Tu sais pas si elle a fait exprès ou pas, mais tu t’es retrouvé avec le portefeuille de Birdie à la fin de la soirée années 80. Vous êtes restés tous jusqu’à la fermeture, à parler, chanter, danser, refaire le monde. Birdie et ses potes se sont joint à votre table de gars. Le mix de vous tous était magnifique. Vous vous êtes entendu comme si vous vous connaissiez depuis toujours alors que pas du tout.

Avec agilité, tu as trouvé l’adresse de Birdie inscrit quelque part dans son portefeuille. Il se trouve qu’elle est pas très loin de chez toi alors t’as décidé d’aller le lui rendre aujourd’hui. Un jour après la soirée. En fin de journée parce qu’il faut pas déconner, t’as eu besoin de ta dose de glandage. T’as pas mal bu hier et t’es resté dans une petite bulle de bonheur le plus longtemps possible.

Google Map dit que tu vas mettre 35 minutes à marcher jusqu’à chez elle. Facile. T’aimes tellement quand t’as pas besoin de prendre les transports. Tu peux tout faire à pied à Fortitude Valley et les gens qui habitent là prennent rapidement une place plus importante dans ton coeur.

Affublé d’un bas de jogging et d’un hoodie, t’as complètement l’air d’être en pyjama et t’en as rien à foutre. C’est même pas vrai, t’as pris une douche avant de venir. Tes fringues sont frais. T’es bien là, même avec ta casquette sur la tête en plus de tout. Parce que oui, t’as pas voulu te coiffer. Je me coiffe jamais. Vrai. T’aimes juste les casquettes.

Tu vas frapper à sa porte une fois que t’es devant. Tu as un écouteur dans ton oreille parce que bien sûr, t’as pris le temps d’écouter un album entier pendant ta marche. T’as jeté ton dévolu sur Gone in your wake de Thousand Below qui dure à peu près ce temps là. C’est d’ailleurs les premières chansons de l’album qui sont en train de jouer de nouveau. T’attends devant la porte, t’espères qu’elle est là. Elle doit être malade. Vu tout ce qu’elle a bu. Tu sonnes cette fois, mieux que de frapper. Tu veux qu’elle soit là.


@Birdie Cadburry

« Fous le camp, Carter, p’tain, ou j’te jures que je te vomis dans la gueule ! »
Une peluche fait un vol plané dans la chambre pour atterrir sur la porte qui se referme sur son colocataire absolument hilare de la voir comme ça. Pourtant, ce n’est pas la première fois mais Rollins a décidé de la faire chier alors qu’elle est en total pls dans son lit depuis son retour. Pourtant, Birdie a passé une bonne soirée. Elle s’est bien amusée, elle s’est bien défoulée et elle est persuadée qu’elle n’a plus de voix – la faute au mélange de tabac, d’éthanol et aux chansons hurlées jusqu’à ce qu’on les foute à la porte. Et pourtant, force de constater que si, elle a encore des cordes vocales en fonction, assez pour envoyer chier son abruti colocataire.

La soirée est un grand brouillard artistique et elle ignore même comment elle a pu retrouver son lit. Le blackout total. Le trou noir. Mais bon, elle ne s’en affole pas parce qu’elle a l’habitude, ce n’est pas la première et ça ne serait pas la dernière. Il faudrait songer à faire attention. Mais à quoi ? Elle a déjà eu son quota, elle n’a pas fait attention quand il le fallait et le résultat est là ; alors non, elle ne fait pas plus attention qu’avant.

La seule chose dont elle a conscience à ce moment précis, c’est sa tête qui joue du tamtam non-stop et l’envie pressante d’aller se vider dans les toilettes en guise de réveil. La gueule dans le cul, Carter qui a enfin quitté les lieux – heureusement sinon, il y aurait eu un meurtre – Birdie se pose devant la télé, le sweetshirt ‘Nasa’ de son frère beaucoup trop grand pour elle et un adorable bas de pyjama rose à licorne. Cadburry comate tranquillement devant Scooby Doo quand la porte sonne. « Uuuuuuuuugh, Car– » Ah nan, il est sorti, ce trouduc. « Fais chier. » Merde, faut qu’elle bouge. Mais elle semble coincée. Birdie grimace, elle fourre ses mains dans la poche centrale avant de trainer les pieds avec une lenteur dont même Juanita, la tortue de son frère, réussirait à battre, pour aller ouvrir. Elle baille devant le type qui se tient, la vision brouillée. « Qu’est–ce que– » Okay, il est en pyjama clairement, il a une casquette et en plus des écouteurs. Sans compter que la lumière du couloir ne fonctionne pas et pourtant, Birdie penche la tête. « Mais– Tu fous quoi ici ? Comment t’as su où j’habitais ? » C’est Britney, c’est sûr. Elle qui aurait pensé ne pas se rappeler de ses compagnons de fortune de l’autre soir, visiblement, lui, il l’a marqué. « T’as senti mon mal être, hein, c’est ça ? » Il a un écouteur, elle a aucune idée si elle parle assez mais sa voix est cassée et elle finit par la baisser. « Entre si t’as pas peur d’attraper un truc bizarre. »

