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 Paris made me do it [Jarchie]

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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyLun 11 Jan 2021 - 23:43

Paris made me do it.

Le contrat a été signé. Les mains se sont serrées et Archie a pu voir un sourire fier sur les lèvres de James parce qu’il avait réussi son pari. Il l’avait convaincu en lui montrant certaines de ses nouvelles créations et le regard de l’actionnaire s’est illuminé sans qu’il ne puisse contenir son admiration pour son talent. Certes, il n’aura jamais mentionné à voix haute son intérêt pour sa collection dédiée aux hommes mais il est certain que le styliste a pu déceler son intérêt à travers ses iris. Archie ne cache pas les émotions qui méritent d’être montrées. Si des larmes ne perlent jamais à la commissure de ses paupières, il peut se permettre de féliciter un Homme qui a fait quelque chose de bien. Il n’est plus question de compétition entre James et lui mais bien de collaboration. Les deux seront gagnants s’ils arrivent à récolter les fruits de leur travail.

Évidemment, Archie ne possède pas le boulot le plus épuisant entre les deux. Il n’est pas celui qui verra ses créations se faire critiquer devant une foule de personnalités connues dans le domaine de la mode. Il ne souffrira pas trop si l’une des robes attire les grimaces – il en doute, de toute façon, parce qu’il croit réellement que ses créations méritent plus de succès (il ne le dira pas à voix haute, évidemment, sa tâche à lui n’est pas de complimenter James mais de l’aider à charmer les marques les plus intéressantes).

Les deux vols ont été plutôt longs et épuisants. C’était la première fois qu’Archie volait au-dessus des continents pendant plus de vingt-quatre heures. La plupart des couturières qui avaient été choisies pour participer à la fashion week avaient discuté pendant la moitié du vol avant de s’endormir dans leur large siège qui caractérise la classe affaire. Archie, quant à lui, avait admiré le ciel en tentant de trouver un peu de repos, légèrement ébranlé de sortir ainsi de sa zone de confort. Si on lui avait dit qu’il voyagerait avec James une fois dans sa vie, il n’y aurait pas cru une seconde. Et pourtant. Il faut croire que leurs chemins avaient été tracés par le même crayon. C’est autour de vingt-deux heures que le voyage s’est terminé. Les cinq filles, James et Archie avaient été transportés jusqu’à leur hôtel en à peine une heure – mais c’était une heure de trop, la tête de l’actionnaire s’était dangereusement mise à tourner tellement la fatigue le couvrait. Il n’a pas pu profiter des paysages parisiens dans ce trajet-là.

« Qu’est-ce que je fais ici ? » Le jeune homme souffle en esquissant un sourire, le front posé contre la large fenêtre qui encadre sa chambre spacieuse et luxueuse. La fraicheur de la vitre lui fait le plus grand bien. Tout cela s’est passé très vite, et il met la faute sur cet événement mondial qui a lieu dans deux jours. S’il accompagne Weatherton cette semaine, c’est bien parce que James le lui a proposé : il serait probablement encore chez lui s’il n’avait pas montré d’intérêt à ce que leur actionnaire se joigne aux festivités. Jetant un coup d’œil vers le cellier portatif en dessous du comptoir de la petite cuisine, il y remarque une bouteille de champagne. Sans trop réfléchir, il s’en approche pour s’en emparer, tente de lire l’étiquette mais se retrouve perdu devant des écriteaux français. Tant pis. Le crâne lourd de fatigue, il tend le bras vers un tiroir qu’il ouvre, puis un autre, puis un autre, jusqu’à ce qu’il trouve un tire-bouchon. Il s’empare aussi d’une coupe… Puis d’une deuxième. Après avoir jeté un coup d’œil à son reflet dans le miroir près de la porte de sortie de sa chambre, il se dirige silencieusement vers celle de James, adjacente à la sienne. Il hésite plusieurs secondes et se décide finalement à frapper lorsqu’un couple le surprend, immobile comme un piquet. Il sourit, leur souhaite une bonne nuit en français (du coup ça ressemble plutôt à bône nouit), et son masque ironique se pose immédiatement sur son visage lorsque la porte s’ouvre. Il présente automatiquement la bouteille d’alcool à James en souriant à pleines dents : « J’ai trouvé ça dans ma chambre. Je me suis dit que je ne pouvais pas refuser de déguster une boisson typiquement française à Paris. » Il marque une pause et penche la tête sur le côté, les sourcils froncés en réalisant que le jeune homme porte un habit des plus… normal. C’est étrange de le voir vêtu de cette façon, lui qui opte plutôt pour l’extravagance. « J’ai aussi réalisé qu’on avait pas vraiment célébré la signature du contrat. Alors… » Amusé, mais surtout fatigué, il observe les yeux de James, un à un, attendant qu’il le laisse entrer. Il laisse bien visible devant lui la bouteille de champagne pour inconsciemment rappeler au styliste qu’il est là pour boire en l’honneur de leur entente, rien de plus.    
       
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyMer 13 Jan 2021 - 22:04

Paris made me do it.

Ça faisait six mois qu'il n'avait pas mis les pieds à Paris, et James s'y sentait chaque fois aussi dépaysé que la première fois qu'il avait traversé la moitié du globe pour aller défendre le fruit de son travail. Le voyage avait été épuisant, mais les conditions de vol bien meilleures que la dernière fois. James s'était ainsi félicité d'avoir ravalé sa fierté lorsqu'Archie leur avait payé à tous une place en classe affaires, celle-là même que ses équipes et lui avaient déserté durant la dernière année, faisant des économies là où c'était possible. Et s'il est vrai que la présence de l'actionnaire donnait à ce voyage un goût différent, il était bien forcé de reconnaître qu'Archie s'était bien intégré au reste du groupe. Ou peut être était-ce James qui l'espace d'un instant avait été soulagé de compter parmi eux quelqu'un qui n'était sûrement pas plus friand de bavardages et d'anecdotes sentimentales que lui. Les filles avaient ainsi profité des vols pour relâcher la pression des dernières semaines tandis que les deux hommes, eux, avaient voyagé dans un calme relatif. Et comme chaque fois qu'il embarquait avec lui un bouquin, James avait plus volontiers passé le temps sur son ordinateur à s'assurer que tout serait prêt pour leur arrivée. On n'était jamais trop prudent, et cette fois le styliste avait tout particulièrement envie que tout soit parfait. Du coin de l’œil il s'était ensuite assuré qu'Archie ne trouve pas le temps trop long, et les quelques fois où leurs regards s'étaient croisés il est probable que l'actionnaire y ait lu la gratitude qu'il lui inspirait depuis que le contrat avait été signé. Ça ne changeait sans doute pas grand chose pour Archie, si ce n'est qu'il se retrouvait embarqué dans cette aventure parisienne. Mais ça changeait tout pour Weatherton et pour James en particulier. Rien ne pourrait le rendre plus fier que de faire sensation durant leur défilé pour regagner l'Australie avec la certitude d'avoir fait honneur à son nom. Et si ces voyages pouvaient toujours se faire dans six, douze ou dix-huit mois, c'était parce qu'Archie avait suffisamment cru en eux pour les suivre. Après ça, il était plus que naturel qu'il les accompagne. Après tout, le charme parisien semblait avoir un goût d'inédit pour l'actionnaire.

L’Hôtel, lui, était toujours aussi classieux. Le calme et l'élégance au cœur de Paris, rendez-vous privilégié des équipes Weatherton chaque fois qu'ils avaient à se rendre dans la capitale. Pour un événement d'ampleur comme celui de cette semaine ou pour n'importe quelle autre rencontre d’envergure, il y avait toujours de la place à l’Hôtel Marignan pour ceux qui perpétuaient l'héritage d'Alistair Weatherton. Son défunt grand-père logeait déjà ici à son époque et son fils, le père de James, était devenu à son tour un bon ami des propriétaires. Rien d'étonnant à ce que James suive peu à peu le même chemin, à ceci près qu'il se contenterait de les garder comme alliés sans pour autant éprouver le besoin de s'en tenir trop près. Si le fils aîné Gaspard semblait toujours particulièrement impatient de les réaccueillir entre ces murs, cet intérêt n'était partagé par James que lorsque ses bonnes manières l'obligeaient à saluer personnellement chacun de leurs hôtes. Cette fois encore leurs routes ne feraient que se croiser et lui trouverait mille excuses pour écourter le temps qu'ils auraient à passer ensemble. Il venait ici pour travailler et ce bellâtre à la lèvre pendante et aux cheveux gominés ne lui ferait pas changer ses plans.

