Lorsqu’il était encore avec Autumn, jamais Kieran n’aurait pu imaginer participer à une émission de télévision. À cette époque – pas si lointaine, finalement – le jeune homme refusait la simple idée de sortir de sa zone de confort malgré les nombreux encouragements de la part d’Autumn. Quand il parvenait à le faire, motivé par l’impulsion de sa fiancée, il l’appréciait autant qu’il pouvait être amené à le regretter. Mais une chose était certaine, il se promettait de ne plus réitérer l’exploit (promesse qu’il n’arrivait jamais à tenir), l’inconfort qui était le sien étant finalement bien plus fort que la satisfaction qu’il pouvait ressentir à l’idée d’avoir tenté de nouvelles choses. Mais lorsque leur relation s’était terminée, qu’il avait été amené à faire un point sur sa vie, Kieran avait réalisé à quel point il était passé à côté de nombreuses choses ; et qu’il était peut-être encore temps de faire des expériences. Ce n’était pas pour autant qu’il s’y adonnait avec plaisir ou régularité, néanmoins il avait au moins commencé à rédiger une longue liste d’envies diverses et variées dont il espérait cocher les numéros à son rythme. Participer à une émission n’en faisait pas partie, contrairement au fait de passer à la télé, et Kieran s’était donc senti obligé d’accepter la proposition faite par Fiona pour prétendre prendre au sérieux cette fameuse liste qui ne quitte jamais son porte-monnaie. À vrai dire, il aurait pu se retrouver dans n’importe quelle émission qu’il n’aurait probablement pas eu le courage d’avouer à Fiona qu’il ne se sentait pas prêt à être médiatisé ou à attirer l’attention sur lui, mais Race of Australia lui avait néanmoins semblé être un bon compromis, lui permettant également de découvrir son pays comme jamais auparavant. Ce n’est pas pour autant que les souvenirs de l’émission en sont moins amers, mais ça il se gardera bien de le préciser à Autumn. « Tu penses pas? » Haussant les épaules, peu convaincu, Kieran finit par préciser les raisons pour lesquelles il ne le pense pas, non. Il s’est misérablement planté, dans tous les sens du terme, que ce soit au départ ou dans son aventure de manière plus générale. Il ne se voyait pas finaliste, Kieran étant habitué au goût de l’échec, mais il aurait apprécié d’aller plus loin et, surtout, de ne pas être éliminé comme il l’a été. Car avec Elias ils formaient un binôme bancal, mais efficace, qui avait su se qualifier en premier les deux premières semaines ; et s’ils n’avaient pas été mis en duo avec un autre binôme, moins efficace il doit l’admettre, peut-être qu’ils n’auraient pas été éliminés si vite. Il ne le saura jamais et il tend à ne pas vouloir y penser, conscient que l’amertume se mêle alors aux regrets. « C’est vraiment tout ce que tu retiens de cette aventure? » -  « Non, il y a Elias aussi, on se voit toujours. » Il précise avec un sourire, sincère. Bien sûr, ils ne se voient pas aussi souvent qu’à l’époque, mais son partenaire est devenu un ami, de ceux qu’il voit ponctuellement, mais pour lequel il a toujours beaucoup d’affection. Il pourrait aussi garder en tête le fait d’avoir été le candidat le plus efficace sur les énigmes, lui qui tend à ne pas se penser intelligent, ou d’avoir été les plus titrés en matière d’immunité malgré leur parcours express, mais Kieran n’arrive pas à voir les choses sous cet angle. « Tu t’en sortais pas trop mal, je trouve. » Et il reste muet alors que la jeune femme lui laisse entendre qu’elle a suivi ses aventures ; et il se sent aussi mal à l’aise à cette idée qu’il n’en est ravi. « Ouais, sans doute. » Qu’il finit par simplement admettre, à moitié sincère, voulant surtout masquer sa gêne. « Je savais pas que tu avais suivi. » Mais il avait espéré naïvement que sa participation demeure un secret bien gardé et à l’exception de Fiona et Sawyer, il ne s’était pas particulièrement vanté – et cela avait même fini par avoir eu raison de son travail au Courier Mail (outre le fait qu’il n’était pas assez incisif pour un caricaturiste).