« Qu’est–ce que– » Quoi? Pourquoi elle est aussi surprise ? Elle se souvient pas de toi ou quoi ? Mais tu vois bien sur sa tronche qu’elle est défoncé. La gueule de bois est réelle. Un peu de ta faute en plus vu tout le champagne que tu lui as offert.

« Hey. »
« Mais– Tu fous quoi ici ? Comment t’as su où j’habitais ? »

Ah elle se souvient de toi. C’est déjà ça. Ça aurait été compliqué de devoir expliquer toute la soirée de la veille. Elle doit savoir où elle était quand même. Si le contenu n’est plus présent dans son esprit, elle doit bien avoir un agenda avec écrit soirée années 80 quelque part. Ou pas. Ouais, tu la surestimes certainement puis que toi même, t’es venu au Triffid sans le savoir une heure avant. Mais elle, elle avait le meilleur habit pour la fête. T’es encore assez jaloux de cette veste à frange. « T’as senti mon mal être, hein, c’est ça ? » Elle te fait sourire avec ses questions réponses.

« J’ai quelque chose à toi. » Et non, c’est pas son coeur. L’amour n’a pas frappé à votre porte depuis la veille. « Entre si t’as pas peur d’attraper un truc bizarre. » Un truc bizarre ? Tu sais pas de quoi elle fait allusion, mais il est très rare que tu tombes malade. « Je prends le risque. » Elle sait toujours pas ce que tu fou là, mais une fois dedans, tu sors son portefeuille de la poche avant de ton hoodie. « Il était sur la table. Je pensais que c’était à un pote à moi mais quand personne ne l’a récupéré j’ai maté et y’avait ta jolie photo. » Non.  Tu te marres d’ailleurs. « J’ai faillit pas de reconnaitre. Heureusement y’avait ton nom. » Oh t’es un gros batard Jordan. En plus elle est clairement mal là. L’alcool l’a tué, elle est bonne à rien pour toute la journée et tu l’enfonces juste. Je plaisante. C’est de l’humour. T’es presque sûr que ça va passer crème. Elle va sûrement te mettre un coup sur la tête, mais ça va pas te tuer.

« Hey. » Il est poli, lui, au moins, plus qu’elle, clairement. Birdie l’agresse déjà à grands coups de questions, d’interrogations et de points alors que lui, il n’a même pas le temps d’en placer une. Enfin si, quand elle a fini de se donner plus mal à la tête, peut être à lui aussi d’ailleurs, qui sait. « J’ai quelque chose à toi. » Voilà qui est surprenant. « Vraiment ? Mes cordes vocales, peut–être ? » Qu’elle dit en souriant légèrement malgré son état comateux et son envie d’être juste en paix. Vraiment, sociabiliser aujourd’hui, ce n’est pas le meilleur moment. Ce n’était pas prévu mais il faut croire que l’univers aime bien bousculer ses plans.

« Je prends le risque. » Be my guest, alors. Il rentre. Il sentira sûrement le pétard que Carter a fumé. Tant pis, il ne va pas juger, n’est–ce pas ? Il n’a pas l’air du genre à juger de toute façon. Enfin, elle croit ? Elle n’en est plus très sûre à présent. La soirée reste un peu floue, même si quelques brides lumineux lui reviennent et restent en tête – le foutu porté en priorité parce que son égo a été reboosté comme jamais et il faudra qu’elle en parle à son frère et à Malachi et à– Mais là n’est pas le sujet. T’as assez mal au crâne, n’en rajoute pas.

