“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

Ces dernières semaines ont été riches en émotions et en rebondissements. Je passe la plupart de mon temps chez Alex ce qui n’est pas toujours très pratique parce que le quartier de Redcliffe n’est pas à côté de mon restaurant alors je perds de précieuses heures de sommeil puisque je suis obligé de me lever plus tôt. Le pire c’est que je sais pourquoi Alex préfère que ce soit moi qui aille chez elle ; elle ne veut pas croiser Prim. Parce qu’elle pense encore que je ne suis pas au courant qu’elles se connaissent. J’ai fait exprès de ne rien lui dire dans l’espoir qu’elle m’en parle d’elle-même. Mais non, rien. Et ça m’énerve parce que je pensais sincèrement qu’elle me le dirait un jour ou l’autre. Mais elle semble penser que se taire et continuer à me mentir encore est la meilleure des solutions. Pourtant je pensais qu’elle avait compris que si elle voulait qu’entre nous ça fonctionne il va falloir qu’elle soit honnête avec moi. Encore une fois son attitude me déçoit. Mais en tout cas j’ai réussi à la convaincre de passer la soirée de vendredi chez moi lui prétextant que j’avais un rendez-vous avec le comptable samedi matin tôt au restaurant. Ce qui n’est même pas vrai. Bon, oui je suis de service samedi midi mais je n’ai absolument aucun rendez-vous avant de commencer à travailler. J’ai une idée en tête qui peut certes paraître un peu radicale mais je pense sincèrement que ça peut fonctionner.

Samedi matin il est dix heures, je suis dans la salle de bain en train de finir de me préparer pour partir travailler mais avant ça, je dois mettre mon petit plan à exécution. Alex est dans ma chambre en train de faire je ne sais quoi, enfin du moins je suppose qu’elle n’est pas encore sortie de peur de croiser ma sœur. J’aurais tellement aimé qu’Alex soit honnête avec moi et qu’elle me dise qu’elle a déjà vu ma sœur une fois et que les choses ne se sont pas très bien passées entre elles. D’ailleurs je ne peux pas m’empêcher de me demander encore et toujours ce qu’elles ont bien pu se dire pour que les choses semblent si compliquées entre elles. Elles se sont comportées comme des garces apparemment si j’en crois les dires de ma sœur. Heureusement qu’elle est là et qu’elle a su me dire la vérité, elle. Je sors de la salle de bain pour retourner dans ma chambre, Alex y est toujours ; très bien. Je prends les clefs de ma chambre que je range dans la poche de mon jeans et puis je me retourner vers Alex. « Bouge pas, j’arrive. » Je lui dis doucement tout en me penchant vers elle pour lui voler un baiser, et je quitte ma chambre. Elle va me détester. Elles vont toutes les deux me détester. Mais très bien au moins leur haine passagère envers moi leur fera un premier point commun et je suis prêt à en subir les possibles conséquences. Je n’ai pas beaucoup de mal à trouver Prim puisqu’elle est dans le salon. « Viens j’ai besoin de ton avis sur un truc. » Je lui dis, espérant qu’elle ne trouve pas ça suspect. J’ai besoin de l’attirer dans ma chambre. Oui bon je sais que sachant que je parle de ma sœur cette phrase peut sembler légèrement bizarre, je vous l’accorde. Mais croyez-moi ce n’est pas du tout ce à quoi vous pouvez penser là, maintenant tout de suite. Et Prim n’a pas l’air de se poser beaucoup de questions puisqu’elle se lève et me suit. J’ouvre la porte de ma chambre pour y entrer, Alex n’a pas bougé comme je lui ai demandé. Très bien. Je me retourne vers ma sœur qui semble l’avoir vu à l’intérieur et elle n’a pas l’air de vouloir y entrer. Merde. Je soupire et j’attrape doucement la main de ma sœur pour l’attirer à l’intérieur. Elles sont toutes les deux à l’intérieur et elles ont l’air complétement confuses. Je me place dans l’encadrement de la porte, mes yeux se posent sur ma sœur et puis ensuite sur Alex. « Bon écoutez, je sais pas exactement ce qu’il s’est passé entre vous, ni même ce que vous avez bien pu vous dire pour vous détester autant et honnêtement je suis pas sûr de vouloir en savoir plus. » Enfin si, par curiosité je voudrais tout savoir. Mais ça ne me regarde pas alors je préfère rester dans l’ignorance. Je repose mon attention sur Alex. « Oui parce qu’heureusement que ma sœur m’a dit que vous vous connaissiez, vu que toi t’avais pas l’air décidée à m’en parler. » C’est clairement un reproche que je lui fais parce qu’elle aurait dû m’en parler. Et j’espère sincèrement qu’elle ne va pas essayer de me sortir des excuses parce que je ne suis pas sûr d’être d’humeur à les entendre. « Je vous demande pas d’être les meilleures amies du monde. Je vous demande même pas de devenir amies. Tout ce que je veux c’est que vous appreniez à vous respecter et à tolérer la présence de l’autre. » Je les regarde tour à tour. Primrose c’est ma petite sœur et même si je ne suis peut-être pas très doué pour lui montrer elle est et restera toujours l’une des personnes les plus importantes pour moi. Et Alex, même si les choses sont encore un peu compliquées voire même floues pour nous deux, je l’aime et je veux vraiment qu’on arrive à surmonter tous ces obstacles. « Du coup je pense que vous avez des choses à vous dire toutes les deux. Alors démerdez-vous, mais vous avez plusieurs heures pour parler et mettre les choses au plat. Moi je vais bosser et je reviendrai une fois le service terminé. Évitez de vous entretuer j’ai pas envie d’avoir du sang sur mes murs. » Et ce sont des dernières choses que je leur dis avant de fermer la porte de ma chambre à clef. Et j’ai le double également avec moi comme ça, elles ne peuvent pas sortir et seront bien obligées à parler à un moment ou à un autre. Je les laisse alors derrière moi et je pars travailler, espérant sincèrement qu’elles parviendront à parler sans avoir envie de s’étriper.