Une autre chose dont il n’a pas vraiment à se vanter, c’est le désastre de sa vie amoureuse. Ce n’est pas tant parce que cela le met devant le fait accompli de ses échecs, c’est aussi pour préserver Autumn. Et même si elle est celle qui pose les questions, ce n’est pas pour autant qu’il a envie de se vanter de ses relations durant leur séparation – même si, à vrai dire, on ne peut pas vraiment parler de relations. Il n’a pas envie d’enfoncer le couteau dans la plaie, peu importe si de son côté elle s’est unie à un autre et qu’il aurait alors toutes les raisons d’évoquer ses autres expériences. Mais ni Ivy, ni Eve – encore moins elle – ne méritent qu’il s’épanche sur la question. Toutes les deux ont joué avec son cœur, lui faisant miroiter une relation pour mieux se détourner de lui. Comme souvent, il a été l’idiot qui acceptait de se mettre en retrait quand elles avaient de meilleures opportunités. Plus riches, plus ambitieux, plus stables, et lorsque les aventures se sont terminées, elles se souvenaient de l’existence de Kieran qui, il le réalise trop tard, était toujours là à les attendre patiemment dans l’espoir qu’elles finissent par le voir comme lui pouvait les voir. Et finalement, elles sont parties toutes les deux, parce qu’il y avait plus intéressant ailleurs ; parce qu’il n’était assurément pas une raison de rester. « C’était… sérieux? » Ça l’était pour lui, oui. Ça ne l’était pas pour elles, et Kieran ne sait pas vraiment comment présenter les choses sans prendre le risque de heurter la jeune femme. Si une part de lui estime qu’il s’agit là d’une réponse à laquelle elle peut s’attendre – pour poser la question autant que par le temps qui est passé – ce n’est pas pour autant qu’il a envie de mettre en évidence des détails qui sauront alourdir ce voyage. « C’était surtout une mauvaise idée. » Il précise, car dans un cas comme dans l’autre ça n’aurait jamais pu amener à quelque chose. Ivy était habituée à un rythme de vie grandiloquent et elle se serait inévitablement lassée du mec quelconque qu’il est, tandis qu’Eve avait besoin de se sentir désirée et n’aurait jamais su lui rester fidèle – elle lui l’a prouvé à plusieurs reprises.

C’est au moins quelque chose qu’il ne peut enlever à Autumn malgré les difficultés qu’a connues leur relation ; elle n’en a jamais fait une excuse pour se détourner de lui. Pourtant, elle aurait eu mille occasions d’aller voir ailleurs et, surtout, de trouver son bonheur. Quelqu’un a la personnalité plus affirmée, qui n’aurait jamais hésité à la suivre dans ces idées les plus folles, qui aurait été plus démonstratif qu’il ne pouvait l’être, qui se serait plus facilement projeté dans l’avenir au lieu d’être bloqué dans son passé. La liste des qualités qu’elle aurait pu rechercher – et trouver – chez un autre est interminable, mais elle est néanmoins toujours restée à ses côtés, alors qu’il ne peut pas en dire de même. Mais Autumn l’aimait, peut-être de façon maladroite, mais néanmoins sincère et c’est la jeune femme dont il est tombé amoureux qu’il redécouvre depuis quelques semaines ; alors oui, il en a envie, même s’il sait qu’il s’agit d’une réponse qu’il devrait garder pour lui. Cependant, ses actes finissent par parler pour lui quand il s’empare de ses lèvres, quand il retrouve cette proximité trop longtemps interdite et pourtant tant désirée. Si le goût de ses lèvres est tout aussi agréable que dans ses souvenirs, Kieran ne peut nier en vouloir plus, la vouloir elle toute entière et retrouver des sensations qu’il pensait définitivement perdues. Et s’il ignore ce qu’il adviendra après ce moment, il ne songe pas un seul instant à y réfléchir alors que tout ce qui lui importe est ce baiser qu’ils partagent. Ça, et toutes les autres caresses qui suivront probablement, sont bien plus agréables que toutes les nuits à la belle étoile et à aucun moment Kieran ne regrette d’avoir détourné son chemin pour rejoindre cette chambre et, surtout, ce lit sur lequel il est poussé. À califourchon sur lui, Autumn lui offre une grande étendue de peau qu’il s’empresse de parsemer de baisers, tandis que ses mains qui caressent son dos visent surtout à l’empêcher de fuir, s’impatientant de découvrir toujours plus de son épiderme. Sa demande sonne autant comme une forme de supplication qu’une dernière garantie d’avoir son consentement, et le sourire qui prend place sur ses lèvres lorsqu’elle se débarrasse de son haut, puis du sien, qui séparent encore leurs deux corps traduit de sa satisfaction quant à cette réponse. Les doigts d’Autumn qui dansent sur sa peau désormais à elle lui procurent de nombreux frissons et tout autant de sourires qu’il n’arrive pas à réprimer. « Ça fait tellement longtemps que j’espère ça. » Kieran cherche à s’emparer à nouveau de ses lèvres pour lui témoigner de la réciproque, mais le corps d’Autumn pousse le sien contre ce lit où il finit par s’allonger. « Tu m’as tellement manqué. » - « Toi aussi. » Il ne se