Le plan se déroule pour le mieux jusqu'ici, et Carlyle est bien forcé de contenir la satisfaction que ses traits rêvent déjà d'afficher. Non seulement il a fait de Blake un allié en se rendant insoupçonnable à ses yeux mais il a en plus réussi à concentrer toute l'attention sur son complice, prêt à trahir Hunter si cela peut lui permettre de s'en sortir. Ce n'est pas le plan que les deux garçons avaient établi au départ mais Carlyle a décidé qu'il en serait finalement autrement, en espérant toutefois que son binôme n'a pas lui aussi sympathisé avec un élève dans le but de lui faire porter le chapeau. Avançant aux côtés du grand blond, ses doigts se cramponnent au compas dont ils choisi de s'armer, convaincu que ce dernier finira par servir – et ce, pour ne pas mentionner aussi le couteau toujours planqué sur lui, rendu imperceptible. « C'est sûrement le bon moment pour te dire que je suis ceinture bleue de judo. » Son regard glisse vers Blake qu'il se retient de juger très fort sur cet aveu, car les sportifs de ce bahut n'ont jamais été accueillants avec les garçons comme lui. Carlyle a plus d'une fois rêvé de leur ressembler mais à présent, il rit intérieurement en se disant qu'il peut être le plus fort à son tour, sans rivaliser un seul instant avec la moindre montagne de muscles. « On sait jamais, si ça peut servir une fois face à ce type. » Il hoche la tête avec conviction, loin de cracher il est vrai sur les bons réflexes de son camarade s'il peut envoyer Hunter rapidement au tapis. Et si ces deux-là doivent se battre, Carlyle ne peut pas nier que cela donnera un joli spectacle. « Je crois que je te laisserai faire du coup s'il faut le maitriser, parce que je peux pas trop me vanter de la même chose de mon côté. » Il joue alors la carte du matheux pas sportif pour un sou, cette même carte lui ayant valu bon nombre de moqueries par ici. Blake et lui ne pourraient pas être plus opposés mais il cultive cette différence pour qu'à aucun moment, ce dernier ne puisse se méfier. « C'est impressionnant en tout cas, je dirais même que ça me rassure de t'avoir avec moi. » Il se fend d'un petit sourire, gardant pour lui d'autres pensées comme le fait que ce sera bientôt à lui de se rendre impressionnant car ce n'est que le début, se jure-t-il.

« Psssst, là-bas regarde. » La voix de son camarade le stoppe net dans sa marche et il revient aussitôt sur ses pas, portant son regard vers le point que le blond lui désigne – du pain bénit, s'il osait dire. « Le mec, il ressemble un peu à la description que ton amie a faite, non ? » Oh, il n'a besoin que d'observer brièvement le garçon au bout du couloir pour être certain d'y voir son complice mais bien sûr, pas question d'affirmer quoi que ce soit ici. « Y'a un air c'est clair, et on ferait mieux de faire gaffe à ce qu'il nous repère pas si c'est lui. » D'où le fait de chuchoter et de se tenir à distance car la dernière chose que Carlyle souhaite est surtout qu'Hunter puisse l'interpeller, cet idiot en étant bien capable. « J'arrive pas à voir s'il a du sang sur lui. Mais il est tout seul, c'est déjà plutôt louche, tu crois pas ? » Un point non négligeable qui lui donnerait facilement l'allure d'un coupable, et un point sur lequel Carlyle entend également bien jouer pour déplacer l'ensemble des soupçons sur lui. Plissant les yeux, il fait mine d'analyser ce dernier comme s'il le découvrait lui aussi. « On peut pas dire non plus qu'il a l'air très apeuré, j'en ai même des frissons rien qu'à le regarder. » Il va jusqu'à frotter ses bras avec ses mains pour rendre ça plus crédible, toujours aussi à l'aise dans l'art de jouer la comédie car ce n'est évidemment pas Hunter qui y aurait pensé. Et puis après quelques secondes, il décide de passer à la vitesse supérieure. « Oh mon dieu je.. je crois vraiment que c'est lui. » annonce-t-il d'une voix faussement tremblante, avant de reporter un regard épouvanté vers Blake qui a certainement aussi décrété que le doute n'était plus permis. Peu à peu, le piège se referme sur son complice. « Il va falloir qu'on s'organise pour l'approcher sans risque. Je propose qu'on avance dès qu'il a le dos tourné et qu'on se faufile entre chaque rangée de casiers, si on arrive à le désarmer on évitera d'autres victimes. » Mais ce ne sera pas suffisant pour garantir sa propre tranquillité il le sait, le but étant qu'Hunter ne puisse surtout pas trahir ce qui les lie. Un regard pourrait à lui seul dévoiler leur sombre entreprise, et des paroles un peu trop orientées du principal concerné seraient évidemment bien pires. « Tu crois qu'on.. devrait utiliser nos compas contre lui ou seulement tenter de l'assommer ? » Son but est clair : mettre dans tous les cas son binôme hors d'état de nuire avant qu'il ne puisse entreprendre quoi que ce soit contre lui, car il fait son affaire du sort qui sera ensuite réservé à Blake. « J'ai pas envie qu'il ait le temps de réagir, ça peut se passer tellement vite. Je crois bien que c'est notre seule chance de le prendre par surprise. » Une part de lui espère convaincre le grand blond de lui donner un coup assez puissant pour le réduire immédiatement au silence, meilleur scénario à ses yeux pour lui laisser ensuite le champ libre. « Faut qu'on le fasse pour Jennie et Dafne. » il reprend d'une petite voix, ses yeux retrouvant ceux de son camarade comme s'il y cherchait déjà le feu vert pour agir.