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

Elles sont devenues rares les nuits que je passe sans lui, la plupart du temps, c'est à mon appartement que l'on se retrouve. Je vis seule, c'est quand même bien plus pratique, surtout pour moi. Mon appartement, il n'y a ni Primrose, ni le cadre de son ex dans ma table de chevet. Il n'y a aucun risque de voir débouler quelqu'un de sa famille ou de son entourage, aucun risque d'être dérangés non plus. Oui mon appartement est dans un coin de la ville qui ne l'arrange pas, qui est loin de son boulot, loin de chez lui, et dans un secteur beaucoup trop bruyant, mais c'est mon appartement et j'aime partager cet endroit avec lui. Chez moi, c'est juste lui et moi, juste nous. Sauf que hier il m'a convaincu de venir passer la nuit chez lui, ce n'est pas ma première, mais elles sont très rares les nuits que j'ai passé chez lui. Mais son excuse est valable, et moi je ne travaille pas alors je fais l'effort, n'ayant aucunes excuses valables à lui fournir pour expliquer un refus. Alors je passe la nuit chez lui, évitant soigneusement de croiser sa colocataire, privilégiant de faire ma vie dans sa chambre et de sortir qu'en cas de soucis majeur. Il est en train de se préparer dans la salle de bain et j'entends l'eau de la douche. J'hésite quelques secondes à l'idée de le rejoindre, mais je sais qu'il est attendu pour une réunion, enfin c'est ce qu'il m'a dit même si au vu de l'heure, sa réunion ne semble finalement pas être aussitôt qu'il semblait me le dire la veille. Enfin, je le laisse se préparer et je sors de mon sac mon ordi portable, histoire de travailler un peu. Il sort de la salle de bain et je relève la tête vers lui. « Bouge pas, j’arrive. » Il m'embrasse et je lui souris. Pourquoi je bougerai ? Je suis bien dans son lit moi. Il sort de la chambre et je me replonge sur l'écran de mon ordinateur. La porte s'ouvre à nouveau quelques secondes plus tard, je relève la tête par réflexe souriante. Il entre dans sa chambre et mon sourire disparaît assez vite quand je m'aperçois qu'il n'est pas seul. Mais pourquoi il est allé chercher sa sœur ? Je pousse l'ordi sur le lit et je me lève du lit. Je fronce les sourcils en signe d'incompréhension. Je n'ose rien dire, je ne comprends juste pas ce qu'elle fait là, enfin si elle est plus chez elle que moi, mais la chambre de son frère, c'est mon domaine. Pourquoi Caleb a été la chercher ? « Bon écoutez, je sais pas exactement ce qu’il s’est passé entre vous, ni même ce que vous avez bien pu vous dire pour vous détester autant et honnêtement je suis pas sûr de vouloir en savoir plus. » Mon regard se pose sur Primrose, et je comprends. Je comprends qu'elle a parlé à Caleb, je comprends qu'elle n'a pas pu se taire et je commence à craindre le pire. Qu'est-ce qu'elle a bien pu lui dire ? J'ai bien compris qu'elle me détestait, qu'elle ne me voulait pas prêt de son frère, alors je me demande ce qu'elle a pu lui raconter, de vrai ou de totalement faux d'ailleurs. « Oui parce qu’heureusement que ma sœur m’a dit que vous vous connaissiez, vu que toi t’avais pas l’air décidée à m’en parler. » Et voilà que ça me retombe dessus. Merci Prim, et j'imagine que c'est exactement ce qu'elle voulait, que Caleb m'en veuille ? Mais depuis quand il le sait ? J'essaye de ne pas m'en prendre à Primrose même si j'ai envie de lui hurler dessus pour ne pas avoir su se taire. Je me concentre sur Caleb, pas besoin de m'en prendre à sa sœur sous ses yeux, visiblement, c'est à moi qu'il en veut, à moi qu'il reproche quelque chose.  « C’est quoi cette histoire Caleb ? Tu fais quoi ? » Je ne suis pas assez conne pour ne pas comprendre qu'il essaye de faire en sorte que l'on se parle avec Prim, mais pourquoi il me tends ce piège ? Pourquoi ce matin ? Pourquoi maintenant ? « Je vous demande pas d’être les meilleures amies du monde. Je vous demande même pas de devenir amies. Tout ce que je veux c’est que vous appreniez à vous respecter et à tolérer la présence de l’autre. » Ok visiblement je n'aurais pas plus d'explication. Il a tout prévu, il a tout manigancé mais il peut nous réunir dans une même pièce, il ne pourra pas m'obliger à parler avec Primrose, surtout que visiblement elle ne sait pas se taire, elle. Je croise les bras, évitant de regarder Primrose et Caleb, évitant leurs regards à tout les deux. Parce que je suis en colère, et qu'à cause d'elle, je suis encore en mauvaise posture avec Caleb, il a choisi son camp, il a juste vu que sa sœur lui a parlé de moi et que je ne lui ai rien dis en retour. Mais j'avais promis à Primrose de l'oublier, de la laisser tranquille, ce que j'ai fais. Je lui avais demandé une seule chose, laisser son frère en dehors de tout ça. Elle n'a visiblement pas été capable de tenir sa langue et je ne sais pas toutes les choses horribles qu'elle a pu dire sur moi et je crains le pire. Je viens de le récupérer, je viens d'envisager de me poser avec lui, et voilà que sa sœur vient tout foutre en l'air.  « Du coup je pense que vous avez des choses à vous dire toutes les deux. Alors démerdez-vous, mais vous avez plusieurs heures pour parler et mettre les choses au plat. Moi je vais bosser et je reviendrai une fois le service terminé. Évitez de vous entretuer j’ai pas envie d’avoir du sang sur mes murs. » Mais j'ai rien à lui dire moi. Elle n'aurait déjà rien du dire, je ne vais pas me risquer à lui en dire plus si elle ne sait pas se taire. Je regarde Caleb interloquée par ses propos, prenant peu à peu conscience de ce qu'il est en train de dire. Il va pas faire ça quand même ? Et avant que je n'ai pu réagir, la porte se ferme. Je rêve, dites-moi que je rêve, il a pas fait ça ? Il a pas fermé à clef quand même. « Caleb ouvre la porte tout de suite ! » J'hurle ces mots depuis le lit sur lequel je m'étais assisse alors qu'il nous faisait la leçon. « Putain ! Ouvre ou je te jure que tu n’es pas prêt de me revoir dans ton lit. » Peut-être pas ma meilleure réplique alors que sa sœur est juste à côté de moi, mais il nous a réellement enfermé dans sa chambre ? Elle et moi ? Enfermée à clef avec elle, mais on a rien à se dire non ? « Caleb ! Allez c'est pas drôle. » Il ne réponds plus, il a vraiment fait ça ? Il est vraiment parti travailler en nous laissant là ? Et quand je prends conscience de ce que viens de faire Caleb, et qu'il ne viendra pas nous ouvrir, je m'adresse à Primrose pour la première fois depuis qu'elle a débarqué dans la chambre de Caleb. « Qu’est-ce que tu lui as raconté ? » Peut-être que l'agressivité avec laquelle je m'adresse à elle n'est pas la meilleure des idées, mais on est enfermée pour plusieurs heures dans la chambre de Caleb et c'est de sa faute. Elle a cru bon de raconter à Caleb notre passif, et j'imagine qu'elle n'a fait ça que dans le but de l'éloigner de moi. Elle me l'a fait comprendre, elle ne veut pas de moi dans la vie de son frère. Sauf que je suis là, et je ne vais pas la laisser tout gâcher. « J'ai rien dis moi, c'est à cause de toi si on en est là. Trouve un moyen pour qu'on sorte. » Peut-être qu'on devrait parler, après tout c'est ce qu'il veut Caleb, mais il était sans doute pas obligée de nous enfermer pour ça. Quoique. Même enfermée, mon premier réflexe est de chercher à sortir, mais c'est légitime non ? J'aime pas qu'on me force la main et là il nous a piégé toutes les deux. Aussi bien elle que moi. Caleb nous a piégé, je crois que je réalise pas encore.

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

Je n'arrive toujours pas à croire qu'il ait pu me faire ça. M'enfermer dans sa chambre avec sa sœur. Mais le pire c'est qu'il semble avoir tout préparé depuis un moment. Il m'a convaincu de venir passer la nuit chez lui, me mentant sans doute pour une réunion matinale inexistante, juste pour m'enfermer au petit matin avec sa sœur dans sa chambre ? Il a réussi à me mentir sans que je le remarque et c'est peut-être ce qui m'énerve le plus, ça et me rendre compte qu'il savait que je connaissais sa sœur et qu'il n'ait jamais rien dit. Et je lui en veux à elle, je lui en veux tellement parce qu'à cause d'elle, Caleb m'a menti et Caleb croit surtout que je lui ai menti volontairement. Alors que je n'ai fais que respecter ma part du marché avec Primrose. Et je ne tarde pas à m'en prendre à elle, en lui demandant ce qu'elle lui as raconté. Je cache ma peur, derrière une certaine agressivité. « La vérité, mais c’est un concept qui t’est étranger, je crois, alors ça ne m’étonne pas que tu n’en aies pas été capable. » La vérité ? Mais quelle vérité ? Je suis sûre que sa vérité n'est pas la même que la mienne, elle a déjà un sens moral assez douteux, alors le sens de la vérité doit être aussi tordu que le reste chez elle. « Je me doute, rien dire c’est ta spécialité. » J'ai comme un coup de chaud alors qu'elle reprends la parole l'air de rien. J'ai l'impression qu'elle ne parle pas des circonstances de notre rencontre et du fait que je n'ai rien dis à son frère sur notre relation houleuse. Mais je ne vois pas ce qu'elle sous-entends derrière cette phrase. Ne rien dire c'est ta spécialité. Je ne vois pas ou je ne veux pas voir surtout. Je veux juste sortir d'ici, je n'aime pas la façon dont elle me regarde, dont elle me parle. « Si tu as envie de sortir, débrouille-toi, moi je vais attendre qu’il revienne. »  J'hésite quelques secondes à m'énerver sur la porte en espérant qu'elle s'ouvre comme par magie, mais je sais que ça ne fonctionnera pas. Elle semble trop calme compte tenu de la situation, alors que moi, je suis réellement en colère. Et j'en viens à me dire qu'elle l'a fait exprès, que tout ça c'est de sa faute. Qu'elle a sans doute même souffler l'idée à Caleb, qu'un tel plan ne peut pas venir de lui. Et je suis désarmée parce qu'elle a le bon rôle, quoique je fasse, c'est la petite sœur, la gentille. Celle qui ne lui a pas menti sur notre passif. Celle qui a pu dire ce qu'elle voulait à Caleb, pour lui donner l'image de la gentille et moi de la connasse. Elle s'assoit sur le lit, comme si tout cette situation était normale et ça m’agace réellement. « J’espère que je ne me suis pas assise sur un préservatif usagé. » Je souffle vulgairement à sa remarque totalement déplacée. « Enfin, rassure-moi, vous en utilisez, pas vrai ? Ou tu as l’intention d’abandonner un autre gamin et de te faire passer pour une sainte après ? » Sa question me fait presque le même effet qu'un coup dans les côtes, qu'un violent coup qu'on assène alors que l'adversaire ne s'y attends pas. Parce que je ne m'y attendais pas à cette remarque. Je ne m'y attendais pas et je suis totalement démunie. Tout autour de cette histoire est encore douloureux, et si le tabou a été levé plusieurs fois, la violence de ses propos dit avec si peu de complaisance, me déstabilise vraiment. Et surtout, je réalise qu'elle sait tout et cette fois, je ne peux plus me cacher, je ne peux plus modeler la vérité à mon avantage. Je suis l'horrible personne dans son histoire, et j'en viens à craindre encore plus cette fille. Parce que j'ai été odieuse avec elle, et maintenant elle a une autre bonne raison de me détester et de me vouloir loin de son frère. Je m'assois par terre, vers la porte, comme un instinct de survie totalement débile puisque même en cas de problème, cette porte ne sera pas une issue possible. Ces mots m'ont touché, plus qu'ils ne le devraient. Je ne dois pas lui montrer ma faiblesse, je ne dois pas lui laisser prendre le dessus, enfin pas totalement même si elle semble déjà tout contrôler et que cette idée me rends presque folle. « Je ne crois pas que cela te regarde. » Je pense que niveau convaincante je suis à -2/10 mais passons. C'est vrai après tout, cela ne la regarde pas non ? Je n'ai aucune repartie, incapable de répliquer, de répondre, de me défendre. Mais après tout je suis indéfendable non ? « Je ne sais pas ce que tu lui as dit, ou ce que tu penses de tout ça, mais sache que je m'en fous. » Totalement faux, rien n'est vrai dans tout ça. Je ne m'en fous pas parce qu'elle a un pouvoir qui me fait peur, parce que si elle pousse Caleb contre moi, je pourrais le perdre et ça me terrifie, alors elle me terrifie au fond. Et il me faut plusieurs minutes pour retrouver une contenance et réussir à me remettre de son coup bas. Parce qu'évoquer comme ça mon passé, était plus qu'un coup bas. C'était dit dans l'unique but de me blesser, de me déstabiliser, de me provoquer et elle avait réussi. Mais je n'étais même pas énervée, j'étais surtout inquiète et honteuse. Et je n'arrivais même pas à être méchante avec elle, elle avait gagné le combat avant même qu'il n'ait débuté avec cette révélation. « Ton frère le sait, il sait mes secrets et il m'a pardonné, que ça te plaise ou non, c'est comme ça. Tu peux dire ce que tu veux, faire ce que tu veux, je te laisserais pas tout gâcher avec tes conneries. Parce que j'aime Caleb, et tu vas devoir l'accepter, tu vas devoir m'accepter. » Après tout, Caleb m'a choisi moi, malgré tout ce qu'il a pu apprendre, il m'aime moi et si mes erreurs n'ont pas eu raison de notre lien, Primrose ne pourrait pas interférer entre nous deux non ? Je dois m'en convaincre, je dois m'en persuader, croire que le lien que j'ai avec Caleb résistera même à sa sœur et à ses manigances. Toujours assisse sur le sol, je ne regarde plus Primrose, je regarde mes pieds et j'en veux à Caleb d'avoir dévoilé mes secrets à sa sœur, de lui avoir donné des cartes pour me faire du mal, et je lui en veux à elle, de les utiliser alors que moi j'ai rien dis sur elle, à personne. Je n'ai jamais abordé le sujet de sa sœur avec Caleb, je n'ai jamais parlé d'elle. J'ai gardé pour moi les circonstances de notre rencontre, et tout le reste alors que j'aurais pu la décrédibiliser devant son frère. « Je n'avais rien dit moi, rien pas pour mentir à Caleb, mais parce que je te l'avais en quelque sorte promis, mais visiblement tu m'oblige à lui parler ? Tu veux vraiment que je sois honnête avec lui sur tout ? » J'aurais pu lui dire qu'elle m'avait provoqué en me disant qu'elle avait envie de coucher avec son frère, ou encore que si elle devait choisir entre son 'métier' et sa famille, elle choisirait sans hésiter son métier. J'aurais pu lui dire qu'elle m'avait embrassé aussi pour me faire taire (point commun avec son frère) mais je n'avais rien fais, alors qu'elle n'avait pas hésité visiblement. Je la déteste, mais je ne peux même pas m'en prendre à elle, puisque cette fois, les armes c'est elle qui les a. Elle a réussi, elle s'est faite passer pour la gentille aux yeux de Caleb, et elle semble vouloir me faire du mal maintenant et le pire c'est que je n'ai rien à lui répondre, elle a réussi à me faire me sentir coupable, pour tout.

