(c) harley & blondewhoregifs

we didn't start the fire

@ARCHIE KWANTEEN & AUTUMN GALLOWAY

Tu avais dû insister longtemps pour convaincre Joaquin que tu pouvais te rendre à ton appartement toute seule. Tu lui avais promis que tu n’en ferais pas trop, tu voulais simplement aller voir l’étendue des dégâts et avec un peu de chance, tu croiserais quelqu’un en mesure de te donner des réponses quant au temps que cela prendrait avant que tu ne puisses retourner chez toi. Tu ne voulais pas qu’il s’absente à nouveau au travail par ta faute, même si tu appréciais toute l’attention qu’il t’offrait. Ton appartement n’avait pas été le seul à subir des dommages importants lors du passage d’Olga, et c’était la ville en entière qui devait se remettre du passage de l’ouragan, rendant difficile de recevoir une timeline quelconque quant aux réparations qui te concernaient. Tu n’étais pas à la rue toutefois, et même si tu avais hésité longuement au départ, tu étais reconnaissante pour tout ce que Joaquin avait fait pour toi. Du fait qu’il était celui qui t’étais venu en aide lorsque tu étais coincée dans ton appartement, jusqu’à t’offrir une place sous son toit. Tu avais l’impression de lui devoir une reconnaissance éternelle, et cela n’aidait en rien avec ce crush qui se développait à toute vitesse et avec puissance pour le pompier, la proximité rendant la tâche compliquée de ne rien laisser paraître, ou de ne pas être tentée de faire les premiers pas. Tu n’oubliais pas votre différence d’âge évidemment, le fait qu’il avait une nièce qui était plus proche de ton âge qu’il ne pouvait l’être et qu’il ne passait jamais à côté d’une occasion de te rappeler que vous aviez grandi dans deux mondes différents, mais cela ne t’empêchait pas de vouloir passer autant de temps que possible en sa compagnie.

Ce n’était pas la première fois que tu avais des pensées conflictuelles à propos d’un homme, cela semblait même être ta marque de commerce, mais tu laissas tout cela de côté lorsque tu vins garer ta voiture devant ton bloc appartement, ton corps se serrant devant l’étendu des dégâts. L’immeuble était en piètre état, et sur la rue il n’était pas le seul à avoir souffert des différents poteaux électriques cédant sous les rafales. Des branches d’arbres et des débris en tout genre s’amassaient ici et là sur la grandeur de la rue, et si tu n’étais pas réellement certaine de savoir quoi faire pour venir en aide, de voir d’autres personnes s’adonner à la tâche te donna tout le courage dont tu avais besoin pour sortir de ta voiture et tenter quelque chose. Tu te retrouves à faire équipe avec l’un de tes voisins, les branches d’arbres s’accumulant dans différents sacs poubelles autour de vous. Tu es complètement perdue dans la routine de tes mouvements que c’est seulement à la dernière minute que tu aperçois le chien qui coure dans ta direction. Le dernier sac de branches tombe à tes pieds alors que tu ne mets pas longtemps avant de reconnaître le canin qui cherche déjà à recevoir des caresses de ta part. « Bucky! » Tu t’accroupies devant lui, tes doigts venant lui faire des papouilles dans le cou, ce qui te vaut un coup de langue dans le visage, Bucky témoignant de son appréciation. Une fois le chien quelque peu satisfait, tu relèves la tête, peu surprise d’apercevoir Archie qui avance dans votre direction. Ton sourire diminue légèrement lorsque ton regard croise le sien, ne sachant pas trop comment réagir à la soudaine apparition du Kwanteen. Ça fait un moment que tu ne l’as pas vu, un moment aussi que tu ne lui as pas parlé, même si ce n’est pas faute d’avoir essayé. Tu ne comptes même plus le nombre de messages que tu lui as envoyé dans les dernières semaines, ces derniers étant tous restés sans réponse de la part de l’actionnaire. Alors plutôt que de l’accueillir avec une embrassade témoignant d’autant d’excitation que celle que tu venais d’offrir à Bucky, tu te contentes de lever légèrement la main dans sa direction, un sourire crispé sur les lèvres. « Hey. Qu’est-ce que tu fais là? » Ça n’a jamais été ta force, de passer par quatre chemins pour dire ce que tu veux dire alors évidemment que la question sort automatiquement de tes lèvres, un peu plus brusque que nécessaire. Ce serait autre chose sans doute, si tu n’avais pas vu les réseaux sociaux de l’homme d’affaire actif dans les derniers temps, témoignant d’une absence totale de sa part, mais ce n’était pas le cas. Il semblait avoir du temps pour le reste du monde, Archie, mais pas pour toi. Du moins, c’est l’idée que tu t’étais faite et sur laquelle tu t’étais arrêtée, pour le moment du moins.