Leur petit groupe tranchait finalement au milieu des couples venus passer quelques jours dans ce décor romantique, et ça ne dérangeait pas James tant que leurs chambres étaient au calme. La vue depuis l'une des fenêtres de la sienne épaterait même un touriste blasé et ça n'était pas le cas de James qui au contraire redécouvrait ces lieux comme on redécouvrait le parfum d'une fleur. La première soirée était toujours la moins productive mais même quelqu'un comme lui ne regrettait pas de pouvoir passer quelques heures dans sa chambre sans culpabiliser de remettre à demain les questions existentielles. Ainsi James avait troqué sa chemise et son chino – pas l'accoutrement le plus confortable pour un voyage aussi long – pour un pyjama que peu d'êtres au monde pouvaient se vanter d'avoir déjà aperçu. Son ordinateur était posé dans un coin mais pour ce soir, il oublierait le boulot et ne tarderait pas à s'offrir un sommeil réparateur. Pourtant, lorsqu'on frappa à la porte, ses obligations se rappelèrent à lui. Une des filles avait-elle un problème avec une des robes ? Ce serait le pire des scénarios. Et la raison pour laquelle il ne mit que deux secondes à traverser sa chambre pour aller ouvrir la porte, sans se soucier une seconde d’apparaître dans sa tenue de nuit. La surprise se lut alors sur ses traits lorsqu'il découvrit Archie, dont la chambre communiquait avec la sienne mais de qui il ne s'attendait pas à recevoir une visite si tardive. A vrai dire, il l'imaginait plutôt pressé de retrouver sa bulle et de tous les ranger loin dans sa liste de préoccupations jusqu'au lendemain matin. Il n'aurait pas pu l'en blâmer. Ses yeux curieux ne quittèrent alors les siens que pour observer la bouteille de champagne qu'il lui présenta. Une invitation, à boire ensemble à la signature du contrat. Archie ne cesserait jamais de le surprendre mais cette fois, James devait reconnaître que la surprise n'était pas déplaisante. « C'est vrai, avec l'imminence du voyage les festivités ont tourné plutôt court. » Et s'il comptait proposer aux filles de sortir un soir pour marquer le coup comme il le faisait d'ordinaire quand ils voyageaient, Archie et lui savaient tous les deux combien trinquer à un contrat pouvait être symbolique et combien leur collaboration, elle, méritait qu'on l'arrose au champagne. « Il n'est pas trop tard. » Il souffla ainsi, une lueur différente traversant cette fois son regard, s'étonnant lui-même de la facilité avec laquelle il avait déjà remis ses plans en question. « Et ça te fera une anecdote à raconter en soirées. Tout le monde s'émerveille toujours quand on évoque Paris. » Paris et ses monuments, ses vieilles pierres et son histoire. Paris et son aura romantique, sa gastronomie, ses musées. Paris et sa mode, bien sûr. Archie n'avait jamais eu aucun mal à captiver son auditoire, mais un voyage dans la capitale française impressionnait toujours. « Entre. » James ouvrit la porte en grand et se poussa pour le laisser entrer, attendant qu'Archie s'avance à travers la chambre pour refermer derrière lui. « Désolé, tu me prends un peu au dépourvu. J'ai passé des vêtements plus confortables, je n'aime pas garder ceux dans lesquels j'ai voyagé. » Et s'il réalisait maintenant qu'Archie ne l'avait jamais vu dans une tenue aussi décontractée, il réalisait aussi que ça n'avait rien de banal de se retrouver seul dans une chambre avec lui. Pourtant, James ne se laissa pas dérouter, chassant ces idées de son esprit pour offrir une mine aussi impassible qu'il l'aurait fait d'habitude. Inutile qu'Archie perçoive son trouble, la chambre était assez grande pour qu'ils y respirent tous les deux – et pour que l'eau de toilette de l'actionnaire n'embaume pas toute la pièce. « Le voyage n'a pas été trop fatiguant ? Ça paraît toujours interminable la première fois. » Et les fois suivantes. Mais le jeu en valait la chandelle, rien que pour la vue qui s'offrait à eux. James invita silencieusement Archie à déposer les coupes sur le comptoir et soutint son regard une seconde de plus, comme si avec la fatigue et le décalage horaire il peinait encore en partie à réaliser qu'il était bien là.
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyMer 13 Jan 2021 - 23:11

Paris made me do it.

Si le voyage n’avait pas autant épuisé Archie, un peu plus de neurones seraient allumées dans son cerveau et il n’aurait pas pris cette mauvaise décision. L’alcool, la fatigue, l’ennui, la solitude : un combat qu’il regrettera sûrement, mais pas pour le moment. Il n’est pas assez lucide pour comprendre la raison derrière laquelle il emprunte le couloir tapissé en direction de la chambre de James, qu’il rejoint en à peine quelques pas. Ils ont choisi des chambres voisines, rien de bien surprenant pour deux collègues, vous direz. Les autres filles sont probablement installées derrière la prochaine porte.

Sa bouteille d’alcool est un alibi, rien d’autre. Il n’a pas spécialement envie de boire parce qu’il connait son corps lorsqu’il absorbe de l’alcool sans avoir dormi dans les dernières vingt-quatre heures. À vrai dire, il est presque certain qu’il n’est pas le seul à se transformer en un tout autre homme lorsqu’il consomme dans de telles circonstances. Avec un peu de chance, James aura assez de recul pour refuser l’offre et l’inviter à retourner dans sa chambre pour profiter d’une vraie nuit de sommeil, à défaut de n’avoir fait que des siestes de piètre qualité dans l’avion bruyant. Il a beau s’être payé des places luxueuses en classe affaire, l’ambiance reste la même qu’à l’arrière de l’appareil. « C'est vrai, avec l'imminence du voyage les festivités ont tourné plutôt court. » Il sourit légèrement, ses traits mous, sa vision légèrement brouillée. Ses paupières luttent contre le sommeil. Patient, il attend la suite de ses réflexions et James la lui donne. C’est l’amusement qui se lit alors sur les traits de l’actionnaire quand l’autre garçon prétend qu’il n’est pas trop tard pour célébrer le début de leur collaboration, eux qui se sont affrontés en silence durant toute leur adolescence. De la différence allait peut-être se créer une amitié. « Et ça te fera une anecdote à raconter en soirées. Tout le monde s'émerveille toujours quand on évoque Paris. » Ses paupières se plissent et il hoche la tête, approuvant l’argument. Il est vrai que Paris est une destination idéale pour de nombreux rêveurs qui n’ont pas l’occasion de décoller dans le ciel pour atterrir à des dizaines de milliers de kilomètres plus loin. Mais, si Archie aurait à parier sur le premier pays qu’il visiterait en dehors de l’Australie, il n’aurait pas posé son doigt sur l’Europe. Il rêve plutôt de la grandeur des États-Unis, des promesses de Wall Street – oui, il est un cliché sur pattes et il en est conscient jusqu’au bout. « Exactement. » Il souffle finalement en haussant les sourcils et en penchant la tête sur le côté, attendant le verdict final du jeune homme vêtu de ses habits les plus modestes. Il le laisse finalement entrer, ouvrant le battant de la porte, dévoilant une chambre identique à celle d’Archie. Il se fraie un chemin jusqu’à l’intérieur en trottinant, un sourire satisfait étirant ses lèvres, heureux comme un gamin d’avoir obtenu ce qu’il désirait – le contraire l’aurait étonné, il est habitué de recevoir des « oui ». Curieux, il se permet de jeter un coup d’œil autour d’eux et son regard s’arrête un instant sur la valise ouverte de James, posée sur un banc de rangement au bout du lit King. Le genre de matelas qui peut accueillir une équipe de football entière. Il y décèle quelques effets personnels, un sac en cuir contenant probablement déodorant et brosse à dents, ainsi qu’une pile de fringues soigneusement pliées – probablement pas les habits qu’il portera lors du défilé, ceci-dit, jamais il ne les laisserait prendre la poussière. « Désolé, tu me prends un peu au dépourvu. J'ai passé des vêtements plus confortables, je n'aime pas garder ceux dans lesquels j'ai voyagé. » Il redresse la tête pour plonger son regard dans celui de James, sans analyser son accoutrement plus longtemps. Certes, il n’est pas habitué de le voir ainsi, et il pourra ensuite s’en vanter, mais il n’a pas l’intention de tirer un seul commentaire. Son pyjama est bien plus laid que le sien. Heureusement, lui, il ne le porte pas. « C’est ironique, tout de même. » Il commence, sarcastique, s’approchant du comptoir là où il pourra poser la bouteille de champagne et les coupes qui l’encombrent. « Je venais célébrer, certes, mais j’avais quelque chose à te demander. » C’est ironique parce qu’il vient lui quémander une faveur. Sa main d’artiste, son imagination, sa passion, pour lui créer un costume bien à lui une fois qu’il aura pris toutes les mesures nécessaires à sa réalisation. Il espère seulement qu’il a apporté avec lui ses rubans à mesurer et tout le matériel dont il a besoin pour répondre à ce genre de requête. « Le voyage n'a pas été trop fatiguant ? Ça paraît toujours interminable la première fois. » Secouant la tête de droite à gauche pour répondre négativement, il utilise son outil pour retirer le bouchon de liège coincé dans le goulot de la bouteille de champagne. « Ce n’était pas la première fois que je prenais l’avion mais je dois admettre que les vingt-quatre heures étaient… lourdes. » Il ricane mollement et se mord le bout de la langue quand il arrive à retirer le bouchon qui rebondit vers le haut pour retomber au sol. Aussitôt, il s’empare d’une coupe pour y verser une première consommation qu’il tend ensuite à James en ancrant son regard dans le sien un peu trop longtemps. Il se secoue rapidement les puces pour retourner sur Terre et se sert son verre. Il n’a pas bu une seule gorgée d’alcool qu’il se sent déjà étourdi ; c’est étrange. Ce doit être le décalage horaire. « Mais j’ai survécu, et toi aussi, alors trinquons. » Il s’exclame en soulevant sa coupe afin qu’elle rencontre celle de son nouveau collègue. « À ce contrat et à cette collaboration des plus… » Il se pince les lèvres puis déverse finalement le fond de sa pensée : « Étonnantes. »  
   
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptySam 16 Jan 2021 - 14:50

Paris made me do it.

Des personnes susceptibles de frapper à la porte de sa chambre à cette heure, il n'y en avait qu'une poignée et James avait déjà intimé à ses couturières de profiter de la soirée pour se reposer en prévision de la semaine qui les attendait. Pour autant, elles étaient toutes travailleuses et jouaient aussi le suite de leur carrière sur cette seule semaine à Paris, le styliste n'aurait donc pas été surpris de tomber sur l'une d'elles en ouvrant la porte. Parce qu'elle aurait eu besoin de quelques conseils ou bien d'être rassurée avant le grand défilé, ce qui aurait probablement valu à James de la faire entrer quelques instants puis de la convaincre de regagner sa chambre pour s'offrir quelques heures d'un repos bien mérité. Lorsque son regard s'ancra à celui d'Archie sitôt la porte ouverte et la surprise perceptible sur ses traits, James songea alors à combien cette visite était inattendue mais finalement pas déplaisante. Peut être parce que tout au fond de lui il n'espérait qu'une chose depuis qu'Archie avait montré un intérêt pour Weatherton et accepté de les suivre : que les choses se passent aussi bien que possible pour que les affaires se portent au mieux. Il y a plusieurs semaines déjà qu'il avait décidé de laisser le passé derrière eux et aujourd'hui seule comptait cette nouvelle collaboration qu'il aimerait voir se solder par un succès. Pour Weatherton, pour Archie. Depuis qu'ils travaillaient ensemble, ces deux choses se retrouvaient étroitement liées après tout. Et si une pointe de malice brilla au fond de son regard lorsque l'actionnaire proposa de trinquer à ces changements, c'est parce qu'il ne trouvait pas l'idée mauvaise. Bien au contraire, c'était peut être sous le coup du décalage horaire et de l'épuisement accumulé durant les dernières heures, mais rarement un toast ne lui avait semblé plus séduisant. Sans doute devrait-il songer que l'alcool et la fatigue ne faisaient pas bon ménage, encore moins quand on avait à peine dîné. La pression était telle avant un défilé que James n'avalait quasiment rien plusieurs jours avant de présenter sa collection, ce qui lui valait parfois des vertiges lorsque le stress en était à son maximum. Mais il était loin de penser à ça quand la perceptive de célébrer leur collaboration et ce voyage parisien avait plutôt tendance à l'enchanter. Paris et une coupe de champagne pour enterrer le passé avec celui à qui il devait aujourd'hui beaucoup et que ses yeux ne percevaient plus comme un rival et encore moins comme un ennemi, la soirée pourrait difficilement mieux s'annoncer.

