Débarquement sur la planète Bear Grylls. Les doutes qui m'étreignent sont aussi nombreux que mes regrets ; à mesure que la nature sauvage approche, je me convaincs avoir pris la mauvaise décision en me laissant convaincre de participer à ce stage de survie. Certes, je peux concevoir que cela me permettra de revoir mes priorités, de me recenter et de me déconnecter, de faire table rase sur les soucis du quotidiens qui sont parfois pulsés par la superficialité de notre société. Néanmoins, la civilisation me manque déjà atrocement et du haut de mes trente ans, je me sens trop vieux pour jouer aux aventuriers.

J'aurais probablement dû me renseigner sur les ateliers plutôt que de me lancer à l'aveugle dans cette épopée singulière. Le concept de devoir construire un abri que je partagerais avec un parfait inconnu fait courir des frissons le long de mon échine. Si mes capacités sont limitées, je crains surtout qui sera mon binôme pour cette nuit qui a une certaine probabilité de se passer au clair de lune. Un soupir de soulagement s'extrait sans mal de mes lippes lorsqu'on m'associe à une jeune femme blonde prénommée Birdie. Si son énergie me paraît plutôt exubérante, il n'en demeure que cela me rassure de prime abord qu'elle soit une femme, mes réserves vis-à-vis de la gente masculine férocement ancrées en moi depuis l'agression que j'ai subie l'an dernier.

"Hey, je suis Kai," je la salue en lui tendant une main. "Est-ce que tu as déjà construit un abri ?" J'entre spontanément dans le vif du sujet. "Apparemment, la première étape est de se trouver un endroit judicieux," je me remémore. "J'avais pensé qu'on pourrait se mettre là-bas, entre la rivière et la lisière ?" Je propose avant d'attraper un bâton qui permettrait, selon moi, de ratisser un peu le sol.

dé win : En attrapant le bâton, Kai trouve un couteau suisse qu'il démontre tel un trésor à Birdie, heureux d'avoir déniché un outil qui leur sera utile.
dé so close : Un serpent était entortillé autour du bâton. Kai sursaute, lâche le tout. Le serpent rampe vers le duo.
dé fail : Un coup de tonnerre retentit et il commence déjà à pleuvoir.

@Birdie Cadburry

(tenue) Tu es toute excitée. Cette aventure t’enjaille à un niveau que tu n’aurais pas songé. La perspective de couper du quotidien te prend sans crier garde, te révélant à quel point ce break était plus que nécessaire. Avec moins, peut-être que tu pourras de nouveau apprécier ce que tu as quotidiennement ? Tu ne penses pas que ce soit le souci mais juste faire une aventure où les problèmes, les tracas et les soucis du quotidien paraissent loin est doucement en train de te faire avoir un nouveau souffle. En plus, tu n’es jamais la dernière pour profiter de l’air frais, en soi témoin Elimbah où tu continues à aller pour y souffler et respirer le vrai air. Dans ce camp, il y a plein de visages, certains que tu connais mais en majorité non. Tout le monde est à peu près équipé pour la vie sauvage - pas toi, évidemment. Tu vois tout ça comme un camp de vacances et t’es bien trop heureuse de partager ça avec Asher qui t’en as parlé.

"Hey, je suis Kai." Ton binôme se présente avec la main devant mais, toi étant toi, tu vas carrément lui faire un hug. “Birdie!” Tu t’écartes avec un large sourire. “Ravie de partager ton aura le temps d’un atelier !” Et quel atelier. Pas n’importe lequel ; celui de la construction d’abri. Tu penses, sans mentir, que s’il y a un sujet que tu pourrais plutôt bien maitriser, ça serait celui-ci. A moins que ce soit l’orientation. Mais sachant que tu as grandi à Elimbah, peut-être que tu n’as pas conscience que c’est une autre difficulté de faire tout ça soi-même dans un milieu inconnu. "Est-ce que tu as déjà construit un abri ?" Tu fais une petite moue. “Couçi couça. J’ai déjà fait des abris pour oiseaux que j’ai peint pour les mettre dans ma maison quand j’étais petite. Et j’ai aidé mon voisin à faire une vraie cabane dans les bois. Je pense avoir quand même quelques petites bases.” "Apparemment, la première étape est de se trouver un endroit judicieux." “Ca semble logique!” Que tu réponds avec enthousiasme. "J'avais pensé qu'on pourrait se mettre là-bas, entre la rivière et la lisière ?" Tu regardes Kai prendre un bâton pour faire un traçage au sol que tu suis avant de lever les yeux. “Dommage qu’on peut pas la faire en hauteur. C’est cool quand c’est en hauteur. Y’a la vue et on a pas à subir le sol, la terre, et tout ça.” Mais il ne faut pas rêver - ni Kai ni toi êtes là pour vous mettre en danger, hein.

Kai se tourne vers toi pour montrer ce qu’il a trouvé ; un couteau suisse. “Mais ? Incroyable comme trésor!” Que tu sautilles en clapant des mains. Ça devrait bien vous faciliter la vie. “En tout cas, l’endroit me paraît correct.” Que tu conclus en te mettant au milieu de la zone choisie, les mains sur les hanches. “Bon, j’imagine que c’est le moment d’aller chercher du bois. Il faudrait aussi des racines pour les accrocher.”

Win : Il y a des racines à porter de main autour de votre abri imaginaire ; c’est déjà ça.