« Tu nous as permis de trouver de quoi nous défendre, ce serait normal que je joue ma part moi aussi. » Vues sous cet angle, les choses sont finalement à l'avantage de chacun et Carlyle ne compte pas rejeter l'argument que son camarade lui présente s'il peut y gagner lui aussi un semblant de reconnaissance. Et dire qu'ils formeraient un duo véritablement efficace dans une situation de crise s'il ne manipulait pas à cet instant le blond, à des années-lumière encore de soupçonner ses intentions. « Je te promets pas de le mettre K.O en moins de deux, mais si ce type est pas trop imposant on devrait facilement avoir le dessus. Après tout, on est deux. » Il n'est pas près de faire le poids à côté d'une carrure comme celle de Blake mais ses atouts à lui sont ailleurs, et l'idée est bien sûr de prétendre qu'il peut au moins compter sur ses réflexes ou tout ce qu'il pourrait avoir à offrir à défaut de pouvoir compter sur ses muscles, ici. « C'est vrai, on a quatre bras à nous deux et même si je me suis jamais battu, faut bien une première fois à tout. » Carlyle le suggère dans un sourire amusé, gardant pour lui le fait que l'affrontement avec sa première victime lui a déjà offert le baptême que l’on peut imaginer. La malheureuse s'est débattue de toutes ses forces au point d'y perdre deux ongles, et les griffures sur les bras du garçon en attestent – pas un très bon moment pour remonter ses manches autrement qu'au figuré, donc.

Et tandis que son complice est désormais dans leur ligne de mire, Carlyle réfléchit à son plan pour l'adapter en conséquence. Pas question de se trahir lorsque Hunter aura été capturé tel qu'ils le préconisent, car sa couverture est jusque là bien trop belle pour qu'il prenne le risque de la faire tomber. « On l'a repéré mais lui nous a pas encore vu, il faut profiter de cet avantage. » Une très bonne chose que l'autre garçon ne se doute de rien et qu'il soit aussi bien trop bigleux pour repérer Carlyle de loin, dans l'hypothèse où leur petit duo ne serait pas assez discret. « Il a l'air un peu trop calme, ouais. Il semble pas tellement inquiet à l'idée qu'un tueur rode dans le coin, en tout cas. » Et pour cause, Hunter n'a pas à jouer la comédie auprès de quiconque contrairement à lui. « C'est tellement suspect, comment il peut être serein alors que des gens se font tuer ? » Il faudrait être un sacré psychopathe, n'est-ce pas ? Pas comme si un deuxième se trouvait là, et profitait intérieurement de ce vaste spectacle. Pour faire porter le chapeau à son complice, Carlyle n'a en tout cas pas l'ombre d'une hésitation en lui. « Okay, t'es sûr de toi ? On a pas le droit à l'erreur. » Il lance un bref regard vers l'individu comme pour vérifier qu'il ne fait pas erreur, et cela avant de confirmer : « Oui, je suis sûr de mon coup. Tout coïncide. » C'est lui, bien évidemment que ça ne peut pas être quelqu'un d'autre car il est comme qui dirait un peu trop bien informé sur la chose. Ce qu'il propose revient donc à mettre la main sur le suspect pour le désarmer dès qu'une occasion doit pour ça se présenter, car il ne s'agit pas non plus d'intervenir sans réfléchir. « C'est une bonne idée, faisons ça. » Mais une fois Hunter entre leurs mains, que faire ? Carlyle ne serait pas contre l'empêcher de parler pour sa part, disons surtout que cela arrangerait encore bien ses affaires mais face à lui, le garçon peut déjà sentir que Blake émet quelques réserves. « Il faut le capturer vivant si on veut avoir des réponses. Je serais d'avis de le désarmer, de nous défendre ou de l’assommer si c'est nécessaire, mais si on peut éviter d'aller plus loin c'est pas plus mal. » Comme... de le tuer ? Personne ici n'y avait assurément pensé, n'est-ce pas Carlyle ? Disons que dans un scénario idéal, son complice ne sera plus en état de le dénoncer mais il veut bien retarder l'utilisation de leurs compas si Blake considère que ce serait un peu trop. « Il doit parler pour qu'on connaisse ses motivations. Je suis sûr que tu veux comprendre, toi aussi. » S'il savait, ces deux-là ont les mêmes motivations et viendra un moment où Carlyle revendiquera les siennes, encore un peu de patience. « Bien sûr, et puis.. je sais pas toi, mais moi je pourrais pas vivre avec une mort sur la conscience, même si le type a pas hésité à tuer, lui. » C'est affreusement ironique, oui, car quelqu'un d'autre ici n'a vraiment pas hésité à planter la lame de son couteau dans le dos d'une jeune fille. Il fait alors mine de soupirer tristement, comme si tout cela torturait déjà sa conscience. « On est pas des assassins nous, je voudrais quand même éviter d'avoir du sang sur les mains. » Tu iras en enfer pour de tels mots, Carlyle.

