C’est le moment. Elle avait prévu de partir à Elimbah pour montrer à Heather là d’où elle venait. Une tentative comme une autre d’essayer d’attendrir son amie à des fins curieux qui la caractérise si bien. Si ses interrogations poussant sa curiosité à vouloir découvrir ce que sa célèbre partenaire peut bien receler comme historique - elle blâme sa recherche innocente et la page wikipédia, la fidèle, qui a défilé devant ses prunelles encore plus innocentes, distillant ici et là plus de questions que de réponses sur la fameuse enfance qu’Heather a bien sous entendu comme étant “merdique” par elle-même. Alors forcément, elle ne peut pas rester sur sa faim, la Cadburn. Des parents merdiques, une émancipation précoce sans aucune raison officielle ; elle n’est peut-être pas experte sur la question, mais il y a quelque chose qui va ensemble, forcément. Cela est incompréhensible pour elle ; personne ne peut lui en vouloir. A n’avoir jamais grandi sous le joug de ses parents - Aurora ayant fait les mères de subtitution encore maintenant - la gamine les a toujours beaucoup trop idéalisés. Au lieu de les répudier pour leur absence, de les détester de leur manque d’intérêt envers elle, c’est tout l’inverse qui s’est produit ; certains analyseront sûrement que son envie de se faire voir et de marquer les esprits en société n’est qu’un résultat certain d’un profond manque d’attention de la part de ses géniteurs. Est-ce que c’est vrai, est-ce que c’est faux, personne ne le saura sûrement jamais.

Est-ce qu’elle oserait donc profiter de sa délicieuse et trépidante (unique) amie qu’elle possède pour aussi se donner une excuse pour sortir, partir loin de la ville étouffante qu’est Brisbane à l’heure actuelle ? Elle prétendra que non - parce que Birdie n’assume rien, c’est connu et reconnu - mais autant dire que le timing impeccable ne lui échappe absolument pas. Comment le pourrait-il ? Une vraie bouffée d’air comme elle les expérimente tant de fois. Sa dernière visite était avec Rudy - c’est un changement radical de la prison, il faut dire - et il semblerait que même à Elimbah, le feu follet choississe de ne pas s’y rendre seule. Il y aura peut-être une de ses sœurs, qui sait, mais elle ne souhaite absolument pas leur conter ses derniers déboires - Lila serait insupportable et Aurora se montrerait aussi pragmatique qu’une règle inflexible. Ramener Heather sous ces auspices est un choix judicieux, pas forcément le meilleur, mais judicieux quand même. Un défi pour la jolie blonde plus habituée au confort de villas qu’aux tapis de verdure qui s’étendent jusqu’à perte de vue.

Elle est venue comme prévu tambouriner à sa porte. Elle l’a accueilli dans son van canari, étouffé et décoré de dessins qui pourraient rendre le Scooby Gang jaloux, pour sûr. “Ne te fie pas à son aspect extérieur, il roule toujours. Au moins avec trois roues sur quatre, c’est plutôt pas mal, non ?” le sourire au coin, bien décidée de faire naître une petite crainte auprès d’Heather quant à la fiabilité (précaire) de son véhicule. Si elle ne va pas à Hollywood, elle ne va pas non plus avoir le luxe d’une voiture de marque. L’arrière est aménagé à l’image de sa vie, de sa chambre, de son chez elle à Elimbah ; bariolé, coloré, des lumières, des plantes, des colliers, des attrapes-rêves, des toiles, et au milieu, un matelas et des coussins. Sûrement que la jolie actrice n’aura pas le temps d’en tester et apprécier le confort, mais en tout cas, elle pourra observer l’avant de la voiture de son amie qui est tout aussi décoré avec outrance, des babioles un peu partout - une figure de grenouille qui trône derrière le pare brise et qui gigote joyeusement au gré des impulsions des roues - des autocollants un peu partout, des pins collés ici et là, des chouchous autour du levier de vitesse ; de quoi avoir la rétine qui se perd tellement qu’il y en a partout. “Si tu veux ouvrir la fenêtre, vas-y doucement, le levier risquerait de finir dans ta main sinon.” Mais il roule très bien, son cabriolet, elle le jure. Celui-là même qui les amène en dehors de la ville et contre lequel les doigts de la Cadburn tapotent joyeusement (bien trop joyeusement) sur le volant. “J’espère que t’as bien prévenu ton entourage. Si ton père de substitution vient perturber le calme de ma campagne, je t’en voudrais à mort.” Elle insiste en souriant sur le dernier mot tout en balayant ses cheveux qui virevoltent de partout. C’est l’automne mais un automne australien n’est jamais très violent. Pas aujourd’hui, en tout cas. Elle a quand même mis un sweat. Son sweat. Presque un réflexe. Mais ça change (presque) de ses habitudes vestimentaires. Mais elle sourit ; tout va bien, dans le meilleur des mondes. Trépignante d’impatience de montrer les vestiges de son enfance à sa rayonnante célébrité. Une bonne distraction.

@Heather Harris

“Tu te moques de moi n’est ce que pas ?”
“Douterais-tu de moi ?”