So close : Il y a une petite pile de bois ramassé un peu plus loin mais assez proche pour que tu le repères.. Tu la regardes puis tu le pointes du menton à Kai. “Tu crois que c’est à quelqu’un ?” T’aurais pas de scrupule à les prendre.

Fail : Il se met à pleuvoir. Pour du bois sec, ça va être compliqué.

Un rire sincère et amusé franchit la barrière de mes lèvres tandis que Birdie troque la poignée de main que je lui offre pour une étreinte. J'y réponds spontanément, présumant que le hasard m'a associé à un partenaire fort jovial et agréable. “Birdie ! Ravie de partager ton aura le temps d’un atelier !” “J'en suis enchanté aussi !” Je m'exclame avec enthousiasme, avant de décrire la tenue de la jeune femme. “J'aime beaucoup ton prénom et ta tenue. Birdie, ça pourrait faire un super nom de scène aussi,” je remarque, m'imaginant secrètement la blonde sur les planches d'un bar queer.

Le rose me monte aux joues, m'incriminant de mes pensées que je juge toujours interdites quand bien même celles-ci n'ont rien d'obscène. Je porte mon attention sur la mission qui nous est dédiée et j'écoute le palmarès en construction que me décrit mon interlocutrice. “Je pense que tu as une bonne expérience ! Il y a eu beaucoup d'oiseaux qui ont habité dans les cabanes que tu as faites ? Ils y font fait des bébés ?” J'interroge curieusement avant d'entreprendre de dénicher le lieu idéal pour notre futur toit de fortune. Je propose un emplacement situé à mi-chemin entre la lisière de la forêt et le rivage, une sorte de compromis qui me paraît judicieux quand j'ignore lequel des deux terrains présente le plus de risque et d'avantage. “Dommage qu’on peut pas la faire en hauteur. C’est cool quand c’est en hauteur. Y’a la vue et on a pas à subir le sol, la terre, et tout ça.” Je hausse les sourcils, intégrant l'opinion de la trentenaire. “C'est vrai que ça sonne comme un bon plan. Peut-être que si on galère à faire au sol, on pourra monter passer la nuit dans cet arbre-là ?” Je propose en désignant un eucalyptus qui ne pourrait supporter une construction vu la disposition de ses branches. “On pourrait faire comme les koalas !” J'ambitionne avec optimisme. “Eh ! Peut-être qu'on pourrait prendre des feuilles et se faire une boisson qu'on chaufferait sur le feu après ?”

Je m'applique à retourner sur l'objectif premier : l'abri. J'attrape un bâton et voilà qu'un couteau suisse apparaît comme par magie. Je le démontre à Birdie tel un trésor. “Mais ? Incroyable comme trésor!” “Mais oui ! Exactement ce que je me disais !” J'exulte, conquis. “En tout cas, l’endroit me paraît correct.” “Super !” J'emboîte le pas de la jeune femme. “Bon, j’imagine que c’est le moment d’aller chercher du bois. Il faudrait aussi des racines pour les accrocher.” J'acquiesce. “Bon plan.” Ca m'évitera de trop me disperser, même si mon attention s'étendu rarement sur plus de quelques minutes consécutives. D'ailleurs, ma binôme remarque une petite pile coquette de bois. “Tu crois que c’est à quelqu’un ?” “Mhhh. Peut-être que les organisateurs ont préparé ça pour nous ?” Je fais, naïf, et surtout, très appâté par l'idée de l'utiliser. De plus, après étude visuelle, il n'y a personne aux alentours. “Comme le couteau suisse, tu vois ?” Je possède un certain talent pour me convaincre de ce qui me convient. Ni une ni deux, je saisis le butin et le dispose dans notre carré délimitant notre future construction. “Voilà ! Les racines, maintenant !” J'annonce, triomphant et dynamique. “Peut-être qu'on trouvera à manger aussi ?” Je soumets. “Et un cours d'eau.” Question d'avoir de l'eau potable.

dé win : Kai s'enfonce dans les bois et revient avec des racines et du manioc. Le couteau suisse s'est avéré très pratique. “Tadam ! Tu es bonne pour faire des nœuds ?”
dé so close : Un duo d'aventuriers vient les apostropher car la pile de bois est la leur et ils comptent bien la récupérer. “Ah non, elle est à nous,” Kai défend.
dé fail : Un coup de tonnerre retentit et il commence à pleuvoir. “On s'abrite sous l'eucalyptus ?” Kai suggère.

“J'en suis enchanté aussi ! J'aime beaucoup ton prénom et ta tenue. Birdie, ça pourrait faire un super nom de scène aussi.” “Ow. Quel genre de scène tu me vois faire ?” Que tu demandes en gigotant les épaules et remontant le menton - à peine rencontrés qu’il te brosse déjà dans le sens du poil. C’est trop gentil de sa part de te complimenter comme ça, tu es bien curieuse de savoir sa réponse. “Je pense que tu as une bonne expérience ! Il y a eu beaucoup d'oiseaux qui ont habité dans les cabanes que tu as faites ? Ils y font fait des bébés ?” Tu trouves ça adorable que Kai soit visiblement enclin à ce genre de conversation, c’est rare les gens qui ont le même enthousiasme que toi. “Beaucoup, je sais pas, mais y en a eu! Et oui, j’ai vu des petits bébés, c’est toujours trop mignon à voir! Enfin… Sauf au début, ils sont tout fripés, c’est pas très beau.” De toute façon, un nourrisson qui voit le jour n’est jamais très beau. Il faut toujours attendre quelques jours pour voir toutes les couleurs.