Archie est l’acteur principal de sa propre comédie musicale. Parcourant le quartier tel le preux chevalier promenant son cheval au bout de sa laisse, il chantonne une mélodie, le cœur en chanson, la tête pleine de fleurs qui accroissent. Des roses des lilas, des orchidées, du jasmin… Il ne pourrait pas reconnaître aucune de ces plantes mais leur parfum l’enveloppe et il marche avec toute la fierté dont il peut faire preuve. Des regards, il en attire. Ils ne sont pas seulement le résultat de l’or qu’il a accroché à son poignet ou de sa marque de chaussures de luxe, ni même du collier de Bucky qui a été engravé d’une bordure de pierres semi-précieuses. Il se fait regarder parce qu’il transpire une joie de vivre inarrêtable. Dans sa poche, son téléphone qui contient toutes les conversations interdites qu’il se permet enfin de développer sans honte, sans jeter un œil derrière son épaule. Il y a eu un déclic dans la tête d’Archie quand Carmine l’a pris dans ses bras comme jamais personne ne l’a fait. Il a pu s’appuyer à sa chair, se servir de lui comme la béquille dont il a tant eu besoin tellement il a mal aux jambes à force de supporter sur son dos trop de responsabilités. L’anglais l’a compris sans poser de questions. Ils conduisaient sur la même autoroute, dans la même direction. Quel sentiment pourrait bien surpasser celui-ci ?

Il sourit aux passants qu’il croise. Il entend des voix commenter l’allure de son chien girafe, on dit à quel point il est mignon et original avec son pif aussi long que ses pattes. Certains s’arrêtent pour demander à le caresser et Archie réalise que c’est bien la première fois que des étrangers se sentent invités par son aura. Bien sûr, il accepte. Bucky apprécie les gratouilles et bat de la queue à plein fouet à chaque nouvelle main sous son menton. Le maître et le chien sont de bonne humeur. Ils vont de paire sur le trottoir qui se déroule sous leurs pieds comme un tapis rouge. Les détritus qu’a fait s’envoler la tempête ponctuent la route, petits obstacles à travers lesquels ils louvoient gracieusement. On aurait presque dit qu’Archie avait oublié que le début du mois avait marqué la seconde mort de sa sœur Lola, qu’il a reconstruite à travers le parc aquatique portant son nom. Mais ce n’est pas grave ; qu’il arrive à se dire quand son petit copain lui affirme que ça ne l’est pas. Ils reconstruiront. Les mémoires ne s’effacent pas en même temps que tombent les briques.

Bucky accélère en tirant sur sa laisse. Surpris, Archie renforce sa poigne et lève les yeux de ses chaussures pour constater ce qui excite l’animal. Autumn, à une vingtaine de mètres de là, transportant des débris qui jonchent l’asphalte. Il n’avait même pas remarqué qu’il avait marché jusqu’ici puisque ses pensées étaient loin d’ici. « Tsk tsk tsk. » Il attire l’attention de Bucky pour qu’il se calme et s’assoit, ce qu’il fait docilement. Il détache le harnais de la laisse. « Vas-y. » Le voilà à s’élancer sur ses pattes de gazelle, les kilogrammes de poils qui virevoltent dans tous les sens au rythme de sa course chaotique. Archie rigole de le voir ainsi, mais il le suit de près, accélérant le pas, pour le rattraper et s’assurer de le récupérer avant qu’il ne parte à la chasse à l’oiseau après avoir salué Autumn. Cette dernière remarque aussi Archie, lui fait un signe de la main. Il l’imite en trottant. « Hey. Qu’est-ce que tu fais là? » Surpris, il ouvre grand les yeux et ne laisse pas un filtre ralentir la discussion. « Je ne savais pas qu’il me fallait un permis pour passer dans le coin ! » Sa réplique, il la dit avec humour et légèreté, pour contraster au ton austère d’Autumn. Il sécurise Bucky avec sa laisse avant tout, pour éviter la catastrophe. Le comble de poster un deuxième avis de recherche en à peine quelques mois. « Que me vaut cet air-là ? » Il interroge la jeune femme, tête basculée, sourcils levés au ciel et paupières plissées à cause du soleil trop brillant. « Je n’ai pas oublié ton anniversaire, c'est dans quelques mois encore. »      