« Il était sur la table. Je pensais que c’était à un pote à moi mais quand personne ne l’a récupéré j’ai maté et y’avait ta jolie photo. » Elle pourrait croire qu’il est gentil mais il rigole. Donc ça veut dire qu’il n’est pas si gentil que ça. Foutu Britney. « J’ai faillit pas de reconnaitre. Heureusement y’avait ton nom. » « Je dois le prendre comment ? Parce que là, ma première réaction, c’est de vouloir te frapper mais je vais te laisser une occasion de te justifier avant de le faire. Vois ça comme un geste de bonté de ma part. » C'est surtout que Birdie se sent un peu trop mal pour faire une épreuve aussi violente que de monter son bras et taper sa paume sur la tête du grand blond qui est définitivement trop grand. Elle attrape son portefeuille malgré tout. « J’étais à deux doigts d’appeler les flics sinon. T’aurais pu être un stalker. Peut–être que tu l’es, d’ailleurs. T’as volé ça dans ma poche et tu fais croire que je l’ai oublié. » Birdie le regarde avec un œil suspicieux en se rapprochant de lui avant de sourire légèrement, prouvant que ses paroles ne sont qu’une vaste plaisanterie, avant de poser son portefeuille retrouvé – qu’elle ignorait avoir perdu en premier lieu – et de s’affaler telle la larve qu’elle compte être pour les prochaines vingt quatre heures dans le canapé. « C’est trop gentil de ta part, en tout cas. Tout ce chemin pour me le ramener, chui touchée. »

Y’a une jolie odeur dans son appartement. T’es presque content d’être venu. T’as plus de weed chez toi. T’as laissé ce qu’il te restait à Grace la dernière fois que vous vous êtes vus. Comme t’es sur une pente je me tiens bien, tu n’as pas cherché à refaire ton stock. Tu essaies quelques jours de detox. Mais pas de l’alcool. Ouais nan faut pas pousser. Tu plaisantes sur la photo de son permis de conduire ou carte d’identité, tu sais même plus. « Je dois le prendre comment ? Parce que là, ma première réaction, c’est de vouloir te frapper mais je vais te laisser une occasion de te justifier avant de le faire. Vois ça comme un geste de bonté de ma part. » Mais ça ne l’a pas fait rire. Bizarrement t’es quand même très fier de ta connerie et t’es sûr qu’elle ne va pas réellement t’en vouloir. C’est de bonne guerre. Elle veut que tu te justifies? Elle pense à quoi ? « J’étais à deux doigts d’appeler les flics sinon. T’aurais pu être un stalker. Peut–être que tu l’es, d’ailleurs. T’as volé ça dans ma poche et tu fais croire que je l’ai oublié. » Mais vu qu’elle a repris la parole assez vite, tu te retiens de l’enfoncer un peu plus avec sa photo. Elle avait pas l’air très traumatisé par son portefeuille. Tu sens que son histoire de flics c’est surtout pour faire la dramaqueen. J’aurai fait pareil. Ouais. Tu vois son coup d’oeil suspicieux et tu fais la même mimique en la regardant. Et puis vous perdez votre sérieux en même temps. Tu la regardes s’asseoir dans son canapé. S’avachir. Ouais. Et tu vas la suivre pour t’installer sur un spot libre. Apparement t’as décidé de rester un petit peu. Elle m’a dit d’entrer. Ouais ta compagnie doit lui plaire.

« C’est trop gentil de ta part, en tout cas. Tout ce chemin pour me le ramener, chui touchée. » « Je me suis dit qu’à ta place j’aimerai le retrouver le plus rapidement possible. » Tu te passes une main dans les cheveux alors que tu observes chez elle. « Mais j’ai pas eu la motivation avant. C’est déjà un exploit que je sois sorti de chez moi aujourd’hui. Enfin… On habite pas si loin. Je suis venu à pied j’ai mis une demi heure. » T’oublies que t’es super grand Jordan. Tu vas plus vite que beaucoup de monde. Tu tournes la tête vers elle.

« Je me suis dit qu’à ta place j’aimerai le retrouver le plus rapidement possible. » C’est vrai qu’au moment où elle se serait rendue compte de sa perte, Birdie aurait sûrement soupirer, réalisant les démarches à faire, rouler des yeux, trainer des pieds et aurait fini au même endroit qu’actuellement ; enfouie dans le canapé avec aucune intention d’en sortir pour les prochains jours. Elle n’aurait pas paniqué mais ça lui aurait pris la tête, très clairement. « Mais pas assez rapidement pour t’éviter de te foutre de ma tronche, visiblement. » Parce que ça, elle ne va pas oublier, la Cadburn. Qu’il s’est foutu d’elle et de sa photo qu’elle a depuis plus de dix ans sur son permis. Pendant la période où elle avait décidé de tester une coupe punk mais des mèches colorées. Autant dire que Britney n’est pas le seul à réagir comme ça et pourtant, ce n’est pas cool du tout. Son égo en prend en coup et ça la fait ronchonner un peu plus, la blonde.

