« Allez-vous-en. Je vous en prie. Si vous voulez me prouver que vous me dites la vérité, partez, maintenant. » Les mots résonnent encore dans ses oreilles ; il a l’impression qu’ils tournent en boucle et refusent de le laisser tranquille. Il avait espéré notre Cody, il avait ressenti ce vivant espoir en découvrant qu’elle était dotée de pouvoirs comme lui l’était. La phrase tourne une nouvelle fois dans sa tête, il n’a plus aucune chance il le sait bien. Et pourtant, il n’arrive pas à s’enlever la belle de la tête, alors il vient en ces lieux et l’observe autant qu’il le peut ; il ne s’en cache pas, et pour le moment, elle ne l’a pas rejeté. Il vient, il prend sa place, sa boisson rouge vif et il regarde le spectacle sans jamais l’approcher ou la déranger. C’est mieux ainsi.

Alors qu’il l’observe perché sur le tabouret du bar, Cody repense à son rêve de la veille. Il n’était pas un vampire mais un sorcier, au même titre que Mila qu’il surplombait de quelques mètres, volant au-dessus d’elle comme un aigle, l’observant d’un œil vif. Elle s’enflammait, chaque seconde un peu plus et lui ne bougeait pas, incapable de faire fonctionner sa magie pour la sortir de ce pétrin, bien incapable de faire bouger ses doigts pour en sortir l’étincelle qui viendrait tout arrêter. Dans son rêve, un vampire arrivait en trombe pour voler au secours de la sorcière en flammes et lui ne pouvait qu’être spectateur ; il se débattait, toujours dans les airs, jusqu’à ce que le sortilège ne cesse et qu’il tombe d’un seul coup à la renverse au sol. Il s’est réveillé à ce moment-là, en sursaut de peur que la chute ne soit réelle.

Aujourd’hui, il a du mal à la quitter des yeux, peut-être une peur irrationnelle qu’elle vienne s’enflammer tout à coup. Il l’observe mais n’ose faire plus et quand le spectacle touche à sa fin, il reste les yeux rivés sur son verre. Il rêve de la rejoindre mais n’ose pas, elle lui a demandé de s’en aller, il ne peut qu’obéir, se refusant à briser cette demande et la promesse intérieure qu’il lui a faite : il ne veut pas lui faire peur, lui faire mal, il ne veut que son bonheur et si celui-ci n’existe que si Cody se trouve loin, très loin d’elle, alors il préfère accepter sa sentence et vivre sa vie à l’observer sans plus jamais lui adresser la parole.

@Mila Salvatori

Il y a une quinzaine de jours, le pire cauchemar de Mila s’était réalisé : elle s’était faite attaquer par un vampire. Elle allait y passer, sans aucun doute. Elle avait tenté d’invoquer sa magie, de résister, mais ses pouvoirs étaient trop faibles. Elle aurait sans doute dû pratiquer davantage, au fil des années, mais les sorciers avaient tellement souffert qu’ils avaient choisi de rester cacher et, pour la jeune femme, cela voulait également dire renoncer à toute magie.
Elle aurait dû mourir, cette nuit-là, vidée de son sang, sur les pavés de Brisbane. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, un autre vampire était venu à sa rescousse : Cody, un habitué du cabaret dans lequel elle travaillait, avec qui elle échangeait des banalités occasionnellement, tout en rougissant à chaque fois. Il lui plaisait, c’était évident. Il lui avait plu, du moins. Avant qu’elle ne découvre qu’il était un monstre assoiffé de sang et elle, son potentiel dîner.
Pourtant, ce soir encore, il était là, accoudé au comptoir. Ce n’était pas la première fois depuis leur rencontre en dehors du cabaret, lorsque chacun avait révélé sa vraie nature. Pourtant, il ne lui avait plus adressé la parole depuis. Comme s’il voulait lui laisser l’espace qu’elle avait tant réclamé cette fameuse nuit. Elle non plus ne s’était pas approchée de lui, se contentant de lui jeter des regards en coin, trop effrayée pour oser à nouveau l’aborder.
Pourtant, les paroles de Cody la hantaient encore. Elle se souvenait qu’il avait promis ne pas lui vouloir de mal, à plusieurs reprises. Il l’avait assuré, encore et encore. Il avait justifié son intervention en expliquant qu’il l’appréciait, et que c’est pour cette raison qu’il l’avait sauvé. Et petit à petit, les mots du vampire prenaient sens. Elle ne l’avait pas cru, initialement. S’il avait empêché l’autre monstre de la croquer, c’était sans doute pour la dévorer lui-même. Et pourtant … Et pourtant, il ne l’avait pas fait. Et quand elle lui avait demandé de partir, il l’avait fait. Et depuis, il était revenu au cabaret, encore et encore, et n’avait cessé de l’observer de loin, comme s’il n’osait plus l’approcher, mais ne voulait pas rester éloigné. Alors, peu à peu, elle avait commencé à le croire, à espérer que ses paroles étaient vraies, qu’il n’avait voulu que la sauver, et ce parce qu’elle lui plaisait.
Alors, quand sa prestation de la soirée se termine, Mila descend de scène et rejoint le bar. Son verre à la main, elle s’approche doucement de Cody, prenant son courage à deux mains. Son cœur bat la chamade, sans doute autant à cause de la proximité du jeune homme qu’à cause de la peur qu’il lui inspire toujours un peu.