Archie s'avança à travers la chambre et s'il aurait pu se féliciter que ses affaires soient en ordre dans sa valise lorsque l'actionnaire s'approcha du lit, le regard de James fut en réalité plus occupé à suivre la silhouette du jeune homme avec attention. Il le trouvait bien à sa place dans ce tableau et ne serait pas surpris qu'Archie soit un habitué des hôtels haut-de-gamme, à tel point que James en vint à se demander si tout ça l'impressionnait vraiment. Une partie de lui aimerait sûrement que ce soit le cas et que l'actionnaire s'estime chanceux d'être parmi eux quand en vérité, ils savaient tous les deux que James avait toutes les raisons d'être celui que sa présence réjouissait. Pourtant, les préoccupations financières semblaient loin, ce soir. Pour preuve, il se souciait plus d’apparaître à l'actionnaire dans une tenue qui pour une fois n'avait rien de formelle. Dans sa chambre, un tel accoutrement pourrait avoir tout de banal mais si James avait eu le choix, sans doute aurait-il préféré qu'il le surprenne dans une tenue un peu moins... ordinaire. « Oh, vraiment ? » Sa curiosité fut piquée dès l'instant où Archie effleura l'idée d'avoir une demande à lui faire, quand jusqu'ici c'était plutôt le styliste qui avait besoin de lui et la raison même à leur présence à tous les deux dans cette chambre après tout. Le blond se rapprocha alors du comptoir, son regard plongeant dans le sien comme pour le sonder. « En général, ce n'est jamais bon signe quand on me fait boire avant de me demander quelque chose. » Mais le sourire intrigué étirant le coin de ses lèvres témoignerait du fait qu'en réalité, il était bien plus curieux qu'inquiet de savoir ce qui avait pu pousser Archie à frapper à sa porte ce soir. Parce qu'il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait fait le déplacement à cette heure pour lui faire cette requête, quand bien même il venait aussi trinquer avec lui. Était-ce urgent, ou une chose qu'il ne se verrait pas lui demander devant les filles ? James tâcha de réprimer les nombreuses questions que souleva cette idée, son regard se raccrochant aux gestes de l'actionnaire tandis que celui-ci débouchait la bouteille de champagne. Ses yeux glissèrent en particulier jusqu'à ses mains, ses doigts resserrés autour de la bouteille dont il connaissait déjà la force. Il l'avait vu boxer, plusieurs fois, durant leur adolescence. Et les images lui revenaient encore parfois en mémoire, sans toujours que ce soit volontaire. Et sans jamais qu'il ne puisse l'empêcher non plus. James secoua finalement la tête lorsqu'il s'aperçut qu'il avait passé une bonne minute à observer ses mains. « Je commence à m'habituer, mais les premières fois j'avais l'impression d'avoir passé vingt-quatre heures dans une essoreuse. » Son franc parler le surprendrait presque lui-même si la fatigue ressentie après ce long voyage – et plusieurs semaines de rush – ne lui ôtaient pas quelques scrupules à simplement livrer le fond de sa pensée. Ils étaient entre eux, et Archie paraissait véritablement exténué. « J'ai quelque chose pour atténuer les effets du jet lag, si tu veux, mais ça ne fait pas bon ménage avec l'alcool. » Et si ses lèvres se retroussèrent à nouveau, c'est parce que James était conscient qu'il pourrait regretter demain matin d'avoir trinqué au champagne avec aussi peu d'heures de sommeil derrière lui. D'autant plus qu'il se connaissait, le stress autour de cette semaine le garderait éveillé une partie de la nuit. Archie lui tendit sa coupe une fois celle-ci remplie et leurs regards se croisèrent durant ce qui lui sembla être une fraction de secondes. En réalité, l'instant avait sûrement duré un peu plus longtemps. Sa coupe rencontra la sienne, et une lueur amusée passa dans son regard. « Je n'aurais pas mieux dit. » Étonnante, cette collaboration l'était à plus d'un titre. Il n'aurait sûrement pas pensé il y a quelques années qu'il considérerait un jour Archie comme un de ses collègues, tout comme il n'aurait sûrement pas pensé qu'il se retrouverait dans un endroit comme celui-là avec le brun. « A Weatherton, et à l'avenir. » Qu'il soit aussi radieux que possible, maintenant que leurs destins se trouvaient liés ils avaient autant envie l'un que l'autre que les affaires soient florissantes. Et tandis qu'il porta sa coupe à ses lèvres sans détacher son regard du visage de l'actionnaire, James osa formuler. « Tu peux me le dire à présent, qu'est-ce que tu voulais me demander ? » La curiosité brillait toujours autant au fond de ses yeux, à moins que ce ne soit le champagne qui vaille à la température de son corps de grimper légèrement et à ses joues de se colorer. Il pourrait prétendre qu'il n'était pas si impatient de savoir, mais la vérité était toute autre : il était littéralement suspendu à ses lèvres.
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptySam 16 Jan 2021 - 15:53

Paris made me do it.

Même vêtu d’habits aussi modestes qu’un jogging gris légèrement serré au niveau des chevilles assorti à un haut noir sous sa plus simple forme, James reste aussi impressionnant aux yeux d’un Archie qui ne laissera évidemment jamais paraître son admiration. Seulement, il ne se souvient pas avoir vu ses bras dénudés depuis qu’ils partageaient la même salle de classe, lui qui opte habituellement pour des habits longs et épais, obligeant à ses interlocuteurs de faire preuve d’imagination pour deviner l’épaisseur de ses muscles. Ce soir, l’actionnaire peut finalement réaliser que James n’a pas tellement changé depuis tout ce temps. Il est plus grand, certes, mais ses traits sont toujours aussi fins et symétriques. Ses bras, quant à eux, ont hérité d’une silhouette plus affinée et Archie peut sans problème dessiner du regard l’arrête qui traverse son avant-bras du poignet à son coude, en diagonale, le séparant en deux parties distinctes. Il ne s’y attarde cependant pas assez longtemps pour que James ne le remarque, redressant rapidement la tête pour adresser la raison de sa visite à une heure tardive. Peut-être n’aurait-il pas eu le courage de l’approcher ainsi s’il n’y avait pas une montagne de facteurs qui avaient réduit sa cervelle en compote. « Oh, vraiment ? » La curiosité dans le regard du styliste satisfait l’appétit d’Archie. Il aime surprendre à sa façon. Lui qui semble inapprochable pour la majorité des gens qui connaissent son nom se fait un malin plaisir à noter la réaction de quiconque il aborde. La plupart du temps, son égo est caressé dans le sens du poil. « En général, ce n'est jamais bon signe quand on me fait boire avant de me demander quelque chose. » La demande n’est pas liée à cette bouteille de champagne, du moins, il ne pense pas. Cela fait plusieurs jours qu’il se balade sur le site internet de Weatherton pour laisser son curseur tracer les lignes d’un costume pour hommes qui lui plaît énormément. Cependant, sa fierté l’empêche de simplement acheter l’un de ces habits préfabriqués. Il veut un ensemble pour lui seul, qui lui collera à la peau et qui lui correspondra. « Ne t’inquiète pas, ce n’est rien de bien dangereux. L’idée devrait te plaire. » Il l’assure juste avant de libérer le champagne de sa bouteille d’un coup de tire-bouchon. Il a conscience que le prix de sa requête sera copieux mais il peut bien se débarrasser de quelques milliers qui trainent dans son compte en banque et accumulent la poussière. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’il a l’occasion de se procurer un costume sur mesure, encore moins lorsqu’il est préparé par la main de l’héritier d’une entreprise de mode vestimentaire. Naturellement, alors qu’ils se préparent à trinquer en versant remplissant les deux coupes à moitié, la discussion dévie vers le point qu’ils ont en commun : le vol de vingt-quatre heures qui les a épuisés. « Je commence à m'habituer, mais les premières fois j'avais l'impression d'avoir passé vingt-quatre heures dans une essoreuse. » La comparaison arrache un sourire à Archie. Il n’a pas l’impression qu’il lui a déjà parlé de façon aussi honnête auparavant. C’est comme s’il avait retiré le masque rigide qu’il porte au quotidien. Le ton de sa voix n’est pas le même. Il semble plus ouvert et, étrangement, Archie se retrouve plutôt ébranlé, lui qui a l’habitude de se moquer de sa posture trop sérieuse et de ses airs prudes. James lui propose ensuite un remède qui le soulagerait de la fatigue qui pèse sur ses épaules, prétendant cependant que le champagne ne devrait pas se joindre à la partie pour que les effets soient ressentis. « Trop tard. » Il dit, soulevant une première coupe pour la tendre à James, arborant ses airs indomptables. « Il ne faudrait pas qu’on laisse toutes les petites bulles s’échapper maintenant que la bouteille est ouverte. » Il précise, posant le bas de son dos contre le comptoir pour obtenir un minimum de soutien, lui qui sent ses jambes se ramollir. Sans plus attendre, il soulève sa coupe et garde ses yeux plantés dans ceux de James lorsqu’ils échangent les bons vœux. « A Weatherton, et à l'avenir. » La gravité agit sur ses yeux qui se posent sur les lèvres du styliste lorsqu’il y pose sa coupe et il l’observe boire la première gorgée avant d’en faire de même. Il lui suffit d’avaler les premières gouttes pour sentir le monde tourner autour de lui. Il regrettera plus tard d’avoir mélangé le jet lag et l’alcool. Un ricanement amusé fait vibrer sa gorge lorsqu’il reposa sa coupe sur le comptoir pour croiser ses bras sur sa poitrine lorsque James évoque le sujet de la fameuse demande qu’il voulait lui faire ; la raison de sa visite dans son intimité. « Oh, oui, j’oubliais presque. » Il ment, s’armant de son sarcasme habituel avant de sortir son téléphone de sa poche. Il le tend à James et lui laisse le temps de découvrir la page qu’il lui présente – celle du costume qui lui fait de l’œil depuis un moment déjà. « Il me plaît. Mais il me plairait davantage si mon nom était gravé dans ses coutures. » Il se redresse davantage et contourne James, laissant son air l’effleurer au passage, afin de s’imprégner de cette chambre qui n’est pas la sienne. « Je veux un costume sur mesure. Une œuvre qui me ressemble. » Il commence, s’approchant de la valise ouverte du garçon. « J’ose penser que tout bon styliste apporte avec lui le matériel nécessaire à la confection de ce genre de requête ? » Sans gêne, il glisse sa main entre ses effets personnels et les soulève doucement sans vraiment savoir ce qu’il cherche. Après tout, ce n’est pas lui le professionnel de la mode. « Évidemment, tu serais payé honorablement. » Il précise, continuant ses recherches intrusives.             
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyMer 20 Jan 2021 - 14:40

Paris made me do it.