(outfit) Evidemment que son van a bien ses quatre roues. Elle ne pourrait se risquer à sortir de Brisbane avec sa carlingue si celle-ci n’est pas assurée de pouvoir assurer son trajet - encore moins avec une passagère de prestige comme la jolie actrice. Bien que recouverte de la tête aux pieds, donnant l’impression de partir à la guerre plutôt qu’à la campagne, elle n’en reste pas moins distrayante, Heather. Les attributs féminins lui avaient manqué, la présence d’une de ses paires encore plus. Pourtant, Birdie n’ignore pas qu’elle aurait pu se rendre chez l’actrice à son bon vouloir. Qu’elle soit présente ou non, rien ne peut l’empêcher d’aller toquer chez elle, gratter la porte et porter une voix mielleuse pour qu’on la laisse entrer ; Heather a tendance à jouer les désirées mais au final, elle ouvre quoiqu’il arrive. Encore aujourd’hui en est la preuve.

“Oups…. Mais sérieusement, ça paye si mal que ça miss météo pour pas avoir les moyens d’au moins réparer ton… van ?” Evidemment, les mises en garde ne servent à rien si elles arrivent trop tard. Birdie arque un sourcil avant de grimacer tout en caressant gentiment le volant de sa cabriole qui roule très bien, merci pour elle. “Il a subi un accident l’an dernier et souffre encore de ptsd. Laisse-le tranquille. Et mets ça dans la boîte à gants, je veux pouvoir le retrouver quand on reviendra à Brisbane.” Car elle y tient quand même comme la prunelle de ses yeux, son petit van qui résiste malgré les coups et les méfaits qu’il a pu avoir subi au gré du temps. Sa propriétaire l’adore mais elle adore encore plus se foutre dans la panade jusqu’au cou - elle aurait dû s’en débarrasser il y a quelques années, d’ailleurs, en guise de protection, mais elle n’en avait tout simplement pas le coeur ni le courage. Il la transporte depuis si longtemps qu’elle ne voit plus sans - matérialiste, un peu, sentimentale, clairement pas assumée.

“Oui oui j’ai demandé à John de ne pas m’appeler à part s’il y’avait une réelle urgence. Je suis toute à toi pour une journée entière sauf si tu continues de l’appeler « mon père de substitution.” La gamine blonde lâche un rire franc. “C’est pourtant toi qui me l’as dit, je ne fais que te répéter.” Et qui mieux qu’Heather pour comprendre l’histoire d’Heather, mmh ? Les yeux sur la route naviguant sur le paysage qui défile, la ville s’éloignant pour faire place à l’immensité de la verdure, des plaines et des routes désertiques qui longent Brisbane. “Par contre, ne penses pas qu’on y reste qu’une journée. Prends ça comme une retraite spirituelle.” Elle n’abusera pas à la kidnapper plus que nécessaire - à sa plus grande tristesse, quel est donc cette envie et habitude d’être débordée et voulue partout pour le travail ? - mais elle ne compte pas faire les choses rapidement. Ses tourments ont reçu assez de vitesse dans la figure comme ça et elle-même a besoin de se retrouver, comme elle le fait à chaque fois que quelque chose ne va pas. “C’est la première fois que je te vois habillée avec aussi peu de couleur.” Birdie baisse les yeux brièvement sur ce qu’elle porte - oh. ça. Elle a un nouveau rire, plus léger, plus nerveux aussi, les doigts qui viennent s’enrouler autour d’une mèche pour la remettre derrière son oreille. “Pourtant, il y en a.” La robe est rose et le motif du sweat est à plusieurs teintes. Un sweat bien trop grand pour elle et elle se mord la lèvre, presque contrariée qu’Heather l’ait remarqué. Mais à son tour, ses prunelles viennent confronter les siennes tout en montrant du menton sa propre tenue. “Et toi, on dirait que tu pars au camp militaire. Tu fais une très séduisante soldate, ceci dit.” Qu’elle soutient avec un clin d’oeil et un léger sourire de coin ; un semblant de légèreté, voilà ce qu’elle recherche. En plus d’une quête de vérité sur son amie. Une très très bonne distraction qu’Heather est.

“Et depuis un an et demi tu n’as pas pris soin de lui à bander ses plaies ? Pauvre petit van.” La plus âgée regarde sa cadette avec un air sous-entendu. “Il est passé chez le garagiste mais on avait pas fait gaffe au levier pour la fenêtre. Un poteau, ça peut être mortel. C’est d’ailleurs sur cette même route, en allant dans la même direction que ça s’est passé.” Birdie a un léger sourire de coin, le cœur un peu plus allégé depuis quelques jours mais cela ne l’empêche pas de se sentir toujours mieux quand elle commence à se diriger vers son quartier natal. Et puis, si cela peut faire encore douter et paniquer un peu plus Heather, c’est vraiment tout bénéfique pour elle. “C’était avec mon frère. Heureusement qu’il y a qu’un seul Cadburry dans la voiture. Je ne sais même pas si une de mes sœurs sera présente sur place. J’espère pas.” S’il doit en avoir une, t’espère que ça sera Lila. Elle est bien plus fun qu’Aurora, qui pourrait rendre l’actrice chiffon au lieu de la détente que la mini Cadburn souhaite pour son amie. Cela ruinerait totalement ses plans si c’est son aînée qui pointe son nez. Le mieux serait d’espérer que personne n’y soit, ce qui ne devrait pas être très compliqué puisqu’elle est la seule à s’y rendre aussi souvent. Il y a de quoi, aussi. La moindre contrariété est une bonne raison pour s’envoler à Elimbah. Et même sans contrariété, elle y retourne toujours. Endroit chéri d’une enfance qu’elle n’arrive pas à oublier ; il faudrait vraiment songer à la troisième jambe suggérée par Jordan, un jour. Cela pourrait n’être que bénéfique. “Je sais ça m’a glissé. Mais bon ne me fait pas regretter de te l’avoir dit, surtout si tu le rencontres un jour. Il sera bien trop fier après et infernal.“ Birdie a le sourire amusé mais elle se retient d’enfoncer le clou. Elle apprit de la plus tortueuse des manières que sa façon de tester les limites peut très vite se retourner contre elle ; elle ne souhaite pas s’embrouiller avec Heather, ni provoquer de mauvaises ondes. L’actrice est actuellement la seule présence féminine outre ses soeurs qu’elle a et rien que cette place est une fortune à elle toute seule. Elle ne veut pas détruire ça non plus.