« Mais j’ai pas eu la motivation avant. C’est déjà un exploit que je sois sorti de chez moi aujourd’hui. Enfin… On habite pas si loin. Je suis venu à pied j’ai mis une demi-heure. » A la télé, y a toujours Scooby–Doo qui tourne parce que c’est éternel. Birdie a les yeux collés à l’écran, elle n’a même pas conscience qui la regarde et sa voix masculine pourrait presque lui passer au–dessus des oreilles si elle n’y faisait pas gaffe.

Mais il a de la chance parce qu’elle fait gaffe.
« Une demi–heure, c’est pas près. Mon voisin de palier habite près. Mon épicerie est près. Toi, t’es à trente minutes, t’es pas près. » Le souci d’un détail dont tout le monde s’en fout, elle y comprit. Mais ce n’est pas grave. Britney est sur le canapé lui aussi, s’il avait déjà voulu partir, il serait déjà plus là. « Du coup, t’as chopé mon prénom mais je crois pas avoir le tien. Même si tu resteras sûrement Britney forever à mes yeux. »

« Mais pas assez rapidement pour t’éviter de te foutre de ma tronche, visiblement. » Oh mais c’est qu’elle l’a vraiment mal pris ? Ou bien elle joue son rôle de drama Queen tellement à fond que tu commences à tomber dans le panneau ? Elle bluff. En vrai tu sais pas. T’espères juste. Tu vas donc essayer de ne pas revenir sur ça par la suite car heureusement, vous passez à autre chose pour l’instant.. Un coup d’oeil à ce qu’il passe à la télé et tu te rends compte que tu n’allumes jamais la tienne pour regarder ce qu’il passe. C’est de la musique, ou un programme Netflix que tu as choisi toi. Toujours. T’as même pas de truc via satellite que tu paies en plus. Ca sert à rien. « Une demi–heure, c’est pas près. Mon voisin de palier habite près. Mon épicerie est près. Toi, t’es à trente minutes, t’es pas près. »« Tout ce que je peux atteindre à pied en moins d’une heure, c’est près. Tu changes vite ta façon de voir les choses quand tu détestes prendre ta voiture. Tout est relatif. »

Tu sais pas pourquoi tu entres dans autant de détails. Une partie de toi se dit qu’elle va sûrement comprendre avec ces explications mais une autre sait qu’elle a le cerveau complètement retourné là. « Du coup, t’as chopé mon prénom mais je crois pas avoir le tien. Même si tu resteras sûrement Britney forever à mes yeux. » T’avais complètement zappé cette information là. Vous ne vous êtes pas présenté vraiment. Vous avez juste kiffé votre life hier soir.

« Britney ça me va. Mais sinon c’est Jordan, Ash, Romeo. Choisit ce que tu préfères. Je suis pas difficile. » T’aimes absolument tous ces noms que tu viens de lister. « Birdie. C’est cool comme prénom. » Très certainement un rapport avec le fait que tu aimerais être un oiseau si tu pouvais choisir de devenir un animal. Tu reprends la parole rapidement après un bref moment de pause. « J’ai jamais rencontré personne avec un prénom comme ça. » Parce que bien sûr Jordan t’as rencontré la planète entière. Non. Mais quand même beaucoup de monde c’est vrai.

« Tout ce que je peux atteindre à pied en moins d’une heure, c’est près. Tu changes vite ta façon de voir les choses quand tu détestes prendre ta voiture. Tout est relatif. » Birdie a un bref rire. « Vu tous les accidents de voiture que j’ai eus, je devrai peut–être songer à ton mode de fonctionnement. » Elle tourne le visage vers lui, la tête coincée contre le rebord du canapé telle la larve humaine qu’elle a déclaré vouloir être pendant les deux prochains jours de sa vie. « Mais j’aime trop conduire pour ça. » Puis elle fronce du nez en même temps que des sourcils et c’est presque adorable si ce mot pouvait exister pour elle. « T’as jamais songé au vélo, à la trottinette ou un de ces trucs–là ? » Elle a beau aimé la nature, Birdie n’est pas véritablement une écologiste dans l’âme. Elle apprécie bien trop l’accélérateur, les sensations, la vitesse, l’adrénaline. Croire que les routes ne sont qu’un terrain de jeu, qu’elle se croit dans Mario Kart presque tout le temps, espérant éviter les peaux de bananes et de trouver du boost. Un vrai miracle que son van jaune tienne toujours la route – sans mauvais jeu de mot.