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Bucky fait office de belle distraction, mais les secondes ne sont pas assez longues avant que le maître ne suive le chien. Ce n’est pas étonnant après tout, tu sais à quel point Archie tient à son chien, jamais qu’il ne le laisserait se promener sans surveillance dans les rues de la ville. Est-ce un hasard que le Kwanteen se retrouve devant chez toi, ou du moins, devant l’immeuble qui te servait d’appartement avant les dégâts d’Olga, ou bien espérait-il te croiser? Tu pourrais lui poser la question, mais la vérité, c’est que tu n’es pas certaine d’avoir envie de savoir. Parce que tu en as poser plusieurs, des questions, qui sont toutes restées sans réponse dans les dernières semaines et la Autumn qui se sent délaissée et oubliée, ce n’est jamais une Autumn qui coopère de manière douce et agréable. C’est pour ça qu’il n’y a pas de sourire sur ton visage alors que la silhouette de ton ami approche, c’est pour ça aussi qu’il n’y a pas l’habituel embrassade et excitation dans ton attitude à l’idée de finalement avoir de ses nouvelles après tout ce temps. Archie n’est pas idiot, il est bien des choses mais idiot n’a jamais été un adjectif récurrent pour le décrire et il n’est pas non plus le genre à ne pas pointer du doigt directement ce qu’il ne comprend pas, à ton plus grand agacement. « Je ne savais pas qu’il me fallait un permis pour passer dans le coin. » Peut-être que c’est quelque chose que tu devrais mettre en place, ne serait-ce que pour éviter des moments comme celui-là, pour lequel tu ne te sens pas particulièrement d’humeur. Mais tu n’as pas le luxe de pouvoir disparaître, ni même de pouvoir éviter Archie maintenant qu’il est devant toi et que Bucky réclame ton attention, lui à qui tu es bien plus intéressée de la lui donner.

« Que me vaut ce air-là? » Il ose demander. Il ose demander et toi, tu ne parviens pas à réprimer ce ricanement sarcastique qui remplit temporairement l’air entre vous deux. Tu retiens toutefois un commentaire sarcastique, sans trop savoir pourquoi tu te donnes cette peine puisqu’Archie, lui, ne s’est pas donnée grande peine pour répondre à tes dizaines de messages, ni pour te donner la moindre nouvelle dans les dernières semaines, dans les derniers mois peut-être. Tu dois admettre que tu as perdu le fil du temps, dernièrement. « Je n’ai pas encore oublié ton anniversaire, c’est encore dans quelques mois. » Cette fois-ci, tu ne retiens pas tes yeux qui roulent de manière exagérée, ni le soupir lourdement lâché. « C’est bon de savoir qu’il y a des choses que tu n’as pas encore oublié. » Tu ne ressens toutefois aucune satisfaction à l’entendre te confirmer qu’il se souvient de la date de ton anniversaire. Ça ne prouve rien après tout, qui dit qu’il aurait pensé à t’envoyer un message, lui qui ne semble pas se souvenir comment utiliser son téléphone de manière fonctionnelle, du moins, lorsqu’il s’agit de te répondre. « Contrairement à ce simple talent qu’est de savoir comment utiliser ton téléphone portable. À moins que ce ne soit que moi qui ait le droit à un silence radio de ta part. » Bucky de nouveau attaché à sa laisse, tu tournes le dos au Kwanteen et son canin, prétendant t’intéressée davantage aux divers déchets à ramasser dans la rue plutôt qu’à sa présence. « Te sens surtout pas obligé de rester surtout. Je sais qu’aider les autres n’a jamais été ton activité favorite. » Des insultes gratuites? Certainement, mais dieu sait que tu peux avoir la mentalité d’une adolescente frustrée quand tu t’y mets.

