Ils sont cons, ces types, parce qu’ils viennent crever une bulle toute mignonne et t’y serais bien restée encore un peu mais il a fallu que le monde se rappelle à vous parce que hey, vous n’êtes pas tous seuls, qu’y a des gens qui vous zieutent du coin de l’oeil et que forcément, deux personnes qui agissent comme vous - le bras de l’un sur les épaules de l’autre, la main sur une poitrine, l’autre qui se balade sur les fesses, les lèvres qui se chevauchent et ces foutus sourires qui en disent longs alors que non, on est pas en couple, merci bien, passez votre chemin avec l’esprit ouvert, thanks - ça ne peut pas passer inaperçu. Autant être très clair dès le début ; tu n’as jamais voulu passer inaperçu en premier lieu. La tenue le crie, l’attitude le souligne. Les épaules décalées, la poitrine relevée, le menton qui ne faiblit pas, il est clair que tu cherches et savoures chaque brindille d’attention qu’on peut foutre sur l’allée royale qui se forme à chacun de tes pas. Mais là, à ce moment précis, tu leur aurais bien servi leurs foutus pistolets à eau en guise d’encas nocturne dans la tronche. Parce que Jordan a un sourire peu convaincant tout d’un coup, comme s’il se réveille d’une transe, et il y a quelque chose qui s’est brisé - leur bulle, en l’occurrence, et il est clair que tu vas en tenir rigueur aux deux imbéciles. Tu ne vas pas les détester parce que tu auras jusqu’à oublier la forme de leurs visages dans cinq minutes - même sans avoir bu, ta mémoire est parfois effarante mais surtout très sélective. Mais durant ces cinq minutes, tu vas avoir le temps de laisser tes yeux bleutés les fusiller, ravaler toute l’envie que t’as eu de coincer Jordan quelque part et de reprendre une respiration pour sourire de nouveau parce qu’il est hors de question que tu fasses une scène au milieu de personnes qu’il connaît alors qu’il t’a invité. Fais preuve de maturité un peu, cela ne te fera pas de mal. La patience a du bon, qui sait attendre arrive à point - et oh jordan, elle va faire preuve d’une extrême patience rien que pour toi, mon grand.

« I really want to leave with you now but I don’t want to be a bad friend either. »
« I haven’t seen them in a while. »
« And I’ll book a slot for the tattoo within the next few days. »
“Can’t waaaait.”

Le petit oiseau que t’es pense déjà à déployer ses ailes, avec un sourire qui atteint tes yeux pétillants, le tracas des deux autres idiots bien loin déjà - cinq minutes, called it - alors que ses phalanges serrent les siennes dans une pression qui se veut rassurante. “Who am I to take your delicious self away from them ?” Il met un point d’honneur à être là pour ses amis et c’est un fait absolument honorable ; tu aimerais pouvoir dire que tu l’ai mais t’en ai un peu moins sûre. Des faits qui laissent voir que non, tu n’as pas vu ce que t’aurais dû en tant qu’amie et il y a pleins d’erreurs qui font que tu ne peux pas clamer la même chose. Qu’importe pour ce soir. “I will blow off some steam on the… beachfloor.” Ton regard percute le message que danser n’est que l’alternative face à la première idée qui se retrouve pour l’instant repoussé, parce qu’il est clair que Jordan veut aller voir ses amis et que vraiment, tu ne vas pas entraver son plan alors que tu t’es incrustée. Tes pieds se décollent un peu du sol pour aller planter un baiser furtif sur la commissure de ses lippes. “If you see me kissing someone will probably mean I desperately need you.” T’es tordue parfois, Birdie, tu es au courant ? Et pourtant, tu n’empêches pas le sourire amusé qui se forme avant que tu t’éloignes pour aller vers les corps se mouvaient un peu plus. Tu vas bien trouver moyen de te faire des connaissances sur le tas, tu finis toujours par le faire. Et en totale indépendance de Jordan parce que t’es free et capable de te débrouiller seule sans chaperon.

