« C'est absolument hors de question. Je t'ai déjà répété que j'en voulais pas moins de 7 millions. » insista Micah pendu à son téléphone. Après tout Tanya ne faisait que son travail en rapportant à son client – car en affaires, le jeune homme était intraitable même avec ses amis – les offres qu'on lui proposait, souvent pour le simple plaisir de marchander. Micah estimait qu'il avait assez sacrifié en renouant avec celle qu'il avait perdu l'habitude d'appeler sa mère pour le bien de cette vente. Cette dernière, comme un mauvais génie, avait réapparu dans ses messages privés à l'annonce du lancement de la Fondation, suggérant bien moins son attrait pour Instagram que la loyauté de Gary, l'assistant de Micah, quand il était question de ne pas divulguer des informations. Le brun avait été horrifié d'apprendre que son père avait racheté ses parts de la maison bien avant le début de sa maladie, dissipant tout l'intérêt de cette conversation qu'il avait consentie à avoir avec elle pour obtenir son accord. Au moment de rompre le contact, il lui avait néanmoins promis une invitation, car Nicole savait se montrer généreuse pour payer la gratitude de son fils. « Je t'ai fait confiance pour ce mandat, alors débrouille-toi pour trouver un acheteur sérieux. » avait-il rappelé à Tanya avant de raccrocher. Toutes ces bonnes femmes commençaient à lui faire perdre patience. Devait-il lui remémorer les raisons pour lesquelles il avait besoin de cet argent ? La dotation principale de la Fondation sortait de sa poche, et l'établissement luxueux dans lequel résidait son père ne se finançait pas par le saint esprit. Si l'exploitation de Fates and Furies lui promettait un beau pactole, la sortie lointaine des films ne lui permettait pas de se reposer sur ses lauriers, obligeant Micah a sérieusement considérer de tourner un autre film cette année pour empocher un nouveau cachet. Une perspective qui ne l'enchantait pas compte tenu de l'énergie qu'il avait envie de consacrer dans ses œuvres caritatives. Donna lui avait bien dégotté quelques contrats photos, mais rien de suffisamment attrayant pour le convaincre de se jeter à l'eau.

Ce café en compagnie de Penny promettait d'être une parenthèse sereine dans sa vie. Micah s'était laissé conduire à Toowong par son chauffeur, tenant jalousement un cadeau emballé sur ses genoux. Une course qu'il avait confiée à Donna, sur laquelle il comptait pour savoir quoi offrir à un bébé d'à peine un an. Lui n'en avait aucune idée, et il n'aurait aucune pudeur à l'admettre, quelle que soit la réaction de Penny au moment fatidique du déballage. Il ne l'avait pas revue depuis l'annonce de son accouchement, se permettant seulement d'espérer la croiser sur un tapis rouge pour ne pas avoir à se défendre d'avoir failli à toutes les obligations de l'ami qu'il avait voulu devenir. Les malheurs s'étaient enchainés autant que les opportunités, et dans cette spirale Micah avait fini par se résigner à ne plus être totalement en phase avec les nouvelles priorités de Penny, desquelles il ne faisait évidemment pas partie. Il ne lui en voulait pas non plus. Chacun s'était laissé débordé par sa vie, et avait réalisé en un battement de cil qu'une année s'était écoulée depuis leurs derniers échanges concrets. Nier qu'un fond de déception n'avait pas motivé son retrait serait mentir. Dans une autre vie, Micah aurait pu être à la place d'Isaac, mais il avait aussi l'intime conviction que cette vie rangée n'était pas faite pour lui, et que c'était finalement ce que Penny, et les autres après elle, lui avaient toujours reproché. Il arriva dans un calme olympien au café où Penny lui avait donné rendez-vous. Le quartier semblait étrangement animé pour une famille. Il lui avait fallu tourner au coin de la rue pour parvenir au café, isolé dans une allée pavée. La jeune mère était installée à une table en terrasse, manifestement sans la moindre crainte d'être reconnue ou assaillie. Elle n'avait pas menti en prétextant que l'endroit était calme et peu fréquenté. Un courant d'air s'infiltrait entre les immeubles, brise agréable dans la douceur de l'automne. Micah se racla la gorge pour ne pas effrayer Penny, tête penchée dans la poussette qu'elle gardait farouchement près d'elle. « Dis donc, c'est que tu as bien trouvé tes marques dans le quartier pour dénicher un coin pareil. » avait-il déclaré pour briser la glace.