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

Caleb m'a enfermé dans sa chambre, Caleb m'a laissé seule avec sa sœur et pire que tout, il lui a tout dit. Il lui a donné tout les éléments pour qu'elle me blesse et c'est ce qu'elle fait. Bien sur qu'elle le fait et la meilleure défense c'est l'attaque, tout le monde sait ça. Elle attaque la première, et elle ne semble même pas hésiter un instant, elle m’envoie au visage mes erreurs, elle me parle de la partie de ma vie la plus douloureuse avec un détachement et un plaisir que je n'arrive pas à ignorer. Je la sens prendre un plaisir malsain à utiliser mon passé contre moi. Je sens qu'elle s'amuse de cette situation, et je la déteste parce qu'elle réussi à me rendre si vulnérable. Pourquoi je ne peux pas lui répondre ? Pourquoi je la laisse continuer à s'amuser de cette histoire ? Pourquoi je ne peux pas lui dire de fermer sa gueule ? Pourquoi je n'arrive pas à lui rentrer dedans et à ne pas la laisser m'atteindre ? Elle sait la vérité, mais elle ne sait pas à quel point c'est douloureux non ? Ou alors elle le sait et son attitude est encore pire ? Mais Alex réagit merde ! Mais non, j'encaisse ses mots, avec silence. J'encaisse le fait que ma décision n'ait pas impacté que Caleb mais aussi sa famille, et même si je déteste Prim du plus profond de mon être à ce moment précis, cette petite conne a raison. Elle a raison sur tout et je ne peux pas me défendre. Je le voudrais, mais j'en suis incapable. Elle m'a envoyé contre les cordes et je subis chacun de ses coups, répétés sans pitié et avec une justesse qui fait mal. Je l'entends parler de la vie qu'elle aurait pu avoir avec cet enfant, je l'entends évoquer les choses qu'elle aurait fait avec, lui donnant vie dans une réalité dans laquelle il n'existera jamais. Et j'essaye de me défendre, mais je ne peux pas. Je n'arrive pas à être crédible, je n'arrive pas à trouver la force de surpasser cette douleur. Elle ne le sait pas, mais cette partie de ma vie, m'a conduite à m'auto-détruire, parce que j'étais incapable de surmonter cette douleur, cette culpabilité et c'est tout ce qu'elle me ramène au visage. La honte de moi. Je suis incapable de me défendre convenablement face à elle, parce que je me sens fautive, parce que je suis fautive et que je me sens menacée par cette fille qui semble vouloir me faire du mal. « Je n’ai jamais eu l’intention de tout gâcher. Je pense que tu t’en sortiras très bien toute seule, dans ce domaine, je vais juste tranquillement attendre que tu fasses n’importe quoi et que tu te tires lâchement. » Et là encore, ses mots font beaucoup trop sens en moi, je sais que je n'ai pas l'intention de partir, alors sur ce point elle se trompe, mais je sais aussi que je suis douée pour tout gâcher. Et, finalement, je l'ai déjà prouvé dans ma vie, je n'ai besoin de personne pour faire les mauvais choix. Je vais finir par le blesser, ou il va finir par me laisser. Je vais finir par faire n'importe quoi, comme toujours. Ma mâchoire se serre violemment, mes poings aussi et je réalise qu'en quelques mots, elle me déstabilise et me fait douter de moi même. Et de ma relation avec Caleb. Elle me fait douter de nous et je déteste ça. Parce qu'il me l'a déjà reproché Caleb, de ne pas avoir cru assez en nous, de ne pas avoir réussi à dépasser les dires de  nos proches, enfin des siens surtout. Il m'a demandé de croire en nous, et je lui ai promis de ne pas m'occuper des pensées des autres, tant qu'il était avec moi. Mais il est pas là, il m'a laissé enfermé dans sa chambre avec sa sœur, qu'il pense sans doute toute mignonne … Il m'a laissé avec elle et elle est en train de petit à petit me faire douter parce qu'elle arrive à pointer là ou les choses font mal. Et moi je la laisse faire. Comme une conne. Je la laisse m'accabler de tout les maux, je la laisse me faire mal, comme je le fais quand je suis sur un ring. Je la laisse me blesser sans réagir, mais contrairement aux coups, et à la douleur physique, ce que je ressens, je n'arrive pas à le gérer. Je suis faible et je le prouve encore une fois. Et j'essaye quand même de lui montrer que j'ai du répondant mais je n'en ai pas. Je la menace à demi-mot de tout dévoiler à Caleb, mais sans conviction aucune et elle arrive à retourner ça contre moi, me faisant passer pour celle qui blesserait Caleb volontairement. Et elle a presque raison. Et le pire, ce serait de devoir lui dire que je savais pleins de choses sur sa sœur mais que je ne lui avais rien dis. Je ne peux pas lui dire sans le blesser ou sans risquer de passer pour la méchante ou pour celle qui a encore menti à Caleb. Elle gagne dans tout les cas, parce qu'elle a dégainé la première et qu'elle fera tout pour garder ce coup d'avance qu'elle a prit sur moi. Et déjà que ma relation avec Caleb n'est pas toujours simple, Primrose risque de la compliquer nettement. Je la déteste. Mais même ça, je suis incapable de lui dire. Comme si j'étais juste bonne à subir les assauts répétées de Primrose. Et dire que Caleb voulait qu'on se rapproche, qu'on se parle et s'il savait comme cette discussion n'a rien d'une avancée positive entre nous, bien au contraire. S'il savait à ce moment précis que les mots de sa sœur me font remonter tellement de sentiments douloureux, que je ne pense qu'à l'idée de me shooter parce que je ne veux plus ressentir tout ça. Je ne veux plus que mon passé puisse me mettre à terre à chaque fois. Je ne veux pas qu'on se serve de mes faiblesses contre moi, et c'est exactement ce qu'elle fait. Avec une pointe de cruauté. Elle ne sait rien de ma souffrance, elle ne sait rien de ce que j'ai traversé, elle ne sait pas non plus à quel point son frère compte pour moi, à quel point il est vital pour moi. Elle ne sait rien, mais elle arrive à me faire mal encore et encore sans que je ne réagisse. « Par contre, je vois quand même un avantage à ta présence parmi nous. Les repas de famille vont être beaucoup plus amusants maintenant que j’aurais une rivale de taille. Entre la stripteaseuse et la fille qui s’est amusée à jouer à où est Charlie avec leur petit-fils, mes parents vont avoir l’embarras du choix quand ils devront sélectionner leur victime du jour. » C'est une menace qu'elle vient de faire là ? Je relève les yeux vers elle, pour la première fois. J'ai les yeux légèrement humide, mais je la regarde. Le regard noir. Elle vient réellement de menacer de tout révéler à ses parents, et cette fois, en plus de la douleur, je suis en colère. Elle ne pense même plus à Caleb. Elle ne pense qu'à me blesser, et elle y arrive. Mais elle ne pense qu'à elle, à ce plaisir malsain qu'elle prends à me voir subir ses mots, trop durs, trop crus. A ce plaisir qu'elle a de me voir douter. Et j'encaisse encore ces dernières paroles, j'encaisse encore ce plaisir qu'elle me montre à l'idée d'utiliser mon histoire pour ne plus avoir à assumer la sienne. C'est donc comme ça qu'elle prends tout ça ? Comme un jeu ? A celle qui aura fait la plus grosse connerie ? A celle qui fera le plus souffrir l'autre ? Le plus souffrir Caleb ? Je ne veux pas jouer. Je ne veux plus jouer. Pas avec elle. Je n'ai plus la force pour ça, plus l'envie non plus. J'ai trop à perdre. Mais alors pourquoi je lui laisse autant de pouvoir sur moi ? Pourquoi je suis si faible face à elle ? Merde c'est Prim, c'est une putain de prostituée, et non une strip-teaseuse comme elle le dit, qui croit tout connaître sur le monde, mais qui m'a avoué choisir son métier au lieu de sa famille. Et je me rappelle cette fille sur un podium presque nue, dansant pour des mecs dégueulasses. Je laisse cette fille m'atteindre, mais pourquoi ? Merde pourquoi, elle peut me blesser autant alors qu'elle n'hésite pas à renier ses proches pour quelques billets. Qu'est-ce qu'elle me parle de tata, ou de choix de vie, qu'est-ce qu'elle y connaît d'abord ? Madame je veux qu'on m'aime pour ce que je suis mais je ne suis pas capable d'assumer celle que je suis. Pourquoi je la laisse me faire douter sur ma relation avec Caleb, alors qu'elle ne pense qu'à elle, à ses intérêts avant ceux de son frère. Elle ne sait pas ce qu'il veut, ni ce dont il a besoin. Elle ne le sait pas parce qu'elle s'en fout. Alors, pourquoi je la laisse avoir le dernier mot ? Elle ne veut visiblement pas calmer la tension entre nous, et au contraire depuis que l'on est toutes les deux elle ne fait qu'envenimer les choses. Pourquoi je la laisse me blesser encore et encore sans répondre, sans me défendre ? Pourquoi je ne lui cris pas les mots qui me serrent la gorge depuis tout à l'heure ? « Ferme ta gueule. » Les voilà ! C'est un cri qui vient du fond du cœur. « Toi une super tata ? Non mais sors de ton monde imaginaire. Tu es incapable de t'intéresser à quelqu'un d'autre que toi. A autre chose que tes robes ou tes sacs. Alors n'essaye pas de me faire croire que MA DECISION, t'a blessé. Toi. Que je t'ai privé d'un neveu que tu n'aurais pas hésité à renier pour une partie de jambe en l'air. J'ai fais le choix d'abandonner un enfant, c'est vrai, ça fait partie de ma vie, mais que toi tu puisses me blâmer alors que tu m'as dit être prête à abandonner toute ta famille, celle qui t'a élevé, s'ils ne se pliaient à tes choix de vies, c'est incroyable. Alors vraiment ferme là. Tu ne sais rien. » Je m'énerve, je cris, mais ça ne me fait même pas de bien, ça ne me soulage pas, parce que rien ne peut calmer les émotions qu'elle a fait remonter en moi. Elle me fait douter, de moi, de mon histoire avec Caleb, mais elle ne fait ça que dans son intérêt, elle ne pense qu'à elle, comme toujours avec elle. C'est elle, sa vie, ses choix, son mode de vie, ses envies, tout avant le reste. Et je réalise à ce moment, que je n'ai rien à lui prouver, que je n'ai pas de compte à lui rendre. Elle veut me juger pour ce que j'ai fais, mais qu'elle le fasse, ce n'est pas son jugement qui me fait mal, mais ma culpabilité, ma honte, cette douleur que m'a aspiré pendant des années vers le bas. Elle n'a fait que réveiller des émotions, des sentiments déjà en moi que je dois apprendre à contrôler. Mais à aucun moment je n'ai de compte à rendre à Primrose. Caleb veut qu'on s'entende, elle ne veut qu'une chose que je dégage ou au moins que je souffre, c'est incompatible. Et je réalise qu'il n'y a qu'une chose qui compte à mes yeux, c'est Caleb. Ce que lui pense. Pas ce qu'elle pense, pas même ce que moi je pense. Seul l'avis de Caleb m'importe au fond. Parce que c'est lui la voix de la raison. C'est à cause de lui qu'on est là toute les deux, mais c'est aussi un peu pour lui. Je lui ai dis que je croyais en nous, je dois penser à ça et uniquement ça. « A aucun moment tu ne penses à Caleb, tu me vois comme ta rivale et tu es prête à blesser Caleb juste pour me blesser, sans penser aux conséquences pour lui. Tu es contente, ça te soulage de voir que d'autres gens font des erreurs ? Mais tu sais ça n'effacera pas les tiennes, tu devras assumer aussi un jour. » Je me redresse légèrement, je ne dois pas me laisser abattre, pas par elle. Elle ne peut pas me faire plus de mal que je m'en suis fait. Elle ne peut pas me juger plus durement que je ne l'ai fais. Elle ne peut pas m'atteindre, c'est à moi de faire en sorte de lui montrer que son attitude ne me fera pas fuir. Que je ne vais pas abandonner, qu'elle peut me faire du mal, me décrédibiliser, faire de moi une paria j'aime son frère que ça lui plaise ou non et que moi contrairement à elle, je ne veux pas le blesser juste pour gagner une bataille entre nous deux, à celle qui balancerait la plus grosse info sur l'autre. « Je ne veux pas être associée à toi, ou à tout ça. C'est tes problèmes pas les miens. J'ai causé assez de souffrances à ton frère, et j'essaye encore de me faire pardonner, contrairement à toi, alors je ne vais pas ajouter des problèmes dans notre relation à cause de toi. Tu peux faire ce que tu veux, si tu veux dire la vérité à vos parents, va s'y, je sais que Caleb t'en voudras et c'est toi qui devras te justifier après. Mais si tu veux me blesser, fais le, si tu veux que tes parents prennent position pour toi et pousse Caleb à me quitter, fonce leur dire. Mais vu ce que ton frère fait pour toi, ça ne ferait que montrer à quel point tu ne penses qu'à toi. Mais va, ce serait marrant de voir qu'à ton tour tu es bien plus honnête pour évoquer les erreurs des autres que les tiennes. » Et c'est bien la dernière chose que je veux qu'elle fasse. Je n'ai même jamais vraiment abordé le sujet de ses parents avec Caleb, mais si un jour Caleb veut leur dire, je ne l'empêcherais pas mais que Primrose s'en amuse, s'amuse de la souffrance que cela pourrait engendrer chez eux, chez Caleb ça me prouve qu'elle se fout du monde. Qu'elle se fout de Caleb aussi. Et qu'elle veuille me détester, ça ne fera qu'une personne de plus, mais qu'elle m'utilise pour blesser Caleb, je ne pourrais pas la laisser faire. « Tu peux continuer à être horrible avec moi, mais si tu as du respect pour ton frère, tu finiras par respecter son choix. » C'est à dire, me respecter moi, pas en tant que personne, mais en tant que choix de Caleb. Et je viens de me résumer comme 'choix de Caleb', voilà ou j'en suis. Je veux bien qu'on ne m'aime pas, qu'on ne veuille pas de moi mais qu'on me laisse être le choix de Caleb parce que j'ai besoin de lui. Primrose ne pourra peut-être jamais le comprendre, mais j'aime Caleb et si elle vient à créer un scandale dans sa famille, elle ne ferait pas que me blesser, mais blesser son frère et ce n'est pas ce que je veux.