Et tout se passait bien. Il y a Dua Lipa et son Levitating qui passe, enchainant avec Dakiti, tu t’es trouvée deux ou trois partenaires au milieu de tout cela et tout se déroulait à merveille. Si tu avais eu une boule de cristal ou un don de voyance, tu te serais sûrement abstenue. Ou t’aurais reculée. Tu aurais eu une fringale, une envie de sucrée, anything pour t’épargner la scène qui suit. Celle où les mecs ont décidé qu’il est drôle d’attraper les meufs qui dansent pour aller les foutre à l’eau. Dans la mer, juste là, pas loin, mais assez éloigné de toi pour ne pas paniquer. Normalement, tu arrives à gérer. Mais là, c’est soudain, c’est inattendu et t’as beau crié, ils rigolent tous alors que toi, tu rigoles beaucoup moins quand t’arrives dans l’eau. Ils vous ont jeté là où tu pourrais avoir pieds si tu arrêtais de gigoter. Mais ton calme est parti, tu paniques totalement et tes poumons, ton cœur, ta cage thoracique, tout ce qui te permet de respirer te donne l’impression de ne plus être fonctionnel. Compressé, asphyxié, noyé. Rappelle-toi des cours de nage, reprends tes esprits, respire. Mais non, il faut attendre qu’une des filles qui a été jetée te voit en galère pour qu’elle se précipite vers toi en voyant que rien ne va. “Hey hey hey, ça va aller ?” Non, ça ne va pas aller du tout si personne ne fait rien là maintenant de suite. C’est la fille de tout à l’heure, la tatoueuse qui passe ses mains autour de ses bras pour te relever - t’as pieds, see, no need to panic. Mais ton cœur turbine, t’as les jambes qui se font bien trop mous pour pouvoir te supporter et il est presque certain que tu manques encore d’air. “Little fucker, va chercher Jordan au lieu de rire comme un pauvre con.” Oh god, pourquoi elle a dit ça, t’as l’air de quoi, d’une gosse qui a besoin d’un parent ? Tu n’as pas de fierté, Birdie, surtout pas maintenant alors que t’as l’impression que tu vas crever. Alors tu te laisses guider sur le bord de l’eau pour t’y asseoir, pour retrouver un semblant de rythme régulier. Tes mains finissent sur ta poitrine, les deux pour bien s’assurer que t’es toujours vivante, que la mer ne t’a pas englouti, que tout va bien, tout ira bien. Même si ça n'empêche pas des larmes de s’échapper car la pression fut courte et intense, que tu passais un bon moment et que ça a chamboulé tout en une demi-seconde sans que tu t’y attendes. T’aimes les imprévus, la spontanéité mais certainement pas de ce goût-là, clairement.

“Can’t waaaait. ” Là t’es content qu’elle n’essaie pas de te relancer dans la débauche. T’as bien vu qu’elle était pas contente de ce retournement de situation. L’impression qu’elle pourrait crever des yeux, ce qui serait plutôt gênant. Y’a clairement un truc qui s’est brisé d’avoir été exposé de la sorte par tes potes. C’est juste que t’as pas l’habitude et t’as toujours besoin d’un temps d’adaptation aux nouvelles situations. Tout comme tes amis qui savent combien t’es pas du genre tactile, chose qui est bien à l’opposé de ton comportement avec Birdie. “Who am I to take your delicious self away from them ? ” Ouais. Bonne question. Qui est-elle ? T’aimerais bien qu’elle se dévoile plus à toi. Ses comportements ce soir t’en disent un peu plus sur elle à leur façon. Tu grattes de cette façon là. Tu aimes bien trop jouer avec elle. Elle te le rend si bien… “I will blow off some steam on the… beachfloor. ” Un sourire beaucoup moins timide se forme sur tes lèvres. Sûr que tu iras la rejoindre à un moment. « Good pick. » Elle va embrasser ton visage et tu sens déjà les regards et questions qui s’y cachent dans les yeux de tes amis. “If you see me kissing someone will probably mean I desperately need you. ” Elle est ouf. Elle te fait beaucoup rire.  « Or not. They’re all better kisser than me. » Que tu dis pour la forme. Tu sais très bien qu’elle peut s’amuser avec qui elle veut du moment qu’elle rentre avec toi ce soir.