L’endroit du rendez-vous avait été donné stratégiquement. Tu n’étais pas certaine que ta relation actuelle avec Micah (ou plutôt l’absence de dans les dernières années) justifie que tu l’invites directement chez toi, mais tu n’avais pas non plus à cœur de faire cela dans un endroit où vous risquiez de vous faire voir ensemble et de repartir une machine à rumeurs qui allait déjà de bon train à ton sujet récemment. La dernière chose dont ton couple avait besoin en ce moment était de se retrouver au centre d’un mélodrame de jalousie qui n’en portait que le nom. Entre les allégations sur Isaac, les vraies et les fausses mélangées laissant un goût amer à chaque nouvelle lecture d’un article rempli de mensonges, et celles à ton sujet qui clamaient que ta carrière était terminée et que tu tomberais bientôt dans l’oubli, tu avais l’impression d’être en damage control d’un scandale que tu n’avais pas vu venir. Mêler un ex, célèbre qui plus est, ne ferait que créer tout un tas de nouvelles rumeurs avec lesquelles tu n’avais pas envie de gérer. Tu avais mis ton amoureux au courant des messages textes échanges avec ton ex, de son invitation pour le lancement de sa fondation et de ton offre à aller prendre un café, et c’est avec ta fille dans sa poussette que tu avais pris le chemin du lieu où tu avais donné rendez-vous à l’acteur. Tu avais pris ton temps, pris un chemin plus long et tu t’étais assurée à de multiples reprises que tu n’étais pas suivie avant d’entrer dans la petite boutique qui était à cette heure pratiquement vide de toute vie humaine si ce n’est la serveuse occupée à remplir les différentes vitrines derrière lesquelles se trouvaient sandwich et viennoiseries en tout genre.

Maia s’était endormie quelque part pendant votre marche et c’est simplement avec une légère musique de fond - un poste de musique populaire à la radio - que tu attendais l’arrivée du Tomlinson. Le temps avait filé à vive allure depuis la dernière fois que vous vous étiez retrouvés face à face, ta vie avait pris un chemin bien loin de celui pour lequel tu avais travaillé pendant toute ta vingtaine et pourtant, si ce n’était des récents événements, tu étais plus heureuse que tu n’aurais pu t’imaginer l’être un jour. Enceinte jusqu’aux oreilles, enchaînant les nuits de 5 heures de sommeil à peine et pourtant tellement comblée dans ton rôle de mère et de belle-mère. Tu étais consciente que ton quotidien était désormais à des années lumières de celui de Micah et tu étais curieuse d’entendre de quoi était rempli son quotidien dernièrement. Tu n’aurais plus à attendre longtemps avant de pouvoir lui poser toutes les questions que tu souhaites, le jeune homme te faisant connaître sa présence en se raclant légèrement la gorge. « Dis donc, c’est que tu as bien trouvé tes marques dans le quartier pour dénicher un coin pareil. » « Un essentiel pour une jeune maman qui souhaite voir autre chose que les quatre murs de sa maison, crois-moi. » que tu lui confirmes dans un rire tout en te levant pour venir lui faire une étreinte légèrement maladroite vu l’arrondissement prédominant de ton ventre sous lequel se cachait des jumeaux à venir dans quelques mois à peine. Tu te recules légèrement et prends quelques instants pour le regarder de la tête aux pieds, le temps ne semblant pas avoir eu grand effet sur le jeune homme qui reste fidèle à lui-même, aussi attirant et charismatique sans même essayer que dans tes souvenirs. « Ça fait plaisir de te voir. T’as l’air bien. » C’est le genre de choses qu’on dit quand on n’a pas vu quelqu’un depuis longtemps, mais ce n’est pas pour autant que tu ne le penses pas. Tu soulèves légèrement la housse camouflant ta fille dans sa poussette, de manière à ce que Micah puisse poser ses yeux sur elle. Elle dort encore, un air complètement calme et angélique habitant présentement son visage sur lequel on retrouve facilement quelques uns de tes traits, en plus des petites bouclettes blondes qui rappelle la couleur naturelle de tes cheveux. « Je te présente finalement en chair et en os, ma fille Maia. » que tu annonces avec cette éternelle fierté dans la voix lorsque tu parles de la petite fille. « Assieds-toi, je t’en prie. » que tu l’invites à venir s’installer devant toi alors que tu reprends place sur ta chaise, tentant tant bien que mal de t’y installer confortablement. « Comment tu vas? Merci d’avoir pris le temps de venir jusqu’ici. » Tu lui avais dit par message, mais tu te doutais que son horaire était bien chargé et tu étais contente qu’il est pris le temps pour ses retrouvailles improvisées.