« Britney ça me va. Mais sinon c’est Jordan, Ash, Romeo. Choisit ce que tu préfères. Je suis pas difficile. » Birdie se redresse et prend la main du dénommé Jordan – enfin – dans les deux siennes pour les amener contre elle. « O Romeo ! Romeo, pourquoi t’appelles–tu Romeoooo ? Renie ton père et abdique ton nom. Ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer et je ne serai plus une Capulet. » Elle aurait pu faire du théâtre qu’elle aurait sûrement eu les titres les plus élogieux – ou pas, à en juger par le ton forcé, accentué, grossi qu’elle prend en plus de son expression minaudant à souhait. Tout ça avant d’éclater de rire et de s’écrouler une nouvelle fois sur le dossier du canapé. « A quoi bon t’appeler Romeo si je suis pas Juliette ? Ça n’a pas de sens. Jordan, c’est sympa, mais Britney, ça claque, quand même. » Donc ça restera Britney. Tant que son humeur s’y prête. « Birdie. C’est cool comme prénom. » Cette dernière sourit et cette fois, c’est sincère. « J’ai jamais rencontré personne avec un prénom comme ça. » « Mes parents ont été originaux pour ce coup. Je l’aime bien aussi, mon prénom. C’est peut–être pour ça que j’ai toujours voulu apprendre à voler. » Un doux rêve qui ne restera que fantasme jusqu’à preuve du contraire.

« Et l’affreux tshirt Goonies, il a fini brûler oui ou non ? Avec l’homme à l’intérieur ou pas ? Parce qu’il l’aurait mérité, pour avoir osé un truc pareil. »

« Vu tous les accidents de voiture que j’ai eus, je devrai peut–être songer à ton mode de fonctionnement. » Tu hoches la tête. T’es bien d’accord. Si toute la terre faisait comme toi, y’aurait beaucoup moins de mort. Ce serait forcément mieux. Rosa serait toujours là. Dans tes rêves les plus fous. Mais tu sais que c’est pas une bonne idée de se perdre dans les si. Ca fait juste mal. « Mais j’aime trop conduire pour ça. » Tu grimaces. T’es pas du tout comme elle à ce niveau là. T’es tellement angoissé quand tu dois conduire.

« T’as jamais songé au vélo, à la trottinette ou un de ces trucs–là ? »
« Même merde au fond. »

Parce que t’as surtout peur des autres sur la route en fait. Si c’était désert aucun soucis pour conduire une voiture ou même un bus, alors que c’est ton pire cauchemar. Mais si t’as le temps de faire tes manoeuvres comme tu veux quand tu veux, ça change pas mal la donne. Pas de pression. La belle vie.

Ca fait toujours son petit effet quand tu lances le prénom de Romeo. Elle te sort carrément une réplique de Romeo et Juliette. Evidemment. Et tu kiffes vraiment beaucoup. Le sourire qui est sur tes lèvres ne ment pas. Elle aurait pas pu trouver mieux à dire pour te faire oublier ton angoisse de la conversation juste avant avec les voiture et les trottinettes. « A quoi bon t’appeler Romeo si je suis pas Juliette ? Ça n’a pas de sens. Jordan, c’est sympa, mais Britney, ça claque, quand même. » Tu hoches la tête. Tu approuves Britney. Tu gardes. Tu aimes. T’as pas de surnoms pour elle par contre, mais en même temps, son prénom est si cool, tu vas l’utiliser lui et pas un autre. « Mes parents ont été originaux pour ce coup. Je l’aime bien aussi, mon prénom. C’est peut–être pour ça que j’ai toujours voulu apprendre à voler. » Quelque chose te dit qu’elle a déjà du voler autre chose. Mais en même temps, tu visualises la scène du grand saut dans Midsommar, si jamais elle veut voler, ça finira certainement comme ça pour elle.

