Chaque minute qui le rapproche de la rencontre qu’on peut qualifier de rencontre fatidique vient faire monter un peu plus le stress qu’il ressent depuis déjà plusieurs jours, depuis qu’Olivia et lui ont convenu d’un rendez-vous avec une date, une heure, un lieu. Depuis, tout ce qu’il s’imaginait depuis des mois - depuis la grande annonce - devient peu à peu concret et les scénarios qu’il se fait dans sa tête ont de plus en plus de chances de se réaliser ; les bons, comme les mauvais, tout peut arriver. Il essaie de se vider la tête, ne souhaite pas s’encombrer de et si qui ne se réaliseront probablement jamais et tente alors de se convaincre que tout va bien se passer : le stress pourtant ne cesse de grandir et il ne peut que se questionner quant à cette rencontre : est-ce qu’il va savoir parler aux enfants ? est-ce que ces derniers vont être heureux à l’idée de le rencontrer ou au contraire n’ont aucune envie de que leurs vies se retrouvent chamboulées ? est-ce qu’ils seront heureux du cadeau que Cody leur a apporté ou blasés à l’idée qu’il puisse tenter de les acheter ? Ce n’est pas le cas bien sûr, le boxeur ne se voyait simplement pas arriver les mains vides après avoir été absent toute leur vie. Tant de questions et d’inquiétude qui l’ont empêché de dormir la nuit précédente, ce qui se voit certainement un peu sous ses yeux.

Il approche du parc, lieu de rendez-vous pour cette rencontre qui semble marquer un nouveau tournant dans la vie de Cody : ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre ses enfants pour la première fois, et les conditions de cette rencontre sont plus que particulières. La main fermement accrochée au sac qu’il tient par la hanse, il marche en gardant un regard attentif sur tout ce qui l’entoure. Un regard vers la droite, un vers la gauche et il ne lui faut pas plus longtemps pour reconnaître la chevelure de feu d’Olivia. Ils ont pris l’habitude de se rencontrer régulièrement pour échanger et se familiariser l’un avec l’autre afin que ce jour tout particulier soit plus simple pour eux deux ; il n’imagine pas ce que Olivia doit ressentir à l’idée de le laisser un peu entrer dans cette dynamique mais lui ne peut que lui en être reconnaissant. Il ne veut pas rester un inconnu dans la vie des jumeaux, connaître leur existence sans pouvoir les connaître eux n’était pas quelque chose de vivable sur le long terme et voilà qu’il va pouvoir mettre un point final à cette drôle de période pour enfin apprendre à les découvrir.

« Salut tout le monde ! » qu’il ose dire à peine arrivé, bien loin d’être timide malgré l’inquiétude sûrement palpable sur ses traits - du moins pour Olivia, la seule autre adulte présente. Ses doigts serrent le sac qu’il tient en main, il doit le poser pour en sortir le cadeau qu’il destine aux enfants mais les yeux que les deux portent sur lui viennent simplement le stresser un peu plus ; il n’est qu’un inconnu. Cherchant un point d’ancrage chez Olivia qu’il oserait doucement appeler une amie, il rajoute. « Salut, ça va ? Je suis pas en retard ? » qu’il ose demander avant de reporter son attention sur les jumeaux. « Salut. » Décidément, c’est son mot préféré du moment. « Je suis Cody. Tenez, c’est pour vous. » Presque en apnée, le voilà qui pose le sac et en sort un jeu de société joliment emballé - le vendeur a pris le temps de faire quelque chose de joli comme Cody le lui a demandé. Alors que les enfants prennent le temps d’ouvrir, Cody lève les yeux vers Olivia et se lance dans une explication générale. « Je me suis dit que ça vous permettrait de jouer tous ensemble, ou juste les deux, ou même avec moi peut-être ? Bref. Le vendeur a dit que les enfants adoraient ce jeu, j’espère que vous ne l’avez pas déjà ? » Il ne cesse de tourner son attention, un coup vers Olivia puis l’autre vers les jumeaux, pas certain de comment se comporter et effrayé à l’idée de faire la moindre gaffe. Il veut que la journée se passe pour le mieux. Finalement, il se penche à nouveau sur le sac pour en sortir un plat. « J’ai fait une tarte aux pommes. » Ce n’est pas surprenant de le trouver régulièrement en cuisine, aucune des filles de la colocation n’a donc haussé un sourcil en le voyant aux fourneaux toute la matinée. Quand enfin le sac se retrouve vidé de son contenu, Cody a l’impression de ressentir la même sensation. Il s’installe alors sur le plaid, les genoux relevés et les mains sur les genoux. « C’est chouette ce parc, vous venez souvent ? » qu’il demande alors aux enfants mais gardant un petit oeil vers Olivia.