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

« C’est comme ça que ça va se passer, alors ? On va passer les prochaines heures à jouer à qui a merdé le plus ? » Un rire nerveux sort de ma bouche. Elle est sérieuse là ? Elle m'a attaqué sur mon passé, avec un plaisir non dissimulé, elle s'est amusée de mes erreurs et maintenant que j'aborde les siennes, elle semble bien moins amusée d'un coup. « Les prochaines heures ? Je crois que tu as tué le jeu en utilisant toutes tes cartes d'un coup. Tu aurais du en garder un peu si tu voulais pouvoir tenir plusieurs heures. » Ok, on arrive dans la phase du sarcasme. Je tente de me calmer, de me détacher un peu de ses paroles pour ne plus la laisser m'atteindre. Je ne veux pas qu'elle puisse me faire du mal, je ne veux pas non plus qu'elle arrive à m'énerver, ça lui donne du pouvoir et s'il y a une chose que je ne peux pas lui retirer, c'est qu'elle sait utiliser les éléments qu'elle a contre moi et je ne peux plus la laisser faire.

Ce plan de Caleb s'avère être une mauvaise idée, une très mauvaise idée. Et c'est peut-être la seule chose sur laquelle on pourrait éventuellement s'entendre elle et moi. Mais si on en est là toute les deux, c'est en partie ma faute, parce que je lui ai menti lors de notre première rencontre, mais surtout de sa faute parce qu'elle a parlé de tout ça à Caleb. « Mais qui a mit dans la tête de Caleb qu'on avait besoin de parler toutes les deux ? Ce n'est pas moi d'accord. Donc tu n'as peut être pas cherché à t'immiscer entre nous, mais tu n'as quand même pas su te taire. Dis-moi, tu as pris du plaisir à m'enfoncer face à lui au moins ? » J'ai presque envie d'ajouter que malgré ses efforts, je suis toujours là et qu'à l'endroit exact ou elle est assisse, quelques heures plus tôt, Caleb avait bien su me montrer toute l'affection qu'il avait pour moi. Et que j'étais capable de lui apporter quelque chose de bien. Et c'est une chose que j'aurais réellement pu lui dire si j'avais voulu la provoquer. Mais je ne dis rien. Et pendant quelques minutes, je me tais, je l'écoute mais je ne réponds pas. Je ne veux pas entrer dans ce jeu comme elle dit, je ne veux pas continuer cette avalanche de reproche qui n'ont pour but que de se faire du mal, encore et encore. J'arrête ce jeu dans lequel on s'est lancée sans même le vouloir. J'arrête parce que je n'ai pas l'intention de jouer avec elle. Parce qu'elle a raison sur une chose, ses erreurs ne m'aideront pas à me sentir mieux, et mes erreurs ne rendront pas les siennes plus acceptables. Alors à quoi bon continuer ? Je me lève, quitte le sol de la chambre de Caleb, je m'éloigne de la porte, ayant sans doute acceptée l'idée qu'elle ne s'ouvrirait pas par magie, et je me dirige vers mon sac. Je ne regarde pas Primrose, je ne m'occupe pas de ce qu'elle peut me dire ou penser à l'instant. J'attrape mon paquet de cigarette et tant pis pour l'odeur, je m'octroie cette pause nicotine dans la chambre de Caleb, et si ça ne lui plaît pas, il avait cas réfléchir avant de m'enfermer avec sa sœur.