“C'est vrai que ça sonne comme un bon plan. Peut-être que si on galère à faire au sol, on pourra monter passer la nuit dans cet arbre-là ?” Tu regardes l’arbre que Kai propose avec une moue de réflexion. “On pourrait faire comme les koalas ! Eh ! Peut-être qu'on pourrait prendre des feuilles et se faire une boisson qu'on chaufferait sur le feu après ?” “Oh, on pourrait carrément faire comme les koalas, oui! Et j’aime beaucoup l’idée de la boisson. Ça ne peut que réchauffer, ça fera pas de mal. On finit par carrément mâchouiller des feuilles à ce stade.”

“Mais oui ! Exactement ce que je me disais !” Dans quel monde il y a un couteau suisse caché dans la nature ? T’as envie de croire qu’il y a des petits lutins dans les bois, oui oui. “Super !” Tu repasses le trait en appuyant un peu plus pour être sûre que ça soit bien visible. “Bon plan.” Puis tu remarques une pile de bois. “Mhhh. Peut-être que les organisateurs ont préparé ça pour nous ?” Tu fronces des sourcils. “Comme le couteau suisse, tu vois ?” “Tu crois qu’ils ont fait ça ? C’est nul si c’est le cas.” Tu veux être dans les vraies conditions, pas jouer à cache cache avec des objets à trouver ici et là.

En tout cas, tu donnes de ta personne pour aller chercher le bois qui dort gentiment. Kai les disperse sur la zone qu’il a délimitée. “Voilà ! Les racines, maintenant ! Peut-être qu'on trouvera à manger aussi ? Et un cours d'eau.” Tu souris fort car Kai semble être de la même énergie que toi, tu adores et apprécie beaucoup. “Faudrait vraiment un coup de cul pour trouver tout ça.”
En tout cas, le temps que Kai s’en va chercher des racines, tu remets bien les rodins comme il faut pour que ça ressemble à quelque chose. Il faut faire les parois de toute façon. Tu tries les plus petits pour les mettre sur le côté car ça pourra faire du feu. “Tadam ! Tu es bonne pour faire des nœuds ?” Tu as un petit clin d'œil à son égard. “Je suis bonne tout court en tout cas.” Tu te sens hilarante. “Je peux me débrouiller, ça va être fun!” Tu t’assoies par terre en tendant les bras pour accueillir sa trouvaille.

Win : Tu t’en sors bien. “Tu sais faire ou tu veux que je te montres ?” Que tu demandes. “J’adore les activités manuelles. Ca change pas beaucoup de la couture.”

So close : En coupant les racines, tu te coupes le doigt à cause du couteau suisse qui est visiblement bien aiguisé. “Shit!” Tu fourres ton doigt dans la bouche mais ça pique sévère. “Ca fait mal cette bêtise!” Ca pisse bien le sang en tout cas. “Il va falloir trouver de l’eau, en tout cas. Potable ou non.”

Fail : Un petit animal curieux vient vous voler vos racines. “Heeeey! C’est pas à toi ça!” Que tu dis en te relevant mais le temps que tu lèves ton fessier, l’animal est déjà parti.

Un sourire teinté de complicité s'éprend de la commissure de ma lippe tandis que Birdie réagit à ma vision de sa personne sur les planches. “Le genre à faire le show en faisant du lip-sync !” J'expose avec un enthousiasme aucunement timoré. “Je te vois bien habiter la musique avec ta propre interprétation, ou même chanter si tu sais le faire,” je confie, le regard pétillant dévoilant à quel point je visualisais ce moment. Puis, je reviens à la mission du jour, questionnant mon acolyte sur ses compétences en termes de construction d'abris. Lorsqu'elle m'évoque les nichoirs de sa création, ma curiosité s'emballe instantanément. “Beaucoup, je sais pas, mais y en a eu! Et oui, j’ai vu des petits bébés, c’est toujours trop mignon à voir! Enfin… Sauf au début, ils sont tout fripés, c’est pas très beau.” Un rire se faufile entre mes lèvres face au commentaire franc de la jeune femme, doublé d'une joie générée par son naturel à répondre à mes interrogations sans les juger ni y couper court. “C'est drôle comme tous les bébés sont vachement fripés à la naissance. Heureusement qu'on se refait après. Jusqu'à ce qu'on redevienne fripés, d'ailleurs,” je pense à voix haute.

“Tu sais que l'eucalyptus ça rend stone, aussi ? C'est pour ça que les koalas sont si chill,” je partage sans filtre à Birdie après l'invitation à imiter ces mammifères dans la situation où nous ne parvenions pas à nous construire un toit. Au fil des minutes, je me réjouis grandement d'avoir été associé à la blonde : le courant me paraît très bien passer entre nous, il n'y a pas de jugement ni de prise de tête et on adhère même à des idées similaires. “T'es australienne ?” Je m'entends demander, comme si je cherchais une explication à cette bonne entente par des origines communes. “Pourquoi t'es venu à cet event ?” J'enchéris, très intéressé.