« Pas de retard du tout ! On est juste parti en avance parce que je prévois large avec toute cette petite troupe ! » Si la réponse d’Olivia est bien loin de lui permettre de se détendre complètement, elle vient éviter qu’il n’angoisse plus à l’idée de faire mauvaise impression ; il ne veut pas gâcher cet instant et il ne peut qu’être soulagé à l’idée que ça ne soit pas le cas. Soulagé, peut-être, mais toujours aussi nerveux devant ces enfants qui semblent également appréhender un peu le moment. Il ne peut que les comprendre, bien incapable d’imaginer le Cody de 6 ans qu’il était et comment il aurait pu réagir face à une telle nouveauté dans sa vie - il lui aurait fallu du temps, c’est bien certain, raison pour laquelle il ne souhaite pas brusquer les deux petits jeunes qui se trouvent face à lui. C’est le cadeau qui vient détendre un peu tout ça et Cody observe attentivement les jumeaux - et leurs méthodes opposées - ouvrir le présent qu’il espère à la hauteur. Alors qu’il les regarde découvrir, il sourit en repensant aux longues minutes passées devant l’étal de jeux de société, bien incapable de savoir quoi leur prendre et inquiet à l’idée de tomber à côté - ou pire, d’acheter un jeu qu’ils auraient déjà ! Perdu devant le nombre spectaculaire de boîtes, un vendeur est vite venu à se rescousse et ils ont pris ensemble une bonne quinzaine de minutes supplémentaires avant que le Shephard ne se décide une bonne fois pour toutes - il n’avouera pas qu’il a failli revenir 2 jours plus tard juste au cas où, mais il avait perdu le ticket de caisse, tant pis !

Les enfants découvrent la boîte et Cody est en apnée. « Mon copain Liam il l'a ! Il est cool ce jeu maman ! Tu vas adorer ! » Soulagement ! Et le voilà qui pousse un petit soupir pour expulser tout cet air qui manquait de le faire exploser. Il n’est pas tombé à côté, et les enfants ne l’ont pas, une première réussite ou du moins, un premier échec évité, Cody peut se détendre un peu plus et il sent peu à peu la tension dans ses muscles se réduire - pas totalement, bien sûr, un muscle à la fois. Pendant quelques secondes, il observe la conversation qui se déroule devant lui, la dynamique de chacun dans ce trio soudé. La tarte aux pommes semble elle aussi attirer les regards et il n’est pas peu fier d’assurer qu’elle est faite maison ! « Nous on a des gâteaux de notre tata ! Elle a une pâtisserie. Maman, elle cuisine pas de gâteaux elle ! » Au milieu d’un rire, Cody ne peut s’empêcher d’être impressionné devant les enfants, ils sont plein de joie de vivre et bien loin de la timidité que lui en tant qu’adulte arbore devant la situation et il faut reconnaître qu’ils aident à le détendre, lui qui était si stressé depuis plusieurs jours se retrouve à sentir le poids le quitter peu à peu face aux paroles des jeunes enfants. « Ta maman a sûrement d’autres qualités ! » qu’il ose pousser un peu tout sourire avant de poursuivre sur ce chemin. « Moi j’adoooore cuisiner. Je suis sûrement pas aussi doué que ta tata mais j’espère bien que ça te plaira. » Il n’a pas toujours aimé cuisiner, apprendre est devenu une nécessité quand il a dû retrouver le chemin de la maison familiale et nourrir les adolescents affamés qui réclamaient les bons repas que la mère Shephard avait pour habitude de proposer. Si maintenant les adolescents sont devenus adultes et que les années ont passé, Cody a conservé cette habitude de cuisiner et il se plaît toujours quand il se trouve derrière les fourneaux : cuisiner pour quelqu’un est toujours beaucoup plus agréable alors il caresse doucement le secret de pouvoir leur proposer de nombreux petits plats et autres pâtisseries. « On va avoir de bons desserts à partager ! C'est quoi ta spécialité, Cody ? » Alors qu’il arrive à devenir peu à peu lui-même, il pose un doigt sous son menton pour réfléchir de façon exagérée, poussant un « Mmmmh. » au passage. « La tarte aux pommes, c’est sûr ! Et puis… les cookies ! Je pourrais en manger des tonnes. D’ailleurs, si j’en prépare 10, vous pouvez être sûrs qu’il n’en restera plus autant à la fin ! » Qu’il s’exclame à l’intention des enfants, jetant tout de même un petit regard vers la maman comme pour chercher une réassurance.

Finalement, la conversation s’enchaîne - les enfants sont doués pour ça et il se souvient très bien de son frère et de sa soeur à cet âge, ils étaient assez similaires et leur petite différence d’âge leur donnait une complicité assez ressemblante, il se plaît à en faire la comparaison, bien que lointaine. « On vient souvent, c'est le parc le plus proche de la maison ! C'est là que maman nous a appris à faire du vélo » Suivant du regard l’indication de la jeune fille, Cody hoche la tête. « C’est vrai ? Et vous êtes des champions du vélo maintenant j’imagine ? » qu’il demande. « J’ai un chien que j’amène au parc, mais je ne l’ai encore jamais emmené ici, ça va peut-être devenir notre nouvelle balade. » En vérité, ça fait un peu loin de chez lui pour une simple balade et ils ont ensemble l’habitude d’aller se promener à la plage mais qui sait ? Cody ne serait absolument pas contre l’idée si cela lui permet de voir les enfants ! Le regard pétillants des jumeaux vient peu à peu pétiller dans les siens également et il se tourne vers Olivia pour lui sourire, et ajoutant un « merci » du bout des lèvres avant de reporter son attention sur ce que peuvent lui énoncer les enfants. La conversation avec eux continue sans que Cody ne voit le temps passer, il prend plaisir à les découvrir et son sourire ne le lâche plus, il pourrait s’en faire mal à la mâchoire mais il n’en a que faire, prenant un plaisir monstre à discuter avec eux et leur maman.

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