Tu lui fais un clin d’oeil alors qu’elle s’éloigne et tu retournes prendre un peu de chocolat de la fontaine avant de te mêler de nouveau avec tes amis. « So… Who is she again? » Il n’a pas pu attendre plus longtemps pour te demander. C’est légitime. Tu le sais vu le show que vous avez donné.

« Someone I have fun with. »
« It’s good to see you have fun this way. »
« I’m no virgin you know. »
« Yeah I wasn’t so sure to be honest. »
« Bitch. »

Il te fait beaucoup rire. C’est vrai que t’as pécho personne de ce groupe d’amis parce que c’est juste pas ce que tu recherches dans tes affinités avec les gens. T’es souvent aveugle aux avances que certains peuvent te faire aussi, ce qui n’aide en rien. Heureusement la conversation reprend bon trains alors que tu squattes avec ceux dont tu es le plus proche. « Holy shit Jordan. Who are you ? » Tes joues rosies de tant d’attention pour ton comportement avec Birdie. Tu les laisses te charrier parce que tu sais que c’est de bonne guerre. Surtout qu’ils sont tous vraiment content pour toi que tu vois des gens.

« She seems fun. »
« Wanna have a threeway? »
« JORDAN ! »

Tu tournes la tête pour voir un gars te faire signe de venir.

« What’s going on? » 
« Your girlfriend is freaking out. »

Tu fronces les sourcils te demandant qu’est ce qu’il se passe avec Birdie et tu poses ton verre alors que tu vas suivre ton pote. Tu commences à reconnaître Birdie au bord de l’eau, trempée, voutée.« What the fuck?? » Tu marches plus vite, tu cours presque et va aussitôt te mettre sur les genoux en face d’elle. « Hey Birdie hey hey hey… » Bordel de dieu tu ne l’as jamais vu comme ça. Tu reconnais bien évidemment qu’elle est en train de faire une crise de panique. Tu connais ça que trop bien. Tu vas t’asseoir à côté d’elle, posant ta main dans son dos sans forcément la bouger de position, mais si elle veut se caler contre toi, t’es tout à sa disposition. Et tu utilises la technique qui marche le mieux sur toi pour te calmer dans ces cas là. La musique. Tu te mets instinctivement à chanter la chanson qui te fait du bien à toi, ne sachant pas ce qui marcherait sur elle. « When it feels like the world is on your shoulders and all of the madness has got you going crazy… It’s time to get out, step out into the street where all of the action is right there at your feet. » Ta jambe qui va se coller à la sienne. Tu continues la chanson, t’es bien prêt à la chanter en entier. « Well, I know a place where we can dance the whole night away underneath electric stars. Just come with mee and we can shake your blues right away. You’ll be doing fine when the music starts… » Y’a ta pote qui revient avec une serviette de plage que tu glisses sur le dos de Birdie. « To the beat of the rhythm of the night. Dance until the morning light. Forget about the worries on your mind. You can leave them all behind. To the beat of the rhythm of the night yeah the rhythm of the night… »

Tu caresses toujours le dos de Birdie espérant qu’elle se calme doucement mais sûrement. « I take requests. » Que tu ajoutes si elle veut une autre chanson. Tu lui chanteras absolument tout ce qu’elle veut. Même si tu ne connais la chanson que approximativement. Tu sauras improviser. L’important c’est de lui changer les idées.