lancera pas dans une plus grande déclaration alors qu’une fois encore, ses gestes parlent pour lui quand il retrouve ses lèvres, rapidement et pas assez longtemps alors que les mains d’Autumn s’aventurent toujours plus sur son torse et que les siennes viennent arrêter leur chemin en se posant sur elles instinctivement. « Euh que... que tu saches, l’agression m’a laissé une cicatrice. » Qu’il murmure, mal à l’aise, en captant son regard un instant pour s’excuser de cette contrariété qu’il considère comme une honte de son côté. Il a eu toutes les peines du monde à assumer son reflet ou à poser son regard dessus, compliquant ainsi les soins et la rendant plus visible qu’elle n’aurait pu l’être s’il avait su suivre les ordres. Et malgré la ferveur provoquée par des retrouvailles trop longtemps enviées et tout aussi souvent repoussées, il y a une certaine maladresse dans les gestes de Kieran, une assurance qui s’atténue à mesure que les choses deviennent sérieuses et qu’il doit accepter ces vulnérabilités. Celle qu’il vient de mentionner, et les autres. Pendant longtemps, il n’y a eu qu’elle, et si Kieran peut se vanter de connaître son corps par cœur et toutes les réactions qu’il a appris à lui provoquer, il y a aussi une crainte de la décevoir, de ne pas être semblable à son souvenir de lui. Alors dans une vaine tentative de repousser ces pensées-là et d’empêcher la jeune femme de s’arrêter sur sa peau balafrée, il retrouve ses lèvres et ses mains continuent leurs caresses, devenant de plus en plus audacieuses à mesure qu’elles glissent le long de son dos, puis sur le textile qui couvre encore ses jambes. Considérant avoir obtenu au préalable l’autorisation de poursuivre son exploration, mais malgré tout ralenti par une crainte constante, il lui faut de longues secondes avant qu’il ne s’autorise à faire glisser ses doigts sous le tissu pour mieux remonter ceux-ci le long de la peau d’Autumn, jusqu’à ses cuisses sur lesquelles il s’arrête quelques instants pour poursuivre ses caresses en prenant son temps avant de s'autoriser à glisser au creux de son intimité ; non pas par timidité, mais parce qu’il éprouve un certain plaisir à faire miroiter le sien – il est le premier surpris de tant de témérité.

@Autumn Galloway

Est-ce que tu étais réellement surprise d’entendre Kieran dénigrer son expérience avec Race of Australia? Pas vraiment non, mais tu dois tout de même avouer être déçue de l’entendre. Parce que tu aurais voulu une preuve supplémentaire pour lui démontrer que sortir de sa zone de confort en vaut parfois la peine. Mais ce n’est pas ce que tu as lu, tout comme ce n’est pas ce que tu entends, alors tu ne peux qu’essayer de gratter dans les souvenirs de Kieran, essayer d’y trouver quelque chose de positif, un plus que cette télé-réalité aurait pu apporter à son quotidien. Il doit bien y avoir quelque chose, non? « Non, il y a Elias aussi, on se voit toujours. » Tu te souviens vaguement du binôme avec qui Kieran avait avancé majoritairement au sein de cette aventure, et ça te fait plaisir d’entendre qu’au moins, il est ressorti de là avec une amitié qui persiste dans le temps. « Ouais, sans doute. » « Je t’assure. » que tu insistes, peut-être inutilement. Accepter des compliments, ça n’a jamais été la force de Kieran après tout. « Je savais pas que tu avais suivi. » Tu acquiesces d’un léger hochement de la tête. Ça avait été impossible de ne pas être intriguée par l’aventure dès le moment où tu avais réalisé qu’il en faisait partie. « Tu sais que je dis jamais non à une bonne émission de télé-réalité. » Tu étais normalement plus du type Bachelor que Race of Australia, mais pour le simple fait de le voir dans ton écran à quelques reprises, tu avais su trouver un intérêt pour l’émission. C’était à double-tranchant, de le voir juste là et de le savoir si loin, de savoir que sa vie avançait même si tu n’en faisais plus partie. Tu le savais, évidemment, qu’il ne vivait pas dans un trou de désespoir depuis qu’il avait laissé cette lettre sur la table de chevet de ton lit d’hôpital, mais il y avait là quelque chose de bien différent entre l’imaginer sans trop d’images précises et le voir à la télévision, à des kilomètres de sa zone de confort. Tout comme tu n’avais pas particulièrement envie de penser au fait qu’il y avait sans aucun doute eu d’autres femmes dans ses bras depuis votre rupture, mais maintenant que le sujet était sur le tapis, tu ressentais le besoin de poser des questions, de connaître des détails qui avaient le pouvoir de te faire du mal. Une réalité que Kieran avait bien vite compris, restant assez vague dans ses réponses. « C’était surtout une mauvaise idée. » Une mauvaise idée comment? Pourquoi? Une mauvaise idée qui lui a fait sérieusement mal, encore? Tu te pinces les lèvres pour t’obliger à ne rien rajouter, tu laisses le silence être la pause dont tu as besoin pour ne pas plonger tête première dans des scénarios que tu ne saurais tolérer.