Les faits s'enchaînent, la chance paraît nous sourire : nous voilà munis d'un couteau suisse et d'un coquet tas de bois. Je grimace, compatissant, lorsque Birdie déplore un possible coup de pouce de la part des organisateurs de ce camp de survie, mais je ne compte pas me laisser abattre. En effet, il reste encore à faire, ce que je verbalise avec motivation. “Faudrait vraiment un coup de cul pour trouver tout ça.” Un nouveau rire franchit la barrière de mes lèvres. “Je connaissais pas cette expression !” J'avoue, me l'imaginant au sens littéral. “Eh jusque là je nous trouve plutôt chanceux ! Si ça se trouve, t'es mon porte-bonheur.” Sur ce compliment, je m'oriente vers les bois en quête de racines. A mon retour, Birdie a trié et disposé les branchages en vue de notre futur toit de fortune. “Wow, ça prend bien forme. J'ai encore plus hâte de voir le résultat final, maintenant.” Si j'étais dubitatif à mon inscription à cette académie saugrenue, j'ai désormais de plus en plus confiance en la possibilité que nous passions une nuit à l'abri. “Je suis bonne tout court en tout cas.” La jeune femme me répond quant aux nœuds et je glousse en m'asseyant sur le sable. “Je peux me débrouiller, ça va être fun!” J'acquiesce, confiant. “T'auras peut-être du cul ?” Je tente maladroitement et malicieusement. “Tu fais quoi comme métier, Birdie ?” Je m'entends demander alors que je l'imite en lorgnant sur ses mouvements de doigts, tel un enfant qui triche sur la copie de son camarade de classe. Manifestement, Birdie ne travaille pas en restauration car la voilà qu'elle se coupe avec la lame du couteau suisse. “Oh mince, attends. Ne le mets pas là, c'est bourré de bactéries,” je l'invite à retirer son doigt de la douche en tirant doucement sur sa main. “Sans offense pour ta bouche, bien sûr,” j'ajoute. “Tiens, enroule-le là-dedans.” Je retire mon t-shirt et ensaucissonne le doigt dans le tissu. Certes, ça paraît une sortie de grands moyens mais j'estimais le haut tout de même plus acceptable qu'une chaussette. “Serre-le bien, je reviens,” je promets.

dé win : Kai revient une dizaine de minutes plus tard. Dans une large feuille repose assez d'eau propre pour nettoyer le doigt de Birdie. Il entreprend de le faire avec douceur. “Ca a déjà bien coagulé, je pense qu'on aura pas besoin de t'amputer,” il glisse avec humour.

dé so close : Kai se précipite à la recherche d'eau potable. Dans les bois, il n'entend aucun cours d'eau ni de source alors il revient vers Birdie quelques minutes plus tard et lui annonce : “Je pense que le mieux est l'eau de la mer.” Salée, certes, mais sans doute une meilleure option que celle de ne pas nettoyer la plaie. “On peut piquer une tête ensemble, si tu veux !” Kai invite dans une tentative de tirer le meilleur de cette blessure.

dé fail : Un coup de tonnerre résonne d'un coup, à en faire sursauter Kai. La pluie s'abat sur le campement tel un déluge, de quoi nettoyer sans peine le doigt de Birdie mais aussi de les tremper jusqu'aux os. “Au menu : danse de la pluie avec nettoyage de blessure ?” Kai propose avec optimisme.

“Le genre à faire le show en faisant du lip-sync ! Je te vois bien habiter la musique avec ta propre interprétation, ou même chanter si tu sais le faire.” Tu fais un joli O avec ta bouche. “Je me débrouille niveau vocal. Mais du lip sync, carrément! Je me vois bien en une Britney Spears revisité.” Tu glousses en t’imaginant en train de faire un petit show le nombril à l’air (ça changera pas de d’habitude) et en tenue d’écolière (ah, ça, par contre) ; y en a un à qui ça pourrait fort plaire en tout cas. “C’est bien la première fois que l’on me dit ça en tout cas!” Et quand c’est la première fois, c’est que c’est original et t’aime l’originalité. Autant que t’apprécie son énergie qui semble être très positive et relativement semblable à la tienne. “C'est drôle comme tous les bébés sont vachement fripés à la naissance. Heureusement qu'on se refait après. Jusqu'à ce qu'on redevienne fripés, d'ailleurs.” “Comme les couches!” Okay, on va arrêter de parler de bébés et de l’état que l’on retrouve quand on vieillit car ce sont deux sujets qui peuvent rapidement te donner des boutons.

“Tu sais que l'eucalyptus ça rend stone, aussi ? C'est pour ça que les koalas sont si chill.” “Oh, c’est vrai, ça!” Tu fais une pause d’une seconde avant d’ajouter ; “T’as déjà essayé ?” Ton air malicieux est clairement en train de proposer à ce que vous essayez maintenant, ou une fois que vous aurez fait un abri plus ou moins correct. “T'es australienne ? Pourquoi t'es venu à cet event ?” Un curieux, bordel de merlin à la noix de coco! “Je suis émue, c’est moi qui joue la curieuse d’habitude.” Tu dis la main sur la poitrine, l’air vraiment touché - quelle dramaqueen tu fais. “Je suis australienne et je suis venue pour me changer les idées. J’en avais fort besoin.” Même si laisser ton fiancé.e derrière toi a été dur, c’était pour la bonne cause ; pour ton propre bien-être. Une escapade dans la nature a toujours été très bénéfique pour ton mental. “Et toi ?”

“Je connaissais pas cette expression !” “On en apprend tous les jours.” Tu renchéris avec un large sourire. “Eh jusque là je nous trouve plutôt chanceux ! Si ça se trouve, t'es mon porte-bonheur.” Tu mets tes mains sous ta mâchoire avec un air qui se veut angélique. “On me le dit souvent.” T’exagères totalement.