En dérivant dans ce quartier paisible, Micah eut l'impression d'ouvrir une porte sur une vie jamais véritablement fantasmée, mais qui aurait pu être la sienne. Retrouver Penny à une terrasse, loin des caméras, et prendre le relais de garde avec une enfant dont il aurait comme par magie su s'occuper une fois déposée dans ses bras anxieux. Avec du recul, il réalisait qu'il n'aurait jamais pu offrir cette vie à Penny, et que leurs chemins ne s'étaient pas séparés par hasard, mais parce qu'une partie inconsciente de lui avait refusé d'être le père qu'il n'avait jamais eu. Penny avait l'air accomplie, heureuse et fière d'être une mère qui présentait sa fille aux quelques représentants de son passé d'actrice. Micah la trouvait radieuse, et cette image suffisait à le persuader qu'ils avaient fait le meilleur choix en se promettant d'être des amis l'un pour l'autre. Leur étreinte n'avait rien d'un élan de romance nostalgique. Une simple étreinte amicale, rassurante et pourtant vigoureuse. Micah avait même laissé à Penny le soin de décider à quel point leurs corps avaient le droit de se rapprocher, car il n'était pas habitué aux ventres arrondis par la grossesse. « Je veux bien te croire, surtout quand on est habitué à silloner le pays. » avait-il rétorqué avec un sourire maladroit. Si Penny avait l'air satisfaite de sa condition, une partie d'elle regrettait peut-être l'isolement soudain auquel sa maternité l'avait contrainte. Elle le dévisagea, comme si le temps s'était éternisé depuis leur dernière rencontre, et qu'il avait pu laisser des marques sur un visage qu'elle avait connu si jeune et lisse. « Toi aussi, ou alors tu as gardé contact avec ta maquilleuse. » avait-il charrié. Micah n'était pas un homme capable de déceler le soi-disant rayonnement des femmes enceintes. Autour de lui, les gens rayonnaient parce qu'on raccordait leur teint toutes les dix minutes, mais il doutait que Penny avait le temps de se soucier de son apparence comme autrefois. A moins qu'elle avait consenti à un effort exceptionnel pour faire bonne figure face à lui et la vie à laquelle elle avait renoncé. « Tiens avant que j'oublie, c'est un cadeau pour Maia. » avait-il ajouté en lui offrant le cadeau minutieusement emballé. « Je vais pas te mentir, j'ai aucune idée de ce que c'est, j'ai donné cette mission à mon agent. J'ai pas beaucoup de temps pour moi en ce moment. » Autrement dit, il ne s'offusquerait pas qu'elle l'ouvre plus tard, ou même qu'elle feigne l'enthousiasme en déballant un jouet que sa fille avait déjà en plusieurs exemplaires. Comme une surprise qu'elle lui offrait en retour, Penny dévoila sa fille sous la capote qui recouvrait la poussette. « Hello Maia. » chuchota-t-il de peur de la réveiller. « Elle a l'air bien endormie. » constata-t-il en se redressant, rassuré à la perspective de pouvoir rattraper un peu le temps perdu avec Penny. « Elle vous fait pas trop de misères ? » demanda-t-il, curieux de savoir si les soirées post tapis rouge s'étaient transformées en pleurs et crises de nerfs. « Y'a totalement un air de ressemblance en tout cas, elle va devenir une star. » Un vieux réflexe, lui-même ayant subi une carrière prédestinée par la notoriété de ses parents. Peut-être qu'Isaac endosserait le mauvais rôle qu'avait joué sa mère et qui l'avait aliéné de son fils en refusant de reproduire le schéma de la célébrité précoce. Il s'installa face à Penny, ne sachant par quel bout commencer pour condenser un an de vie en quelques minutes d'une conversation informelle. « Tellement de choses... » avait-il amorcé. « Je suis très occupé avec le lancement de la Fondation. Sourire et graisser des pattes je sais faire, mais cette fois je le fais pour les autres. C'est un autre genre de pression. » C'était bien plus de pression, pour quelqu'un qui avait fait preuve d'égoïsme toute sa vie. Cette Fondation, qui symbolisait la mémoire d'un père qui n'en avait plus, était devenue bien plus importante à ses yeux qu'il ne l'avait imaginé. « Je repars à Los Angeles en juin pour un portrait dans un magazine, et j'en profite pour boucler un tournage en juillet. » Le dire à voix haute lui faisait réaliser à quel point l'hiver à venir s'annonçait intense, et rendait la perspective d'une pause encore plus lointaine. « J'ai le vent en poupe, ça me permet d'oublier un peu mes problèmes personnels. Et toi alors, comme ça se passe pour toi ? Ce... revirement de carrière ? »

« Je veux bien te croire, surtout quand on est habitué à sillonner le pays. »
« C’était pratiquement une autre vie. »

