ça. « Effectivement, on peut rayer cette idée de la liste. » On oublie donc les cours de peinture avec mon ex-femme. L’idée était déjà mauvaise de base. Voilà qu’elle me parle de quelque chose de véritablement dangereux, elle veut me foutre sous l’eau avec un requin. Non, mais vraiment ces Australiens. Bande de tarer. « Tu me fous pas dans une cage sous l’eau, nan, nan. » Je secoue la tête plusieurs fois préférant boire du vin jusqu’au coma plutôt que d’aller taquiner le requin dans son habitat naturel. « Oh, tu sais, je suis à peu près sûre que les statistiques sauraient te surprendre. » Je râle pour la forme. « Le vin, c’est très bien. » dis-je en soulignant le tout en prenant une énième gorgée de mon verre qui commence à se terminer. « On devrait se prendre une bouteille d’ailleurs. »

J’ose amener le sujet des congés, mais on pourrait vraiment rire de ça aussi. « Pas souvent, mais si je sais à l’avance, je peux m’arranger, j’ai bien assez de jours à poser pour que ça se fasse sans soucis. » « Ça pourrait pas faire de mal, non ? » Dis le gars qui n’a pas pris de congé depuis son mariage, autrement dit huit longues années. J’ai préféré me noyer dans mon travail plutôt que prétendre que tout allait bien dans mon foyer. C’est idiot, mais c’est comme cela que tout fonctionnait entre Ginny et moi. « Je suis à peu près sûre qu’il existe des vignobles pas trop loin qui proposent des formules intéressantes pour nous. » À nouveau, je hoche un peu la tête. « Il paraît que Sirromet Wines c’est plutôt pas mal, c’est juste après Bayside. » Autrement dit pas trop loin, mais assez pour nous offrir une pause ou un semblant de. « Même juste un weekend, non ? » L’idée semble folle, mais pourquoi pas après tout. « Ce serait déjà un exploit pour nous. » que je plaisante alors que le serveur nous amène nos plats. « Tu sais quoi, on a pas le droit de trouver une excuse pour se sortir de ça. Deal ? »

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Il y a vingt ans, si on lui avait dit que gérer des adolescents était si compliqué, elle aurait peut-être réfléchi à deux fois avant de s’engager dans un chemin si tortueux. Pourtant les premières années avaient été tout simplement incroyables. Riley était une fillette pleine de vie, la petite famille vivait ses meilleures années loin des problèmes de couple et des crises d’ado. Un avant goût plutôt encourageant pour la suite, en somme. Elle semble si loin, cette époque. « Qu’importe ce qu’elle aime, tu me dis le nom et je m’occupe du reste. » Ciara acquiesce en souriant, heureuse d’avoir quelqu’un comme Bailey pour l’épauler dans les moments difficiles. Maintenant, il ne lui reste plus qu’à mener sa petite enquête et trouver des réponses à lui apporter. « Je te tiendrai au courant. » son regard se pose un instant sur son verre, puis retourne vers Bailey. « Merci. » ce simple mot exprime pourtant beaucoup de choses en cet instant. A commencer par toute la reconnaissance qu’elle a envers son ami.

La réaction de Fitzgerald à l’idée d’aller nager en compagnie des gros poissons est plutôt drôle à voir. Elle comprend tout à fait que ça puisse intimider, mais ça n’en reste pas moins amusant. « Tu me fous pas dans une cage sous l’eau, nan, nan. » Ciara ricane doucement en secouant la tête. « Le vin, c’est très bien. » ajoute-t-il, visiblement sûr de lui. Dire qu’elle est étonnée de son choix serait un mensonge éhonté. Mais qui sait, d’ici quelques mois (ou quelques années), peut-être qu’elle réussira à le convaincre de tenter l’aventure. De son point de vue, c’est quand même une expérience qui mérite d’être vécue au moins une fois dans sa vie. « Un jour j’y arriverai, je n’ai pas dit mon dernier mot. » le sourire qu’elle arbore en dit long. C’est un défi personnel qu’elle vient de se lancer, et qu’importe le temps que ça prendra, elle tient à ce qu’il vive ça au moins une fois. « On devrait se prendre une bouteille d’ailleurs. » un bref coup d’oeil vers leurs verres plus ou moins vides et elle ne peut qu’acquiescer. C’est que discuter, ça donne soif. « Une idée brillante. » et aussitôt dit, aussitôt fait. Après tout, ils sont là pour laisser leurs petits soucis de côté et les extérioriser. (Pas spécifiquement dans l’alcool, mais ça peut aider éventuellement.)