“Wow, ça prend bien forme. J'ai encore plus hâte de voir le résultat final, maintenant.” “Moi aussi! J’espère qu’on aura le temps de décorer un peu.” Tu ne sais pas encore avec quoi mais il y a des fleurs et des feuilles à foison, ça devrait être faisable. Tu as envie de faire quelque chose de mignon en plus d’être pratique. “T'auras peut-être du cul ?” Tu glousse devant sa reprise de ton expression que tu lui as appris. “J’en ai un en tout cas.” Pour le plus grand plaisir de ton partenaire. “Tu fais quoi comme métier, Birdie ?” Les doigts s’activent car ce n’est pas la première fois et tu te sens bien à juste faire quelque chose que tu connais sans avoir à réfléchir. “Je suis en train de monter ma boutique de Potterhead. Et toi ? Je suis sûre que tu fais quelque chose dans le spectacle.” Ça serait cohérent avec la réflexion que Kai t’a fait tout à l’heure.

Puis voilà qu’il suffit d’une minute d’inattention que ton doigt percute la lame qui te blesse. T’as le réflexe de vouloir mettre ton doigt dans la bouche mais - “Oh mince, attends. Ne le mets pas là, c'est bourré de bactéries. Sans offense pour ta bouche, bien sûr. Tiens, enroule-le là-dedans.” Tu fais une petite moue mais qui part bien vite quand Kai laisse tomber le shirt pour que tu enroules ton petit doigt dans le grand étoffe. La vue n’est pas dégueulasse, bien au contraire. “Serre-le bien, je reviens.” Tu hoches la tête en écoutant ce qu’il te dit alors qu’il se sauve pour aller… Faire tu ne sais pas quoi.
Tu le captes bien vite quand Kai revient avec une feuille rempli d’eau. “Ca a déjà bien coagulé, je pense qu'on aura pas besoin de t'amputer.” Tu fais un petit bruit de déception. “Merde alors, ça aurait été un beau souvenir de guerrière pourtant.” Tu sors ton doigt du tissu pour le laisser faire ce qu’il a à faire. “T’as besoin de ton tee shirt, non ? Enfin, pas que j’aime pas la vue mais c’est quand même excessif pour juste un petit bobo au doigt.” Juste un bout aurait suffit mais c’est gentil de sa part.

Win : Ton doigt se remet bien et arrête de saigner. “C’était vraiment un petit bobo de rien du tout.” Que t’analyses. “Merci en tout cas!”

So close : Un petit animal curieux vient vous voler vos racines. “Heeeey! C’est pas à toi ça!” Que tu dis en te relevant mais le temps que tu lèves ton fessier, l’animal est déjà parti.

Fail : j’ai pas d’idée pffpff

J'affiche un sourire aussi enthousiaste que triomphant lorsque ma vision que j'ai de comment Birdie pourrait mettre le feu sur les planches semble lui plaire. “Ok, si tu te vois bien faire du Britney Spears revisité, c'est obligé que tu le fasses ! Le monde ne peut pas passer à côte de ça !” J'encourage avec effervescence. “Je connais un endroit où tu peux performer si tu veux. Les gens te filent même des billets quand ils kiffent,” je présente avant de froncer les sourcils, songeur, puis assurer précipitamment : “Sans que ce soit sexuel, bien sûr !” Lorsque Birdie avoue que je suis le premier à percevoir la star du lip sync en elle, je lui fais un signe militaire, honoré. Puis, lorsqu'il est question du cycle de la vie - tu nais fripé et retournera fripé -, je ne peux m'empêcher de rire à l'écoute de la similitude supplémentaire qu'énonce ma binôme.

J'apprécie énormément l'air malicieux qui égaie le regard de la blonde lorsqu'elle me demande si j'ai essayé l'eucalyptus. “Non, mais carrément partant,” j'annonce. “Notre récompense une fois qu'on aura bâti notre empire ?” Je propose, audacieux. Un nouveau rire franchit mes lèvres lorsque Birdie se dit émue par ma curiosité - apparemment, elle aussi est très intéressée par les gens. “Je suis un moulin à questions. J'épuise mes potes, je pars toujours dans tous les sens. Parfois ils m'laissent parler seul et se mettent sur snooze.” Le sérieux reprend ses droits sur mon portrait lorsque la trentenaire m'indique avoir eu besoin de ce séjour hors du commun. “J'espère que tu obtiendras ce que tu veux, alors.” Je souhaite, me mordant assurément la langue pour ne pas fouiner dans sa vie privée. Lorsqu'elle me retourne mon interrogation, je hausse les épaules avec nonchalance. “Mon meilleur pote pensait que ça allait me faire du bien. Au départ on devait y aller tous les deux mais il a eu un contretemps.” Je me mordille la lèvre inférieure avant d'interroger : “T'es contente d'être là ?”

Lorsque Birdie parle de décorer notre abri qui prend peu à peu forme, une expression agréablement satisfaite apparaît sur mon visage. Je ne m'attendais pas à cette éventualité mais je l'adopte derechef. “Okay, tu sais comment me parler pour toujours augmenter ma motivation. Comment t'aimerais décorer ?” Si on parvient à concrétiser tous nos projets, on sera réellement bien installé : abri, petit feu, eucalyptus, environnement esthétique à souhait. Chef's kiss.