« Et l’affreux tshirt Goonies, il a fini brûler oui ou non ? Avec l’homme à l’intérieur ou pas ? Parce qu’il l’aurait mérité, pour avoir osé un truc pareil. » Pas mieux pour t’enlever de la tête cette scène dégueulasse de ce film.  « Il s’appelle Teddy et je crois qu’il a essayé de pécho toute la soirée et qu’il a vraiment rien qui a mordu. » Ca te fait grave marrer.« En même temps voilà le t-shirt qu’il avait quoi. » Tu hausses les épaules l’air de dire ça pouvait pas être autrement. C’est un calcul mathématique. Tout le monde a été traumatisé par ce film. « Si je lui dis d’enlever son t-shirt t’accepterai d’aller en rendez vous avec lui ? » Voilà que tu fais l’entremetteur Jordan ? « Faut pas oublier que le t-shirt Britney était à lui aussi. » T’es en train de plaider la cause de Teddy pour le brancher avec Birdie ? Ouais.

A priori, Jordan n’aime vraiment pas la voiture et tout ce qui a des roues. Birdie peut le comprendre parce que les gens, on ne peut pas leur faire confiance sur la route. Comme exemple, elle pourrait se citer elle-même. Dépendante d’une envie folle à chaque fois de pousser le bouchon (l’accélérateur) toujours plus loin, plus fort, plus vite, elle se laisse déborder, prendre au jeu et il est clair qu’il doit être écrit quelque part que son destin est de finir écraser sur le bord d’une route de campagne ou en plein désert, après s’être crue dans un film de Fast & Furious. Elle n’ignore pas être un danger public mais elle maitrise son volant, d’accord. Faudrait juste qu’elle apprenne parfois à ne pas se laisser décontenancer par autre chose, une diverse personne ou un évènement qui viendra forcément la perturber dans sa manœuvre.

Grand bien lui fasse à Jordan de choisir la sécurité au lieu de la folie. Horripilants sont les gens qui ne peuvent pas profiter de ce que la vie peut leur offrir. Il n’y a pourtant rien à y perdre, à part la vie peut–être, ou son mental. Jordan lui parait être plus posé qu’elle, de toute façon, avec ses hochements de tête et son sourire aux lèvres qui le rendent encore plus adorables. « Kelly je croyais que c’était son prénom, pas Teddy. L’alcool me réussit vraiment pas, il faut croire. » Maintenant qu’elle y pense, Birdie n’est plus très sûre de ce qu’il s’est passé la veille au soir et jusqu’à tard la nuit – ou tôt le matin, selon le point de vue. Non pas que Jordan sera oublié – impossible, pas quand il a fait preuve de galanterie et de courage pour venir jusqu’ici alors que clairement, il doit forcément avoir la macarena lui aussi dans la tête, n’est–ce pas ? Obligée d’éclater de rire en entendant la question parce que c’est absurde, d’autant plus qu’elle ne se rappelle même plus à quoi ressemble ce fameux Teddy. « Pourquoi, tu crois que des tablettes de chocolat suffisent pour me faire grimper aux rideaux ? », demande–t–elle avec son sourire qui s’élargit, haussant un sourcil de façon suggestive avant de rire sous cape. Question principe, on ne se posera pas de questions ; Birdie accepte à peu près tout et surtout n’importe quoi. Regardante plus sur l’esprit que le physique, la jolie blonde se tourne complètement vers Jordan, le bras plié sur le canapé et la main qui tient sa tête en se perdant ses mèches complètement folles d’une nuit non complète. « S’il l’avait demandé lui–même, ça aurait pu se faire. Tu joues les entremetteurs, toi ? Une nouvelle vocation à venir ? » Vient le petit sourire de coin, amusé et moqueur à la fois. « William, il a réussi à rentrer avec Ra– Xavier, Xander, bref, le mini Travolta, nan ? » Y a pas à dire que sa mémoire lui joue parfois des tours magistraux sans qu’elle s’en rende compte. Zénitude totale, c’est peut–être pour ça que les souvenirs reviennent à Birdie comme une danse sans fin.

« Kelly je croyais que c’était son prénom, pas Teddy. L’alcool me réussit vraiment pas, il faut croire. »
« Je suis sûr que tu peux l’appeler comme tu veux il dirait juste : oui. »

Parce que Birdie est très jolie et il l’a dévoré du regard toute la soirée. Ou peut être c’était toi. Vous étiez assis à côté. Je préfère que ce soit elle. T’as pas envie de briser le coeur de ton pote. Tu préfères qu’elle le fasse elle. Tu vas aller par là d’ailleurs, un peu plus en détail pour voir si y’a moyen ou pas. Si elle est intéressée. Si faut elle a un mec, si faut elle a une meuf, tu sais rien de Birdie à part qu’elle pèse pas lourd, assez pour faire le porté de Dirty Dancing en une fois sans répétition.