Les paysages sont désolés. La tempête est passée et a laissé ses ravages derrière elle comme un alcoolique abandonne les bouteilles vides sur la table basse du salon. L’heure est à la solidarité ; de part et d’autre de la rue, les gens s’entraident pour déplacer les arbres déracinés et les morceaux de toiture qui n’ont pas tenu bon. Au milieu de tout ça, une chevelure d’automne, un visage et une silhouette qu’Archie (et Bucky) reconnaitrait entre mille, et il ne faut pas le supplier pour qu’il vienne à sa rencontre. La première chose qui le choque, c’est l’air agacé de son amie. Il accuse d’abord la tempête, qui a bousillé la semaine – voire le mois – de nombreuses personnes. Lui-même en a payé les frais, et il devra fermer Lola’s Waterfall pour encore plusieurs semaines encore, le temps que les travaux de réparation soient entamés. Si la perspective de voir son empire s’écrouler le terrifiait la veille de la catastrophe, aujourd’hui il se sent entouré, accompagné dans cette épreuve, et pour la première fois de sa vie il se laisse aller à ses envies. Pas d’interdit dans cette petite bulle qu’il a formée avec Carmine, seulement des découvertes sous leurs plus simples contours.

Certes, il s’est isolé. Le travail lui est monté à la tête. Il ne s’agissait plus de signer quelques contrats à droite et à gauche, ou de se rendre de temps en temps à des rencontres de planification financière. Désormais, Archie dirige une entreprise complète. Il est le marionnettiste, son rôle est le plus déterminant, et si cela apporte de nouveaux défis, il est prêt à faire les sacrifices pour y arriver. Le parc aquatique est certainement le plus beau projet qu’il aura fait de toute sa vie. Non seulement une mine d’or, mais aussi un hommage à ce qui a de plus précieux. Sa famille. Au détour de ses nouvelles responsabilités, il a dû sacrifier le peu de temps qu’il pouvait encore consacrer à ses amis, et voilà pourquoi Autumn a dû payer le prix. « C’est bon de savoir qu’il y a des choses que tu n’as pas encore oublié. » Fronçant les sourcils, il soutient son regard avec un peu plus d’insistance. Il a l’impression que tout le monde a un truc à lui reprocher. Il ne pensait pas que la jeune femme se joindrait à la partie. « Contrairement à ce simple talent qu’est de savoir comment utiliser ton téléphone portable. À moins que ce ne soit que moi qui ait le droit à un silence radio de ta part. » Son reproche fait sonner une clochette dans sa tête. Merde, il songe. C’est vrai qu’il a beaucoup négligé ses conversations téléphoniques. Il a foutu des vents à beaucoup de monde, Autumn y compris. Il s’était pourtant promis de lui répondre plus tard, quand il aurait le temps, mais c’est bien le problème d’Archie : il n’a jamais de temps. C’est ça, l’auto sabotage ? « Merde. » Il dit à voix haute, raccourcissant un peu la laisse de Bucky pour qu’il ne s’éloigne pas trop d’eux. Il a envie de s’enfoncer le nez partout, lui, et il pourrait trop facilement tomber sur un truc pas comestible qu’il tenterait de rendre comestible. « Te sens surtout pas obligé de rester surtout. Je sais qu’aider les autres n’a jamais été ton activité favorite. » Il bafouille un rire timoré, se passe la main dans la barbe, et se met à observer les paysages en bataille à son tour. « Je m’excuse Autumn, j’ai du mal à faire de l’ordre dans mes priorités. » Autant admettre ses fautes plutôt que de lancer une guerre d’ego. Contre elle, ça pourrait durer l’éternité. Aussi, il se sent de bonne humeur. Il doit en profiter. « Je vois tes messages et je t’assure que j’ai envie de répondre, mais quelque chose me tombe sur la tête, puis j’oublie. » Il se remet face à elle pour l’obliger à le regarder. « Je suis vraiment occupé. Tu sais comment je suis. » Oh, elle le sait. Elle l’a vu se transformer en machine, disparaître, s’évader, se refermer aussi, sur le travail et tout ce qui lui permet de faire abstraction à la réalité. « Peut-être qu’il y a du bon, dans cette tempête. Elle me permettra de faire une pause. Et, regarde ! » Il se désigne, la désigne, les désigne ensemble. « Elle m’a guidé jusqu’à toi ! » Si c’est pas un bon coup du destin, ça ! Se redressant le dos comme un bon soldat, il s’exclame : « Alors dis-moi ! Comment je peux faire de ta journée la meilleure journée ? » Rien de moins de la part de sa majesté Archie premier du nom.