Partir en croisière au beau milieu de l’Antarctique était une idée qui paraissait bonne sur le papier. La croisière la plus à la mode du Royaume-Uni à l’Amérique. En même temps, rares sont les bateaux qui peuvent se vanter de vouloir relier Southampton à New york en aussi peu de temps. C’est un projet ambitieux qui t’avais séduit tout de suite. Lorsque tu en avais parlé à père il a aussi souhaité prendre part au voyage en invitant toute la famille, en passant notamment par ta cousine et son époux, un certain monsieur Fisher. Une personne que tu ne connaissais que très peu avant la croisière mais duquel tu ‘étais rapproché au cours du voyage. Tu avais appris que celui-ci avait également une passion pour la navigation et vous avez donc passé énormément de temps à parler de l’océan, des navires et des prouesses technologiques permises par le Titanic. C’était notamment ce que vous étiez venus faire avant de faire une macabre découverte. Vous marchiez donc ensemble sur le pont supérieur, profitant de la faible affluence nocturne pour observer le bâteau et le paysage. “La nuit est belle ce soir, nous avons un très beau ciel étoilé.” Tu levas le nez pour observer les étoiles avant de reporter ton regard sur l’horizon. Le paysage avait l’air identique à ceux que tu avais désormais l’habitude de voir : une étendue d’eau parsemée de petits iceberg ça et là. Cependant au loin un iceberg, particulièrement conséquent semblait se dresser devant l'insubmersible. Tu en avais le pressentiment, il y avait là quelque chose d’anormal, ce dernier était bien trop près du navire et une manœuvre pour l’éviter semblait irréalisable. Tu le pointais du doigt, essayant de montrer à Jordan le bloc de glace dissimulé dans l’obscurité. “Regardez là-bas ! Il est énorme ! Et bien trop proche vous ne trouvez pas?”

@Jordan Fisher

Tu es très loin d’imaginer que cent ans plus tard quelqu’un du nom de James Cameron fera un film sur le voyage que tu es en train de faire. Tu profites de la découverte de ce géant des mers avec ta belle famille. Vous êtes plutôt privilégiés d’avoir eu accès à ce voyage. Quand ta belle famille a émit l’idée de partir à New York tu n’avais pas mis longtemps avant de convaincre Regina, ta femme, que c’était une très bonne idée. Une occasion d’entrer dans l’histoire. Ah si tu avais su.

Le voyage se passe à merveille et tu te rapproches même de Cesar, le cousin de ta femme. Vous vous trouvez des passions communes et c’est un plaisir de découvrir un peu plus la famille étendue de Regina. Tu as prévu une sacrée surprise à ta femme une fois que vous serez en Amérique. Tu as une alliance dans tes bagages car tu as prévu de la demander une nouvelle fois en mariage. Vous vous êtes unis très jeune et tu n’as pas fait une demande assez spectaculaire à ton goût. Ce voyage est l’occasion de changer ça. Les jours ne passent pas assez vite à ton goût. Tu voudrais déjà être arrivé, mais l’Atlantique est d’une immensité don tu te rends compte tous les jours un peu plus.

“La nuit est belle ce soir, nous avons un très beau ciel étoilé.” Tu hoches la tête alors que tu bois une gorgée de ton whisky dans ta fiole en métal. Il fait frais, tu es couvert mais pas assez, alors c’est l’alcool que tu utilises comme chauffage. Tu lèves les yeux vers le ciel pour regarder ce que Cesar vient de mentionner. Tu pourrais te perdre dans l’admiration. “Regardez là-bas ! Il est énorme ! Et bien trop proche vous ne trouvez pas?” Tu sors de ta rêverie pour suivre une fois de plus ton attention sur ce que mentionne Cesar. « Etrange oui. » Tu es malgré tout fasciné par le bloc de glace. « Incroyable.  » Tu dis alors que tu es comme hypnotisé par l’iceberg. Puis tu réalises que le bateau fonce droit dessus. « Est-ce que tu crois que c’est fait exprès pour le show ? Ces Américains ils aiment en mettre plein la vue. » Tu dis alors que… Le bateau avance et avance encore encore droit sur la glace. Tu lèves les yeux vers les ponts supérieurs que tu peux voir de là. « Y’a de l’agitation. » Tu dis réalisant que la situation a l’air sérieuse.