Pris de court par la visite de l'actionnaire mais plus encore par le fait de lui apparaître ainsi vêtu d'un simple pyjama, James se sentait pourtant étonnamment à l'aise en sa présence. Et ce, malgré le fait qu'une fois la porte de sa chambre refermée, Archie et lui se retrouvaient à partager une intimité inattendue. Une intimité qui se voulait bien différente de celle qu'ils partageaient quelques semaines plus tôt, à cette soirée qui avait valu à James d'être replacé sur la route d'Archie sans qu'il n'ait mesuré à ce moment-là tout ce que cette rencontre déterminerait pour lui autant que pour Weatherton. Une intimité différente aussi de toutes les fois où durant leur adolescence, Archie avait percé sa bulle pour lui signifier sa présence. Même dans ce gymnase, le jour où il l'avait sauvé des griffes des autres garçons, Archie et lui n'avaient pas respiré le même air comme ils pouvaient le faire à cet instant. Les circonstances étaient différentes mais l'endroit, lui, jouait en partie dans le léger trouble que James éprouvait tandis que ses yeux suivaient assidûment la silhouette de l'actionnaire à travers sa chambre et que ses poumons, eux, se remplissaient des effluves de son parfum. Quelles que soient les vraies raisons à sa présence ce soir, cette soirée prenait une autre tournure maintenant qu'Archie était là et ça n'était pas pour lui déplaire. Il aurait pu passer la prochaine heure à bouquiner et serait sûrement resté éveillé une partie de la nuit, à penser au défilé. Au lieu de ça, il allait trinquer à sa collaboration avec Archie et boire de quoi le détendre un peu, ce qui avait tout d'une bonne idée étant donné son niveau de stress. Rien qu'il laisse paraître devant l'actionnaire, toutefois, James n'éprouvant jamais le besoin de prendre les autres à témoins de la pression qu'il pouvait se mettre. Et face à l'actionnaire, ce soir, il avait pour la première fois réellement envie de penser à autre chose qu'à tous ces enjeux. Archie paraissait détendu, lui, au point qu'il le trouvait même beaucoup plus facile d'approche que d'ordinaire. Ou bien était-ce l'atmosphère qui n'avait plus rien de semblable lorsque leurs regards se rencontraient en silence et qu'ils semblaient s'habituer à l'idée de passer cette fin de soirée ensemble. « Qu'est-ce qui te fait croire que je n'aime pas le danger ? » Une lueur espiègle passa dans son regard et James haussa les épaules d'un air énigmatique. Il avait conscience du fait qu'un homme aussi libéré que semblait l'être Archie devait lui trouver des airs trop sérieux, pour autant James était quelqu'un qui aimait qu'on le surprenne. Autant qu'il aimait lui-même surprendre, parce qu'un créateur n'éprouverait aucun plaisir à créer si ça n'était pas pour prendre des risques et toujours aller là où on ne l'attendait pas. Le danger, c'était une part non négligeable de son métier et à mesure qu'Archie se montrait plus précis, il nourrissait l'intuition que l'idée dont il parlait pourrait définitivement lui plaire. Et Archie ne serait sûrement pas ici s'il n'en était pas lui-même convaincu.

Un voyage aussi long n'était pas sans conséquences et de voir Archie marqué par le décalage horaire avait quelque chose de troublant. Lui qui semblait toujours imperturbable l'impressionnait ce soir pour d'autres raisons que celles qui valait habituellement à son regard de se teinter d'une pointe d'admiration. C'était peut être James qui se trouvait vêtu d'un pyjama mais c'était définitivement Archie, en foulant le sol de sa chambre avec une bouteille de champagne, qui ébranlait sa zone de confort. Sa coupe maintenant entre ses doigts, James pouvait presque déjà sentir les bulles lui piquer le nez et le champagne réchauffer sa gorge. « Surtout pas avec un aussi bon champagne. C'est un Louis Roederer, il aurait été dommage que cette bouteille profite à d'autres clients. » Son regard épousa la forme élégante de la bouteille, un grand millésime, avant de remonter jusqu'à celui d'Archie. Si tôt leurs vœux échangés, James eut à peine porté sa coupe à ses lèvres qu'il se sentit presque déjà enivré, séduit par la puissance de ces saveurs. S'il devait tôt ou tard regretter d'avoir arrosé cette soirée déjà marquée par la fatigue, au moins aurait-il fêté comme il se doit la signature de ce contrat. Sa reconnaissance, elle, était palpable dans la manière que ses yeux avaient de soutenir ceux d'Archie et la ligne de ses lèvres avait rarement paru plus douce et relâchée. Il baissait sa garde à mesure qu'il buvait une nouvelle gorgée, sa curiosité de plus en plus forte. Il voulait connaître la raison de sa venue, Archie avait parfaitement ménagé son effet et valait à son palpitant de s'accélérer sous le coup de l'impatience. Alors lorsqu'il lui tendit son téléphone, James n'attendit pas pour s'en saisir et s'il lui fallut une demi-seconde pour reconnaître le costume en photo, c'est parce qu'il mit justement une seconde de trop à détacher son regard du sien. Un sourire contenté fleurit sur ses lèvres à mesure qu'il comprit l'objet de cette requête et ses pieds s'actionnèrent à leur tour lorsqu'Archie s'éloigna pour aligner quelques pas en direction du lit. James sentit l'espace d'un instant un frisson le parcourir, troublé de le voir dans le même temps solliciter son talent et s'approprier cet espace que James lui-même avait à peine pris le temps de découvrir. Il était honoré, au fond de lui, d'imaginer que le Archie qui prêtait au départ si peu d'intérêt à leurs créations désire aujourd'hui porter l'une d'elles. James ne prétendrait pas que l'idée était déplaisante, il avait toujours secrètement espéré le convaincre de leur potentiel. « Tu permets ? » Il souffla en s'approchant davantage, comme s'il avait passé les deux dernières minutes perdu dans ses pensées et dans l'observation silencieuse des fouilles auxquelles Archie s'adonnait à l'intérieur de sa valise. En temps normal l'idée lui aurait fermement déplu, mais ce soir il éprouvait plus d'embarras à l'idée qu'il puisse tomber nez à nez avec ses boxers que contrarié de le voir ainsi envahir son intimité. James se glissa à ses cotés et laissa son flan l'effleurer pendant qu'il plongeait sa main dans son bagage. « J'ai toujours le nécessaire sur moi, surtout quand je voyage. » Et de ses doigts habiles, il sortit son nécessaire de couture et reposa son regard dans celui de l'actionnaire. Il ne s'était pas rendu compte qu'ils étaient si proches et s'éclaircit la voix au moment de reculer d'un pas. « Ce n'est pas pour l'argent que je le fais. C'est pour le défi que ça représente et le plaisir que je prends à créer. » L'argent permettait à Weatherton de subsister mais la passion n'avait besoin d'aucune rétribution pour exister. « Ton costume sera unique, il n'y en aura pas deux pareils. C'est bien ce que tu veux ? » Son regard clair interrogea le sien mais James pouvait y lire que la requête d'Archie était sérieuse. Il ne l'imaginait pas feindre un intérêt soudain pour ses créations, sa démarche semblait sincère. « Je vais devoir prendre tes mesures. » Et réduisant à nouveau la distance qui les séparait, James glissa ses doigts autour de la coupe tenue par Archie et l'en débarrassa pour la poser un peu plus loin. « Reste debout, et retire ta veste et tes chaussures. » Il lui fallait retirer tout ce qui pourrait gêner la prise de mesures, tout ce qui n'était pas purement essentiel. « C'est le processus habituel. » Cette fois, son regard se voulut rassurant. James se devait de le mettre en confiance, quand bien même lui se sentait plus nerveux que toutes les autres fois où il avait fait ça. Le cadre, la compagnie. Bien des choses rendaient en soi l'instant beaucoup moins anodin, bien qu'il s'efforce d'en montrer le moins possible. « Et ma manière de te dire que j'accepte. » Il n'avait pas songé à refuser une seconde, mais sa réponse était actée maintenant qu'il s'était saisi de son mètre ruban et de son carnet de notes.
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyMer 20 Jan 2021 - 18:17

Paris made me do it.

Il est vrai qu’Archie n’a jamais pensé une seconde que James soit intimité par la notion de danger. Il ne pleurait jamais devant lui lorsque sa bande et leur leader se moquaient de lui, renversaient ses manuels scolaires ou son plateau de nourriture à la cantine. Il gardait le dos droit et la tête haute sans jamais laisser la peur défigurer son visage, même lorsqu’il flottait à vingt centimètres du sol, pendu à la poigne d’un garçon trois fois plus fort que lui. Il rôdait là où il ne devrait jamais pointer le bout de son nez est-il trouvait toujours des excuses pour se sortir des griffes de ses prédateurs, sauf lorsque ces dernières permettaient de l’humilier davantage. Il faut croire qu’Archie l’a toujours admiré, en quelques sortes, et que c’est pour cette raison qu’il a fait de sa personne un défi à relever tout au long de leur scolarité. Il voulait le voir craindre le danger, mais il n’a jamais réussi à le persuader qu’il était une véritable menace pour lui. Parce qu’il avait probablement remarqué que le boxer n’était bon qu’à taper dans des objets inanimés. « Oh, je sais que tu l’aimes. Tu as fait de nombreuses conneries qui l’ont prouvé, dans le passé. Mais, ce soir, tu n’as pas besoin de remonter tes manches… » Il louche un moment sur les bras nus du styliste et balaie l’air du revers de la main : « Ou peu importe l’expression. Tu peux te détendre. » L’actionnaire souffle, le regard amusé, parce qu’il ne peut s’empêcher de rire de n’importe quelle situation. Il comprend qu’il se trouve présentement dans la chambre d’un homme qu’il a fait semblant de détester toute sa vie et il a besoin d’alléger l’air avant de trop penser à ce que cette proximité entre eux signifie ce soir. Il n’est venu que pour trinquer à leurs projets futurs et pour lui demander un service : il repartira de cette chambre avec une bouteille vide et l’attente de voir son costume sur mesure. Il espère simplement que son esprit fatigué ne le laissera pas divaguer vers des recoins qu’il tente d’oublier depuis toujours.