Je me concentre sur ma cigarette, sur chaque inspiration que je prends, et ça m'apaise quelque peu. Debout contre le mur prêt de la fenêtre, je laisse la pression retomber. La colère, la douleur, la culpabilité, je tente d’étouffer tout ça, pour pouvoir tenir un discours plus neutre, pas dicté par mes émotions. « Tu sais quoi, tu as raison. J'ai merdé. Je peux même accepter de gagner au jeu du qui qu'a merdé le plus avec Caleb si ça te fait plaisir. » Je lâche les armes, j'abandonne le combat, de toute façon à quoi bon continuer ? On en sait assez l'une sur l'autre pour savoir que nous sommes aussi minables l'une que l'autre. Que nous mentons autant l'une que l'autre et surtout que nous avons le pouvoir de nous blesser. Alors, on peut rester à se renvoyer les reproches encore et encore, ou alors abdiquer. Et je suis prête à abdiquer face à elle, parce qu'au final, j'ai ce que je voulais. Si on en est là, c'est parce que je suis revenue dans la vie de son frère. « Mais contrairement à toi, moi j'en ai conscience. Je sais que j'ai fais des erreurs et j'essaye de les assumer, même si je dois faire face aux conséquences et que ça me terrifie. Même si c'est douloureux et que ça m'oblige à faire face à mon passé. Mais maintenant, Caleb sait la vérité, et c'est le seul qui puisse me juger. » Et j'ai un avantage sur elle tout de même. Caleb sait pour MES erreurs, et je suis quand même là dans sa chambre alors ce que Primrose peut me dire ne devrait pas m'atteindre. J'ai fais face à mes erreurs, je lui ai avoué la vérité, ce qu'elle n'a pas encore réussie à faire. Alors, oui j'ai un avantage mais je ne veux même pas l'utiliser, je ne veux pas entrer dans un nouveau rapport de force entre nous. « Tu veux en parler à tes parents, fais le ou le fais pas, mais je te laisserais pas utiliser tout ça comme un vulgaire sujet de chantage pour servir ton intérêt. C'est pas un jeu, peut-être que ça l'est pour toi, mais pas pour moi. On ne sera jamais sur un même pied d'égalité parce que tu ne prends rien au sérieux, tu t'amuses de tout. C'est que du plaisir pour toi. Ta vie, tes relations, les autres, tes proches, tu te moques de tout sans réfléchir et si tu veux vivre ta vie ainsi, ça ne me regarde pas, mais cette histoire, Caleb, vos parents, Nathan. » Je souffle un coup. Ce prénom, cette réalité, je n'ai encore pas trouvé comment en parler sans me sentir submerger d'émotions diverses. « C'est vraiment pas un jeu et si tu n'es pas capable de le voir alors je ne peux rien y faire. » Elle peut me faire souffrir mais avec cette histoire, très clairement, elle peut me discréditer à tout jamais, aux yeux de toute sa famille, elle en a le pouvoir et je ne doute pas un instant qu'elle en ait aussi l'envie et le courage pour le faire. Mais, si elle me fera sans aucun doute souffrir, c'est aussi ses proches qu'elle fera souffrir si elle venait à révéler cette histoire. Une souffrance qu'elle serait prête à leur infliger juste pour minimiser la déception qu'elle risque de causer à ses parents s'ils venaient à apprendre la vérité. « On sait toutes les deux que ta vision du bon et du mauvais est un peu étrange alors franchement que tu penses que Caleb ne fasse pas le bon choix avec moi, ça n'engage que toi. Mais même si je ne te dois absolument rien, sache que je tiens à lui sincèrement. Et c'est d'ailleurs uniquement pour ça qu'au fond quand j'ai su que tu faisais la pute ça m'a dérangé, parce que tu es sa petite sœur. Mais je n'ai aucun engagement envers toi, la seule chose que je te demande, c'est d'éviter de te faire tuer sur le trottoir. Pour le reste tu fais bien ce que tu veux de ta vie et de ton corps ça ne me regarde pas et je n'ai pas l'intention de me mêler de tes histoires. » Je reste très calme, étonnamment calme même quand je la traite de pute comme si tout ceci était hautement normale. Je ne cherche pas à lui faire du mal, je ne veux même pas qu'elle se sente mal, sinon je serais bien plus virulente dans mes paroles, non je lui dis ce que je pense avec calme tout en évitant de rallumer le feu entre nous. Je pense à Caleb, à l'affection que j'ai pour lui, à cette relation que l'on reconstruit tout les deux, aux obstacles que l'on a déjà franchit et à ceux qu'il nous reste à passer et ils sont nombreux, je le sais. Même si nous n'en parlons pas encore, je sais que nous n'avons pas tout régler tout les deux, mais chaque chose en son temps. Et la seule chose que je puisse faire aujourd'hui et de faire en sorte que Primrose ne soit pas un autre de ces obstacles entre nous. Alors je ravale ma colère envers cette fille, parce qu'elle est la sœur de Caleb et qu'elle le sera pour toujours. Sa sœur, sa colocataire, et je sais que je serais amenée à faire avec sa présence dans la vie de Caleb et comme je ne compte pas sortir de sa vie, je crois que je n'ai pas réellement le choix. « Je sais que tu ne m'apprécies pas, je sais que j'ai pas été honnête avec toi, ni même avec Caleb, mais j'en ai marre de tout ce conflit. On ne s'aime pas très bien, je peux faire avec, mais j'aime Caleb et si tu l'aimes aussi, alors on saura faire semblant pour lui. » Faire semblant de s'apprécier ou du moins de se tolérer. Je sais que je suis capable de le faire, j'ai vécu dans une famille qui a fait semblant d'être heureuse à tout les dîners mondains, alors qu'une fois les portes closes c'était la guerre froide dans la maison. Alors, faire semblant de supporter sa petite sœur, celle là qui me menace de raconter toute mon histoire à ses parents juste pour me faire taire, je sais que je pourrais le faire, pour lui. Même si ça m'oblige encore à mentir, en parti du moins. Je peux accepter ce compromis pour être avec Caleb, parce que j'ai réellement besoin de lui dans ma vie et si pour ça, je dois prendre la petite sœur avec, qu'il en soit ainsi.

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

« Et toi tu as avancé ? » C'est plus simple pour moi de me concentrer sur elle, de retourner ses propos contre elle. Parce qu'encore une fois, elle a pas totalement tord dans ce qu'elle me dit. Je n'ai pas beaucoup avancé, enfin si j'ai avancé, puisque Caleb sait la vérité. J'espère d'ailleurs qu'il ne lui a pas raconté les circonstances dans lesquelles je lui ai révélé la vérité, grand moment pathétique ! Mais même si je suis avec Caleb, je sais que j'ai encore beaucoup de choses à régler. Avec lui, mais aussi avec moi même. Mais si je n'en parle à personne, ce n'est pas pour me confier à Primrose. Alors peut-être que je n'ai pas beaucoup avancé comme elle le dit, mais jamais je ne pourrais lui avouer ça, à elle. Parce qu'il y a une chose dans laquelle on excelle, elle et moi, autre que nos choix douteux, c'est d'arriver à se faire du mal et je ne vais pas lui donner plus d'arguments pour me blesser. J'ai peut-être des tendances auto-destructrice par moment mais je ne laisserais jamais Primrose être celle qui pourra me détruire. Elle a déjà assez d'éléments en sa possession pour le faire de toute façon. Des éléments dont je ne doute pas qu'elle puisse un jour utiliser, peut-être qu'elle l'a d'ailleurs déjà fait auprès de Caleb ? Et je lui demande si elle a prit du plaisir à m'enfoncer devant son frère, parce qu'au fond, je ne sais toujours pas ce qu'elle a pu lui dire pour qu'il en arrive à nous enfermer toutes les deux dans sa chambre. Comment dans sa tête, cette idée a pu paraître à un moment être une bonne idée. « Et si je t’avais réellement enfoncé, je pense qu’il t’aurait demandé des comptes. » Alors comme ça, elle ne m'aurait pas enfoncé ? Je reste silencieuse, perturbée par l'idée que cette fille face à moi, si odieuse, ait pu minimiser mes actes face à Caleb. J'ai du mal à y croire, et pourtant si je réfléchis bien, elle n'a pas tord Prim. Si elle lui avait dit la vérité sur moi, sur mon comportement dans ce club, Caleb n'aurait sûrement pas apprécié et il serait venu me demander des explications, chose qu'il n'a pas faite.