« What the fuck?? » Okay, tu n’as peut-être rien d’une gosse, il n’a rien d’un parent mais tu ne peux dénier que ça te fait quelque chose quand tu l’entends avant même de le voir. Breath, in, out. Tu sens que ça va aller ? Le monde ne s’arrête pas de tourner, ta dernière heure n’est pas encore venue. Ta respiration, tes membres qui te permettent de le faire ne veulent pas m’écouter alors que je les implore de se calmer. Ils ne m’écoutent pas parce que c’est toi qui es trop têtue, qui a décrété qu’il faut me mettre des bâtons dans les roues même quand j’essaie de t’aider. « Hey Birdie hey hey hey… » Ah. La bouille qui se soulève un peu de tes genoux pour le voir alors que Jordan est en face de toi. Ah bis. Tu préfères quand c’est lui qui essaie que moi, visiblement. T’es épuisante mais tant mieux si au moins quelque chose, quelqu’un, peut t’apaiser. Je vais aller mettre mon agacement dans le placard, il se trouve que ce n’est pas le moment. Sa main qui se faufile dans ton dos et Jordan se met à fredonner, à chanter même sans prendre de pause, il enchaine les paroles en même temps que tu finis par détendre le tout, peu à peu. T’essaies au moins, tu ravales ta salive, tu gardes des phalanges contre ta poitrine alors que tu glisses contre lui, le seul roc solide que tu vois là, les yeux qui se referment pour ne plus voir l’étendu d’eau, ta tête qui se cale contre son épaule. C’est réconfortant, Jordan est comme une énorme peluche sur lequel tu te raccroches, comme quand t’étais gamine, mais lui, il respire aussi, il est vivant alors tu tentes de stabiliser ton souffle en te calant sur le sien, une technique foutrement efficace si j’en crois ton intérieur qui s’apaise peu à peu. Everything is fine. Il va falloir que je te le fasses répéter combien de fois, ce point-là ? Autant de fois qu’il le faut pour que t’en sois consciente et que t’arrête de bousiller un peu la soirée. Sûrement que Jordan ne t’en tiendra pas rigueur. Ce qui est le principal. Tu ne veux pas l’inquiéter - too late ?

« I take requests. » Tu souris faiblement contre son épaule, les yeux toujours mi-clos, les épaules qui se veulent un peu plus décoincées pour montrer que ça va aller, you can handle it. “It’s ok. I’m fine.” T’essaies de convaincre qui, là ? Jordan, toi ou moi ? Tu n’es pas encore totalement ok ni complètement fine mais tu es sur la voie de la progression. Merci Jordan, ton chevalier chanteur qui a visiblement un disque pour chaque situation. Au moins, ça a le mérite de te distraire. “Remem- Remember the first song ?” Il va falloir être plus précise, Birdie, parce que des premières chansons, il y en a eu une petite liste. “Something like I’d catch a grenade for ya.” Oh. Celle-là. Grand dieu, non, Birdie. Tu ne vas pas te la jouer mélodramatique ou, pire, sentimentale. T’ignores vers où tu vas avec ça, Birdie, alors que tu exhales, fortement, l’orage dans ta poitrine qui a l’air de laisser place au calme peu à peu. “Not very happy. Let’s not.” Tu racontes un peu n’importe quoi, tes pensées qui se bousculent mais qui jouent les morts quand il faut faire acte de présence. Non, Grenade est pas joyeuse comme chanson et celle que Jordan vient de chantonner, engourdissant tes membres dans du coton tout doux, l’est carrément plus. “I trust you. To pick anything.” Parce que ton cerveau est aux abonnés absents. Qu’il a une meilleure culture musicale que toi. Qu’il baigne littéralement de temps - sorry, mauvais choix de mots, j’ai pas exprès, I swear. Une main qui se dirige vers sa cuisse pour s’échouer dessus alors que ton nez s’enfonce un peu plus contre son cou, là où y a sa respiration qui montre toujours comment on fait et son odeur qui devient familière remplaçant celle terrifiante de l’iode qui réside encore dans tes narines, telle une ombre macabre. “I ruin it, don't I?” Tu tentes de parler, tu dégages un peu tes bronches, tu dépoussières tes cordes vocales de leur eau fictive, même si ce n’est que pour des brides qui ne veulent presque rien dire. Tu t’inquiéterai presque de ruiner les retrouvailles de Jordan avec des potes qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Presque parce que t’es un poil égoïste et que tu préfères quand son attention est sur toi que sur le monde entier. Même si t’es en bad shape, même si t’as cru que t’allais mourir, même si t’avais les yeux qui pleuraient parce que la pression était trop forte. “Can I have some chocolate ? Nothing can goes wrong with chocolate.” Ce n’est pas parce qu’on a établi que t’es au stade primitif de l’enfant que cela te permet de lui demander l’autorisation en levant brièvement tes prunelles bleutées humides vers lui. T’es encore libre de faire ce que tu veux, Birdie. Mais visiblement, t’as besoin de l’aval de Jordan et, mieux encore, important tout de même, de son aide. Le plus vite tu reprendras tes activités, le plus vite cette histoire sera derrière vous, n’est ce pas ? Je le sens, ton envie juste de profiter de ton temps avec lui. Sans le ruiner avec des scènes pareilles. Comme si ça peut fissurer l'image qu'il peut avoir de toi - alors que la phrase qu'il veut t'incruster dans la peau se suffit à démontrer que Jordan n'est pas dupe derrière toute la mascarade. He seems to know you better than yourself and that's a terrifying shit right here.