Le long voyage au-dessus des multiples continents a épuisé les deux jeunes hommes. S’ils étaient sages, il aurait déjà brossé leurs dents et Archie aussi se trimbalerait vêtu de son pyjama – à vrai dire, il dort en sous-vêtements et ce n’est pas un spectacle qui veut offrir à James. Cependant, il sait qu’il regretta cette habitude que lui a inculquée un pays aussi chaud que l’Australie : en France, en janvier, il ne fait pas trente degrés. Il regrettera plus tard sa chair de poule car, en attendant, c’est avec l’alcool qu’il se réchauffera. « Surtout pas avec un aussi bon champagne. C'est un Louis Roederer, il aurait été dommage que cette bouteille profite à d'autres clients. » Il ricane parce que c’est la deuxième fois cette année qu’il prend conscience de son absence de connaissance en matière de boissons alcoolisées. Le bouclé aurait pu mentionner n’importe quel nom qu’il l’aurait cru sur mesure. Ses papilles gustatives ne font pas la différence entre deux cuvés disparates. « Tant mieux si tu t’y connais en champagne, un de nous profitera de la saveur du luxe tandis que l’autre… » Il se désigne. « Attendra simplement les effets de l’alcool. » Il en a besoin parce qu’il se sent aussi pesant que l’hôtel dans lequel ils se trouvent. Aussitôt les formalités complétées, il porte la coupe à ses lèvres pour boire sans compter les gorgées : il veut s’amuser, il a toujours voulu s’amuser.

Rapidement, peut-être pour empêcher au silence de s’installer, James rappelle à Archie qu’il a prétendu avoir une bonne raison de venir s’installer dans sa chambre à une heure si tardive. Aussitôt, l’actionnaire se dirige curieusement vers la valise ouverte du styliste afin de lancer quelques recherches. Il se fiche de mettre la main sur les vêtements que la plupart de gens préfèrent cacher : il n’est pas pudique et de trouver un boxer ne pourra pas le gêner (il faut dire que l’alcool aide déjà, son simple parfum a baissé sa garde). C’est en fouinant entre quelques produits capillaires qu’il précise au jeune homme le fond de sa pensée : il veut garnir son garde-robe d’un costume qui lui ira comme un gant, qui lui ressemblera. « Tu permets ? » Seulement à ce moment Archie relève les yeux pour observer la réaction de James. Pour le moment, son expression est neutre, comme d’habitude. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il l’a toujours détesté, ce garçon. Il n’arrive pas à lire le fond de ses pensées. Comme si plus aucune limite n’existait entre eux, le plus vieux s’installe prêt de lui et plonge à son tour dans sa valise. Légèrement déstabilisé, Archie reste immobile en détournant légèrement la tête afin d’éviter de sentir l’effluve de vanille qui s’échappe de ses cheveux, du creux de son cou, de ses vêtements. Cependant, il n’affiche pas la moindre fragilité et ne perd pas ce sourire persistant avec lequel il semble être né. C’est seulement lorsque le flanc du styliste caresse le sien qu’il se décale d’un pas vers la droite en se mordant le bout de la langue. « Je ne m’attendais pas à moins de ta part. » Il avoue, se délectant de son champagne pour éviter de penser à cette proximité soudaine qu’ils ont partagé. « Ce n'est pas pour l'argent que je le fais. C'est pour le défi que ça représente et le plaisir que je prends à créer. Ton costume sera unique, il n'y en aura pas deux pareils. C'est bien ce que tu veux ? » Un gloussement soulève sa poitrine et il  hoche la tête. « C’est ce que je veux. » Il se pince les lèvres, voulant s’empêcher la moindre fantaisie pour rester dans les normes. Pourtant, ses désirs arrivent à surpasser sa retenue – mettons la faute sur le champagne qui balaie sa censure. « Quelque chose de simple, avant tout. Mais ton travail de broderie m’impressionne, même si ça me fait mal de l’admettre. » Il aurait dû accompagner ses mots d’un sourire mais, cette fois, il reste plutôt sérieux, comme s’il venait de réaliser que ses mots sont sortis de sa bouche avant qu’ils ne passent les douanes. Alors que James étend sur le lit les quelques objets dont il aura besoin pour prendre les mensurations de son modèle, Archie hésite une milliseconde avant de déboutonner sa veste pour soigneusement la suspendre au crochet près de la salle de bains immense puis il retire ses chaussures récemment cirées. Il dénoue très légèrement sa cravate qui obstrue sa respiration depuis peu. Il se pose ensuite devant James, les bras ouverts devant lui, attendant la suite des instructions. Ses yeux, quant à eux, cherchent à s’accrocher au moindre détail insignifiant de la chambre pour éviter de rencontrer ceux de l’artiste. Il soulève machinalement son bras le long de son corps quand James pose le bout de son mètre ruban contre son épaule. « Il y a de la musique dans ton atelier ou c’est toujours aussi angoissant que ça ? » Il finit par souffler, ironique, incapable de soutenir le silence plus longtemps. Et cette foutue vanille, il ne peut que la sentir à présent.     
          
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyDim 24 Jan 2021 - 15:42

Paris made me do it.

Son regard s'ancra de longues secondes à celui d'Archie, et James réprima le léger sourire qui aurait sûrement fendu le coin de ses lèvres si la fatigue lui avait complètement ôté son self-control – ce qui n'était pas encore le cas mais le serait sans doute lorsqu'il aurait bu une coupe de champagne, une idée qu'il aurait tout le loisir de regretter à l'issue de cette soirée. Il est vrai que si quelqu'un était bien placé pour savoir que le danger ne l'avait jamais fait trembler, c'était Archie qui par le passé avait plus d'une fois flirté avec ses limites, réussissant à troubler l'adolescent qu'il était sans jamais que James ne lui montre trop clairement à quel point il pouvait être impressionné par son flegme et son aplomb. A bien des égards Archie avait été l'un des premiers à le pousser dans ses retranchements et une partie de lui lui en avait toujours été reconnaissante, car il ne serait sûrement pas celui qu'il était aujourd'hui s'il n'avait pas autant eu à se battre contre l'idée que les autres avaient de lui. C'était même paradoxal, à quel point il avait pu déplorer leurs différences à une époque et finalement s'être construit avec l'idée qu'il lui devait une partie du caractère qu'il s'était forgé. Aujourd'hui, le constat était plus déroutant encore. Ses yeux avaient beau chercher au fond des siens, il ne lui semblait plus lire aucune trace d'animosité. James se sentait en confiance avec Archie et même s'il aurait probablement ri à l'époque si on lui avait dit qu'il se retrouverait dans cette chambre parisienne avec lui, ce soir le tableau ne lui semblait pas si surréaliste que ça. A vrai dire, il n'y pensait déjà plus, trop occupé à s'amuser de l'apparente décontraction du brun. Alors il se contenta d'arquer un sourcil entendu, curieux autant qu'impatient d'avoir le fin mot de cette histoire. Par chance, il était de ceux qui pensaient que le plaisir – ou ici, la satisfaction de pouvoir comprendre les motivations d'un homme aussi insondable qu'Archie – était dans l'attente.

La mention d'un tel champagne sembla amuser l'actionnaire, qui sûrement était plus familier de la plupart des grands vins australiens qu'on servait dans les soirées. L'idée de le lui faire découvrir n'était pas déplaisante, à vrai dire, tout comme le serait sans doute la gorgée de champagne qui viendrait bientôt réchauffer sa gorge – James avait un palais difficile que les mets français savaient généralement contenter. « Crois-moi, c'est déjà un luxe de s’enivrer d'un champagne de ce standing. » James nota non sans que son regard retrouve celui d'Archie, qui malgré la fatigue causée par le voyage semblait briller d'une étincelle malicieuse. Fidèle à lui-même, donc, mais avec ce petit quelque chose en plus que James se surprenait à trouver particulièrement troublant. Il prenait ses aises dans cette chambre, leur servait deux coupes d'un excellent champagne qu'il aurait tout aussi bien pu déguster seul ou en compagnie d'une de ses couturières – cette seule idée lui donnait envie d'arracher les rideaux de la chambre, ceci dit, James étant heureux que ce soit à sa porte que l'actionnaire ait préféré frapper. Non pas que sa compagnie lui soit si indispensable que l'imaginer en faire profiter quelqu'un d'autre l'irritait, mais il y avait quelque chose d'agréable dans le fait de savoir que ce moment avait quelque chose de naturel. Parce que quelque part, il avait bien plus besoin de lui qu'il n'était encore capable de se l'avouer.