“Une retraite spirituelle ? Ne me dit pas que tu as grandi dans un village d’une secte ? C’est donc pour ça le matelas derrière ? Tu aurais juste pu me le dire comme ça j’aurais pris des affaires de rechange.” Birdie éclate de rire. “Je crois que je t’avais dit dans le message que ce n’était certainement pas que pour une journée. Je sais que c’est faisable mais il faut prendre le temps. Et il n’y a rien de mieux à Elimbah que de regarder les étoiles et respirer l’air frais nocturne. En espérant que tu n’ai pas peur des loups de la forêt.” Là encore, regard en biais avec petit sourire de coin amusé. Il est certain que ça se sent que la jolie blonde est en amour de son quartier d’enfance ; sûrement pour cela qu’elle ne s’est jamais posée à Brisbane dans un vrai logement à elle. Son cœur, son âme, son être entier sont toujours tournés vers Elimbah et cette part d’enfance en elle qui jamais ne réussit à partir très loin, qu’importe les minutes ou kilomètres de distance. “Le matelas sert juste à… Rendre l’endroit confortable quand j’ai envie de m’isoler là où j’ai envie.” Combien de fois ça lui est arrivé de rouler vers nulle part pour juste respirer autre chose que la pollution ? C’est sûrement pour ça qu’elle a enchaîné les jobs sans réussir à en garder un seul.

“Mouais, les seules fois où je t’ai vu si peu coloré c’était quand tu étais nue. Et je ne t’aurais pas imaginé du style à mettre des hoodies un peu large. Mais on en apprend tous les jours.” Les doigts se tendent légèrement autour du volant, tout comme la lèvre qui vient d’être mordillée par les dents et le regard qui se lève vers le rétroviseur - de gauche puis du milieu - faisant mine de s’y intéresser alors qu’il n’y a personne. “C’est pas à moi.” Même si elle n’a pas besoin de se justifier, elle le dit quand même. C’est assez touchant de voir qu’Heather se rend compte de ce genre de détails la concernant ; Birdie n’aurait pas pensé que la jolie anglaise aurait l'œil aussi aiguisé. “Un peu de surprise est agréable, ne nous encroutons pas dans les habitudes et le quotidien, ma ange.” L’humour, voilà qui est la meilleure des armes alors que Birdie tapote la cuisse d’Heather avec un nouveau large sourire. “Une soldate ? Je ne sais pas si tu en croiserais beaucoup qui s’habillerait comme ça, ma veste à la limite. Mais bon peut-être que cela me permettrait de pouvoir séduire la capitaine.” La jolie blonde arque un sourcil. “La capitaine est facilement charmée, tu apprendras.” Bien trop facilement qu’elle pense avant de retrouver son attention sur la route.

“Je ne pensais pas qu’en quittant Brisbane on aurait l’impression d’être loin d’une grande ville si rapidement.” La beauté d’un tel endroit. Birdie soupire d’une satisfaction incroyable, sa main gauche s’en allant vers l’extérieur de la fenêtre pour y laisser ses doigts danser au gré du vent. “Et pourtant si. Je faisais ce trajet tous les jours avec le bus scolaire. Plus d’une heure et demi aller et retour le temps qu’il passe dans tous les quartiers voisins pour nous amener à Brisbane.” Elle baisse le pare-soleil ; malgré l’automne, il fait doux et c’est un soleil agréable qui pointe son nez devant elles sur la route. “Tu verras aussi la maison de Malachi l’acteur porno si t’es gentille”, qu’elle pense tout d’un coup en pouffant légèrement.

“Vraiment ? Et comment le poteau sauvage a débarqué sur ta route ?” Elle fait la maligne, la jolie vedette qui est pourtant bien loin d’Hollywood ; Birdie lève les yeux vers le plafond du véhicule de façon exagérée, toujours pour camoufler son amusement que son amie lui fait avoir. “C’est nous qui sommes allés à lui. Il faut savoir que mon frère aime les expériences. Et ce jour-là, il avait… Sniffé de la colle. Ne me regarde pas comme ça, il a vraiment sniffé de la colle. Pour une expérience diverse, bref. Il était encore un peu plus dans les vapes que d’habitude et il a voulu m’aider pour les pédales et bim. Poteau. Satisfaite ?” La Cadburn n’a rien à cacher ; cette anecdote la fait rire car il y a eu plus de peur que de mal - même si elle a vraiment son bras endommagé mais ce n’était rien face à la balle qu’elle s’est prise quelques jours après. C’est appréciable de savoir relativiser, après tout, et il y a de plus grands drames que de se faire un bobo qui vous empêche de fumer sa clope, vraiment. “Ah bon ? Comme ça tu veux rencontrer John et de mon côté je n’ai pas le droit de rencontrer tes sœurs. Je suis bien curieuse de savoir si tu es l’originale de la famille ou si vous êtes tous comme ça.” Birdie tourne la tête vers Heather avec une expression qui demande clairement si elle se fout d’elle ou pas. “Tu as rencontré Will. Crois-moi que même sans être mariée à lui, il fait partie de la famille tout pareil. Ce n’est pas que je veux pas que tu vois mes soeurs, c’est surtout que je ne veux pas qu’une de mes soeurs te voit. Lila serait insupportable dans le bon sens mais Aurora le serait dans l’autre.” Aurora n’est pas “folle” (propos d’Heather, pas les siens, clairement) alors que Lila est bien plus proche de sa cadette caractériellement parlant - avec moins de bagages et une vraie onde positive autour d’elle en plus. Avoir pensé à la nicotine lui a donné envie ; Birdie lâche le volant d’une main pour attraper une tige dans l’étui en-dessous du lecteur radio puis les deux mains pour l’allumer. Elle remet rapidement deux doigts dessus avant qu’Heather fasse une syncope.