« Pourquoi, tu crois que des tablettes de chocolat suffisent pour me faire grimper aux rideaux ? » Elle a déjà imaginé des beaux abdos sur le torse de ton ami et tu aimes bien ça. Tu te dis que c’est un pas vers le bon résultat. Il est bien foutu le connard c’est vrai. Tu as bien remarqué que dès que ça parle de changer de fringues dans sa tête à elle ça signifie : être à poil. Alors que ce n’est pas ton cas. Tu ne réponds pas à question oralement, un petit mouvement de sourcils et un sourire avec plein de sous entendu font l’affaire. « S’il l’avait demandé lui–même, ça aurait pu se faire. Tu joues les entremetteurs, toi ? Une nouvelle vocation à venir ? » Tu te marres en l’entendant. « William, il a réussi à rentrer avec Ra– Xavier, Xander, bref, le mini Travolta, nan ? » Tu hoches la tête.

« Je sais plus avec qui mais il a pécho ouais. Il était déjà parti je m’en étais même pas rendu compte. » L’alcool, les barres de rire avec Birdie, t’as pas tout suivi, t’étais bien. Tu marques une pause en la regardant, te calant un peu mieux dans le canapé. « C’était vraiment une bonne soirée. » Et ça faisait longtemps que tu n’en avais pas eu une comme ça. Ça fait un bien fou. « La vibe des années 80 ça change tout. » Et bien sûr, tu peux pas t’empêcher de te mettre à chantonner un truc.« Now I’ve had, the time of my life… » Large sourire qui se forme sur tes lèvres de te remémorer ce moment magique entre vous. Tu l’oublieras jamais. T’as pas encore vérifié si quelqu’un l’avait filmé en scrutant les tag du triffid.

« Je suis sûr que tu peux l’appeler comme tu veux il dirait juste : oui. » Birdie éclate de rire et – oh, mauvaise idée, très mauvaise idée pour ses boyaux qui ne demandent que du calme et de la tranquillité. Ils sont en train de la maudire, de la détester, de se liguer contre elle donc naturellement, Birdie tape le bras de Jordan. « Me fais pas rire, je suis pas en état. » Elle n’a pas vu son pote en galère. Elle a l’impression de n’avoir parlé qu’à Jordan quasiment, les autres n’étant que des rajouts dont elle ne se rappelle vraiment plus. Un flou artistique total qui n’est pas si surprenant en soi – il faut croire que seul Jordan, ses cheveux blonds, son tshirt Britney et leur foutu porté brillamment réussi l’ont marqué. Elle sourit malgré tout, à défaut de retenir le reste de son rire qui restera dans son gosier au nom de la survie de ses intestins. « Je sais plus avec qui mais il a pécho ouais. Il était déjà parti je m’en étais même pas rendu compte. » Birdie n’est pas surprise – beaucoup d’allés et venus ce soir–là, la seule certitude étant celle qu’ils ont au moins fini tous les deux jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’on les foute physiquement dehors. « C’était vraiment une bonne soirée. » Elle n’aurait pas dit mieux. Elle hoche la tête avec fébrilité alors qu’il rajoute « La vibe des années 80 ça change tout. » « Y a rien de mieux que les sauts dans le temps. Même si ça fout une claque dans la gueule d’en arriver à l’âge où on se dit ‘c’était mieux avant’. » Birdie fronce du nez mais son sourire persiste. L’âge n’est qu’un chiffre, tout se passe dans la tête. Mais quand même. C’était mieux avant.

« Now I’ve had, the time of my life… » Oh boy. Birdie amène ses jambes sous ses fesses alors que sa tête tangue vers l’épaule de Jordan, son front finissant par s’y poser et fermer les yeux. « No, I never felt this way before. » C’est marrant, d’habitude, Birdie n’a pas de connexion de ce type quand elle sort en soirée. Faut croire qu’il suffit de quelques exceptions pour assurer la règle. Elle pose son menton sur son épaule, fermant un œil et le visage amusé. « Je suis sûre qu’on se rétamerait sévère si on réessayait. »