« Etrange oui. » Jordan contemple l’iceberg et j’en fais de même. C’est assez extraordinaire d’en voir d’aussi monumentaux, c’est absolument fascinant. « Incroyable.  » Je hoche la tête, c’est un spectacle hors du commun, difficile de détacher son regard de la glace. « Est-ce que tu crois que c’est fait exprès pour le show ? Ces Américains ils aiment en mettre plein la vue. » Je secoue la tête, je n’en suis pas convaincu. Les Américains sont les rois des effets spéciaux, du sensationnel et avec une croisière aussi populaire que le Titanic on pourrait s’attendre à du spectacle. Nous sommes cependant en pleine nuit, il n’y a pas grand monde dehors, des passagers dorment déjà et surtout l’iceberg a l’air plus vrai que nature. Je ne vois pas comment l’équipage aurait pu transporter un faux bloc de glace d’une taille aussi conséquente. Cela n’a rien d’un jeu, nous nous dirigeons réellement vers un énorme problème. “Non je ne crois pas…” Je n’ai pas le temps de parler davantage que Jordan m’interrompt.  « Y’a de l’agitation. » Il a raison, des éclats de voix se font entendre et progressivement de plus en plus de passagers sortent sur les ponts supérieurs pour observer la situation. Il n’y a rien de normal dans tout ça, le bateau se rapproche, encore et encore et j’en suis désormais certain : nous sommes trop prêts pour l’éviter. Le capitaine ne peut pas faire tourner le bateau comme par magie en quelques secondes. “On ne pourra pas l’éviter.” Il n’y a pas besoin d’être capitaine pour le deviner, un navire comme le Titanic ne se manœuvre pas comme un petit bateau de plaisance. Un matelot passe près de nous en courant et je l'interpelle. “Monsieur ! Que se passe-t-il ? Le bateau va heurter l’iceberg !” Il s’arrête quelques secondes le temps de me répondre mais ne cache pas dans son attitude qu’il est extrêmement pressé. “Ne paniquez pas monsieur, la situation est sous contrôle.” Avant de repartir au pas de course. Je me tourne vers Jordan sans cacher mon inquiétude. “Je crois qu’on devrait rejoindre les autres, la situation est grave, très grave. Nous n’avons pas beaucoup de temps.”

Cesar est bien d’accord avec toi. C’est fascinant ce bloc de glace sous vos yeux. Il ne croit pas à ta théorie sur le sensationnel des Américains. Il fait non de la tête et tu aimes bien rester dans ton déni toi. Ca sous entendrait un futur très proche qui n’est pas de bonne augure. Pourquoi est-ce que les Américains auraient pas décidé de faire un petit show impromptu au milieu de la traverser ? C’est tout à fait logique pour toi. Ils doivent avoir le mort que le bateau ne parte pas de New York pour ensuite arriver en Angleterre, ils veulent simplement voler la vedette. Ca fait du sens. Tu as une logique implacable. Non je ne crois pas…” Sauf que ses mots et l’agitation que tu vois te font redescendre sur la réalité que tu n’as pas envie de voir arriver. D’autres sont déjà en train de paniquer alors que la collision n’est pas encore là. Tu commences à être bien plus réaliste que juste avant. Il va y avoir un choc. C’est inévitable. “On ne pourra pas l’éviter.” Cesar lit dans tes pensées.

“Monsieur ! Que se passe-t-il ? Le bateau va heurter l’iceberg !” Tu suis ton cousin par alliance comme si tu étais son ombre. Tu veux en savoir plus également sur la situation. Ne paniquez pas monsieur, la situation est sous contrôle.” « Hmmm. » Ce son sort de ta gorge car tu es très perplexe. Cette personne a l’air très paniqué pour une situation sous contrôle. “Je crois qu’on devrait rejoindre les autres, la situation est grave, très grave. Nous n’avons pas beaucoup de temps.” Tu fais oui de la tête car tu as aussi envie d’être avec tes proches, ta femme surtout. Mais vous n’avez pas le temps d’aller bien loin que le bateau heurte l’iceberg et vous êtes bousculé dans votre avancée. Tu trébuches même et tu te tournes vers l’avant du bateau pour voir l’immensité de la glace qui est juste là.. Sous vos yeux. « On a touché. » Mais vous avez aussi dévié. Vous n’êtes pas entré de plein front sur la glace. « On avance toujours. » Tu commentes ce que tu vois et puis une fois que l’iceberg est passé à vos côtés. « Ca a l’air d’être passé. » Tu exposes ce que tu vois sans réellement savoir. Tu veux pas imaginer le pire. « Ce bateau est indestructible. » Tu dis pour le manifester. Tu vois des gens en train de jouer au foot avec un gros morceau de glace. Joindre l’utile à l’agréable, tu supposes. Mais ton esprit reste plutôt tourmenté et les gens autour ont l’air toujours autant agité.