C’est l’impression que tu as du moins, les deux dernières années t’ayant emmené bien loin du rythme de vie auquel tu étais habituée avant que tu ne rencontres Isaac et que vous ne tombiez tête première dans une vie bien plus rangée et domestique que ce que tu pensais vouloir par le passé. Tu te demandes si c’est étrange pour Micah, qui a connu la Penny pour qui le travail était la principale source de motivation, l’actrice qui aurait donné absolument tout voir sa notoriété grimper, celle qui rêvait de jouer des rôles puissants et dramatiques. Celle qui n’était pas prête à le suivre à Los Angeles quand l’opportunité s’est présentée, mais qui pensait naïvement qu’elle aurait le temps, plus tard. Aujourd’hui, c’est à peine si tu es en mesure de te visionner reprendre le chemin des plateaux de tournage. Dans un an ou deux peut-être, si l’envie y est toujours et que le manque continue de se faire ressentir. Pour l’instant toutefois, toute ton attention se devait d’aller à ta famille et tu ne regrettais pas de te mettre en pause pour eux. « Toi aussi, ou alors tu as gardé contact avec ta maquilleuse. » Tu échappes un rire, appréciant le compliment même si tu doutes ressembler à cette version de toi qu’il a côtoyé et apprécié par le passé. « Tiens avant que j’oublie, c’est un cadeau pour Maia. Je vais pas te mentir, j’ai aucune idée de ce que c’est, j’ai donné cette mission à mon agent. J’ai pas beaucoup de temps pour moi en ce moment. » « C’était pas nécessaire, mais j’apprécie l’attention. Merci Micah. » Tu avais toujours su apprécié le vent d’honnêteté dont le Tomlinson faisait preuve. Maia étant encore endormie, tu laissas le cadeau de côté, décidant qu’il pourrait devenir une source d’amusement si elle devait se réveiller pendant la rencontre. Ça te fait tout drôle, de voir Micah avec ta fille, et tu réalises que c’est probablement parce que tu n’as jamais vu le jeune homme côtoyer des bébés ou de jeunes enfants. « Elle vous fait pas trop de misères? » Tu secoues légèrement la tête. Maia n’est pas un bébé difficile, bien au contraire. Elle a déjà une personnalité pétillante et tu es constamment émerveillée par tout ce qu’elle sait faire. « Elle est un oiseau de nuit et dormir n’est clairement pas une de ses activités préférées, mais elle est pas difficile. J’espère que ses sœurs prendront exemple sur elle. » que tu avoues dans un rire. Impossible de dire toutefois ce qui vous attendait dans quelques mois. Cette grossesse était déjà tellement différente de ta précédente, et tu savais qu’avec deux nouveau-nés, tu aurais l’impression de devoir tout réapprendre. « Y’a totalement un air de ressemblance en tout cas, elle va devenir une star. » « Attends de la voir réveillée, elle va t’épater. » Maia aimait l’attention. Maia aimait faire rire et elle savait déjà exactement quoi faire pour attirer les regards.

Et s’il était facile de croire que tu étais celle avec les plus grandes nouvelles a annoncé après tout ce temps à part, la poussette et ton ventre arrondi prouvant les immenses changements dans ton quotidien dernièrement, tu étais curieuse de savoir tout ce que tu avais manqué dans la vie du Tomlinson. « Tellement de choses… Je suis très occupé avec le lancement de la Fondation. Sourire et graisser des pattes je sais faire, mais cette fois je le fais pour les autres. C’est un autre genre de pression. » Pour avoir été impliqué dans diverses fondations au fil du temps, sans jamais toutefois en avoir la responsabilité, tu peux facilement t’imaginer le genre de pressions sous lesquelles Micah se retrouve désormais. « Je pense que c’est vraiment admirable ce que tu fais Micah. Je suis sûre que ton père est fier de toi. » Ou du moins, qu’il le serait s’il était en mesure de pleinement réaliser l’ampleur de la tâche que son fils a décidé de prendre en créant cette Fondation. « Je repars à Los Angeles en juin pour un portrait dans un magazine, et j’en profite pour boucler un tournage en juillet. » « Tu plaisantais vraiment pas quand tu disais que t’avais pas une minute pour toi. » que tu ne peux t’empêcher de commenter, imaginant avec facilité les rendez-vous et les obligations s’accumulant dans son agenda. « J’espère que tu prends un peu de temps pour toi au travers de tout ça. » que tu commences d’abord, avant qu’un sourire espiègle ne vienne aguiller tes traits. « Et de ton couple, du moins, si les rumeurs disent vraies. » Toi, curieuse? Absolument. Sans pouvoir dire que tu savais de près les rumeurs portrayant à la vie amoureuse de ton ex, tu avais vu passer son nom aux côtés d’un que tu connaissais, celui de Lena, une vieille connaissance avec qui tu n’avais pas échangé depuis de nombreuses années, mais dont tu connaissais l’affluence sur les réseaux sociaux. « J’ai le vent en poupe, ça me permet d’oublier un peu mes problèmes personnels. Et toi alors, comment ça se passe pour toi? Ce… revirement de carrière? » « C’est pas ce que j’avais prévu, mais je pense que c’est ce dont j’avais besoin. » Un changement de redirection. De la distance avec ton ancienne vie, pour te permettre de réellement évaluer si ça te manque, si ça te passionne encore, après tout le bordel avec Byers. « T’as sûrement su pour Matthew Byers et les chefs d’accusation contre lui… » Parler de cet homme laissait toujours un arrière-goût amer dans ta bouche, mais il t’était pratiquement impossible de te dissocier de lui pleinement, de faire un retour sur ta vie d’avant et la comparaison avec ta vie d’aujourd’hui sans mentionner l’un des éléments déclencheurs. « Après l’agression, je pensais que ma carrière était finie, je pensais que l’envie d’être devant la caméra ne reviendrait jamais. Mais maintenant, je sais que c’est pas le cas. Juste que pour l’instant, c’est pas la priorité comme tu peux voir. » Retomber enceinte si vite après la naissance de Maia n’était pas dans les plans, mais tu ne regrettais en rien de voir votre famille s’agrandir à nouveau dans quelques mois. « Mais je compte sur toi pour me faire de la place sur le tapis rouge quand l’heure viendra. » que tu commentes avec humour, persuadée que le moment viendrait.