Elle se cale doucement mais sûrement contre toi au fur et à mesure que tu chantes. C’est exactement ce que tu espérais de sa part. Tu sais que ta proximité va aider en plus de la distraction que tu offres avec la chanson que tu lui chantes. T’as l’impression que le choix est bon, qu’il fonctionne sur elle aussi. Ca te fait plaisir de voir que le pouvoir de cette chanson a l’air universel et pas que sur toi. “It’s ok. I’m fine. ” Gurl. You’re not fine. Mais tu ne le dis pas à voix haute car elle va mieux et c’est déjà très bien même si on est pas au stade du fine. Tu te contentes de la serrer un peu plus contre toi. You will be. “Remem- Remember the first song ? ” Elle prend donc ta proposition de request. Ca te fait kiffer ça mais la première chanson ? Dirty Dancing ? Britney Spears ?

“Something like I’d catch a grenade for ya. ”
« Damn fuck you remember that. »

Parce que maintenant qu’elle en fait mention ça te revient très bien mais tu n’y avais pas pensé depuis un millénaire. So dramatic Jordan.

“Not very happy. Let’s not. ”
« Yeah fuck Bruno Mars. »

T’es trop drôle Jordan. Toi qui pensais dur comme fer y’a une minute que tu chanterais absolument tout ce qu’elle te demanderait même si y’avait besoin d’improvisation, tu refuses en bloc sa toute première proposition. “I trust you. To pick anything. ” Hmmmm. Et t’es du coup en train de réfléchir à qu’est-ce que tu pourrais chanter qui lui plairait vraiment. Elle se rapproche encore plus de toi physiquement. Elle va bientôt se retrouver sur tes cuisses à ce rythme mais t’as pas de problème avec ça. Tu sens sa respiration dans ton cou.

“I ruin it, don't I? ”
« Don’t be stupid. Like we can control these things. »

Si tu pouvais ta vie aurait été bien plus simple. La sienne aussi. Vous n’auriez pas pris consciemment la route vers les crises de panique impromptu. Qui voudrait ça ? Tu vas doucement déposer un baiser sur le dessus de sa tête alors que tu la sens encore toute faible, si petite dans tes bras.

“Can I have some chocolate ? Nothing can goes wrong with chocolate. ”
« True that. »

Mais tu ne bouges pas pour autant. Tu ne veux pas qu’elle sorte de sa bulle de réconfort trop vite. Tu la sens si faible encore. Tu te bases sur toi de nouveau et comment tu gères les crises de panique. Tu as besoin de plus de temps qu’elle. Ça ne t’étonnerait pas que Birdie soit bien plus forte que toi à surmonter ce flot d’émotions. Elle a tellement l’air d’être blindé comme une porte de prison des fois. Tu vas lui chanter une chanson et tu passeras au chocolat comme elle l’a demandé. Tu vas t’en reprendre aussi au passage c’est sûr. Tu te décides à chanter une chanson pour la faire sourire, pour continuer de lui changer les idées. C’est pas une chanson de Britney à proprement parler, mais c’est celle que tu écoutes le plus ces derniers temps. Tu te dis que les paroles vont lui plaire si elle ne les connait pas déjà.

« Looks like I did it again. Baby can’t you see, you made me a slave. It was my prerogative, but you were toxic. You drove me crazy. » Ta main qui bouge un peu dans son dos à ce moment là. Qui se glisse sous la serviette, sur sa peau. Tu comptes bien chanter la chanson en entier si elle ne t’arrête pas. « So put me to work bitch and dance till the world ends. I’ll show you a piece of me, baby. So just like me be me. Just let me be Britney. Cos I wanna go and be free… »

(...)