Tu n'aurais pas cru possible, que cette discussion découle sur une autre, sur la place et l’envie que tu avais toujours d’être celle dans ses bras, et pourtant, malgré les reculs et les non-dits de part et d’autre, les rapprochements se font. Des rapprochements que tu ne tiens pas pour acquis, de ceux que tu espérais depuis si longtemps que tu peines presque à croire qu’ils ont lieu. Mais elles sont bien contre les tiennes, les lèvres de Kieran, et elles te demandent bel et bien de le ramener à ta chambre, ce à quoi tu acquiesces sans la moindre hésitation. Tu veux ça depuis bien trop longtemps pour t’en priver, tes mains avides de plus de caresses, ton corps exigeant plus de proximité. « Toi aussi. » Tes lèvres s’étirent en un large sourire au même moment où Kieran s’en empare à nouveau, tes doigts déjà prêts à danser sur son torse avant que tes mouvements ne soient arrêtés par les mains de Kieran qui se posent sur les tiennes. « Euh que… que tu saches, l’agression m’a laissé une cicatrice. » Ton regard croise rapidement celui de Kieran, avant que tes yeux ne descendent sur les côtes du jeune homme, là où la peau est balafrée légèrement d’un coup de couteau dont tu te rappelles encore trop vivement les dégâts. Mais ce n’est pas là que tu laisses ton esprit vagabonder lorsque tes doigts glissent davantage sur sa peau pour aller trouver la naissance de sa cicatrice. « T’as jamais jugé mes cicatrices, je jugerai jamais les tiennes. » que tu lui promets d’un murmure alors que vos bouches se rencontrent à nouveau dans un énième baiser. Avec lui, tu ne penses pas aux marques qui habitent tes poignets ou tes cuisses, tout comme la cicatrice sur ses côtes ne t’empêchera pas d’y passer tes doigts et de redécouvrir chaque centimètre de peau de nouveau à ta disposition comme si c’était le plus beau des trésors. Les gestes d’abord maladroits et peu assurés gagnent en intensité et en désir, ses doigts se font plus téméraire lorsqu’ils glissent d’abord sur tes cuisses, avant de remonter vers ton centre dans une caresse qui t’arrache un léger soupir de surprise. Chaque mouvement de ses doigts t’arrache une nouvelle vague de plaisir, ne faisant qu’accroitre l’envie qui grandit dans tout ton être.  L’impatience gagne du terrain, quand tu décides de renverser la vapeur, ton dos venant trouver le matelas alors que tu invites Kieran à te surplomber. Sans attendre, tu te débarrasses des derniers bouts de tissus couvrant encore ton corps, tes doigts s’engageant à faire subir le même sort aux vêtements que Kieran porte encore. Tu veux le sentir contre toi, qu’il n’y existe plus aucune barrière physique entre vous deux, à défaut de pouvoir faire tomber toutes celles qui existent encore dans vos esprits, celles que vous avez délaissé et oublié, le temps d’une nuit, au moins. Tes lèvres glissent dans son cou, tu viens mordiller la peau de sa nuque alors que tes jambes viennent s’enrouler autour de ses hanches, pour le rapprocher, toujours et encore.