Je m'adoucis, je tente de retrouver mon calme, et de le garder. J'essaye de prendre sur moi, de mettre fin à cette discussion entre nous, cet échange de reproche qui nous mène à rien. Je suis enfermée avec elle et j'ai beau regarder par la fenêtre, les options de fuite sont minimes. Alors, on peut se faire du mal, ou on peut faire ce pourquoi Caleb nous a enfermé, parler. J'ai franchement pas envie de parler avec elle, j'ai pas envie de me confier à elle, pas envie qu'elle en sache plus sur moi et je n'ai même pas envie d'en apprendre plus sur elle. Parce que j'en sais déjà trop et qu'au final, même si je ne mens pas à Caleb, je ne lui dis pas toute la vérité non plus. Alors, je ne veux juste plus avoir à faire à elle finalement. Sauf que j'aime son frère, je l'aime réellement et je lui ai dis que j'étais prête à construire quelque chose avec lui. Et je sais que je vais devoir côtoyer sa sœur, faire avec elle. Elle habite avec lui, elle est sa petite sœur et je sais comme Caleb peut être protecteur avec sa famille. Je n'ai pas le choix, et je suis prête à accepter d'étouffer ma rancœur pour éviter d'envenimer la situation encore un peu plus. Je fais vraiment des efforts, je le fais pour Caleb et uniquement pour lui. Je lui avoues être consciente d'avoir commis des erreurs, parce que c'est la vérité. J'en ai fais des erreurs dans ma vie. Des plus ou moins pardonnables, je suis loin d'être irréprochable et en avouant ça à Primrose, j'espère juste qu'elle comprenne que je suis consciente de ne pas avoir fait les choses correctement. Je veux juste lui montrer que je sais que je suis loin d'être la fille parfaite, je ne pense d'ailleurs pas mériter son frère, mais que je fais des efforts pour lui. Que j'essaye d'assumer, que c'est loin d'être simple mais que je fais face à mes erreurs. Je lui avoues être terrifiée par le fait d'assumer les conséquences de mes actes mais je le fais quand même. Je suis vraiment terrifiée par mon passé, par mes faiblesses encore présentes, et par mes souvenirs qui me font toujours aussi mal quand ils remontent à la surface, comme la douleur que je ressens rien qu'à l'évocation de son prénom. Mais je dois lui faire comprendre que tout ceci est réel et que je ne peux accepter le chantage qu'elle me fait sur ce sujet. « Il s’appelle vraiment Nathan ? » C'est la seule chose qu'elle me réponds. Est-ce qu'elle le fait exprès ? Est-ce qu'elle s'en amuse ? J'essaye vraiment de faire de mon mieux pour rester calme, pour ne pas me laisser, à nouveau, avoir par mes émotions. Mais elle a le don pour me dérouter. Je n'arrive décidément pas à la comprendre cette fille. J'évite son regard, tout en inspirant sur ma cigarette. « C'est le prénom qui est inscrit sur son acte de naissance oui. » Le prénom que j'ai choisis, avant de l'abandonner, en hommage à Caleb pour qu'il ait un petit quelque chose de son père et à défaut de porter son nom de famille, son prénom provenait du deuxième prénom de son père, Jonathan. Mais tout ça, Prim n'a pas besoin de le savoir, elle n'a pas besoin de connaître les détails, elle pourrait encore vouloir les retourner contre moi, comme elle l'avait fait la première fois que l'on s'était vu, en utilisant le passé de ma mère pour me blesser. Je peux faire l'effort d'apaiser un peu la tension entre nous, mais lui parler de Nathan, ou de toute cette histoire, je n'en ai pas la moindre envie. Pas avec elle, avec personne finalement.

Et finalement les choses semblent, à défaut de s'arranger, se calmer entre nous. J’avoue avoir conscience de mes erreurs, elle aussi et c'est peut-être tout ce que l'on peut se donner l'une et l'autre. Est-ce que ça me rassure de savoir qu'elle a conscience de ses erreurs ? Pas totalement, mais j'ai tellement voulu lui faire avouer par tout les moyens lors de nos deux précédents rencontres, que finalement c'est déjà un point positif. Et même si elle profite de cet aveu pour me renvoyer, de façon un peu détourné, mes responsabilités au visage, je ne réagis pas. Oui mes erreurs n'ont pas engagé que moi, oui j'ai fais du mal à Caleb, je l'ai trahis, je l'ai tenu éloigné d'une décision déterminante pour sa vie. Je le sais. « Peut-être que tu as raison. C'est vrai que je n'ai aucun conseil à te donner, j'ai été incapable de gérer ma propre vie, ce n'est pas pour te dire comment gérer la tienne. » Elle a même totalement raison. Je suis incapable de gérer ma vie, j'ai merdé plus d'une fois. Incapable de gérer ma douleur, incapable de rester digne dans la souffrance, incapable de faire face à mes émotions. Je suis juste nulle pour tout ça. « Mais là ou je ne suis pas d'accord avec toi, c'est que tes choix de vie n'engagent peut-être que toi, mais les risques que tu prends peuvent te mettre en danger et je sais que s'il venait à t'arriver quelque chose, Caleb s'en remettrait pas. Alors c'est vrai que tu ne dois rendre de compte à personne et surtout pas à moi. Mais tu sais que tu vas faire souffrir Caleb. Et ce n'est pas un reproche fait pour te blesser ou te rabaisser. J'ai moi-même fais souffrir ton frère donc j'ai rien à dire. Mais, dire que tu ne dois rendre des comptes qu'à toi, c'est faux. Parce que ton frère tiens à toi, donc que ça te plaise ou non, tu lui dois quelque chose. » Elle va encore penser que je lui fais la moral, et je m'en veux encore une fois de parler trop, tout le temps, surtout qu'elle se fout de se que je dis. J'aime décidément parler pour ne rien dire avec elle. « Mais je t'ai déjà dis tout ce que j'avais à te dire, à partir de maintenant, ta vie ne me regarde plus, c'est une promesse que je te fais. Plus jamais tu m'entendras parler de ta vie, de tes choix ou des risques. » J'en ai réellement fini avec elle, et j'aimerais tellement pouvoir oublier la vérité sur ce qu'elle fait parce que ça m'apporte bien plus d'emmerdes qu'autre chose finalement. C'est sa vie, ses choix, ses risques, ce que je ne lui dis pas en revanche, c'est qu'elle a pas intérêt d'impliquer Caleb dans une de ses histoires, parce que sinon, elle aura de nouveau affaire à moi. Mais pour le reste, ma vie est encore assez compliquée comme ça, et Primrose ne sera désormais à mes yeux plus que la petite sœur de Caleb et rien d'autre. Oublier ses activités nocturnes et ce qu'elle fait de ses soirées. Oublier que le soir quand Caleb me dire de venir chez lui et qu'elle n'est pas là, elle est peut-être avec un vieux ou en train de danser à moitié nue dans des clubs ou il ne fait pas bon traîner et ou une carte de presse peut être un motif pour te faire tabasser. Oublier que la petite sœur de mon petit-ami vit une vie dangereuse et que les risques qu'elle prends son nombreux dans ce milieu. Oublier tout ça et elle ne se rends pas compte comme c'est compliquée et pourtant je n'ai réellement pas d'affection pour elle, bien au contraire. J'essaye de rester calme, toujours calme mais que c'est pas simple face à elle. Je crois que cette fille me déstabilise, me perturbe et surtout m'énerve mais je ne dois pas laisser mes émotions contrôler mes réactions. J'essaye toujours de comprendre comment Caleb a pu élaborer un tel plan, parce que vraiment, s'il savait à quel point la situation était compliquée entre sa sœur et moi, jamais il n'aurait fait ça, à moins de vouloir nous blesser toutes les deux. Je l'aime, et j'ai énormément d'erreurs derrière moi mais ce coup là, j'ai du mal à l'accepter et pourtant je continues de ravaler mes émotions, de ne pas réagir à ses attaques, de ne pas être trop déstabiliser par sa sœur. « Je ne demande rien de plus tu sais. Qu'on tolère la présence l'une de l'autre pour Caleb, que chacune se mêle de ses histoires, et que tu évites de te blesser, c'est tout. Même le bonjour, j'en ai pas besoin. » Et c'est vrai, je ne veux pas de sa fausse amabilité, j'en ai réellement pas besoin. Je veux juste qu'elle ne soit jamais un obstacle entre son frère et moi. Et qu'elle ne se fasse pas tuer aussi. C'est quand même pas trop demandé non ?

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

Si Caleb ne nous avait pas forcé la main, je pense que jamais je me serais retrouvée face à Primrose à évoquer Nathan. Je ne lui parlerais jamais de cet enfant, jamais je me confierais à elle, mais lorsqu'elle me demande si c'est bien son prénom, je lui réponds sans l'envoyer chier. Je ne sais pas ce qu'elle cherche à faire, je ne sais même pas si ça l'intéresse réellement ou si elle prends des notes pour engranger des éléments contre moi. Je ne sais pas avec Primrose. Et pourtant, j'ai l'impression qu'elle se sent un peu concernée par cette discussion, pas dans le jugement, pas dans le reproche, juste quelques mots échangés sur ce sujet sans que ni elle, ni moi n'ayons envie ou besoin de rabaisser l'autre. Et c'est étrange puisque Nathan, est pourtant ma plus grosse erreur, celle qu'elle pourrait me reprocher toute ma vie, celle sur laquelle elle pourrait construire sa défense contre moi. Mais elle ne cherche pas à me faire du mal, ou à creuser le sujet, elle se contente d'un simple 'c'est joli' qui venant d'elle est assez inattendu. Mais je ne m'attarde pas sur Nathan ou sur ma vie, parce qu'on ne sera jamais des confidentes l'une pour l'autre, même pas des amies, alors elle n'a pas besoin d'en savoir plus et surtout je n'ai pas envie d'avoir son avis sur ce sujet, que ce soit le prénom ou mes choix.