“Non il ne me semble pas que tu m’avais dit ça.” “Je suis persuadée que si.” La blonde s’en rappelle bien parce que c’est là qu’elle a insisté pour éviter toute alerte à l’enlèvement de la part de son entourage. “Je ne sais pas, je ne retrouve plus le message…” “Pour une actrice, t’es une très mauvaise menteuse.” “Mais c’est un charmant programme que tu me proposes. Prendre l’air à ta maison d’enfance, une soirée à regarder les étoiles, c’est romantique. Est-ce que tu ne me proposerais pas un rendez-vous Birdie ?” “La ferme, princesse.” “Je sais que tu mens pour les loups, j’ai croisé un type bizarre dans cette forêt et il m’a dit les dangers et les loups n’en faisaient pas partis.” La Cadburn fait la moue tout en tirant sur son mégot avant de souffler vers la fenêtre, ses doigts vers l’extérieur aussi pour ne pas embaumer le véhicule et encore moins risquer à la précieuse actrice de tousser ou de faire part de son ennui face à l’odeur. “Pourtant y en a, je t’assure. Bon, il y a plus de renards et de serpents mais les loups sont plus isolés, il devrait y avoir moins de risque.” De toute façon, les animaux sauvages ne s’approchent quasiment jamais des demeures, quand bien même la forêt est au bord et pas loin. “Ça doit être super d’avoir un moyen de s’échapper quand on en a envie.” Birdie hoche la tête tout en tirant une taffe, les yeux ne quittant pas la route qu’elle connaît par cœur mais dont elle ne se lasse pas tellement que le cœur est toujours léger. “Enormément. Ça reste ma vraie maison, mon véritable chez moi. Pour la fille de la campagne que je suis, je serai très malheureuse si je n’avais plus Elimbah.” C’est sûrement pour cette raison qu’elle enchaîne les collocations et les squattages à Brisbane ; elle a toujours les deux pieds spirituellement là-bas. Tant pis si elle passe pour une sentimentale auprès d’Heather, pour une fois, ce n’est pas quelque chose qui la chagrine.

“Ooooh il est à qui alors ? Parce que je ne pense pas que ce soit le style de ton mari.” Mais elle n’est pas dans ce sentimentalisme là. Ou peut-être qu’elle l’est ? Birdie balaie son front de sa main qui tient sa cigarette en souriant, le front qui plisse légèrement en regardant toujours l’horizon qui se profile toujours plus loin devant elles. “A un ami. J’avais pas envie de le perdre alors je l’ai mis, comme ça, aucun risque que ça arrive.” Parce qu’il lui a dit que c’était un porte bonheur et qu’elle n’est pas prête à subir son châtiment si elle l’égare ou pire - elle se sent assez châtiée comme ça pour le moment. Puis elle hausse légèrement les épaules. “Je suis sûre que Will pourrait le mettre mais ça manque de… geekerie, c’est sûr.” Mais il est cute, celui-là. Elle l’aime beaucoup trop. Le hoodie. Ahem. “Evidemment ça ne te ressemblerait de t’encrouter de toute façon.” Birdie se distrait et attire l’attention d’Heather ailleurs, par le charme naturel qui opère au milieu des tons amusés et des rires qui s’engendrent autour, tapotant la cuisse de son amie sans aucune retenue. “Tu me connais, j’ai horreur de l’ennui. Ca fonctionne aussi avec la routine.” Encore une fois, il n’y a rien de plus barbant. “Je n’ai pas besoin d’apprendre ce que je sais déjà.” Birdie éclate de rire devant le clin d’oeil d’Heather qu’elle voit en tournant brièvement la tête. “En même temps, de ce côté-là, je suis un sujet plutôt facile à cerner.” Oh oui, quand ça concerne les relations sexuelles et l’amusement autour, elle n’est pas compliquée à apprendre. C’est pour le reste que tout se corse toujours plus.