Une nouvelle expression de surprise mêlée à l'euphorie m'habite lorsque mon acolyte me révèle son parcours professionnel. “Arrête, c'est trop cool ça ! Elle sera où ? Elle ouvre quand ?” J'hésite quelques instants à la réponse à lui formuler puis j'ose timidement : “Je suis biologiste mais j'aime beaucoup fréquenter le monde de la fête.” Fréquenter jusqu'à en faire totalement partie, oui. “Ca me fait vibrer. J'aimerais être dans ce monde-là tout le temps,” je regrette. Et nouveau drame : Birdie se coupe. Après avoir prêté mon t-shirt en guise de pansement surdimensionné à la jeune femme, je pars en quête de quoi nettoyer sa plaie. Je reviens avec une feuille gorgée d'eau assez pure et ris doucement lorsqu'elle banalise la situation. “Tu aurais exhibé ton doigt fièrement. T'aurais peut-être même hérité d'un surnom sensationnel. Genre Slaying Finger.” Je ricane en nettoyant la blessure. “J'ai hésite avec une chaussette mais t'es pas une elfe de maison non plus, quoi,” je justifie le prêt de mon t-shirt. Mon regard sur la main de la jeune femme, celle-ci dispose néanmoins de toute l'attention pour repérer un vandale animalier qui s'enfuie avec nos racines. “Oh mince !” J'hésite quelques instants à le pourchasser. “C'est peut-être pour son nid et ses bébés fripés ?” Je conjecture. Je termine de soigner Birdie et je me relève. “Je vais voir si je peux retrouver de quoi nouer notre butin, si tu veux,” j'annonce avant de partir sur les traces du petit animal.

Une dizaine de minutes plus tard, je reviens avec des racines, des feuilles de palmiers séchées et un bâton de canne à sucre. “Tada ! J'ai pensé qu'elles pourraient nous servir pour faire le toit ou des matelas !” Je désigne les feuilles que je laisse tomber à mes pieds. “T'as réussi à accrocher quelques morceaux de bois ?” Je demande, curieux. “J'ai pris de quoi nous requinquer en sucre aussi !” J'exhibe la canne à sucre et j'en découpe un morceau que je tends à Birdie. Je m'en extrais un également et je propose de trinquer. “A Bear Grylls ?”

“Ok, si tu te vois bien faire du Britney Spears revisité, c'est obligé que tu le fasses ! Le monde ne peut pas passer à côté de ça ! Je connais un endroit où tu peux performer si tu veux. Les gens te filent même des billets quand ils kiffent. Sans que ce soit sexuel, bien sûr !” C’est intéressant ce que Kai est en train de te dire. “Sérieux ? J’adorerai essayer en tout cas! C’est quoi comme endroit ? Un karaoké ? Un bar à show ouvert ?” Tu es très intriguée, curieuse de découvrir cet endroit que Kai semble fréquenter. “Faudra qu’on se revoit après tout ça alors.” Tu soulignes comme l’évidence même alors que c’est surtout une note mentale que tu te fais pour t’en rappeler.

“Non, mais carrément partant. Notre récompense une fois qu'on aura bâti notre empire ?” Tu sautilles en clapant des mains. “Ouuuiiii! Ce sera une bonne motivation. Même si ça aurait été marrant de faire tout le truc stone. Est-ce que ça serait habitable ? Ceci dit, ça reste aussi une question en suspens même dans notre état actuel.” Tu dis des bétises, clairement - sauf la partie où tu acceptes d’essayer en guise de récompese. Tu es même surprise qu’Elwyn ne t’en ait jamais parlé, lui que t’as déjà récupéré après avoir sinffé de la colle. “Je suis un moulin à questions. J'épuise mes potes, je pars toujours dans tous les sens. Parfois ils m'laissent parler seul et se mettent sur snooze.” T’éclate de rire. “Je suis pareille! Paraît que je parle trop. Dommage, je compte pas changer.” Que tu glousses comme si t’étais désolée alors que loin de là. Seulement, tes proches sont habitués, c’est souvent les inconnus que ça prend au dépourvu. Sauf Kai vu que le niveau semble très élevé de son côté aussi. Ça se sent tellement. “J'espère que tu obtiendras ce que tu veux, alors.” “Pour l’instant, je suis pas déçue.” Que tu dis avec un petit sourire, un compliment masqué mais qui peut être entendu si on tend bien l’oreille. “Mon meilleur pote pensait que ça allait me faire du bien. Au départ on devait y aller tous les deux mais il a eu un contretemps.” “Oh, c’est pas cool ça.” T’as eu de la chance, Asher ne s’est pas dégonflé. Enfin, ça ne t’aurait pas arrêté pour autant ceci dit. “Même si je suis sûre que ça t’empêchera pas de profiter à fond.” Parce que c’est ce que Kai t’inspire, de ne pas lui non plus attendre auprès des gens pour avancer et faire ce qui lui plait. “T'es contente d'être là ?” Tu secoues la tête. “Très! So far so good!” Que tu dis joyeusement en souriant. “La nature m’a toujours fait du bien, cette aventure le montre encore une fois.” T’es une princesse des prés et de la forêt, de la campagne, oui oui.

“Okay, tu sais comment me parler pour toujours augmenter ma motivation. Comment t'aimerais décorer ?” “Des lianes. Des lianes qui pendent ici et là, des fleurs si on en trouve, sinon de belles feuilles.” Tu réfléchis avant de te tourner vers lui. “T’as des envies ?” C’est marrant comme formulation, on dirait pas que tu parles de décoration de cabane.