Le sommeil de plomb de Maia était moins une bénédiction pour lui que pour Penny. Micah se demandait si les nuits blanches passées à s’occuper d’un bébé, à défaut d’être moins éprouvantes pour les nerfs, n’étaient finalement pas plus saines pour l’esprit. Lui mettait à profit ses périodes d’insomnie en mélangeant alcool, cocaïne et démesure. Tant qu’à rester éveillé, il préférait ne pas trop s’appesantir sur ses démons. Alors il n’échappait pas aux clichés des célébrités de son acabit, et il lui arrivait de prendre de la poudre, comme l’appelaient familièrement ceux qui en faisaient un usage récréatif. Rien d’excessif, ni même d’assez régulier pour s’en inquiéter, à son humble avis. Il avait côtoyé suffisamment de gens dépendants pour se rendre compte que ses problèmes à lui n’étaient pas de cet ordre. Lui dépendait de l’attention et de l’affection insuffisantes de personnes dont l’importance valait aussi peu que leur appréciation. Lorsque Penny affirma que cette vie était derrière elle, Micah ne perçut pas de regret dans sa voix. Elle était simplement factuelle, presque résignée. « On fait tous des choix. J’ai toujours privilégié ma carrière, mais quand je rentre chez moi après un tournage de plusieurs semaines, je me rends compte que j’ai pas forcément mieux réussi dans la vie. » rétorqua-t-il, admettant à demi-mot qu’il n’était de fait pas plus épanoui qu’elle dans cette gloire solitaire. Elle le remercia platement pour le cadeau, le réservant pour le moment où sa fille serait réveillée pour profiter de le déballer de ses gestes hasardeux. « C’est rien, je doute pas qu’elle est déjà gâtée. » Même si Micah respectait les nouvelles priorités de Penny, il n’enviait pas sa vie. Il lui avait fallu longtemps pour penser à quelqu’un d’autre que lui-même, et la responsabilité d’un enfant rabattait les cartes de façon trop soudaine à son goût. Il ne prendrait pas cette décision à la légère, et surtout pas en invoquant la providence si jamais une de ses partenaires lui annonçait une grossesse malencontreuse. « A une autre époque, ça t’arrivait aussi d’être un oiseau de nuit. avait-il précisé avec un sourire mutin. Lui l’était toujours. C’était la nuit que se nouaient les amitiés les plus décomplexées, et où naissaient les collaborations les plus fructueuses. Difficile de déchiffrer cependant si Penny était optimiste ou si ce n’était pas une forme de déni, de penser une seule seconde que, non pas le deuxième, mais les deux autres enfants à venir, n’allaient pas mettre un bon coup de pied dans le calme relatif de ce nouveau rythme. Il n’était certainement pas le mieux placé pour lui affirmer le contraire, et l’estimait bien trop pour lui énoncer à quel point il trouvait l’entreprise suicidaire. Compte tenu du métier d’Isaac, et de la pause que Penny s’était imposée dans sa carrière, il lui semblait évident qu’elle serait contrainte de prolonger son rôle de mère au foyer au détriment de ceux qu’on pourrait lui proposer ailleurs. En tant qu’ami et non féministe, Micah trouvait le sacrifice déséquilibré, mais il ne connaissait pas suffisamment les intrications de son couple pour en juger. Alors il faisait bonne figure, profitant du mieux qu’il pouvait de ce moment qu’elle lui accordait dans une vie dédiée à sa nouvelle maternité. « Oh wouah, tu la vends déjà si bien. » exagéra-t-il, curieux tout de même de découvrir si la comédie était héréditaire, ou si elle n’était qu’une ambition récessive.

Évoquer sa nouvelle vie à lui, toujours à la lumière des caméras, mais éloigné des tournages, avait le don de le mettre à l’aise. L’enthousiasme avec lequel il présentait ses futurs projets était évocateur, même s’il regrettait ce que peu de personnes devinaient implicitement, mais qui n’échappait pas à la perspicacité de Penny ; il avait attendu les derniers moments de lucidité de son père pour se lancer. « Merci. Il m’aura fallu du temps pour mettre le doigt sur ce qui compte vraiment. » avait-il confié avec amertume. D’ailleurs, comme il l’avait dit à Jo, hormis l’ambition que son père lui avait transmise, il n’était pas certain d’en avoir d’autres. Des rêves qu’il ne tenait qu’à lui de réaliser. « J’évite de penser à moi en ce moment, ça me laisse trop de temps pour réfléchir à ce que j’ai loupé. Je me suis mis à dos toute ma famille, et maintenant que mon père n’a plus sa tête, je me dis que c’était pas forcément la meilleure idée de négliger tout le monde. » Sans le cinéma, il ne lui restait que les chimères d’une vie que sa mère avait contemplée pour lui. Micah détestait se dire que, peut-être au fond, elle avait eu raison de vouloir lui donner une porte de sortie.