« Ce sont les boissons ou les chansons qui vous font sans cesse revenir ? »

Elle lui sourit et s’installe sur le tabouret à côté de lui, légèrement hésitante, ses joues rougissant comme autrefois.

« Je m’appelle Mila. »

Elle triture son verre un instant avant que ses yeux bleutés ne viennent se plonger dans ceux du vampire.

« Merci pour l’autre fois. Vraiment. »

Il n’aura pas d’excuses pour son comportement, parce qu’elle n’estime pas lui en devoir : elle était apeurée, et son angoisse expliquait sa réaction. En outre, elle n’est pas du genre à s’excuser. Mais il a sa gratitude éternelle et, même si elle n’est pas immortelle, c’est déjà beaucoup.

Avant d’être transformé, Cody a été élevé dans le respect de l’autre et surtout, de la femme. Fortement aimé par une mère qu’il a tant aimée en retour, il ne garde que de bons souvenirs de cette vie d’avant, une vie qui commence à dater désormais et qui se floute peu à peu dans sa mémoire mais qu’il chérit malgré tout, se refusant à en oublier les contours. Il se perd alors souvent dans ses pensées pour retourner en arrière, à cette vie d’humain qu’il a dû mettre de côté pour accepter l’éternité qui se place devant lui ; ça n’est pas toujours facile, il a appris à accepter cette condition qu’est la sienne mais il ne l’a jamais souhaitée. Il ne peut pas vraiment en vouloir à la sorcière de l’avoir rejeté - il en aurait sûrement fait de même si les rôles avaient été inversés - mais cela ne veut pas dire qu’il n’en est pas peiné, bien au contraire. Alors il continue de venir, s’assied toujours au même endroit et observe la jeune femme de loin, sans jamais faire un pas de travers ou accrocher trop longuement son regard. Il la regarde de loin, pas comme on regarderait une proie non bien sûr ; plutôt comme on regarderait un proche pour s’assurer que tout va bien. Il veille.