Le discours faussement rassurant du matelot n’a eu aucun écho chez Jordan ni chez moi : la situation a l’air bien plus grave que ce qu’il veut nous faire croire. Je propose qu’on rejoigne mes parents et Regina parce que j’ai le pressentiment que la situation va vite s’aggraver. Soudain nous sommes fortement bousculés, même projetés vers l’avant. Je manque de tomber et je me rattrape comme je le peux in extremis. « On a touché. » J’ai la respiration courte, sous le choc de ce qui vient de se produire. Le bateau a touché la glace ce qui en temps normal voudrait dire que l’iceberg a éventré la coque du bateau et que nous allons bientôt couler. Mais ce n’est peut-être pas si grave finalement puisque le bateau ne s’est pas arrêté net, il continue d’avancer bien que sa trajectoire soit différente. « On avance toujours. » Je me penche un peu vers l’avant du bateau pour contempler la glace et essayer de voir l’état de la coque, ce qui ne m’est pas possible de là où je suis. « Ca a l’air d’être passé. » Je fronce les sourcils, toute cette situation est étrange. “C’est bizarre, je pensais qu’on se serait arrêtés net.” A côté la situation est assez étrange, partagée entre une panique générale grandissante et des adolescents plongés en pleine partie d’ice football, comme s’il ne mesuraient pas le danger et la gravité de cet incident. « Ce bateau est indestructible. » C’est comme ça que le Titanic a été présenté, avec des nombreuses améliorations techniques, de biens meilleurs matériaux qui devraient le rendre insubmersible. Mais j’ai un doute, l’iceberg a l’air particulièrement gros pour ne pas laisser de stigmates au bateau. “J’en suis pas sûr, tu crois qu’un iceberg comme ça ne ferait que rayer la coque ? Ca a forcément dû l’abîmer.” L’agitation grandit autour de nous ce qui n’est pas bon signe. “On devrait aller demander à quelqu’un ce qui se passe, peut-être aller vers la cabine du capitaine ?” Nous sommes peut-être tous en grave danger et nous devons être informés pour nous préparer au mieux.

Tu sens que Cesar est bien retourné par toute cette situation et tu tentes de garder la tête froide. Voir les choses du bon côté. Le bateau avance toujours. Ca a touché mais ça n’a pas tapé en plein dans le mil comme vous le pensiez tous. Sauf que ça aurait été mieux au final et ça c’est l’avenir qui vous le dira, une fois que vous serez six pieds sous terre. Ou plutôt sous l’eau. “C’est bizarre, je pensais qu’on se serait arrêtés net.” Comme quoi vous aimez parler des bateaux mais vous n’y connaissez pas grand chose en réalité. Que de la théorie partout tout le temps. Là vous êtes mis devant le fait accomplit d’une collision qui va être historique. Pourquoi ce fichu Titanic est parti pendant une période si froide ? Tu te demandes quelques instants si ceux qui jouent au foot avec un bloc de glace ne sont peut être pas ceux qui ont raison à ce moment précis. Joindre l’utile à l’agréable. Vous ne pouvez sûrement pas faire grand chose pour changer la suite des événements. Tu ne sais pas, mais tu tentes fort de penser positivement. “J’en suis pas sûr, tu crois qu’un iceberg comme ça ne ferait que rayer la coque ? Ca a forcément dû l’abîmer.” Cesar continue à voir le pire scénario et tu sais que c’est un mécanisme de défense mais tu n’as pas spécialement envie d’entendre ça. Tu veux penser au bon, même dans le pire. Ca chahute dans tous les sens autour de vous, tu n’aimes pas l’atmosphère qui commence à s’y faire sentir. “On devrait aller demander à quelqu’un ce qui se passe, peut-être aller vers la cabine du capitaine ?” Tu tournes les yeux vers Cesar qui a l’air déterminer à avoir plus d’information. « Je vais aller retrouver Regina et tout le monde. Viens nous dire de quoi il en retourne quand tu en sais plus. On sera dans la cabine. » Car vous avez une grande cabine avec assez de lit pour tout le monde. Tu veux passer le plus de temps avec ta femme que tu aimes plus que tout avant la suite des évènements qui commencent à s’annoncer très sombre… Tu n’as pas un bon pressentiment.