Le silence ne reprit ses droits qu'un court instant dans la chambre et bientôt, les lèvres du styliste s'étirèrent dans un sourire suffisamment perceptible pour donner une idée de la surprise autant que de la satisfaction qu'il éprouvait. L'idée qu'Archie ait frappé à sa porte pour lui demander de lui confectionner un costume flattait le créateur qu'il était, mais au-delà de ça cette requête avait aussi un symbolisme que James ne pouvait pas ignorer. Archie n'avait pas été des plus simples à convaincre de laisser sa chance à Weatherton et si ce toast était si appréciable tout à l'heure, c'était aussi pour cette raison. Alors ici, James n'avait plus seulement l'impression d'avoir gagné un allié, il était aussi plus touché qu'il n'irait l'avouer d'imaginer qu'Archie n'aurait pas honte de porter un costume estampillé Weatherton. Parce qu'ils revenaient d'assez loin tous les deux pour que la symbolique soit immense et c'est peut être en partie la raison pour laquelle le styliste resta pantois à observer Archie glisser sa main entre ses effets personnels. Peut être la fatigue jouait-elle ici un rôle dans son absence de réaction autant que le champagne l'aidait déjà à se désinhiber. Peut être aussi était-ce pour ça qu'il ne mesura pas sa proximité avec l'actionnaire, dont il put pourtant sentir le souffle à hauteur de son oreille l'espace d'une ou deux secondes pendant que son flan l'avait distraitement effleuré. Une idée qui après coup menaça de colorer ses joues, mais c'était trop tard, son regard avait retrouvé le sien. « Et moi j'attendais au moins un compliment sur mon don pour le rangement. » Les mots flottèrent un instant autour d'eux comme des papillons qui chercheraient à détourner leur attention. « Je plaisante. J'ai peu de mérite, je voyage toujours léger. » Et c'était peut être mieux d'alléger l'atmosphère plutôt que de penser à la manière dont Archie et lui s'étaient subitement retrouvés à respirer le même air, si proches l'un de l'autre que James pourrait dessiner chaque contour de son visage à l'identique et rendre compte avec exactitude de chaque nuance de bleu qui parsemait son regard. Il secoua ainsi la tête lorsque l'actionnaire réitéra et officialisa sa requête, la précision de celle-ci valant au regard du styliste de s'éclairer : ici, plus que jamais, le challenge enthousiasmait son âme de créateur. Le compliment, lui, n'avait rien d'anodin à ses oreilles. « Je te remercie. Mais rassure-toi, je me permettrais pas de te créer un costume que tu aurais honte de porter. Je te connais mieux que tu sembles le penser, Archie. » Et si le ton de sa voix paraissait plus solennel, c'est parce qu'il s'efforça de faire de cet aveu une remarque professionnelle, se rendant compte une fois ces mots prononcés qu'il y avait aussi une toute autre vérité derrière ces déclarations. Mais il n'avait jamais eu aussi peu envie que ce soir de remuer le passé, alors que la seule chose qui lui soit un tant soit peu désagréable ce soir était la façon dont sa tête tournait plus facilement depuis qu'il avait entamé sa coupe et que cette proximité physique avec l'actionnaire n'avait rien arrangé à son trouble. Le reste, il se surprenait à l'apprécier à mesure qu'il laissait tomber ses barrières sans même en avoir conscience. Il restait professionnel, pourtant, mais son regard ne put s'empêcher de glisser une seconde en direction d'Archie lorsque celui-ci déboutonna sa veste et dénoua sa cravate. Ses mains trouvèrent quant à elles le chemin de ses outils de travail et ses doigts s'étaient déjà noués autour de son mètre à ruban. S'approchant doucement d'Archie, qui attendait qu'il initie la prise de mesures, James commença par mesurer la longueur allant de l'épaule à son coude avant de glisser son mètre jusqu'à l'os de son poignet en épuisant soigneusement la forme de son bras. L'extrême concentration dans laquelle il s'était réfugié ne dura qu'un instant et son regard retrouva celui d'Archie en même temps que ses lèvres s'étirèrent dans une ligne fine. « Nos tâches sont toutes trop minutieuses pour qu'on prenne le risque d'être déconcentrés. Mais je te rassure, mes employées ont autant de pauses que nécessaire. » L'espace d'une seconde, la précision lui avait semblé nécessaire, peut être parce que maintenant qu'Archie collaborait avec eux l'idée qu'il puisse le percevoir comme un patron trop strict – qu'il était, mais dans une mesure raisonnable – lui déplairait. « Ça me dérange pas de discuter si tu trouves ce silence angoissant. » Ses yeux restèrent ancrés au sien une seconde de plus, avant qu'il ne continue de prendre ses mesures et de les noter. Glissant cette fois dans le dos de l'actionnaire, James étendit son ruban d'une extrémité à l'autre de ses deux épaules de manière à épouser la courbure de son dos. Ses gestes paraissaient sûrs, mais son trouble lui n'était jamais loin. « Ton buste est bien dessiné, le rendu sera élégant. Tu dois faire beaucoup de sport. » A nouveau, les mots lui avaient échappé comme par réflexe, valant à James de se pincer les lèvres et de serrer le poing en silence. Archie ne pouvait pas le voir, et il en était soulagé. Ce commentaire aurait du être anodin et pourtant, c'est bien son regard qui caressa la carrure du brun en en redessinant les moindres reliefs. Son regard, qui songea à combien Archie était musclé, et son dos sculptural. Une pensée qui n'aurait jamais du l'effleurer, raison pour laquelle le styliste lui fit face après un bref instant pour ne pas passer une seule seconde de plus à s'en faire la réflexion. « Je vais mesurer ton bassin à présent. » Et tandis qu'il s'apprêta à s'agenouiller pour poursuivre ses mesures, un détail lui revint. « Tu portes une ceinture ? Si oui, je vais devoir te demander de l'enlever. » Ce qu'il avait déjà du dire un millier de fois dans des circonstances similaires, pourtant James eut la bonne idée de raccrocher son regard à celui d'Archie au moment de souffler ces quelques mots. Son trouble reprit de plus belle, son palpitant s’accéléra et il secoua la tête comme pour chasser toutes ces pensées de son esprit. « Ça risquerait d'interférer dans la prise de mesure. » Son regard fuyait maintenant le sien autant qu'il éprouvait le besoin d'y plonger un peu plus, juste pour s'assurer que sa gêne n'était pas suffisamment perceptible pour qu'Archie la remarque. Son mètre-ruban, lui, finirait broyé entre ses doigts qu'il continuait de serrer.
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyDim 24 Jan 2021 - 17:37

Paris made me do it.

Il se fiche complètement de la qualité de la bouteille qu’il a ouverte pour célébrer leur collaboration future qui, il espère, les enrichira tous les deux. Il a l’intention de sortir vainqueur de cette histoire et il ne doute pas une seconde qu’il a fait le bon choix de renier ses démons et de sourire à James comme s’il avait oublié cette compétition entre eux qui avait régné toute leur adolescence. Il l’a détesté trop longtemps pour ne pas endormir ce sentiment insensé de façon permanente. Ils sont tous les deux des adultes aujourd’hui et, si la maturité d’Archie est encore boiteuse dans certaines situations, il faut admettre que toute agressivité en lui a disparu. Il pourrait mentir et dire que c’est le sport qui lui permet de se défouler et de garder son calme lors des situations où on lui gratte la peau jusqu’au sang mais, la vérité, c’est qu’il n’y avait que les normes qui lui dictaient sa conduite. Du moins, les normes que lui présentaient ses parents en lui posant entre les mains des gants de boxe comme si ces derniers seraient la solution à tous ses problèmes. Mais, son problème principal, il était bien plus profond que cela. Il se blottit au fond de son cœur et se cache depuis toujours et, dans cette chambre isolée et dans cette atmosphère légèrement orangée, la nuit noire caressant les fenêtres de l’immense chambre, il se sent… authentique. Il a l’impression qu’il n’est pas obligé de respecter les moindres règles que ses parents lui ont intimés tout au long de sa vie, quand il cherchait encore une personnalité, un mentor. Il a toujours su qu’il n’y avait que James pour le comprendre, il a même été tenté de lui révéler son plus grand secret cette journée où il l’a protégé des griffes de plus grands rapaces dans le gymnase. Mais il ne l’a pas fait parce qu’il avait peur. Peur de se retrouver dans la même situation que le bouclé, de perdre cette autorité qu’il détenait et qui faisait bouillir son sang dans ses veines. Il préférait se mentir à lui-même parce que ça lui rapportait de l’admiration de tous les élèves et même de certains adultes devant lesquels il jouait le rôle du bon leader, le type qui deviendra certainement président avant même d’atteindre la trentaine.

Mais Archie n’est pas ce genre de garçon, il ne l’a jamais été, et personne n’a jamais su qu’il était le roi du collège seulement parce qu’il avait peur d’être comme James. Lui et son amour pour les vêtements, ses doigts aussi fins que des crayons et sa douceur que l’on pourrait comparer à la lente plongée d’une plume. Il était la proie facile de tous ceux qui, comme l’actionnaire, avaient besoin de détruire pour reconstruire par là suite.

Il est mal à l’aise, c’est inévitable. Il est celui qui porte encore ses habits civils mais il se sent nu devant l’accoutrement un peu trop intime de James. Il compte sur les gorgées d’alcool qu’il accumule dans son estomac pour se détendre et pour cesser de trop réfléchir aux conséquences de ses actions. Son père n’est pas là pour le blâmer de se familiariser avec un homme à la nature dont il méprise. Il ne pourra pas le mépriser à son tour et incriminer tous les maux du monde sur lui avant de se demander ce qu’il a bien pu faire de mal pour que son fils soit une tapette. « Et moi j'attendais au moins un compliment sur mon don pour le rangement. » Toutes ces pensées s’étaient mises à se bousculer dans sa tête alors que sa main divaguait à travers les effets personnels du styliste. Un gloussement s’échappe de ses lèvres qu’il referme immédiatement pour cacher le malaise qu’il a ressenti lorsque l’autre garçon l’a frôlé – l’a-t-il fait de façon volontaire ou cela n’était qu’une maladresse ? « Tu me surprends. Je m’attendais à ce que ta valise soit comparable à celles de toutes les couturières. J’ai presque l’impression qu’elles ont l’intention de se changer deux fois par jour, celles-là. » Il souffle, amusé, lui dont la taille du bagage est comparable à celle de James. Il profite de l’approbation du jeune homme pour se séparer de lui en déboutonnant les premiers boutons de sa veste, par prévention. C’est seulement lorsqu’il ne sent plus le parfum de vanille qu’il se permet de complimenter le travail de broderie de l’artiste, comme si ça lui ferait moins mal de l’admettre s’il se trouvait un peu plus loin de lui. « Je te remercie. Mais rassure-toi, je me permettrais pas de te créer un costume que tu aurais honte de porter. Je te connais mieux que tu sembles le penser, Archie. » Un sourire pincé étire ses lèvres alors qu’il fixe la ville illuminée à travers la fenêtre ainsi que la tour Eiffel qui touche à quelques kilomètres de leur hôtel. Il constate qu’il peut aussi percevoir le reflet de James alors il s’y accroche en répondant : « Ah bon ? J’en doute. » Parce qu’il a l’impression de ne pas se connaître lui-même depuis qu’il s’est invité dans cette chambre comme s’ils étaient de bons amis de longue date. Il avale une dernière longue gorgée avant que James ne lui vide les mains pour lui permettre de se préparer à la prise de mesure. D’apparence, il reste calme et fixe un point sur le mur, les bras soulevés en T, pendant que le jeune homme tourne autour de lui et le couvre de son parfum. De plus en plus, sa mâchoire se contracte et le petit garçon qu’il était avant de se faire transformer se met à lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Mais il secoue la tête et, réalisant que son mouvement peut avoir dérangé l’artiste à l’œuvre, il s’excuse en un souffle avant de commenter le moment angoissant. « Nos tâches sont toutes trop minutieuses pour qu'on prenne le risque d'être déconcentrés. Mais je te rassure, mes employées ont autant de pauses que nécessaire. » Il ricane, très peu surpris de le voir ramener ce sujet depuis leur échange de messages dans l’avion. « Je ne suis pas un inspecteur des normes du travail, tu sais. Et puis, il suffisait de voir leur sourire pendant tout le trajet pour conclure qu’elles ne sont pas trop déçues de travailler pour toi. » Il soulève ses deux perles bleues pour les poser dans celles de James, avale sa salive en constatant pour la deuxième fois de la soirée leur proximité puis il secoue la tête de droite à gauche. « Non, fais ton travail comme tu le fais habituellement. » Il ne veut pas prendre le risque que son costume ne soit pas parfait simplement parce qu’il voulait combler le silence qui le rendait mal à l’aise pendant sa confection. Légèrement rassuré quand James disparaît derrière lui, il baisse la tête pour scruter les motifs sur la moquette, cherchant le moindre détail pour occuper ses pensées qui deviennent de plus en plus encombrantes. Évidemment, c’est à ce moment que James se permet de complimenter la carrure de son dos et sa gorge se noue encore plus qu’elle ne l’était déjà. Il entend l’Archie de seize ans l’insulter pour s’être permis une telle remarque mais il le tait au fond de sa poitrine pour simplement bafouiller : « Eum. Ouais. Un peu. » Il est complètement déstabilisé, il a perdu son vocabulaire. Et ça l’humilie, parce qu’il sait que James n’est pas aveugle, qu’il comprend que ce n’est pas la haine ni le dégoût qui lui dérobe les mots. Il se sent tellement lourd quand les yeux du styliste détourent sa silhouette – il n’en est pas certain, mais il a l’impression que c’est le cas parce qu’il entend son souffle, dirigé vers lui. Il se mord le bout de la langue dans l’espoir de se faire assez mal pour calmer le bourdonnement dans ses oreilles et la pression qui s’exerce à l’intérieur de son ventre, qui comprime ses organes et qui assèche sa gorge. Mais où est sa satanée coupe de champagne ? La voix de James casse sa concentration et quand il lui demande de retirer sa ceinture, si ceinture il y a, un énorme sourire qui fait office de bouclier. Il observe les yeux du jeune homme, un à un, souhaitant gagner du temps alors que des centaines de réparties s’affrontent dans le fond de sa gorge. Et c’est la pire qui mène la bataille à bout. « Ah bon ? C’est inclut dans le prix du costume ou je dois prévoir un supplément pour ce service ? » Il entend sa phrase en même temps que James et il écarquille les yeux en réalisant la connerie qu’il vient de lancer. Aussitôt, son souffle s’accélère, se saccade, parce qu’il se noie de l’intérieur – enfin, c’est ce qu’il ressent, il n’est pas réellement la proie d’un œdème pulmonaire. Il baisse la tête, coupable, et accumule assez de salive pour se reprendre : « Je veux dire… Oui, oui, sans problème. » Et il accompagne ses mots d’une action, dénouant la fameuse ceinture qui se cachait sous sa chemise et l’entourant nerveusement autour de sa paume, serrant assez fort pour couper sa circulation sanguine. Il n’arrive plus qu’à fermer les paupières en espérant que son cerveau oubliera la présence de James, trop près de lui, dans la pièce de plus en plus petite. Ce n’est plus le parfum de la vanille qu’il hume mais bien celui de l’humiliation. « Fais vite, je pense qu’il serait plus sage de rapidement aller se coucher. Je ne pense pas que les cernes iront de pair avec tes créations dans les prochains jours. » Archie finit par ajouter sur un ton presque agressif seulement pour éviter de laisser James le voir dans un tel état plus longtemps.    