« T'as raison. Allons-y. » Ni une, ni deux, le duo s'aventure à travers le couloir pour prendre l'individu par surprise. Les casiers leur servent alors de planque, permettant aux garçons d'approcher Hunter avant que Blake ne l'entoure de ses bras. « Te débats pas, mec ! C'est pas dans ton intérêt. » Le suspect ne l'entend pas de cette oreille lui, et c'est sans attendre qu'il entreprend déjà de gesticuler en pestant : « Lâche-moi, hey ! » Carlyle fait en sorte de ne pas être vu par son complice, ce dernier se doutant bien d'une autre présence mais n'imaginant sûrement pas qu'il peut faire partie du piège, en l'occurrence. « Le jeu est terminé. » Et s'il ne faisait à l'inverse que commencer ? « Fais attention, on sait pas vraiment de quoi il est capable. » fait-il en modifiant légèrement sa voix. Ce n'est pourtant pas la force qui étouffe Hunter et cela se voit très vite, car Blake n'a aucun mal à prendre l'ascendant sur lui. Le suspect se débat toujours mais il y perd peu à peu son énergie, et c'est visiblement le moment pour Carlyle d'entrer en piste. « Carl, fouille-le. Son arme est peut être sur lui. » – « Pauvres crétins, vous trouverez rien sur moi ! » S'il hésite pour de vrai cette fois, c'est parce qu'il ne peut pas intervenir de n'importe quelle façon ici. Il fait alors un pas en avant tout en prenant soin de rester sur le côté de son complice, mais le risque d'être reconnu reste grand au point de déjà songer à une autre stratégie. « Blake, tu peux faire en sorte que je croise pas son regard ? Il me fait peur. » murmure-t-il. Une bonne excuse pour ne pas devoir lui faire face, car qui pourrait lui reprocher d'avoir du mal à affronter le regard d'un meurtrier ? Blake fait en sorte d'éviter qu'un contact visuel n'ait lieu et Carlyle en profite pour glisser ses mains sur la veste du suspect. « C'est pas évident, il arrête pas de bouger. » déplore-t-il, avant de saisir l'arme de son complice pour aussitôt la brandir. « Ah, c'est bon ! Wow, je crois bien qu'on avait raison sur lui. » C'est ainsi qu'Hunter devient le coupable tout désigné d'une histoire à laquelle il prévoit pour sa part d'échapper, mais tout serait trop simple si les choses s'arrêtaient là. Son complice peut encore le reconnaître même s'il est désarmé, et c'est ce qui manque d'arriver l'instant d'après lorsque le visage du concerné finit par se tourner vers lui. Leurs regards se croisent, et Carlyle est pris d'un frisson à l'idée que son complice puisse prononcer son nom. Rectification : il ne lui en laissera pas le temps. L'ultime regard qu'il lui lance est un message que lui seul pourra comprendre, et voilà qu'après ça Carlyle frappe le suspect avec le manche du couteau sans crier gare. Ce dernier s'effondre alors, totalement sonné, tandis qu'il doit de son côté justifier ce qu'il vient de se passer. « J'étais obligé, il.. il a tenté de récupérer son arme et il voulait probablement nous attaquer, tu.. t'aurais vu la façon dont il m'a regardé ! » La vérité c'est qu'il ne pouvait pas laisser la moindre chance à son complice de dévoiler leur lien, mais la rapidité avec laquelle il a agi a de quoi déconcerter Blake, lui qui désirait éviter de recourir trop vite à la violence. « J'ai pas tapé trop fort.. si ? » demande-t-il, avec un soupçon d'inquiétude peut-être bien réel dans la voix malgré tout. Ce n'est pas pour Hunter qu'il s'inquiète, c'est évidemment pour lui-même car avec tout ça, il ne faudrait pas non plus qu’il devienne à son tour suspect.