L’air de rien, Penny aborda le sujet de sa vie sentimentale. Peut-être pour se déculpabiliser un peu d’être si ostensiblement heureuse quand lui se contentait de l’être sur Instagram.  « On fait une pause avec Lena. Je dis pas que ça n’a rien à voir avec tout ça, c’est vrai que nos agendas chargés n’aident pas beaucoup. Le timing était pas bon pour m’impliquer autant qu’elle l’aurait voulu dans cette relation. » Le mensonge n’était pas entier. Un morceau de vérité qu’il lui accordait pour ne pas lever le voile sur la supercherie. Lors de leur séparation, Lena lui avait laissé entrevoir la possibilité de se découvrir pour de vrai. « Y’a aucune rancune entre nous, j’exclus pas de la revoir un jour, quand on aura remis de l’ordre dans nos vies. » plus tôt que tard, espérait-il, car la blondinette lui manquait mine de rien. Micah avait presque oublié le scandale Byers, qui avait émoussé Penny, et qui maintenant qu’il y faisait attention, avait peut-être inconsciemment précipité certains de ses choix. « Je suis désolé, ça doit raviver des traumas j’imagine… Comment le prend Isaac ? » Mal, de toute évidence, s’il l’aimait autant que le suggérait l’état de leur relation. La question pouvait sembler bête, mais Micah voulait s’assurer que Penny n’avait pas dit temporairement adieu au métier d’actrice pour satisfaire ses besoins de banalité. Les scandales étaient monnaie courante dans le milieu, et il fallait malheureusement composer avec, et accepter de renoncer à l’anonymat. Penny leva tous ses doutes en assurant qu’elle ne subissait rien, et qu’elle avait hâte de reprendre sa carrière où elle l’avait laissée. Il lui décocha un sourire compatissant. « Y’aura toujours de la place pour toi Penny, et tu pourras compter sur moi pour te donner un coup de pouce si besoin. Tu sais, j’ai toujours l’espoir que la prod décide de réunir le cast de Neighborhood un de ces jours. Pour les dix ans qui sait ? »

« On fait tous des choix. J’ai toujours privilégié ma carrière, mais quand je rentre chez moi après un tournage de plusieurs semaines, je me rends compte que j’ai pas forcément mieux réussi dans la vie. » S’il était facile de croire que la gloire et le mode de vie parfois luxueux des stars offraient automatiquement une vie heureuse et remplie, il te suffisait de regarder Micah et de comprendre tout ce qu’il ne te disait pas et refléter ta propre expérience pour savoir que c’est bien plus compliqué que ça. Tu voudrais lui demander s’il se sent seul, s’il est heureux malgré tout, s’il trouve toujours satisfaction à se trouver devant une caméra, mais les questions semblent bien trop grosses et intrusives pour le début de cette conversation, surtout après cette grande pause dans votre relation. Il est bien plus simple de se concentrer sur des sujets plus légers, comme le cadeau offert à ta fille, ou alors ses habitudes de sommeil qui causent les belles marques creuses sous tes yeux. « À une autre époque, ça t’arrivait aussi d’être un oiseau de nuit. » Un léger rire t’échappe alors que tes joues se teintent d’une teinte de rose que tu n’assumes pas complètement. Il fut un temps, personne ne te connaissait aussi bien que Micah Tomlinson. La nuit vous appartenait, et c’est bien souvent sous la lueur de la lune que vous laissiez tomber les apparences et toute prétention pour n’être que deux humains aux buts communs, à la chimie inébranlable et aux sentiments jamais pleinement assumés. C’était une autre vie, un chemin duquel vous aviez tous les deux bifurquer à un moment, toi bien plus que lui, et ce serait mentir que de dire que tu ne te demandais jamais à quoi ressemblerait ta vie aujourd’hui si la coupure n’avait pas été si brutale entre vous deux. « Ça vient avec le métier. » que tu réponds, laissant sous-entendre qu’il doit sûrement en être un encore, alors que toi, tu tentes plutôt de survivre aux journées sous les rayons du soleil désormais, même si ta fille s’entête à demander de l’attention jour et nuit. Tu ris avec un peu plus de sincérité après le commentaire de Micah comme quoi tu la vends déjà si bien, et tu es bien curieuse de voir comment ce serait, que de les voir interagir ensemble tous les deux.

« Merci. Il m’aura fallu du temps pour mettre le doigt sur ce qui compte vraiment. » Tu lui offres un sourire triste, comprenant que le temps est sûrement plus précieux que jamais, vu la condition de son père. « Mieux vaut tard que jamais. » Surtout que dans ce cas-ci, il n’était pas encore trop tard, ou du moins, tu l’espérais. « Comment va ton père? » Est-ce que la maladie avait progressé drastiquement depuis la dernière fois que vous aviez parlé? Est-ce qu’il était encore capable de se souvenir de son fils? Dans tous les cas, ça ne pouvait pas être facile pour le Tomlinson, et tu savais que cette fondation, c’était sa façon à lui de lui porter hommage, de lui rendre honneur, un genre de lettre d’amour, que tu l’espérais, ne resterait pas complètement sans réponse. « J’évite de penser à moi en ce moment, ça me laisse trop de temps pour réfléchir à ce que j’ai loupé. Je me suis mis à dos toute ma famille, et maintenant que mon père n’a plus sa tête, je me dis que c’était pas forcément la meilleure idée de négliger tout le monde. » « Les choix que tu as fait dans le passé ne sont pas nécessairement les choix que tu veux faire dans le futur. » que tu répliques, telle la grande sage que tu aimerais être, bien que ton propre commentaire t’arrache un léger rire. « Ce que je veux dire, c’est que le Micah que tu étais il y a deux ans, cinq ans, dix ans, c’est pas celui que tu es aujourd’hui. Et qu’il est pas trop tard, pour reconstruire les ponts avec ta famille, même si c’est plus compliqué avec ton père. » Personne ne pourrait lui rendre ses compétences, sa mémoire, ses souvenirs, mais ça ne voulait pas dire pour autant que Micah ne pouvait pas profiter des moments en sa compagnie, même s’il était le seul à s’en souvenir ensuite.