Et je me concentre plutôt sur cette relation entre nous, sur cette tension, sur nos choix de vies et nos erreurs. Caleb veut qu'on s'entende, ça risque d'être compliquée, mais si chacune accepte de ne pas se mêler de la vie de l'autre, alors on aura fait un pas en avant. Du moins, j'aurais fais un pas en avant, elle n'a jamais chercher à se mêler de ma vie, à l'exception de sa menace de tout révéler. Mais même si je lui dis que je n'ai aucun conseil à lui donner pour gérer sa vie, je ne peux m'empêcher de penser à Caleb. L'idée de le voir souffrir me dérange vraiment, et j'aimerais le protéger, mais je ne peux pas le protéger des actions de sa sœur. Je ne peux pas, donc j'accepte de me retirer et de la laisser se débrouiller avec sa vie et sa relation avec Caleb. C'est son corps qu'elle vends, c'est sa réputation qu'elle met en jeu et c'est elle qui s'expose aux dangers et même si elle ose me prétendre le contraire, je sais que ce qu'elle fait est dangereux. Ce monde qu'elle semble incapable de quitter est dangereux. Son club est dangereux, les gens qui fréquentent ces lieux sont dangereux et je ne sais pas ou elle en est maintenant mais je n'ai pas gardé un très bon souvenir de ce lieu dans lequel j'avais fais irruption pour perturber son travail. Mais je ne reviendrais pas sur cet épisode avec elle, pas alors que la tension semble avoir descendue un peu. « Si tu n'étais pas un peu en danger, tu n'aurais pas besoin de préciser que tu fais attention à toi mais je te laisse gérer, c'est ton choix de vie, ton milieu, tu connais sans doute bien mieux que moi les risques. » Et je n'ai réellement pas envie de les connaître tous. Je ne me mêle plus de sa vie, je lui ai dis ! Je lui ai dis et je dois le garder en tête. Quelques soient les risques, les problèmes qu'elle rencontre, je dois rester loin de tout ça. Loin d'elle et du secret que je garde pour elle. Je ne dois plus critiquer sa vie, ses choix, et elle en fera de même, elle vient de l'annoncer. Ce qui me laisse espérer qu'elle n'ira pas tout raconter à ses parents à la première occasion et surtout qu'elle n'essayera pas d'éloigner Caleb de moi. « T'inquiète, on ne fréquente pas les même milieux, s'éviter devrait être simple. » A part l'appartement de son frère ou il sera difficile pour nous de nous éviter, le reste de temps, je devrais pouvoir réussir à ne pas croiser la route de la petite sœur de Caleb trop souvent. J'en viens à penser aux repas de famille, mais vu que je n'ai aucune intention de m'infliger des dîners avec les Anderson dans l'immédiat, ça ne devrait pas être un problème. Du moins pour Prim et moi, avec Caleb, faudra voir quand la situation se présentera. Mais ça ne concerne que Caleb et moi.

Elle me demande si je sais pour combien de temps en a Caleb. « Non il m’a rien dit. » Sinon jamais je ne me serais laissée enfermer ici avec elle. Mais je garde ma réflexion pour moi, pas la peine de risquer un nouveau dérapage alors que la situation semble atteindre un équilibre pas trop mal au vue de nos antécédents. Je quitte ma place pour attraper mon téléphone qui chargeait sur la table de chevet. Après l'avoir déverrouillé, je lui envoie sur le lit à côté d’elle. « Tiens, je te laisse le faire venir. » Je ne sais pas ce qu’elle compte dire à son frère mais je la laisse gérer. Parce que je suis légèrement énervée contre Caleb et ça m’arrange de ne pas avoir à m’énerver avec lui au téléphone. Je lui ai déjà crié dessus avant qu'il ne quitte l'appartement, après qu'il nous ait enfermé dans cette chambre. Alors si c’est elle qui a le mauvais rôle pour une fois, je lui laisse mon téléphone avec plaisir, je lui laisse le plaisir de crier sur son frère, après tout entre frère et sœur, ils doivent en avoir l'habitude non ?

« Pour ce que ça vaut je ne suis pas fière de mon comportement avec toi. » Voilà c’est peut être les dernières excuses que je suis en mesure de lui donner. Ça ne permettra pas de rétablir les liens mais c’est le point final de notre conflit. Celui dont j’ai été en partie la responsable. J’ai attisé sa haine envers moi et désormais on essaye de faire avec. On va devoir faire avec. Parce que ni elle, ni moi n’avons envie de sortir de la vie de Caleb, donc pour lui, l’effort sera fait, pour lui éviter d’avoir un autre problème à gérer. Je crois qu’elle comme moi avons déjà assez à gérer et on peut au moins protéger Caleb d’une tension inutile. On ne pourra jamais s’apprécier, et j’aurais toujours du mal à gérer les vérités que je sais sur sa vie et sur la manière dont elle la gère. Mais c’est une grande fille, et ça ne me regarde pas. Je sais que Caleb ne penserai pas comme ça, mais Prim n’a pas de compte à me rendre à moi. A lui sans doute mais j’ai décidé de rester éloignée des affaires des Anderson. C’est mieux pour moi et aussi un peu pour eux. Et en attendant qu'il daigne venir nous libérer, je réfléchis à la manière dont il va devoir se faire pardonner pour ce piège qu'il m'a tendu et plus il nous fera attendre plus j'aurais de temps pour élaborer mon plan, alors qu'il se dépêche.

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

J’ai enfermé ma sœur et Alex dans ma chambre – bon, je sais que dit comme ça, la phrase peut être interprétée d’une manière un peu spéciale. – Et puis je suis parti. Je les ai laissées à deux, enfermées entre quatre murs sans aucune possibilité de sortir. C’est peut-être un plan un peu foireux, sûrement la pire idée que je n’ai jamais eu de toute ma vie. Mais cette situation ne peut pas durer comme ça. Primrose est, et restera l’une des personnes les plus importantes pour moi. Prim c’est ma petite sœur et bien que notre relation ne soit pas des plus simples, je ferais n’importe quoi pour elle. Et puis il y a Alex, c’est toujours un peu compliqué elle et moi et surtout, c’est encore tout nouveau. Ça ne fait que quelques semaines que l’on s’est remis ensemble et pourtant je ne m’étais pas senti aussi heureux depuis quelques années. Et je pense pouvoir dire sans hésitation que Prim et Alex sont les deux personnes les plus importantes dans ma vie. Et…elles se détestent. Je ne sais pas vraiment pourquoi et honnêtement je ne suis pas sûr de vouloir en savoir beaucoup plus. Mais elles s’évitent à tout prix et cette situation commence à être pesante et lourde. Je sais que si je ne leur force pas la main elles ne feront aucun effort, au fond elles se ressemblent plus que ce qu’elles ne le croient. J’essaie de m’occuper l’esprit, je travaille et la salle commence à se remplir petit à petit, les commandes arrivent doucement en cuisine. Mon portable sonne une fois, je ne compte pas y répondre parce que je n’aime pas toucher à mon portable quand je suis en cuisine. Il sonne une deuxième fois, et puis une troisième fois et ainsi de suite. Je soupire et me résigne à décrocher, surtout lorsque je vois le nom d’Alex s’afficher sur mon écran. « On a parlé, on s’est fait des bisous, des câlins, on s’est juré d’être de grandes amies pour l’éternité et on est en train d’envisager de s’acheter ces colliers moches, tu sais ceux avec une moitié de cœur avec le prénom de l’autre sur une chaine, et contribuer à l’économie mondiale en achetant un truc aussi laid est sûrement considéré comme un acte criminel alors viens ici tout de suite avant qu’on se retrouve réellement en prison. » Pourquoi est-ce que c’est Prim qui m’appelle avec le portable d’Alex ? Je sais très bien que ce qu’elle dit est à prendre au second degré et qu’elles ne sont bien évidemment pas devenue de grandes amies mais qu’elles sont plutôt sur le point de s’entretuer. J’ouvre la bouche pour lui répondre mais elle est plus rapide que moi. « Je te laisse cinq minutes pour arriver ici, j’espère que tu cours vite, on peut aussi envisager de se servir de ton ordinateur pour faire quelques achats sympas pour les fêtes qui approchent, cent euros par minute de retard, ça te convient ? » Je soupire lourdement, son manque d’amabilité m’agace et de toute façon elles peuvent toujours essayer, mais mon numéro de carte de crédit n’est pas enregistré sur mon ordinateur. « J’arrive. » Je cède, sans aucune remarque supplémentaire parce que je pense qu’elles sont toutes les deux à bout de nerf et qu’elles vont vraiment finir par me détester si je les fais encore attendre longtemps.