“Arrête, c'est trop cool ça ! Elle sera où ? Elle ouvre quand ?” Tu ferai presque ta timide de voir son enthousiasme. “A West End. Y’a pas encore de date d’ouverture. Dans les prochains mois sûrement mais j’ai pas envie de me foutre la pression avec une deadline. Ca serait contre productif, je fonctionne bof avec la pression.” Combiner avec tous les tracas des papiers et tout ça, mieux vaut ne pas se foutre une date butoir à respecter. “Je suis biologiste mais j'aime beaucoup fréquenter le monde de la fête. Ça me fait vibrer. J'aimerais être dans ce monde-là tout le temps.” Tu mords ta lèvre en le regardant. “Pourquoi tu ne l’es pas alors ?” La question paraît stupide mais elle a le mérite d’être sincère. Tu demandes réellement pourquoi Kai ne va pas vers sa passion si c’est ce qui le motive. “Et quand tu dis ‘monde de la fête’ tu parles de quoi exactement ?” T’es clairement intriguée, ça se voit.

“Tu aurais exhibé ton doigt fièrement. T'aurais peut-être même hérité d'un surnom sensationnel. Genre Slaying Finger.” Oh. “Mais ça aurait été trop cool!” Oui, un doigt en moins mais un surnom en plus, il ne faut prendre que le positif. “J'ai hésité avec une chaussette mais t'es pas une elfe de maison non plus, quoi.” Tu fronces du nez en pouffant de nouveau de rire. “C’est clair, surtout que je suis très nulle en ménage et cuisine. Faut pas me confier la tenue d’une maison.” Clairement pour ça que tu n’as jamais habité seule. Au milieu d'autres raisons évidemment.

“Oh mince ! C'est peut-être pour son nid et ses bébés fripés ?” Tu fronces du front. “Mmh. Techniquement, c’est nous qui leur volons en premier lieu.” Après tout, c’est leur espace à eux tout ça. C’est qui ces humains qui viennent leur prendre toutes ces choses nécessaires pour leurs nids ? “Je vais voir si je peux retrouver de quoi nouer notre butin, si tu veux.” Tu secoues la tête. “Ca serait plus pratique, oué.” Tu regardes ton doigt et visiblement, le saignement s’est arrêté. C’est une bonne chose déjà. Tu te lèves pour aller près de l’eau afin de le tremper dedans - eau propre ou pas, on s’en fiche, ça vient de la nature, ça peut pas faire de mal, non ? Puis tu te remets à ta place pour reprendre l’attache des morceaux de bois. “Tada ! J'ai pensé qu'elles pourraient nous servir pour faire le toit ou des matelas !” Waw. Kai ne rigole pas quand il part en chasse. “T'as réussi à accrocher quelques morceaux de bois ?” “Oui, malgré mon doigt handicapé, j’ai réussi.” Ton timbre en fait des tonnes et des caisses, totalement fait exprès et surjoué alors que ton doigt va bien et que t’as connu pire question bobo. “J'ai pris de quoi nous requinquer en sucre aussi !” Tu prends le morceau de sucre en souriant. “A Bear Grylls ?” Et tu trinques avec lui avant de croquer dedans. “Tu manques déjà d’énergie ?” Alors qu’au contraire, vous allez être encore plus intenable si vous en mangez à la source comme ça.

“Faudra qu’on se revoit après tout ça alors.” J'acquiesce vivement puis mon sourire se gomme distraitement, rattrapé par le post-camp. Je sais pertinemment que lorsque je rejoindrais l'appartement que je partage avec ma meilleure amie à Brisbane, l'aventure Bear Grylls appartenant alors au révolu, je regretterais amèrement et flipperais sans retenue de l'attitude que j'ai exhibée en compagnie de Birdie. Certes, elle est authentique, sans compter qu'auprès de la jeune femme enthousiaste et dynamique, je sens ces nombreux liens qui me tiraillent d'ordinaire s'évaporer avec salut. J'aime être cette personne devant Birdie, cette partie de moi que d'ordinaire j'étouffe laborieusement par instinct de survie. Ca me fait du bien de respirer enfin, sans ce masque opaque inspiré par les prérequis sociétaux vissé sur mon visage. “Un bar à shows ! Tu peux chanter, danser, jongler, faire de la magie, faire de l'humour ! Tu peux performer comme tu veux en fait, tant que tu mets le feu et que ça change de l'ordinaire !” L'établissement que j'avais en tête était un bar queer mais je n'osais pas articuler ces termes encore. Non pas que je redoutais la réaction de Birdie, mais plutôt que le mot appartenait encore tristement à l'interdit dans mes habitudes. De toute manière, je me plaisais à penser que ce point ne perturberait pas ni ne gênerait mon interlocutrice.

Lorsqu'il est question de se rendre stone en sirotant de l'eucalyptus, Birdie sautille en tapant dans ses mains, son entrain contagieux. Je ris de bon coeur, chassant en arrière plan mes appréhensions quant à ma vie de tous les jours, quant à l'histoire que je mène hors cette parenthèse survivor. “Ouuuiiii! Ce sera une bonne motivation. Même si ça aurait été marrant de faire tout le truc stone. Est-ce que ça serait habitable ? Ceci dit, ça reste aussi une question en suspens même dans notre état actuel.” “Est-ce qu'on se soucierait vraiment que ce soit habitable si on était stone ?” Je fais, joueur et complice, avant de révéler à Birdie mon énergie et ma curiosité sans limite. “Je suis pareille! Paraît que je parle trop. Dommage, je compte pas changer.” Elle glousse et je ressens spontanément le besoin de la prendre dans mes bras bien que je n'émette le moindre geste pour exaucer ce vœu. Plutôt, mon minois arbore une expression d'émotion et d'admiration pendant que ma main se porte sur mon coeur, comme si j'avais enfin trouvé quelqu'un en provenance du même monde que moi. “Je kiffe que tu sois pareil ! Tu crois qu'à nous deux on pourrait tout faire survolter ? Dominer le monde en l'épuisant ?” Je soumets, hilare. “T'as bien raison de pas changer. Ce serait trop dommage. Le monde a besoin de ton énergie, Birdie Spears !” J'annonce sur un ton théâtral, bien que je sois sincère. Cette société était tellement morose et monotone, je préférais soutenir les éclats qui y perçaient, aussi marginaux soient-ils considérés, même si moi-même, j'étais incapable d'exposer les miennes aussi bien que Birdie s'assumait.