C’est d’ailleurs ce qu’ils prévoient de faire avec les congés évoqués. Hogan ne se souvient pas vraiment de la dernière fois qu’elle en a pris. Une journée par-ci, une journée par-là, mais rarement plus de deux jours d'affilée. « Ça pourrait pas faire de mal, non ? » elle hoche la tête. Il faut bien se rendre à l’évidence, ni l’un ni l’autre ne pourra continuer à se tuer au travail indéfiniment. Quelques jours pour évacuer la pression et se ressourcer ne pourront qu’être bénéfiques. Et puis, en le sachant suffisamment longtemps à l’avance, elle peut avancer son travail et partir l’esprit tranquille. « Il paraît que Sirromet Wines c’est plutôt pas mal, c’est juste après Bayside. » elle n’est pas experte en la matière, mais, de par la proximité de l’endroit, elle en a forcément entendu parler au moins une fois. « Oh oui, j’en ai eu de bons retours de celui-là. » « Même juste un weekend, non ? Ce serait déjà un exploit pour nous. » elle ne peut s’empêcher de rire doucement. « Je suis même sûre que si on en parle à quelqu’un, personne ne nous croira. » Bailey et Ciara qui prennent des vacances, on dirait le début d’une blague. « Mais j’imagine qu’ils doivent avoir des tarifs avec hébergement pour un weekend complet. » il faudra qu’ils se penchent sérieusement sur la question une fois chez eux. Une vague excuse pour boire et s’amuser (de manière un peu classe, bon.) C’est ce moment que le serveur choisi pour revenir avec leurs commandes. Ciara le remercie brièvement avant de revenir vers Bailey. « Tu sais quoi, on a pas le droit de trouver une excuse pour se sortir de ça. Deal ? » elle ne peut s’empêcher de sourire. « J’allais justement proposer ça. » ils se connaissent, à force. « J’ai l’impression qu’on s'apprête à faire un pacte qui va changer notre vie à jamais. » plaisante-t-elle en remplissant leurs verres, puis en levant le sien. « A notre futur weekend loin du travail. » pour certains ça peut paraître anodin, mais pour des acharnés du travail comme eux, c’est un grand pas en avant.

« Un jour j’y arriverai, je n’ai pas dit mon dernier mot. » Elle est persuadée de pouvoir me jeter dans une cage au fond de l’Océan pour observer des requins. « L’espoir fait vivre. » que je lui assure, levant mon verre dans sa direction. Il faut dire que mon esprit aventureux ne se manifeste généralement qu’en présence de Jill. On m’a toujours appris à ne pas sortir des sentiers battus, à rester dans la norme sans jamais rien tenter de bien fou si ce n’est suivre les pas du paternel. C’est pourtant ce que j’ai choisi de quitter en divorçant. Il est temps d’oser un peu, mais pour le moment, je préfère commander une bouteille de vin. C’est par vraiment l’aventure, mais ça permettra de se changer les idées. D’ailleurs, on se décide pour un début d’aventure dans un de ses domaines non loin de Brisbane. C’est pas complètement fou, mais pour nous, c’est déjà une sacrée étape. « Je suis même sûre que si on en parle à quelqu’un, personne ne nous croira. » Je pouffe de rire secouant la tête. « Oh quand même ! » Non, elle a parfaitement raison. Personne ne voudra nous croire lorsque l’on va dire que l’on prend un weekend en dehors du travail. Cela en dit probablement bien trop sur nous. Les deux addicts au taff. « Mais j’imagine qu’ils doivent avoir des tarifs avec hébergement pour un weekend complet. » « On doit pouvoir trouver ça. » Cela sonnerait presque romantique, mais il n’y a aucune confusion là-dessus. On ne sera que deux amis qui tentent de profiter d’un weekend loin de la vraie folie. Encore faut il que l’on se tienne à tous les plans que l’on est en train de lancer sur la comète. Je lui impose un deal, elle semble en sourire. « J’allais justement proposer ça. » « Parfait. » On dirait que l’on arrive à un certain accord. « J’ai l’impression qu’on s'apprête à faire un pacte qui va changer notre vie à jamais. » À nouveau j’éclate de rire. « C’est déjà un grand pas vers l’avant, non ? » On prend en main nos vies de nouveau célibataire, on essaye de créer un peu de changement. « On va y aller doucement sinon on va faire tomber la neige. » Ce serait probablement la fin du monde à Brisbane si c’était le cas. « A notre futur weekend loin du travail. » « A notre weekend ! » Je fais trinquer mon verre avec le sien dans un nouveau sourire.

Le reste de la soirée se déroule le plus calmement du monde, sans pression, avec des discussions simples et juste une pause dans le temps. C’était ce dont on avait besoin et nos plans paraissent un peu fous, mais je sais que l’on ira au bout. On prendra le temps de dire merde à cette vie qui parfois nous enferme dans une bulle, pour mieux aller s’échapper ailleurs.