“Ca faisait un sacré trajet ! Je n’ai jamais connu ça. Quand j’ai commencé la série chez Disney j’alternais entre les cours sur les plateaux pendant le tournage puis j’allais à un lycée privé pas loin de chez moi. C’était toujours un peu le moment de liberté quand j’y allais.” Ouh, Heather se met à parler et Birdie écoute sagement en hochant la tête et tirant une nouvelle taffe. Elle n’avait pas anticipé qu’elle se mettrait à se confier aussitôt mais les choses se faisant naturellement, elle n’a même pas à forcer quoique ce soit. Elle prend ce qu’elle donne, l’actrice, et franchement, “ça avait l’air affreux à vivre”. Voir le lycée comme “le moment de liberté” qu’elle pouvait avoir, c’est impensable. “J’ai beau avoir vécu une scolarité plutôt chaotique, j’ai l’impression d’avoir mieux vécu mon enfance que toi. Tu as commencé à cinq ans, en plus, non ? C’est terriblement jeune.” Elle s’imagine déjà une mini!Heather qui n’avait que l’école pour respirer et vivre un peu cette enfance perdue. “Le trajet n’était pas si horrible. Parfois Will était avec moi quand il venait à la maison. A partir d’une certaine époque, y avait aussi Malachi. Quand il a commencé le Conservatoire. Je m’en rappelle plus trop.” Elle était juste ravie de l’avoir avec elle ; adolescente, elle s’en fichait bien de savoir pourquoi. Même si ça avait un rapport avec le violon, pour sûre. “Oh oui y’a intérêt ! Je veux savoir tous les secrets !” Birdie a déjà le sourire amusé qui revient. “Si t’es gentille, j’ai dit. Les secrets, ça se mérite. Et t'as déjà menti pour le sms, tu pars en négatif, ma roussignol des prés.”

“Ah oui quand même et vous n’avez rien eu ?”
“Elwyn a été plus secoué et moi, j’ai eu mal au bras. Mais y a eu plus de peur que de mal.”

Autant dire que Birdie au volant n’est pas forcément bon signe. Aussi bien pour la voiture, les autres véhicules qu’elle-même. Elle a enchaîné les déboires avec les voitures l’an dernier et elle espère que cette année soit plus tolérante ; jusqu’à là, elle ne s’est prise aucun poteau, aucune rencontre avec une voiture inverse et encore moins de balle perdue en plus d’un fou furieux. C’est une sacré victoire. Elle a même réussi à éviter de finir en cellule, ce qui est bien mieux que l’an dernier ; mais il reste encore six mois à se tenir sage. “Par contre sniffer de la colle ? Je pensais que juste les enfants faisaient ça.” Birdie lâche un léger rire. “Mon frère est un enfant, crois-moi.” C’est l’aîné mais c’est le plus enfantin et le plus innocent de la fratrie, au grand damne d’Aurora. Si Heather rencontrait Elwyn, il est certain que ses idées sur la famille de la jolie blonde n’en seraient que plus réconfortées.

“Huuummm je vois, tu en as une qui est moins fun que le reste de la famille. C’est la plus âgée ? il parait que c’est toujours eux qui sont les plus chiants dans une fratrie.” Birdie tire sur sa clope en débarrassant ses mèches de son visage. “Techniquement, c’est mon frère le plus âgé. Mais c’est clairement Aurora qui porte la culotte, si je peux dire ça comme ça. Elwyn n’a aucune capacité de responsabilité. Je l’adore, il est brillant mais il faut croire qu’il est plus doué pour la science que la vie.” La Cadburn adore son aîné mais il lui donne parfois des sueurs froides, qu’elle se sent obligée de veiller à distance. Même si son frère parti, cela complique largement la tâche et ça ne la réconforte pas du tout de le savoir seul dans la nature, avec juste des cartes postales pour suivre son parcours. Il a peut-être une décennie de plus qu’elle, il n’empêche que c’est son teddy bear et qu’elle ne veut pas que quelque chose lui arrive. “Donc on va dire que oui, Aurora est la plus âgée spirituellement. C’est la control freak de la famille. Elle est donc naturellement chiante.” Qu’elle conclut tranquillement ; elle n’a pas de secrets à cacher concernant sa famille.

“Pfff n’importe quoi, j’ai juste beaucoup de messages voilà tout.”
“Si tu le dis.”

Non pas que Birdie en doute mais elle sent la mauvaise foi quand elle pointe le bout de son nez - sûrement parce qu’elle aurait fait la même chose à sa place. “Y’a vraiment des serpents ?” La jolie blonde éclate d’un léger rire. “T’es en Australie ; évidemment qu’y a des serpents.” C’est une question assez absurde mais bon, elle ne peut pas en vouloir à l’actrice ; c’est une terre inconnue après tout. “J’aimerais pouvoir dire la même chose de sa ville natale.” Birdie tourne brièvement la tête vers Heather. “Londres est si affreux que ça ? Enfin, je sais qu’il y pleut souvent mais ça ne doit pas être si horrible que ça.” Pour ce qu’elle en sait, la jolie blonde. Elle se doute que ce n’est pas tant la ville le problème mais plus les gens dedans. Le symbole que ça représente pour l’actrice. Un peu comme elle avec Melbourne. Qui représente le pire comme le meilleur.