« On fait une pause avec Lena. Je dis pas que ça n’a rien à voir avec tout ça, c’est vrai que nos agendas chargés n’aident pas beaucoup. Le timing était pas bon pour m’impliquer autant qu’elle l’aurait voulu dans cette relation. » Oh. Tu réalises qu’une fois encore, tu sembles avoir une canne de verres, enchaînant les sujets de conversations un peu plus complexes que tu n’aurais pu le croire. « Je suis désolée Micah. Je savais pas… Je suis plus autant l’actualité qu’avant. » Si on pouvait réellement appeler ça l’actualité plutôt que les potins, mais la dernière chose que tu cherchais à faire présentement était de l’insulter de quelconque manière que ce soit. « Y’a aucune rancune entre nous, j’exclus pas de la revoir un jour, quand on aura remis de l’ordre dans nos vies. » « Je te le souhaite, si c’est ce que tu veux. » Tu ne connaissais plus assez bien Micah et ses non-dits pour savoir lire entre les lignes comme tu avais pu le faire par le passé. « Tu mérites d’être heureux, et j’espère que tu ne laisseras pas toute cette histoire avec ton père t’empêcher de l’être. » Tu sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, que les circonstances de la vie sont parfois difficiles à défaire du reste, mais tu avais quand même eu envie de le lui rappeler, au cas où tes mots et ton avis auraient encore la moindre importance pour le Tomlinson. « Je suis désolé, ça doit raviver des traumas j’imagine… Comment le prend Isaac? » Tu hoches légèrement les épaules, un soupir s’échappant de tes lèvres. « Il tente de se faire aux risques qui viennent avec le fait de vivre avec quelqu’un qui vit sous le spotlight. » Malheureusement, c’est loin d’être sans inconvénient, même pour lui. « Il y a un journaliste qui a sorti tout un tas de mensonges et de rumeurs à son sujet, comme quoi c’est un homme possessif qui cherche à me garder à la maison en me faisant des enfants. Des gens qui se plaignent de ne plus me voir dans leurs écrans et des trucs du genre. » Des conneries, de toute évidence. Mais assez pour avoir fait des vagues dans ton couple et autour de vous. « Mais il est patient et compréhensif, et c’est plutôt moi qui se sent mal de lui faire subir tout ça. Tu sais comment c’est. » Il suffit d’une photo ou d’un commentaire sur les réseaux sociaux pour créer des vagues et voir de nouvelles rumeurs se propager comme du feu. Mais malgré les inconvénients de ton métier, tu ne pouvais t’empêcher de t’ennuyer de ce qui t’avait fait tomber en amour avec la comédie, être devant la caméra, t’imprégner d’un rôle, d’un nouvel univers. « Y’aura toujours de la place pour toi Penny, et tu pourras compter sur moi pour te donner un coup de pouce si besoin. Tu sais, j’ai toujours l’espoir que la prod décide de réunir le cast de Neighborhood un de ces jours. Pour les dix ans qui sait? » « Ce serait vraiment incroyable, de ravoir tout le monde ensemble sur un plateau de tournage. » que tu commentes, un sourire nostalgique habitant ton visage. « Je sais pas encore quand, ni comment, mais j’ai l’intention de revenir. Ça me manque trop pour que je ne tente pas un comeback, une fois que les jumeaux seront là. » Une main vient se placer naturellement contre ton ventre, là où les bébés te rappellent leurs présences. « Tu travailles sur quoi en ce moment, à côté de la Fondation? »

Cela ne faisait aucun doute que silencieusement, avec toute la retenue à laquelle la distance que le temps avait étendu entre eux les contraignait, Penny compatissait. Elle aurait peut-être rêvé d'une meilleure vie à sa place, celle qu'elle s'était construite elle-même, qui la rappelait à ses reponsabilités, et surtout à sa postérité. Micah se rassurait – du moins c'était ce que son père lui avait répété – qu'il continuerait à vivre à travers les personnages emblématiques qu'il incarnait à l'écran, le condamnant ainsi à la quête éternelle de ce rôle qui marquerait sa vie à jamais. Il aimait, et encore plus depuis ces derniers mois, se remémorer le passé. Penny y était souvent associée. Il n'état pas très compliqué de continuer à affectionner leur relation, qui évoquait une époque où tout était simple, un peu à l'image de Jo, ou de toutes les femmes auxquelles il avait accordé de l'importance au-delà d'une simple nuit. Aujourd'hui mère épanouie, elle se contenta de rougir, sans tout à fait lui soutenir que cette vie était derrière elle, ou du moins qu'elle ne comptait plus à ses yeux. A l'évidence, elle gardait elle aussi en mémoire les moments les plus chérissables de leur histoire.