Retour au campement et ce binôme constitué par la providence - oui oui, rien que ça. Je décris à mon acolyte le faux bond de mon meilleur pote, ce à quoi elle répond avec optimisme : “Même si je suis sûre que ça t’empêchera pas de profiter à fond.” “C'est bien parti pour aujourd'hui !” J'assure en riant. Elle était là, la clef, finalement : ne pas se lamenter de ce qu'on nous refuse mais tirer le meilleur de ce qui se présente à nous. L'univers possède ses règles et ses jeux indissociables, autant s'y prêter. “Très! So far so good!” Birdie me répond lorsque je lui demande si, d'une certaine façon, elle aime la composition que l'univers nous a offert ce jour. Je ris et répète, tel un slogan conquérant : “So far so good !” “La nature m’a toujours fait du bien, cette aventure le montre encore une fois.” “Y'a plein de trésors dans la nature !” Je conclus avec exaltation.

Bien sûr, il semble tout à fait pertinent de parler de la décoration de notre cabane bien qu'elle ne soit pas encore montée. Cela donne de l'énergie et du baume au coeur et de l'ambition n'a jamais fait de mal à personne, n'est-ce pas ? Birdie parle feuilles et fleurs, je réfléchis et propose : “Des coquillages et des cailloux pour faire le chemin jusqu'à notre cabane ! J'en ai vu des beaux dans l'eau !”

Birdie m'évoque le projet de sa boutique Potterhead. Forcément, je suis émerveillé et je me promets déjà d'y emmener les potterheads de mon entourage. Elle m'indique son ouverture dans les prochains mois mais surtout sa volonté de ne pas se mettre une pression. “T'as bien raison. Quand j'me mets trop de pression, j'me sens surmené et j'suis bon à rien,” j'avoue à la jeune femme. “C'est déjà le bordel dans ma tête, si j'me rajoute mille trucs en plus, je sais plus où donner de la tête !” Je confesse en riant. “J'espère que tu vas vendre des chocogrenouilles ! Quand j'étais enfant, je faisais mes propres cartes de sorcières et sorciers célèbres. J'ai toujours rêvé avoir toute la collection !” Je partage. “T'imagines, faire un show en sorcières ? Genre Gwendoline la fantasque et Circé ! Circé pourrait avoir les sorciers qu'elle a métamorphosés en animaux incorporés à sa tenue et Gwendoline pourrait avoir une tenue qui brillerait de mille feux pour justement imiter les flammes des bûchers et elle serait tenue par des cordes !” Me voilà déjà à imaginer les patrons de ces accoutrements et les prestations qui les accompagnerait, de la tenue aux chaussures, bijoux, coiffures, ongles. Les idées germent par milliers et je meurs d'envie de m'enfermer dans mon atelier pour me mettre à l'ouvrage. C'est totalement distrait que je décris sans intérêt ma véritable profession, celle de biologiste, comme un gamin réciterait une poésie qu'il a apprit machinalement. J'expose également mon regret de ne pas être, encore une fois, intégré au milieu qui me correspond réellement. “Pourquoi tu ne l’es pas alors ?” Je hausse les épaules en mécanisme de défense. Parce que je ne l'assumais pas, parce que j'avais peur, parce que c'était plus facile de rester dans sa zone de confort, aussi étouffante soit-elle. “Et quand tu dis ‘monde de la fête’ tu parles de quoi exactement ?” Mon sourire revient, pulsant d'engouement. “Les shows où tu peux être qui tu veux, comme tu veux, et que l'important c'est juste que tout le monde s'éclate. Le temps s'arrête, t'es transporté par le public, par les artistes, c'est l'apothéose.” Mon regard pétille de passion pendant que je transmets à Birdie ce qui me paraît être le plus beau sentiment que j'ai jamais vécu.

Retour à la réalité - du moins celle de Bear Grylls. Birdie commence à lier les morceaux de bois ensemble pendant que je pars en quête de matériel. Lorsque je reviens sur la plage, la blonde a bien avancé et j'ai de quoi continuer la cabane et nous sustenter un peu. Je m'assis à côté d'elle et nous trinquons, armés d'un morceau de canne à sucre. “Tu manques déjà d’énergie ?” Je ris de bon coeur avant de me laisser tomber en arrière sur le sable. “Jamais !” Je vante, exubérant, en levant les bras vers le ciel. “Je ne suis que boule d'énergie et d'éléments ! Eau, feu, vent, terre, tout ça !” Je me redresse avant de questionner en observant l'ouvrage de Birdie : “Tu fais des nœuds en huit ?” Et avec un lien qui ne fait sens que dans mon cerveau : “Tu crois aux esprits et aux oracles ?”