“Je fais ça aussi quand je tiens à ne pas perdre quelque chose. Oui je dirais qu’il manque un os de dinosaure dessus ou un personnage de jeu vidéo.” Birdie retient un souffle avant de secouer la tête. “Arrête de te foutre de moi. J’ai vraiment pas envie de le perdre.” Jordan lui fait confiance pour le récupérer quand il en aura besoin et la jeune femme voit cela presque comme un test. Si au début cela était un substitut pour combler son absence, il est clair qu’elle veille dessus comme une dragonne sur ses oeufs car elle a la sensation que quelque chose d’affreux pourrait arriver s’il arrive quoique ce soit à ce sweat. Alors oui, c’est peut-être inédit de sa part, c’est peut-être surprenant pour Heather mais Birdie prend l’affaire très au sérieux. “Je savais que j'aurais dû mettre le haut Gryffondor que m’a offert Will, ça aurait été moins bizarre, j’en suis sûre. Et j’adore Harry Potter, okay, ça ne serait pas surprenant.” Elle a même sa collection qu’elle se trimballe de chambre en chambre et qu’elle a déjà lu mille et une fois. “Non c’est vrai, bizarrement je dirais même que c’est la première chose que j’ai cerné chez toi.” Birdie joue de ses sourcils d’un air sous-entendu avant de secouer sa tête, amusée parce qu’évidemment qu’Heather l’avait cerné pour ça. “Je ne sais pas si c’était si affreux que ça, tu sais.” Elle reste sceptique quand même, la Cadburn. Commencer à travailler à cinq ans, ce n’est pas non plus la meilleure des vies, à son sens. Heather lui explique ce qu’elle a vécu, son travail si jeune et Birdie grimace légèrement. “Donc quoi, t’étais leur vache à lait ?” Elle essaie vraiment de ne pas émettre de jugement mais c’est compliqué tellement qu’elle ne comprend pas pourquoi les parents ne les faisaient pas eux mêmes, les pubs. Ceci dit, c’est un peu fort de café d’émettre un jugement quand tes propres parents n’ont jamais été beaucoup dans les environs, Cadburry. Là n’est pas le sujet.

“Will a habité par ici aussi ? C’est fou je n’imaginais pas que vous étiez vraiment un trio depuis l’enfance.” Oh. Birdie secoue la tête à la négative. “Non, non, il était à Brisbane. Mais il était pas rare qu’il venait chez moi le week-end.” Un vrai rôle de meilleur ami qui se dévouait à venir se perdre au milieu de la forêt de la campagne australienne profonde pour les jolies prunelles de son amie ; au moins, ça le changeait de ses jeux vidéos et les parents Dunham étaient toujours ravis d’envoyer leur fils là-bas, sans aucun doute. “Je ne vois pas ce que les sms viennent faire là-dedans et puis dans tous les cas, je suis d’accord pour rester tous le week-end, donc on peut oublier cette histoire.” La mauvaise foi continue et la jolie blonde appuie sur l’accélérateur car elle ne compte pas mettre deux pour y arriver. “Tant mieux. J’aurai été triste de devoir t’attacher à un arbre sinon.”

“Bon tant mieux, j’ai l’impression que ton bras prend toujours quand il t’arrive quelque chose.” Birdie lâche un léger rire. “C’est pas faux. Mais regarde, tout est fonctionnel. Y a pas à s’inquiéter. Je ne compte pas me prendre un nouveau poteau et encore moins une balle. J’ai une cicatrice au bras, en plus, ça me suffit largement.” Elle ne souhaite pas voir sa jolie peau criblée de nouveau d’aussitôt. “Autant dire que ça m’a aussi un peu vacciné contre l’autostop.” Après tout, c’est une anecdote pour les autres mais pour Birdie, ça aurait pu véritablement causer plus de problèmes que cela. Son passif n’est pas glorieux, ses erreurs le sont encore moins et son véhicule mélangé à cela ; ce n’est pas surprenant qu’elle ait demandé à ce qu’on repeigne certaines choses et certains endroits ici et là. Elle a véritablement frôlé la catastrophe - et ce n’est pas à sa vie qu’elle pense, mais à sa liberté. “Tu as vraiment l’air d’avoir une famille originale ça doit être cool quand même d’avoir des frères et sœurs.” Pour rien au monde Birdie changerait ça. “C’est très cool. Parfois chiant, surtout quand t’es la dernière, mais je n’ai pas à me plaindre. J’ai sûrement eu plus de libertés que des enfants uniques.” Elle jette un coup d’oeil à Heather. “Sans parler spécifiquement de toi.” C’est peut-être le souci ; elle a eu trop de liberté en étant gamine et maintenant, sa version adulte n’a pas l’air de vouloir comprendre que les limites ne sont pas faites pour être franchies mais respectées - mais ça vient, doucement, mais sûrement. “Vu la description d’Aurora, je sais pas si j’ai envie de croiser finalement. Je préfère largement profiter de ce voyage en tête à tête avec toi.” La Cadburn éclate de rire tout en sillonnant la route du regard, se réinstallant un peu mieux contre son siège, son mégot à la bouche pour tirer dessus. “J’en ai aucune idée, peut-être que oui, peut-être que non. Je n’ai pas prévenu que j’y allais et les filles ne m’ont rien dit donc… Comme tout le reste, ça sera la surprise!” Elle est bien trop enjouée à la perspective mais la réalité la chagrinerait un peu plus.

“Je ne vais pas vouloir sortir du van si c’est comme ça.”
“Où est ton goût pour l’aventure, Heather ?”

Son van est confortable - en tout cas à ses yeux - mais ça serait dommage de ne profiter que de la vue des fenêtres à la luminosité précaire alors que les paysages sont si beaux et l’air si pur.

“Non ce n’est pas si horrible que ça, c’est les souvenirs qui sont attachés à la ville qui le sont.” Voilà qui est un autre sujet. Plus sensibles. En cohérence avec ce que Birdie a pu comprendre entre les lignes de la page wikipédia de l’actrice. Pour une fois, la jolie blonde ne réplique rien, elle laisse couler l’information même si elle la note sagemment dans sa tête ; elle ne souhaite pas qu’Heather se remémore de mauvais souvenirs, pas encore, pas sobre quand elle peut s’en rappeler. Le voyage vient à peine de commencer. Alors que la curiosité la guette.