Ta main libre qui va tourner doucement son visage pour que tu puisses aller déposer un baiser sur ses lèvres. « Do you feel like going back there or I’ll bring you the chocolat here? »

« Damn fuck you remember that. » T’ignores comment tellement que ça remonte. La mémoire peut être fascinante parfois. Jordan aurait préféré oublier ? Tu n’en sais rien, vous n’en avez jamais parlé. Mais ça te revient par bride, comme si, comme ça, sans que pour autant t’arrives à tourner la scène dans un sens convenable. Tu ne cherches pas plus loin mais ça ne t’empêche pas de hocher légèrement la tête dans le creux de Jordan. « Yeah fuck Bruno Mars. » Il est radical. Sinon tes émotions n’étaient pas out of place, tu lui aurais dit que tu préfères qu’il te fuck toi plutôt. Mais tu ne le sens pas, tu restes centré sur toi et concentré sur les paroles qu’il te répond, qui te distrait et qui te rassure, et c’est bien suffisant pour l’instant - c’est là qu’on peut clairement voir que non, tu n’es pas encore totalement okay et que le dire ne suffit pas pour l’être, darling. « Don’t be stupid. Like we can control these things. » Si seulement on pouvait. “I thought I could.” Tu pensais que c’était réglé. Cette phobie absolument ridicule et gênante quand on habite sur une foutue île. Mais non, tu ne peux te sentir à l’aise que quand on te prévient, pas quand on te brandit la surprise. Tant pis, trop tard, je ne peux rien faire de plus si ce n’est que de laisser Jordan la laisser venir contre lui et lui embrasser le sommet du crâne. C’est adorable, le retour de la bulle et cette fois, le premier qui lui fout un coup de jet d’eau dans la tronche, il s’en prend une - même si d’abord, il faut que tu retrouves de la force dans les jambes, ma grande. « True that. » Et pourtant il reste, Jordan. Great. Tu ne veux pas qu’il parte. T’apprécie sa présence et encore plus son réconfort. Il ne demande rien, il ne demande pas pourquoi, il ne demande pas comment, et encore moins la cause. Il est juste là, à faire fonctionner ses neurones pour savoir quoi faire pour continuer dans sa lancée, pour te faire revenir tranquillement à ton état lumineux, te faire sortir de ta transe que tu hais au plus profond ; qui cela surprendra de savoir que tu n’aimes pas te montrer comme ça devant le monde ?

« Looks like I did it again. Baby can’t you see, you made me a slave. It was my prerogative, but you were toxic. You drove me crazy. » Les prunelles bleutées qui ont l’air de réaliser alors qu’elles regardent l’étendue d’eau - est-ce que c’est la solution ? Nevermind tant qu’y a Jordan pour te rappeler que tu risques rien, avec sa main qui paraît chaude contre toi, sécurisante, rassurante. Et surtout, il y a les paroles qui te parlent. Alors tu focus sur ce qu’il chante, distraction que tu prends à cœur alors que tu reconnais les lyrics et que t’en souris, stupidement, avec toute la légèreté dont t’es capable à ce moment là, le cachant dans la courbe de son épaule, l’offrant à son cou plus qu’à son visage. “That was fucking brilliant.” que tu murmures avant qu’il tourne ta tête pour t’embrasser - et c’est si soft, bien trop chaste que ça aussi, c’est une bonne distraction. « Do you feel like going back there or I’ll bring you the chocolat here? » Non Birdie, ne le regarde pas aussi intensément, il ne va pas réussir à deviner à quoi tu penses. “I would say yes but I feel my whole self saying no.” Tu lèves la main sur sa cuisse pour la mener contre ses mèches blondes, les yeux scrutant son visage comme si tu réalises qu’il est vraiment là - no shit. “Truth to be told, I don’t want to move anyway.” Surtout si c’est pour t’afficher négativement devant les autres. Même si tu n’as pas de fierté, tu as un minimum d’amour propre et tu n’accepteras jamais d’exhiber tes faiblesses à tous. C’est déjà assez agaçant que tu fasses subir ça à Jordan, il est hors de question de t’infliger plus de peine à toi aussi dans l’équation. “So I might abuse of your kindness right here.” Mais en même temps, c’est lui qui a proposé, non ? Tu l’embrasses quand même, à moitié sur les lèvres, à moitié à côté parce que t’es pas en phase, comme pour lui dire “s’il te plait”, “merci”, “i adore you”. “Can I also have some chamallows and candies, pretty please, sunlight ?” La dent sucrée n'est jamais bien loin et ça fait toujours du bien à l'esprit.