Et c’est une dizaine de minutes plus tard que j’arrive à l’appartement. C’est étrangement silencieux mais au moins ça veut dire qu’elles ne sont pas en train de s’engueuler. Sans plus attendre j’ouvre la porte de ma chambre et je les regarde une poignée de secondes sans trop savoir quoi leur dire. « Je ne vois pas de sang, c’est déjà bon signe non ? » Je pense que j’aurais mieux fait de me taire parce que ma réflexion ne va pas les amuser j’en suis persuadé. Je les regarde à tour de rôle et encore une fois je ne sais pas quoi dire. Alex m’en veut, je le vois à sa manière de me regarder. Je passe une main dans mes boucles, j’ai envie de leur demander si elles ont réussi à se parler mais je décide de ne rien dire jusqu’à ce qu’une odeur de tabac très désagréable n’attire mon attention. Je me tourne vers Alex pour la regarder cette fois c’est à mon tour d’être légèrement énervé. « T’as sérieusement fumé dans ma chambre ? » Je lui pose la question même si la réponse est évidente et pour faire partir cette odeur au plus vite j’ouvre la fenêtre et puis je me retourne de nouveau vers elles. « Bon, je suis désolé c’était peut-être pas une super idée. » J’avoue en les regardant et c’est vrai. Sur le coup cette idée me semblait vraiment géniale mais avec du recul je me rends bien compte qu’elle ne l’était pas. « Mais essayez de me comprendre aussi, je me retrouve complètement coincé entre vous deux et soyez honnêtes, si je vous avais demandé normalement de vous parler vous auriez fait aucun effort. J’avais pas d’autre choix que de vous forcer la main. » Et ça aussi c’est vrai. Je suis sûr que si j’avais demandé à l’une d’entre elle de faire le premier pas vers l’autre, elle ne l’aurait pas fait. Je n’essaie pas de me trouver des excuses, j’essaie simplement de leur faire comprendre pourquoi j’en suis venu à agir ainsi. J’espère qu’elles vont comprendre et qu’elles ne vont pas trop m’en vouloir.

nightgaunt

“Pressure pushing down on me, pressing down on you, no man ask for. Under pressure that burns a building down, splits a family in two, puts people on streets”

Avec Primrose, je pense qu'on a fait le tour, on s'est reproché ce que l'on avait à se reprocher. Elle s'est vengée en m'envoyant mes erreurs en pleine figure sans ménagement et elle m'a fait mal, vraiment. Mais on est quitte désormais. On a réussi à se parler et c'est en soit un petit miracle. Je me suis excusée auprès d'elle pour mon comportement, et on a réussi à ne pas s'écharper, ce qui en soit est peut-être le point le plus positif à retenir. On est restées enfermées dans une pièce sans possibilité de s'enfuir, à se dire toutes ces choses horribles, sans en venir aux mains et désormais, nous pouvons envisager de réussir à se croiser et à être polies l'une avec l'autre. Et je sais que c'est le mieux que l'on pourra donner à Caleb. Caleb, justement, il est temps qu'il revienne, Primrose l'appelle, je lui laisse volontiers le plaisir d'invectiver son frère au téléphone. Je suis lâche sans doute, mais c'est elle qui aime parler de nous à Caleb, alors je la laisse faire pour cette fois. Et pendant qu'elle s'en prends à lui au téléphone, je range mon ordi dans mon sac et mes quelques affaires qui traînent de la veille. Je l'écoute d'une oreille le menacer, mais je ne m'en mêle pas. C'est une affaire entre elle et son frère et j'ai pris la résolution de ne plus jamais m'occuper des affaires des Anderson. « Je pense qu’il va venir. » Ok cool ! « Il a intérêt. » Plus vite il va arriver, plus vite je vais pouvoir sortir d'ici et respirer un coup. Parce que je me sens de plus en plus à l'étroit ici. « Si dans dix minutes il n’est pas là, on prend des photos de l’appartement et on crée une annonce de vente en ligne, il va galérer pendant trois mois en recevant des tonnes d’appel pour des visites, ce sera absolument parfait comme vengeance. » Je ne sais pas si en employant le 'on', elle pense que je vais la rejoindre dans la mise en place d'un plan ou quoique ce soit d'autres, mais je ne bougerais pas, et je ne réglerais pas mes problèmes avec Caleb devant elle. Je lui fais un signe de la tête, elle le fera si elle le veut, je ne l'en empêcherai pas mais qu'elle ne compte pas sur moi pour être une alliée pour autant. Je m'assoies sur le lit, le regard tourné vers l'extérieur parce que je n'ai qu'une envie à cet instant précis, mettre fin à cette désagréable sensation d'enfermement que je ressens de plus en plus. Je ne sais pas depuis combien de temps elle a raccroché le téléphone, ni même si Caleb va venir dans l'immédiat, mais le silence devient pesant. Alors je le brise en m'excusant une dernière fois auprès d'elle. Un moyen de tourner la page pour ma part, un moyen de tout laisser derrière nous. Et elle esquisse elle aussi un premier pas en avant, même si elle reste fidèle à elle même, en terminant ses mots pas un 'tu le méritais', que je ne peux pas réellement contredire. Et le silence se réinstalle entre nous, puisque finalement, nous n'avons pas grand chose à nous dire en dehors des reproches, et parfois ne rien se dire, vaut mieux que de se dire des choses blessantes. Alors, j'observe mon portable et les minutes qui passent, bien trop lentement à mon goût, espérant que Caleb arrive vite, pour ne pas laisser ma colère continuer à grandir. J'entends la porte d'entrée qui s'ouvre, je l'entends s'approcher de la chambre, la clé dans la serrure qui déverrouille la porte et avant même que la porte ne s'ouvre, je suis debout, le regardant entrer dans la chambre. « Je ne vois pas de sang, c’est déjà bon signe non ? » Je souffle, vraiment il vient de nous enfermer et la première chose qu'il nous dit c'est ça ? Je le regarde, n'arrivant pas à cacher mon énervement mais gardant pour moi ce que j'ai envie de lui hurler. Parce que ce n'est pas le bon moment, par le bon endroit et pas avec les bonnes personnes. Et aussi parce que je ne suis pas totalement exempte de tout reproche, alors je ne dis rien. Je ne dis rien, jusqu'à ce que lui s'en prenne à moi. « Tu m’as sérieusement enfermé dans ta chambre ? » Ce n’est pas une réponse à sa question mais presque. Oui j’ai fumé dans sa chambre et oui j’aurais sans doute pu éviter. Et peut-être même que je l’ai fait aussi en guise de petite vengeance, mais je vais bien garder ça pour moi et pas m’en vanter. Mais vraiment s’il ne m’avait pas enfermé dans sa chambre je n’aurais pas eu à fumer ici. Alors c’est aussi sa faute finalement et l’odeur de la cigarette lui rappellera peut être qu’il doit éviter de m’enfermer contre ma volonté à l’avenir. Et après avoir ouvert les fenêtres, il finit par s’excuser. En ajoutant que ce n’était peut être pas une super idée ? Non tu crois Caleb ? C’était même une idée des plus merdiques. M’enfermer avec sa sœur qui me déteste après lui avoir confié la vérité sur ma vie. C’était un plan sans faille, aucune, vraiment. Je me tais mais je continues de le regarder alors qu’il tente d’expliquer les raisons de son geste. Et je ne suis pas convaincue par ses propos. Je ne lui ai jamais dis que je n’aimais pas sa sœur et avant qu’il nous enferme je ne savais même pas qu’il avait conscience de l’existence d’un passif entre Prim et moi. Alors je lève un sourcil, croise les bras devant moi et tente de rester calme. « En quoi tu étais coincé entre nous deux ? Je ne t’ai jamais fais une seule remarque sur ta sœur, alors je vois pas en quoi c’était un problème. » Je n’ai pas envie d’une dispute avec lui, pas devant Primrose. Pas après tout ce qui vient d’être dit entre Primrose et moi. Je ne veux pas d’une énième confrontation, je n’en ai pas envie et pas la force non plus. « Enfin laisse tomber. Tout est parfait. On a parlé, on s’est dit ce que l’on avait à se dire maintenant je vais vous laisser, et rentrer chez moi à moins que tu veuilles encore m’enfermer ? » Peut être que cette phrase n’était pas utile, mais je suis encore énervée, touchée et en colère et peut-être aussi un peu étonnée d’avoir vu que Caleb pouvait me faire ça. Je dois juste me calmer, et me remettre de toutes les émotions avant de risquer de dire des choses qui dépasseraient ma pensée. « Tu peux toujours venir ce soir si tu veux, ou demain. Mais la j’ai besoin d’aller courir, de me changer les idées. » Et de boire un verre pour oublier tout ce qu'il vient de se passer. Je dois sortir et évacuer ma colère pour ne pas que ça se retourne contre lui. Il m'a fait un mauvais coup, mais je sais qu'il ne fait jamais rien pour blesser les gens, et même si je suis blessée et en colère à l'heure actuelle, ce serait injuste de ma part de m'en prendre à lui parce que de nous deux, je suis sans doute celle qui fait le plus d'erreurs, constamment. Et je ne ferais pas l'erreur de me montrer méchante et injuste envers lui. J'attrape ma sacoche d'ordi et je me prépare à partir. « Bonne journée Primrose. » J’insiste sur le bonne journée en prenant un sourire exagéré, ce n’est pas contre elle mais pour montrer à Caleb que c’est bon, on est des grandes filles capables de se parler cordialement désormais. Même si au fond, je garde encore un secret pour elle. Même si au fond, elle peut à elle seule me rendre la vie impossible dans cette famille Anderson. On se l’ait dit. On ne sera jamais amies, mais on peut se tolérer, se croiser sans se dévisager, et je pense qu’on peut même s’échanger deux trois banalités d’usages pour Caleb. Mais elle et moi c’est une relation construite sur un mensonge, sur des provocations et sur des paroles blessantes. On ne connaît finalement que ça l’une de l’autre, j’ai montré le pire de moi même et elle n’est pas loin d’avoir fait la même chose. J’aime son frère -son abruti de frère qui nous a enfermé ensemble parce qu’il pense pouvoir régler tout les problèmes de l’univers- et je sais que je vais devoir faire avec Primrose. Faire avec sa famille, ses proches, ceux qui me détestent comme ceux qui me jugent pas faite pour lui. Mais je m’en fous. Parce que je veux être avec Caleb et je laisserais personne me priver de lui. Même si là tout de suite, c'est moi qui me prive de lui dans l'immédiat mais c'est pour notre bien à tout les deux. Et ce serait préférable qu'il ne me retienne pas et qu'il laisse sa sœur lui donner les détails s'il en veut. « Je t'appelle plus tard. » Quand je serais calmée, quand je n'aurais plus envie d'être méchante avec lui, parce que je sais qu'il ne mérite pas ça, mais s'il savait comme sa sœur m'a fait du mal, comme sa sœur m'a bouleversé en utilisant notre histoire qu'il lui a raconté. J'ai juste besoin d'un peu d'air pour accepter et j'espère qu'il comprendra ce besoin et qu'il ne verra pas ça comme une fuite.

nightgaunt