“D’accord d’accord mais il faudra bien que tu me prêtes des vêtements pendant cet enlèvement et ce hoodie me plait beaucoup.”
“Je te prête ce que tu veux sauf ce hoodie. Ne me force pas à te jeter hors du van, princesse.”

Parce qu’Heather s’en moque, elle insiste et sûrement qu’elle est curieuse en retour. Peut-être que son amie lui parlera de son propriétaire. Qu’elle osera pousser jusqu’à la signification. Mais pour le moment, elle ne dit rien - définitivement pas assez de verdure dans la rétine ni assez d’éthanol dans le sang. “J’adore Harry Potter aussi tu sais, j’ai l’écharpe et un t-shirt serpentard. Je suis pas étonnée que tu sois à gryffondor même si je t’aurais bien vu à serdaigle un peu comme Luna.” Birdie pouffe doucement. “C’est parce qu’on est un peu originales toutes les deux, c’est ça ? T’apprendras que n’importe qui peut l’être.” Même les serpents. Inutile de préciser que Luna a été un modèle à ses yeux et un de ses personnages préférés. “Je suis choquée pour ma part. Je pensais que t’étais une poufsouffle.” Ha ha ha, la blague est si drôle que ça se voit sur ses traits qu’elle se fiche d’elle. “En tant qu’anglaise de naissance, j’aurai été très déçue si tu n’avais pas aimé Harry Potter. Il est presque aussi important que la Reine.” La Mère de la mère patrie, quel conte.

“Exactement, une vache à lait qui leur a rapporté le pactole quand elle est rentrée chez Disney.” Birdie grimace, toujours la mauvaise sensation au creux des instincts. “Je comprends mieux l'émancipation.” qu’elle lâche sans faire attention ; si elle a réussi à se retenir tout à l’heure, cette fois-ci, l’information est tombée sans crier garde et elle se mord la joue en tirant une nouvelle taffe de sa cigarette. J’aurai pas dû dire ça, qu’elle pense instinctivement.

“Je vois... Y’a des photos de vous trois petits ? Je suis tellement curieuse de voir à quoi vous ressembliez avant.” Birdie plisse un oeil, la moue songeuse tout en grattant une partie de son crâne de son doigt. “Doit bien en avoir qui traînent quelque part, ouais. J’ai eu ma période “polaroïd” où j’exaspérai tout le monde à prendre tout en photo.” Oh oui, elle en a cassé des pieds et des oreilles depuis sa tendre et joyeuse enfance, la gamine. “Je pense Birdie que tu serais morte si tu avais tenté de faire ça.” Une expression outrée passe sur son visage. “Oh, tout de suite, la mort! Quelle violence en toi, ma rosace en pain d’épice!”

Il suffit de laisser passer un bon paquet de minutes avec un bon coup de pied sur l’accélérateur avant que le van ne se gare dans l’allée de cailloux précaire qui sillonne les herbes hautes du jardin de la maison Cadburry. “Ca fait du bien d’être arrivée ! Finalement tu conduis mieux que je ne l’aurais imaginé.” Birdie saute hors de sa voiture et tapote le capot en passant devant tout en respirant à plein poumon l’air frais des environs. “Regarde-moi ça. Avoue que c’est joli.” Il y a une caravane dans le jardin qui a été transformée en cabane pour enfants avec plein de lumières, de guirlande, de tissus, d’oreillers. La maison ressemble plus à un chalet coloré au gré des amusements des enfants (et de l’adulte) qui n’ont jamais eu de contrôle parental - Aurora a bien essayé mais elle n’y est jamais arrivée. Et il y a aussi les prés, les étendus d’herbe à perte de vue autour et la forêt à quelques mètres plus loin. “Et voilà ma Forêt Interdite!” qu’elle finit tout en allant chercher son sac dans l’arrière de son van avant de se diriger vers la porte d’entrée.

“Tadaaaa- Lila ?”
“Oh, Birdie, j’ignore que tu venais!”

Et merde.

Les cicatrices, ça fait badass, “ouais, c’est pour que j’ai demandé à ce qu’on me tire dessus, tu m’as percé à jour!” qu’elle commente, la blonde, le ton rieur tout en tapant deux doigts contre son front (et lâchant le volant pendant cinq cruelles et insconciantes secondes mais y a pas besoin de s’inquiéter, tu maitrises, pas vrai ?). L’autostop n’a jamais posé de problèmes en son sens ; c’est juste que là, vous n'aviez pas le choix et qu’il fallait bien trouver un moyen de rentrer après son van a osé faire le coup de la panne. Birdie n’est pas du genre à laisser une mauvais expérience comme celle-là l’abattre, elle a connu pire et elle aime à croire qu’elle a fait l’inverse de ce qu’il faut ; souffrir, enfoncer pour mieux guérir, c’est une recette détonante mais qui a fait ses preuves. “Oh, je confirme que j’ai été chouchoutée.” après tout, faut bien qu’y ait des avantages à être la dernière, celle qui finit toujours tout et qui récupère les fringues et les jouets de ses aînés. “Mais autant Elwyn et Lila me foutaient la paix, autant Aurora avait décidé de vouloir faire de ma vie un enfer de règles et de limites. Que j’ai toutes déjoué un moment ou un autre, évidemment.” c’est avec une fierté non dissimulée qu’elle l’affirme et elle sent au loin le regard de son aînée la foudroyer sur place ; l’autorité n’a jamais eu de place chez Birdie, ce n’est pas nouveau et elle peut remercier sa soeur d’avoir au moins essayer - ses parents n’ont même pas été là pour le faire, après tout. “J’ai rien prévu du tout. Si une de mes sœurs est là, ça sera une surprise indépendante de ma volonté.” crois-moi. Non pas qu’elle a honte de ses sœurs ou quoi, mais quand même ; y a une limite entre voir la maison familiale et voir la famille en question. Au moins, elle est sûre qu’y aura ni son frère ni ses parents et ça, c’est déjà 50% de la famille en moins, c’est pas négligeable.