Quand il s’éloignera, tu t’allongeras parce que tu préfères la vision du ciel étoilé que de l’océan. La constellation te rappelle Elwyn, et Malachi - la pensée t’apaise autant qu’elle te gonfle le coeur, l’image d’une époque lointaine et révolue. Tu t’amuses à compter les étoiles, continuant à te trouver des distractions pour t’empêcher d’éjecter les dernières larmes qui rôdent - et pourtant, elles sortent quand même, brouillant ta vue que tu essuies rapidement parce que t’étais à 25 ou 38, tu ne sais plus, tu dois recommencer et- Jordan, t’es où ?

“I thought I could.” Sure. Autant qu’elle doit penser qu’elle peut voler si elle se concentre assez fort en se tenant au bord du toit d’un immeuble. T’as aucune idée de ce qui a trigger cette crise mais ça t’aura permis de voir une nouvelle facette de Birdie dont tu ignorais l’existence. Tu as eu un panel d’émotions bien plus large en sa présence. Notamment les deux premières soirées ensembles qui étaient à une dizaine d’année d’intervalles. Tu lui as quand même pleuré dans les bras en pensant à ta femme après votre magnifique porté à la Dirty Dancing. T’es p’têtre une pute de penser ça mais t’es simplement en train de rajouter un trait sous le nom de Birdie sur l’ardoise de ton esprit. Le côté avec ton propre prénom est toujours bien trop devant le sien. When will you finally talk about yourself bitch? Jamais Jordan. Elle préfèrera tester ses capacités en haute voltige avant qu’elle ne crache quoi que ce soit.

Mais pour l’instant l’important c’est qu’elle se remette de ses émotions. Tu lui chantes une chanson qui est une des meilleures de cette dernière année à ton avis. Elle est toujours plus blotti contre toi, t’as l’impression qu’elle est de plus en plus petite à chaque fois. She so small. “That was fucking brilliant.” Un large sourire sur tes lèvres parce que t’es bien d’accord avec elle. Tu vas déposer un baiser sur ses lèvres avant de murmurer en retour. « I wish I wrote it. » Et bien sûr qu’elle n’a pas envie de bouger. Tu savais mais t’as pas non plus envie qu’elle te déteste parce que tu la devines si facilement. C’est hallucinant comme tu la connais mais sans rien savoir d’elle. Elle te fait tellement penser à toi… Ça aide. Elle n’a pas le moins du monde envie de se défaire de ta proximité. Good. Parce que toi non plus. “Truth to be told, I don’t want to move anyway.” Figured. Mais tu ne remues pas le couteau dans la plaie. C’est elle qui a une pire sale tronche après son passage dans l’eau. C’est elle qui a son outfit pas totalement ruiné mais pas mal ruiné quand même. On a beau être en plein été, le soleil est bien loin dans cette nuit, elle ne va pas pouvoir sécher si facilement que ça. “So I might abuse of your kindness right here.” Un léger sourire en coin se forme sur tes lèvres de l’entendre dire cette phrase là. Elle se rend compte de ce que tu fais pour elle, mais est-ce qu’elle se rend compte qu’elle n’a jamais rien demandé ? Si tu le fais, c’est que tu en as envie. Et elle t’embrasse de manière approximative. C’est toi qui fini par lui déposer un baiser plus net.  “Can I also have some chamallows and candies, pretty please, sunlight ?” Tu hoches la tête en lui faisant un clin d’oeil. « You can. I’m your bitch tonight. » Tu vas redéposer un baiser sur ses lèvres avant de doucement te détacher pour aller lui prendre sa commande.