Quand la prestation se termine, le regard du vampire vient se poser sur sa boisson ; le rouge est caché par la couleur noire du gobelet. Il se prépare à terminer le contenu avant de filer rejoindre les siens, où il se convaincra que c’était sa dernière venue et qu’il se doit désormais de passer à autre chose - puis, il reviendra demain, ça ne fait aucun doute. « Ce sont les boissons ou les chansons qui vous font sans cesse revenir ? » Il pourrait reconnaître cette voix entre mille, elle vient lui chatouiller les tympans à chaque instant de la journée, mais en rêve. Cette fois-ci, quand il relève les yeux, elle est vraiment là. Le regard de Cody pétille, il lui faut quelques secondes pour réaliser qu’elle est là, qu’elle l’a approché, qu’elle lui parle. Il la regarde s’asseoir à ses côtés et se rend compte qu’il n’a toujours pas répondu. « Les deux. Les trois. Enfin, les deux, enfin vous. » Il ne peut dissimuler sa surprise. « Un peu de tout ? » qu’il tente finalement, petit rire gêné sur les lèvres alors qu’il se frappe mentalement d’avoir été si peu doué dans sa réponse. Qui a dit que les vampires étaient toujours sûrs d’eux ? « Je m’appelle Mila. » Magnifique, c’est le mot qui lui vient à l’esprit alors qu’il fait glisser le doux prénom sous ses lèvres. « Mila. » avant de décliner lui aussi son identité. « Je suis Cody. » Il ne lui déclinera pas l’identité ancestrale de son pseudonyme, les siècles l’ont raccourci et c’est bien mieux ainsi. « Merci pour l’autre fois. Vraiment. » Cody passe de surprise en surprise alors qu’il se faisait peu à peu à l’idée qu’il n’aurait jamais plus l’occasion d’échanger quelques paroles avec la jeune femme et qu’il lui faudrait bientôt trouver un autre lieu à fréquenter pour cesser de l’importuner. Il ne la lâche pas des yeux, effrayé à l’idée qu’un simple clignement des paupières la fasse disparaître à jamais. « C’est normal. Vraiment. » Il reprend sa tournure de phrase, une façon pour lui de s’adapter à elle, d’adapter pour rassurer peut-être ? Il prend son courage à deux mains et se lance dans plus de mots qu’il n’a pu en fournir jusque-là ; et sans bégayer ! « Je suis désolé de vous avoir tant effrayée. » qu’il avoue alors, baissant ses yeux quelques secondes. Quand il les relève, il sent le soulagement de la voir toujours près de lui s’emparer de tout son corps. « Si vous souhaitez que je cesse de fréquenter ces lieux, il vous suffit de me le dire et je m'exécuterai. » Il est sincère ; bien sûr que ça sera difficile mais qu’importe, il n’est pas celui qui a besoin d’être rassuré. Il maintient le regard de Mila - quel bonheur de mettre un prénom sur ce doux visage -, prouvant qu’il pense chaque mot qu’il vient de prononcer.

Cody est là, ce soir encore, comme très souvent. Installé au comptoir, elle sent son regard sur elle quand elle est sur la scène, lors de sa prestation. Ce n’est pas la première fois qu’il revient depuis leur rencontre en dehors du cabaret et, peu à peu, la brunette commence à croire qu’il disait vrai : il ne lui voulait aucun mal, et lui avait sauvé la vie. Alors, prenant son courage à deux mains, la brunette le rejoint au bar et lui adresse la parole. Elle reprend à l’endroit où ils en étaient avant, avant cette attaque qui les avait poussés à révéler leur vraie nature. Elle commence par des banalités, commente ses venues et les boissons, une conversation légère, comme ils en avaient auparavant. Elle lui a parlé, mais lui semble avoir perdu l’usage de la parole alors qu’il l’observe s’installer sur le tabouret à côté de lui, en silence. Il lui faut quelques secondes de trop pour répondre, dans la plus grande confusion.

« Les deux. Les trois. Enfin, les deux, enfin vous. Un peu de tout ? »

Elle laisse échapper un petit rire tout en rougissant fortement. Elle est flattée qu’il puisse venir pour elle, et ravie que son intérêt pour le jeune homme semble réciproque. Si elle s’efforce d’oublier le vampire en lui, elle revoit cet inconnu, beau, aimable, quelque peu maladroit, l’homme qui lui plait tant. Elle se rappelle de celui dont elle guettait la présence, qui la faisait toujours sourire lors de leurs échanges, et très souvent rougir. Il est toujours le même, finalement. Il était déjà vampire quand ils se sont rencontrés, et c’est le vrai Cody qu’il lui a toujours montré. Celui qui lui rappelle aujourd’hui son prénom, avec une nouvelle touche de maladresse, alors qu’il l’avait déjà déclamée en pleine rue, il y a une quinzaine de jours, comme pour tenter de se donner un petit côté humain et rassurant. Il était le même inconnu qui avait chamboulé son cœur, celui dont elle ne savait presque rien mais dont elle recherchait la présence chaque soir, scannant la salle du regard dès qu’elle entrait sur scène. Il était le même, avec un côté courageux qu’elle ne lui connaissait pas, alors qu’il a affronté un des siens pour sauver la vie d’une jeune femme qui n’était même pas de sa race. Elle a conscience de son geste, de sa bravoure, et c’est une dette qu’elle ne pourra sans doute jamais rembourser. Il devra donc se contenter des remerciements qu’elle lui offre, et de sa gratitude éternelle.