          
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyMar 26 Jan 2021 - 21:38

Paris made me do it.

Il ne saurait dire auquel d'entre eux l'air parisien réussissait le plus, tant ce soir chacun semblait baisser sa garde. James ne faisait ici pas face à un inconnu, et là où il aurait déjà œuvré en véritable allié auprès de n'importe qui d'autre, le fait qu'il s'agisse d'Archie lui donnait plus encore envie de faire de cette collaboration un succès. Le tout, pour enterrer leur passé commun et en tirer quelque chose de bon. Tout ce qu'il voulait, c'était se retrouver de nouveau face à lui d'ici quelques mois, cette même coupe de champagne à la main, pour célébrer la croissance retrouvée de Weatherton. Il voulait y croire autant qu'il voulait croire en Archie, entre les mains de qui il avait placé ce qu'il avait de plus cher. Son emploi, l'empire professionnel de sa famille, et finalement tout ce qu'il avait toujours aspiré à défendre et honorer. Personne n'avait jamais eu autant de pouvoir sur sa vie, ni la capacité de le sauver ou de l'enterrer pour de bon. Et si c'était probablement grisant pour Archie, ça l'était aussi pour James. Il avait confiance en lui et voulait croire qu'il ne s'était pas trompé à son sujet. Mais plus que tout, il se surprenait à apprécier l'idée de le savoir tout près, décidé à s'investir avec eux, quand ses yeux le cherchaient bien souvent à travers la pièce et semblaient toujours étonnés de le trouver là. Ce soir pourtant, ça n'était pas la surprise qui primait sur les sentiments confus que lui inspirait la présence de l'actionnaire et cette proximité nouvelle qu'ils avaient instauré sans même s'en rendre compte. D'abord lorsqu'il l'avait rejoint dans sa chambre, puis lorsqu'ils avaient trinqué et que la curiosité d'Archie les avait mené vers ce coin de la pièce qui semblait à présent ridiculement étroit, tant il le sentait plus proche à chaque respiration qu'il prenait. James était en pyjama, sa valise ouverte offrant ses effets personnels à la vue de l'actionnaire, et pourtant tout ce à quoi il pouvait penser, c'était à combien l'alcool devait déjà lui faite tourner la tête pour qu'il se sente si troublé et fébrile. Il n'avait pourtant bu que la moitié de sa coupe, mais les bouffées de chaleur s’enchaînaient à mesure que le parfum d'Archie, lui, embaumait le reste de la chambre. Il suffirait d'un pas malhabile pour qu'il se retrouve à le frôler à nouveau et prenne le risque qu'Archie constate à quel point il avait perdu de sa superbe et de son imperturbable self control, maintenant qu'il était là. Le James si impassible qu'il lui avait toujours donné à voir peinait à soutenir son regard sans rougir et tout ce qu'il pouvait faire pour masquer son trouble, c'était encore détendre l'atmosphère. Par chance, Archie fut réceptif et lui tira même un sourire plus marqué. « C'est vrai, en tant que professionnelles de la mode elles savent qu'à Paris les occasions sont nombreuses de porter ses plus jolies tenues. Signées Weatherton, évidemment. » Et par là, Archie comprendrait que ça n'avait rien de tout à fait anodin et que si ses couturières ambitionnaient un soir de dîner dans un de ces restaurants parisiens très en vogue pour revêtir l'une des robes que James leur avait cédé à plus d'une occasion, ce serait aussi un coup de pub intéressant pour l'entreprise. « Cela dit, tu ne devrais pas te moquer, elles transportent tout le nécessaire pour que nos costumes restent impeccables en toutes circonstances. Tu seras content de les trouver si tu tâches ta veste une heure avant le grand défilé. » Il souffla d'un ton qui se voulait taquin, sans détacher son regard du sien tandis qu'ils discutèrent justement du costume que James réaliserait expressément pour lui et d'après ses conditions. S'il y a une chose à laquelle le styliste ne dérogeait jamais, c'était bien son carnet de commandes. Et Archie n'était pas un client tout à fait comme les autres. Derrière son apparente assurance se cachait en vérité la volonté absolue de ne pas le décevoir. Et peut être, plus secrètement encore, celle de l'impressionner.

La prise de mesure débuta tranquillement mais l'atmosphère, elle, se fit plus troublante encore, de nouveau amplifiée par cette proximité qu'ils étaient bien forcés de maintenir pour que ses mesures soient aussi précises que possible. De ses mains habiles il faisait glisser son mètre ruban sur différentes parties du corps de l'actionnaire, notant ses mesures en même temps qu'il avait déjà les yeux rivés sur les prochaines. Il avait l'habitude et avait acquis une dextérité certaine. Pourtant, chaque seconde où leurs regards se croisaient était une seconde où James en oubliait complètement son travail. Ses yeux plongeaient silencieusement dans le bleu des siens et il en oublierait presque de respirer s'il ne s'efforçait pas de faire la conversation pour meubler ces silences. La remarque d'Archie lui tira un sourire discret. « Disons que j'essaie de ne pas trop les traumatiser. La plupart d'entre elles voudront peut être un jour créer leur propre marque, je ne veux pas qu'elles gardent de trop mauvais souvenirs de celui qui leur aura donné leur chance. » Il était rare qu'il s'épanche sur la question et commente ses relations avec ses employées comme le désir secret qu'il nourrissait de leur apporter autant qu'elles lui apportaient, à lui. James s'était attaché à chacune d'elle, et ça avait plus de valeur qu'Archie le pensait sans doute qu'un œil (plus si) extérieur note qu'elles semblaient épanouies à son contact. James secoua finalement la tête, prêt à trouver un juste milieu entre ce calme profitable salvateur et la discussion qui permettrait d'alimenter les silences – plus déroutants encore lorsque ses yeux s'attardaient distraitement sur ces parties du corps d'Archie qu'ils n'étaient pas censés trouver aussi esthétiques et troublantes. Il devrait pouvoir le voir uniquement comme un client, une statue avec laquelle il avait à interagir le moins possible. Pourtant son regard s'égarait plus qu'il ne le voudrait sur cette anatomie vers laquelle ses yeux se perdaient déjà lorsqu'ils étaient adolescents et que le corps d'Archie était partiellement façonné par la boxe. Aujourd'hui, il s'attardait pour la première fois sur cette silhouette adulte qu'il se retrouvait à devoir parcourir du bout de son mètre ruban, et soudainement James n'avait plus de professionnel que le nom. Les mots lui échappaient en même temps que la gêne s'invitait de nouveau en lui, troublant sa respiration et faisant naître de nouveaux silences qu'il ne savait même plus comment combler. Il venait de faire comprendre à Archie qu'il le trouvait musclé, à présent tout ce qui pouvait sortir de sa bouche n'avait plus pour but que d'essayer de retrouver un minimum de contenance avant que son regard ne retrouve le sien et que l'actionnaire y lise, ne plus du reste, à quel point il le déstabilisant. Les battements de son cœur, eux, s'étaient intensifiés et à présent chaque regard qu'il posait sur Archie lui semblait être de trop. Il se sentait coupable autant qu'il ne pouvait empêcher ses yeux de retrouver continuellement le chemin du buste, du cou, du visage de l'actionnaire. Il le trouvait beau, et il savait que ces pensées étaient bien plus en sécurité dans son esprit. Alors plutôt que de s'évertuer à fixer le sol sans plus y parvenir, James enterra son ultime chance de reprendre le contrôle de ses émotions au moment de demander à Archie de retirer sa ceinture. C'était pour le bien de la prise de mesure, mais une requête qui ne fut pas pour atténuer son trouble. Et comme si ça ne suffisait pas, sa confusion atteint un niveau record à la remarque glissée par l'actionnaire, qui valut à James de relever un regard décontenancé vers le sien. Jugeait-il opportun de faire de l'esprit à ce moment précis, alors que le ton de sa remarque était franchement douteux ? James se mordit la lèvre et sentit son visage s'empourprer. Pitié Archie, pas maintenant. A cet instant, il le détestait de le placer dans cet état de trouble extrême. « T'as pas pu t'en empêcher, hein. » Il soupira sans le quitter du regard, alors même qu'il ne savait pas ce qu'il trouvait le plus troublant : sa plaisanterie, ou le fait qu'il ait semblé sur le coup prendre conscience d'à quel point elle était malvenue. D'à quel point, surtout, cette proximité rendait déjà cette situation déstabilisante. Archie se reprit et James l'observa dénouer sa ceinture sans plus savoir quoi dire. Son expression se dérida rien qu'un peu, à l'issue de plusieurs secondes de silence après lesquelles il retrouva distraitement le regard d'Archie. « C'est rien, c'est déjà oublié. » Il dut pourtant s'agenouiller pour poursuivre ses mesures, et à ce moment-là son souffle s'accéléra encore davantage. Son bassin, définitivement, n'était pas une partie du corps de l'actionnaire vers laquelle il était à l'aise de poser son regard. James cligna des yeux et reprit son souffle mais ses mains tremblaient et ses yeux, eux, ne savaient plus où ils étaient censés regarder. Ceux d'Archie étaient maintenant bien trop haut pour qu'un contact ne le fasse pas rougir de plus belle, et chaque fois qu'ils s'attardaient sur la zone qu'il devait mesurer, ses pupilles étaient tentées de glisser... plus bas. C'est lui qui avait honte, cette fois, que les pensées qui s'infiltrent en lui soient celles pour lesquelles Archie le tabasserait sans doute s'il avait la moindre idée de ce qu'il ressentait, à cet instant, en étant si près de lui. Et quoi qu'il pense apercevoir à cet instant entre deux tentatives pour reprendre le contrôle de lui-même et retrouver sa concentration, James ne pouvait songer qu'une chose : il rêvait, simplement. « J'ai presque terminé, je dois juste... » Profondément embarrassé, il se releva précipitamment mais ne trouva pas suffisamment d'appui sur ses deux jambes pour garder l'équilibre une fois debout. Il vacilla une seconde puis ne trouva rien de mieux à faire que de poser une main à hauteur du torse d'Archie pour s'empêcher de lui tomber complètement dessus. Il avait sûrement évité le pire, mais ce contact le mortifia complètement. Ils étaient de nouveau beaucoup trop près l'un de l'autre, au point qu'il sentait son souffle sur son visage et pouvait voir son propre reflet dans les yeux d'Archie. « Pardon, c'est... je crois que le champagne me monte un peu à la tête. » Il retira sa main aussitôt qu'il reprit ses esprits et se recula d'un pas, pourtant conscient qu'il ne pouvait pas si facilement blâmer le champagne si sa tête tournait autant et s'il avait soudainement aussi chaud. « Je vais avoir fini. Tu dois être pressé de récupérer du voyage, je ne veux pas te priver du sommeil dont tu as besoin. » James baissa la tête, ses doigts triturant nerveusement son outil de mesure et lui cherchant tout au fond de lui n'importe quelle excuse pour écourter l'instant. Il passait une bonne soirée, jusqu'ici, mais il ignorait s'il saurait donner le change plus longtemps sous le regard d'Archie et ça l'effrayait.
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Message(#)Paris made me do it [Jarchie] EmptyVen 29 Jan 2021 - 20:42