Les mains pleines, tu la retrouves allongée sur le sable. Tu t’installes à côté d’elle en jouant avec le feu sachant que tu es très grand et que c’est difficile de garder son équilibre quand on a les mains pleines et qu’on veut s’asseoir sur le sol. Bien sûr tu t’en renverse un peu sur la main et bien sûr c’est chaud.« Fuck fuck fuck…! » Que tu dis plus sur le coup de la surprise que de la réelle douleur. Tu fais en sorte de caler un des verres dans le sable avant d’aller lécher le chocolat qui s’est retrouvé sur ta main. Tu la regardes du coin de l’oeil, toujours allongé, toujours humide, toujours l’air si petite, toujours diminuée par la crise qui a l’air de l’avoir affecté plus qu’une autre peut être ? « They’re preparing some chocolat to go for us. We’re gonna be loaded with sugar for the next 24 hours. » 24 heures tu abuses un tout petit peu parce que tu mettras certainement plus de temps que ça. Elle ne va certainement pas rester chez toi pendant trois jours. Elle a l’air d’avoir trouvé un endroit où crécher ces dernières semaines. « Are you cold? » Tu demandes sincèrement. Tu es sûr qu’elle va faire une vanne sur la température de son corps qui doit forcément être chaud. Alors tu vas poser ta main sur sa cuisse pour voir si elle a la chaire de poule.

« You can. I’m your bitch tonight. » Faut pas qu’il te dise ça. Tu risques d’en abuser et ce n’est pas bon, pas bon du tout. Déjà pour toi parce que tu vas le prendre au mot. Et aussi pour lui, qui peut découvrir l’étendue de ta chiantise à tout moment - parce qu’étonnament, tu n’as pas encore trop joué avec ses nerfs ni tester sa patience. Tu te doutes peut-être qu’il en a peu ou qu’il finira par te planter pour une raison diverse et variée. Il faut dire que Jordan cède à tout pour le moment donc tu n’as encore rien qui justifie que ton côté chiant se dévoile. Il a de la chance mais en même temps, il t’embrasse deux fois plutôt qu’une, il te fait un clin d’oeil et il se joue chevalier servant pour aller chercher ce que tu réclames ; y a vraiment aucune raison d’être chiante quand l’interlocuteur est aussi réceptif. Tu finiras la soirée avec lui, tant que cette certitude le reste, y a pas de nuage dans le ciel. « Fuck fuck fuck…! » Tes prunelles bleutées dérivent vers sa forme qui a bien pris encore en taille vu ta position qui se détachent au milieu de l’étendu nocturne et tu renifles légèrement avant de pincer ton nez et passer tes doigts sur les yeux avec brutalité - tu n’aimes vraiment pas quand ton petit intérieur devient trop sensible et tu le maudis, je l’entends, jusqu’au plus profond. Au moins, la présence de Jordan distrait une nouvelle fois et je te force à émettre un léger sourire, presque amusé mais sans l’être véritablement, parce qu’il est en pleine galère et que t’as pas décrété de l’aider - tu fais ta princesse ou ta saloperie, au choix. « They’re preparing some chocolat to go for us. We’re gonna be loaded with sugar for the next 24 hours. » Cette fois, ton sourire s’agrandit sans même que j’ai besoin de te le dire et je suis fière de toi, Birdie. “Can’t wait for that either.” Se noyer dans le chocolat avec Jordan, c’est le plan qui te semble le plus réconfortant et séduisant à cet instant précis. « Are you cold? » Il est clair que tu t’attendais pas à autant de prévenance mais hey, t’as jamais craché sur ça non plus. Alors tu relèves un peu la tête pour la caler sur ses jambes, prenant sa main sur ta cuisse dans la tienne et enfiler tes phalanges des siennes. “Yeah, a bit I think. Care to do something about it?” Il a tendu une perche et tu l’as attrapé allègrement. C’est confortable, c’est un terrain connu et tu peux le faire avec Jordan - même si, soyons honnête, tu le ferais avec tout le monde parce que faire des sous-entendus salaces et des blagues stupides, c’est ta façon à toi de te foutre une barrière et une protection face à l’humanité entière. Mais la perspective que Jordan et toi repartirez ensemble et qu’il a mille et une façons pour te réconforter, te réchauffer, te rebooster, ça incite encore plus à ce que t’es les yeux qui brillent et le sourire flottant, la bouche en coeur ne demandant qu’à être enveloppée. De chocolat ou de Jordan, les deux en même temps étant le meilleur deal de tous les temps.