« C’est normal. Vraiment. »

Elle sourit quand il reprend sa tournure de phrase, mais secoue doucement la tête.

« Non, pas du tout. Vous n’aviez pas à faire ça, à vous battre contre … l’un des vôtres. Vous m’avez sauvé la vie. »

Elle parle à mi-voix, surveillant les alentours, vérifiant qu’aucune oreille indiscrète ne traîne vers leur duo. Elle ne souhaite pas révéler leur vraie nature, préfère que chacun continue à ignorer qu’il est un vampire et qu’elle est une sorcière, pour des raisons de sécurité.

« Je suis désolé de vous avoir tant effrayée. »

Elle pince les lèvres en secouant la tête : il le devait, pour la sauver, alors elle ne peut pas lui en vouloir. Mais elle ne s’excusera pas non plus de sa réaction : elle venait de se faire attaquer par un vampire, qui avait tenté de la tuer. Il était, selon elle, normale qu’elle soit apeurée face un autre vampire, qui aurait dû naturellement chercher à faire d’elle son prochain repas. Après tout, les sorciers n’étaient, pour les vampires, que le bas de la chaîne alimentaire.

« Si vous souhaitez que je cesse de fréquenter ces lieux, il vous suffit de me le dire et je m’exécuterai. »
« Non ! »

La réponse fuse, sans doute trop rapide, et sans doute trop forte, car plusieurs clients du club ainsi que le barman leur lancent des regards curieux. Elle rougit à nouveau jusqu’aux oreilles et tente de dissimuler son malaise dans son verre d’alcool dont elle avale une longue gorgée. Baissant à nouveau le ton de sa voix, elle poursuit.

« Non, sauf si vous, vous souhaitez partir … »

La brunette détache son regard de son verre et plonge ses yeux bleus dans ceux du vampire. Son regard est suppliant, alors qu’elle souhaite sans aucun doute qu’il continue de venir l’écouter chanter. Pour autant, ils se connaissent à peine, et elle semble avoir du mal à trouver un sujet de conversation pour poursuivre l’échange. Elle se tortille sur sa chaise, légèrement mal à l’aise, avant d’entreprendre de satisfaire sa curiosité, questionnant à voix basse.

« Ca fait longtemps que vous êtes … australien ? Vous aimez être australien ? »

Non, elle ne prononcera pas le mot, pas ici, certainement pas !

Il ne sait pas vraiment comment réagir - de multiples siècles d’existence n’ont pas encore suffi à lui apprendre les codes et comment réagir face à une femme -, et cela ne peut que s’entendre dasn son trop-plein d’hésitation. Il aimerait être aussi sûr de lui que la plupart des vampires qu’il côtoie depuis désormais plusieurs générations, mais ça lui semble impossible. Il est tout bonnement incapable de répondre la tête haute, car il sait qu’à tout moment, elle peut lui demander de partir et qu’il ne pourra plus jamais poser ses yeux sur elle. Il se prépare à cette éventualité malgré la peine que l’idée vient apporter à son cœur. Il se prépare également à ce que la conversation tourne au vinaigre à tout moment ; bien sûr pour le moment elle ne lui semble pas hostile mais peut-être qu’elle attend le bon moment pour lui faire part de toutes les vérités qu’elle souhaite lui dire ; il ne pourrait même pas lui en vouloir. « Non, pas du tout. Vous n’aviez pas à faire ça, à vous battre contre … l’un des vôtres. Vous m’avez sauvé la vie.  » Il est surpris, et il lui est impossible d’empêcher sa bouche de se transformer en un “o” qui témoigne du sentiment qui s’emporte de lui. Elle ne semble pas hostile, bien au contraire. Il ne peut pas s’empêcher de se sentir gêné ; s’il était doté des capacités physiques pour, il serait sûrement en train de rosir légèrement. Malheureusement, il faudra l’imaginer. Baissant la tête, il tente d’expliquer bien qu’il n’y ait sûrement pas besoin. « Je ne pouvais pas vous laisser ainsi. » Puis il ajoute. « Je le referais un milliers de fois. » contre n’importe qui ; quelqu’un de son espèce, d’une autre mais même un ami ; jamais il ne laisserait qui que ce soit attaquer la jeune femme et s’en sortir indemne.