Elle est morte de rire à ta connerie. Elle te frappe gentiment alors qu’elle est en train de mourir la pauvre. « Me fais pas rire, je suis pas en état. » Ça te fait encore plus rire de l’entendre dire. Vous êtes beaux tous les deux là à vous marrer en étant à moitié mort. Et puis vous parlez au calme de vos potes qui se sont pécho entre eux. C’est bizarrement si naturel comme conversation avec Birdie. Comme si elle était dans ton groupe de potes depuis longtemps alors que pas du tout. Il aura suffit d’un porté à la Dirty Dancing en plus de tout le reste pour vous rapprocher en une soirée. « Y a rien de mieux que les sauts dans le temps. Même si ça fout une claque dans la gueule d’en arriver à l’âge où on se dit ‘c’était mieux avant’. » Ah les sauts dans le temps. Ca te fait bien rêver ça. Si tu pouvais retourner à tes 18 ans… Revivre les plus belles années de ta vie. Tu le ferais. Plutôt mille fois qu’une. Elle vient trouver refuge contre ton épaule. Le contact te surprend mais est aussi agréable. Elle a tellement l’air au bout de sa vie. « No, I never felt this way before. » Et elle te suit sur la chanson. Un large sourire se forme sur tes lèvres aussitôt. Il n’en faut pas beaucoup pour te faire plaisir. Suivre les paroles d’une chanson et transformer une petite phrase chantonné en un duo improvisé : la vie.

« Je suis sûre qu’on se rétamerait sévère si on réessayait. »
« Sûr. Surtout si on essaie là maintenant. »

T’as aucune force. T’as bien bu, bien danser, pas assez dormi. Pas reposé du tout. Ton corps ne pourrait pas suivre. Tu vas passer un bras autour d’elle pour qu’elle soit installé plus confortablement. Tu lui frottes doucement le dos en la regardant décéder. « Je vais te laisser mourir tranquille. » Parce que toi aussi là, tu veux juste retourner dans ton canapé, ou ton lit, avec ton ordinateur. Netflix et tous les teen movies que tu vas envie de regarder de nouveau d’un coup. « Rajoute moi sur Instagram qu’on se tienne au courant des prochaines soirées années 80. » Tu le dis même pas pour rire. C’est les meilleures soirées. Tu commences doucement à te détacher d’elle en même temps car il t’en faut beaucoup de motivation pour bouger mais tu penses à ton propre canapé et tout de suite, ça marche. « Jordan Ash Fisher. » Y’a que toi avec ce nom là. Elle pourra pas se tromper.

« Sûr. Surtout si on essaie là maintenant. » Birdie n’a aucun doute là–dessus. Jordan a l’air d’être dans un état aussi léthargique qu’elle – même s’il a trouvé une force et un courage exceptionnel de venir jusqu’ici alors que franchement, ça aurait pu attendre quelques jours avant la blonde ne se rende compte de sa perte – et elle ne lui ferait pas confiance pour ne pas finir dans le décor pour ce coup–ci. De toute façon, elle ne pourrait même pas courir et l’appartement est bien trop petit pour pouvoir prendre tranquillement l’élan nécessaire. Et si jamais un truc venait à être brisé, elle aurait Carter sur les côtes jusqu’à la fin de sa mort – autrement dit, l’éternité et cela, même si le gars s’en fout totalement de l’objet cassé mais juste pour la forme, il trouvera moyen de l’emmerder.

« Je vais te laisser mourir tranquille. » Birdie lâche une légère exclamation plaintive tout en fourrant son nez contre son épaule alors qu’elle est bien calée contre lui et avec zéro volonté d’y déloger. « Nooooooon. » Au moins, il la distrait, elle n’a pas à penser à la fête dans son estomac, dans son gosier, dans sa tête. Une douce accalmie dans la tempête de son être tout entier mais voilà que l’on veut le lui retirer et elle peut rajouter ça sur la (très longue) liste des moments les plus tristes – il lui en faut peu pour se mettre à bouder et à geindre comme une gamine. « Rajoute moi sur Instagram qu’on se tienne au courant des prochaines soirées années 80. » « Et 90’s. Oublie pas. » Parce qu’elle, elle ne risque pas. « Britney », rajoute–t–elle avec un sourire moqueur alors que Jordan se détache d’elle. Birdie se laisse tomber sur le canapé et prend un coussin qu’elle sert contre elle – futile tentative de remplacement foireuse. Un coussin, ça remplacera jamais un être humain. « Jordan Ash Fisher. » Mmh. C'est long comme pseudo, ça. « Je suis pas très active sur insta. Mais vais essayer d’y penser. Pinky promise. » Juste pour lui et les futures soirées à venir, elle essaiera. « Vu que tu m’abandonnes tel… Tel Jack et Rose, ne pas chercher le rapport, je te laisse trouver la sortie tout seul. » Telle une punition stupide digne d’une gosse de quatre ans. Exactement ce qu’elle est, surtout quand elle se décide à bouder.