“Il est loin des serpents.” que l’actrice grommelle et que la blonde éclate de rire. “Pour une Serpentarde, c’est sacrément ironique.” elle se demande comment elle fait pour être fière d’un symbole qu’elle répugne à être en contact avec. Pourtant, y a de jolis serpents, elle le sait, Birdie, elle en a vu. “Tu oserais me jeter pour un hoodie ? Notre amitié compte si peu pour toi ? Me voilà bien triste.” qu’elle est mignonne, Heather, et qu’elle est drôle et Birdie est dead serious quand elle tourne son visage vers elle - la route est droite, tu maitrises toujours. “Totalement.” Elle est sentimentale, la Cadburn, c’est incroyable. Et pour le prouver, elle en parle peu, elle ne dit quasiment rien et ça, ça c’est un signe que ça veut dire beaucoup. Mieux vaut pour Heather de la prendre au sérieux pour ce coup-ci. Celle-là même qui la fait sourire au possible en la comparant avec Luna, le compliment de l’extrême. Même si le terme attachante la fait grimacer comme une gamine à qui on vient de pincer ses joues potelées avec une expression attendrissante. Qui se détend un peu quand Heather rigole à son tour et Birdie sourit en zieutant dans le rétro central, ses doigts tapotants toujours contre le volant, tirant une bouffée de nicotine pour pourrir un peu plus ses poumons. “Pourtant, je suis sûre que t’aurais moins peur d’un blaireau. C’est plus mignon.” C’est moins dangereux, un blaireau.

“Je vois que tu as fait tes recherches.” Birdie hausse les épaules, distrayant ses yeux ailleurs. “Tic d’habitude.” C’est qu’elle a l’habitude de côtoyer des gens célèbres, l’oiseau, alors forcément, elle va regarder sur le net par moment. “Me blâme pas, j’aurai pas pensé que ta page était aussi fournie. Je cherchais juste ta filmo.” Comme elle a cherché les chansons de Jordan et les concerts de Malachi et les courses de Dan. C’est naturel pour elle, ça prouve juste qu’Heather est une vraie dans son clan maintenant ; mais faut bien avouer que ça a ouvert sa curiosité et qu’elle sera sûrement amenée à l’interroger tranquillement dessus. Est-ce que l’entraîner dans son chez elle d’enfance est une façon de l’amadouer ? Peut-être bien.

Quand elles arrivent devant ladite demeure typiquement cadburienne, Heather exprime son admiration et Birdie hausse les sourcils, satisfaite d’avoir réussi à la surprendre - okay, ça, c’était pas volontaire mais hey, elle prend ce qu’elle aura. Ce que Birdie avait craint, effectivement arriva. Lila dans la cuisine, Lila en train de ramasser les dernières miettes de son déjeuner, qui coince ses doigts dans une serviette avant qu’Heather fonce sur elle aussi rapidement qu’un serpent sur sa proie pour se présenter. “Bonjour tu dois être l’une des sœurs de Birdie ! Quand elle m’a parlé de toi, elle a oublié de mentionner que tu étais aussi charmante. Ravie de te rencontrer je suis Heather.“ mon dieu, elle a pas dit ce que je pense avoir entendu qu’elle a dit, les yeux qui roulent et le souffle qui sort des lèvres ; nan, elle est pas jalouse, elle est exaspérée. Lila provoque toujours le sourire et la joie et l’optimisme et, c’est chiant que je l’adore autant. “Oh, je savais pas qu’elle parlait de moi à ses amis. Effectivement, je suis une des soeurs, la plus cool on dira. J’accepte aussi le terme de charmante. Lila suffira, sinon.” Le sac qu’elle balance contre la chaise en biais au bout de la table, Birdie bougonne deux minutes avant que sa sœur lève les bras.

“Arrête de bouder et dis moi bonjour, sale peste.”
“Peste toi-même, horreur des garces.” qu’elle murmure contre son cou.
“Je vais pas rester longtemps. Je passais par ici pour prendre la direction du nord rejoindre des amis et je devrai pas tarder à reprendre la route pour éviter d’arriver avant que le soleil tombe. Si j’avais su que t’allais venir avec une amie, je serais allée crécher ailleurs.” Y a un clin d'œil à l’appui et Birdie grimace en secouant la tête.
“Si tu dégages dans pas longtemps, y a aucun souci.”
“Et c’est quoi, ça ? Je sais que t’aimes les habits amples mais là… Attends, c’est pas un parfum de mec, ça ?” qu’elle dit en sniffant un peu mieux le hoodie et Birdie l’assène de coups pour qu’elle la lâche - elle est plus grande en taille, c’est pas compliqué.
“T’es chiaaaante, Liloc, va te faire voir!”

Alors que Birdie s’en va vérifier que sa chambre à l’étage n’a rien de trop intime exposé à la vue de tous, Lila en profite pour se tourner vers Heather en croisant les bras. “Alors, Heather. Comment ma charmante petite soeur a bien pu te dire pour t’engrener au milieu de nulle part ? Je suis sûre qu’elle t’a parlé des serpents, des loups-garous et des ogres géants de la forêt, pas vrai ?”