Il n’attend pas des excuses de la part de la jeune femme, après avoir retourné la scène un certain nombre de fois dans sa tête, il ne peut que comprendre la réaction qu’elle a pu avoir : elle était effrayée, il est impossible de le lui reprocher et de lui en vouloir. Bien sûr qu’il en a été peiné, il serait bien stupide de ne pas l’être au vu des sentiments qu’il arbore pour elle - et de l’espoir qui était né en lui en découvrant qu’elle était une sorcière - mais lui en vouloir ? ça lui semble impossible, elle a réagi comme elle a pu, et la peur l’a emporté sur le reste. Aussi, ces pensées encore bien présentes dans sa tête, il ne peut que lui proposer de disparaître pour toujours, c’est peut-être ce qu’elle souhaite sans oser lui demander par peur des représailles. Alors il lui offre la possibilité sur un plateau mais ne s’attend pas à ce que la réponse soit si rapide - et si forte. « Non ! » Une nouvelle fois, la surprise peut se lire sur le visage du vampire qui ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi sûre d’elle - et que la réponse soit négative. Il en avait l’espoir, bien sûr ; aussi, bien vite, un sourire vient remplacer l’expression de son visage. « Non, sauf si vous, vous souhaitez partir … » Comment peut-elle imaginer une telle chose ? Il s’empresse de lui répondre. « Non non ! Au contraire…  » Alors que son regard ne quitte pas la belle, il ne peut empêcher un petit rire devant cette conversation et des regards posés sur eux - il les sent, mais il s’en moque. Il n’a d’yeux que pour elle.

« Ca fait longtemps que vous êtes … australien ? Vous aimez être australien ? » Sur le coup, il n’est pas certain de comprendre. Comment sait-elle qu’il n’est pas né dans ce pays mais qu’il a décidé d’y faire sa vie après une longue traversée en bateau - pas certain d’arriver à bon port et en parfait état à destination au vu du long trajet. Alors qu’il se prépare à lui apporter une réponse, il se rend compte que ce n’est absolument pas ce qu’elle a voulu dire et il ne peut pas empêcher le rire franc qui vient s’échapper de sa gorge. Quand il arrive à calmer son rire, il prend le temps de lui répondre. « Vous voulez vraiment savoir ? » Après tout, elle ne semblait pas très bien prendre l’idée qu’il puisse être… un australien ; il ne voudrait pas que ses réponses empirent la situation. « Environ 300 ans. » qu’il chuchote pour éviter que la totalité du bar ne l’entende. Est-ce qu’il aime ça ? Voilà une question bien compliquée. « J’imagine que ça dépend des jours ? Des situations ? » Il ne s’imagine pas entrer tout de suite dans le détail mais il n’aime pas le monstre qu’il est devenu, c’est une certitude ; il apprécie en revanche pouvoir venir en aide aux personnes comme il a pu le faire avec Mila ; cette chose aurait été impossible s’il était encore humain. « C’est plus difficile à vivre que facile. » Qu’il lui avoue en baissant les yeux, un peu gêné devant cet aveu pourtant vrai. Il y a plus de mauvais côtés que de bons, et si Cody pouvait revenir en arrière et annuler sa transformation, il le ferait sans hésiter. « Et pour vous ? » qu’il demande finalement, curieux de savoir comment elle supporte sa condition.