Paris made me do it.

James ne manque jamais une occasion de vanter sa marque : c’est quelque chose qui surprend agréablement Archie. Il a toujours été lui-même très fier de ses bons coups même si on lui a souvent reproché son manque de modestie – un commentaire qu’il ignore toujours, se fichant complètement de ce que les gens peuvent bien penser de la grosseur de son égo. Il existe pour vivre au maximum, et si cela consiste à afficher un énorme sourire lorsqu’il sait qu’il a réussi, qu’il en soit ainsi. Les jaloux sont les seuls à plaindre. « J’avoue que tu me surprends, Weatherton. » Celle fois, il l’appelle par son nom pour ne pas le laisser penser qu’il souhaite être plus familier avec lui. Il est seulement venu célébrer la signature du contrat qui aidera la marque à s’envoler à nouveau et l’alcool ne le déviera pas de sa route. « Tu ne faisais pas le fier, dans la cour de récréation. Tu as pris de l’assurance, je pourrais presque être intimidé si je n’avais pas l’impression de trop te connaître. » Il ricane doucement avant de finalement hausser les épaules : « Mais c’est une qualité. Tu sais te vendre alors tu sauras vendre ta prochaine collection aussi, je n’en doute pas. » Il n’aurait pas investi pour lui s’il en était pas certain. La compagnie n’a besoin que d’un petit coup de main pour déployer à nouveau ses ailes sans plus jamais retomber. « Cela dit, tu ne devrais pas te moquer, elles transportent tout le nécessaire pour que nos costumes restent impeccables en toutes circonstances. Tu seras content de les trouver si tu tâches ta veste une heure avant le grand défilé. » Ce n’est pas la première fois que les filles et James font le voyage et l’expérience a sculpté leurs habitudes, il en va de soi. « Oh, je ne moque pas. Je suis certain que vous savez ce que vous faites. » Il admet finalement avant de boire une autre gorgée qu’il avale sans détacher son regard de celui de l’autre garçon, comme s’il concluait cette discussion ainsi. Il n’est pas venu pour critiquer les valises des couturières, même si ces dernières auraient pu remplir un autobus à elles-mêmes.              

Il n’a plus sa coupe dans sa main, celle qui le rassurait parce qu’il pouvait cacher son visage derrière pour mettre une barrière entre lui et James. Il est obligé de fixer le mur lorsque le styliste lui demande de se tenir bien droit, une fois débarrassé de sa veste et de ses chaussures, mais le silence qui s’installe le rend rapidement mal à l’aise. Il fait part de son inconfort sur un ton humoristique et il remercie intérieurement le garçon d’être plutôt bavard. Il vient à son secours, cassant son mutisme. « Disons que j'essaie de ne pas trop les traumatiser. La plupart d'entre elles voudront peut être un jour créer leur propre marque, je ne veux pas qu'elles gardent de trop mauvais souvenirs de celui qui leur aura donné leur chance. » Il souhaite faire bonne impression depuis le début, comme s’il pensait qu’Archie pouvait douter de son professionnalisme. Mais, la vérité, c’est qu’il pense qu’il fait un bien meilleur patron que lui-même. Il ne pense pas qu’il saurait gérer autant de personnel, il ne possède pas les qualités d’un leader positif. Il n’est pas bête, Archie, quand il a pris en maturité il a enfin compris que les actes qu’il a commis dans le passé n’étaient pas justes. Il a emporté beaucoup de gens dans le vice simplement pour se sentir supérieur. Il préfère oublier ces années-là et souhaiter avoir changé même si un Homme ne pourra jamais se débarrasser complètement de ses racines.

La tension ne disparaît pas, elle s’amplifie. À chaque mouvement que fait James, il soulève avec lui le parfum de vanille qui vise le nez d’Archie pour l’agacer, le titiller, le tester. Il tente du mieux qu’il peut de détendre ses muscles pour ne pas fausser les mesures de l’artiste mais la tâche est compliquée maintenant que les bulles du champagne pétillent dans sa cervelle transformée en gelée. Il répète en boucle dans sa tête que tout ira bien, que rien ne changera, qu’il saura gérer le taureau qui grogne dans son ventre pour faire savoir qu’il est là mais il a l’impression que le sol se rompt sous ses pieds lorsque James lui demande de retirer sa ceinture. Il en perd toute sa concentration et c’est pour cette raison qu’il lance un commentaire terriblement dépassé. Une blague d’un thème qui n’aurait jamais dû être évoqué dans cette chambre. Il a l’impression que c’est l’adolescent qui a parlé pour lui, lui qui ne serait pas gêné pour le traiter de prostitué à la moindre occasion qui s’offre à lui. « T'as pas pu t'en empêcher, hein. » Terriblement embarrassé, il ne détache pas son regard du tapis et préfère coudre ses lèvres ensemble pour éviter de dire une autre connerie. Son cœur hurle dans sa poitrine, la nausée lui gratte le fond de la gorge et la chaleur rougit tous les grains de sa peau. « C'est rien, c'est déjà oublié. » Ses jointures sont blanchies par la pression qu’exerce la ceinture enroulée autour de sa main. Il hocha légèrement la tête pour finalement la soulever lorsque le couturier s’abaisse pour prendre les mesures en bas. Il ferme les paupières en tentant de contrôler le rythme de sa respiration. Il essaye de séparer son esprit de son corps pour ne plus être là. La guerre qui fait rage dans son estomac l’épuise. Du bout du doigt, il tâte le lit derrière lui pour s’accrocher au moindre objet qui peut faire office de bouée. Il a l’impression que des centaines d’yeux le fixent à travers la fenêtre et rient de lui à la vue de l’excitation honteuse qui déforme son pantalon. Il va vomir. Il va vomir ? Il va vomir. Peut-être. Il ne sait pas encore. Tout ce qu’il sait, c’est que son corps brûle et ça fait mal. « J'ai presque terminé, je dois juste... » Enfin. James se redresse mais, à son regard, Archie voit bien que quelque chose ne va pas. Il s’approche dangereusement et s’accroche de justesse à son torse. Sa paume écrase la peau sous laquelle un palpitant danse, saute, s’enflamme. La chaleur de leurs deux corps s’unit. Tétanisé, l’actionnaire ne peut que fixer James, les yeux aussi gros que des melons. Ses lèvres légèrement entrouvertes semblent appeler son nom. Il lute, il lute, avant que James se sépare enfin pour le laisser respirer. Aussitôt, il pose son fessier sur le lit pour récupérer son souffle et il secoue vivement la tête quand l’autre s’excuse, expliquant sa maladresse par l’alcool. Il ne peut simplement pas répondre. Seulement quand il affirme qu’il a terminé son travail, il se relève sur ses deux jambes ramollies et rejoint rapidement ses chaussures pour les renfiler sans prendre le temps de nouer les lacets. La main tremblante, il désigne la bouteille et souffle : « Tu peux la garder. » Il ne peut plus le regarder quand il prend le chemin de la sortie, oubliant sa veste sur le crochet à quelques pas de là. Il ne dit rien de plus. Il se contente de fermer la porte derrière lui le plus silencieusement possible pour ne lever aucun soupçon dans l’hôtel. Quand il souhaite camoufler sa honte derrière sa veste, il réalise qu’il le ne l’a pas en main. Tant pis. Faire demi-tour le tuerait.      
   
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