Même s'il y était habitué, et qu'elles étaient inévitables, les questions sur son père continuaient de le désarçonner. Il ne savait jamais tout à fait quoi répondre à cette question, ni même déterminer si elle avait véritablement de l'importance dans l'état actuel des choses. «  C'est peut-être brutal ce que je vais dire, mais mon père est mort à mes yeux. » Les gens le traiteraient facilement de cynique, mais pour lui c'était une nécessité. Il fallait le vivre pour comprendre qu'on pouvait perdre une personne qui n'avait pas disparu. « Je suis un peu tiraillé, parce que j'ai déjà fait le deuil de la personne qu'il était, mais je sais pas si je suis prêt à lui dire adieu physiquement. » L'était-on jamais ? Micah avait dit au revoir au père qu'il connaissait, mais il demeurait attaché à sa présence, et aux souvenirs qu'il tissait avec cette autre personne qui avait investi son corps. Penny se voulait rassurante, comme n'importe quelle amie le serait dans ces circonstances, mais il avait du mal à se convaincre que la sagesse de son raisonnement pouvait s'appliquer à la vie qu'il avait érigée. « C'est sûr, mais ils ont des conséquences assez tenaces. Suffit de lire la presse pour constater à quel point c'est difficile de convaincre le monde que j'ai changé. » avait-il répliqué avec un pessimisme manifeste. Tout n'était pourtant pas perdu. « La Fondation, c'est peut-être ma porte d'entrée. Un moyen de me présenter à nouveau à tous les gens que j'ai laissés tomber. » dit-il, avant d'embrayer sur la suite. Des excuses formulées à demi-mots, aussi inconvenues qu'elles étaient sincères. « Même toi je t'ai laissée tomber, Penny. Comme d'habitude j'étais concentré sur moi. » A vrai dire, il avait laissé tomber Penny à plusieurs reprises, toujours pour les mêmes raisons égoïstes qui avaient dictées les moindres de ses choix. Comme celui de s'échapper de cette relation avec Lena, qui lui semblait finalement incompatible avec ses propres ambitions. « Sois pas désolée vraiment, on le vit très bien tous les deux. »

Le souhait de Penny de le voir trouver – ou retrouver – le bonheur un jour, lui appararut aussi spontané qu'opportun. « Merci. » s'était-il contenté de répondre avec un sourire timide et complaisant. Il n'était malheureusement pas le seul à qui la vie réservait des coups durs. Abasourdi, il écoutait Penny lui conter ses dernières mésaventures, persuadé qu'elle lui en épargnait d'autres. « Je suis même étonné que ce soit pas arrivé plus tôt. Vous avez engagé des poursuites ? Je connais une très bonne avocate si vous avez besoin. Elle est particulièrement douée dans les affaires de diffamation, tu me connais... » Les magazines n'en étaient pas à leur coup d'essai. Dans la plupart des cas, les différents se réglaient à l'amiable, sans faire la une sur laquelle ces gens faisaient leur beurre d'ordinaire. Ce serait mauvais pour leurs affaires. « C'est la rançon de la gloire. Il te fait pas culpabiliser au moins ? » demanda-t-il, conscient que Penny ne lui ferait de toute manière pas cette confidence dans le contexte de leur amitié précaire. Son visage sembla s'illuminer de nouveau à l'idée de reprendre la comédie. Pour Micah, ce n'était pas qu'une promesse dans le vent. Cette réunion, il l'espérait lui aussi, parce que cette série était ce qu'il avait de plus précieux dans sa carrière. « Je peux en glisser un mot, ce serait le tremplin idéal pour toi. »

Son visage irradia à son tour. C'était toujours le cas lorsqu'il évoquait ce film, dont il avait déjà hâte de faire la promotion.  « Je suis sur le tournage de Fates and Furies. C'est une adaptation du roman, en deux parties. Un projet assez démentiel. » Naturellement, il laissa sous silence les conditions déloyales dans lesquelles il avait dérobé le rôle à Freddy. « J'ai un bon pressentiment pour ce film. » ajouta-t-il, un sourire s'étirant entre ses deux oreilles. « J'ai pas prévu d'autres tournages pour le moment, j'aurais voulu me concentrer sur la Fondation. Je ferme pas totalement la porte, mais je laisse Donna trier les scripts. » Ce qu'elle faisait déjà en temps normal, mais lui se surprenait à devenir de plus en plus exigeant. Le retentissement de ce film, qu'il espérait à la hauteur, lui vaudrait bien une petite pause. « Mais toi dis-moi, comment tu t'occupes ? Enfin, quand tu changes pas de couches et tout ça. » demanda-t-il, posant son menton entre ses paumes.